La dernière chance de Théoden - Thibaud Mercier

Des étoiles de sang dans la nuit ont surgi :
Les feux d'alarme du Gondor ;
Répondant à l'appel, les Rohirrim ont pris
Les armes contre le Mordor.

Des échos de tambours dans la Nuit ont chanté ;
Guidée par les hommes sauvages,
Dans la forêts passant, l'armée a emprunté
Des chemins de l'ancien âge.

Les sabots du Rohan dans la nuit sont passés,
L'angoisse dans l'âme et le cœur,
L'ombre planant sur eux comme un souffle glacé
Brassant des sanglots et des pleurs…

Et Théoden le Grand des collines du Nord
Contemple le champ de bataille,
La monstrueuse gloire des armées du Mordor
Meuglant ainsi que du bétail.

L'effroyable puissance dans la nuit exultant
Semble accabler Éorlingas ;
Dans les ombres courbé, il chancelle un instant
Près de retourner sur ses pas.

Mais un éclair soudain déchire les ténèbres :
Minas Tirith éblouissante
Se dresse, incendiée, blanche flèche funèbre,
Agonisante et belle mais debout ! Mais vivante !

Debout Éorlingas ! Et gronde le tonnerre,
Et chante le coq insouciant,
Et hurle Théoden d'une voix forte et claire
Comme un ressort se redressant !

Plus forte que l'orage au pied du Pelennor,
Plus belle que mille ouragans,
Plus mouvante que l'eau, la tempête des cors
Se déchaîne d'un flot éclatant !

Agile, impétueux, cheval blanc sur fond vert,
Porté par la fureur et le vent de la guerre,
Filant comme la foudre et comme elle frappant
Au secours du Gondor s'avance le Rohan…
Carnage ! Gloire et chants ! Terreur et épouvante !
Quel est ce feu soudain, cette flamme puissante,
Cette force qui va planant sur la colline
Et qui sur son passage tue, massacre et décime ?
Le Roi des Rohirrim sur le blanc Nivacrin
Brille tel un Soleil apportant le Matin :
Les ténèbres brûlées gémissent et s'enfuient,
Comme au chant de l'aurore est balayée la Nuit,
Et, joyeux combattants, sabots de la Colère,
Les Rohirrim frappant de leurs lances de fer
Percent les rangs serrés du Mordor gémissant ;
Et tout d'un coup l'Armée d'Éorl éclate en chants.

L'éclair inattendu a secoué l'orage

Orques et Suderons tels des fétus de paille
Sont pris au dépourvu sur leur champ de bataille
Balayés tout un coup par cette déferlante
D'hommes et de chevaux ; par cette aube puissante
Qui a percé soudain le manteau de ténèbres ;
Puis par ce chant beau et funèbre.

Pour l'obscur Ennemi c'est un sombre présage.

Mais l'être terrifiant qui conduit l'Armée Noire
A de l'expérience et un vaste savoir ;
Ce nouvel adversaire, il saura le briser
Car jamais aucun homme ne pourra le tuer.
Le Seigneur des Nazgûl retourne sur ses pas
Pour reprendre en main le combat.

Au bord du Pelennor la bataille fait rage…

Le roi des Rohirrim galope sur la plaine
Cherchant des monstres à tuer ;
Au loin, deux yeux perçants l'observent avec haine,
Voyant la bannière isolée,
Le chef des cavaliers ennemis se prépare
À lancer une contre-attaque ;
D'un cri strident, il fait brandir son étendard
Serpent Noir sur fond écarlate…
Et la cavalerie s'agite et se déploie
Ainsi qu'une vivante toile,
Et mille cimeterres brillent avec éclat
Comme un scintillement d'étoiles.

Théoden d'un regard aperçoit la menace
Et fait virevolter son coursier,
« N'attendons pas l'assaut ! Debout Éorlingas ! »
Hurle-t-il à ses cavaliers !
Et Rohan de nouveau déploie ses grandes ailes
Prenant un glorieux envol,
La bannière du Roi resplendit dans le ciel
Avec une vitesse folle !

Filant l'une vers l'autre, les deux cavaleries
Galopent, enivrées de fureur infinie,
Suderons tels l'orage, Rohirrim tels l'éclair !
Dans le vent tourbillonnent cheveux comme crinières,
Et dans chaque poitrine au souffle incandescent
Un cœur cogne, rythmé par le martèlement
Des sabots… Lance au poing, sabre et épée au clair,
Serpent noir sur fond rouge, cheval blanc sur fond vert,
Mordor et Rohirrim avec rage s'affrontent !
Grand fut le choc de leur rencontre.

Les Suderons étaient bien supérieurs en nombre,
Mais la furie des Rohirrim
Désarçonna bientôt les cavaliers de l'ombre ;
Leur hardiesse fut sublime !
Et au milieu de tous, au sommet de sa gloire
Combattait Théoden le Grand ;
Comme un dieu de jadis il brillait dans le noir
Et chantait tout en massacrant !
Il abattit lui-même leur sanglant étendard.
Alors, tournant bride et fuyant,
Tous ceux des cavaliers restants du Serpent Noir
Disparurent en gémissant.

Mais qu'est ce vent soudain étouffant de ténèbres ?
Quel est ce souffle froid sur la plaine funèbre ?
Horreur ! Quel est ce cri perçant comme une lame,
Cette voix démoniaque qui lacère les âmes,
Ce sifflement mordant ainsi que du venin ?
Toute étoile est noyée, toute flamme s'éteint !
Ô douleur, Ô douleur ! Manteau de désespoir !
L'aurore est balayée par un vent de Nuit noire…
Le Roi des Rohirrim se dresse dans la Nuit :
« Debout Éorlingas ! » Mais tout espoir a fui,
La terreur est trop grande et l'Ombre trop glacée,
Les chevaux fous de peur, les hommes terrifiés,
Tous gémissent et tombent ; Et le blanc Nivacrin
Dans sa folie chutant a scellé le Destin
De Théoden tombé au milieu de sa gloire
Vaincu par l'épouvante noire.

 
arts/poemes/mercier_thibaud/la_derniere_charge_de_theoden.txt · Dernière modification: 06/04/2020 18:47 (modification externe)
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