Le hobbitique

 Trois Anneaux
David Giraudeau — Septembre 2005
Articles de synthèse : Ces articles permettent d’avoir une vue d’ensemble du thème traité mais ils nécessitent une bonne connaissance des principales œuvres de J.R.R. Tolkien.

Pour plus d’informations sur les abréviations, consulter la liste des abréviations les plus couramment employées.

La langue parlée par les Hobbits

a- Vision externe

A l’époque de l’écriture du Seigneur des Anneaux, Tolkien imagina d’abord les Hobbits comme parlant une langue propre, différente du parler commun, une sorte de « hobbitique ». Il concevait alors le parler commun ou occidentalien (angl. Westron) comme directement issu de la langue des Elfes de l’Ouest. Cette conception évolua au fil de l’élaboration du Seigneur des Anneaux pour aboutir finalement à une langue d’origine humaine (bien qu’influencée par les langues elfiques) parlée par tous les habitants de la Terre du Milieu : le sôval phâre (littéralement « langue commune »).

b- Vision interne

Cet élément a été publié dans le magazine
L'Arc et le Heaume n°1 - Les Hobbits.

L'Arc et le Heaume n°1 - Les Hobbits

Nous ne disposons d’aucun document indiquant que les Hobbits aient parlé une langue de leur invention. Avant leur migration vers l’Eriador, ils parlaient une langue nordique proche du rohirique (ou rohanais).

Les Hobbits migrèrent en Eriador vers 1050 T.Â., probablement chassés par l’Ombre qui s’étendait alors sur Vert-Bois-Le-Grand (rebaptisé à cette époque la Forêt Noire). Ils adoptèrent par la suite le parler commun et oublièrent peu à peu leur ancienne langue, bien que certains mots lui soient encore affiliés comme nous le verrons par la suite. Le Clan des Forts (angl. Stoors) adopta, semble-t-il, une langue dunlandaise (langue des Hommes du Pays de Dun) avant d’immigrer dans la Comté vers 1650 T.Â. et ainsi adopter également le parler commun.

À la fin de la Guerre de l’Anneau, soit près de 2000 ans après le début de la migration des Hobbits, le parler commun avait évolué en un dialecte régional ou géolecte. Cette évolution est signifiée dans le Seigneur des Anneaux, où l’on découvre que le gardien de la porte de Bree reconnaît les quatre Hobbits à leur façon de parler : « Des Hobbits ! Quatre Hobbits ! Et, qui plus est, de la Comté, d’après leur parler, dit le gardien à mi-voix, comme se parlant à lui-même. »1), de même que les Gondoriens trouve un fort accent aux Hobbits de la Comté et du Pays de Bree. Édouard Klozcko compare cette différence à celle que nous ferions entre le français parlé en France et celui usité au Québec.

« Les Hobbits parlaient pour la plupart un idiome rustique, tandis qu’au Gondor et au Rohan, on utilisait une langue plus ancienne, plus formelle et plus concise »2). Ces différences linguistiques amènent à d’étranges situations. Ainsi, les Hobbits ayant pris l’habitude de se tutoyer entre eux, le vouvoiement était quelque peu tombé en désuétude dans leur parler. Peregrin Touque (Pippin) se permit, par exemple, de tutoyer Denethor II, ce qui amusa sûrement le vieil Intendant et accrédita les rumeurs selon lesquelles Pippin était issu de quelque haute lignée.

Les Hobbits : leurs noms

Les Hobbits sont de la race des Hommes, comme les définit Tolkien dans ses Lettres : « variété de petite taille de l’espèce humaine»3)

Une note postérieure au Seigneur des Anneaux incluse dans les Contes et légendes inachevés4), explique que leur petite taille serait due à la nécessité de se cacher des autres et à devenir un peuple « traqué et secret ». D’autre part, on y découvre que la dénomination de « Semi-hommes » leur aurait été attribuée par les Númenoréens. En effet, même après la Submersion de Númenor et le début de leur déclin, les Númenoréens ou Dúnedain en sind. (lit. « Hommes de l’Ouest » [Dún-edain]) pouvaient encore mesurer jusqu’à 2 mètres. Ce qui, au regard des standards de taille chez les Hobbits (0,60 à 1,20 m), convient tout à fait.

Voici la liste des noms donnés aux Semi-hommes :

  • Banakil s. ph. « Semi-Homme » (lit. [Bana-kil]). Pour plus d’informations, voir l’Appendice F et The Peoples of Middle-earth, p. 83.
  • Halfling, pl. Halflings, « Semi-Hommes », nom employé par les Hommes.
  • Hobbit, pl. Hobbits, néologisme angl. correspondant au s. ph. Kuduk employé par les Semi-Hommes pour désigner ceux de leur race. Ce mot dérive du roh. Holbytla.
  • Holbytla pl. Holbytlan roh. « fouisseur, bâtisseur de souterrains », étymon de Hobbit, probablement issu de la combinaison des mots du v. angl. hol « orifice, endroit creux » et bitan « mordre » (étymon de l’angl. bite) ou beatan « battre » (étymon de l’angl. beat).
  • Kuduk nom s. ph. exclusivement employé par les Hobbits pour désigner ceux de leur race. Ce mot dérive du roh. Kûd-dûkan « habitant de trou ». Pour plus d’informations, voir l’Appendice F et The Peoples of Middle-earth, p. 69.
  • Perian pl. Periain, pl. géné. Periannath sind. « Semi-Hommes », terme employé par les Elfes.

De la traduction

L’appendice F ainsi que les brouillons qui s’y rapportent dans The Peoples of Middle-earth nous font découvrir un travail d’orfèvre. En effet, Tolkien n’a pas laissé tels quels les mots inventés dans ses langues apparentées au parler commun, mais a cherché à les traduire dans toutes les nuances que la langue anglaise lui offraient : « Seules les langues étrangères au Parler Commun ont été laissées sous forme originelle »5). Ainsi on constate, par exemple, que les mots issus du parler commun ont été transposés en anglais moderne, et ceux plus archaïques de la langue nordique (parlée autrefois par les Hobbits) ou de celle des Rohirrim ont été traduits par le vieil anglais.

Il est intéressant de rappeler ce que Tolkien écrivit dans une note datée du 9 février 1942 présentée dans The Peoples of Middle-earth :

Language of Shire = Modern English
Language of Dale = Norse (used by Dwarves of that region)
Language of Rohan = Old English
‘Modern English’ is lingua franca spoken by all people (except a few secluded folk like Lórien) – but little and ill by orcs.

Bien qu’il s’agisse d’un brouillon, cela préfigurait déjà beaucoup ce qui allait advenir.

En faisant ce choix, Tolkien comptait rendre, quoique de manière moins subtile, les différences entre les langues de son univers, donnant par exemple aux langues elfiques un statut proche de notre latin. Cette technique permet au lecteur (anglophone tout du moins…) de s’approprier le parler commun, de se rendre compte que le rohirique est une langue plus ancienne et que le sindarin (inscription de la porte Ouest de la Moria) ou le quenya (poème d’adieu de Galadriel) paraissent plus « antiques » encore.

Tolkien s’explique de ce choix en donnant l’exemple de Fondcombe (angl. Rivendell), nommée en s. ph. Karningul et en sind. Imladris. Ces deux noms, s’ils avaient été laissés tels quels, auraient paru d’égale ancienneté au lecteur alors que leur emploi diffère autant que celui de Winchester pour l’ancienne Camelot.

Il est difficile de traduire l’esprit d’un livre écrit spécifiquement pour la langue anglaise (et ses ancêtres). Une traduction de qualité aurait sûrement nécessité la contribution de Tolkien. La version française ne rend pas hommage à cette recherche linguistique et de nombreux choix se sont révélés erronés, en particulier concernant les noms des personnages, les toponymes et les appendices.

Les jours et les mois

« Et à cette époque aussi ils oublièrent les langues qu’ils pouvaient avoir parlées antérieurement, pour adopter dorénavant le parler ordinaire, nommé ouistrain […] Ils conservèrent néanmoins quelques mots à eux, ainsi que leurs propres appellations pour les mois et les jours et un grand fond de noms personnels du passé. »6)

a- Les jours de la semaine

Après leur migration, les Hobbits adoptèrent la semaine d’origine númenoréenne divisée en sept jours. Mais ils ne conservèrent pas l’usage des noms elfiques. À leur place, ils se mirent à employer des termes de leur invention.

De ces termes, nous connaissons deux états. Le premier et le plus ancien nous est transmis par le Livre de Raison de Bourg de Touque (angl. Yearbook of Tuckborough soit littéralement « Annuaire de Bourg de Touque »). Cet ouvrage, surnommé « Peaujeaune » (angl. Yellowskin) en raison de la couleur de sa couverture, recensait les évènements marquants dans la famille Touque (naissances, décès, mariages) ainsi que d’autres faits tels les ventes de terres ou les évènements survenus dans la Comté. Il présente, sous une forme archaïque, les sept jours de la semaine hobbite. Le deuxième état est bien sûr celui en usage à l’époque de la Guerre de l’Anneau présenté dans l’Appendice D.

Jours de la semaine
Signification Semaine númenoréenne Semaine hobbite Forme française
Forme quenya Forme sindarine Forme archaïque Forme en usage
Jour des Étoiles Elenya Orgilion Sterrendei Sterday samedi
Jour du Soleil Anarya Oranor Sunnendei Sunday dimanche
Jour de la Lune Isílya Orithil Monendei Monday lundi
Jour de l’Arbre Aldea Orgaladh Trewsdei Trewsday mardi
Jour du Ciel Menelya Ormenel Hevensdei Hevensday (Hensday) mercredi
Jour de la Mer Earenya Oraeron Meresdei Mersday jeudi
Jour des Valar Tárion Orbelain Highdei Highday vendredi

N’ayant pu trouver aucune étude sérieuse sur la forme hobbite (archaïque ou en usage) des noms de jours, je me suis hasardé à rechercher de possibles origines à ces néologismes. Ces hypothèses sont le fruit d’un travail personnel d’amateur, non celui d’un professionnel. Le lecteur est donc invité à parcourir les lignes suivantes avec précaution. Je ne saurais, par ailleurs, trop conseiller à toute personne intéressée de la chose de faire, par elle-même, des recherches plus approfondies.

  1. Sterrendei / Sterday : on peut imaginer dans l’élément sterr- la présence du v. angl. steorra, étymon7) de l’angl. star « étoile », ou peut-être faut-il rechercher plus loin, avec les formes *sterron ou *sternon issues de l’ancêtre des langues germaniques (anglais y compris), ou plus simplement l’allemand stern. À noter que dans ses brouillons, Tolkien proposa un temps la déformation de Sterday en Stirday, rappelant que la signification de ce nom aurait été perdue avec le temps et que les Hobbits l’auraient assimilé à l’angl. stir « s’agiter » puisqu’il s’agit du premier jour de la semaine, équivalent à notre lundi.
  2. Sunnendei / Sunday : v. angl. sunne, étymon de l’angl. sun « soleil ».
  3. Monendei / Monday : v. angl. mona, étymon de l’angl. moon « lune ».
  4. Trewesdei / Trewsday : v. angl. treo / treow « arbre, bois », étymon de l’angl. tree « arbre ».
  5. Hevensdei / Hevensday : l’étymon v. angl. heofon de l’angl. heaven ne semble pas très approprié, le bas allemand heben pourrait avoir influencé le choix de Tolkien. Ou plus simplement, Tolkien aurait retiré le -a- de l’angl. heaven.
  6. Meresdei / Mersday : v. angl. mere « mer, océan, lac », étymon de l’angl. mere « étang, petit lac ».
  7. Highdei / Highday : angl. high « haut ».

La terminaison -day des noms en usage à l’époque de la Guerre de l’Anneau nous ramène sans doute possible à l’angl. day « jour ». Quant à la terminaison archaïque -dei, son origine anglaise est peu probable étant donné que le mot day est issu du v. angl. daeg et non du latin dies (pl. dei). Au regard du travail de « traduction » mené par Tolkien, il ne semble pas déraisonnable de penser que la terminaison -dei est un étymon imaginaire de -day, peut-être une forme qu’il aurait pu avoir en vieil anglais.

Christopher Tolkien fait remarquer dans The Peoples of Middle-earth que son père semble avoir pris un plaisir particulier à faire « rimer » les noms des jours de la semaine hobbite avec ceux de la semaine anglaise soit :

Trewesday / Tuesday
Hevensday / Wednesday
Mersday / Thursday
Highday / Friday

Sans parler du simple fait que Sunday et Monday soient tous simplement homophones et homonymes. Son père lui expliqua qu’il ne s’agissait là que d’une simple coïncidence, mais connaissant les jeux linguistiques alambiqués du professeur, le lecteur est en droit de se poser des questions !

b- Les mois

Noms des mois
Forme française La Comté Pays de Bree
Janvier Afteryule Frery
Février Solmath
(aussi prononcé et écrit Somath)
-
Mars Rethe Chithing
(employé dans le Quartier Est)
Avril Astron -
Mai Thrimidge -
Juin Forelithe Lithe
Juillet Afterlithe Mede
Août Wedmath -
Septembre Halimath Harvestmath
(employé dans le Quartier Est)
Octobre Winterfilth Wintring
Novembre Blotmath Blooting
Décembre Foreyule Yulemath

En 1978, Jim Allan présentait déjà dans An Introduction to Elvish une étude sérieuse de l’origine des noms des mois du calendrier de la Comté. On retrouve les mêmes éléments d’étude près de 25 ans plus tard dans l’Encyclopédie de la Terre du Milieu, tome IV, d’Édouard Kloczko.

1 - Afteryule : v. angl. æfter-Geola « après le jour de Noël / le solstice d’hiver ». Ce mois est celui qui suit la fête de la mi-hiver et marque le début du nouvel an chez les Hobbits. Le terme Yule peut être employé en anglais moderne à la place de Christmas « Noël ».

1bis - Frery : v. angl. freorig « gelé, glacé », proche de frimaire, mois de notre calendrier républicain. Nom donné au premier mois de l’année dans le Pays de Bree.

2 - Solmath : v. angl. sol-monað « mois boueux ». Le v. angl. monað est l’étymon de l’angl. month « mois » et à l’origine de la terminaison -math de certains mois.

3 - Rethe : v. angl. Hreð-monað. Bède le Vénérable, un historien du VIIe siècle de notre ère, affirme dans De Temporium Ratione que Hretha était le nom d’une déesse.

3bis - Chithing : v. angl. ciðing « germant », proche de germinal, mois de notre calendrier républicain. Nom donné au quatrième mois de l’année dans le Pays de Bree.

4 - Astron : v. angl. Eastron étymon de l’angl. Easter « Pâques ». Bède nommait ce mois Eosturmonath et déclarait qu’Eostre était le nom d’une déesse.

5 - Thrimidge (anciennement Thrimilch, parfois écrit Thrimich): v. angl. þri-milce « trois laits ». Bede déclarait qu’à cette époque de l’année les vaches pouvaient être traites jusqu’à trois fois par jour.

6 - Forelithe : v. angl. ærra-Liða « avant Liða ». Selon Jim Allan, le mot Liða signifiait probablement à l’origine « lune ». Ce qui désignerait alors la nouvelle lune avant et après le solstice d’été. Édouard Klozcko nous explique que le v. angl. liða correspondait chez les Anglo-Saxons à nos mois de juin et juillet, le Lithe étant chez les Hobbits la fête de la mi-été.

6bis - Lithe : v. angl. Liða. Nom donné au sixième mois de l’année dans le pays de Bree.

7 - Afterlithe : v. angl. æfter-Liða « après Liða ».

7bis - Mede : v. angl. mœd « plaine » étymon de l’angl. meadow « pré, prairie », Édouard Kloczko présente aussi le mercien med. Nom donné au septième mois de l’année dans le Pays de Bree.

8 - Wedmath : v. angl. weod-monað « mois de l’herbe ». weod est l’étymon de l’angl. weed « mauvaise herbe ».

9 - Halimath : v. angl. halig-monað « mois saint ». Jim Allan nous explique que « Bède déclare que c’était le mois pour faire des sacrifices » alors qu’Édouard Klozcko écrit que « C’était un mois consacré aux divinités païennes, selon Bède ».

9bis - Harvestmath : v. angl. hærfest-monað « mois des récoltes ». Nom donné au neuvième mois de l’année dans le Pays de Bree.

10 - Winterfilth : v. angl. winter-fylleð « hiver complet ». Chez les Anglo-Saxons, ce mois marquait le début de l’hiver et la fin de l’année.

10bis - Wintring : mot signifiant « hivernal » (angl. wintry) formé à partir de winter. Nom donné au dixième mois de l’année dans le Pays de Bree.

11 - Blotmath : v. angl. blot-monað « mois des sacrifices ». Des animaux étaient sacrifiés durant ce mois pour bien passer l’hiver. Aussi prononcé Blommath ou Blodmath par confusion avec l’angl. blood « sang » (issu du v. angl. blod).

11bis - Blooting : v. angl. blot « sacrifice ». Nom donné au onzième mois de l’année dans le Pays de Bree.

12 - Foreyule : v. angl. ærra-Geola « avant le jour de Noël / le solstice d’hiver ».

12bis - Yulemath : v. angl. Geola-monað « mois de Yule (de Noël) ». Nom donné au douzième mois de l’année dans le Pays de Bree.

Jim Allan nous apprend que Yulemath et Harvestmath sont de véritables noms de mois en vieil anglais.

Noms de famille & prénoms

a- Noms de famille

Tolkien décida de traduire les noms de famille hobbits afin de les rendre plus « familiers » aux oreilles de ses lecteurs (anglophones tout du moins). Voici la liste des noms de famille traduits par Tolkien :

Bolgra n. pr. nom de famille anglicisé en Bolger. [PM, p. 48]

Bophîn n. pr. nom de famille anglicisé en Boffin (fr. Bophin), la tradition familiale voulait qu’il signifie « qui rie à gorge déployée ». [App. F ; PM, p. 48]

branda n. frontière, marche. [App. F]

Brandagamba n. pr. « Bouc [du pays] frontalier » (lit. [Branda-gamba]), nom que se mirent à porter les Zaragamba quand ils colonisèrent la rive droite de la Branda~nîn (vers 2340 T.Â.), angl. Brandybuck, francisé en Brandebouc. [App. F ; PM, p. 84]

Galbas n. pr. nom de famille anglicisé en Gammidge. [PM, p. 49]

Galbasi n. pr. surnom du Hobbit Hob Gammidge, anglicisé en Gammidgy. [App. F]

Galpsi n. pr. nom de famille, angl. Gamgee, fr. Gamegie. [App. F]

gamba n. chèvre, bouc. [App. F]

Hlothram n. pr. nom de famille, angl. Cotman. [App. F]

Hlothran n. pr. nom de famille, angl. Cotton. [App. F ; PM, p. 51]

Labingi n. pr. nom de famille, angl. Baggins, fr. Sacquet. [PM, p. 48]

Raspûta n. pr. « qui souffle dans un cor » (lit.), angl. Horn-blower, fr. Sonneur-de-Cor ou Sonnecor. [PM, p. 45, 47]

Tûk n. pr. angl. Took, fr. Touque. D’après la tradition familiale, leur nom serait issu d’un ancien mot hobbit signifiant « hardi, téméraire, courageux », mais il ne s’agit là que d’une tradition sans réels fondements. [App. F ; PM, p. 46, 48, 58]

Zaragamba n. pr. « vénérable bouc » (lit. [Zara-gamba]), angl. Oldbuck. [App. F]

Zilbirâpha 1. n. Bot. chapelière ou pétasite. 2. n. pr. employé à Bree, angl. Butterbur. [PM, p. 52, 70]

b- Prénoms

Les prénoms hobbits peuvent être classés en 5 catégories :

  1. Les prénoms issus des légendes des Hobbits et des Hommes, tels Bandobras, Fredegar ou Menelgilda. Ces prénoms sont spécifiques à certaines anciennes familles aristocratiques, comme les Touque ou les Bolger. La plupart de ces prénoms se trouvent dans l’arbre des Touque de l’Appendice C.
  2. Les prénoms courts sans signification particulière. Selon les normes du parler hobbit, les prénoms masculins se terminaient en -a et ceux féminins se terminaient en -o ou en -e. Ils ont généralement été anglicisés en -o (Bilbo, Frodo) pour les prénoms masculins et en -a pour les prénoms féminins (Dora, Belba).
    La plupart se trouvent dans l’arbre des Sacquet de l’Appendice C.
  3. Les prénoms courts issus du v. angl. ou de langues apparentées (Samwise, Hamfast, Barliman). La plupart de ces prénoms se trouvent dans le Grand-Arbre aux Aïeux de Maître Samsagace de l’Appendice C.
  4. Prénoms issus de noms de fleurs et de pierres précieuses (Lily, Rose, Diamond, Ruby). Cette coutume était adoptée par l’ensemble des Hobbits, toutes familles confondues. Les prénoms ainsi donnés étaient exclusivement féminins.
  5. Prénoms à consonance vaguement celtique tels Bombadil, Gormadoc, Kalimac. Ces prénoms sont particuliers au Pays de Bouc, apparemment dérivés de la langue des Forts du Sud. Hormis pour Bombadil et Kalimac, ces prénoms se trouvent tous dans l’arbre des Brandebouc de l’Appendice C. Aucun prénom féminin de ce type n’a été attesté dans le corpus.
« En fait, les gens du Maresque et du Pays de Bouc, à l’est de la rivière, qu’ils occupèrent par la suite, arrivèrent pour la plupart postérieurement dans la Comté, venant du sud ; et ils ont encore maints noms particuliers et maints mots étranges qui ne se rencontrent pas ailleurs dans la Comté. »8)

Cette classification en cinq catégories est issue de An Introduction to Elvish. Pour plus d’informations, quant à la signification en v. angl. de certains prénoms notamment, consulter An Introduction to Elvish. Voici ceux des prénoms qui furent donné par Tolkien en parler commun :

Arambil prén. m. son étymologie est inconnue, il est souvent abrégé en Bil. [PM, p. 51]

ba- préf. demi, à moitié. [PM, p. 51]

ban- préf. demi, à moitié. [PM, p. 51]

Ban prén. m. diminutif du prénom Bannâtha, excepté pour Ban Galpsi (fr. Sam Gamegie) où Ban renvoie alors au prénom Banazîr. [App. F ; PM, p. 51]

banazîr adj. « à moitié sage » (lit.), simplet (mot obsolète dans la Comté). [App. F]

Banazîr prén. m. « à moitié sage » (lit.), fr. Samsagace (angl. Samwise), abrégé en Ban. [App. F]

Bannâtha prén. m. son étymologie est inconnue, il est souvent abrégé en Ban. [PM, p. 51]

Barabatta prén. m. bavard, grand parleur (angl. quick-talker, babbler), traduit par le prénom Barnanas. Prénom donné à l’origine à l’aubergiste du Poney Fringant, changé par la suite en Barliman. [PM, p. 52]

Batti prén. m. diminutif du prénom Barabatta, traduit par le prénom anglais Barney. [PM, p. 52, 60]

Bil prén. m. diminutif des prénoms Bildad, Bilkuzal et Arambil. [PM, p. 51]

Bilba prén. m. prénom sans signification anglicisé en Bilbo. [PM, p. 50]

Bildad prén. m. prénom porté par la famille Bolgra, anglicisé en Bolger. [PM, p. 51, 70]

Bunga prén. m. prénom sans signification, anglicisé en Bungo. [PM, p. 46, 48]

Hamanullas 1. n. Bot. espèce de petite fleur bleue. 2. prén. f. angl. Lobelia, fr. Lobelie. [PM, p. 47]

Mat prén. m. diminutif des prénoms Mattalik et Matta. [App. F ; PM, p. 51]

Matta prén. m. prénom abrégé en Mat. [App. F]

Mattalik prén. m. prénom abrégé en Mat. [PM, p. 51]

Maura prén. m. angl./fr. Frodo. Ce prénom est apparenté au roh. maur « sage, expérimenté », il a été traduit par Frodo en angl. car il contient le v. angl. frod « sage ». [PM, p. 50]

Ranugad prén. m. prénom abrégé en Ran, angl./fr. Hamfast. [App. F]

ranugad adj. « qui reste au village » (lit.), casanier. [App. F]

Razanur n. pr. nom d’un voyageur légendaire chez les Hobbits. [PM, p. 51]

Razanur prén. m. angl. Peregrin, fr. Peregrïn, abrégé en Razar (Pippin). Notez la ressemblance avec l’angl. pipin « pépin » et la signification du s. ph. razar. [PM, p. 51]

razar n. sorte de petite pomme rouge. [PM, p. 51]

Razar prén. m. diminutif du prénom Razanur, angl./fr. Pippin. [PM, p. 51]

Tim prén. m. diminutif du prénom Tolma. [App. F]

Tôbi prén. m. diminutif du prénom Tobias, angl./fr. Toby. [PM, p. 51]

Tobias prén. m. angl./fr. Tobold, abrégé en Tôbi. [PM, p. 51, 69, 70]

Tom prén. m. diminutif des prénoms Tomba, Tomakka & Tombûran. [App. F ; PM, p. 51]

Tomakka prén. m. angl. Tolman. [PM, p. 51]

Tomba prén. m. [App. F]

Tombûran prén. m. [PM, p. 51]

zâra adj. vieux, vénérable. [PM, p. 51]

Zâra-tôbi prén. m. angl. Old Toby, fr. Vieux Toby. [PM, p. 51]

zîra adj. intelligent, sage. [PM, p. 51]

Le prénom Kalimac – plus connu sous la forme Meriadoc - n’entre pas dans cette liste. En effet, il s’agit d’un prénom originaire du Pays de Bouc et non du parler commun. Ce prénom n’avait pas de signification particulière mais était abrégé en Kali soit « gai, joyeux » en s. ph. d’où sa traduction anglaise en Meriadoc et Merry.

Voici donc les noms et prénoms des plus fameux Hobbits du Seigneur des Anneaux :

Forme anglaise Forme française Forme sôval phâre
Bilbo Baggins Bilbo Sacquet Bilba Labingi
Frodo Baggins Frodo Sacquet Maura Labingi
Samwise (Sam) Gamgee Samsagace (Sam) Gamegie Banazîr (Ban) Galpsi
Meriadoc (Merry) Brandybuck Meriadoc (Merry) Brandebouc Kalimac (Kali) Brandagamba
Peregrin (Pippin) Took Peregrïn (Pippin) Touque Razanur (Razar) Tûk

Anciens mots et noms dans la Comté

« Il [Meriadoc Brandebouc] écrivit un court traité des Anciens mots et noms dans la Comté où il montrait un intérêt particulier à découvrir la parenté avec la langue des Rohirrim de “mots de la Comté”, tels que mathom et d’anciens éléments dans les noms de lieux. »9)

a- Les Anciens Mots

  • Hobbit ce mot a déjà été présenté au début de cet article. Il s’agit d’un néologisme anglais de Tolkien afin de traduire le s. ph. Kuduk. Dans son travail de traduction, Tolkien assimila donc Hobbit au s. ph. Kuduk, ces deux mots possédant respectivement les formes plus anciennes Holbytla et Kûd-dûkan. Le premier est un néologisme en v. angl. qui traduit l’archaïsme de la langue du Rohan et du terme roh. Kûd-dûkan. Holbytla est donc l’étymon de Hobbit, la traduction du s. ph. Kuduk. Pour plus d’informations sur le mot Kuduk voir l’Appendice F et The Peoples of Middle-earth, p. 69.
  • mathom ce mot désigne un objet inutile mais dont on ne veut pas se séparer, souvent un cadeau. Tolkien s’est servi du v. angl. maðum « chose de grande valeur, souvent un cadeau » comme étymon. Il est traduit par le s. ph. cast, forme proche du roh. castu. Pour plus d’informations sur le mot cast, voir l’Appendice F et The Peoples of Middle-earth p. 53.
  • Stoor(s) (fr. Fort(s)) On retrouve dans ce terme non pas du v. angl. mais le scandinave stór- « grand, fort » qui donne leur nom aux Stoors. Ce mot du dialecte hobbit fut emprunté par les Forts à la langue des Hommes de Dale (le dalien) près desquels ils vivèrent un temps. Le mot dalien correspondant est Tung. Tolkien exprime ainsi une différence entre le rohanais (le vieil anglais) et le dalien (le scandinave, plus au Nord). Pour plus d’informations sur le mot Tung, voir The Peoples of Middle-earth, p. 53.
  • smial mot imaginé à partir du v. angl. smygel « trou, terrier ». Soit le s. ph. trân et le roh. trahan, voir aussi Sméagol et Déagol.
  • Déagol ce nom est sensé être un équivalent v. angl. de Nahald, un nom d’une langue des Hommes du Val de l’Anduin signifiant « capable de se cacher, mystérieux ».

b- Noms dans la Comté

Tolkien a, comme pour les noms et prénoms hobbits, effectué un travail de traduction du sôval phâre vers l’anglais. Mais il ne s’est pas contenté de cela. Ainsi le philologue malicieux que l’on connaît a pris plaisir, comme à son habitude, à des jeux linguistiques sur certains de ces toponymes. Voici quelques uns d’entre eux.

  • Bralda-hîm s. ph. « bière enivrante ». Il s’agit du nom donné par les Hobbits à la rivière Baranduin. La ressemblance entre les deux noms (hobbit et sindarin) parle d’elle-même. Mais alors que le nom sind. officiel Baranduin signifie « Rivière Brune », le s. ph. Bralda-hîm est plus imagé. En effet, les Hobbits comparaient la couleur et l’écume de la rivière à celle de la bière.
  • Branda-nîn s. ph. « rivière frontalière ». Un autre nom plus formel pour cette rivière, qui rappelle son utilisation comme délimitation de la frontière orientale de la Comté.
  • Laban-neg s. ph. « Cul-de-Sac ». Ce nom n’est pas sans rappeler le nom de famille s. ph. Labingi, angl. Baggins, fr. Sacquet. Dans The Peoples of Middle-earth, nous découvrons que Tolkien nomma originellement ce lieu Labin-nec (> Laban-nec > Laban-neg).
  • Sûzat s. ph. « La Comté ». Édouard Klozcko nous explique que Tolkien s’est servi du norrois Sýsla pour créer le mot s. ph. Sûza « Comté ». Ce terme est issu du vocabulaire institutionnel de la Scandinavie médiévale et désignait le district qu’avait en charge un agent royal ou sýslu-maðr.
  • Thain ce terme semble provenir du v. angl. thegn qui désignait un homme dont le rang se trouvait entre celui des comtes (angl. earls) et des hommes libres (angl. freemen).
  • tharni s. ph. « Quartier [de la Comté] ». ce mot était employé dans ce sens par les Hobbits mais les Gondoriens l’employait pour désigner, dans leur unité monétaire, un quart de kastar.

Voici la liste des toponymes et mots associés traduits en s. ph. par Tolkien :

bas n. demeure, logement. [App. F ; PM, p. 48]

-bas suff. terme de toponymie employé dans la Comté pour traduit la terminaison anglaise -wick, -wich (v. angl. wic « village, hameau »). [App. F ; PM, p. 48]

bralda adj. enivrant, grisant. [App. F]

Bralda-hîm topo. « bière enivrante » (lit.), angl. Brandywine, fr. Brandevin, ce nom est un jeu de mots avec le nom elfique de la rivière (sind. Baranduin) et le fait que cette rivière avait une couleur et une écume rappelant la bière. [App. F]

brand(u-) n. écume. [PM, p. 54]

branda n. frontière, marche. [App. F]

Branda-nîn topo. « rivière de la frontière » (lit.), rivière délimitant la frontière orientale de la Comté, sind. Baranduin. [App. F ; PM, p. 84]

Galabas topo. village de la Comté, probablement dans le Quartier Ouest, angl. Gamwich. [App. C, App. F]

hloth n. habitation souterraine hobbite constituée de deux pièces, angl. smial. [App. F]

hlotho n. petite demeure constituée de deux pièces. [PM, p. 49]

Hlothran topo. village de la Comté, angl. Cotton. [App. F]

laban n. sac. [PM, p. 83]

Laban-neg topo. « Cul-de-Sac » (lit.), toponyme probablement influencé par le nom de famille Labingi (angl. Baggins, fr. Sacquet) qui y avait construit un smial. [PM, p. 83]

neg n. bout, fin. [PM, p. 83]

ran n. village, hameau. [App. F]

sûza n. comté, province, division territoriale des royaumes d’Arnor et de Gondor. [PM, p. 51]

Sûza topo. angl. Shire, fr. Comté. [PM, p. 51]

Sûzat topo. angl. The Shire, fr. La Comté. [PM, p. 45]

tharantîn n. 1. le quart de quelque chose. 2. un quart, un quartier. [PM, p. 45]

tharni n. 1. pièce de monnaie du Gondor valant un quart de kastar. 2. un des Quartiers de la Comté. [PM, p. 45]

trân n. habitation souterraine hobbite. [PM, p. 53]

Il reste enfin un dernier terme s. ph. qui n’a trouvé sa place dans aucun des paragraphes précédents :

ribadyan n. personne qui célèbre son anniversaire, angl. byrding. [L nº 214]

Ce terme nous est donné par Tolkien dans une de ses lettres10) où il explique en détails les origines de la tradition hobbite des cadeaux d’anniversaire.

Sources

Voir aussi

Sur Tolkiendil

Sur le net

1) Le Seigneur des Anneaux - Livre I - Chapitre 9
2) , 5) Le Seigneur des Anneaux, Appendice F II, Des problèmes de traduction
3) Lettres, nº 317 à R.W. Burchfield, 11 septembre 1970
4) Appendice au Désastre des Champs d’Iris, Les mesures linéaires númenoréennes
7) Étymon n. m. forme attestée ou reconstituée dont on fait dériver un mot.
9) Le Seigneur des Anneaux, Prologue, Note sur les archives de la Comté
10) Lettres, nº 214 à A.C. Nunn, fin 1958-début 1959
 
langues/langues_humaines/hobbitique/le_hobbitique.txt · Dernière modification: 06/05/2021 16:17 par Elendil
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