L’Encyclopédie des Elfes, d’après l’œuvre de J.R.R. Tolkien - Critique

Par Damien Bador

Cette critique concerne L'Encyclopédie des Elfes, d'après l'œuvre de J.R.R. Tolkien d'Édouard Kloczko.

La première impression que donne ce volume est celle d’un livre de très bonne facture, qui ne demande qu’à être ouvert. Les pages ont l’agréable toucher du papier glacé, et les magnifiques dessins de Sandrine Gestin (auxquels sont mêlées certaines des plus belles illustrations de Ted Nasmith) donnent envie de feuilleter le livre plus avant.

Mais quelle est la différence entre ce livre et la pléiade d’encyclopédies illustrées en tout genre qui traitent des Elfes, des Gnomes, ou même de l’œuvre de Tolkien ? Tout d’abord le fait que Kloczko se restreigne à l’étude des Elfes tels que les imagina Tolkien, sans s’inquiéter des possibles sources d’inspiration de ce dernier. Aussi parce qu’il s’agit du seul livre en français qui s’efforce de couvrir l’ensemble de ce vaste sujet, résultats de plus de cinquante années de créativité de Tolkien. 180 pages suffisent-elles à résumer un pareil sujet ? Certes non, mais l’auteur parvient néanmoins à donner un bel aperçu de l’histoire, des coutumes et des langues des Elfes, tout en mettant particulièrement en valeur les éléments qui ne sont jamais parus en français. Si l’on devait lui reprocher quelque chose, ce serait d’avoir passé sous silence certaines complexités et contradictions inhérentes à une œuvre aussi colossale. Il est vrai qu’un tel ouvrage se doit aussi d’être abordable par un public qui ne connaît de Tolkien que Le Seigneur des Anneaux et Bilbo le Hobbit.

De fait, cet ouvrage paraît presque indispensable pour tous les amateurs de Tolkien, sauf peut-être pour les spécialistes des revues anglo-saxonnes que sont Vinyar Tengwar et Parma Eldalamberon. Il peut utilement servir d’aide-mémoire et de référence pour tous ceux qui abordent Le Silmarillion, les Contes et Légendes Inachevés ou les multiples volumes de L'Histoire de la Terre du Milieu. Néanmoins, le simple néophyte sera peut-être dérouté par le fait que Kloczko mélange des sources de diverses périodes sans systématiquement les distinguer les unes des autres (une chronologie des écrits de Tolkien aurait d’ailleurs été plus qu’utile).

Ainsi Kloczko mentionne-t-il les « dieux » Macar et Meassë au même titre que certains Valar apparaissant dans Le Silmarillion (tels Manwë, Varda ou Ulmo). Macar et Meassë n’apparaissent cependant que dans la plus ancienne version du Légendaire de Tolkien, les Contes Perdus, et il y a tout lieu de croire que le Professeur les avait volontairement supprimés des versions subséquentes. Le terme même de « dieux », qui apparaît tout au long de l’Encyclopédie, peut induire en erreur. Tolkien lui-même, après l’avoir utilisé dans sa jeunesse, avait fini par décider qu’il était inapproprié et induisait des connotations indésirables1). Ce que ce terme désigne sont en fait les Valar, les Puissances angéliques de l’Ouest, qui contribuèrent à créer l’Univers sur les plans d’Eru Ilúvatar, le Père de Tout2).

La chronologie que propose Kloczko est d’une grande utilité, car elle permet une vue d’ensemble sur l’histoire des Elfes depuis leur apparition jusqu’aux derniers événements dont Tolkien nous fait part à leur sujet. Cependant, certaines omissions la rendront quelque peu obscure à ceux qui n’ont pas lu le Silmarillion, telle la mort de Finrod au cours de la quête du Silmaril, qui permet à son neveu Artaher de monter sur trône de Nargothrond, ou la fondation de Númenor par Elros Tar-Minyatur, le frère d’Elrond3).

Le chapitre sur les us et coutumes des Quendi (les Elfes) est du plus haut intérêt : la plupart des sources desquelles il est tiré sont inédites en français, et sont même assez peu connues en Angleterre. Quelques omissions gâchent légèrement notre plaisir, comme le fait que parmi les grandes cités des Elfes ne soient pas citées Tirion, Avallónë, Vinyamar ou Nargothrond4). Néanmoins, le spécialiste relèvera peu d’inexactitudes, la plus importante d’entre elles étant la question de la réincarnation chez les Elfes5). Kloczko présente en effet une vision rejetée par Tolkien, dans laquelle la résurrection de l’Elfe s’effectuerait comme la réincarnation bouddhiste, celui-ci renaissant dans une nouvelle famille6) : « il aura ainsi connu deux enfances » (cf. p. 94). La section sur la télépathie suscite une impression mitigée. Il s’agit d’une quasi-traduction d’un texte très important, quoique inédit en français, Ósanwe-kenta. Bien qu’il s’agisse à l’évidence d’un gage d’authenticité, il peut sembler que ce passage aurait dû être identifié comme tel. En outre, l’omission de certains paragraphes d’Ósanwe-kenta donne une impression de décousu qui ne facilite pas la compréhension. En revanche, il n’y a aucune réserve à faire quant à la section sur l’héraldique elfique, thème très méconnu et que Kloczko résume fort bien.

Les chapitres sur les écritures et langues elfiques, ainsi que les multiples lexiques thématiques émaillant l'Encyclopédie sont probablement la partie la plus riche de cet ouvrage, ce qui n’a rien d’étonnant, Kloczko étant linguiste de profession. À elle seule, la section sur les sarati de Rúmil justifierait l’achat de ce livre, les manuscrits originaux n’ayant là encore jamais été publiés en français. La présentation du mode d’écriture de Beleriand est elle aussi d’une clarté remarquable, et sera d’une grande aide à ceux qui veulent déchiffrer les écritures qui ornent le portail de la Moria. En revanche, on regrettera le mélange que fait Kloczko entre sindarin (langue des Elfes Gris, que Tolkien élabora au cours de la rédaction du Seigneur des Anneaux) et noldorin (langue des Noldor en exil, qui disparut du Légendaire quand le sindarin fit son apparition). Ce mélange est d’autant plus surprenant que Kloczko est généralement connu comme un contempteur de ceux qui se hasardent à confondre ces deux langues. De même, le choix de normaliser les ‘k’ des termes q(u)enya en ‘c’ aurait mérité d’être mieux expliqué, même si c’est sans doute le manque de place qu’il faut accuser ici.

Malheureusement, Kloczko présente les nombreux lexiques de l’Encyclopédie sans souci d'ordre entre noms quenyarins, sindarins, goldogrins, ou « eldarissa », ce qui rend leur lecture très difficile et ne permet guère d'acquérir une vue d'ensemble cohérente de chaque langue. On peut se demander s’il n’aurait pas été plus clair pour le lecteur de ne détailler que le vocabulaire quenya et sindarin7)). Bien que la décision d'inclure des noms datant de l'époque des Contes Perdus (par exemple Tilthin ou Flosibrim dans le lexique de la section Quenderinwë essi, p. 49-59) soit respectable en soi, les choix qui sont faits à ce propos paraissent peu ou prou relever de l’arbitraire. Certains noms contemporains de l’époque où furent écrits les Contes Perdus, autrement connus que les deux noms cités ci-dessus, sont omis sans autre forme de procès (on pensera notamment aux pluriels Noldoli et Solosimpi, qui ne sont pas une fois mentionnés).

Cette méthode a surtout pour conséquence de présenter la répartition géographique des langues elfiques sous un jour radicalement différent de ce qu’a imaginé Tolkien. Le pire exemple se trouve à la page 159, où Kloczko affirme qu’« il y aurait un autre dialecte de telerin parlé par les Elfes-marins des côtes sud et ouest de l'Angleterre et du Pays de Galles. » Il omet de préciser à ce propos que cette conception date d'une époque où Tolkien considérait qu'Eressëa était la moderne Grande-Bretagne, idée que le Professeur rejeta catégoriquement par la suite8). Kloczko présente enfin sa très personnelle (et contestable) théorie d’évolution du quenya en eldarissa et du sindarin parlé par les Ñoldor en goldogrin comme un fait reconnu9). Les amateurs des langues de Tolkien – les lambendili – ne manqueront pas de souligner qu’il s’agit sans doute d’une imposture aussi grave que le sont les « grammaires d’elfiques fantaisistes, issues de l’imagination parfois débordante, souvent délirante, des fans internautes », que l’auteur dénonce par ailleurs. Le manque de logique inhérent à cette « théorie globale », lorsqu’elle est poussée dans ses derniers retranchements, est bien illustré par les différents termes utilisés pour nommer les « Hommes sauvages » : quenya hrávani et sindarin rhovain, mais eldarissa (sing.) calimbo.

Au final, c’est un ouvrage à la fois indispensable et éminemment frustrant que celui-ci. Indispensable, car pour l’heure unique source francophone reflétant les nombreux progrès qu’ont fait l’étude des langues elfiques outre-atlantique. Frustrant, parce qu’un novice risque fort d’être dérouté par la manière qu’a Kloczko de présenter certains faits, tandis que l’amateur éclairé trouvera certaines simplifications plus dignes d’un David Day10) que de l’auteur du regretté Dictionnaire des Langues elfiques. Mais qu’importent ces reproches : l’essentiel est que l’auteur parvient pleinement à nous faire partager sa passion pour les Elfes et nous invite à nous replonger dans les combats qui marquèrent la Chute de Gondolin et dans les tréfonds du Royaume Sylvain !

Annexe 1 : Critique détaillée de la grammaire quenya

Les tableaux de conjugaisons quenyarins donnés p. 150-152 sont particulièrement problématiques. Suivant l’habitude de l’auteur, qui est excusable dans la plupart des chapitres d’un livre grand public, mais qui l’est moins dans une section aussi technique que celle-ci, les sources utilisées ne sont pas mentionnées. Ce qui est ici particulièrement ennuyeux, car Tolkien varia grandement dans la conception qu’il se faisait de la grammaire elfique, en particulier en ce qui concerne les désinences du quenya. Après quelques recherches fastidieuses, les puristes reconnaîtront sans doute des formes tirées du Parma Eldalamberon nº17.

La première question qui se pose est de savoir pourquoi cet ouvrage, qui présente un ensemble de notes contemporaines de la rédaction du Seigneur des Anneaux, fut prise comme référence par Kloczko. En effet, il existe des conjugaisons complètes, bien plus tardives, qui sont entre autres citées dans Vinyar Tengwar nº49. Le problème est accentué par le fait que dans ces notes tirées de ce Parma, Tolkien se montre d’une fluidité plus grande encore qu’à l’ordinaire, et propose pas moins de trois manières de conjuguer les mêmes verbes, chacune présentant des différences subtiles. En l’absence d’explications sur ce choix, seules des spéculations stériles sont possibles.

Mais cantonnons-nous pour l’instant au cadre que nous donne ce Parma. Un nouveau problème saute aux yeux, car Kloczko fait son marché de façon sélective – et sans le signaler. Pour une personne qui attaque à de nombreuses reprises dans son ouvrage les « ‘codes’ basés sur [un] découpage intuitif des langues elfiques », il est permis de penser que cela fait un peu désordre. Le problème vient sans doute du fait que Kloczko tente d’ordonner de façon linéaire ce qui ne peut être présenté que sous forme d’un tableau bidimensionnel, ce qui le conduit à faire des simplifications abusives et à passer sous silence une partie considérable des conjugaisons (sans parler d’éclaircir les divergences entre les différentes options testées par Tolkien, ce qui – convenons-en – sortirait sans doute du cadre de ce livre).

Prenons à titre d’exemple le tableau donnant la conjugaison au présent du verbe car- « construire, faire, produire » (p. 150). La grande absente en est la conjugaison du nombre duel. Ce nombre est un intermédiaire entre le singulier et le pluriel : il est utilisé quand on parle de deux personnes. Bien que le français n’ait aucune construction similaire, c’est un nombre que l’on retrouve dans plusieurs langues de notre monde, comme le grec ancien. Il est regrettable que Kloczko ait choisi d’ignorer une question grammaticale aussi intéressante, qui possède une place de choix dans le Parma 17. Ainsi aurait-il pu mentionner les formes cariñgwe (ou carinque, ou karimmo) “toi et moi, nous faisons”, caritte (ou caristo) “ces deux-là, ils font”, sans oublier carinwe, carixe, caricce, cariste

En outre, Kloczko oublie de mentionner en ce point la différence qui existe entre “nous inclusif” et “nous exclusif”. La forme qu’il donne pour la première personne du pluriel, carimme, signifie bien “nous faisons”, mais seulement dans le sens “moi et d'autres, mais pas toi à qui je parle, faisons”. Le “nous inclusif”, omis dans le tableau, se dit carilme. En ce qui concerne la distinction entre formes familières et formes respectueuses, Kloczko omet encore la forme familière archaïque de la deuxième personne du pluriel, carince, tout autant que la forme régulière de cette personne (qui correspond au pluriel de carilyë) et s'écrit carilde ou carille. En dernier lieu, il ne précise pas qu'il existait des formes respectueuses bâties sur le modèle de cariltar mais dénuées de désinence de personne. Ce qui dans son tableau aurait dû donner :

I Vala caritar« Le Vala fait »
I Valar carintar(i)« Les Valar font »
I Valat caristar« Les deux Valar font »

Annexe 2 : Critique détaillée du « Petit thésaurus des langues elfiques »

Il convient de mentionner une fois encore qu’il est honorable de présenter certains termes en “eldarissa” ou en gnomique. La logique de la sélection reste cependant obscure, et l’auteur semble trop pressé de rajouter quelques termes elfiques de plus pour l’expliciter. Par ailleurs, de nombreux termes présentés dans ce thésaurus comme du sindarin relèvent en fait du noldorin. Comme on le verra, un tel mélange peut s’avérer détonnant, surtout quand coexistent des formes différentes pour ces deux langues. Bien que ces dénominations abusives soient trop nombreuses pour les identifier toutes ici, j’en signalerai quelques-unes à titre d’exemple. Vu la longueur de ce thésaurus, je concentrerai la présente critique sur la partie « La faune, les animaux », qui est assez représentative de l’ensemble :

  • Éléphant (d’Asie) : la précision géographique ”(d'Asie)” semble de trop. On remarquera notamment que les mûmakil du Harad – le Sud – semblent pouvoir être désignés par ce terme (cf. The War of the Ring, p. 136). Ce fait semble pointer vers une possible origine africaine. Du reste, le terme annabon est du noldorin plutôt que du sindarin. La seule forme sindarine attestée est andrabonn, qu'il faudrait d'ailleurs peut-être lire andabonn (ibid.).
  • Chat : Kloczko oublie de mentionner le noldorin muig.
  • Poisson : lhimb est du noldorin, non du sindarin.
  • Dragon marin : lhimlug est de même du noldorin
  • Taupe : le terme doldrin fut en fait supprimé par Tolkien et remplacé par dolfa ou dolmeg.
  • Grenouille : le quenya quáke est attesté dans Vinyar Tengwar.
  • Ours : le noldorin (et non sindarin) brôg est une coquille des « Étymologies », il devrait se lire brog (cf. Vinyar Tengwar nº45, p.28). Le seul terme sindarin attesté est graw (cf. Vinyar Tengwar nº47). Enfin, on ne voit pas très bien pourquoi le noldorin megli voudrait dire “ours brun” : c'est un simple kenning pour désigner un ours. Sa signification est en fait “mangeur de miel”.
  • Lion d’Asie : le terme rhaw est du noldorin. Si une forme sindarine devait un jour être attestée, on pourrait s'attendre à ce qu'elle s'écrive plutôt raw. La précision géographique “d'Asie” ne semble pas avoir lieu d'être.
  • Loup d’Europe : le terme garm, qui est tiré des « Étymologies », est du doriathrin. On notera à ce titre que l’équivalent noldorin qui lui est donné dans ce manuscrit (et que Kloczko ne cite pas) est garaf, tandis que le terme draug est bien du sindarin. C’est un exemple frappant des divergences susceptibles d’exister entre ces deux langues conceptuellement proches mais élaborées par Tolkien à des époques différentes. Par ailleurs, la précision géographique “d'Europe” est de trop.
  • Meute de loups : le terme qenya savanda (qui possède d’ailleurs le synonyme savarna) désigne aussi une meute de chiens.
  • Papillon : le telerin wilwerin est une coquille. Ce terme est attesté sous la forme vilverin dans les « Étymologies » (op. cit.).
  • Abeille : curieusement, Kloczko omet la forme noldorine nui, pl. nuiar.
  • (Petit) oiseau : donner aiwë, aew, filit, fileg et wilin comme étant synonymes est trompeur. Les notion de petitesse est étrangère aux deux premiers, alors qu’elle est partie intégrante des trois derniers termes.
  • Cygne : puisque Kloczko juge bon de mentionner la forme gnomique alfa, la question de connaître ses critères de sélection des termes se pose avec plus d’acuité que jamais. Outre les termes citées, Tolkien ne donne-t-il pas les formes gnomiques alcwi, alf, alfuil, alfuilin et gwanwen, sans même parler du telerin alpa ?
  • (Gros) oiseau : le gnomique augli est une coquille. Il convient de lire aigli (doté du pl. aiglith, cf. Parma Eldalamberon n° 11).
  • Aigle : sornë est une forme que Tolkien semble avoir remplacée par sorno (cf. Lettres).
1) À l’époque de ce changement de dénomination, Tolkien décida que « les grands Valar n’enfantent point. » Kloczko présente néanmoins plusieurs « dieux », tels Eönwë / Fionwë ou Nielicci comme les enfants de certains des Valar les plus exaltés, et même s’il reconnaît qu’il existe plusieurs versions à ce sujet, il omet de préciser quelle était la vision que Tolkien considérait être la plus proche de la vérité.
On notera à propos de Fionwë que Kloczko traduit la racine fion par « faucon » (angl. falcon) au lieu d’« épervier » (angl. hawk), et affirme que cet oiseau est dédié à Manwë. C’est là commettre une double erreur : si dans les Contes Perdus, les éperviers sont bien les oiseaux de Manwë, les textes plus tardifs ne lui associent plus que les grands Aigles ; quant aux faucons, leur association est tout autre : dans les Contes Perdus, ils sont qualifiés de « rejetons de Melko », le frère ennemi de Manwë.
2) De même, Kloczko utilise le terme de « fée » au sujet de Melian, une Maia, ce qui pourrait faire croire qu’elle est de nature autre que les Valar. Il n’en est rien : les Maiar sont simplement moins puissants que les Valar, et sont la plupart du temps au service de l’un de ces derniers.
3) Il faudrait encore mentionner l’accession au trône du Royaume Sylvain de Thranduil, un exilé de Doriath, qui avait été détruite par les Nains au Premier Âge, et qui explique l’hostilité de ce dernier lorsqu’une compagnie de treize Nains vint gâcher le banquet forestier qu’il présidait (heureusement, un certain Bilbo Sacquet veillait).
De même, l’alternance entre les noms Denwego, Denweg, et Lenwë pour désigner le chef des Nandor risque de provoquer une certaine confusion pour ceux qui ne réaliseront pas qu’il s’agit d’une seule et même personne !
4) Vinyamar n’apparaissant que sur la carte du Beleriand p.34-35 et Avallónë n’étant pas une seule fois citée dans cet ouvrage, qui fait pourtant la part belle aux événements des Contes Perdus qui sont sensés se dérouler sur Eressëa à l’époque historique.
5) On pourrait encore noter le fait que Kloczko considère que Mablung est un surnom donné au Premier Capitaine d’Elu Thingol. Pourtant, dans La Formation de la Terre du Milieu, Christopher Tolkien cite un texte tardif de son père affirmant que ce nom était prophétique, ce qui le rapproche singulièrement des amilessi tercenyë, les « noms maternels pénétrants. »
6) En effet, Tolkien expliqua que les Elfes emportés par la mort avaient la possibilité de retrouver leur corps, ou s’il avait été détruit, de se réincarner dans un corps identique au leur, mais toujours à condition qu’ils aient été reconnus suffisamment purs par les Valar. Tolkien avait initialement pensé que cette résurrection s’effectuait selon le mode d’une réincarnation classique, mais il avait par la suite renoncé à cette idée, au vu des nombreux problèmes sociaux que cela n’aurait pas manqué de faire naître (le mariage chez les Elfes étant entre autres indissoluble, même dans la mort, à moins que le décédé ne renonce à la possibilité de se réincarner).
7) Quelques questions intéressantes auraient pu être explicitées si l’auteur avait disposé de plus de place, comme la décision de privilégier la forme Sindacollo comme équivalent quenya au gris-elfique Thingol. Sindacollo est en effet uniquement attesté dans la version originale du Silmarillion, et son origine parmi les manuscrits de Tolkien est inconnue. L’origine de la forme Sindicollo est en revanche très bien attestée à travers les nombreux volumes de l’Histoire de la Terre du Milieu (c’est aussi la forme que donne la version française du Silmarillion, mais il semble que dans ce cas, il s’agisse d’une coquille !
8) Si des Elfes devaient toujours résider en Grande-Bretagne à l'époque historique (ce dont il est permis de douter), il y aurait fort à parier qu'ils parleraient une variante de sindarin ou de nandorin.
9) L’unique note indiquant que cette « théorie globale » est le fruit de l’imagination de Kloczko (cf. p. 160, fig. 18) est loin d’être suffisamment visible, ou explicite.
10) On mentionnera encore le fait que le terme , traduit par Kloczko comme signifiant « oui », fut extrêmement fluctuant chez Tolkien et prit même parfois le sens de « non » (cf. Vinyar Tengwar nº42).
 
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