Séminaire Tolkien à l'ENS (Paris – France) 2016 – 2017

 Séminaire Tolkien à l'ENS (Paris - France)

Bien qu'il soit surtout connu pour son œuvre fondatrice d'écrivain, J.R.R. Tolkien était également un universitaire réputé, spécialiste d'anglais médiéval, philologue, polyglotte. Son légendaire, autant que ses travaux académiques, n'ont de cesse de toucher au cœur du langage et du récit — qu'ils considèrent comme inextricablement liés — et en dévoilent des aspects multiples et divers, qu'il serait impossible d'épuiser. Si, dans l'imaginaire collectif, l'affiliation bien réelle de l’œuvre tolkienienne au genre littéraire de la fantasy paraît en exclure une approche plus académique, de nombreux travaux (thèses, ouvrages, articles, colloques…) ne lui en ont pas moins été consacrés depuis plus d'une vingtaine d'années. C'est l'objectif du présent séminaire que d'offrir un panorama de ces différents travaux, afin d'en montrer toute la diversité, et de donner un aperçu, nous l'espérons le plus ouvert possible, de l'étendue et de la vivacité de ces études tolkieniennes.

Programme

Mardi 18 octobre 2016, 18h-20h : Tolkien et la poésie médiévale : traduction et inspiration

Par Leo Carruthers, professeur émérite à l'Université Paris IV Sorbonne, directeur du Centre d’Etudes Médiévales Anglaises (CEMA, Paris IV).

Résumé : Si l'on connaît Tolkien principalement comme romancier et mythographe, on sait moins qu'il était d'abord médiéviste et philologue. Tout au long de sa vie professionnelle, Tolkien travaillait sur la langue et la littérature médiévales anglaises, qu'il enseignait à l'université. Son domaine de spécialité a eu une influence directe sur ses romans, Le Hobbit, Le Seigneur des Anneaux, et Le Silmarillion. L'auteur était également poète et traducteur, se nourrissant, là encore, des textes du Moyen Age, ce que le public a pu découvrir dans un certain nombre de publications posthumes. Déjà, en 1975, est sorti un livre contenant sa version en anglais moderne de Sir Gawain and the Green Knight, Pearl and Sir Orfeo. Mais il fallait attendre 2014 avant de pouvoir lire sa traduction de Beowulf, œuvre bien plus ancienne, qui a beaucoup inspiré Tolkien. Quel rapport peut-on établir entre ces poèmes et la mythologie de la Terre du Milieu ?

Mardi 29 novembre 2016, 18h30-20h30 : La question des lectures chrétiennes de l'œuvre de Tolkien

Par Marguerite Mouton, professeur agrégée de Lettres modernes, docteur en Littérature Générale et Comparée.

Mardi 13 décembre 2016, 18h30-20h30 : Les marécages dévorants - un motif dans Le Seigneur des Anneaux

Par Jean-Rodolphe Turlin, auteur de Promenades au Pays des Hobbits, aux éditions Terre de Brume, contributeur du Dictionnaire Tolkien aux éditions CNRS, membre de l'association Tolkiendil.

Résumé : Des marais rassurants aux marécages dévorants, le motif des eaux stagnantes et des zones de marais se développe progressivement dans Le Seigneur des Anneaux tandis que se déploie un schéma narratif spécifique. À nous entraîner dans la vase et les forêts de roseaux, quelle était l'intention de Tolkien ?

Mardi 17 janvier 2017, 18h30-20h30 : Une source oubliée dans l’œuvre de J.R.R. Tolkien : Les Gesta Danorum de Saxo Grammaticus

Par Mahdî Brecq, étudiant en Langues Littératures et Civilisations Étrangères Nordiques à l'université de Caen.

Résumé : De toutes les influences retrouvées dans l’œuvre de John Ronald Reuel Tolkien, la plus connue et la plus répandue est sans aucun doute la « matière du Nord ». Cette lumière septentrionale nourrit Tolkien lors de ses jeunes lectures. De ce monde ancien, il sut approfondir ses connaissances lorsqu’il fut professeur de langues et littératures germaniques à l’université de Leeds, puis à Oxford : ces légendes ont nourri son inspiration fondamentale pour ses compositions littéraires. On pourrait dire, d’une certaine façon, que sans elles, le Legendarium de Tolkien, tel que nous le connaissons, n’existerait pas, ou, du moins, serait tout autre.

Parmi les influences nordiques qui ont été relevées dans ses écrits, il en est une qui, sans véritable explication, a été « oubliée » par les spécialistes et commentateurs des textes de Tolkien : les Gesta Danorum, la Geste des Danois ou les Hauts-faits des Danois. Notre étude devrait permettre de combler cette lacune, et d’élargir ainsi le champ des références littéraires et mythologiques auxquelles l’auteur du Seigneur des Anneaux a puisé.

Mercredi 8 février 2017, 18h30-20h30 : Tolkien et la fantasy : de la confusion à la distinction

Par Anne Besson, professeur en Littérature Générale et Comparée, spécialiste des genres de l'imaginaire aux XX-XXIe siècles.

Résumé : Cette intervention développera, sous l'angle des trajectoires de légitimation d'une œuvre et d'un genre, l'histoire des relations entre Tolkien et la fantasy.

Après une étape de décalque thématique (la fantasy Tolkien-like) et de légitimation réciproque mutuellement bénéfique (la figure tutélaire de Tolkien a beaucoup fait pour le prestige du genre et dans l’autre sens, l’intérêt accordé à Tolkien apparait lié à l’attrait exercée par la fantasy la plus « populaire »), le découplage semble très largement en cours – Tolkien reconnu comme l’écrivain majeur qu’il fut, la fantasy, genre à succès incontournable, n’ont plus vraiment besoin l’un de l’autre… On verra dans quelle mesure et selon quels axes s'opère cette distinction.

Mardi 21 mars 2017, 18h30-20h30 : J.R.R. Tolkien & Ferdinand de Saussure : un héritage en fiction

Par Damien Bador, spécialiste des langues inventées par Tolkien

Résumé : Tolkien était un lecteur attentif de Saussure. L’essai « Quendi and Eldar » s’inspire largement des avancées permises par Saussure en linguistique. Cela permet à Tolkien d’illustrer l’évolution de ses langues elfiques de manière réaliste, tout en faisant de nombreux clins d’œil à l’évolution de la science linguistique au cours du XIXe siècle. Par ailleurs, c’est l’occasion d’approfondir le portrait en acte de certains protagonistes du Silmarillion, sur le modèle des sagas scandinaves. Cet essai constitue donc un lien majeur entre récit narratif et essai linguistique ; il permet de mieux comprendre l'originalité de l'approche de l'auteur du Seigneur des Anneaux.

Mardi 25 avril 2017, 18h30-20h30 : Esthétique sonore et invention linguistique : la symphonie personnelle de J.R.R. Tolkien

Par Bertrand Bellet, membre des associations Tolkiendil et Dragon de Brume, co-auteur du site Glǽmscrafu – la cave linguistique de Tolkien

Résumé : J. R. R. Tolkien a insisté à maintes reprises sur l’intérêt qu’il portait à la forme sonore du langage. Il se manifeste largement dans son œuvre, depuis le jeu sur les rythmes et les sons de sa poésie jusqu’à la place centrale de la phonologie dans l’invention de ses propres langues. Celles-ci portent dans leur phonétique, leur grammaire et leur lexique la marque de leurs multiples inspirations (finnois, gallois, langues germaniques, mais aussi latin, grec, hébreu, arabe, etc.), mais manifestent aussi des éléments de symbolisme tantôt de portée universelle, tantôt plus spécifiques à leur créateur. Elles se font aussi l’écho des réflexions de celui-ci sur la nature et la production du langage. La texture qu’elles donnent au monde qui les contient et pour lesquelles il fut créé constitue un élément essentiel de son pouvoir d’évocation et de fascination.

Mardi 2 mai 2017, 18h30-20h30 : Le tragique et l'estel dans l’œuvre de Tolkien

Par Aurore Noury, professeur de Lettres Classiques, auteur d'un mémoire de seconde année de Master sur le Silmarillion et le tragique

Résumé : Qu'est-ce qui rapproche Túrin d'Œdipe ? Est-ce le destin, la faute, la fierté ? En quoi le sort de Boromir ou de Denethor semble-t-il relever de l'ironie tragique ? Du Seigneur des Anneaux aux nombreuses versions du Silmarillion, l’œuvre de Tolkien conserve le souvenir des motifs de la tragédie grecque, tels qu'Aristote pouvait les théoriser, et tels que les personnages mythiques les illustraient. Notre étude devrait permettre de considérer son utilisation de ces ressorts de la tragédie grecque, depuis l'hubris, proche de l'ofermod théorisé par Tolkien, jusqu'à l'appréhension de la notion du destin à travers les différentes puissances qui parcourent la Terre du Milieu, de Melkor à l'Anneau. Mais il sera également possible de constater à quel point Tolkien tente de répondre à l'échec tragique de tous ses personnages par une nouvelle conception de l'héroïsme, teinté d'humilité, de loyauté, et d'estel.

Mardi 23 mai 2017, 18h30-20h30 : J. R. R. Tolkien et Robert E. Howard : deux auteurs, deux pères fondateurs

Par Benjamin Bories, membre de l'association Le Dragon de Brume.

Résumé : J. R. R. Tolkien (1892-1973) et Robert E. Howard (1906-1936) : deux artistes, deux écrivains, deux créateurs d’univers ayant conçu des œuvres essentielles à la constitution d’un territoire littéraire que l’on nomme aujourd’hui fantasy, l'un étant l'auteur — entre autres — du roman Le Seigneur des Anneaux, et l’autre étant le créateur — entre autres — de Conan le Cimmérien. Dans le sillage d'un article paru dans le n°84 de la revue Bifrost, et d'un ouvrage à paraître aux éditions du Dragon de Brume, cette conférence propose d'aborder conjointement ces deux auteurs, chose curieusement plutôt évitée par les fervents lecteurs et spécialistes de l'un ou de l'autre de ces écrivains. Seront notamment évoqués les destins respectifs de ces artistes et de leurs œuvres, leurs réceptions et légitimations longtemps contrariées, les convergences qu'ils ont incarnés dans l'histoire de tout un genre fictionnel, les malentendus idéologiques qu'ils ont pu connaître jusqu'à encore récemment, ainsi que ce qui rend pertinent d'évoquer conjointement aujourd'hui ces deux figures majeures dans le domaine des littératures de l’imaginaire.

[ANNULÉ] Mardi 06 juin 2017, 18h-20h : Le statut philosophique de la Fantasy selon Tolkien

Par Michaël Devaux, agrégé de philosophie, docteur de philosophie, professeur au Collège des Bernardins, président de la Compagnie de la Comté.

Résumé : On Fairy-Stories est le texte le plus spéculatif de Tolkien. Nous en rappellerons l’histoire pour déterminer quand intervint la partie ayant philosophiquement le plus d’intérêt. En nous appuyant sur les brouillons publiés en 2008 par Verlyn Flieger et Douglas Anderson, nous nous focaliserons sur les paragraphes 65-66 principalement. Comme souvent, Tolkien travaille à partir des définitions du New English Dictionary (devenu OED). Une lecture attentive des notices de ce dictionnaire et de ce que Tolkien en fait permettra de voir comment il en subvertit les définitions pour frapper son concept de Fantasy.

Samedi 23 septembre 2017, 14h-18h : Séance de Clôture – Spéciale Table ronde

Participants : Damien Bador, Benjamin Bories, Mahdî Brecq, Leo Carruthers, Vincent Ferré, Marguerite Mouton, Aurore Noury, Isabelle Pantin, Clément Pierson, Nils Renard, Vivien Stocker, Jean-Rodolphe Turlin.

Cette séance réunira des intervenants des séances précédentes pour vous proposer plusieurs tables rondes sur différents sujets.

Informations pratiques

Contact

Aucune réservation n'est nécessaire. N'hésitez pas cependant à vous manifester par courriel à l'adresse e-mail du séminaire pour tout renseignement complémentaire.

Tarif

Gratuit

Adresse

Salle Paul Langevin (premier étage)

29 rue d'Ulm

75005 Paris

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asso/manifestations/seminaire_ens_2016.txt · Dernière modification: 06/04/2020 18:47 (modification externe)
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