Philosophie, littérature et linguistique

« Mais le Langage ne peut quoi qu’il en soit être congédié. L’esprit incarné, la langue et le conte sont égaux dans notre monde. L’esprit humain, imparti des pouvoirs de généralisation et d’abstraction, ne voit pas seulement l’herbe-verte, la distinguant d’autres choses (et la trouvant belle au regard), mais voit qu’elle est verte tout autant qu’elle est herbe. Mais combien puissante, combien stimulante à la faculté même qui l’a produite, fut l’invention de l’adjectif : aucun sort ou incantation de Faërie n’a plus de pouvoir. Et cela n’est pas surprenant : ces incantations pourraient en effet être considérées comme une autre vue des adjectifs, une partie du discours dans une grammaire mythique. »1)
Les Monstres et les critiques et autres essais — « Du Conte de fées » — Les Origines

Broche elfique (© Ted Nasmith)

Tolkien n’a jamais explicité précisément sa philosophie linguistique. En revanche, il a souvent insisté sur l’importance qu’ont eu ses langues inventées sur ses récits et sur le lien nécessaire entre langue, mythologie et culture. C’est au travers des indications qu’il a laissées dans son œuvre qu’il est possible de reconstituer ses théories philologiques. Aucune interprétation littéraire de Tolkien ne peut passer outre cet aspect, vu les efforts incessants consacrés à l’élaboration de ces langues et l’entremêlement des récits et de l’histoire interne des langues elfiques. Cette section s’efforce donc de mieux cerner le rôle philosophique du langage chez Tolkien.

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Notes de lecture Notes de lecture : En tant que présentations ou compilations, ces articles sont les plus accessibles à tous les lecteurs. Aucune connaissance sur J.R.R. Tolkien n’est requise.

Articles de synthèse Articles de synthèse : Ces articles permettent d’avoir une vue d’ensemble du thème traité mais ils nécessitent une bonne connaissance des principales œuvres de J.R.R Tolkien.

Articles théoriques Articles théoriques : La maîtrise globale des écrits de J.R.R. Tolkien est nécessaire pour bien saisir la portée des articles de cette catégorie, les sujets étant analysés de façon poussée par leurs auteurs.

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Textes de Tolkien

Notes sur « Óre »

Lire l’article « Notes sur “Óre” »  Article théorique  Article théorique  Article théorique  Article théorique J.R.R. Tolkien — Juillet 2000
édité et annoté par Carl F. Hostetter

Parmi les papiers associés au « Schibboleth de Fëanor » se trouve une unique feuille dactylographiée, sans lien apparent avec ceux-ci mais leur étant très contemporaine. Elle est désormais située entre la dernière page dactylographiée de l’essai proprement dit et la première des pages manuscrites concernant les noms des fils de Fëanor ainsi que la légende de la mort du plus jeune de ceux-ci.
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Extraits du Parma Eldalamberon 17

Lire l’article « Extraits du Parma Eldalamberon 17 »  Article de synthèse  Article de synthèse  Article de synthèse Damien Bador — mars 2022
Après la publication du Seigneur des Anneaux, Tolkien entreprit de compiler une liste des mots et expressions de ses langues inventées qui figuraient dans son roman, puis d’en écrire un commentaire détaillé, auquel il donna le titre « Mots, Expressions et Passages dans diverses langues dans le Seigneur des Anneaux ». Ce commentaire, qui prend la forme d’une liste traitant chaque mot suivant l’ordre de son apparition dans le roman, ne va pas plus loin que le chapitre « Lothlórien » dans le Livre II.
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1. La Destinée du Monde : Extraits sur « ambar » et « umbar »

Lire l’article « La Destinée du Monde : Extraits sur “ambar” et “umbar” »  Article théorique  Article théorique  Article théorique  Article théorique J.R.R. Tolkien — 2007
édité par Christopher Gilson

ambar « monde » ; umbar « destin ». Ces mots semblent avoir été étroitement apparentés à l’origine. Umbar était le nom quenya de la lettre :umbar:, qui, dans l’usage quenya, avait la valeur mb ; ce mot fut sélectionné car les noms de ces combinaisons très utilisées, mais jamais à l’initiale en quenya, étaient des mots sans consonne initiale précédant les mb, nd, ñg ; la voyelle u était préférée avant m ou ñq, ñgw comme unque, ungwe, mais pour mp (ampa) aucun exemple n’était disponible.
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2. Esprit et apparence matérielle des Valar : Extraits sur THŪ, PHAN et SKAL

Lire l’article « Esprit et apparence matérielle des Valar : Extraits sur THŪ, PHAN et SKAL »  Article théorique  Article théorique  Article théorique  Article théorique J.R.R. Tolkien — 2007
édité par Christopher Gilson

Les Eldar ne confondaient pas la « respiration » ordinaire des poumons avec l’« esprit ». L’esprit spécifique qui demeurait dans un corps était nommé fëa [< fáyā] ; l’esprit en général comme genre d’être était appelé fairë. Ces termes s’appliquaient au premier chef aux esprits ou « âmes » des Elfes (et des Hommes) ; car bien qu’ils fussent tenus être un type similaire à ceux des máyar (et des Valar), ils n’étaient pas de nature identique : il faisait partie de la nature d’un fëa de désirer habiter dans un corps (hrondo), et par ce médiateur ou instrument opérer sur le monde physique…
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Textes sur l’œuvre de Tolkien

Voix et langage chez Tolkien

Lire l’article « Voix et langage chez Tolkien »  Article de synthèse  Article de synthèse Alain Delbe — 2015
Dès le début de ma carrière de psychologue-psychanalyste, j’ai été interpellé par le nombre d’enfants empêtrés dans l’usage de la parole et du langage, oral ou écrit. Très vite m’est apparu qu’il ne suffisait pas d’y voir le simple effet sur le langage de difficultés d’un autre ordre, affectif ou familial, mais qu’il fallait tirer les conclusions de ce que la parole et le langage étaient le lieu même du symptôme, et élaborer une théorie et une clinique particulières pour en rendre compte.
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« Verbum caro factum est » : La philosophie du langage chez J.R.R. Tolkien

Lire l’article « “Verbum caro factum est” : La philosophie du langage chez J.R.R. Tolkien »  Article de synthèse  Article de synthèse James Trey Smith — 2005
Beaucoup de lecteurs de Tolkien aiment le monde fantastique des Elfes, des Gobelins et des Dragons. D’autres s’identifient à la lutte de l’homme ordinaire surmontant des obstacles infranchissables ou à la guerre éternelle du bien contre le mal. Cependant, peu de lecteurs classiques trouveront que son usage du langage est la source première de leur affection pour son œuvre.
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Tolkien et l’esthétique de la philologie

Lire l’article « Tolkien et l’esthétique de la philologie »  Article de synthèse  Article de synthèse  Article de synthèse Edmund Weiner — Mai 2016
Je vous donne là un titre un peu fantaisiste car les auditoires universitaires attendent des titres fantaisistes. Je ne mets pas de virgule au milieu, comme beaucoup de titres universitaires, car je ne les aime vraiment pas. Un titre alternatif aurait pu être « Tolkien et le délice de la langue ». Mais j’ai une bonne raison d’utiliser le mot « philologie ». « Langage » est trop vague.
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Le Vice pas-si-secret de Tolkien

Lire l’article « Le Vice pas-si-secret de Tolkien »  Article de synthèse  Article de synthèse  Article de synthèse Helge Kåre Fauskanger
Que se passe-t-il donc dans l’esprit d’un homme qui s’amusa sa vie durant avec d’énormes constructions linguistiques, des langues complètes qui n’existèrent jamais en-dehors de ses propres notes ? Car une chose doit être entièrement claire : Tolkien devisa ces langues bien plus en détail qu’il ne pouvait espérer en inclure dans ses récits.
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Tolkien et les langues, de la philologie à la composition

Lire l’article « Tolkien et les langues, de la philologie à la composition »  Article de synthèse  Article de synthèse  Article de synthèse Bertrand Bellet — 18 septembre 2010
J.R.R. Tolkien assurément n’a plus besoin d’être présenté lors d’un festival de fantasy, et nombre de ses familiers sauront déjà plus ou moins la place cruciale accordée au langage dans son œuvre, qu’il décrivait lui-même comme étant « d’inspiration fondamentalement linguistique ». Il est toutefois malaisé d’en bien embrasser l’ampleur, car le sous-texte philologique n’est pas immédiatement perceptible dans ses écrits les plus accessibles.
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L’équivocité des conceptions valarine et elfique du « marrissement » d’Arda

Lire l’article « L’équivocité des conceptions valarine et elfique du “marrissement” d’Arda »  Article théorique  Article théorique Didier Willis — 2011
Tolkien a consacré plusieurs notes et quelques passages importants de ses récits tardifs à formaliser les aspects théologiques de son œuvre. Ainsi, la dénomination Arda Unmarred recouvre-t-elle, selon les textes, deux concepts connexes : à la fois l’idée de l’état originel du monde s’il n’avait pas été perverti par Melkor, et la projection d’une création voulue parfaite, qui sera restaurée par Eru à la fin des temps.
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Romantisme, symbolisme et onomastique dans le « Legendarium » de Tolkien

Lire l’article « Romantisme, symbolisme et onomastique dans le « Legendarium » de Tolkien »  Article théorique  Article théorique  Article théorique Annie Birks — Mars 2011
Associer le Legendarium de Tolkien au Romantisme ne se fait pas nécessairement d’emblée, mais si l’on observe les marqueurs consensuels de ce genre artistique, on ne peut nier que la sensibilité y tienne le premier rang. Et explorer les motifs en arrière-plan du déroulement du Legendarium de Tolkien montre que son extrême sensibilité aux mots et aux langues, ouvertement avouée, est à la racine de tout son processus d’écriture.
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Pensée et langage chez J.R.R. Tolkien

Lire l’article « Pensée et langage chez J.R.R. Tolkien »  Article théorique  Article théorique  Article théorique Uludahan — Août 2007
L’œuvre de J.R.R. Tolkien est, selon lui, une sous-création. Tout a commencé avec la création de langues. Passionné par les mots depuis son enfance, Tolkien a commencé à fabriquer des langues dès l’âge de treize ans. Ensuite, il voulait faire évoluer ces langues, c’est pourquoi il a créé un monde imaginaire : Arda (dans lequel se trouve la Terre du Milieu).
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Parole et pensée chez Tolkien : l’analogie de l’angélologie

Lire l’article « Parole et pensée chez Tolkien : l’analogie de l’angélologie »  Article théorique  Article théorique  Article théorique Didier Willis — 2012
Le Seigneur des Anneaux fait parfois appel, en passant, à des conceptions qui n’y sont pas exposées techniquement, mais qui sont seulement — dira-t-on — utilisées mythopoiétiquement. L’inexpliqué relève la magie de la faërie, mais relève-t-il de l’inexplicable ? Pour le dire autrement, ne peut-on rendre raison de cette faërie ? Le Seigneur des Anneaux est un roman, et non un traité de philosophie ou une somme de théologie.
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Du « Marring » au « Marrissement »

Lire l’article « Du “Marring” au “Marrissement” »  Article théorique  Article théorique  Article théorique Jérôme Sainton — Août 2011
Placé au cœur des textes les plus significatifs du Conte d’Arda, le Marring of Arda recouvre le thème de la blessure infligée par Melkor au monde des Elfes et des Hommes ainsi détourné du dessein originel du Créateur. Notre enquête, philologique et faërique, s’était donnée pour but de rassembler les indications susceptibles d’aider les traducteurs à résoudre le double problème du sens et de la forme de ce thème à conserver dans les textes.
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L’esprit, la langue et le conte

Lire l’article « L’esprit, la langue et le conte »  Article théorique  Article théorique  Article théorique  Article théorique Verlyn Flieger — Février 2012
Le Manuscrit A, premier brouillon de l’essai « Du conte de fées », que Tolkien écrivit en 1939, débute par une déclaration univoque : « La mythologie est langage et le langage est mythologie ». Si je mettais jamais un autocollant sur le pare-choc de ma voiture, c’est ce qui y figurerait. Pas de clauses modificatives, pas d’explications, juste ces mots qui expriment la croyance première de Tolkien sur les mots et leur rôle.
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Fabrication des noms propres dans les langues imaginaires

Lire l’article « Fabrication des noms propres dans les langues imaginaires »  Article théorique  Article théorique  Article théorique  Article théorique Marie-Claire Bally
Mémoire de D.E.A. sur les modèles de langues anciennes inventés, sur des critères scientifiques, par J.R.R. Tolkien, intitulé la fabrication des noms propres dans les langues imaginaires comparée à la formation des noms propres dans les langues naturelles.
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Elfique et langue humaine

Lire l’article « Elfique et langue humaine »  Article théorique  Article théorique  Article théorique  Article théorique  Article théorique Christopher Gilson — Janvier 1994
Selon le Silmarillion, la langue des premiers Hommes à atteindre le Beleriand « ressemblait par un grand nombre de mots et de tournures à la langue elfique » car « ces Hommes avaient des rapports depuis longtemps avec les Elfes Sombres à l’est des montagnes et avaient reçu d’eux une bonne part de leur langage ». Dans le texte, cela explique comment Finrod Felagund apprit à converser avec les Hommes, apparemment parce que sa familiarité avec les différentes langues quendiennes lui était suffisante pour reconnaître la composante sombre-elfique dans le langage du peuple de Bëor.
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Combattre la longue défaite : la philologie dans la vie et la fiction de Tolkien

Lire l’article « Combattre la longue défaite : la philologie dans la vie et la fiction de Tolkien »  Article théorique  Article théorique  Article théorique  Article théorique  Article théorique Tom Shippey — Avril 2007
Ceux qui ont lu les ouvrages de J.R.R. Tolkien savent qu’ils racontent l’histoire d’une guerre acharnée, « longue et terrible, les ennemis s’affrontant le plus souvent dans les entrailles de la terre », laquelle se termine par une défaite catastrophique. Dans sa fiction, cette description s’applique à la guerre des Nains et des Orques, mais dans sa vie, ces mots décrivent mieux la guerre entre le « langage » et la « littérature ».
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Blason

1) Version originale : « But Language cannot, all the same, be dismissed. The incarnate mind, the tongue, and the tale are in our world coeval. The human mind, endowed with the powers of generalisation and abstraction, sees not only green-grass, discriminating it from other things (and finding it fair to look upon), but sees that it is green as well as being grass. But how powerful, how stimulating to the very faculty that produced it, was the invention of the adjective: no spell or incantation in Faerie is more potent. And that is not surprising: such incantations might indeed be said to be only another view of adjectives, a part of speech in a mythical grammar. »
 
langues/essais/philosophie_langage.txt · Dernière modification: 15/03/2022 14:07 par Elendil
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