Regrets pérennes de Peregrin

REGRETS PERENNES DE PEREGRIN


Un texte de Chiara Cadrich

Un petit conte doux-amer, en souvenir des feux d'artifice d'un vieux touche-à-tout.

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L’écharpe de satin rouge marquant sa charge nouée à sa taille, Sam Gamegie se tenait devant le jeune couple, encore plus troublé qu’à son propre mariage. Oublié son discours, pourtant couché par la plume alerte de Meriadoc !
En sa qualité de maire de Grand’Cave, il revenait à Sam le redoutable honneur d’édifier l’assistance par une sage exhortation. Mais en tant que papa de la mariée, la gorge serrée et l’œil humide, il ne put que balbutier d’émouvantes platitudes, évoquant ces mille petites joies qui, lentement, tout au long de l’épanouissement de la jeune fille, confèrent au père la plénitude éphémère de sa paternité.
Ruby Gamegie et Galabroc Brandebouc engagèrent donc leur foi, échangeant la traditionnelle part de pain-perdu devant une assemblée fort émue et un peu larmoyante.
Sam s’apprêtait à reprendre son discours, quand son épouse Rosie poussa Peregrin du coude. Comme le maître des lieux lui aussi, lui adressait du regard une prière pressante, Pippin s’avança donc et, avec son aisance naturelle, tacha de ramener un peu de bonne humeur dans l’assemblée :
- Puissiez-vous semer et récolter sans compter, jeunes gens ! Et pour commencer, notre hôte le maitre du Pays de Bouc…
Mais l’énergique Adamantine, son épouse, intervint vigoureusement :
- Permettez-moi de vous retenir encore un instant ! Je voudrais remettre aux jeunes mariés, le présent que voici, au nom de leurs majestés la reine Undomiel et le roi Elessar !
Un murmure admiratif s’éleva parmi les hobbits. Adamantine se pavanait et brandissait le volumineux paquet doré aux armes du Gondor, se gardant bien de s’en démettre.
Pippin soupira. Agacé, il réagit derechef en élevant la voix d’un air joyeux :
- Et à présent, le maître du Pays de Bouc convie tout le monde au banquet sur les berges du Brandevin, où leurs cadeaux seront remis aux mariés !
Le cœur des hobbits ne saurait balancer devant la promesse de plantureuses agapes. Un chœur approbateur salua l’annonce, et la foule s’éloigna, tandis qu’Adamantine, dépossédée de l’aura royale, lançait un regard noir à son époux goguenard.

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Les bannières bariolées de la fête dansaient dans la brise joyeuse, sous le soleil clément du Pays de Bouc. L’orchestre entama une gigue endiablée, attirant sur la piste de bois les noceurs aguerris, les célibataires confirmés et la turbulente jeunesse hobbite. Les anciens, stratégiquement massés à la table où trônait une prometteuse tonne de bière, encourageaient en rythme leur progéniture, qui rivalisait d’ardeur au son de la viole, du pipeau et du tambour.
Un franc sourire coquin sur leurs visages rougis par la danse, les jeunes filles retroussaient leurs robes de fête, rivalisant avec de facétieux godelureaux bondissants, tout chamarrés de couleurs vives. Faramir Touque, l’héritier du Thain, entraîna bientôt son épouse Boucles-d’or, née Gamegie, que le hasard des grossesses laissait momentanément svelte et alerte.
Secouant un instant son humeur morose, Peregrin les applaudit, saluant l’entrain de l’énergique couple souriant et sautillant.
Mériadoc s’assit à ses côtés, glissant à son camarade une énorme pinte mousseuse, que celui-ci saisit avec un soupir de résignation. Depuis le début de la noce, le maître du Pays de Bouc tentait sans succès de relever le moral de son cousin Touque :
- Et dire que je suis à nouveau grand-père ! Trinquons à la santé de nos petits-enfants !
Une copieuse gorgée gouleyante trouva son chemin assigné. Mais si, à cette heure avancée du repas, le pétillement flattait la verve taquine du Brandebouc, l’alcool ravivait les dispositions moroses du Touque. Maintes ridules étaient venues marquer le visage poupin de Pippin, accentuant l’aura vénérable que lui conféraient un léger empâtement et des tempes grisonnantes.
Comme il suivait la farandole d’un air absent, Meriadoc poursuivait, s’animant d’un entrain un peu forcé :
- Tu as là une magnifique belle-fille ! Ton fils a bien de la chance ! Quelle danseuse et quel sourire !
Mais Peregrin semblait perdu dans de sombres pensées, dont son vieux complice s’était promis de le tirer :
- Ne trouves-tu pas, mon vieux Pippin, que la plus belle chose sous le ciel, c'est encore le sourire de son épouse ?
- Peut-être pour toi ! , répondit Pippin d'une voix atone.
Puis il ajouta, le regard dans le vide :
- … pour moi, c'est plutôt ma fête d’anniversaire !
- Ah bon ? Pourquoi cela ?, questionna Merry, ravi que son cousin s’éveillât un peu. - Ça revient plus souvent !, souffla Pippin d’un air désabusé.
Merry se mordit les lèvres et, coulant un regard de biais vers l’autre bout de la table d’honneur, il aperçut Adamantine, la revêche épouse de Pippin, qui les observait avec attention. Engoncée dans une robe de taffetas indigo, elle roulait vers eux des yeux soupçonneux en s’éventant d’un air supérieur. Comme Merry la saluait, sa choppe en l’air, elle détourna vivement la tête d’un air pincé. Toujours prompte à gourmander son époux pour ses écarts, elle tenait son ménage d’une main de fer, arguant que l’insouciante bonhommie de Pippin ne seyait point à la fonction de Thain, et que seuls les descendants du Taureau Mugissant de Longuefaille - la branche nord des Touque, dont elle était issue - se montraient à même d’assumer cette dignité…
- Alors, ça ne s’arrange pas entre vous ?
Pippin haussa les épaules :
- Oui et non… Elle devient un peu sourde… Alors elle n’entend et ne répond plus qu’à la moitié de mes sarcasmes. Mais en contrepartie, elle hurle ses reproches plus souvent et plus fort…
- Comment en êtes-vous arrivés là ?
- Si tu me suis, elle a épousé la thanerie[1], mais il lui faut supporter Peregrin…
- Je t’accorde que son chapeau semble avoir rétréci ces derniers temps[2]. Mais est-elle la seule fautive ?
- Crois-tu que si j’avais pu arranger les choses, j’en serais réduit à passer mon temps en pérégrinations[3] lointaines, rien que pour l’éviter ?
Merry comprenait fort bien… Aussi, aux grands maux, les grands remèdes - il donna une petite tape sur la main potelée d’un arrière-petit-neveu qui s’avançait effrontément vers le plateau de mignardises de la table d’honneur. Puis, lançant au délinquant un chou à la crème avec un clin d’œil, il lui fit quérir les « trésors du Vieux Tobbie »[4].

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Les deux cousins se détendirent, réfugiés au plus haut balcon de Château-Brande. Leurs ronds de fumée s’élevaient dans l’or liquide du soir, dansant aux flonflons de la fête qui montaient jusqu’à eux. Merry relut la dernière lettre de Gimli – le vénérable nain y décrivait avec force détails enthousiastes, les progrès de la colonie qu’Eomer Roi l’avait autorisé à fonder en Aglarond.
Mais ce fut un flacon de grand cru du Dorwinion, qui dérida Pippin. Le puissant breuvage réveilla ses sens en tapissant sa gorge d’un baume généreusement épicé. Les sombres pensées s’envolèrent une à une, estompant son arrière-goût d’échec et sa sensation d’une boule dans la gorge. Les lampées suivantes, révélant des saveurs florales et résinées, évoquèrent la vigoureuse énergie d’une longue marche. Pippin se laissa enfin aller à la détente ; de subtiles effluves boisées rappelèrent la suave sensation du réconfort à l’étape.
Comme le Vieux Tobbie diffusait ses douces notes apaisantes dans la lumière rasante, les cousins échangèrent un coup d’œil complice, se remémorant que leur communion dans l’herbe à pipe précédait ou concluait toujours quelque tour pendable…
Merry lança négligemment :
- Qui aurait cru, au siège de l’Isengard, que nous pourrions pétuner ensemble, de plus en plus vieux ?
- Pétuner de plus en plus vieux ? J’aimerais autant de plus en plus jeune !, répondit Pippin après un rond de fumée particulièrement réussi.
Ses yeux de farfadet brillant dans la pénombre grandissante, Merry sourit avec une grimace victorieuse – le cousin était redevenu lui-même.

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Fébrile comme un petit hobbit sur le point de commettre son premier chapardage, Pippin se pencha sur une des caisses de bois, éclairant les inscriptions avec sa lanterne :
- Elles portent bien Sa marque !
Merry le fit sagement reculer :
- Elles datent de la foire des Comices du Gué, l’année où le vieux Paladin et Lui t’avaient surpris dans une des serres avec la cadette Sonnecor ! Pendant que tu batifolais, je les ai subtilisées à Son nez et à Sa barbe !
- J’aurais voulu voir Ses sourcils frémir d’indignation !
- Ca m’étonnerait ! Je te passe les détails, mais Il était tellement en colère, que je les ai cachées et que je n’ai jamais osé ni en parler, ni les utiliser !
- Cette cachotterie est une inqualifiable trahison envers moi ! Il n’y a qu’une seule façon de te faire pardonner !

.oOo.

Le pardon fut colossal.
Une chandelle de nain jaillit dans la nuit, zébrant le firmament d’étoiles filantes bleutées dans une détonation assourdissante.
Les convives dressèrent la tête, vaguement alarmés. Les plus jeunes en réclamèrent plus, mais leurs aînés hésitaient. Quelques anciens se souvenant des feux qu’un vieil olibrius grisonnant donnait autrefois, on convint qu’il s’agissait certainement d’un cadeau du Roi de Fornost. Dans ces conditions, il semblait difficile d’échapper au tintamarre…
Alors on aperçut deux farfadets, deux ombres s’activant au sommet de Château-Brande, et on s’installa pour le spectacle. Adamantine se rengorgea, ne faisant aucun commentaire et pinçant ses lèvres de l’air entendu de quelqu’un dans le secret. Pourtant, elle bouillait intérieurement – son irresponsable chenapan de mari était certainement derrière ce tapage indécent !
Lorsque tout fut prêt, des feux surgirent dans la nuit dans un fracas étourdissant. Des fontaines multicolores jaillirent, semant sur la colline des fleurs lumineuses au sillage de jasmin. Des fusées rouges lancèrent des aigles de feu dans un furieux battement d’ailes. Des nuées scintillantes s’échappaient comme des volées de petits oiseaux pépiants, pour retomber mollement et envelopper les arbres de douces luminescences.
Merry et Pippin, riant à en perdre haleine dans ce tonnerre perpétuel, avaient retrouvé l’insouciance de leur jeunesse. Pointant tour à tour les explosions de couleur, chacun s’émerveillait des formes miraculeuses qui naissaient de ses mises à feu erratiques, comme un apprenti s’éblouit de jouer juste sur le précieux instrument de son maître. Des lucioles vertes s’envolèrent tout autour d’eux, tintinnabulant en chœur une douce mélodie, que les cousins reconnurent avoir fredonnée à Fondcombe. Les chutes scintillantes du Bruinen s’épanchèrent un instant dans le Brandevin en vapeurs bleutées, révélant les lanternes fugaces de la dernière Maison Simple sur la rive opposée. Merry et Pippin ébahis se relayaient, savourant de chaparder impunément le dernier cadeau de leur vieil ami, et imaginant ses sourcils broussailleux adoucis par son sourire de connivence.
Un grand tronc d’argent s’éleva, se divisant en maintes ramilles étincelantes – puis l’arbre éclot soudain en une floraison dorée luxuriante. Soudain de retour à Caras Galadhon, Merry et Pippin contemplèrent le Mallorn de lumière trôner sur Château-Brande.
Enfin, les larmes aux yeux et le souffle court d’avoir trop ri, ils ouvrirent la dernière caisse, la plus grande, mais qui ne contenait qu’une seule fusée, d’une belle facture et portant sur chaque face, le masque d’un elfe lançant un appel muet.
- Il y a quelque chose écrit à côté du G : “les quatre vérités” ! On ne devrait peut-être pas lancer celle-là ?
- Tu plaisantes, Merry ? C’est la dernière ! Et elle est pour moi ! Voyons ce que le vieux Gandalf a encore sous son chapeau !
La fusée s’envola dans un sifflement strident. Elle éclata au-dessus du Brandevin, libérant quantité de minuscules points lumineux. Ces lucioles se mirent à danser d’étranges arabesques, que chaque regard interprétait à sa guise. Dans les volutes étrangement hypnotiques que son imagination cristallisait sous la forme de deux visages saisissants, Pippin se reconnut, un franc sourire aux lèvres. Le minois de son épouse apparut également, ovale d’une beauté parfaite, tel qu’il l’avait oublié, se dit-il avec un pincement au cœur.
Comme nos pyromanes descendaient la colline, au fil des secondes, les deux visages célestes prenaient de l’âge, celui de Pippin conservant son expression d’indolence sarcastique, tandis que la beauté hiératique de celui d’Adamantine se figeait sous de vaines couches de fard et d’acrimonie. Enfin la vision devint insoutenable : un ahuri libidineux grimaçait des obscénités à une altière et suffisante baudruche.
Soudain les lumières célestes éclatèrent, laissant à l’assistance l’impression fugace d’un étrange final prémonitoire. Mais seuls Peregrin et Adamantine s’étaient vus l’un l’autre, tels que les avait révélés le firmament. En réalité, chaque hobbit avait contemplé une part de son avenir, germe fragile que lui forgeait son humeur dans ce moment de félicité et de promesses.

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Adamantine se leva, furibonde. De toute évidence, ce qu’elle venait de voir ne lui plaisait guère… Elle remit un peu d’ordre dans sa toilette avant de se tourner vers Pippin. Elle l’apostropha durement :
- A quel âge prendras-tu enfin la mesure des responsabilités de Thain ?
La pauvre Adamantine suffoquait de fureur, la voix brisée. Humiliée, recrue de déception, elle vida au visage d’un Pippin blasé, sa besace lentement encombrée de frustration et d’aliénation. Tout y passa – des pérégrinations continuelles, une absence totale de décorum, une inconcevable désinvolture, un manque absolu de sens des affaires, une carence notoire dans le style vestimentaire, un populisme révoltant, un penchant ridicule pour les blagues potaches, etc.
Lorsque s’ouvrit le chapitre des canulars, le sourire en coin de Pippin aggrava encore la verve agressive d’Adamantine. Elle hurla que « Peregrin aurait mieux fait de rester dans les pays lointains, en laquais obéissant de ce paltoquet tapageur de magicien ambulant ! »
C’est alors – mais est-ce un hasard ? - que se produisit l’inconcevable. Un petit pétard indemne, sans doute tombé pendant le feu d’artifice, éclata soudain sur la toque de taffetas d’Adamantine. L’infortunée hobbite poussa un glapissement rauque et, secouée de tremblements nerveux, jeta au loin son galurin.
Lorsqu’elle voulut invectiver Peregrin, qui ne riait plus, aucun son ne put sortir de la gorge d’Adamantine. Frappée de mutisme, elle laissa retomber son index accusateur. Vidée de sa haine, elle regarda Pippin inquiet d’un œil neuf et désabusé. Comme le Thain contrit s’approchait, elle inspira profondément, et lui fit un signe: « Ne t’inquiète pas pour moi, ce n’est vraiment plus la peine à présent… » et s’éloigna, soutenue par son fils Faramir et son hôtesse Estella Brandebouc.
Comme Meriadoc rassurait ses invités et relançait l’orchestre, Peregrin contemplait éperdument la voûte étoilée en murmurant pour lui-même :
- Adamantine sans voix ! Après toutes ces années, les feux d’artifice de Gandalf le gris accomplissent encore des prodiges !
La danse reprit ses droits sur la piste, et la soif à toutes les tables. La bonne humeur déferla comme les chapelets de pétards que Pippin et Merry distribuaient aux petits hobbits en leur contant les exploits du vieux Gandalf.

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Epilogue
Notre roué magicien s’était encore mêlé, une dernière fois, de donner une leçon de courage et d’espérance à ses chers hobbits. Chacun suivant son propre angle de vue, ils furent nombreux à déceler un indice d’avenir dans le ciel étoilé ce soir-là. Quelques-uns en firent bon usage, à la mesure de leur sagesse, en prenant en main leur destinée à l’aube de l’âge des hommes.
Si bien que cette année-là vit une profusion de bonnes résolutions, de mariages, d’entreprises jusque-là différées. Le feu d’artifice de Château-Brande - le dernier, posthume, de Gandalf – s’inscrivit dans les annales, pour les fiançailles inattendues et les idées audacieuses qui germèrent sous les lueurs féériques du Mallorn. Et pour Pippin comme pour Adamantine, une sage décision vint rasséréner leur existence.
Peu de temps après ce dernier coup d’éclat, le couple du Thain prit de la distance, au grand soulagement de leurs proches. Adamantine retourna régner sur les Touque de Longuefaille, s’occupant activement de bonnes œuvres, sous le haut patronage de la Reine Undomiel.
Peregrin, quant à lui, remit la charge de Thain à Faramir, et se retira auprès de Merry au Pays de Bouc, dans une petite maison du Creux-de-crique.
On raconte que les deux terribles vieillards fuguèrent souvent dans la Vieille Forêt, et qu’ils en revinrent mystérieusement indemnes et même… revigorés !

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Voici ce qui était écrit sur une note manuscrite, signée « G », au fond de la fameuse boîte des « Quatre vérités » :
Puissent les Valar accorder
La sérénité d'accepter
Ce à quoi ne puis remédier,
Le courage de réformer
Ce qui se tient à portée,
Sagesse enfin pour discerner
Causes perdues et billevesées.[5]

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NOTES

[1] Curieuse expression, reconnaissons-le, qui désigne la fonction de Thain, capitaine du rassemblement de la hobbiterie-sous-les-armes.
[2] Expression du Maresque insinuant que la personne a attrapé la grosse tête.
[3] Voici éclaircie une fois pour toutes, l’étymologie du mot « Pérégrinations » : nombreuses allées et venues de Peregrin…
[4] Le Vieux Tobbie est l’un des mélanges les plus prisés (avec ou sans jeu de mot !) d’herbe à pipe du quartier Sud.
[5] Il s’agit d’une version personnelle de la « prière de la sérénité », d’origine controversée.

Annexes

 
arts/nouvelles/cadrich_chiara/regrets-perennes-de-peregrin.txt · Dernière modification: 06/04/2020 18:47 (modification externe)
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