Valarin

« Les Eldar empruntèrent peu de mots aux Valar, car ils en avaient en abondance et étaient prêts à en inventer au besoin. Mais quoique l’honneur qu’ils rendaient aux Valar aurait pu les pousser à emprunter des mots à leur langue, qu’ils en aient besoin ou non, peu de mots valarins pouvaient être adaptés au parler elfique sans grands changements ou diminution. Car les langues et les voix des Valar sont grandes et austères, et pourtant aussi rapides et subtiles dans leur mouvement, produisant des sons que nous trouvons difficile à reproduire ; et leurs mots sont souvent longs et rapides, comme l’éclat des épées, le bruissement des feuilles dans un grand vent ou la chute des pierres dans la montagne. »1)
The War of the Jewels — Partie IV « Quendi & Eldar »

 Ulmo (© John Howe)

Bien que les Valar et les Maiar n’aient pas eu besoin d’une langue pour communiquer entre eux, étant des esprits angéliques, ils élaborèrent une langue qui leur était propre après s’être auto-incarnés2). Le valarin était ainsi la plus ancienne des langues d’Arda. Rares furent les Eldar qui apprirent à la parler, car les Valar apprirent très rapidement le quenya, et préféraient s’adresser aux Elfes dans cette langue3). En outre, le valarin comportait de nombreux sons peu familiers aux locuteurs du quenya (comme χ, š ou Ʒ), et les Elfes le trouvait difficiles à prononcer, d’après Rúmil de Tirion. Pengolodh de Gondolin ajoute que sa sonorité n’était guère plaisante pour les oreilles elfiques4).

Fëanor fut celui qui connut le mieux cette langue, mais à cause de sa querelle avec les Valar, il refusa de révéler ce qu’il en savait aux autres Lambengolmor, et son savoir mourut avec lui5). Néanmoins, les Eldar d’Aman empruntèrent quelques termes au valarin, lesquels furent simplifiés et adaptés à la phonologie du quenya : ainsi le valarin iniðil, désignant un lys, ou toute autre grande fleur isolée6), devint indil en quenya. Les noms de certains Valar et Maiar, comme Manwë, Tulkas ou Ossë étaient eux aussi issus du valarin7). Les Vanyar semblent avoir fait des emprunts plus fréquents au valarin que les Ñoldor, et plusieurs noms de couleurs du dialecte vanyarin sont des adaptations de termes valarins8).

Le valarin semble aussi avoir influencé directement ou indirectement d’autres langues, notamment l’adûnaïque (cf. le terme #inzil « #fleur » dans Inziladûn « Fleur de l’Ouest », apparemment dérivé du valarin iniðil)9) et le parler noir (dont le terme nazg « anneau » semble apparenté au valarin #naškad, tiré de Mâchananaškad « Anneau du Jugement »)10). Le valarin lui-même ne semble pas avoir été pratiqué en-dehors du Royaume Béni. Les rares mots de valarin que nous connaissons nous ont été transmis par Pengolodh de Gondolin, qui tenait lui-même ses informations d’un texte de Rúmil intitulé I Equessi Rúmilo11).

Dans les premières versions du Livre des Contes perdus, Rúmil parle de « la langue secrète que les Eldar utilisèrent pour écrire nombreux livres de science et poésie et histoires des choses premières et anciennes, et que pourtant ils ne parlent pas. »12) Il s’agit de la première mention de la langue qui « n’est utilisée que par les Valar durant leurs hauts conseils, et rares sont ceux parmi les Eldar de ces jours-ci qui peuvent la lire ou déchiffrer ses caractères. »13)

Les premiers brouillons de « La Peine des Noldoli » mentionnent à nouveau ce parler secret des dieux, qu’apprirent « [l]es plus sages parmi les Elfes ». Ils précisent que seuls le clan royal des Inwir s’en souvenait après l’arrivée à Tol Eressëa, et qu’à l’époque de la venue d’Eriol, cette connaissance subsistait uniquement dans la Maison de Meril-i-Turinqi14). Les versions ultérieures de ce texte ne mentionnent plus la langue des Valar. Il faudra attendre la rédaction du Lhammas, dans les années 1930, pour que réapparaisse « le valya ou valarin, la langue valienne, le parler des Dieux, pur, […] qui d’âge en âge ne changeait guère »15)

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Lexique valarin > français

Lire l’article « Lexique valarin > français »  Note de lecture  Note de lecture  Note de lecture Julien Mansencal
Comme son nom l’indique, le valarin est la langue des Valar et des Maiar. Les Eldar n’en savaient pas grand-chose : ils ne ressentaient pas le besoin d’apprendre cette langue, et seuls ceux qui s’intéressaient en détail aux langues en apprirent quelques mots.
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Le valarin : comme l’éclat des épées

Lire l’article « Le valarin : comme l’éclat des épées »  Article théorique  Article théorique  Article théorique Helge Kåre Fauskanger
Les Valar avaient inventé leur propre langue, sans nul doute la plus ancienne de toutes les langues d’Arda. Ils n’avaient pas besoin d’une langue parlée, mais la « création d’une lambe est la caractéristique première d’un Incarné, » observa Pengolodh, le sage de Gondolin.
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L’équivocité des conceptions valarine et elfique du « marrissement » d’Arda

Lire l’article « L’équivocité des conceptions valarine et elfique du “marrissement” d’Arda » Didier Willis — 2011
Tolkien a consacré plusieurs notes et quelques passages importants de ses récits tardifs à formaliser les aspects théologiques de son œuvre. Ainsi, la dénomination Arda Unmarred recouvre-t-elle, selon les textes, deux concepts connexes : à la fois l’idée de l’état originel du monde s’il n’avait pas été perverti par Melkor, et la projection d’une création voulue parfaite, qui sera restaurée par Eru à la fin des temps.
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Les influences du valarin de « Quendi et Eldar » sur les autres langues du « Legendarium »

Lire l’article « Les influences du valarin de « Quendi et Eldar » sur les autres langues du « Legendarium » »  Article théorique  Article théorique  Article théorique  Article théorique Damien Bador et François Parmentier — Avril 2019
L’écrit « Quendi et Eldar » est un essai linguistique important de la période qui succède à la publication du Seigneur des Anneaux. L’une de ses parties est spécifiquement consacrée à la langue des Ainur, le valarin, qui s’y trouve décrit plus largement que Tolkien l’a jamais fait par ailleurs. En particulier, Tolkien y dresse des parallèles entre certains mots ou noms dans cette langue et les emprunts qu’y firent d’autres idiomes du Legendarium.
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Blason

1) Version originale : « The Eldar took few words from the Valar, for they were rich in words and ready in invention at need. But though the honour which they gave to the Valar might have caused them to take words from their speech, whether needed or not, few words of Valarin could be fitted to Elvish speech without great change or diminution. For the tongues and voices of the Valar are great and stern, and yet also swift and subtle in movement, making sounds that we find hard to counterfeit; and their words are mostly long and rapid, like the glitter of swords, like the rush of leaves in a great wind or the fall of stones in the mountains. »
2) WJ, p. 397
3) , 4) , 5) WJ, p. 398
6) , 8) WJ, p. 399
7) WJ, p. 399-401
9) UT, p. 227
10) WJ, p. 401
11) WJ, p. 397-398
12) Version originale : « the secret tongue in which the Eldar wrote many poesies and books of wisdom and histories of old and earliest things, and yet speak not. » ; CP1, p. 71 ; LT1, p. 44.
13) Version originale : « only the Valar use in their high counsels, and not many of the Eldar of these days may read it or solve its characters. » CP1, p. 71 ; LT1, p. 44.
14) CP1, p. 309 ; LT1, p. 266–267
15) Version originale : « the Valya or Valarin, the Valian language, the pure speech of the Gods, and that changed little from age to age. » RP, p. 214, cf. p. 201 ; LRW, p. 185, cf. p. 174.
 
langues/langue_valar/valarin.txt · Dernière modification: 01/05/2021 15:14 par Elendil
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