Les Rivières et collines des feux du Gondor

Vinyar Tengwar J.R.R. Tolkien — Juillet 2001
édité et annoté par Carl Hostetter
traduit de l’anglais par Damien Bador
Article théorique Article théorique Article théorique Article théorique

Cet article est issu du journal linguistique Vinyar Tengwar no 42, daté de juillet 2001 et édité par Carl Hostetter. Le traducteur remercie chaleureusement le Tolkien Estate, Carl Hostetter et l’équipe éditoriale de Vinyar Tengwar pour avoir autorisé la publication de cette traduction. Le texte de Tolkien est sous la protection du droit d’auteur. © 2001-2016 The Tolkien Trust.

Les noms propres figurant dans le Seigneur des Anneaux sont rendus suivant la seconde traduction de Daniel Lauzon, les références bibliographiques indiquées en note correspondant aux trois volumes de cette seconde traduction publiés en 2014, 2015 et 2016 chez Christian Bourgois éditeur sous les titres : La Fraternité de l'Anneau (FdA), Les Deux Tours (DT) et Le Retour du Roi (RR).

Númenor (© John Howe)

Introduction

Cet essai historique et étymologique, uniquement intitulé « Nomenclature » par son auteur, appartient à un ensemble de textes similaires datés d’environ 1967–1969 par Christopher Tolkien (PM, p. 293–294), qui inclut « Of Dwarves and Men », « The Shibboleth of Fëanor » et « L’Histoire de Galadriel et Celeborn », qui furent publiés, en tout ou partie, dans Contes et légendes inachevés et The Peoples of Middle-earth. De fait, Christopher Tolkien donna de nombreux extraits de cet essai dans les Contes et légendes inachevés. Il prépara une présentation plus complète de ce texte pour The Peoples of Middle-earth, mais elle fut exclue de ce volume pour des raisons de place.

Christopher Tolkien m’a aimablement fourni le texte complet de l’essai et sa propre version éditée destinée à The Peoples of Middle-earth. Cette édition, visant une large audience et soumise à des contraintes de longueur, omet naturellement un certain nombre de passages et notes philologiques plus techniques ou discursifs. En éditant ce texte pour l’audience plus spécialisée de Vinyar Tengwar, j’ai bien sûr restauré tous ces matériaux philologiques. J’ai également gardé, avec l’aimable autorisation de Christopher Tolkien, autant que possible de son commentaire sur cet essai (clairement identifié comme tel tout au long de la présente édition). J’ai moi-même ajouté quelques remarques et notes supplémentaires, principalement sur des sujets linguistiques. Outre Christopher Tolkien, je voudrais exprimer ici ma gratitude à John Garth, Christopher Gilson, Wayne Hammond, Christina Scull, Arden Smith et Patrick Wynne, qui tous lurent le brouillon de ce travail et me procurèrent des encouragements, ainsi que de nombreux commentaires et corrections utiles.

Cet essai consiste en treize pages dactylographiées, numérotées de 1 à 13 par Tolkien. Une demi-page déchirée et non numérotée, portant une note manuscrite commençant par « Bien trop compliqué » (au milieu, faisant référence à une longue discussion discursive du système des numéraux eldarins et notamment à l’explication du chiffre 5) fut placée entre les pages 8 et 9 du dactylogramme. Une autre feuille non numérotée suit la dernière page de ce dactylogramme et porte une note manuscrite sur le nom Belfalas (elle est paraphrasée dans les CLI, p. 279). Toutes ces feuilles appartiennent à divers types de brochures des éditions George Allen & Unwin, le texte de Tolkien étant confiné à leur côté vierge, sauf dans le cas de la dernière feuille. Là, le côté imprimé fut utilisé pour un brouillon du Serment de Cirion en quenya (déjà très proche de la version publiée, cf. CLI, p. 342), qui fut continué au sommet du côté vierge de texte imprimé. La note sur Belfalas est écrite à l’envers, en commençant au bas de la feuille (par rapport au précédent brouillon et au texte imprimé).

Concernant l’origine et la date de cet essai, Christopher Tolkien écrit : « Le 30 juin 1969 mon père rédigea une lettre pour M. Paul Bibire, qui lui avait écrit une semaine auparavant, lui disant qu’il avait passé avec succès l’examen pour son Bachelor of Philosophy en vieil anglais à Oxford : il faisait référence à ce succès avec modestie, l’ayant accompli malgré sa négligence envers certaines parties des cours qu’il trouvait moins intéressantes, notamment les œuvres du poète vieil anglais Cynewulf (cf. Sauron Defeated, p. 285 n. 36). À la fin de sa lettre, M. Bibire disait : “Incidemment, il y a une chose qui m’intrigue depuis que j’ai vu l’addition correspondante dans la seconde édition [du Seigneur des Anneaux] : savoir si la rivière Glanduin est la même que la Rivière aux Cygnes” (pour la référence, cf. Sauron Defeated, p. 70 et n. 15). » Christopher Tolkien a fourni les passages correspondants de la réponse de son père (qui n’a pas été incluse dans la collection de lettres publiée par Humphrey Carpenter)1) :

C’est aimable à vous de m’écrire à nouveau. J’ai été très intéressé d’avoir de vos nouvelles et j’en suis très touché. J’ai trouvé et je trouve ce cher Cynewulf d’un ennui terrible – terrible, parce qu’on peut déplorer qu’un homme (ou des hommes) d’un tel talent pour tresser les mots, qui devait avoir entendu (ou lu) tant de choses désormais perdues, dût passer son temps à composer des choses si dénuées d’inspiration2). À plus d’une reprise dans ma vie, j’ai aussi mis en danger mes espoirs en négligeant des choses que je ne trouvais pas amusantes alors… !

Je vous suis reconnaissant d’avoir noté l’utilisation de Glanduin dans l’Appendice A, III, p. 3193). Je n’ai pas d’index des Appendices et dois en créer un. Le Glanduin est le même cours d’eau que la Rivière aux Cygnes, mais ces noms sont sans rapports. Sur la carte comportant les corrections qui doivent être faites en vue de la nouvelle édition qui doit paraître à la fin de cette année, j’ai remarqué que cette rivière est annotée par mes soins à la fois comme le Glanduin et avec divers noms composés sur le terme alph « cygne »4). Le nom Glanduin devait signifier « rivière-frontalière », un nom remontant aussi loin que le Deuxième Âge, quand c’était la frontière méridionale de l’Eregion, au-delà de laquelle se trouvait le peuple inamical de Dunlande. Dans les premiers siècles des Deux Royaumes, Enedwaith (le Peuple de l’Entre-Deux) était une région entre le royaume de Gondor et le royaume lentement périclitant d’Arnor (qui incluait originellement le Minhiriath (Mésopotamie)). Les deux pays avaient un intérêt partagé pour cette région, mais étaient principalement concernés par l’entretien de la grand-route qui, hormis la mer, était leur principal moyen de communication, et par le pont à Tharbad. Les gens d’origine númenóréenne ne demeuraient pas là, à l’exception de Tharbad, où une large garnison de soldats et de gardes-rivières était jadis maintenue. En ces temps il y eut des travaux de drainage et les bancs de la Bruyandeau et du Grisfleur furent renforcés. Toutefois à l’époque du Seigneur des Anneaux la région était depuis longtemps ruinée et était retombée dans son état initial : une lente et large rivière courant à travers un réseau de fondrières, d’étangs et d’îlots : le repaire de cygnes et autres oiseaux aquatiques.

Si l’on se souvenait toujours du nom Glanduin, il ne s’appliquerait qu’à son cours supérieur, là où la rivière courait rapidement, mais elle se perdait bientôt dans les plaines et disparaissait dans les marais. Je pense que je peux garder Glanduin sur la carte pour la partie supérieure et marquer la partie inférieure comme des marécages portant le nom Nîn-in-Eilph (Marais aux Cygnes), qui expliquera adéquatement la Rivière aux Cygnes, III.2635).

alph « cygne » n’apparaît pour autant que je m’en souvienne qu’en III, p. 3926). Cela ne peut être du quenya, vu que ph n’est pas utilisé dans ma transcription du quenya et que cette langue ne tolère pas d’autre consonne finale que les dentales, t, n, l, r après une voyelle7). Le quenya pour « cygne » était alqua (alkwā). La branche « celtique » de l’eldarin (telerin et sindarin) avait changé kw > p, mais n’avait pas, au contraire du celtique, altéré le p originel8). Le sindarin de la Terre du Milieu, fort transformé, avait transformé les occlusives en spirantes après l, r, comme le fit le gallois : ainsi *alkwā > alpa (telerin) > sind. alf (épelé alph dans ma transcription).

À la fin de la lettre, Tolkien ajouta une annexe :

J’ai moi-même recouvré la santé – quoique cela ait pris un an, ce que je ne pouvais guère me permettre9). Je peux me promener assez normalement désormais, jusqu’à environ deux miles (à l’occasion) et j’ai quelque énergie. Mais pas assez pour me permettre à la fois de continuer à écrire et de faire face à « l’escalade » sans fin de mes affaires.

Au sommet du présent essai, Tolkien écrivit « Nomenclature », suivit de : « Rivière aux Cygnes (SdA. édition rév., III 263) et Glanduin, III App. A. 319 » ; et de « Questionné par P. Bibire (lettre 23 juin 1969 ; rép. 30 juin). Comme indiqué plus brièvement dans ma réponse : Glanduin signifie “rivière-frontalière”. » L’essai semble ainsi s’être développé comme une expansion et une élaboration des remarques faites dans sa réponse.

Les noms des Rivières

L’essai commence par le long extrait et la note de l’auteur donnés dans CLI, p. 297–298 (et donc non reproduits ici). Quelques variantes entre le texte publié et le dactylogramme méritent d’être notées : là où le texte publié a Enedwaith le dactylogramme donne Enedhwaith (ce fut un changement éditorial effectué pour toutes les occurrences de ce nom dans les extraits de cet essai publiés dans les Contes et légendes inachevés, cf. PM, p. 328–329 n. 66). Là où le texte publié donne Ethraid Engrin, le dactylogramme donne Ethraid Engren (mais noter (Ered) Engrin ; RP, p. 392 s.v. ANGĀ-, p. 433 s.v. ÓROT- et encore à de nombreux autres endroits). De plus, une phrase se référant à l’ancien port Lond Daer Enedh fut omise avant la dernière phrase de la note de l’auteur à la page 297–298 des CLI ; elle indique : « Ce fut le principal accès des Númenóréens lors de la guerre contre Sauron (Deuxième Âge 1693–1701) » (cf. RR, p. 439 et CLI, p. 244, 270, 294–299). Par ailleurs, en face de la discussion sur l’approche de Tharbad qui clos le premier paragraphe de CLI, p. 298–299, Tolkien fournit la référence croisée « I p. 287, 390.10) » Après le passage se terminant en CLI, p. 299, l’essai continue avec cette discussion étymologique au sujet du nom Glanduin :

glan : base (G)LAN, « bordure, arête, bord, frontière, limite ». On l’observe dans le verbe q. lanya « restreindre, enclore, séparer de, marquer la limite de » ; lanwa « à l’intérieur des limites, limité, fini, (bien-)défini » ; landa « une frontière » ; lane (lani-) « ourlet » ; lantalka « poste ou borne frontière » ; voir aussi lanka « arête vive (pas pour un outil), fin soudaine », comme par ex. un bord de falaise ou l’arête utile de choses fabriquées ou construites, aussi utilisé dans des sens métonymiques, comme dans kuivie-lankasse, littéralement « à la frontière de la vie », pour une situation périlleuse où l’on a des chances de rencontrer la mort.
La question de savoir si gl- était un groupe initial en eldarin commun ou si c’était une innovation telerine-sindarine (fort développée en sindarin) est débattue. Dans ce cas, quoi qu’il en soit, le gl- initial est commun au telerin et au sindarin et se trouve dans tous les dérivés de ces langues (sauf pour les tel. lanca et sind. lanc, équivalents du q. lanka) : tel. glana « arête, bordure »11) ; glania- « restreindre, limiter » ; glanna « limité, restreint » ; glanda « une frontière » : sind. glân « ourlet, bord » (pour des textiles et d’autres choses fabriquées), gland > glann « frontière » ; glandagol « borne frontière »12) ; gleina- « restreindre, enclore, limiter »13).

Tolkien commente ensuite : « Les noms des Rivières posent des problèmes ; ils furent composés à la va-vite sans recevoir une considération suffisante », avant d’engager un examen de chacun d’entre eux. Des portions significatives de cette section de l’essai ont été données dans les Contes et légendes inachevés. Les passages étendus ne sont pas répétés ici, mais leur place dans l’essai est indiquée.

Adorn

Ceci n’apparaît pas sur la carte, mais est donné comme étant le nom de la courte rivière se jetant dans l’Isen à l’ouest des Ered Nimrais dans l’App. A, III 34614). Comme on pourrait s’y attendre de tout nom dans cette région, il n’est pas d’origine rohanaise mais d’une forme appropriée au sindarin ; il n’est pourtant pas interprétable en sindarin. Il est nécessaire de le supposer d’origine pré-númenóréenne et adapté au sindarin.

Sur cette entrée, Christopher Tolkien note : « Pour l’absence de ce nom sur la carte – se référant bien sûr à ma carte originale du Seigneur des Anneaux, qui fut remplacée longtemps après par le nouveau dessin devant accompagner les Contes et légendes inachevés – voir CLI, p. 295, note. »

Gwathló

Pour l’entrée suivante, intitulée « Gwathlo (-ló) », Christopher Tolkien écrit : « La longue discussion naissant de ce nom se trouve dans CLI, p. 294–297, avec le passage concernant les Hommes-pouques ôté et cité dans la section sur les Drúedain ; CLI, p. 423–425. Dans ce dernier passage, la phrase “Il se peut que même à l’époque de la guerre de l’Anneau, des membres du peuple Drú aient subsisté dans les monts d’Andrast, les contreforts occidentaux des Montagnes Blanches” contient un changement éditorial : le texte original a “les montagnes d’Angast (Long Cap)”15) et la forme Angast réapparaît plus d’une fois dans l’essai. Ce changement se fondait sur la forme Andrast communiquée par mon père à Pauline Baynes pour inclusion, avec d’autres nouveaux noms, sur sa carte décorée de la Terre du Milieu ; voir CLI, p. 295, note. » Un autre changement éditorial mérite d’être noté : là où le texte publié donne Lefnui (CLI, p. 296, répété dans la note extraite sur les Hommes-pouques, CLI, p. 424–425) le dactylogramme donne Levnui ; voir l’entrée Levnui ci-dessous.

Une note inutilisée en regard du « grand promontoire […] qui forme la branche nord de la Baie de Belfalas » (ibid.) donne : « Encore appelé par la suite Drúwaith (Iaur) “(Vieille) Pouquelande”, dont les sombres bois étaient peu visités, ni considérés faire partie du royaume de Gondor. » De plus, une phrase biffée par Tolkien après « des arbres immenses… sous cette voûte glissaient silencieusement vers l’inconnu les barques des explorateurs » donne : « Il est même dit que des membres de cette première expédition allèrent aussi loin que les grands marécages avant de s’en retourner, craignant de s’égarer dans leurs labyrinthes. »

La discussion continuait initialement avec la note étymologique suivante, raturée en même temps que la phrase supprimée :

Ainsi la rivière fut-elle appelée Gwathlo en sindarin (Agathurush en adûnaïque) « le flot sous l’ombre ». Gwath était un terme sindarin dérivé une base eldarine commune Wath ou [sous forme] étendue Wathar. Elle était souvent utilisée ; encore que son parent quenya waþar, plus tard vasar, n’était pas d’usage quotidien16). L’élément – était aussi d’origine eldarine commune, dérivé d’une base (s)log : en eldarin commun sloga était un terme utilisé pour des cours d’eau variables selon les saisons et susceptibles de déborder leurs bancs et de causer des inondations lorsqu’ils étaient gonflés par des pluies ou par la fonte des neiges ; en particulier ceux comme le Glanduin (décrit plus haut), ayant leur source dans les montagnes et s’écoulant d’abord rapidement, mais étant arrêtés dans les basses terres et les plaines. *sloga devint lhô en sindarin, mais n’était pas souvent employé aux époques tardives, sauf dans les noms de rivières ou de palus. La forme quenya aurait été hloä.

Ce passage contient une note sur le nom Ringló, également biffée et placée après « lhô en sindarin », donnée dans la discussion de cette entrée infra. Le passage supprimé fut remplacé par celui donné en CLI, p. 296–297, commençant par « C’est pourquoi le premier nom qu’ils lui donnèrent fut “la Rivière de l’Ombre”, Gwath-hîr, Gwathir. » On peut noter que le terme dans ce passage était une correction de lhô sur le dactylogramme. Une note sur le nom Ringló, omise du passage correspondant dans les Contes et légendes inachevés, se trouve après les mots « Gwathló, l’ombreuse rivière des marais. » Pour cette note et son développement, voir l’entrée Ringló ci-dessous. Après cette note, une explication étymologique s’intercale avant le dernier paragraphe complet de l’extrait publié dans les Contes et légendes inachevés :

Gwath était un terme sindarin commun pour « ombre » ou faible lumière – pas pour les ombres d’objets ou de personnes physiques projetées par le soleil, la lune ou d’autres lumières : celles-là étaient nommées morchaint « formes-sombres »17). Il était dérivé d’une base eldarine commune WATH et apparaissait aussi dans le sind. gwathra- « faire de l’ombre, atténuer, voiler, obscurcir » ; gwathren (pl. gwethrin) « ombreux, vague ». Également apparenté, auth « une forme vague, apparition spectrale ou indistincte », dérivé de *aw’tha. On la retrouvait dans le quenya auþa, ausa, de sens similaire, mais hormis ce mot, le radical n’était représenté en quenya que par l’extension waþar, vasar « un voile », vasarya- « voiler ».
était dérivé de la base eldarine commune LOG « humide (et doux), trempé, bourbeux, etc. » La forme *loga produisit le sind. et le tel. loga ; ainsi que le sind. loen, tel. logna « détrempé, inondé », dérivé de *logna. En quenya cependant, du fait de changements de sonorité qui causèrent ses dérivés à se confondre avec d’autres mots, le radical était peu représenté, sauf dans la formation intensive oloiya- « noyer, inonder, submerger » ; oloire « une grande inondation ».

En regard des mots « du fait de changements de sonorité qui causèrent ses dérivés à se confondre avec d’autres mots », Tolkien ajouta cette note :

Ainsi la forme quenya du sind. aurait été *loa, identique au q. loa < *lawa « année » ; la forme du sind. loen, tel. logna aurait été *lóna, identique avec lóna « mare, étang » (de la base LON aussi trouvée dans londe « havre », sind. lond, lonn).

Erui

Bien qu’il s’agisse de la première des rivières du Gondor, elle ne peut signifier « premier ». En Eldarin, er n’était pas utilisé pour compter des séries : cela signifiait « un, unique, seul ». Erui n’est pas le sindarin habituel pour « unique, seul » : c’était ereb (< erikwa ; cf. q. erinqua), mais elle possède la très commune terminaison adjectivale –ui du sindarin. Le nom devait lui avoir été attribué parce que c’était la plus courte et la plus rapide des rivières du Gondor, la seule dépourvue d’affluent.

En regard des mots « la très commune terminaison adjectivale –ui du sindarin », Tolkien ajouta cette note :

Elle était utilisée comme une terminaison adjectivale générale sans signification spécifique (comme par ex. dans lithui « de cendre » ou « cendré, couleur de cendre, cendreux, poussiéreux »). Son origine est incertaine, mais était probablement dérivée de l’adjectival eldarin commun –ya, qui produisait –ui en sindarin lorsqu’il était ajouté à des radicaux nominaux se terminant en –ô ou –û en eld. com. Étant plus distinctif, il fut ensuite transféré à d’autres radicaux. Les produits de āya > oe et de ăya, ĕya, ĭya > ei ; ŏya, ŭya > oe, e ne furent pas préservés en sindarin18). Mais –i, qui pouvait venir de ēya et de īya resta aussi utilisé (de façon plus limitée) ; cf. Serni ci-dessous. Le transfert est illustré par les ordinaux, qui en sindarin étaient formés avec –ui à partir de « quatrième », quoique –ui était uniquement correct historiquement dans othui « septième » et tolhui « huitième ». « Premier » était en sindarin primitif et soutenu mein (q. minya) ; plus tard minui fut substitué [supprimé : en langage parlé] ; « deuxième » tadeg ; « troisième » neleg], mais « quatrième » cantui (canhui), « sixième » encui, enchui19), « neuvième » nerthui [supprimé : « dixième » caenui]20), etc. Pour « cinquième » voir infra sous le nom Lefnui.

Serni

Une formation adjectivale dérivée du sind. sarn « petite pierre, caillou » (comme décrit ci-dessus), ou un collectif, l’équivalent du q. sarnie (sarniye) « galet, banc de cailloux ». Quoique la Serni était la plus courte, c’est son nom qui était conservé jusqu’à la mer après sa confluence avec le Gilrain. C’était la seule des cinq à se jeter dans le delta de l’Anduin. Sa bouche était bloquée par des galets ; au moins aux époques tardives les navires approchant l’Anduin et se dirigeant vers Pelargir passaient du côté oriental de Tol Falas et prenaient le passage maritime créé par les Númenóréens au milieu du Delta de l’Anduin21).

Sirith

Cela signifie simplement « un écoulement » : cf. tirith « veillant, gardant » du radical tir- « veiller ».

Celos

Le nom doit être dérivé de la racine kelu- « s’écouler rapidement », formé avec une terminaison –sse, –ssa, vue dans le quenya kelusse « rupt, eau s’écoulant rapidement d’une source rocheuse »22).

Gilrain

Une partie significative des remarques sur ce nom de rivière a été donnée dans CLI, p. 274–275, mais la discussion commence avec un passage omis des Contes et légendes inachevés :

Ce nom ressemble à celui de la mère d’Aragorn, Gilraen, mais à moins qu’il ne soit mal orthographié, il doit avoir une signification différente. (Originellement la différence entre les sindarins corrects pour ae et ai était négligée, ai plus courant en anglais étant utilisé pour les deux dans les textes généraux. Ainsi Dairon, désormais corrigé, pour Daeron, un dérivé du sind. daer « vaste, grand » : eld. com. *daira < base DAY ; ne se trouve pas en quenya. Ainsi Hithaiglir sur la carte pour Hithaeglir et Aiglos [pour Aeglos]23).) L’élément gil- dans chacun d’eux est sans aucun doute le sind. gil « étincelle, éclat de lumière, étoile », souvent utilisé pour les étoiles du ciel à la place du radical plus ancien et noble el-, elen-. (De même tinwe « étincelle » était aussi utilisé en quenya). La signification de Gilraen en tant que nom féminin n’est pas douteuse. Cela signifiait « celle ornée d’un tréçoire doté de petites gemmes dans son réseau », comme le tréçoire d’Arwen décrit en L.R. I 23924). Cela pourrait avoir été un deuxième nom qui lui ait été donné après qu’elle soit parvenue à l’âge adulte et qui, comme il arrive souvent dans les légendes, avait remplacé son nom véritable, désormais perdu. Plus probablement, c’était son vrai nom, vu qu’il était devenu un nom donné aux femmes de son peuple, les restants des Númenóréens du Royaume du Nord de sang non-mêlé. Les femmes des Eldar avaient la coutume de porter de tels tréçoires, mais parmi les autres peuples ils n’étaient utilisés que par les femmes de haut rang des « Coureurs », descendants d’Elros, comme ils l’affirmaient. Des noms tels que Gilraen et d’autres de signification semblable, avaient ainsi des chances de devenir des prénoms donnés aux jeunes demoiselles de la parentèle des « Seigneurs des Dúnedain. » L’élément raen était la forme sindarine du q. raina « maillé, enlacé ».

En regard de cette dernière phrase, Tolkien ajouta une note étymologique :

Base eld. com. RAY « mailler, nouer, tresser un réseau ou une dentelle » ; également [supprimé : « attraper »,] « insérer dans un réseau, enlacer ». Cf. q. raima « un filet »25) ; rea et raita 1) « fabriquer un réseau ou une dentelle » ; raita 2) « attraper dans un filet »26) ; [supprimé : également raiwe « dentelle » ;] carrea (< cas-raya) « un tréçoire »27). Sind. raef ou raew (mélange des q. raima et raiwe) « filet » ; raeda- « attraper au filet » ; cathrae « tréçoire ». Le terme était uniquement appliqué à un travail avec un fil unique ; tisser avec des fils entrecroisés ou des brins d’osier était exprimé par la base distincte WIG28), souvent sous la forme affermie waig-. Les radicaux REB/REM n’étaient pas des « termes de métier » mais des bases verbales signifiant « enlacer, prendre au piège, attraper (comme des chasseurs ou des pêcheurs) avec des lignes ou des filets ». Cf. q. rembe « filet » (d’attrape), sind. rem(m) ; q. rembina « emmêlé », sind. remmen ; q. remi- « prendre au piège », remba- « prendre au filet, piéger », remma « un piège », etc. Cf. sind. Rem-mir-ath (« groupe de gemmes dans un filet »), Pléiades29).

Sur cette note, Christopher Tolkien écrit : « Comparer avec le Seigneur des Anneaux, Appendice E (i), p. 39330). – Tressure [fr. tréçoire], un filet pour contenir les cheveux, est un terme d’anglais médiéval que mon père avait utilisé dans sa traduction de Sir Gawain et le Chevalier vert (strophe 69) : “les clairs joyaux / maintenus par vingtaines dans son tréçoire”, là où l’original avait la forme tressour. » L’entrée conclut ensuite :

Dans Gilrain l’élément –rain, quoique similaire, était d’origine distincte. Il était probablement dérivé de la base RAN « errer, s’égarer, aller dans une direction incertaine », l’équivalent du q. ranya. Cela semble ne s'appliquer à aucune des rivières du Gondor…

La section donnée dans les Contes et légendes inachevés commence ici (p. 274). La fin de la dernière phrase du premier extrait de la discussion de Gilrain dans les CLI, p. 274 est omise ; la phrase complète donne : « Cette légende [de Nimrodel] était bien connue à Dor-en-Ernil (Terre du Prince) et sans aucun doute le nom [Gilrain] lui fut donné en mémoire de Nimrodel ou rendu sous forme elfique à partir d’un nom plus ancien de même signification. » Le paragraphe suivant était également omis ; il donne : « Les chroniqueurs dataient la fuite de Nimrodel de l’an 1981 du Troisième Âge. Une erreur dans l’Appendice B apparaît à ce point. L’entrée correcte donne (encore en 1963) : “Les Nains fuient de Moria. Nombre d’Elfes sylvains de la Lórien s’enfuient au sud. À jamais perdus sont Amroth et Nimrodel.” Dans les éditions ou réimpressions ultérieures “fuient de Moria…” à “Elfes sylvains” a été omis pour des raisons inconnues. » Le texte correct de cette entrée a été rectifié dans la dernière édition anglaise31). De plus, la première phrase du paragraphe suivant, introduisant le passage avec lequel reprend l’extrait donné dans les Contes et légendes inachevés (p. 274–275) donne : « À cette époque Amroth était, dans la légende, appelé Roi de Lórien. Comment cela s’agence avec le gouvernement de Galadriel et Celeborn sera rendu clair dans un précis de l’histoire de Galadriel et Celeborn. » Finalement, la dernière phrase de l’ultime paragraphe donné en CLI, p. 275 fut omise ; elle signalait : « Des communications furent constamment maintenues avec la Lórien. »

Une note dactylographiée annexée après la première phrase de CLI, p. 276, en regard de l’expression « les malheurs de la Lórien, endeuillée de son roi » et subséquemment biffée par Tolkien donne : « Amroth n’avait jamais pris femme. Pendant de longues années il avait aimé Nimrodel, mais avait recherché son amour en vain. Elle était de race sylvaine et n’aimait pas les Arrivants, qui (disait-elle) avaient amené les guerres et détruit l’ancienne paix. Elle n’acceptait de parler que la langue sylvaine, même après qu’elle fut tombée en désuétude chez la majorité du peuple. Cependant, quand la terreur surgit de Moria, elle s’enfuit au loin, tourmentée, et Amroth la suivit. Il la retrouva près de l’orée de Fangorn (qui en ces temps s’approchait bien plus de la Lórien). Elle n’osait pas entrer cette forêt, car les arbres (disait-elle) la menaçait et certains bougeaient pour lui barrer le passage. Là ils eurent une longue conversation et à la fin ils se jurèrent leur foi, car Amroth promit que pour son salut il quitterait son peuple même dans cette heure de besoin et qu’avec elle il chercherait un havre de paix. “Mais il n’y a pas de tel » La note supprimée se termine ici, au milieu d’une phrase. Comme Christopher Tolkien le note (CLI, p. 274), ce passage est le germe de la version de la légende d’Amroth et Nimrodel donné en CLI, p. 271–273.

La discussion de Gilrain se conclut (après le premier paragraphe donné en CLI, p. 274) avec cette note :

La rivière Gilrain, si elle est liée à la légende de Nimrodel doit contenir un élément dérivé de l’eld. com. RAN « errer, s’égarer, serpenter ». Cf. q. ranya « errance vagabonde », sind. rein, rain. Cf. sind. randír « errant » dans Mithrandir, q. Rána nom de l’esprit (Máya) que l’on disait demeurer dans la Lune comme gardien.

Ciril, Kiril

Incertain, mais probablement de KIR « couper ». Il jaillissait à Lamedon et s’écoulait vers l’Ouest pendant un certain temps dans une profonde gorge rocheuse.

Ringló

Pour l’élément – voir la discussion de Gwathló ci-dessus. Il n’y a cependant aucune mention de marais ou de fondrières sur son cours. C’était une rivière rapide (et froide), comme l’élément ring- l’implique32). Ses premières eaux naissaient d’un haut névé qui alimentait un étang glacial dans les montagnes. Si celui-ci s’étalait en un lac peu profond en saison de fonte des neiges, cela pourrait expliquer le nom, un de ceux, nombreux, qui se réfèrent à la source de la rivière.

Voir l’entrée Ringló dans l’index des Contes et légendes inachevés33). Cette explication du nom Ringló naquit seulement au cours de l’écriture de cet essai, car dans la discussion de Gwathló que Tolkien avait biffée il avait initialement ajouté cette note :

Cela [l’élément ] figure aussi dans le nom Ringló, la quatrième des rivières du Gondor. Il pourrait être traduit par Froideflot. Descendant glacial des neiges des Montagnes Blanches en course rapide, après sa jonction avec le Ciril et après avec le Morthond il formait des fondrières considérables avant de rejoindre la mer, quoique ceux-ci fussent fort petits comparés avec le Marais aux Cygnes (Nîn-in-Eilph) autour de Tharbad.

Dans la discussion révisée du Gwathló (CLI, p. 296–297) cette note fut remplacée par le passage suivant :

Le Ringló, quatrième des rivières du Gondor, possède un nom similaire. Nommée comme plusieurs autres rivières, telles la Mitheithel et le Morthond (racine-noire), d’après sa source Ringnen « eau-glaciale », il fut plus tard appelé Ringló, alors qu’il formait un marécage autour de sa confluence avec le Morthond, quoique celui-ci ait été très petit comparé au Grand Marais (Lô Dhaer) du Gwathló.

Tolkien biffa ensuite la deuxième partie de cette note (à partir de « alors qu’il formait un marécage » jusqu’à la fin), la remplaçant par une indication de se référer à l’explication finale pour Ringló donnée supra, dans laquelle l’élément n’est pas dérivé de marécages près de la côte (« il n’y a aucune mention de marais ou de fondrières sur son cours ») mais du lac qui se formait près de la source de la rivière « en saison de fonte des neiges » dans les montagnes.

Morthond

De même pour le Morthond « Racine-noire », qui prenait sa source dans une sombre vallée des montagnes appelée Mornan34), droit au sud d’Edoras, pas seulement à cause de l’ombre des deux hautes montagnes entre lesquelles elle s’étendait, mais parce qu’il traversait la route venant du Portail des Hommes Morts, et les hommes vivants n’y allaient point.

Levnui

Il n’y avait pas d’autre rivière dans cette région, le « Gondor ultérieur » jusqu’à ce que l’on arrive à la Levnui, la plus longue et la plus large des Cinq. Elle était considérée être la frontière du Gondor dans cette direction ; car au-delà se trouvait le promontoire d’Angast et la sauvagerie de la « Vieille Pouquelande » (Drúwaith Iaur), que les Númenóréens n’avait jamais tenté d’occuper avec des établissements permanents, quoiqu’ils maintinssent une force de Gardes-côtes et des phares à l’extrémité du Cap Angast.
Levnui est dit signifier « cinquième » (après Erui, Sirith, Serni, Morthond), mais sa forme offre des difficultés. (Elle est orthographiée Lefnui sur la Carte ; et cela est préférable. Car quoique dans les Appendices f est dit avoir le son du f anglais, sauf lorsqu’il se trouve à la fin d’un mot35), le f sourd n’apparaît en fait pas médialement devant des consonnes (dans des noms ou termes non-composés) en sindarin ; tandis que v est évité devant des consonnes en anglais36). La difficulté est seulement apparente.

Tolkien s’embarque alors immédiatement dans une longue discussion élaborée des numéraux eldarins, qui a été déplacée dans un appendice ci-dessous. Après cette discussion, Tolkien (continuant vers l’Ouest sur la carte à partir de la Levnui) réintroduit le nom Adorn et répète en substance ses remarques précédentes : « Cette rivière, s’écoulant depuis l’ouest de l’Ered Nimrais et se jetant dans la rivière Isen est d’un style adapté au sindarin, mais n’a pas de signification dans cette langue et est probablement dérivé de l’une des langues parlées dans cette région avant l’occupation du Gondor par les Númenóréens, qui débuta longtemps avant l’Engloutissement. » Il continua ensuite :

Plusieurs autres noms du Gondor sont apparemment d’origine similaire. L’élément Bel- de Belfalas n’a pas de signification adéquate en sindarin. Falas (q. falasse) signifiait « côte » – particulièrement une qui est exposée aux grandes vagues et aux déferlantes (cf. q. falma « une crête de vague, une vague »). Il est possible que Bel ait eu un sens similaire dans une langue étrangère, et Bel-falas est un exemple du type de toponymes, peu rare lorsqu’une région est occupée par un nouveau peuple, pour lequel deux éléments ayant à peu près la même signification topographique sont joints : le premier étant dans la langue la plus ancienne et le second dans la nouvelle37). Probablement parce que le premier fut pris par les Arrivants pour un nom propre. Cependant, en Gondor, le littoral depuis la bouche de l’Anduin à Dol Amroth était appelé Belfalas, mais en fait on s’y référait habituellement comme à i•Falas « la plage maritime » (ou parfois à Then-falas « courte plage »38), par contraste avec An-falas « longue plage », entre les bouches du Morthond et de la Levnui). La grande baie entre Umbar et Angast (le Long Cap, au-delà de la Levnui) était cependant appelé la Baie de Belfalas (Côf Belfalas) ou simplement de Bel (Côf gwaeren Bêl « la venteuse Baie de Bel »)39). Ainsi il était plus probable que Bêl fût le nom ou une partie du nom de la région plus tard habituellement nommée Dor-en-Ernil « terre du Prince » : c’était peut-être la partie la plus importante du Gondor avant la colonisation númenóréenne.

Christopher Tolkien écrit : « Avec “la venteuse Baie de Bêl” voir le poème L’Homme dans la Lune est descendu trop tôt dans les Aventures de Tom Bombadil (1962), où l’Homme dans la Lune tomba “dans un bain d’écume au milieu de la venteuse Baie de Bel”, identifiée comme étant Belfalas dans la préface du livre. – Ce passage fut biffé, probablement sur le champ, puisque le paragraphe suivant recommence avec “Plusieurs autres noms en Gondor sont apparemment d’origine similaire.” Une page de manuscrit hâtive trouvée avec l’essai dactylographié montre mon père esquissant une origine entièrement différente pour l’élément Bel-. Je me suis référé à ce texte et l’ai cité en partie dans les Contes et légendes inachevés (p. 279). J’ai observé qu’il représente une conception tout à fait différente de l’établissement du havre elfique (Edhellond) au nord de Dol Amroth de celle qui est donnée dans “Of Dwarves and Men” (PM, p. 313, 329 n. 67), où il est dit qu’il devait son existence à des “Sindar navigateurs des havres occidentaux du Beleriand qui fuirent dans trois petits navires quand le pouvoir de Morgoth submergea les Eldar et les Atani.” La page manuscrite appartient évidemment à la même période tardive que cet essai, comme on le voit par le papier sur lequel elle est écrite et par le fait que cette même page porte un brouillon pour le Serment de Cirion en quenya (CLI, p. 342). »

Cette page manuscrite est donnée ci-dessous en totalité ; deux notes que Tolkien inséra dans le texte sont collectées ensemble à la fin :

Belfalas. C’est un cas spécial. Bel- est certainement un élément dérivé d’un nom pré-númenóréen, mais sa source est connue et était en fait sindarine. Les régions du Gondor avaient une histoire complexe dans un passé lointain, au moins en ce qui concernait leur population, et les Númenóréens trouvèrent évidemment différentes strates de populations mixtes et de nombreux îlots de peuples isolés, s’accrochant soit à d’anciens établissements, soit à des refuges montagnards contre les envahisseurs (Note 1). Il y avait cependant un petit (mais important) élément au Gondor d’un genre assez exceptionnel : un établissement eldarin40). Peu de choses sont connues de son histoire jusqu’à une courte période avant sa disparition ; car les Elfes eldarins, qu’ils soient des Exilés Noldor ou des Sindar depuis longtemps enracinés, restèrent en Beleriand jusqu’à son saccage dans la Grande Guerre contre Morgoth ; et ensuite s’ils ne firent pas voile par-delà la Mer, errèrent vers l’Ouest [sic ; lire « vers l’Est »] en Eriador. Là, en particulier près des Hithaeglir (de chaque côté), ils trouvèrent des établissements dispersés de Nandor, des Elfes telerins qui n’avaient jamais complété leur trajet vers les rivages de la Mer au Premier Âge, mais les deux côtés reconnaissaient leur parenté en tant qu’Eldar. Il semble cependant qu’au début du Deuxième Âge il y eut un groupe de Sindar qui partit au Sud. Ils étaient un vestige, semble-t-il, du peuple de Doriath, qui nourrissait une rancune contre les Noldor et ils quittèrent les Havres Gris parce que ceux-ci et tous les navires étaient commandés par Círdan (un Noldo). Ayant appris l’art de la construction navale (Note 2) ils voyagèrent au fil des ans, cherchant un endroit pour leurs propres havres. Au final, ils s’établirent à la bouche du Morthond. Il y avait déjà là un port primitif d’un peuple de pêcheurs, mais ceux-ci par peur des Eldar fuirent dans les montagnes. Les terres entre Morthond et Serni (les parties côtières de Dor-en-Ernil)
Note 1
Quoique aucune des régions des Deux Royaumes n’était densément peuplée comme nous l’entendrions avant (ou après !) l’établissement des Númenóréens.
Note 2
Tous les Elfes étaient naturellement doués pour fabriquer des navires, mais la technique nécessaire pour faire un long voyage en Mer, périlleux même pour les ouvrages eldarins jusqu’à ce que la Terre du Milieu soit loin derrière, demandait plus de talent et de connaissance.

La page manuscrite se termine ici, au milieu d’une phrase et sans avoir atteint une explication de l’élément Bel-. Christopher Tolkien écrit : « C’était peut-être une extension purement expérimentale de l’histoire, immédiatement abandonnée, mais l’assertion selon laquelle Círdan était un Noldo est très étrange. Cela va à l’encontre de toute la tradition qui le concerne – pourtant c’était essentiel à l’idée esquissée dans ce passage. C’est possiblement lorsqu’il le réalisa que mon père vint à abandonner ce texte au milieu d’une phrase. »

Le dactylogramme recommence avec un remplacement pour le passage rejeté sur Belfalas (et évitant désormais une discussion de ce nom problématique) :

Plusieurs autres noms en Gondor sont apparemment d’origine similaire. Lamedon n’a pas de signification en sindarin (si c’était du sindarin on s’y référerait comme à *lambeton-, *lambetân-, mais l’eld. com. lambe- « langage » peut difficilement être mis à contribution). Arnach n’est pas sindarin. Il pourrait être en lien avec Arnen du côté oriental de l’Anduin. Arnach s’appliquait aux vallées au sud des montagnes et aux contreforts entre Celos et Erui. Il y avait là de nombreux renflements rocheux, mais guère plus que dans les hautes vallées du Gondor généralement. Arnen était un mamelon rocheux de l’Ephel Dúath, autour duquel l’Anduin faisait une large boucle au sud de Minas Tirith.
Les suggestions des historiens du Gondor selon lesquelles arn- serait un élément signifiant « rocher » dans quelque langue pré-númenóréenne demeurent une pure supposition41). Plus probable est la vue de l’auteur (inconnu) du fragmentaire Ondonóre Nómesseron Minaþurie (« Enquête sur les Noms de lieux du Gondor »42)). D’après des indices internes il vécut à une époque aussi reculée que le règne de Meneldil, fils d’Anarion – aucun événement postérieur à ce règne n’est mentionné – alors que les mémoires et les récits désormais perdus des premiers jours de la colonisation étaient toujours disponibles et que le processus de dénomination se poursuivait encore. Il signale que le sindarin n’était pas bien connu de nombre de colons qui attribuèrent ces noms, marins, soldats et émigrants, quoique tous aspirassent à en avoir quelque connaissance. Gondor était certainement occupé depuis le début par les Fidèles, hommes du parti des Amis des Elfes et leurs suivants ; et ceux-ci, en révolte contre les Rois « adunaïques » qui interdirent l’usage des langues elfiques, attribuèrent en sindarin tous les noms du nouveau royaume ou adaptèrent les noms anciens à la façon du sindarin. Ils renouvelèrent et encouragèrent aussi l’étude du quenya, dans lequel les documents importants, les titres et les formules étaient composés. Des erreurs avaient cependant des chances d’être commises43). Une fois qu’un nom s’était répandu, il était accepté par les dirigeants et les organisateurs. Il pense en conséquence qu’Arnen devait originellement signifier « à côté de l’eau, i.e. l’Anduin », mais ar- dans ce sens est du quenya, non du sindarin. Pourtant, puisque dans le nom complet Emyn Arnen l’Emyn est un sindarin pluriel de Amon « colline », Arnen ne peut être un adjectif sindarin, puisque un adjectif de cette forme aurait un pluriel sindarin ernain ou ernin. Le nom doit par conséquent avoir signifié « les collines d’Arnen ». C’est désormais un fait oublié, mais on peut voir par les anciens récits qu’Arnen était le nom ancien de la majeure partie de la région plus tard appelée Ithilien. Ce nom fut attribué à l’étroite terre entre l’Anduin et l’Ephel Dúath, principalement à la partie entre Cair Andros et l’extrémité sud de la courbe de l’Anduin, mais s’étendant vaguement au nord jusqu’au Nindalf et au sud vers le Poros. Car lorsqu’Elendil prit comme demeure le Royaume du Nord, du fait de son amitié pour les Eldar et confia le Royaume du Sud à ses fils, ils le divisèrent ainsi, comme il est dit dans les anciennes annales : « Isildur prit pour territoire toute la région d’Arnen, mais Anárion prit les terres de l’Erui au Mont Mindolluin et de là vers l’ouest au Bois du Nord, » plus tard appelé le Bois Firien au Rohan), « mais le Gondor au sud de l’Ered Nimrais ils le tinrent en commun. »
Arnach, si l’explication ci-dessus est acceptée, n’est alors pas apparenté à Arnen. Son origine et sa source sont dans ce cas désormais perdues. Il était généralement appelé Lossarnach au Gondor. Loss est le sindarin pour « neige », particulièrement un manteau neigeux tombé depuis longtemps. Pour quelle raison ceci était préfixé à Arnach est peu clair. Ses vallées hautes étaient renommées pour leurs fleurs et en dessous se trouvaient de grands vergers, desquels à l’époque de la guerre de l’Anneau venaient toujours la plupart des fruits consommés à Minas Tirith. Quoique aucune mention de ceci ne se trouve dans les chroniques – comme c’est souvent le cas pour les domaines du savoir ordinaire – il semble probable que la référence s’appliquait en fait à la floraison des fruits. Des expéditions à Lossarnach pour voir les fleurs et les arbres étaient souvent faites par les gens de Minas Tirith. (Voir l’ajout Lossarnach à l’index III 36, 14044) ; Imloth Melui « douce vallée florale », un endroit d’Arnach). Cet usage de « neige » serait particulièrement probable en sindarin, dans lesquels les termes pour la neige tombée et les fleurs étaient particulièrement semblables, bien que d’origine différente : loss et loth, [ce dernier] signifiant « inflorescence, groupe de petites fleurs ». Loth est en fait le plus souvent utilisé comme collectif en sindarin, équivalent à goloth ; et une fleur unique est dénotée par elloth (er-loth) ou lotheg45).

Avec Imloth Melui « douce vallée florale », voir la mention par Ioreth des « roses d’Imloth Melui » ; RR, p. 291. En regard des mots sindarins loss et loth, Tolkien rédigea la note suivante :

[Le] sind. loss est un dérivé de (G)LOS « blanc », mais loth l’est de LOT. Le sindarin utilisait loss comme un nom, mais la forme affermie gloss est un adjectif « blanc (éclatant) ». loth était le seul dérivé de LOT qui fut conservé, probablement parce que les autres formes du radical assumaient une forme phonétique qui semblait inappropriée ou étaient confondues avec d’autres radicaux (tels que LUT « flotter ») : e.g. *lod, *lûd. loth vient d’un diminutif lotse et probablement aussi d’un dérivé lotta-. Cf. q. losse « neige », lossea « blanc-neige » ; et lóte « une fleur » (souvent appliqué à de grandes fleurs isolées) ; olóte « fleur, collectivement les fleurs d’une plante unique » ; lilótea « ayant de nombreuses fleurs » ; lotse « une petite fleur isolée » ; losta « fleurir ». (t-t en flexion > st). Le quenya et le sindarin conservaient pour « neige » seulement le loss- affermi, puisque les s médians entre voyelles subissaient des changements qui les rendaient inappropriés ou se heurtaient à d’autres radicaux46).

Les noms des collines des Feux

Le système d’alarme tout entier, à l’époque de la guerre de l’Anneau, ne devait guère remonter plus loin que l’établissement des Rohirrim au Calenardhon, soit quelque cinq cents ans auparavant ; car sa principale fonction était d’avertir les Rohirrim qu’un danger menaçait Gondor ou (cas plus rare) inversement. On ne saurait déterminer quel âge avaient les noms alors utilisés. Les feux étaient établis sur des collines ou en haut de contreforts descendant des montagnes, mais certains n’étaient pas des éléments très notables.

La première moitié de cette affirmation fut citée dans la section « Cirion et Eorl » des CLI, p. 350 n. 35.

Amon Dîn

Cette entrée est donnée en totalité dans CLI, p. 353 n. 51 (dernier paragraphe).

Eilenach et Eilenaer

Cette entrée est donnée dans la même note des Contes et légendes inachevés, légèrement raccourcie ici. Dans l’original, le passage commence par :

Eilenach (mieux orthographié Eilienach). Probablement un nom étranger ; pas du sindarin, du númenóréen ou du parler commun. En sindarin authentique, eilen pourrait seulement dériver d’*elyen, *alyen et serait normalement orthographié eilien. Ce nom et celui de l’Eilenaer (ancienne dénomination du Halifirien : voir cela plus bas) sont les seuls de ce groupe qui sont certainement pré-númenóréens. Ils sont évidemment apparentés. Tous les deux étaient des reliefs notables.

Le nom et la note parenthétique sur Eilenaer fut introduite ici lors d’une modification du dactylogramme. Christopher Tolkien écrit : « Dans cet essai, le nom Eilenaer n’est pas vraiment mentionné dans le compte-rendu sur le Halifirien : mon père avait l’intention de l’introduire, mais avant qu’il ne le fasse il rejeta la totalité de cette section, comme nous allons le voir. » À la fin de la description d’Eilenach et de Nardol donnée dans les Contes et légendes inachevés, où il est dit que le feu sur le Nardol pouvait être vu depuis le Halifirien, Tolkien ajouta une note :

La ligne de feux du Nardol au Halifirien se trouvait dans une courbe peu accentuée s’arrondissant quelque peu vers le sud, de sorte que les trois feux intermédiaires ne bloquaient pas la vue.

Suivent ici des indications concernant l’Erelas et le Calenhad, dont des éléments furent utilisés dans l’index des Contes et légendes inachevés.

Erelas

Erelas était un petit feu, comme l’était aussi le Calenhad. Ceux-ci n’étaient pas toujours allumés ; leur allumage, comme dans le Seigneur des Anneaux, était un signal de grande urgence. Erelas est de style sindarin, mais n’a pas de signification appropriée dans cette langue. C’était une colline verte sans arbre, donc ni er- « seul » ni las(s) « feuille » ne semblent applicables.

Calenhad

Calenhad était similaire mais bien plus large et plus haut. Calen était le mot usuel pour « vert » en sindarin (son sens ancien était « brillant », q. kalina). –had semble représenter sad (avec l’habituelle mutation dans les combinaisons) ; s’il est orthographié correctement, il viendrait de SAT « espace, lieu, i.e. une aire délimitée, naturellement ou artificiellement définie » (aussi appliqué à des périodes ou des divisions temporelles reconnues), « diviser, délimiter », vu dans le sind. sad « une aire délimitée, naturellement ou artificiellement définie, un lieu, un endroit », etc. (aussi sant « un jardin, un champ, une cours ou une autre place en propriété privée, qu’elle soit enclose ou non » ; said « privé, séparé, peu commun, exclu » ; seidia- « mettre de côté, attribuer à un but ou à un propriétaire particulier ») ; q. sati- verbe, avec le sens du sind. seidia- (< satya-) ; [q. adj.] satya [de même sens] que sind. said ; également [q.] asta une division de l’année, un « mois » (en quenya, sati- était appliqué au temps aussi bien qu’à l’espace47)). Calenhad signifierait ainsi simplement « espace vert », appliqué au couronnement plat et couvert de gazon de la colline. Toutefois had peut tenir la place du sind. –hadh (les cartes n’utilisent pas dh, mais c’est le seul cas où dh pourrait apparaître, excepté Caradhras qui est omis et Enedhwaith qui est mal orthographié [? ened]48). –hadh représenterait alors sadh (sâdh en tant que terme indépendant) « pelouse, gazon » – de base SAD « décaper, écorcher, peler »49), etc.

Halifirien

L’essai (inachevé) se termine par une longue et notable discussion du Halifirien ; les notes entrecoupées de Tolkien sont rassemblées à la fin de cette discussion. Avec ce compte-rendu, voir CLI, p. 336–340.

Halifirien est un nom de la langue du Rohan. C’était une montagne dont le sommet était facile d’accès. Sur ses pentes septentrionales se trouvait le grand bois nommé Bois de Firien au Rohan. Il se densifiait dans les basses terres, vers l’ouest le long du torrent de Mering et vers le nord en débouchant dans la plaine humide où le torrent rejoignait l’Entévière. La grande Route de l’Ouest passait à travers une longue trouée ou clairière, afin d’éviter les terres humides au-delà de l’orée du bois. Le nom Halifirien (d’orthographe modernisée pour Háligfirgen) signifiait Montagne Sacrée. Le nom ancien en sindarin était jadis Fornarthan « Feu du Nord »50) ; le bois avait été appelé Eryn Fuir « Bois du Nord ». L’origine de ce nom au Rohan n’est pas connue avec certitude. Cette montagne était considérée avec révérence par les Rohirrim, mais d’après leurs traditions à l’époque de la guerre de l’Anneau c’était parce que sur son sommet Eorl le Jeune avait rencontré Cirion, Intendant du Gondor ; et là lorsqu’ils eurent observé les terres ils fixèrent les limites du royaume d’Eorl, et ce dernier jura envers Cirion le Serment d’Eorl – « le serment non brisé » – d’amitié perpétuelle et d’alliance avec le Gondor. Puisque dans les serments de la plus haute solennité les noms des Valar étaient invoqués (Note 1) – et bien que le serment soit appelé « le Serment d’Eorl » en Rohan il était aussi nommé « le Serment de Cirion » (car le Gondor s’était également engagé à aider le Rohan) et il aurait utilisé des termes solennels dans sa propre langue – cela pourrait être suffisant pour sanctifier l’endroit.
Mais dans les annales le récit contient deux détails remarquables : il y avait à l’endroit où Cirion et Eorl se tinrent ce qui semblait être un ancien monument de pierres brutes atteignant presque la hauteur d’un homme et doté d’un sommet plat ; et à cette occasion Cirion invoqua l’Un (qui est Dieu) à la stupéfaction de beaucoup. Ses mots exacts ne sont pas conservés, mais ils prirent probablement la forme de termes allusifs comme ceux que Faramir utilisa pour expliquer à Frodo la signification de la « grâce » silencieuse (avant les repas communs) qui était un rituel númenóréen, e.g. « Ces mots seront tenus par la foi des héritiers de l’Engloutie sous la garde des Trônes de l’Ouest et de ce qui est au-dessus de tous les Trônes à jamais. »
Cela aurait eu l’effet de sanctifier l’endroit aussi longtemps que les royaumes númenóréens endureraient. Il en fut sans aucun doute décidé ainsi, ce qui n’était en aucune manière une tentative de restaurer le culte de l’Un sur le Meneltarma (« pilier des cieux »), la montagne centrale de Númenor (Note 2), mais une évocation de celui-ci et de la prétention des « héritiers d’Elendil » qu’il leur était toujours permis (Note 3) de s’adresser directement à l’Un en pensée et en prière puisqu’ils n’avaient jamais vacillé dans leur allégeance.
Le « monument ancien » – qui devait évidemment désigner une structure façonnée avant la venue des Númenóréens – est une particularité curieuse, mais ne conforte pas l’opinion selon laquelle la montagne était déjà en quelque sorte « sanctifiée » avant de servir à la prise de serment. S’il avait été considéré posséder une signification « religieuse » cela aurait en fait rendu cette utilisation impossible, à moins qu’il n’ait au minimum été préalablement détruit en totalité (Note 4). Car une structure religieuse qui était « ancienne » n’aurait pu qu’avoir été érigée par les Hommes des Ténèbres, corrompus par Morgoth ou son serviteur Sauron. Les Hommes du Milieu, descendants des ancêtres des Númenóréens, n’étaient pas considérés comme maléfiques ni d’inévitables ennemis du Gondor. Rien n’est attesté de leur religion ou de leurs pratiques religieuses avant qu’ils ne vinssent au contact des Númenóréens (Note 5) et ceux qui s’associèrent ou fusionnèrent avec les Númenóréens adoptèrent leurs coutumes et croyances (inclus dans la « sagesse » que Faramir affirme avoir été assimilée par les Rohirrim). Ce « monument ancien » ne pouvait donc pas avoir été créé par les Rohirrim ou considéré par eux comme sacré, vu qu’ils ne s’étaient pas encore établis au Rohan à l’époque du Serment (peu après la bataille du Champ du Celebrant). D’ailleurs, il ne faisait pas partie des coutumes des Hommes, bons ou mauvais, [d’ériger] de telles structures dans des endroits élevés comme places de culte religieux (Note 6). Cela aurait cependant pu être une tombe.

Notes de l’auteur sur la question du Halifirien

Note 1
Cf. le Couronnement d’Aragorn51).
Note 2
Cela aurait été considéré sacrilège.
Note 3
Ainsi qu’à tous ceux qui acceptaient leur autorité et recevaient d’eux leurs instructions, comme le croyaient généralement leurs dirigeants. Voir note suivante.
Note 4
Pour la conception númenóréenne des habitants précédents, voir la conversation de Faramir avec Frodo, particulièrement II 28752). Selon sa classification, les Rohirrim étaient des Hommes du Milieu et leur importance pour le Gondor de son temps lui est principalement à l’esprit et affecte son discours. La description des différents hommes des « fiefs » méridionaux du Gondor, qui étaient essentiellement de descendance non-Númenóréenne, montre que les autres genres d’Hommes du Milieu, descendant d’autres membres des Trois Maisons des Edain, demeuraient dans l’Ouest, en Eriador (comme les Hommes de Brie), ou plus au sud – notamment le peuple de Dor-en-Ernil (Dol Amroth).
Note 5
Parce que de tels sujets présentaient peu d’intérêt pour les chroniqueurs gondoriens ; et aussi parce qu’il était supposé qu’ils étaient en général restés fidèles au monothéisme des Dúnedain, alliés et pupilles des Eldar. Avant le retrait de la plupart des survivants de ces « Trois Maisons des Hommes » à Númenor, il n’y a aucune mention d’un haut lieu qui aurait été réservé au culte de l’Un ; le ban sur tous les temples manuellement construits, qui était caractéristique des Númenóréens jusqu’à leur rébellion, devint un ban sur tous les lieux de culte parmi les Fidèles (dont Elendil était le meneur) après l’Engloutissement et la perte du Meneltarma.
Note 6
Les Hommes des Ténèbres construisaient des temples, certains de grande taille, habituellement entourés d’arbres sombres, souvent dans des cavernes (naturelles ou excavées) dans des vallées secrètes des régions montagneuses, comme les terribles salles et passages sous la Montagne Hantée par-delà la Porte Sombre (le Portail des Morts) à Dunhart. L’horreur particulière de la porte fermée devant laquelle le squelette de Baldor fut trouvé était probablement due au fait qu’elle constituait l’entrée de la salle d’un temple maléfique auquel Baldor était parvenu, probablement sans rencontrer d’opposition jusqu’à ce point53). Cependant la porte fut fermée devant lui et les ennemis qui l’avaient suivi silencieusement survinrent et brisèrent ses jambes, le laissant agoniser dans les ténèbres, incapable de trouver une voie de sortie.


Aux mots « Cela aurait cependant pu être une tombe », Tolkien abandonna ce texte et (sans aucun doute immédiatement) marqua la totalité du compte-rendu sur le Halifirien pour suppression.

Christopher Tolkien écrit : « Ces derniers mots peuvent fort bien signaler le moment précis où la tombe d’Elendil sur le Halifirien [cf. CLI, p. 340–341] entra dans l’histoire ; et il est intéressant de remarquer les modalités de son émergence. Le “Firien” original était la “colline noire” dans laquelle se trouvaient les cavernes de Dunhart (WR, p. 251) ; il était aussi appelé “le Halifirien” (WR, p. 257, 262). Dunhart était “dit être un haliern” (vieil anglais hálig-ern “place sanctifiée, sanctuaire”) “et contenir quelque ancienne relique des jours anciens avant l’Obscurité” ; tandis que Dunhart54), selon les mots plus tardifs de mon père, est “une modernisation du rohanais Dūnhaerg ‘le sanctuaire païen au flanc de la colline’, ainsi nommé parce que ce refuge des Rohirrim […] était sur le site d’un lieu sacré des anciens habitants” (WR, p. 267 n. 35). Le nom Halifirien fut bientôt transféré à la dernière des collines des feux du Gondor, à l’extrémité occidentale de la chaîne (WR, p. 257), qui avait initialement été nommée Mindor Uilas (WR, p. 233). Cependant, il n’y a aucune indication sur ce que mon père avait à l’esprit quant à la signification exacte du nom Halifirien lorsqu’il fit ce transfert. Le compte-rendu donné ci-dessus, écrit si tard dans sa vie, semble avoir été la première affirmation à ce sujet. Il y est assumé sans ambiguïté (quoique la colline ait antérieurement porté le nom sindarin Fornarthan “Feu du Nord”) que c’étaient les Rohirrim qui l’appelèrent “la Montagne Sacrée” : et ils l’appelèrent ainsi, “d’après leurs traditions à l’époque de la guerre de l’Anneau”, à cause de la profonde gravité et solennité du serment que Cirion et Eorl prirent à son sommet, au cours duquel le nom d’Eru fut invoqué. Il se réfère à un récit dans les “annales” selon lequel “un ancien monument de pierres brutes atteignant presque la hauteur d’un homme et doté d’un sommet plat” se trouvait au sommet du Halifirien. Cependant, il se mit immédiatement à arguer avec force que cette présence “ne conforte pas l’opinion selon laquelle la montagne était déjà en quelque sorte ‘sanctifiée’ avant de servir à la prise de serment”, puisque tout ancien objet à signification “religieuse” “n’aurait pu qu’avoir été érigée par les Hommes des Ténèbres, corrompus par Morgoth ou son serviteur Sauron.” Néanmoins : “Cela aurait cependant pu être une tombe.”

« Et ainsi la “sanctification” de la colline (anciennement nommée Eilenaer) fut reportée deux millénaires et demi avant que les Rohirrim ne s’établissent au Calenardhon : dès le début du Troisième Âge c’était la Colline de Révérence, Amon Anwar pour les Númenóréens, du fait de la tombe à son sommet. Je n’ai aucun doute que le compte-rendu du Serment de Cirion et Eorl donné dans les Contes et légendes inachevés, ainsi avec les textes qui y sont étroitement liés, suivit de près et peut-être sans aucun intervalle l’abandon de cet essai sur les noms des rivières et des collines des feux du Gondor.

« Nous voyons ainsi que le présent travail mais aussi toute l’histoire du Halifirien et de la tombe d’Elendil germa de la brève interrogation de M. Bibire.

« C’est un endroit adéquat pour prendre note d’une étape dans le développement de l’histoire de la tombe d’Elendil qui ne fut pas mentionnée dans les Contes et légendes inachevés. Il existe une page de brouillon rejetée du passage relatant la définition des bordures du Gondor et du Rohan par Cirion et Eorl, qui ne diffère qu’à peine du texte imprimé dans les Contes et légendes inachevés jusqu’au paragraphe commençant par : “Selon les termes de ce pacte, un petit canton du Bois d’Anwar…” (CLI, p. 343). Ici le texte rejeté donne :

Originellement, par cet accord seule une faible partie du Bois à l’ouest du torrent de Mering fut intégrée au Rohan, mais la Colline d’Anwar fut déclarée par Cirion être dès lors une place sanctifiée pour les deux peuples et chacun d’entre eux pouvait désormais en faire l’ascension avec l’accord du Roi de l’Éothéod ou de l’Intendant du Gondor.
Le jour suivant la prise des serments, Cirion et Eorl firent à nouveau l’ascension de la Colline en compagnie de douze hommes ; et Cirion fit ouvrir la tombe. “Désormais, il est finalement adéquat”, dit-il, “que les restes du père des rois soient amenés pour leur préservation dans les sépulcres de Minas Tirith. S’il était revenu de la guerre, nul doute que sa tombe aurait été loin dans le Nord, mais l’Arnor s’est éteint et Fornost est désolée, tandis que les héritiers d’Isildur sont passés dans les ombres, et aucun mot de leur part ne nous est parvenu depuis bien des vies d’hommes.”

« Ici mon père s’arrêta et prenant une nouvelle page écrivit le texte tel qu’il se trouve dans les Contes et légendes inachevés, retardant l’ouverture de la tombe et le déplacement des restes d’Elendil à Minas Tirith à un point plus tardif de l’histoire (CLI, p. 347). »

Appendice : Les numéraux eldarins

Le texte suivant a été déplacé depuis l’entrée supra concernant le nom de la rivière Levnui (sind. « cinquième ») à cet appendice.

Les radicaux des numéraux eldarins communs (qui jusqu’à 12 s’accordent étroitement dans les langues dérivées) étaient : 1 « seul » (hors-série) ER ; « un, premier d’une série » MIN. 2 TATA, ATTA. 3 NEL, NEL-ED. De 3 à 955) les radicaux étaient dissyllabiques (Note 1) (triconsonantiques, bien que deux d’entre eux n’aient pas de consonne initiale, ce qui n’était pas rare en eldarin commun pour un tel schéma) : 4 kan-at. 6 en-ek(w) (le (w) apparaît uniquement en quenya). 7 ot-os. 8 tol-ot56). 9 net-er. 10 kwaya, kway-am. 11 minik(w). 12 yunuk(w)57). 5 est omis parce qu’il est exceptionnel. Il a pour radical lepen et une variante supposée lemen (mais voir plus loin), aucun de ces termes n’apparaissant jamais sans la troisième consonne.
Les numéraux, comme il est habituel, ne peuvent pour la plupart être rattachés avec certitude à d’autres radicaux ou bases. À l’origine, la forme min est probablement identique à MIN, qui figure dans des mots s’appliquant à des objets proéminents et isolés, comme des clochers, de hautes tours, des pics montagneux aigus. minya « premier » signifie ainsi « éminent, proéminent », cf. q. eteminya « proéminent » ; également minde « tourelle », augmentée en mindon « haute tour », minasse, sind. minas : « fort, cité, dotée d’une citadelle et d’une tour de garde centrale ». Sans aucun doute, « cinq » était primitivement un chiffre spécial pour les peuples de forme elfique / humaine, étant le nombre de doigts de la main. Ainsi lepen est sans doute apparenté au radical LEP « doigt » (Note 2). Il est aussi certain que 10 kwaya et kwayam (-m étant aussi d’origine plurielle) est apparenté à la base KWA (kwa-kwa, kwa-t) « plein, complet, tout, tous » et signifiait « tout, l’ensemble, tous les dix doigts »58). Dès l’eldarin commun, les multiples de trois, en particulier six et douze, étaient cependant considérés particulièrement importants, pour des raisons arithmétiques générales ; et finalement à côté de la numérotation décimale, un système duodécimal complet fut institué pour les calculs et une partie de celui-ci, comme les termes spéciaux pour 12 (douzaine), 18 et 144 (grosse) fut d’usage courant59). Comme cela semble toutefois être un développement relativement tardif (commençant seulement après la [? période] eldarine commune, à l’exception du mot pour 1260)), la vague similitude entre nel(ed), e-nek-we, net-er n’est probablement pas significative.
En eldarin commun, les formes complètes dotés d’une ómataima (longue ou courte61)) étaient employés comme cardinaux : comme le telerin canat, le sindarin canad 4 < kanata. En quenya, la deuxième voyelle fut syncopée comme il était habituel pour les voyelles courtes inaccentuées suivant une voyelle accentuée de la même qualité : d’où le q. kanta 4 < kanatā. Pour 5, le telerin avait lepen, sind. leben. En telerin le n final (< m, n) n’était pas perdu, mais il l’était en sindarin ; il est donc probable qu’en eldarin commun *lepen ait eut la forme lepene avec une voyelle finale modelée sur les autres numéraux. La forme quenya est lempe. Cela n’apporte aucun support à l’idée que 5 ait eu un radical alternatif lemen en eldarin commun. Dans le quenya antérieur à l’écriture les séquences pm, pn, tn, kn étaient souvent interverties62) – un processus favorisé par la fréquence à laquelle l’infixation nasale (homorganique) concurrençait la suffixation de n et m dans la formation des mots, et aussi par les changements phonétiques importants qui affectèrent les occlusives sourdes devant les nasales (Note 3). Ainsi lepene > lepne donnerait lempe sans nécessité de substituer le m. Voir plus loin sous les Ordinaux.
Les ordinaux en eldarin commun semblent avoir été formés par addition du suffixe adjectival – à un radical duquel la deuxième voyelle était absente. Pas par syncope mais selon les modes primitifs de dérivation des bases. En quenya, la finale –ea fut généralisée aux 3e, 4e et 6e–9e inclusivement. C’était la forme naturelle du quenya pour les 3e, 4e, 6e, 9e et remplaça le oya propre aux 7e et 8e63). Les formes quenya étaient : 1er minya ; 2e tatya (Note 4) rapidement remplacé par attea ; 3e nelya, ainsi que neldea ; 4e kantea ; 5e lemenya (la forme habituelle, lempea n’apparaît qu’en quenya tardif) ; 6e enquea ; 7e otsea ; 8e toldea64) ; 9e nertea ; 10e quainea. Les formes sindarines étaient les cardinaux 1 mîn, êr ; 2 tâd ; 3 nêl ; 4 canad ; 5 leben ; 6 eneg ; 7 odog65) (la forme historique odo < otoso était usitée en doriathrin, d’après les grammairiens) ; 8 toloð66) ; 9 neder ; 10 pae. Les ordinaux sindarins étaient principalement formés par la suffixation de –ui, dérivé de ō-ya, ū-ya (qui étaient présents pour les 7e et 8e) et généralisé en tant que suffixe pour ces adjectifs et d’autres. 1er mein, main (de minya, seulement utilisé dans le sens « premier, chef, prééminent », etc.), minui ; 2e taid (seulement utilisé dans le sens « soutenant, commandant en second », etc.), tadui ; 3e neil, nail (sind. tard. nelui) ; 4e canthui ; 5e levnui ; 6e enchui ; 7e othui ; 8e tollui67) ; 9e nedrui ; 10e paenui (Note 5). D’autres formes occasionnelles sont 6e enecthui, avec –thui déduit de 4e, 7e, 8e ; 7e odothui. othui est la forme normale et la plus ancienne, qui est directement dérivée de l’eld. com. otsōya.
Dans ce contexte, l’aberrante forme q. lemenya et sind. levnui est plus facile à comprendre. La forme lemenya en quenya supporte directement l’idée que le chiffre eldarin commun pour 5 différait de tous les autres entre 3 et 9 : ce n’était pas un radical triconsonantique originellement, la nasale finale était une flexion et il n’y avait pas d’ómataima au-delà à l’époque primitive, quand ces adjectifs furent formés ; c’est pourquoi le –ya adjectival fut directement ajouté à la nasale. Le m cependant est une altération quenya basé sur lempe. En telerin, contrairement au quenya et au sindarin, les ordinaux, sous l’influence de minya, tatya, nelya et lepenya généralisèrent le schéma dans lequel –ya était directement ajouté à la consonne finale du radical : ainsi tel. 4e canatya, 6e enetya, 7e ototya68), 8e tolodya69), 9e neterya, 10e paianya. Il doit être remarqué que 5e était lepenya ; car le cardinal était lepen et il n’y avait aucune forme comme le q. lempe pour induire un changement en lemen-. Que le telerin, même s’il était dans bien des domaines la plus archaïque des langues elfiques, n’ait pas été immunisé contre les changements analogiques se voit dans la forme ototya (avec tya au lieu de sya) après –tya pour les 2e, 4e et 6e. Il serait toutefois déraisonnable de supposer que le tel. lepenya ait p d’après lepen plutôt que m comme dans le q. lemenya ; puisque le m est isolé en quenya et raisonnablement explicable à partir de lempe, tandis qu’une variante radicale *lemen aurait une relation obscure avec lepen, qui a des connexions étymologiques crédibles.
Le sind. levnui ne supporte pas *lemen. Il est vrai que *lemnui créé sur un modèle similaire aux autres numéraux donnerait levnui, mais une forme radicale lepn- en ferait autant en sindarin. Dans cette langue, les occlusives sourdes [i.e. p, t, k] devant les nasales devinrent voisées > b, d, g, puis les occlusives voisées originelles dans cette position devinrent des nasales devant des nasales homorganiques (tn, dn > nn ; pm, bm > mm), mais devant d’autres nasales devinrent des spirantes, comme c’est généralement le cas en position médiale (pn, bn > vn ; tm, dm > ðm, plus tard > ðv, ðw ; kn, gn > gn > in ; km, gm > gm > im > iv, iw). Puisque le quenya et le telerin montrent toutefois clairement que le radical lepen était à l’origine un radical distinct n’étant initialement pas susceptible d’extraire la seconde voyelle, l’histoire réelle de l’aberration sindarine est probablement celle-ci : le successeur à l’eld. com. lepenya aurait donné *lepein(a) [supprimé : plus probablement lebein(a)], mais cette aberration par rapport à ses voisins n’aurait eu que le soutien du distant *neil(a) 3e, qui n’était pas un radical triconsonantique ; il fut donc remodelé en lepni(a) d’après enki(a) 6e et nerti(a) 9e et le schéma similaire des radicaux de *kantaia 4e, otsoia 7e, toltoia 8e. Ce lepni suivit ensuite le développement sindarin normal en levni et adopta subséquemment comme tous ses voisins la finale ui.

Une demi-feuille déchirée placée au milieu de cette discussion sur les numéraux eldarins donne :

Bien trop compliqué. lemenya doit être abandonné, le réflexe ancien quenya en vanyarin était lepenya (comme en telerin). En quenya noldorin cette aberration fut corrigée en lempea (avec le –ea des autres cardinaux) dérivé de lempe et avant l’Exil c’était déjà la forme parlée usuelle de 5e en quenya noldorin, bien que tous les Noldor connussent lepenya puisqu’elle était usitée en vanyarin et aussi en telerin.

Notes de l’auteur sur la question des numéraux eldarins

Note 1
Les formes biconsonantiques, plus simples et probablement plus anciennes occurrent cependant dans les formes adverbiales ou préfixées : comme AT(A) « double, bi-, di- », dans les numéraux signifiant « doublé » ; de même pour NEL-, KAN-70), etc.
Note 2
Voir la probable relation ultime entre five [fr. « cinq »], finger [fr. « doigt »] et fist [fr. « poing »]71). Il était considéré probable que c’était originellement un pluriel *lepemm étant certainement une ancienne marque du pluriel en eldarin commun – « doigts », part. d’une main. Toutefois si c’était le cas, lepem devait avoir été altéré par dissimilation > lepen et la final –n associée à la troisième consonne des autres numéraux.
Note 3
Mais la raison première, sans aucun doute, était la forte prédilection que le quenya montrait pour les séquences de sonnantes : m, n, ñ ; l, r avant les occlusives, plutôt que celles où les sonnantes suivaient. La transposition advient aussi en quenya dans les formes anciennes de tr, tl, etc. > rt, lt. On a de cela un exemple en eld. com., où *netere donne en quenya nerte.
Note 4
La raison de la divergence en quenya de l’ordinal : q. atta 2, mais tel. tata, sind. tad reste incertaine. L’occurrence d’at(a) dans des fonctions adverbiales ou préfixales en quenya, telerin et sindarin ; [et] des q. atatya « double » et sind. edaid « double » suggère que la forme la plus primitive était AT, redupliquée en Atat pour renforcer la dualité. D’un atata primitif le développement quenya normal était atta, tandis qu’atatya subsistait car le deuxième a n’était pas syncopé, se trouvant dans une syllabe longue72). Quelle que soit son origine cependant, ATATA était traité comme un radical triconsonantique : dans les anciens modes de dérivation, les mots sans consonne initiale avaient souvent été privés de la voyelle initiale lorsque l’accent était placé sur la deuxième syllabe. Les tel. tata, sind. tad peuvent ainsi se référer à (a)táta. La place de l’accent n’affecterait pas le quenya, vu qu’en q. pr. l’accent vint à être placé sur la première syllabe dans tous les cas, sauf pour les mots formés à partir de préfixes toujours reconnus comme tels73).
Note 5
Les formes canthui, enchui, tolthui sont celles du dialecte sindarin méridional adopté par les Noldor. Dans le dialecte septentrional (qui disparut au cours de la guerre contre Morgoth) nt, nc, mp étaient demeurés inchangés. Dans les dialectes méridionaux nt, ñk, mp subsistaient uniquement en position finale – ou plus probablement la spirante redevenait une occlusive dans cette position ; car la finale similaire lth > lt, bien que rth subsiste en position finale. Médialement cependant, nth (), nch (ñx), mf (mp avec un f bilabial) et lth () devinrent des consonnes longues non-voisées n, ñ, m, l, quoique l’ancienne orthographe fût essentiellement conservée (à côté de nh, ñh, mh, lh). Parmi ceux pour qui le sindarin devint un langage érudit, comme les hommes du Gondor qui étaient ou prétendaient être de race númenóréenne, la spirante fut réintroduite d’après l’orthographe. Pour le sindarin authentique des Elfes ou des Amis des Elfes des premiers âges, la forme finale fut souvent introduite médialement. Dans la transcription du sindarin elfique du Seigneur des Anneaux, ll est utilisé à la manière du gallois moderne pour la médiale sourde l, comme dans mallorn < malhorn < malþorn < malt « or » et orn « arbre »74).

Voir aussi

Sur Tolkiendil

Sur le net

1) Mes remerciements à M. Bibire pour m’avoir fourni une photocopie de cette lettre.
2) Que ce soient deux lignes d’un poème attribué à Cynewulf, le Crist, qui aient inspiré Tolkien pour créer sa mythologie (cf. Lettres p. 538–539 et la Biographie de Carpenter p. 66–67, 73) est une ironie qui devait sans doute vivement aiguiser la plainte de Tolkien.
3) I.e. RR, p. 381.
4) Aucune édition corrigée de ce type ne parut en 1969 ni du vivant de Tolkien. Concernant la carte corrigée à laquelle se réfère Tolkien et le destin de celle-ci, cf. CLI, p. 295, note & p. 298.
5) I.e. RR, p. 314.
6) I.e. RR, p. 478, entrée PH.
7) Cf. Lettres, p. 593–594 : « Le q. permettait, en fait favorisait, les “dentales” n, l, r, s, t comme consonnes finales : aucune autre consonne finale n’apparaît dans les listes du q. » La liste de Tolkien omet ici le s, sans doute par inadvertance.
8) Le p original disparut en celtique dans la plupart des circonstances.
9) Tolkien tomba d’un escalier et se blessa à la jambe le 17 juin 1968, alors que lui et Édith se préparaient à déménager d’Oxford à Bournemouth. Cf. Lettres p. 546 et seq. et la Biographie de Humphrey Carpenter p. 227.
10) I.e. FdA, p. 350, 472.
11) Modification de glâna sur le dactylogramme.
12) Comparer le q. lantalka « poste ou borne frontière » (? = lan-talka) avec le sind. glandagol « borne frontière » (? = glan-dagol), qui suggère la possibilité d’un élément primitif commun *takala « poste, borne », réalisé comme q. *talka (avec la syncope normale du deuxième a et la métathèse du contact –kl– en –lk–), sind. *tagol. Cf. TAK- « fixer, amarrer » (RP, p. 447).
13) Le terme apparenté glania- en telerin et la mutation vocalique de a > ei suggèrent que cette forme devrait peut-être se voir corrigée en gleinia-. Cependant, Tolkien était excessivement attentif à corriger les erreurs dans ses citations d’éléments de ses langages ; si gleina- est ici une erreur non rectifiée, cela serait particulièrement inhabituel. En outre, le développement phonologique de certains ordinaux telerins et sindarins se terminant initialement en –ya et discutés à la fin de l’appendice à cet essai suggère que tel. glania- et sind. gleina- puissent être des termes apparentés plausibles : cf. tel. nelya « troisième », (sind. anc. ?) *neil(a), sind. neil, nail.
14) I.e. RR, p. 416. Isen est ici un remplacement éditorial de Gwathlo sur le dactylogramme, puisque, comme le note Christopher Tolkien, il doit s’agir ici d’un lapsus.
15) Angast « Long Cap » semble consister en an(n)- « long » et *cast « cap, promontoire », ce dernier étant évidemment un dérivé de KAS- « tête » (RP, p. 411). Voir le français cap « promontoire, pointe de terre », originellement dérivé du latin caput « tête ».
16) L’ancien q. waþar « voile » peut aussi se trouver dans le nom de lieu Avathar, dit signifier « Les Ombres » en « ancien quenya » dans le Quenta Silmarillion tardif (de la fin des années 50), qui désigne la terre sous le pied oriental des Pelóri, où « les ombres étaient les plus denses et les plus épaisses du monde » (MR, p. 284). Noter cependant que dans « Quendi & Eldar » (datant de 1959–1960) Pengolodh dit que Avathar était un nom anciennement dérivé du langage des Valar, affirmant brutalement : « Ceci n’est pas de l’elfique » (WJ, p. 404).
17) Cf. Silm., p. 374 s.v. gwath, wath. La forme morchaint est décomposable en mor- « sombre » + chaint « formes », où le dernier élément représente probablement une forme aspirée du mot sous-jacent *caint « formes », lui-même pluriel de *cant « forme ». Cf. KAT- « forme » (RP, p. 411) et sind. echant passé simple du verbe « faire » (littéralement, « formait ») ; FdA, p. 387–388.
18) Le schéma de cette phrase est une altération sur le dactylogramme de « ăya > oe, ĭya > ei ; ŭya > œ, e. »
19) « enchui » est un remplacement de « enegui », supprimé sur le dactylogramme.
20) Une note difficile apparaît ici dans la marge, en regard semble-t-il et écrite au même moment que ces suppressions ; elle semble donner : « purement ui » et « réviser ». En lien avec cela, il doit être noté que le bref compte-rendu du développement phonologique des numéraux eldarins donné ici diffère en certains points d’un texte bien plus long apparaissant plus loin dans ce même essai, à l’entrée Levnui : nouveau signe de la nature fluide de cette composition.
21) N.d.T. : Cette entrée était donnée dans l’index des CLI, non traduit. À la place se trouvait le commentaire suivant : « Christopher Tolkien écrit : “L’affirmation concernant ce nom est donnée dans l’Index des Contes et légendes inachevés, mais avec une faute de frappe qui n’a jamais été corrigée : le terme sindarin signifiant ‘caillou’ est sarn, pas sern.” » Il était également indiqué où deux phrases non utilisées dans l’index devaient s’intercaler. Celles-ci ont été rajoutées à l’entrée.
22) N.d.T. : Cette entrée se trouvait également dans l’index des CLI et était remplacée dans ce texte par ce commentaire : « Christopher Tolkien écrit : “La remarque à propos de ce nom est donnée dans l’Index des Contes et légendes inachevés. Pour le placement erroné de Celos sur la version redessinée de ma carte du Seigneur des Anneaux, cf. TI, p. 322 n. 9.” »
23) La carte de la Terre du Milieu donnait en fait Hithaiglin avant que Christopher Tolkien ne corrige ce nom en Hithaeglir lorsqu’il redessina la carte pour les Contes et légendes inachevés. Sur la variation Aiglos vs. Aeglos (nom de la lance de Gil-galad ; FdA, p. 312), Christopher Tolkien note qu’il substitua le dernier terme au premier dans « Les Anneaux de Pouvoir et le Troisième Âge » (Silm., p. 304).
24) I.e. FdA, p. 293.
25) Ceci fut changé en « raime “réseau, dentelle” », puis marqué stet [N.d.T. : correction à ignorer].
26) C’est-à-dire qu’il existe en quenya deux verbes raita homophones et étymologiquement apparentés : raita1 « créer un réseau ou une dentelle », synonyme de rea ; et raita2 « attraper dans un filet ».
27) Cf. KAS- « tête » ; RP, p. 411.
28) Altération de WAY. Cf. base WEY- « enrouler, tisser » (RP, p. 458).
29) Une version initiale, manuscrite de ces trois phrases dactylographiées donne : « Similaire était √REB appliqué à des filets réels (comme pour la pêche ou la chasse). Q. rembe “un filet de chasseur ou de pêcheur”, sind. rem. Cf. remmirath “groupe de joyaux pris dans un filet” = Pléiades. »
30) I.e. RR, p. 480 n. 1.
31) N.d.T. : La seconde traduction française corrige également cette erreur ; cf. RR, p. 443.
32) Cf. RINGI- « froid » ; RP, p. 439.
33) N.d.T. : Cet index, non traduit, donnait : « Ringló. Rivière du Gondor, se jetant dans le Morthond au nord-est de Dol Amroth », puis citait la deuxième partie de la description du Ringló, donnant sa source comme née d’un névé et l’explication étymologique découlant de la formation saisonnière d’un lac peu profond.
34) I.e. mor- « sombre » + nan « vallée ».
35) Cf. RR, p. 478, entrée F.
36) En d’autres termes, le nom est prononcé Levnui, avec le son du v anglais, mais est mieux orthographié Lefnui dans un contexte anglais.
37) Ce phénomène qui n’est pas rare pour les noms de lieux est encore illustré dans le Seigneur des Anneaux par des formes comme Bree-hill « colline de Brie », brie étant une francisation du britonnique *brigā (> gallois bre « colline ») et Chetwood « bois de Chètes », contenant une francisation du britonnique *kaito- (> gallois coed « bois, forêt »). Cf. PM, p. 39 n. 81
38) Pour then « court », cf. les noms des modes de versification Minlamad thent / estent « #allitération courte » (WJ, p. 311) et ann-thennath « #longs-courts » (FdA, p. 254) ; Lammasethen, le « compte-rendu abrégé de Pengolod » (RP, p. 221) et la base STINTĀ- « bref » (RP, p. 445). Patrick Wynne et moi-même discutons l’interprétation de ces deux types de vers dans notre contribution « Trois Modes de versification elfique » à l’anthologie Tolkien’s Legendarium: Essays on the History of Middle-earth (Westport, Greenwood Press, 2000).
39) « Les Étymologies » ont KHOP- « #havre, port » (RP, p. 413) et la base supprimée KOP- (RP, p. 414) de même signification, mais on s’attendrait à ce que ceux-ci donnent des formes sindarines en hôb, hob- et côb, cob- respectivement, non pas côf.
40) Il était originellement écrit un « établissement elfique ».
41) Tolkien procure une explication similaire de l’élément initial du nom Gondor lui-même : gond « pierre » ; cf. Lettres p. 572–573. Tolkien inséra (de façon appropriée) cet élément dans ses langues elfiques à partir de ond, onn « pierre », l’un des très rares termes qui est estimé être une survivance des langues préceltiques de Grande-Bretagne ; cf. Lettres, p. 573 ; VT 30, p. 10–14.
42) Minaþurie est une altération de Mitaþurie. Ondonóre Nómesseron est clairement « les Noms de lieux du Gondor », avec nómesseron directement décomposable en nóme « lieu » (cf. sinome « en ce lieu » ; RR, p. 292) + esse « nom » + r marque du pluriel + -on suffixe génitif pluriel, « du, de la ». Cela laisse minaþurie pour traduire « enquête ». Notant qu’enquêter est ultimement dérivé du latin in « dans, dedans » + quaerere « chercher », nous pouvons spéculativement analyser minaþurie comme #mina « dans, dedans » + #þurie nom verbal « (le / un acte de) recherche ». S’il en est ainsi, mina se réfère sans doute à la base MI- « dedans », d’où les q. mi « dans, à l’intérieur », mir et minna « vers l’intérieur, dedans » et mitya adj. « intérieur ». Voir aussi l’élément mit- « in- » [au sens de « dedans »] dans Mittalmar les « Inlandes » (CLI, p. 190). þurie est une forme curieuse, la substitution de s pour þ en toute position étant une caractéristique spécifique du quenya (spécifiquement noldorin) parlé en Terre du Milieu (cf. PM, p. 331–336 et VT 41, p. 7–8). L’usage de þ ici veut peut-être montrer l’utilisation conventionnelle du tengwa thúle (súle) dans les termes ayant un s venant d’un þ originel (cf. RR, p. 479, entrée TH ; PM, p. 332, 338–339) et de plus apporter la notion de l’antiquité de l’oeuvre ainsi intitulée. Il est donc probablement prononcé surië. Notant la terminaison gérondive/infinitive –ie (CLI, p. 352 n. 43), nous pouvons en outre décomposer þurie en þur-ie « cherch(e)-ant », þur (prononcé sur) étant dans cette analyse une racine verbale non attestée ailleurs signifiant « #chercher ». Mais voir THUR- « entourer, clôturer, garder, enclore, dissimuler » (RP, p. 451). Cf. également kenta « enquête » (VT 39, p. 32–33).
43) Tolkien supprima ici une note entre parenthèses qui disait : « (Bon nombre de ceux qui attribuaient réellement les noms étaient des marins et des colons [supprimé : qui ne parlaient pas couramment sindarin >] qui avaient seulement une faible connaissance du quenya et dont le sindarin était imparfait.) »
44) I.e. RR, p. 38, 139.
45) Le sind. lotheg « fleur (isolée) » est formé à partir du collectif loth- par l’addition d’un diminutif / terminaison singulière –eg / –ig. D’autres exemples de cette terminaison incluent les nold. lhewig « oreille », singulier, dérivé de lhaw « oreilles (d’une personne) » (RP, p. 418 s.v. LAS2-) ; sind. gwanunig « un membre d’une paire de jumeaux », de gwanūn « une paire de jumeaux » (WJ, p. 367) ; et sind. Nogotheg « petit Nain », de Nogoth « nain » (WJ, p. 388, 413 n. 23). Noter aussi le nold. fileg, pl. filig « petit oiseau » (RP, p. 436 s.v. PHILIK-). Le gallois aussi possède un certain nombre de noms dérivés d’une forme plurielle par ajout d’une terminaison singulière.
46) En quenya, la médiale s primitive entre voyelles devint z, puis r ; tandis qu’en sindarin elle devint h.
47) La base SAT pourrait expliquer le suffixe quenya –sta vu dans les noms des régions númenóréennes Forostar « Terres du Nord », Andustar « Terres de l’Ouest », etc. (CLI, p. 189). Dans ce cas, ce suffixe, comme le q. asta « mois », est dérivé de la base par suppression de la sundóma.
48) Les mots compris entre « et Enedhwaith » et la fin de la phrase furent entrés en tant que note manuscrite dans la marge supérieure. Cf. PM, p. 328–329 n. 66.
49) N.d.T. : le terme anglais ici traduit par « pelouse » est sward, qui désigne soit la partie supérieure d’un sol couvert de gazon, soit – comme le note ici Carl Hostetter – la peau du corps (en part. peau couverte de cheveux, comme le scalp), ainsi que le bacon ou la couenne de porc.
50) Fornarthan « Feu du Nord » doit probablement se décomposer en for(n)- « nord » + #narthan « feu d’alarme, phare » (cf. Forlindon « #Lindon septentrional » (SdA : carte) et Fornost « Forteresse du Nord, Norferté » (RR, p. 325)). S’il en est ainsi, le putatif #narthan peut venir de NAR1- « flamme, feu » (RP, p. 427) et √thăn / thān « allumer, faire de la lumière » (MR, p. 388). Cf. Nardol « Cime à feu », apparaissant également dans cet essai (CLI, p. 353 n. 51).
51) La référence renvoie aux paroles de Gandalf lorsqu’il plaça la Couronne Blanche sur le front d’Aragorn, RR, p. 293 : « Les jours du Roi sont arrivés ; puissent-ils être bénis tant que les trônes des Valar dureront ! »
52) I.e. DT, p. 340-341. Voir aussi PM, p. 312–314.
53) Dans cette phrase, le nom Baldor est (à deux reprises) un changement éditorial pour Brego dans l’original. Tolkien a confondu Brego, qui acheva la construction de Meduseld, avec son fils Baldor, qui passa la Porte de Dunhart. Voir WR, p. 407 ; RR, p. 66, 78, ainsi que p. 419, entrée pour 2512–2570 T.Â. et p. 420, entrée pour 2570 T.Â.
54) Version originale : Dunharrow.
55) Ainsi qu’initialement écrit, ceci donnait « À partir de 3 ».
56) Des notes marginales en regard de tol-ot montrent Tolkien expérimentant afin de créer la forme tol-oth.
57) Pour l’essentiel, cette liste de radicaux des numéraux eldarins communs s’accorde avec le système numérique stipulé ou impliqué par les données des « Étymologies » et du Seigneur des Anneaux : voir les entrées des « Étymologies » ERE- « être seul, dépouillé », MINI- « se dresser seul, faire saillie », AT(AT)- « de nouveau, encore », TATA-, TAT- « #deux, double », NEL-, NÉl-ED- « trois », KÁNAT- « quatre », LEP- (LEPEN, LEPEK) « cinq », ÉNEK- « six », OT- (OTOS, OTOK) « sept », TOL-OTH/OT « huit », NÉTER- « neuf », KAYAN-, KAYAR- « dix », MINIK-W- « #onze », RÁSAT- « douze ». Les deux exceptions notables sont les racines pour 10 (kwaya(m)) et 12 (yunuk(w)), mais voir KWAT- « #plein » (RP, p. 416) et pour yunuk(w) (qui donne probablement le q. #yunque), cf. - « deux, les deux » (RP, p. 461).
58) Initialement dactylographiée, cette phrase commençait par : « Il est moins certain que ».
59) Initialement dactylographiée, les termes spéciaux incluaient ceux pour « douze, dix-huit et les multiples de douze, 24, 36–144 » (donc, semble-t-il, les multiples de douze compris dans l’intervalle entre 36 et 144). Une note écrite dans la marge supérieure de cette feuille indique : « quoique pour des objectifs généraux les noms des numéraux étaient d’origine décimale, des noms spéciaux furent créés pour les multiples de 6. »
60) Initialement dactylographiée, cette remarque parenthétique indique : « (seulement complètement développé en quenya). »
61) L’ómataima est une voyelle (óma) de même qualité que la sundóma « voyelle de base », qui est ajoutée à la racine ou au radical comme extension (taima). Cf. ómataina (de même signification) ; WJ, p. 371, 417 ; ainsi que les bases OM- « #voix » (RP, p. 433) et TAY- « étendre, rendre long, allonger » (RP, p. 449).
62) Initialement dactylographiée, la liste des séquences fréquemment renversées était « pm, pn, pr, pl / tn, tr, tl / kn, kr, kl. »
63) C’est-à-dire, les formes normales pour 7e et 8e, qui avaient des bases et des voyelles radicales en o, auraient historiquement dû se terminer en –oya.
64) La forme toldea est une altération de toltea sur le dactylogramme.
65) Une version antérieure, supprimée, de l’entrée pour 7 indique : « odo (plus tard odog avec g de eneg). »
66) Altération de toloth sur le dactylogramme.
67) Altération de tolthui sur le dactylogramme.
68) Ceci est une altération dactylographiée d’otosya.
69) Altération de tolotya sur le dactylogramme.
70) Telle qu’elle fut initialement dactylographiée, la deuxième moitié de cette note se lit : « AT- “une deuxième fois, une fois de plus, encore” ; et dans les numéraux signifiant “au carré, multiplié par lui-même”. De même NEL-, KAN-, etc. »
71) L’Oxford English Dictionary (1ère éd.) rattache (avec divers degrés de certitude) ces trois termes anglais à l’indo-européen *penqe « cinq ».
72) Une syllabe longue contient soit une voyelle longue (ou une diphtongue) ou, comme c’est le cas ici, une voyelle brève suivie de deux consonnes (ou plus).
73) L’abréviation « q. pr. » est presque toujours utilisée par Tolkien pour indiquer le quendien primitif, mais ne peut avoir cette signification ici, puisque cela impliquerait que l’antéposition de l’accent prit place dans la langue primitive, avant les différentiations qui menèrent aux divisions ayant donné les différentes langues que sont le quenya, le telerin et le sindarin ; on s’attendrait à ce que l’antéposition ait dans ce cas les mêmes conséquences dans les trois langues, pas seulement en quenya. « Q. pr. » doit donc peut-être se comprendre ici comme signifiant « quenya préhistorique ».
74) Cette affirmation surprenante concernant la prononciation du sind. ll est en net contraste avec l’ancien commentaire de Tolkien dans l’Appendice E du Seigneur des Anneaux (RR, p. 479) selon lequel « les consonnes redoublées, tels tt, ll, ss, nn, représentent des consonnes longues, dites “doubles”. »
 
langues/langues_elfiques/quenya/rivieres_collines_feux_du_gondor.txt · Dernière modification: 18/10/2023 16:49 par Elendil
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