Tolkien Éclairer les TénèbresTolkien Éclairer les Ténèbres

Tolkien Éclairer les Ténèbres

Titre Tolkien Éclairer les Ténèbres
Scénaristes Willy Duraffourg et Flavia Caracuzzo
Illustrateur Giancarlo Caracuzzo
Publication 30 octobre 2019
Éditeur français Delcourt Soleil

Présentation de l'éditeur

Ce récit nous invite à découvrir J.R.R. Tolkien, homme secret, dont l’expérience traumatisante des champs de bataille de la Somme, durant la Première Guerre mondiale, a été le ferment de son œuvre la plus célèbre : Le Seigneur des anneaux. Cet album est constitué de 56 pages BD et d’une annexe regroupant une riche documentation.

Quelques images

L'avis des lecteurs

Jean-Rodolphe Turlin — janvier 2020

Cette bande dessinée biographique, relativement longue (82 pages), est parue à la même période que le projet de BD J.R.R. Tolkien et la Bataille de la Somme, Dans un trou sous la terre, des éditions A contresens.

On y trouve un narrateur à la première personne, qui n’est autre que J.R.R. Tolkien s’adressant visiblement à un interlocuteur qui n’est dévoilé qu’à la fin de l’ouvrage.

Le narrateur sillonne, à la manière d’un roman graphique, les étapes de sa propre jeunesse et son expérience de la guerre, dans un ordre strictement chronologique, même si l’argument de départ traite d’un épisode d’excès de fièvre qui entraîne le narrateur dans des souvenirs oniriques mais délirants de l’horreur des tranchées où, pêle-mêle, s’enchaînent sur un champ de bataille dévasté des figures maléfiques bien connues de la Terre du Milieu. Une façon d’insister d’entrée sur l’influence de l’expérience des combats de La Somme sur l'imaginaire de l’auteur.

D’une certaine façon, les auteurs sont proches du parti pris de Dome Karukoski dans son film inspiré de la jeunesse de Tolkien, mais sans prendre la grande liberté des chemins de traverse adoptée par le cinéaste. Au contraire, les auteurs se sont attachés à se rapprocher scrupuleusement, y compris par d’inévitables voies spéculatives — mais cohérentes et réalistes — de la biographie de Tolkien et de ses détails parfois méconnus.

Globalement, la lecture de cette bande dessinée est assez rythmée et plutôt agréable. Les scénaristes Flavia Caracuzzo et Willy Duraffourg ont en effet choisi de faire se succéder les épisodes biographiques à raison d’un par page, ou d’un pour deux pages, selon leur importance ou quand la forme de narration adoptée l’exige. Il y a même un épisode couvrant trois pages successives, celui d'un échange de correspondances entre Tolkien et ses amis, au milieu des “temps de pause” de la bataille, intelligemment et savoureusement mené, et rigoureusement authentique.

Quant au dessin de Giancarlo Caracuzzo, il est très accessible et relativement fluide.

La lecture de cette BD est donc agréable, renforcée par le souci de l’exactitude du détail qui peut flatter l’esprit du connaisseur. Par exemple l’évocation de Vincent Trought, membre fondateur du TCBS, mort prématurément en janvier 1912 et grand oublié des nombreuses évocations de la jeunesse de Tolkien. Autres exemples plaisants, la restitution fidèle de la maison de la Tante Jane à Gedling (à partir d’un dessin de Tolkien lui-même) ; la présence de la moustache d’officier, oubliée par les autres tentatives biographiques de 2019 ; la mention de la pression sociale (évoquée par Tolkien dans la lettre 43 à son fils Mickael en 1941)…

Cependant, il convient de signaler que cette BD comporte malheureusement pas mal d’erreurs, dues, à mon avis, à une volonté d'être exhaustifs de la part des auteurs. Mais cet objectif, ambitieux, a conduit à un inévitable emmêlement de pinceaux ici et là.

Il s'agit certes de détails, et — je le reconnais — de pinaillage pour spécialistes. Mais leur accumulation laisse un goût désagréable qui ne peut pas être totalement occulté.

Je pense, par exemple, à l’évocation d’un déménagement de Tolkien à Cheltenham. C'est un déménagement qui n’a en réalité jamais existé pour Tolkien, mais qui a pu être confondu par les auteurs avec le départ d’Edith à Cheltenham, à l’heure de la première séparation, tandis que Tolkien et son frère étaient contraints, sur l’injonction du père Morgan, de s’installer dans une pension à Highfield Road à Edgbaston.

Je pense également à l’épisode curieux du mariage et de l’absence du père Morgan à cet événement. Celui-ci a été célébré par un prêtre catholique de Warwick, le père Murphy, mais si le père Morgan a effectivement été prévenu tardivement par Tolkien de cette union, rien n’indique, ni dans les Lettres, ni dans la biographie de Carpenter, qu’il n’ait pas été présent sur place. L’inverse n’est certes pas précisé non plus, mais dans le doute, je trouve que l’aspect spéculatif de cet épisode est de trop, et j’ai eu du mal à en saisir l’objectif. D’une manière générale, le père Morgan est traité d’un point de vue très contemporain, sans tenir compte du contexte et des liens sociaux et moraux de l’époque. Dome Karukoski a fait la même erreur, décuplée par l’impact des images qui bougent, dans son « biopic ».

Quelques autres détails également, indiquent que le souci de l’exactitude n’a pas été étendu par les auteurs à tous les aspects de la jeunesse de Tolkien. Par exemple :

J’arrête là. Bref, des détails, sans doute peu visibles et sans conséquences sur le récit, comme je le précisais, mais ils s'accumulent à mesure que la lecture avance et abîment l'intention d'authenticité visiblement recherchée par les auteurs. Mais ce pinaillage ne doit pas brider le plaisir de lire cette bande dessinée globalement réussie, et agrémentée, dans les dernières pages de l’ouvrage, d’un cahier dédié aux inspirations de Tolkien et réalisée par Virginie Duchêne-Alliot (une éditrice parisienne). Ce cahier, bien fait et correct, cite abondamment des expressions tirées des ouvrages de références qui sont répertoriés dans la bibliographie à la fin du livre. C’est plutôt bien vu, et permet de terminer sur une note très positive.

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