Les tengwar : l’Usage général – Parler noir

 Trois Anneaux
Måns Björkman — juillet 2014
traduit de l’anglais par Vivien Stocker
Articles de synthèse : Ces articles permettent d’avoir une vue d’ensemble du thème traité mais ils nécessitent une bonne connaissance des principales œuvres de J.R.R. Tolkien.

Il n’existe qu’un seul texte connu écrit en tengwar pour le parler noir : l’inscription de l’Anneau Unique. Bien que ce texte apparaisse dans plusieurs versions différentes (DTS 7, DTS 2, DTS 33, DTS 34, DTS 63, DTS 69), l’ensemble des détails pertinents est identique dans toutes les versions. Selon l’Appendice B du Seigneur des Anneaux, l’Anneau Unique fut forgé aux alentours de l’année 1600 du Deuxième Âge. En supposant que l’inscription ait été faite en même temps, cela fait d’elle le plus vieux texte en tengwar datable suivant la chronologie des Jours Anciens, bien que l’inscription sindarine des Portes de Durin soit probablement plus ancienne (ibid.)

Environ 4859 ans plus tard, Frodo dit à Gandalf : « Je ne peux lire les lettres de feu ». Gandalf commente alors : « Ces lettres sont de l’elfique, d’un mode ancien, mais la langue est celle du Mordor ». Cela en a amené certains à conclure que Frodo n’était pas familier avec ce qui sera appelé ici l’Usage général. Cependant, d’autres explications à cette incapacité de Frodo à lire les « lettres de feu » sont beaucoup plus probables : elles furent écrite dans une langue inconnue de lui ; le style incliné inhabituel de l’écriture la rendait difficile à déchiffrer et il n’y a aucun espace entre les mots.

Cette dernière caractéristique se trouve, parmi tous nos exemples de tengwar, uniquement dans l’inscription de l’Anneau. Des interruptions apparaissent seulement à la fin des vers (coïncidant avec les virgules ou les fins de lignes de la transcription), qui sont indiqués à la fois par la ponctuation et par une espace (voir aussi la ponctuation des tengwar). On ne sait pas si cette façon d’écrire est typique du parler noir.

Ci-dessous se trouve une analyse détaillée du mode utilisé pour l’écriture de l’Anneau Unique.

Il est fréquemment fait référence infra aux différents tengwar par leur nom quenya. Pour une liste complète, voir l’article Les noms des tengwar.

Consonnes

Les valeurs phonétiques des tengwar sont donné dans la Figure 1. Les tengwar non attestés sont donnés en gris et les valeurs phonétiques non attestées sont marquées avec une astérisque.

Les tengwar Figure 1 : Les tengwar

Comme le montre le tableau, seul un nombre limité de tengwar différents se trouve effectivement dans l’inscription de l’Anneau. Cela pourrait indiquer que le parler noir avait une phonologie très restreinte, permettant seulement un petit nombre de sons différents, ou bien ce pourrait simplement être une conséquence de la brièveté du texte. Il semble probable que beaucoup des tengwar non attestés aient la même valeur phonologique que dans les autres exemples de l’Usage général, mais étant donné notre connaissance limitée de la phonologie du parler noir, nous ne pouvons être certains que ces tengwar fussent effectivement utilisés dans cette langue.

Dans l’édition du 50e anniversaire du Seigneur des Anneaux se trouve une variante de l’inscription (DTS 69) dans laquelle apparaît le hwesta avec un jambage étendu, mais c’est une faute d’orthographe1).

Les fricatives

On peut noter que les fricatives (sh, gh) sont communément représentées par des lettres avec des jambages étendus dans l’inscription de l’Anneau, à l’exception du th, qui est écrit avec la lettre súle avec un jambage dressé. Ce th apparaît au début d’un mot, alors que les autres fricatives apparaissent après des voyelles (et donc possèdent des signes vocaliques au-dessus d’elles). S’il y eut jamais quelque chose qui s’apparente à des conventions orthographiques en parler noir, elles pourraient avoir énoncé que les tengwar avec des jambages étendus devaient être utilisés après des voyelles et les tengwar avec des jambages dressés dans les autres positions.

De même, il existe deux tengwar pour r et z, respectivement . Comme dans les autres exemples de l’Usage général, les signes óre et esse nuquerna sont utilisées après des voyelles, alors que rómen et esse sont utilisées après des consonnes (et probablement en position initiale).

Trait horizontal suscritComme dans les autres langues, un trait horizontal suscrit indique une nasale de la même série qui précède. L’inscription de l’Anneau atteste les exemples mb et mp, où le trait représente le m.

Voyelles

Porteur court

Dans l’Usage général du parler noir, les voyelles sont écrites par des tehtar placés au-dessus des consonnes suivantes. Lorsqu’il n’y a aucune consonne suivant la voyelle, un porteur court est utilisé à la place. Si un mot se termine par une voyelle et le suivant débute par une consonne, la voyelle est néanmoins placée sur un porteur vocalique plutôt que sur la première lettre du mot suivant.

La Figure 2 montre les tehtar utilisés pour représenter les voyelles dans l’inscription de l’Anneau. Seules trois voyelles sont attestées : a, i et u (et son homologue long û). Notez que la boucle s’ouvrant sur la droite représente u plutôt que sa plus habituelle valeur o. Comme l’explique Tolkien, « la boucle sur la droite était favorisée, et son utilisation dépendait de la langue concernée : en parler noir, le o était rare »2). Ce o « rare » semble ainsi avoir été écrit avec la boucle s’ouvrant sur la gauche.

Les tehtar des voyelles Figure 1 : Les tehtar des voyelles

Il existait également un â long, attesté dans le mot ghâsh. Il était très probablement écrit avec un porteur long. Aucun î long n'est attesté, mais si cela était le cas, il serait écrit soit sur un porteur long, soit avec un double tehta.

Exemple de texte

Voici un exemple de parler noir « abâtardi ». Outre les sons attestés dans l’inscription de l’Anneau, cette version de la langue contient aussi h, o, s et (probablement) la diphtongue ai. Ces sons sont transcrits ici comme ils le seraient dans les autres langues qui emploient l’Usage général.

Exemple de texte Uglúk u bagronk sha pushdug Saruman-glob búbhosh skai
Invective de Grishnâkh dans le Seigneur des Anneaux (de signification sujette à débat3))

Voir aussi

Sur Tolkiendil

Sur le net

1) RC, entrée 50 (I:59) : Inscription de l’Anneau.
2) SdA, App. E.
3) N.d.É. : voir notamment l’article « Uglúk dans la fosse à purin ».
 
langues/ecritures/tengwar/usage_general_parler_noir.txt · Dernière modification: 31/01/2022 11:19 par Elendil
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