Pour comprendre Tolkien : une lumière éclatée, logos et langage dans le monde de Tolkien

9782220066325.jpgPour comprendre Tolkien : une lumière éclatée

Titre original Splintered Light: Logos and Language in Tolkien's World
Auteur Verlyn Flieger
Publication 1983 (révisé en 2002)
Éditeur Kent State University Press
Titre français Pour comprendre Tolkien : une lumière éclatée, logos et langage dans le monde de Tolkien
Traduction Eric Iborra
Publication 2014
Éditeur Desclée De Brouwer

Présentation (inspirée de la quatrième de couverture anglaise)

J.R.R. Tolkien est peut-être plus connu pour Bilbo le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux, mais c'est dans Le Silmarillion que la véritable profondeur de la Terre du Milieu peut-être appréhendée. Le Silmarillion fut écrit avant, pendant, et après la rédaction des deux autres ouvrages. Ensemble d'histoires, il procure des informations auxquelles les œuvres plus connues de Tolkien ne faisaient jusqu'ici qu'allusion, et, ce faisant, transforme Le Seigneur des Anneaux en une œuvre dépassant le statut de suite de Bilbo le Hobbit : une continuité de la mythologie de la Terre du Milieu.

L'édition revue et augmentée de Splintered Light, une étude classique de la fiction de Tolkien, parue en 1983, examine Le Silmarillion et Le Seigneur des Anneaux à la lumière de la théorie linguistique de la fragmentation du sens d'Owen Barfield. Flieger démontre l'utilisation qu'a faite Tolkien du concept de Barfield tout au long de sa fiction, montrant comment l'image centrale de la lumière première, diffractée puis réfractée, est une métaphore des langues, des peuples, et de l'histoire de la Terre du Milieu.

L'avis des lecteurs

Vivien Stocker (janvier 2015)

1983, Verlyn Flieger publie Splintered Light: Logos and Language in Tolkien's World. Vingt ans plus tard, elle reprend son ouvrage et le retravaille à la lueur des nouvelles publications parues entre temps, et notamment la série des HoMe. 11 ans après, c'est donc une étude majeure de l’œuvre de Tolkien qui paraît enfin en français, aux éditions Desclée de Brouwer, sous le titre Pour Comprendre Tolkien: Une lumière éclatée. Si le titre de couverture a été adapté et perd le sous-titre, celui-ci est présent et traduit Logos et langage dans le monde de Tolkien sur la page de garde. L'ouvrage de 382 pages est présentée dans une maquette particulièrement soignée.

Le contenu s'ouvre par un avant-propos de Michaël Devaux, par ailleurs éditeur de la collection de la Feuille de la Compagnie, qui tient lieu de présentation globale de l'analyse à venir mais aussi de l'auteure. Devaux commence donc par une biographie/bibliographie de quelques lignes de Verlyn Flieger. Cette courte bibliographie aurait nécessité une mise à jour depuis 20051), car Verlyn Flieger a tout de même publié un recueil de ses articles sous le titre Green Suns and Faerie: Essays on J. R. R. Tolkien en 2011 mais surtout co-édité, en 2007, l'ouvrage Tolkien On Fairy-stories avec Douglas A. Anderson, une édition étendue de l'essai Du Conte de fées de Tolkien auquel il sera fait mention dans tout le chapitre 3 d'Une Lumière éclatée. La suite de l'avant-propos expose la méthode de travail de Flieger, donnant ainsi au lecteur les clés pour entamer l'analyse proprement dite.

Le propos de Flieger se divise en 20 chapitres. Disons-le tout net, les huit premiers chapitres paraîtront difficiles à lire pour tout lecteur novice de Tolkien. Bien qu'ardus, ces huit chapitres sont pourtant essentiels car Flieger y présente en détail la théorie qui se cache derrière cette étude : la théorie de Poetic Diction de Barfield, qui veut que « mythe, langage et perception humaine du monde sont étroitement liés et inséparables » ou comme le résume le titre du chapitre 9 Perception = nom = identité ; une théorie mise en pratique par Tolkien dans sa création linguistique. On parcourra avec un intérêt particulier le parallèle que Flieger fait entre les deux essais les plus connus : Beowulf : les monstres et les critiques et Du conte de fées (tout deux traduits et édités dans Les Monstres et les critiques et autres essais).

Une fois passé le plus dur, Flieger aborde ce qui parlera beaucoup plus au lecteur novice : une étude systématique des noms de personnages et peuples du Silmarillion au travers du filtre de la lumière, qui donne tout son sens au titre de l'ouvrage. Ironiquement, le chapitre neuf débute avec la remarque suivante : « Arrivés à ce point, on serait tenté de dire au lecteur : « Si vous ne vous intéressez pas aux langues de Tolkien vous pouvez sauter les chapitres qui suivent… » ». Pourtant, à mon avis, c'est bien dans les chapitres en question que l'on voit tout la maîtrise de Flieger à mettre en exergue la relation entre onomastique et lumière. Suivant le synopsis du roman, elle débute depuis l'éveil des Elfes et à la manière dont ils se nomment eux-mêmes Eldar, en lien avec le terme el, qui désigne les étoiles qu'ils virent en premier. Des Eldar, la première division du spectre lumineux intervient avec la division physique entre Calaquendi, les Elfes de la Lumière et Moriquendi, les Elfes de la Pénombre. Cette division s'accompagne d'une division langagière, passant de l'eldarin commun à des dialectes distincts pour chacun des groupes.

Chez les Calaquendi, trois divisions ethniques et linguistiques sont pratiquement instantanées, reflétant toujours le rapport à la lumière : les Vanyar, les Noldor et les Teleri. Parallèlement, apparait une nouvelle teinte de lumière en Terre du Milieu, le gris, au travers des Sindar menés par Thingol, qui a vu la lumière des Arbres mais l'a refusée et par Melian, reflet de la lumière originelle. En quelque sorte, les Sindar sont tiraillés entre ombre et lumière.

En Valinor, la lumière elle-même est divisée. De Finwë et Miriel, naît Fëanor qui brise la lumière des Arbres en trois Silmarils. Le nom de Fëanor est lui-même basé sur une idée de lumière : l'Esprit de Feu. Il est lumineux mais dangereux, consumant sa mère en naissant et menant les Elfes à la confrontation.

Flieger continue ainsi de chapitre en chapitre à étudier les divisions ethniques et linguistiques en parallèle de celles du spectre lumineux, s'intéressant notamment à Lúthien, Eöl ou encore aux Hommes, qui eux aussi ont un rapport spécifique à la lumière. Il serait facile d'en résumer le propos, mais cela ne laisserait plus le loisir au lecteur de le découvrir par lui-même.

Pour conclure, si l'on peut trouver que le titre français Pour comprendre Tolkien est un petit peu pompeux, comprendre Tolkien nécessitant en effet plus que cet ouvrage, il faut bien admettre qu'un grand pas est franchi vers une meilleure compréhension de son œuvre à la lecture d'Une Lumière éclatée. Il faut espérer que plus d'ouvrages de ce type soient traduits en français (ou directement écrits en français) pour fournir au public français un éclairage toujours plus important de Tolkien et son œuvre.

Spooky (décembre 2014)

Voici donc la traduction d'un texte majeur d'une spécialiste de Tolkien, initialement publié en 1983 et révisé une vingtaine d'années après. J'étais curieux de le lire.

L'édition revue et agrandie de Splintered Light, une étude classique de la fiction de Tolkien, parue en 1983, examine le Silmarillion et le Seigneur des Anneaux à la lumière de la théorie linguistique de la fragmentation du sens d'Owen Barfield, émise dans son ouvrage Poetic Diction. Flieger démontre l'utilisation qu'a faite Tolkien du concept de Barfield tout au long de sa fiction, montrant comment l'image centrale de la lumière première, diffractée puis réfractée, est une métaphore des langues, des peuples, et de l'histoire de la Terre du Milieu.

J'étais très curieux de lire cet essai, considéré comme l’œuvre d'une des plus éminentes spécialistes de Tolkien, laquelle a pu la réviser en 2003. Je m'attendais à une lecture dense, peut-être difficile, mais j'étais loin du compte sur certaines parties… L'idée de départ est que Tolkien a été inspiré, de manière consciente ou pas, par les écrits de son ami Owen Barfield, qui fut, tout comme lui, l'un des premiers Inklings, ce cercle littéraire dont Tolkien et C.S. Lewis furent les membres les plus éminents. Celui-ci a théorisé l'idée selon laquelle le langage et l'écriture sont intimement liés. Partant de là, et avec l'idée que Tolkien a voulut mettre le motif de la lumière sur son œuvre de fiction, Verlyn Flieger a décidé d'analyser celle-ci, et en particulier sa poutre maîtresse, le Silmarillion. Par une analyse de l'étymologie des noms des elfes, par exemple, par l'importance donnée à l'origine des peuples de la Terre du Milieu, Verlyn Flieger donne à comprendre bien plus que la partie immergée de l'iceberg tolkienien qu'est le Seigneur des Anneaux, elle donne un aperçu alléchant, mais un peu aride, de la forêt qui se cache derrière l'arbre du Hobbit.

Au final Une lumière éclatée ne m'a pas forcément aidé à comprendre Tolkien, comme l'indique le sous-titre de l'ouvrage, mais celui-ci constitue tout de même une référence, de par notamment son analyse approfondie de l'étymologie.

Vous pouvez retrouver ce commentaire ainsi que de nombreuses autres critiques sur le blog de Spooky, Ansible.

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Quelques éditions



1) Cette traduction d'Eric Iborra devait initialement paraître en 2006. L'avant-propos doit dater de cette période.
 
tolkien/sur-tolkien/verlyn_flieger_-_une_lumiere_eclatee.txt · Dernière modification: 06/04/2020 18:47 (modification externe)
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