Langue des Nains

« Mais je trouve qu’il commence à être temps d’avoir un aperçu de cette Montagne de Feu et de voir la fin de la Route, pour ainsi dire. J’avais tout d’abord cru que cette Rubicorne, ou je ne sais quoi, pouvait l’être, jusqu’au moment où Gimli a raconté son histoire. Ce doit être une langue à vous décrocher la mâchoire que celle des Nains ! »1)
Le Seigneur des Anneaux — Livre II — Chapitre 3 « L’Anneau va vers le sud »

 Gimli (© John Howe)

Quand Aulë créa les Nains, il les dota aussi d’une langue à leur image, rude et peu influençable. Ceux-ci honorèrent toujours ce don divin à sa juste valeur, le conservant précieusement inchangé, signe de l’unité originelle de tous les peuples nains. Leur ingéniosité leur révéla toutefois que la parole n’était pas le seul moyen physique de s’exprimer, aussi inventèrent-ils le système de communication gestuelle le plus élaboré de Terre du Milieu. Malgré le commerce qu’ils entretenaient avec les races voisines, les Nains restaient un peuple secret et renfermé. Ils enseignaient rarement leur langue aux étrangers, préférant de beaucoup apprendre les langues véhiculaires locales.

Khuzdul

Inventé par Aulë pour ses enfants, les Nains, le khuzdul est l’un des trésors que ceux-ci chérissaient le plus2)3). Comparée aux autres langues de Terre du Milieu, son évolution était excessivement lente4)5) : au Troisième Âge, le khuzdul servait toujours de lingua franca pour les Nains appartenant à des Maisons éloignées6)7). Apprenant rapidement les langues étrangères, les Nains employaient de préférences les langues des peuples avec lesquels ils commerçaient lorsqu’ils étaient en rapport avec eux8)9). Dans les Terres Occidentales, ils utilisaient surtout le parler commun10) ou certaines langues elfiques, comme l’ossiriandais11). Les rares mots de khuzdul qui sortirent des cités naines étaient essentiellement des cris de guerre12) ou des noms de lieux, comme ceux de leurs demeures ou des reliefs à proximité13). Les Nains gardaient farouchement secrets leurs véritables noms khuzdul. Lorsqu’ils conversaient avec d’autres peuples, ils adoptaient des noms « externes » empruntés à la langue locale, comme en témoignent le nom de Gimli et de sa parentèle, tirés du dalien14).

Le khuzdul était complexe et avait une phonologie âpre15)16)17). Parmi les rares personnes que les Nains reçurent en amitié, seuls des linguistes émérites comme Curufin parvinrent à le maîtriser18). Le khuzdul influença cependant d’autres langues, tant celles des Atani19) que de nombreuses langues des Orientaux20). Quelques mots de khuzdul furent également adoptés en sindarin, comme le terme kheled « verre », qui fut semble-t-il à l’origine du sindarin heleð, de même sens21). Les langues elfiques eurent en retour une certaine influence sur le khuzdul, comme en témoigne le terme nanesque désignant les Orques, Rukhs, pl. Rakhâs, qui semble être dérivé de l’avarin22). Au Troisième Âge, le khuzdul avait cessé d’être la langue maternelle des Anfangrim23) pour devenir une langue érudite, réceptacle de tous les sujets qui n’étaient pas supposés être lus par des étrangers24), tels les inscriptions tombales25).

Un ancien passage du Quenta Silmarillion parle « des langues des Nains » au pluriel, signalant que celles-ci survivaient toujours en Terre du Milieu26).

Iglishmêk

Liglishmêk (« langue des signes » en khuzdul) est un système gestuel, inventé par les Nains afin de communiquer entre eux à l’insu des étrangers. Chaque Maison naine possèdait sa propre variété d’iglishmêk, constituant une véritable langue secondaire. Elle était utilisée en complément de la parole, pour préciser ou modifier la signification de ce qui était dit. Les gestes constituant la base de ce code étaient si légers et rapides qu’il était souvent difficile de les détecter. Comme pour le khuzdul, les Nains étaient assez réticents à enseigner l’iglishmêk. Les rares connaissances que nous avons sur cette langue sont dues aux quelques maîtres du savoir des Ñoldor qui eurent la chance de côtoyer les Nains27). Nous savons ainsi que l’iglishmêk évolue continuellement, contrairement au khuzdul28).

Blason

1) Version originale : « But I’m beginning to think it’s time we got a sight of that Fiery Mountain, and saw the end of the Road, so to speak. I thought at first that this here Redhorn, or whatever its name is, might be it, till Gimli spoke his piece. A fair jaw-cracker dwarf-language must be! »
2) , 4) , 8) , 14) , 23) , 25) SdA, App. F
3) , 7) PM, p. 297, 323
5) PM, p. 305
6) , 9) , 16) , 20) WJ, p. 205
10) PM, p. 321
11) , 26) RP, p. 207
12) SdA, Livre III, chap. 7 ; App. F
13) SdA, Livre II, chap. 3
15) RP, p. 206, 308
17) PM, p. 297
18) PM, p. 358
19) RP, p. 207, 308
21) RS, p. 466
22) WJ, p. 391
24) PM, p. 297, 321
27) WJ, p. 395
28) WJ, p. 395, 402