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À Tol-eressëa se trouve préservée dans des livres l’ancienne langue de l’Ossiriand, qui n’est plus ; et aussi la langue des Hommes de l’Ouest, les Amis des Elfes, d’où vient le peuple mortel d’Earendel. »
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’ossiriandrin ou ossiriandais était la variété occidentale du nandorin, parlée par les Elfes-verts, qui s’étaient établis en Ossiriand oriental sous la conduite de Denethor, fils de Lenwë, plusieurs centaines d’années avant le retour des Ñoldor en Terre du Milieu2). Ils rebaptisèrent Ossiriand Lindon, du nom Lindi qu’ils continuaient à se donner, dérivé du nom telerin commun *Lindai qui servait à désigner le Troisième Clan des Elfes. Selon le Lhammas, les Elfes-verts « conservèrent leur propre parler » jusqu’à « l’ultime ruine » du Beleriand3). À la fin du Premier Âge, l’ossiriandrin vint à influencer quelque peu le sindarin parlé aux Havres du Sirion par l’entremise d’Elwing, puisque son père Dior avait été le dernier seigneur des Nandor d’Ossiriand4). C’est sans doute par l’intermédiaire des suivants de celle-ci que la mémoire de l’ossiriandrin fut préservée à Tol Eressëa5). Les « mots et fragments qui sont préservés dans les chroniques montrent qu’il s’agissait pleinement d’une langue telerine (eldarine), dont la parenté avec le sindarin était toujours immédiatement reconnaissable, quoiqu’elle en ait divergé en de nombreux points durant la longue séparation. »6).
Le seul terme spécifiquement ossiriandique des Étym. est laur « or, doré », dérivé du radical LÁWAR-7), bien qu’il soit fort probable que les termes « daniens » (i.e nandorins) des Étym., comme golda « ñoldo »8) aient aussi été employés par les Laiquendi. En fait, le parler des Elfes-verts d’Ossiriand est fréquemment nommé « nandorin », ce qui laisse à penser qu’il existait une proche communauté de langage entre les Nandor des deux versants des Ered Luin. Les contacts des Ñoldor avec les Nandor se limitant aux Laiquendi, il n’est pas étonnant que le terme générique soit venu à désigner le parler d’Ossiriand.
Dans le Lhammas, cette langue est notée ossiriandique ou ossiriandeb, tandis que la première version du « Tengwesta Qenderinwa » emploie le vocable ossiriandren au côté d’ossiriandais9). Le Lhammas précise que « dans leur propre langue » les Laiquendi « étaient appelés Danas [écrit par dessus Danyar, fermement biffé] »10), un nom qu’ils partageaient avec leurs cousins à l’Est des Montagnes Bleues11). Une première version de ce texte affirmait que la langue des Danas différait de celle de Doriath, mais une correction subséquente établit un rapprochement entre les deux12).
À cette époque, Tolkien estimait cependant que les Elfes d’Ossiriand étaient d’origine noldorine, et ne devait pas être « comptés parmi les Eldar, pas plus que parmi les Lembi »13) (les futurs Avari). Il en faisait aussi les premiers inventeurs des cirth, le nom « Alphabet de Dairon » étant alors « dû à la préservation dans cette graphie de certains fragments des chants de Dairon »14). À la différence des versions plus tardives, le Lhammas faisait aussi d’Earendel (Eärendil) un agent dans la préservation de cette langue15).
En WJ, p. 365, note 55, Tolkien nota que l’élément -wing du nom Elwing était tiré de l’ossiriandrin. Plus tard, il revint sur cette idée et chercha à dériver cet élément de la langue bëorienne, mais finit par décider qu’il s’agissait en fait d’une forme lénifiée du sindarin gwing16).
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