Le Lai d'Aotrou et Itroun

9780008202132.jpgLe Lai d'Aotrou et Itroun

Titre originalThe Lay of Aotrou and Itroun
PublicationDécembre 1945
Novembre 2016
Édition réalisée par Verlyn Flieger (pour l'édition de 2016)
ÉditeurThe Welsh Review
HarperCollins
Titre françaisLe Lai d'Aotrou et Itroun
TraducteursBertrand Bellet & Aurélie Brémont
Publication française À paraître
Éditeur françaisBragelonne

par Bertrand Bellet

Le Lai d’Aotrou et Itroun (The Lay of Aotrou and Itroun) est un poème narratif de 505 vers, le plus long de ceux que J.R.R. Tolkien fit paraître de son vivant. Selon son biographe Humphrey Carpenter, sa composition remonte au début des années trente, le plus ancien manuscrit datant de septembre 1930. Le poème parut finalement en décembre 1945 dans la Welsh Review par les soins de Gwyn Jones, ami et collègue philologue de Tolkien. Il a été réédité par Verlyn Flieger en 2016.

Le sujet est tiré d’un thème folklorique européen. Jessica Yates a identifié la source de Tolkien dans la ballade bretonne An Aotrou Nann hag ar Gorrigan, tirée du Barzaz Breiz de Théodore Hersart de la Villemarqué, dont des textes analogues existent en scandinave, écossais et français. Tolkien imagine dans le Lai d’Aotrou et Itroun ce que pourrait être une version anglaise, mais modifie sensiblement le contenu en en faisant un poème hautement moral et chrétien.

En Bretagne, un couple seigneurial (aotrou et itroun signifient « seigneur » et « dame » en breton) est heureusement marié mais ne parvient pas à procréer. Désespérant d’avoir un jour un héritier, Aotrou recourt aux services d’une sorcière. Elle lui remet un philtre de fertilité en échange d’une récompense non précisée, dont elle retarde la remise après l’agissement de sa magie. Aotrou fait donner une fête pendant laquelle, à l’insu d’Itroun, il partage avec elle le philtre mélangé à une coupe de vin. Naissent deux jumeaux, garçon et fille. Aotrou tout joyeux promet à sa femme tout ce qu’elle désire à cet instant : venaison et eau fraîche. Il se met en chasse en forêt de Brocéliande. Lancé à la poursuite d’une biche blanche, il s’égare et arrive à une fontaine auprès de laquelle se tient la sorcière. Celle-ci réclame sa récompense : l’amour d’Aotrou. Comme celui-ci refuse de trahir son mariage, elle le voue à mourir sous trois jours. Il s’en remet à Dieu, mais est pris de malaise à son retour. Comprenant que la malédiction s’accomplit, il demande que l’on cache sa mort à Itroun. Celle-ci s’inquiète de plus en plus de l’absence prolongée de son mari, mais se heurte aux réponses évasives de ses serviteurs. Le jour venu d’accomplir ses relevailles (cérémonie de purification après une naissance), elle trouve à l’église le cercueil d’Aotrou. Elle ne tarde pas à mourir aussi, et le sort de leur progéniture est laissé en suspens. Le poème s’achève sur une prière et une invocation de la Vierge Marie Reine du Ciel.

Le poème se présente explicitement comme un « lai breton ». Le lai est une forme poétique d’origine française, mais d’ascendance peut-être celtique, désignant une courte composition chantée au son d’instruments à cordes, habituellement en octosyllabes à rimes suivies. Le sujet se rattache souvent à la matière de Bretagne, avec pour thèmes principaux l’amour et le merveilleux en premier lieu dans les lais narratifs de Marie de France, qui constituent le modèle du genre. Plus tard, le terme devait s’élargir et d’autres formes apparaître, tels les lais lyriques de Guillaume de Machaut. Les « lais bretons » des XIIIe et XIVe siècles sont des adaptations ou imitations en moyen anglais des lais narratifs français. Un exemple en est Sire Orfée, dont Tolkien fit une traduction moderne en vers (finalement publiée par son fils Christopher)1).

Tolkien s’inscrit consciemment dans cette tradition en reprenant maintes images typiques de la matière de Bretagne. Le style comporte quelques archaïsmes, mais reste très accessible. Le vers est un octosyllabe à rimes suivies, avec un emploi additionnel fréquent quoique non systématique de l’allitération. La narration est régulièrement coupée de ritournelles dont les variations soulignent la progression dramatique.

En 2016, le poème est réédité accompagné de ses brouillons et de textes afférents, ainsi que d'un commentaire de Verlyn Flieger.

Sommaire (édition anglaise commentée par Verlyn Flieger)

  • Epigraph
  • List of plates
  • Note on the Text by Christopher Tolkien
  • Introduction
  • Part I : The Lay of Aotrou and Itroun
    • The Lay of Aotrou and Itroun
    • Notes and Commentary
  • Part II : The Corrigan Poems
    • Introduction
    • 'The Corrigan' I
    • Notes and Commentary
    • 'The Corrigan' II
    • Notes and Commentary
  • Part III : The Fragment, Manuscripts Drafts and Typescript
    • The Fragment
    • The Manuscript Drafts
    • Aotrou & Itroun fair copy manuscript
    • Notes and Commentary
    • The Typescript
    • Commentary
  • Part IV : Comparative verses
    • Comparatives verses
    • Opening verses: Breton, French, English; Tolkien
    • Closing verses: Breton, French, English; Tolkien
  • Notes
  • Works cited
  • Acknowledgments

Quelques éditions

En français

 Pas de référence enregistrée

En anglais

Voir aussi sur Tolkiendil

1) Une traduction française par Bertrand Bellet, sous le titre Sire Orfée, est parue dans le hors-série 2012 de l’Arc et le Heaume.
 
tolkien/biblio/aotrou_et_itroun.txt · Dernière modification: 21/06/2020 12:34 par Druss
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