Fabrication des noms dans les langues imaginaires

Les toponymes

par Marie-Claire Bally

Projet de classement organisé d’après les listes établies par C. Tolkien ; augmentées et modifiées par nos soins ainsi que d’après les liste établies personnellement.

Les toponymes connaissent un principe de formation analogue à celui des toponymes dans une langue naturelle : fabrications d’après les différentes caractéristiques géographiques, géologiques et humaines. Il faut bien sûr distinguer les noms elfiques des autres noms. Il est à remarquer que pour ses toponymes, J.R.R. Tolkien a utilisé un trait de formation des toponymes connu à savoir l’emploi de caractéristiques géographiques telles que hauteurs, rivières, vallées, criques ou toutes autres caractéristiques. Ce trait de fabrication semble être repris de celui de la formation habituelle des toponymes dans une langue naturelle tel que Charles Rostaing a pu le décrire dans son ouvrage les Noms de Lieux. Il semble qu’en français ou en anglais le processus soit le même, les toponymes pour une grande part sont formés à partir d’une observation attentive de la géographie environnante. Il faudra donc les classer, après le relevé précis des toponymes et les organiser selon leur principe de fabrication. Ces éléments de sindarin, langue dérivée du quenya1), une des langues que Tolkien prête à ses personnages-elfes, se retrouvent dans la plupart des toponymes du nord-ouest de la Terre du Milieu, endroit mythique de l’œuvre. En les relevant, en les analysant et en se fondant sur le lexique donné par Tolkien, il est facile de retrouver les éléments de formation.

Quelques éléments de sindarin, langue elfique inventée par Tolkien apparaissant fréquemment dans les noms de lieux du nord-ouest de la Terre du Milieu. Ces éléments sont facilement repérables dans de nombreux toponymes (voire patronymes ; essentiellement sous la forme « habitant de tel endroit ») ; ils permettent aussi de repérer la technique de fabrication utilisée par Tolkien.

Les différents noms de lieux sont exprimés en différentes langues car il s’agit d’assigner à chaque peuple vivant en Terre du Milieu un lieu de résidence : les centres habités de la Middle-earth* le sont par différents peuples : les Hobbits vivent dans la Comté (The Shire), les Elfes sans spécialité vivent dans la forêt de Mirkwood, les Elfes sages vivent en Lórien2) ; les Nains habitent le Mont de Dale et le Mont Solitaire3), les Hommes, eux, vivent à Minas Tirith et à Helm’s Deep*4). On trouve souvent diverses dénominations du même nom dans les nombreuses langues elfiques ou la langue gnomique, mais aussi en anglais, parfois appelé Westron (« ouistrain ») dans les ouvrages « elfiques » ou Common Speech (« langue commune ») dans les ouvrages plus « proches » de nous — dans le sens où l’action se passe dans un lieu plus humain et moins « elfique ». Nous utiliserons de préférence le terme anglais. On trouve aussi des termes latins, mais ceux-ci restent plus rares. Dans la mesure du possible, nous donnerons à chaque entrée sa langue de création et l’ouvrage d’origine où nous avons trouvé le toponyme pour la première fois, sans pour cela prétendre qu’on ne peut le trouver ailleurs. Pour plus de précisions sur les langues elfiques, il est conseillé de se reporter à l’introduction où nous avons donné l’historique de la plupart de ces langues.

L’utilisation de cet arbre dans l’univers de Tolkien n’est pas étonnante car l’orme est très connu dans la mythologie celte ; dans le Câd Goddeu ou Combat des Arbres, long poème chanté par le barde Taliesin, on trouve une bataille entre Hommes et troupes transformées en arbres. Ainsi on trouve chanté :

« ô, rois, j’exalte la vigne, son emportement,
Les ormes étaient ses pages partout la suivant. »

Ce Câd Goddeu ressemble fort à l’épisode du Seigneur des Anneaux où avant la bataille finale, la forêt des Ents (ces êtres végétaux anthropomorphes) se meuvent à la rencontre des ennemis.

1) N.d.É. : Affirmation foncièrement inexacte. Voir la page de présentation du sindarin pour plus de détails.
2) N.d.É. : Grossière simplification, les « Elfes sages » désignant les Noldor, ceux-ci vivent en majorité à Imladris ou aux Havres gris. Quand aux « Elfes sans spécialité », s’il s’agit des Sylvains, on les trouve également en Lórien, tandis que les Avari sont dispersés sur toute la Terre du Milieu.
3) N.d.É. : Le « Mont de Dale » n’existe évidemment pas. Dale est la ville humaine située au pied de la Montagne Solitaire. L’auteur oublie par contre les Collines du Fer.
4) N.d.É. : Sans oublier l’Eriador (notamment à Bree), le Rhovanion (Dale et Esgaroth sont deux villes d’importance), le reste du Gondor et du Rohan (dont Pelargir et Edoras), les contrées orientales et méridionales…
5) N.d.É. : Cette traduction de Dashiell Hedayat est évidemment fautive, un down anglais étant ce que l’on appelle généralement un « haut » en français, à savoir une colline arrondie.
6) N.d.É. : Nouvelle erreur de traduction de Dashiell Hedayat, ce terme signifiant en fait « excavation ».
7) N.d.É. : Au sens propre, il s’agit de l’île au cygne, comme l’indique à juste titre Andreas Möhn dans son article « Bombadil dans la Comté ».
8) N.d.É. : Le mot ent n’est nullement supposé être en entique. Étant en réalité un mot vieil anglais, il faut plutôt le considérer comme représentant un mot de westron archaïque ou de rohanais.
9) N.d.É. : La traduction d’Hedayat s’égare ici complètement. L’élément grind ici mentionné est en rapport avec un terme norrois désignant une claie. Se référer à Bombadil dans la Comté.
10) N.d.É. : Autre erreur d’Hedayat, hay devant ici se prendre dans le sens de « haie, barrière » ; cf. Bombadil dans la Comté.
11) N.d.É. : En réalité, ce terme signifie plutôt « Trous-prisons », traduction que l’on trouve dans le SdA.
12) N.d.É. : Toutes les éditions françaises commettent cette erreur de traduction, ce nom dérivant de Scire-burna « brillant-cours », selon les notes de Tolkien. Voir les Commentaires à l’essai « Bombadil dans la Comté ».
13) N.d.É. : La traduction correcte est bien sûr celle de Francis Ledoux : « Colline des Tours ».