Le vieux sindarin : entre l’elfique primitif et le gris-elfique

Trois Anneaux
Helge Kåre Fauskanger — Mars 1999
traduit de l’anglais par Damien Bador
Article théoriqueArticles théoriques : La maîtrise globale des écrits de J.R.R. Tolkien est nécessaire pour bien saisir la portée des articles de cette catégorie, les sujets étant analysés de façon poussée par leurs auteurs.

Également appelé : vieux noldorin (le seul terme employé par Tolkien !)1)

1. Histoire interne

Le vieux sindarin est la dernière étape avant le sindarin (classique) dans l’évolution du quendien primitif vers le gris-elfique mature (entre le q. pr. et le v. sind., nous avons l’eldarin commun et le lindarin commun). Il fut développé et parlé en Beleriand, mais il semble qu’il se soit transformé en sindarin mature avant le retour des Ñoldor. Le vieux sindarin préserve le système phonologique de l’elfique archaïque bien mieux que ne le fait le sindarin. Il existe bon nombre d’exemples de mots vieux sindarins identiques à leurs équivalents en quenya : on notera ainsi kukua « tourterelle »2), malina « jaune », míre « joyau », parma « livre », randa « cycle, âge, éon », rauta « métal », rimba « fréquent, nombreux », rimbe « foule, troupe », ringe « froid », runda « pièce de bois non dégrossie », síre « rivière », yaiwe « moquerie, mépris ». D’autres mots sont identiques au telerin, la langue d’Aman la plus étroitement apparentée au vieux sindarin ; ainsi branda « élevé, noble, délicat », Bana « Vána » (une Valië) et belda « fort ».

2. Histoire externe

Les formes vieil sindarines explicitement identifiées comme telles ne proviennent que des « Étymologies », quoique certaines formes sindarines primitives mentionnées dans l’essai de Tolkien « Quendi and Eldar » aient été incluses dans le lexique. Il n’existe aucun texte en vieux sindarin. Tolkien mentionnait un mot v. sind. comme étape intermédiaire entre le quendien primitif et le sindarin dans le simple but de clarifier la dérivation d’un mot sindarin. Dans « Les Étymologies », cette langue est bien sûr appelée vieux noldorin (abrégé en v. nold.), puisque Tolkien n’avait pas encore effectué la révision qui transforma la langue aux sonorités galloises de son mythe et en fit celle des Sindar. Dans sa conception antérieure, le « vieux noldorin » était évidemment la langue que parlaient les Noldor à Valinor, qui devint le noldorin classique de la Terre du Milieu. Noter que dans « Les Étymologies », le « noldorin » (→ sindarin) est parfois appelé « n[oldorin] e[xilique] », sous-entendant que le n[oldorin] a[ncien] est « non-exilique ». Contrairement à d’autres formes archaïques, les mots « v. nold. » ne sont généralement pas marqués d’une astérisque, comme s’ils étaient attestés à l’écrit : cela s’accorde avec RP, p. 200, où il est affirmé que les Noldor commencèrent à coucher leur langue sur le papier aux jours de l’orgueil de Fëanor. Tolkien révisa plus tard tout cela. Les Noldor vinrent à parler quenya, le noldorin devint le sindarin, et il nous faut supposer que le « vieux noldorin » devint pareillement le vieux sindarin, quoique Tolkien n’ait jamais utilisé ce terme. Le vieux sindarin aurait-il été attesté à l’écrit ou devrions-nous marquer d’une astérisque le corpus entier ? Peut-être le vieux sindarin aurait-il été écrit au moyen des Runes de Daeron ? Cependant, en WJ, p. 370, Tolkien se demandait si certaine flexion avait jadis existé en sindarin, comme si les strates les plus anciennes de cette langue n’étaient pas directement attestées. De plus, des formes qui semblent appartenir approximativement au même stade d’évolution linguistique que le « vieux noldorin » des « Étymologies » sont marquées d’une astérisque dans les sources plus récentes (voir par exemple ekla-mbar, ekla-rista dans le lexique).

3. La structure du vieux sindarin

3.1 Évolution phonologique

Nous n’essaierons pas de donner une liste complète des changements phonologiques qui affectèrent le vieux sindarin ; se référer aux discussions mot par mot dans le lexique. Certains points importants peuvent néanmoins être résumés. Comme établi ci-dessus, le vieux sindarin préserve la sonorité générale de l’elfique primitif bien mieux que ne le fait le sindarin. En particulier, les voyelles finales disparaissant plus tard sont toujours en place ; les voyelles finales longues si caractéristiques de l’elfique primitif ont simplement été abrégées. Par exemple, le primitif alkwâ « cygne » donne le v. sind. alpha, béleka « puissant » devient beleka. (Dans un cas cependant, une voyelle finale longue semble persister en vieux sindarin, le primitif magnâ « talentueux », générant la forme inchangée magnâ ; il s’agit probablement d’une erreur, de Tolkien ou du transcripteur, pour #magna.) Lorsqu’elles n’étaient pas finales, trois de ces voyelles virent leur qualité altérée en vieux sindarin : â devint ó (ce changement est explicitement mentionné en RP, p. 451 s.v. THÔN), ê devint í et ô ú. Plusieurs exemples sont donnés aux entrées ndóko, khíril et rúma du lexique. Il existe certains mots où ces changements ne se manifestent pas (voir gása, tára, róna), mais il pourrait s’agir de simples erreurs – de Tolkien ou du transcripteur. Les î et û primitifs demeuraient inchangés (mais étaient normalement orthographiés í, ú en vieux sindarin).

Dans de nombreux cas, les t, p, k primiotifs devinrent th, ph, kh après une autre consonne, quoique ce changement n’ait pas eu lieu pour certains mots (Tolkien oubliant ses propres règles ?) Voir thintha dans le lexique (où sont listées des références additionnelles vers d’autres mots). Cependant, il n’existe pas de preuve que les groupes médians st, sp, sk devinrent jamais sth, sph ou skh, quoique ce changement prît place en position initiale : les termes primitifs stankâ « crevasse, fissure », spangâ « barbe » et skalnâ « voilé » donnent sthanka, sphanga et skhalla en vieux sindarin. (Ce changement pourrait ne pas intervenir en vieux sindarin ancien, vu que stabne « chambre » est listé comme forme vieil sindarine au même titre que la forme ultérieure sthamne.) Devant ph, s disparut au cours de la période du vieux sindarin, comme l’indiquent les orthographes (s)pharasse « chassant, en chasse » et (s)pharóbe « chasse[r] » (RP, p. 444 s.v. SPAR). De même, il se pourrait que sth- et skh- devinssent th et kh en vieux sindarin tardif (dans le sindarin ultérieur, nous trouvons th-, h-, ce qui est aussi la manière dont les th- et kh- primitifs originels apparaissent en sindarin, suggérant que la distinction entre, mettons, les sk- et kh- primitifs avait complètement disparu en vieux sindarin tardif). – Certains mots nous suggèrent que t, p, k devinrent aussi th, ph, kh après un autre t, p ou k, produisant les aspirées (?) tth, pph, kkh. Voir rattha dans le lexique.

Devant une nasale, les plosives sourdes t, p, k furent voisées en d, b, g par assimilation avec la nasale voisée. Voir par exemple yadme « pont », dérivé d’un jatmâ primitif, ou tulugme « soutenir, étayer », de tulukmê. Parmi les autres assimilations ayant eu lieu à la période vieil sindarine, on notera bn > mn ; sm médian > mm (pas de changement en position initiale) ; nm > mm ; dn >mn ; sr > rrh (= R sourd long ?) ; ln > ll ; ht > tt ; hs > ss (pour une liste d’exemples, voir ammale, Boromíro / Borommíro, etlenna, gêrrha, khalla, matthô-be, watte et wasse dans le lexique).

Boromir (© Catherine Karina Chmiel)

Dans les mots polysyllabiques, les consonnes finales disparaissaient souvent, mais elles étaient conservées dans les formes plurielles des noms (puisqu’elles n’étaient alors plus finales du fait de la terminaison plurielle –i). Par conséquent, nous avons des paires comme nele pl. neleki, oro pl. oroti, pele pl. pelehi, skhapa pl. skhapati, thele pl. thelehi (voir le paragraphe suivant pour la signification de ces noms).

En vieux sindarin, nous voyons les premiers indices des lénitions si proéminentes dans le gris-elfique plus tardif. Il n’y a toujours pas trace du voisement de toutes les occlusives sourdes post-vocaliques (le v. sind. beleka donnant le sindarin beleg) ou des plosives voisées post-vocaliques devenant des spirantes (le v. sind. ngolodo « Noldo » donnant le sindarin golodh), mais la lénition du s en h après une voyelle a eu lieu pendant l’étape vieil sindarine de l’évolution linguistique. On en trouve plusieurs exemples dans « Les Étymologies » : barasa « chaud, brûlant » devint plus tard baraha ; khelesa « verre » devint keleha ; pelesi, pluriel de pele « champ clôturé » devint pelehi ; thelesi, pluriel de thele « sœur » devint thelehi (concernant kheleha et pelehi, listés dans « Les Étymologies » aux entrées KHYEL(ES) et PEL(ES), les coquilles « khelelia » et « peleki » figurent dans le texte imprimé dans The Lost Road.)3)

3.2 Le nom

La terminaison plurielle du vieux sindarin était –i, descendant directement du quendien primitif #-î et apparenté au quenya –i : boron « vassal fidèle », pl. boroni ; toron « frère », pl. toroni. Les noms se terminant par une voyelle voient cette dernière disparaître devant la terminaison plurielle –i : poto « pied d’animal », pl. poti. Cependant, il existe plusieurs cas de noms en –o ayant à la place des pluriels en –ui : malo « pollen », pl. malui ; orko « gobelin, Orque », pl. orkui ; pano « planche », pl. panui ; ranko « bras », pl. rankui. Ce phénomène advient lorsque la forme primitive originelle ne se terminait pas en –o (ou plutôt en –ô), mais en –u. D’après « Les Étymologies », malo, orko, ranko dérivent des termes primitifs smalu, órku, ranku, et tandis que les –u finaux courts du quendien primitif devinrent –o dès l’étape de l’eldarin commun, le vieux sindarin préserve la qualité originelle de la voyelle avant la terminaison plurielle (chose que l’eldarin commun devait également faire). Cependant, pano « planche » est dit dériver du primitif panô, son pluriel est pourtant panui en vieux sindarin. Cela vient du fait que le vieux sindarin transformait les oi primitifs en ui ; comparer le v. sind. muina avec le quenya moina (primitif #moinâ, reconstruction personnelle ; radical MOY.) Le pluriel primitif de panô doit avoir été panôi, ultérieurement #panoi, devenant panui en vieux sindarin. Cependant, cela ne suit pas le schéma établit par le nom poto « pied d’animal » mentionné ci-dessus (pl. poti plutôt que **potui). Pour plus d’une raison, il est tentant de récuser le pluriel panui en tant qu’erreur et de lire simplement pano, pl. #panui.

Comme mentionné ci-dessus, les formes plurielles des noms préservent dans certains cas les consonnes finales perdues au singulier : nele « dent », pl. neleki (radical NÉL-EK) ; oro « montagne », pl. oroti (radical ÓROT) ; skhapa « côte », pl. skhapati (primitif skhyapat-) ; pele « champ clôturé », pl. pelesi (ultérieurement pelehi, radical PEL(ES)) ; thele « sœur », pl. thelesi (ultérieurement telehi, radical THELES) ; « lion », pl. rówi (primitif râu, radical RAW). Certains des sons finaux perdus furent restaurés en sindarin, évidemment par analogie avec les pluriels. Par exemple, oro, pl. oroti correspond au sindarin orod, pl. ered (le t post-vocalique étant lénifié en d en sindarin).

Dans un cas, la voyelle des formes d’un nom au singulier et au pluriel diffère : « main », pl. mai. Cela vient du fait que le vieux sindarin a changé le â long originel en ó (comme ndâkô « guerrier » > ndóko), tandis que la diphtongue ai demeurait inchangée (comme dans gaia « terreur », d’un gais- primitif). Ainsi, alors que le mâ3 « main » primitif devenait , le pluriel primitif #ma3i, ultérieurement #mai restait sous la forme mai.

Celebrimbor (© Catherine Karina Chmiel)

A l’exception de la flexion plurielle, il n’existe guère de preuves directes de déclinaisons en vieux sindarin. Il existe le mot thoronen, dit être le « gén. sing. » du mot pour « aigle » ; le nominatif n’est pas donné, mais il pourrait avoir été #thoron (comme en sindarin). Cette terminaison génitive –en se retrouve aussi dans le quenya (ou « qenya » des « Étymologies », mais Tolkien la changea ensuite en –o, descendant d’un –ho primitif (WJ, p. 368, cf. 3O̅̆ dans « Les Étymologies », RP, p. 408). Cela jette probablement un doute considérable sur la terminaison –en dans le vieux sindarin mature (s’il est permis d’utiliser un tel terme)4). En WJ, p. 370, Tolkien argue que le sindarin avait probablement développé le –ô flexionnel à « la période primitive » (probablement #-o ultérieurement, après l’abrégement des voyelles finales). Il note que « le placement du nom génitif en second en sindarin ordinaire [comme Aran Moria, « Roi de la Moria »] est probablement aussi dérivé de formes flexionnelles » en –ô, #-o. Selon la conception mature de la langue inventée par Tolkien, il semble qu’il faudrait probablement lire #thorono pour thoronen.

Des preuves indirectes du sindarin postérieur nous suggèrent que le vieux sindarin pouvait posséder un locatif toujours usité en #-sse (une déclinaison fort connue en quenya, le haut-elfique étant significativement plus conservateur que le gris-elfique). Les linguistes tolkieniens s’accordent à dire que le mot ennas « ici » dans la « Lettre du Roi »5) doit être dérivé d’un #entasse antérieur, c’est-à-dire d’un mot enta « ça là-bas » (connu par le quenya, RP, p. 402 s.v. EN-) avec une terminaison locative exprimant « dans cet [endroit] là-bas » = « là ». Si le vieux sindarin utilisait un locatif, peut-être l’allatif et l’ablatif étaient-ils eux aussi encore usités ?

3.3 Le verbe

L’infinitif

La terminaison infinitive –ie, attestée en quenya6), apparaît également en vieux sindarin : bronie « durer, endurer, survivre », etledie « partir au loin, aller en exil », ndakie « abattre, tuer », orie et ortie « s’élever », tre-batie « traverser », trenarie « #raconter, relater jusqu’à la fin », warie « trahir, tricher ». (Dans « Les Étymologies », trenarie est explicitement appelée une forme « inf. » à l’entrée NAR2, RP, p. 427.) Un autre groupe de verbes présente la terminaison infinitive –be : buióbe « servir, suivre » ; matthô-be « manier » ; naróbe « #raconter une histoire » ; ortóbe « élever » ; phalsóbe « écumer » ; pharóbe (anciennement spharóbe) « chasse[r] » ; phuióbe « ressentir du dégoût envers, abhorrer », puióbe « cracher » ; rostóbe « évider, excaver » ; wattóbe « souiller, salir ». (Naróbe est en fait glosé « il raconte une histoire », mais cela ne peut guère être une forme à la troisième personne au présent.) À la lumière de ces exemples, il nous faut conclure que parthóbi « arranger, composer » est probablement une erreur de lecture pour #parthóbe.

Le passé

Le corpus contient seulement trois exemples du passé : lende « voyagea » (dérivé du radical LED, les autres formes ne sont pas attestées, mais voir l’infinitif etledie « partir au loin, aller en exil », qui est essentiellement le même verbe, avec ajout du préfixe et- « dehors »), narne « #raconta une histoire » (infinitif naróbe) et ndanke, passé de ndakie « abattre, tuer ». Les passés lende et ndanke sont formés par infixation nasale de leur radical (LED, NDAK), une méthode aussi attestée en quenya (de fait, lendë est également un mot quenya, ayant la même signification). Narne présente la terminaison passée –ne, également présente en quenya.

Le présent

Un exemple possible pour le présent est le mot persôs « cela affecte, concerne ». La terminaison –s semble être un suffixe pronominal « ça, cela ». Sans celui-ci, le verbe pourrait apparaître sous la forme #persa « affecte, concerne » (puisque la terminaison verbale primitive –â, comme tout autre –â deviendrait –a plutôt que ô lorsqu’elle est finale).

L’aoriste (?)

Il existe quelques verbes présentant une terminaison en –e, ou –i lorsqu’il est suivi d’une autre terminaison ; il semblerait s’agir de la même forme que celle ayant été identifiée comme aoriste en quenya, avec les mêmes terminaisons : yurine « je cours » (où –ne = « je ») et trenare « il raconte ». « Il court » et « je raconte » seraient probablement #yure, #trenarine.

3.4 Les Pronoms

Seules deux terminaisons pronominales sont attestées : -s « ça, cela » dans persôs « cela affecte, concerne » (terminaison qui est aussi attestée en quenya) et –ne « je » dans yurine « je cours ». Cette dernière terminaison pourrait être apparentée au quenya –nyë (puisque les anciens #ny, #nj deviennent n en lindarin commun, l’ancêtre du telerin et du vieux sindarin). Alternativement, cette terminaison pourrait représenter un –ni primitif, c’est-à-dire le radical de la première personne du singulier NĪ-2 « je » utilisé comme terminaison7). À l’évidence, la troisième personne du singulier pourrait être exprimée au moyen du seul radical verbal, comme dans trenare « il raconte, relate jusqu’à la fin », où aucun élément pronominal ne semble être présent.

Voir aussi

Sur Tolkiendil

Sur le net

1) N.d.T. : si cette affirmation était vraie lorsque Fauskanger écrivit cet article, ce n’est désormais plus le cas. En effet, le terme Old Sindarin « vieux sindarin » est attesté au moins une fois dans les écrits de Tolkien ; cf. PE 17, p. 131.
2) N.d.T. : la version originale a ku, kua, suite à une erreur de lecture du manuscrit publié dans La Route Perdue. Voir l’entrée kukua dans le lexique.
3) N.d.T. : la traduction française corrige ces erreurs.
4) N.d.T. : voir néanmoins le chapitre III-6. Traces du marqueur pluriel « -m » de l’essai de Roman Rausch Enquête sur la langue telerine, où plusieurs exemples tardifs d’utilisation de pluriels en -m, -n sont recensés en lien avec des mots telerins. Le VT 47, p. 24, liste le mot sindarin leben « cinq », supposé dériver de l’eld. com. lepem, comportant la terminaison plurielle -m.
5) SD, p. 128-129
6) UT, p. 317
7) RP, p. 431
 
langues/langues_elfiques/vieux_sindarin/elfique_primitif_gris_elfique.txt · Dernière modification: 02/05/2021 18:35 par Elendil
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