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Seulement en Dunland les Hommes de cette race conservèrent leur anciens parler et manières : un peuple secret, hostile aux Dúnedain, haïssant les Rohirrim. De leur langue, rien n’apparaît dans ce livre, excepté le nom Forgoil
qu’ils donnaient aux Rohirrim (signifiant Têtes-de-paille » est-il dit). »
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ien ou presque n’est connu de la langue parlée par les Dunlandais. Seul le nom Forgoil est identifié par Gamelin lors du siège de la Ferté-au-Cor, un sobriquet signifiant « Têtes de paille », dont ils affublaient les Rohirrim2). En entendant les injures de ses ennemis, Éomer s’écria : « ce n’est à mes oreilles que le cri des oiseaux et le rugissement des bêtes »3). Cela laisse à penser qu’à la fin du Troisième Âge, cette langue était fort peu connue en-dehors des frontières de la Dunlande, bien que Gamling (originaire du Westfold) ait semblé la comprendre.
L’Appendice F donne un peu plus de détails sur les peuples qui étaient apparentées aux Dunlandais : les Hommes Morts de Dunharrow et les Hommes de Bree. Il précise également que si tous descendaient des « peuples qui demeuraient dans les vallées des Montagnes Blanches aux âges passés »4), seuls les Dunlandais continuaient à parler leur langue ancestrale.
L’essai « Of Dwarves and Men » explique qu’ils étaient en fait les survivants des peuples forestiers des côtes du Minhiriath, apparentés au peuple de Haleth, qui furent pourchassés par les Númenóriens lorsqu’ils tentèrent de s’opposer au ravage de leurs forêts5). Il semble ainsi que leur langue ait été apparentée à celle du Peuple de Haleth. Comme le note Christopher Tolkien en PM, p. 330, cela pourrait expliquer pourquoi les Dunlandais ne furent reconnus que tardivement comme des « Hommes du milieu », apparentés aux Edain du Premier Âge mais demeurés en Terre du Milieu. La langue des Númenóriens provenait en effet du taliska parlé par le Peuple de Hador, alors que celle des Haladins descendait d’une tout autre souche.
Dans les brouillons de l’Appendice F, Tolkien considéra d’abord que les Dunlandais ne parlaient plus leur langue ancestrale : « les Hommes qui vivaient en Eriador, le vaste territoire entre les Monts Brumeux et l’Ered Lindon […] utilisaient uniquement le westron et avaient oublié depuis longtemps leur propre langue. Ainsi en était-il […] avec le peuple de Bree et les Dunlandais. »6)
Réalisant que cela contredisait les paroles d’Éomer, Tolkien récrivit ce passage une première fois : « En Dunlande aussi, les Dunlandais, un peuple déclinant, restant de ceux qui avaient vécu en Rohan occidental avant la venue des Rohirrim, préservaient toujours leur propre parler. Il était entièrement différent du westron, et descendait, semble-t-il, d’une autre langue humaine, n’étant pas apparentée à celle des Atani, Père des Hommes. Une langue similaire et apparentée était sans doute jadis parlée à Bree »7).
Ce n’est qu’à la version finale de l’Appendice F que l’hypothèse d’une parenté lointaine avec les langues des Edain apparaît, avant que Tolkien ne développe ce concept plus avant : « Étrangère elle aussi, ou apparentée de très loin seulement était la langue des Dunlandais. »8)
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