«
Aussitôt que toute la compagnie se fut assemblée, se tenant en un large cercle autour de Sylvebarbe, une conversation curieuse et incompréhensible débuta. Les Ents commencèrent à murmurer lentement : l’un d’eux s’y joignant d’abord, puis un autre, jusqu’à ce que tous chantent ensemble en une longue cadence montante et descendante, tantôt plus forte d’un côté de l’anneau, puis s’éteignant pour surgir de l’autre côté de façon retentissante. »
1)
’entique est le nom donné à la langue des Ents. Aux Jours Anciens, les Eldar communiquèrent aux Ents le goût de la parole et leur enseignèrent certaines de leurs langues, notamment le quenya. Par la suite, les Ents inventèrent une langue qui leur était propre, différente par sa structure de tous les autres parlers d’Arda. Utilisant une multitude de nuances vocaliques et de distinctions de ton et de quantité, elle était si complexe que nul autre peuple ne pouvait la maîtriser et que même les Maîtres du Savoir des Eldar renoncèrent à la représenter par écrit. Les Ents ne l’utilisaient évidemment qu’entre eux2).
Étant doués pour les langues, les Ents pouvaient aisément communiquer avec les autres races dans la langue de leur choix, bien qu’il soit dit qu’ils préféraient les langues elfiques, et tout particulièrement le quenya. Les sonorités du seul fragment d’entique attesté : « A-lalla-lalla-rumba-kamanda-lindor-burúmë », prononcé par Fangorn lors de son premier trajet en compagnie de Merry et Pippin3), ne sont d’ailleurs pas sans rappeler celles du haut-elfique. Il est néanmoins précisé que ce rendu est très approximatif, sans doute du fait de l’absence de notation pour les tons4).
La langue des Ents différait encore du quenya sur un autre aspect : répétitive et verbeuse, elle exprimait les noms sous forme de descriptions longues et détaillées de la chose en question. Ainsi, le rendu en parler commun et en quenya du nom entique pour les Orques semblait être une description minutieuse de leurs caractéristiques, un nom « aussi long que des années de tourment », comme l’indiqua Fangorn5). De même, Sylvebarbe dit de son propre nom qu’il « s’allonge sans cesse, et j’ai vécu très, très longtemps ; de sorte que mon nom est comme une histoire. Les vrais noms vous racontent l’histoire des choses auxquelles ils appartiennent, dans ma langue, en vieil entique, pourrait-on dire. »6)