L’utilisation ésotérique des runes et des écritures elfiques par J. R. R. Tolkien

Deux Anneaux
Didier Willis — octobre 1999, janvier 2013
Article théoriqueArticles théoriques : La maîtrise globale des écrits de J.R.R. Tolkien est nécessaire pour bien saisir la portée des articles de cette catégorie, les sujets étant analysés de façon poussée par leurs auteurs.
Ajaccio, séminaire Des Géographies imaginaires à Tolkien, deuxième semaine, Tolkien, créateur d’un monde,
Conférence du 22 octobre 1999.

Pour la conférence de ce soir1), j’ai retenu un sujet que j’espère ludique, puisque je me propose d’étudier avec vous quelques-unes des illustrations du Hobbit et du Seigneur des Anneaux. Nous nous concentrerons sur les inscriptions runiques, en commençant par la carte de Thror dans le Hobbit. Nous ouvrirons ensuite une parenthèse pour rappeler et préciser ce que sont les runes, en les replaçant dans leur contexte historique. Fort de cette introduction, nous pourrons alors aborder les inscriptions du Seigneur des Anneaux, en essayant d’en dégager la symbolique.

La carte de Thror

La carte de Thror dans le Hobbit a été exécutée par J. R. R. Tolkien avec une grande minutie. Nous pouvons nous attarder un instant sur la finesse du trait, et admirer la végétation schématisée, les toponymes soigneusement calligraphiés : en soi, c’est déjà une magnifique illustration.

Carte de Thror
Figure 1 : Carte de Thror en version originale

Mais bien sûr, nous ne pouvons manquer de remarquer les deux inscriptions runiques qui figurent sur la carte, l’une à gauche, pointée par un doigt tendu, et l’autre au centre, en lettres transparentes. Cet élément fut, pour une part non négligeable, à l’origine du succès du Hobbit, en particulier auprès des jeunes lecteurs2).

J. R. R. Tolkien nous livre très vite la clef de la première énigme. Le magicien Gandalf, lorsqu’il remet la carte à Bilbo et aux treize Nains qui l’accompagnent, leur révèle l’existence d’un passage secret pour entrer dans le royaume sous la montagne où se terre le dragon Smaug3) :

« La porte a cinq pieds de haut, et trois y passent de front » disent les runes.

Pour la deuxième inscription, il n’y a guère plus de difficultés : un peu plus tard les héros arrivent à la demeure du demi-elfe Elrond, qui leur révèle l’existence d’un texte en « lettres lunaires » sur la carte, visible seulement à la lumière de la lune, et dans des conditions bien particulières4).

Le jeune lecteur anglophone, dès lors, peut essayer lui aussi de déchiffrer ces inscriptions. Jusqu’à la nouvelle traduction du Hobbit5), le lecteur français n’était pas aussi chanceux : il s’avérait que le texte était tout simplement en anglais et que l’éditeur n’avait pas jugé utile de le faire adapter… Bien entendu, il reste néanmoins quelques points délicats : certains sons de l’anglais (ou à présent du français, dans la nouvelle traduction) sont représentés par un seul signe alors que la transcription latine en demande plusieurs. Tel un Champollion en herbe, le lecteur doit donc faire preuve d’un peu de patience et de persévérance.

Cependant, le système d’écriture illustré ici n’est pas une invention de J. R. R. Tolkien. En effet, les symboles qui figurent sur la carte de Thror ne sont autres que des runes d’un véritable alphabet, le futhark, illustré ici dans une version anglo-saxonne tardive (variante du futhorc à 31 signes6), principalement utilisé entre 700 et 1200). Par la suite, Tolkien s’est inspiré de ce futhark pour créer son propre système d’écriture adapté à ses langues elfiques (et ultérieurement à la langue des Nains, le khuzdul). Nous y reviendrons dans un instant lorsque nous parlerons du Seigneur des Anneaux.

À ce stade, deux conclusions s’imposent. (a) En employant le futhorc dans son récit, Tolkien s’inscrit dans une volonté de construire une « grande mythologie anglo-saxonne ». Cette volonté se retrouve dans toute son œuvre, où il puise son inspiration dans le fonds légendaire germanique7). (b) Tolkien ne se contente pas de reprendre tel quel le système anglo-saxon, mais il l’ajuste, le complète pour ses besoins8) : En cela, il suit la tradition historique, les runes n’ayant jamais formé un ensemble stable et définitif, mais ayant au contraire été continuellement adaptées par les peuples qui les utilisaient.

Les runes historiques

La légende de Sigurd, vainqueur du dragon

A titre de comparaison, nous considérerons une inscription runique qui nous vient de la Suède du XIIe siècle et qui représente une scène de la légende de Sigurd (le Siegfried du cycle germanique des Nibelungen)9).

On notera la parenté entre la carte de Thror et cette pierre runique : la précision du dessin tout autant que son aspect symbolique, le souci du détail — remarquer comme la flamme qui brûle le doigt du héros ressemble à une pince, et évoque particulièrement bien la douleur ! Nous sommes bien là en présence d’une même tradition, d’une même continuité dans les motifs légendaires.

Rocher de Ramsund
Figure 2 : Rocher de Ramsund
« Scène gravée sur le rocher de Ramsund (province du Södermanland, Suède) au XIe siècle. L’inscription runique, qui ne présente pas de rapport direct avec la légende de Sigurðr, a été disposée le long du corps d’un serpent, comme cela est souvent le cas sur les monuments historiques de Suède à cette époque. Mais ici le serpent symbolise le dragon Fáfnir, dans lequel Sigurðr enfonce vigoureusement son épée. On observera à l’extrême gauche la représentation de Reginn, décapité par Sigurðr, suite à la mise en garde chantée par les oiseaux perchés dans l’arbre. À ce dernier est attaché Grani, le cheval de Sigurðr, tandis que le héros fait rôtir le cœur du dragon sur le feu et se brûle le pouce. »

L’écriture runique ou futhark

Il nous paraît important, avant de nous pencher sur le Seigneur des Anneaux, de faire quelques mises au point sur l’écriture runique.

Variantes du futhark
Figure 3 : Le futhark, quelques variantes du Ve au XVesiècle

Les experts ont longuement débattu sur l’origine de l’écriture runique, et de nombreuses incertitudes subsistent encore aujourd’hui. L’opinion consensuelle est qu’elle provient des alphabets nord-italiques10).

Sous la forme la plus ancienne que nous leur connaissons (ancien futhark à 24 signes), Les runes apparurent au début du IIIe siècle11). Elles subsistèrent jusqu’au Moyen Âge — comme en témoignent les marques de construction sur les cathédrales — et elles suscitent aujourd’hui encore l’engouement d’un certain type d’ésotérisme12).

Il est temps de démystifier les runes. Elles n’ont rien du système figé, de cette sorte de tarot conventionnel que certains livres d’ésotérisme se plaisent à décrire aujourd’hui. Les valeurs phonologiques des signes, les noms qui leurs étaient attachés et l’ordre dans lequel on les énumérait variaient grandement.

Il existe des disparités tant géographiques (pierre de Kyvler, Vadstena, Breza ; runes frisonnes, dano-norvégiennes, etc.) que chronologiques (ancien futhark jusqu’en l’an 500, nouveau futhark à 16 signes au VIe siècle, « Short-Twigs » et runes pointées en Suède et en Norvège autour du IXe siècle, ordre alphabétique latin en 1300-1400, etc.)13).

L’influence du christianisme est d’ailleurs intéressante. Le Thrídeilur, chanson runique du XIIe siècle, est une sorte d’abécédaire mnémotechnique où chaque signe est associé à un bref adage14). On y remarquera un curieux mélange de références pré-chrétiennes (la rune Týr, du nom du dieu manchot, et la mention de Loki avec la rune bjarkan) et chrétiennes (la rune hagall, dont le dessin rappelle justement le monogramme du Christ)15).

Une chanson runique, le Thrideilur
Figure 4 : Une chanson runique, le Thrídeilur (extrait)

Les scènes gravées sur un coffret runique en os de baleine, découvert dans l’église d’Auzon (Haute-Loire), associent la mythologie scandinave (Völundr forgeant des coupes avec les crânes des fils de Nídudr)16) et l’iconographie chrétienne (l’adoration des mages)17).

À partir du IIIe siècle, donc, les peuples germano-scandinaves utilisèrent un alphabet runique appelé « futhark » pour graver de brèves inscriptions sur des armes, des pierres ou des amulettes18). Ce nom lui vient des six premières lettres qui le composent (f, u, þ, a, r, k). Les premières inscriptions runiques apparaissent vers l’an 200. En Norvège, les plus anciennes gravures runiques remontent à l’an 400.

Coffret runique d'Auzon
Figure 5 : Coffret runique d’Auzon (partie gauche, Völundr)

L’écriture runique est d’origine pangermanique : on trouve des inscriptions runiques au Danemark (par exemple les deux cornes de Gallehus, découvertes en 1639 et 1734), en Suède, en Norvège, en Islande, et dans ce que nous appellerons par commodité la Germanie continentale (trésor de Kovel, Ukraine ; trésor de Petroasa, non loin du Pont-Euxin). Cependant, elle devint rapidement une spécialité scandinave. Bien que les runes ne se prêtent guère à la consignation de textes longs, l’éloignement géographique et la conversion tardive de la Scandinavie au christianisme retardèrent l’adoption de l’alphabet latin19).

Graver ces runes était un art difficile, aussi « sur beaucoup de pierres runiques, le graveur a apposé fièrement sa signature (et moi XXX j’ai gravé ces runes) »20). Cette formule consacrée n’est pas sans rappeler, dans le Seigneur des Anneaux, les lignes écrites sur la porte de Durin, dont nous parlerons plus loin. Les inscriptions en ancien futhark sont peu nombreuses et difficiles à déchiffrer. Comme nous l’avons vu, il s’agit généralement de brèves marques de possession : « Eirik a écrit ces runes pour moi » (église d’Uvdal), « Toralf a construit cette église » (église de Torpo), « Erling Arnson a écrit ces runes » (église de Hegge), etc.21)

Les runes forment tout à la fois une écriture chamanique, religieuse et magique. Une écriture chamanique d’abord, parce que l’accès à sa connaissance ne peut s’acquérir qu’au travers de douloureuses épreuves initiatiques. Le chant V des Dits du Très-Haut développe les souffrances qu’Odin le supplicié endura et aux termes desquelles il découvrit les runes22) :

Je sais que je pendis
À l’arbre battu des vents
Neuf nuits pleines,
Et donné à Ódinn,
Moi-même à moi-même donné,
— À cet arbre
Dont nul ne sait
D’où proviennent les racines.
(…)
Je scrutai en dessous,
Je ramassai les runes,
Hurlant, les ramassai,
De là, retombai.

Les runes remplissaient une fonction religieuse illustrée à plusieurs reprises dans la mythologie nordique. Elles existaient avant le monde, et ne furent que redécouvertes par Odin. Elles furent envoyées à tous les peuples23) : À la fin des temps, lorsque le monde sera renouvelé, les runes seront retrouvées sur des tablettes d’or et elles marqueront le début d’une nouvelle ère24).

Enfin, les Dits de Sigrdrífa illustrent quelques-uns des pouvoirs que les anciens scandinaves attribuaient aux runes25) :

Il te faut connaître les runes de délivrance
Si tu veux aider femme en travail
Et la délivrer de l’être vivant qu’elle porte ;
Sur les paumes il faut les graver,
Les jointures, serrer,
Et demander l’assistance des Dises.

L’utilisation magique des runes perdura pendant plusieurs siècles, et de nombreux sorts ou formules furent consignés dans des galdrabækur ou « livres de magie »26).

Dans les alphabets anciens (grec, hébreu, etc.), les lettres possédaient une valeur numérique en plus de leur valeur phonologique27). Dans certains systèmes d’écriture, ces valeurs sont arbitrairement affectées aux signes (ainsi en grec28) la lettre μ vaut 40, et en latin L vaut 50 ; dans l’alphabet de Wulfila29) le caractère , dont la forme rappelle celui de la rune Tir, vaut 900), et dans d’autres c’est simplement le rang de la lettre qui indique son nombre (1 pour A, 2 pour B, etc.). Il est alors possible d’adjoindre au sens littéral d’un texte une interprétation numérique. Les hébreux ont poussé cette technique très loin, et les textes bibliques peuvent être interprétés selon trois disciplines « cabalistiques », la temorah (mode de la transposition), la guématrie (analyse des valeurs numériques) et la notarique (symbolisme du nom des lettres).

Les deux cornes de Gallehus, datées du Ve siècle, ont été mises à jour au Danemark lors de fouilles en 1639 et en 1734. La seconde (corne B) porte une inscription runique sur son rebord supérieur. La première (corne A), en revanche, est couverte de figurines ornementales formant une sorte de rébus. Les archéologues ont montré que les deux cornes allaient probablement ensembles, et que les figurines de la première étaient en réalité des runes stylisées30).

Dans les deux cas l’ancien futhark à 24 caractères est utilisé. Si nous additionnons les runes de chaque inscription — en prenant pour valeur d’un signe son rang dans l’alphabet — nous obtenons 288 pour la corne A et 408 pour la corne B, soit respectivement 24 × 12 et 24 × 17. Or un carré de côté 12 a pour diagonale, à l’arrondi près, 17. Tout cela ne nous mènerait pas loin si nous ne remarquions pas, sur la corne A, deux personnages tenant un carré… Il y a là un peu plus qu’une simple coïncidence31).

En dépit de tout ce qui vient d’être dit, nous aurions tort cependant de faire des runes un système spécifiquement magique. Certes, nous avons des poèmes gnomiques chargés de significations secrètes, des incantations et des sorts, mais c’est là le lot de toute écriture à ses débuts, lorsque seuls les prêtres et les poètes en connaissent l’usage. Le futhark reste avant tout une véritable écriture, adaptée au fil du temps aux besoins des langues qu’elle servait à transcrire. De nombreuses inscriptions nous en apprennent autant sur la vie quotidienne (« Ce filet de pèche appartient à Ragnar ») — du simple graffiti laissé par un pèlerin (« Je suis venu ici avec deux autres hommes », église de Lom), à des textes plus longs et parfois cocasses (« […] Maintenant c’est mon désir de demander ta main. Si tu ne veux pas être avec Kolbein, pense à nos plans de mariage et fait moi connaître tes désirs », Lom). Au XII-XIVe siècles, bien après l’arrivée du christianisme, les marchants au sein d’un félagi (une compagnie ou un partenariat de commerçants) utilisaient les runes pour se laisser de brefs messages, pour consigner leurs échanges et leurs transactions32).

Les inscriptions du Seigneur des Anneaux

Nous fermerons maintenant cette longue parenthèse sur les runes. Les points que nous avons évoqués devraient pouvoir justifier, si besoin était, la pertinence d’une interprétation numérique des inscriptions du Seigneur des Anneaux.

Nous allons donc réfléchir ensemble à l’emploi des tengwar (lettres) et des cirth (runes) inventés par J. R. R. Tolkien, et nous efforcer de montrer que l’on peut se livrer à une interprétation de leur sens caché, comme résultat de la correspondance de ces signes avec des valeurs numériques (leur rang dans une table).

Les inscriptions qui nous intéressent plus particulièrement sont la porte de Durin et la tombe de Balin dans les mines de Khazad-dûm, toutes deux regroupées dans le premier volume du Seigneur des Anneaux, livre II, chapitre 4 (« Un voyage dans l’obscurité »).

La tombe de Balin

Les runes ou cirth furent inventées, selon Tolkien, par l’Elfe gris Daeron pour écrire dans sa langue natale, le sindarin. Elles connurent un raffinement ultérieur lorsque les Nains les adoptèrent pour transcrire leur propre langue, le khuzdul.

Bien que leur apparence rappelle celle des véritables runes nordiques dont nous venons de parler, elles sont organisées beaucoup plus rigoureusement33). Par exemple pour voiser une occlusive, il suffit de lui ajouter un jambage ( p, b) ; pour en faire une fricative, de l’inverser ( f, v).

La tombe de Balin
Figure 6 : Inscription sur la tombe de Balin

Une belle inscription en khuzdul et en anglais figure sur la tombe de Balin. Une fois translittérée, elle se lit ainsi : « Balin Fundinul, uzbad Khazad-dûmu, Balin son of Fundin, lord of Moria ». Les Nains ont employé 27 runes réparties sur trois lignes. Nous proposons donc de dresser (somme toute arbitrairement) un tableau de 3 lignes sur 9 colonnes, et de calculer le total pour chaque ligne.

Inscription de la tombe de Balin mise en tableau

Les valeurs des runes correspondent à leur place dans le tableau donné en appendice E du Seigneur des Anneaux. Le lecteur français qui possède une ancienne édition n’y trouvera pas les cinq appendices B à F, car pour des raisons obscures ils ne furent pas traduits par F. Ledoux, qui se contenta d’une partie de l’appendice A, le fragment d’histoire d’Aragorn et d’Arwen. Ce même appendice contient aussi des tables chronologiques, avec les principales dates de l’histoire des Nains.

Le procédé est relativement simple, et les résultats obtenus sont très troublants : le nombre 231 correspond sans aucun doute à la durée de la vie de Balin, né en 2763 et mort en 2994.

Arbre généalogique de Balin et Dwalin
Figure 7 : Arbre généalogique de Balin et Dwalin

Son frère Dwalin est né quant à lui en 2772, soit exactement 222 ans avant la mort de Balin. Balin désignerait donc par ce nombre son héritier, celui à qui de droit revient le titre de seigneur de la Moria, uzbad Khazad-dûmu.

Le premier nombre, 259, est plus énigmatique ; il pourrait s’agit d’une clef pour calculer la date des événements cités. En l’an 1981, les Nains désertèrent la Moria, après la mort de leur roi Náin, pour n’y revenir qu’en 2989, date à laquelle Balin entreprend de reconquérir les mines. Ce qui amène une première constatation :

1981 + 3 × 259 + 231 = 2989
Expédition de la Moria, à l’échelle de la vie de Balin
Figure 8 : L’expédition de la Moria, à l’échelle de la vie de Balin

Le facteur 3 qui apparaît dans cette expression est peut-être dû à la présence de trois lignes écrites en khuzdul. Mais la date de l’expédition de Balin peut aussi être calculée d’une autre manière : la valeur totale des lignes en khuzdul est 712, et celle de la ligne en anglais atteint 759. Nous avons à nouveau un résultat surprenant :

2989 = 3 × 759 + 712

Là encore, le facteur 3 est très certainement dû au fait que trois lignes en khuzdul s’opposent à une seule en anglais.

Enfin, le nombre 259 atteste peut-être aussi de l’appartenance de Balin à la lignée d’Erebor, car 259 × 10 = 2590, date du retour des Nains vers la Montagne Solitaire. Jusqu’alors Erebor n’apparaissait que comme une demeure de moindre importance, la plupart des Nains résidant encore dans les Montagnes Grises ou dans les Bleues. Ce n’est qu’à partir de 2590, suite à la découverte de l’Arkenstone34), qu’Erebor devint la demeure par excellence du peuple de Durin en exil.

Expédition de la Moria, à l’échelle historique
Figure 9 : L’expédition de la Moria, a l’échelle historique

La tombe porterait donc, pour qui saurait les lire, les inscriptions suivantes :

Balin fils de Fundin
Seigneur de la Moria en 2989
Nain d’Erebor
Son héritier légitime est (en ce jour) âgé de 222 ans
Balin a vécu 231 ans.

Nous allons maintenant essayer de mettre en relation les inscriptions définitives du Seigneur des Anneaux avec celles plus anciennes qui datent de sa composition et qui sont publiées par Christopher Tolkien dans The Treason of Isengard35).

Les passages qui nous intéressent plus particulièrement sont le brouillon de l’épopée sous la Moria ainsi qu’un appendice sur les runes telles que Tolkien les considérait à l’époque. Dans la cinquième version de l’inscription de la tombe de Balin36), qui date probablement de 1940, la partie en khuzdul a une importance moindre que dans la Communauté de l’Anneau et n’est pas encore sur trois lignes. Les mots à la graphie près de quelques signes, sont les mêmes : nous devrions donc trouver le même nombre de runes, à savoir 27. Or il n’y en a que 26, et pour cause : pour représenter le /h/ de Khazad-dûm, Tolkien a utilisé la rune /kh/, alors que dans le Seigneur des Anneaux il emploie et le signe sans valeur numérique /k+h/. Toutes les différences entre les deux versions de l’inscription vont dans le sens d’une organisation plus méthodique du système runique. En revanche, celle-ci s’y oppose : pourquoi Tolkien a-t-il finalement utilisé deux symboles là où il en existait déjà un adéquat ?

La tombe de Balin, brouillon de 1940
Figure 10 : La tombe de Balin, brouillon de 1940

En fait, l’explication est des plus simples si l’on suit les indications de l’appendice E du Seigneur des Anneaux. La graphie /kh/ représente probablement une fricative [x] en elfique (Tolkien nous donne l’exemple de l’allemand bach), et /k+h/ une consonne aspirée [kh] propre au khuzdul (« plus ou moins comme dans backhand »), conformément aux indications du Seigneur des Anneaux. Le changement n’est qu’une simple correction, qui illustre particulièrement bien la rigueur et le souci de précision de l’auteur.

Pour en finir avec l’inscription de 1940, nous remarquerons qu’elle comporte exactement 4 × 13 runes équi-réparties entre le khuzdul et l’anglais ; le texte anglais final comprend encore 2 × 13 runes.

La porte de Durin

L’écriture cursive des Elfes, les tengwar (sing. tengwa) attribués à Fëanor, est présentée par J. R. R. Tolkien dans l’appendice E du Seigneur des Anneaux, avec le nom et la valeur habituelle de chaque lettre. L’auteur nous précise qu’il existait plusieurs « modes », les voyelles pouvant être représentées soit par des accents, soit par des caractères indépendants37). Pour le reste, le principe est essentiellement le même que pour les runes : doubler la boucle d’une consonne revient à la voiser, allonger un jambage ajoute une aspiration, etc.

Attardons-nous à présent sur l’inscription en tengwar, dans le mode dit « de Beleriand » sur la porte de Durin. Trois symboles sont placés en exergue :

En ajoutant les valeurs de ces lettres38), nous obtenons 29, c’est-à-dire silme « lumière des étoiles ». Ceci est à rapprocher de la remarque de Gandalf sur la nature des lettres composant l’inscription39) :

« Il sont faits d’ithildin, qui ne reflète que la lumière des étoiles et de la lune, […] »

Il est intéressant de noter que dans le brouillon originel, ces propos ne mentionnent pas la lumière des étoiles, mais se limitent uniquement à celle de la lune40) :

« Ils sont faits d’une substance argentée […] et je crois aussi qu’ils brillent seulement sous la lumière de la lune. »

Le dessin de la porte de la Moria qui apparaît dans le Seigneur des Anneaux a été recopié par un dessinateur41). L’original (MS Tolkien drawings 90, fol. 41) présente quelques singularités. Le fait le plus marquant est l’ajout au crayon des tengwar 3, 21 et 5, alors que le reste du dessin est à l’encre noire. Il s’agirait d’un ajout tardif, après mûre réflexion42).

La porte de Durin ne nous a pas encore livré tous ses secrets : si l’on compte le nombre de lettres sur la première ligne de l’arche, exception faite de celles qui n’ont aucune valeur numérique (en l’occurrence le lúva servant en mode de Beleriand pour le /a/ et les porteurs de tehtar utilisés pour le /i/), on constate qu’il y en a 13 de chaque côté du úre qui figure en haut de l’arche. Au-dessus de chacun de ces groupes de 13 lettres se répartissent 7 petites boucles ; mais nous ne savons interpréter ni la parfaite symétrie, ni le 7 ni le 13, malheureusement43).

Enfin, le tengwa úre qui sépare les deux phrases est plus surprenant encore : quelle est sa signification ? Placé au sommet de l’arche, entouré de trois petits points et surmonté de deux boucles plus grosses que les autres, il est comme mis en valeur. Je ne pense pas qu’il s’agisse des deux points que l’on trouve dans la translittération en caractères romains, sinon on l’observerait aussi sur la ligne inférieure… Sur le dessin original, le úre était accolé au texte et non séparé par trois points comme c’est le cas sur le dessin définitif.

Ainsi chantent les Nains…

D’aucuns ont prétendu que Tolkien a délaissé les Nains : leur origine est obscure, ils n’apparaissent qu’anecdotiquement dans les premiers âges, et l’on ne sait pratiquement rien d’eux, jusqu’à leur langue restée secrète. Mais il semble pourtant leur avoir réservé une place de choix, comme le chante si bien Gimli44) :

Dans des salles de pierre aux mille piliers,
Aux voûtes d’or et au sol d’argent,
Avec, sur la porte, les runes de la puissance.
En la Moria, en Khazad-dûm.

Runes que façonna un graveur de génie45)

Voir aussi sur Tolkiendil

1) Cette conférence est basée sur un article que j’ai initialement publié en 1990 dans le bulletin de la Faculté des Études Elfiques, Féerik no 5 (fanzine), et dont Lisa Star a publié une traduction anglaise en 1997 dans Tyalië Tyelelliéva no 10 (fanzine). Il s’agissait de mon plus vieil article, dont les extrapolations pourront sembler un tantinet osées. Restent quelques résultats numériques toujours étonnants… Le texte présenté à Ajaccio dérive d’une version révisée et augmentée de l’article, éditée dans Hiswelókë, Premier Feuillet (fanzine), p. 5-11. Une introduction sur les runes historiques et de nombreuses illustrations y ont été ajoutées. Enfin, pour cette édition, l’appareil de notes a été complété par des références à des ouvrages récents. Cela devrait permettre d’enrichir sérieusement un sujet qui, de prime abord, relève d’une expérience ludique. Il convient aussi de noter que les résultats présentés ici sont cités et prolongés par Mathias Daval dans « La Moria comme exemple de syncrétisme symbolique » in Tolkien : un autre regard sur la Terre du Milieu, Éditions Edysseus, 2005, partie IX, « L’Ésotériste », p. 146-156.
2) The Letters of J. R. R. Tolkien, Allen & Unwin, 1981, lettre no 19, p. 27. Voir aussi la lettre no 112, p. 124, où la réponse de Tolkien est rédigée dans le même système que dans le Hobbit, ainsi que la lettre no 118, p. 132, dans une variante de celui du Seigneur des Anneaux.
3) The Hobbit, chap. 1. : « “Five feet high the door, and three may walk abreast” say the runes. »
4) The Hobbit, op. cit., chapitre 3. On notera pour la petite histoire que Tolkien souhaitait que les lettres « invisibles » soient placées sur le verso de la page, à l’envers, de manière à ce que le lecteur puisse les lire par transparence comme Elrond. Cette demande fut jugée trop coûteuse par l’éditeur, voir W. G. Hammond et C. Scull, J. R. R. Tolkien: Artist & Illustrator, HarperCollinsPublishers, 1995, p. 93-94. On ne peut que regretter, compte-tenu des techniques actuelles, qu’aucune édition récente n’offre une impression en filigrane… À cet égard d’ailleurs, en 1979, la carte de Thror est parue, mais indépendamment sous forme de poster, dans une version coloriée par H. E. Riddett avec les lettres lunaires imprimées au verso (et donc uniquement visibles en plaçant le poster devant une source de lumière).
5) Le Hobbit, nouvelle traduction de Daniel Lauzon, Bourgois, 2012.
6) R. I. Page, Reading the past, volume 4: Runes, British Museum Publications, 1987, réédité par University of California Press, 1993, p. 19-20.
7) The Letters of J. R. R. Tolkien, op. cit., lettre no 131, p. 144. Voir aussi le commentaire de cette lettre par Christopher Tolkien dans The Book of Lost Tales, part I, Allen & Unwin, 1998, p. 22-23 : « The element of ancient English history or ‘historical legends’ was at first not merely a framework, isolated from the great tales that afterwards constituted ‘The Silmarillion’, but an integral part of it ». Et aussi Patrick Curry, Defending Middle-earth (Tolkien: Myth & Modernity), HarperCollinsPublishers, 1997, p. 30-33.
8) À ce propos, voir notamment Arden R. Smith, « Certhas, Skirditaila, Fuþark (A Feigned History of Runic Origin) », in Tolkien’s Legendarium, Greenwood Press, 2000, p. 106-107.. Et, succinctement, The Letters of J. R. R. Tolkien, op. cit., lettre no 25, p. 31-32.
9) L’Edda de Snorri Sturluson, traduction et notes de François-Xavier Dillmann, Gallimard, 1991, coll. L’aube des peuples, p. 204 en illustration du Skáldskaparmál §6, p. 119 sq.) et p. 202, note 18.
10) On consultera avec intérêt les tableaux décrivant les alphabets étrusque et osque dans La naissance des écritures : du cunéiforme à l’alphabet, Seuil, 1994, p. 420 et p. 474 (traduction française de Reading the past: Ancient Writing from Cuneiform to the Alphabet, British Museum Publications Ltd., 1990). Voir aussi Lucien Musset, Introduction à la runologie, Aubier, 1980 (2e éd.). Pour un bref résumé des diverses théories sur l’origine des runes, voir aussi Tolkien’s Legendarium, op. cit., « Certhas, Skirditaila, Fuþark », p. 105-106. Une présentation intéressante sur l’utilisation des runes en Islande se trouve aussi dans Stephen Flowers, The Galdrabók, An Icelandic Grimoire, éd. Samuel Weiser, 1989, chapitre 1. Je précise une bonne fois pour toutes que je ne suis pas spécialiste de la question et que mes connaissances sont livresques. Les exemples d’inscriptions runiques qui suivent proviennent essentiellement du site Internet d’Arild Hauge, The development of the Norwegian runes et de Reading the past, volume 4: Runes, op. cit.
11) On ne sait pas avec précision quand les runes furent inventées. Certains inscriptions remontent probablement au début du IIIe siècle ou à la fin du IIe, mais à cette époque l’écriture possédait déjà une certaine finition — elle pourrait dater du début de l’ère chrétienne, voir Reading the past, volume 4: Runes, op. cit., p. 9.
12) Gérard de Sède, le Mystère gothique, Robert Laffont, 1976, coll. les énigmes de l’univers, troisième partie « Des runes aux cathédrales », p. 115 sq. Cet ouvrage sera utilisé avec parcimonie, dans les limites du sujet qui nous intéresse ici. À d’autres égards, et malgré une documentation sérieuse sur les runes, il est loin d’être fiable et devra être considéré avec suspicion. C’est malheureusement souvent le cas dans ce domaine où nous trouvons des groupuscules fascisants, des adeptes du renouveau nordique — quoi que cela puisse signifier — et des sectes d’obédience maçonnique.
13) Voir Reading the past, volume 4: Runes, op. cit. : Ancient Futhark p. 8, Nouveau Futhark p. 20, Short-Twigs p. 21, Kyvler, Vadstena et Breza p. 18.
14) L’Edda poétique, textes présentés et traduits par Régis Boyer, Fayard, 1992, p. 620 sq.
15) Le signe de reconnaissance des premiers Chrétiens, un I et un X superposés, vient du grec ikhthus « poisson », acronyme de Jésus-Christ, fils de Dieu, le Sauveur.
16) L’Edda poétique, op. cit., p. 574 (Völundarkvida §24), note 3. Voir aussi le Mystère gothique, op. cit., p. 161-162 et 191 sq.
17) La représentation est très claire. On attirera aussi l’attention des auditeurs sur le mot mægi au-dessus des trois mages, sur la partie droite. Voir en particulier Reading the past, volume 4: Runes, op. cit., p. 40-41. L’auteur ne mentionne pas la scène avec Völundr, mais présente en revanche les autres versants du coffret.
18) L’Edda poétique, op. cit., p. 196 et p. 618-633.
19) Régis Boyer, « Pour présenter les langues scandinaves », article paru dans Arob@se, Journal des lettres et des sciences humaines, vol. 1, no 2, 1997.
20) L’Edda poétique, op. cit., p. 622.
21) Exemples tirés du site web d’Arild Hauge, et correspondant à des inscriptions dans des églises en bois (Stave Church), donc tardives. Pour des inscriptions plus anciennes mais de même nature, se reporter à Reading the past, volume 4: Runes, op. cit.
22) L’Edda poétique, op. cit., p. 196 (Hávamál, strophes 138-139).
23) L’Edda poétique, op. cit., p. 197 (Hávamál, strophes 142-143).
24) L’Edda poétique, op. cit., p. 548 (Völuspá, strophes 60-61).
25) L’Edda poétique, op. cit., p. 623-632 (nous donnons la strophe 9 du Sigrdrífumál). Pour l’utilisation d’un motif similaire par J. R. R. Tolkien, voir Unfinished Tales, Allen & Unwin, 1981, p. 75 (Narn i Hîn Húrin) : « [The Helm of Hador] was made on grey steel adorned with gold, and on it were graven runes of victory. A power was in it that guarded any who wore it from wound or death ». De même, au livre VI, chapitre 6 de The Lord of the Rings : « Then Eowyn gave to Merry an ancient horn, small but cunningly wrought all of fair silver with a baldric of green; and wrights had engraven upon it swift horsemen riding in a line that wound about it from the tip to the mouth, and there were set runes of gread virtue. […] He that blows it at need shall set fear in the hearts of his ennemies and joy in the hearts of his friends ».
26) The Galdrabók, An Icelandic Grimoire, op. cit., présente en détail la « magie runique » pratiquée en Islande à la fin de la période médiévale. Le galdrabók en question, compilé entre 1550 et 1680, est l’un des seuls recueils de magie qui nous soit parvenu au complet.
27) La naissance des écritures : du cunéiforme à l’alphabet, op. cit., « L’utilisation de l’alphabet pour l’écriture des nombres », p. 323 sq.
28) Les grecs utilisèrent deux systèmes numériques, l’un alphabétique (IIe siècle avant J.-C.), l’autre acrophonique (VI-Ve siècles), voir la Naissance des écritures : du cunéiforme à l’alphabet, op. cit., p. 339-340.
29) Wulfila (311-383), lat. Ulfilas : évêque wisigoth connu pour sa traduction de la Bible en langue gothique. Le Codex Argenteus de Wulfila, dont les fragments sont conservés à la bibliothèque de l’université d’Uppsala en Suède, est rédigée dans un alphabet de son invention, en caractères d’or et d’argent sur du parchemin pourpre. Le système d’écriture est une synthèse des alphabets runique, grec et latin. Deux signes n’ont pas de valeur phonologique et servent uniquement de nombres ; on remarquera qu’ils reprennent les runes qui étaient traditionnellement associées aux dieux Týr et Odin dans l’ancien futhark…
30) Le Mystère gothique, op. cit., p. 165 sq. Dans Reading the past, volume 4: Runes, op. cit., R. I. Page présente la corne B en p. 28-29, mais ne dit rien de la première, dont l’analyse, reprise ici, est contestée.
31) Sur ces calculs, voir Beer, Arthur, « Hartner and the Riddle of the Golden Horns », in Journal for the History of Astronomy, vol. 1, 1970, p. 140-141, présentant l’étude de Hartner, Willy, Die Goldhörner von Gallehus, Franz Steiner Verlag, 1969.
32) Lettre de Tore Fager à Havgrim (~ 1300) : « Tore Fager vous envoie ses salutations et celles de Dieu. J’ai perdu certains des biens de la compagnie dans l’échange. Je n’ai pas obtenu la bière et le poisson. Je veux que vous sachiez cela pour que vous ne m’en demandiez pas compte. Demandez au fermier de venir au sud pour voir ce qu’il en est. Dites-lui de se hâter et ne m’appelez pas pour m’en tenir compte. Envoyez-moi des gants. Si Sigrid a besoin de quoi que ce soit, demandez-lui de s’adresser à vous. Promettez-moi que l’on ne me fera pas de difficulté à cause de ce manquement » (texte donnée sur site web d’Arild Hauge, notre traduction). Sur les félagi, se reporter aussi à Reading the past, volume 4: Runes, op. cit., p. 51.
33) Se reporter aux explications du Seigneur des Anneaux, appendice E (table des runes ou Cirth).
34) N.d.É. : La Pierre Arcane, dans la traduction française de Daniel Lauzon, op. cit.
35) The Treason of Isengard, Unwin Hyman, 1989, volume VII de The History of Middle-earth.
36) Ibid., p. 186. On peut remarquer que Khazad-dûm y est translittéré avec un /û/ long alors que la rune employée est un /u/ bref (selon l’appendice, la rune aurait dû être ; par la suite elle deviendra ).
37) Se reporter aux explications du Seigneur des Anneaux, appendice E (table des Tengwar).
38) Cependant, ce calcul repose probablement sur un anachronisme : l’appendice E du Seigneur des Anneaux nous présente les lettres telles qu’elles étaient placées au Gondor au Troisième Âge, alors que les portes de la Moria furent vraisemblablement construites au Deuxième Âge, par le Gwaith-i-Mírdain, la Ghilde des Joailliers d’Eregion. En outre, la numérotation ne tient aucunement compte des palatales (tyelpetéma), ni des tîw à longue tige.
39) Le Seigneur des Anneaux, livre II, chapitre 4, traduction de F. Ledoux : « They are made of ithildin that mirrors only the starlight and the moonlight, and sleeps until it is touched by one who speaks words now long forgotten in Middle-earth. »
40) The Treason of Isengard, op. cit., p. 180 (notre traduction) : « They are made of some silver substance that is seen only when touched by one who knows certain words, and I guess too that they shine only in the moonlight. »
41) J. R. R. Tolkien : Artist & Illustrator, op. cit., p. 161 ; voir cependant Tyalië Tyelelliéva no 13 (fanzine), 1998, p. 40, pour une critique raisonnée de cette hypothèse.
42) Tolkien voulait aussi que la porte soit imprimée en lignes blanches sur un fond noir, car elle était découverte par Gandalf à la nuit tombée et les tengwar scintillaient dans l’obscurité. Sans doute trop coûteuse à l’époque, cette présentation n’a pas été retenue. Ces informations nous ont aimablement été communiquées en 1992 par Édouard Kloczko après l’exposition du centenaire de Tolkien ; depuis le dessin original de la Porte de Durin a été publié en 1995 dans J. R. R. Tolkien : Artist & Illustrator, op. cit., p. 158-161. L’illustration avec les lettres au crayon y est reproduite sous le numéro 153 (pour rappel, la première version de cet article a été publiée en 1990, sans avoir connaissance de ces informations. Cela nous conforte dans l’idée qu’il y a là un peu plus qu’une simple coïncidence…).
43) Ces nombres sont souvent considérés comme magiques : ce sont les nombres premiers les plus proches de 6 et de 12, c’est-à-dire des divisions dites « parfaites » d’un cercle.
44) Le Seigneur des Anneaux, livre II, chap. 4, traduction de F. Ledoux, notre emphase : « In many-pillared halls of stone / With golden roof and silver floor, / And runes of power upon the door. / In Moria, in Khazad-dûm. »
45) À la fin de la conférence, un auditeur, ancien compagnon, a remarqué que la rune , qui a la même forme que la rune nordique hagall associée au Christ dans le Thrídeilur (voir supra), porte la valeur 33, l’âge présumé du Christ à sa mort. Est-ce conscient de la part de J. R. R. Tolkien ? Nous ne saurions le dire, mais là encore la coïncidence est troublante…
 
langues/ecritures/divers/esoterique_runes_cirth_tengwar.txt · Dernière modification: 06/05/2021 16:04 par Elendil
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