Interview de Vincent Ferré

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L'Arc et le Heaume n°1 - Les Hobbits.

L'Arc et le Heaume n°1 - Les Hobbits

 Vincent Ferré - Photo © Emmanuel Bonin (cliquez pour agrandir) Interview réalisée le 23 juin 2005 par S. Veyrié

Incontournable pour tout amateur francophone de Tolkien, Vincent Ferré lutte sur tous les fronts : critique, membre de la communauté Internet, conférencier, éditeur pour le compte de Christian Bourgois, professeur à Paris XIII et même conseiller sur le film de Peter Jackson ! Tout cela lui prend énormément de temps et d’énergie, mais cela ne l’empêche pas, enthousiaste, de patiemment répondre à mes questions dans un café parisien, muni d’une bonne bière…

Quand avez-vous découvert l’œuvre de Tolkien pour la première fois ?

Comme tout le monde ! Un ami me l’a fait lire quand j’avais quinze ans. J’adorais les récits arthuriens, sur les chevaliers de la table ronde (j’en avais lu beaucoup) et un ami un peu plus âgé que moi m’a dit : « tu vas aimer ça, c’est à peu près dans le même genre, ça devrait t’intéresser ». Je l’ai donc découvert à quinze ans et j’ai été très impressionné, mais pas par tout : je me suis un peu ennuyé pendant le premier tiers du livre. Avant l’arrivée chez Elrond, j’ai trouvé que la mise en place était un peu lente. Je comprends très bien les lecteurs pour qui c’est un petit peu difficile. J’ai attendu quelques années et, lorsqu’il s’est agi de trouver un sujet de mémoire de maîtrise en Littérature comparée, j’ai décidé de retravailler sur les questions arthuriennes, mais en trouvant un lien avec le XXè siècle, et c’est ainsi que je suis revenu à Tolkien.

Et vous avez réussi à trouver un professeur pour diriger ce mémoire ?

Cela a été toute une histoire, effectivement, puisque, à l’époque, Tolkien était encore peu reconnu dans les universités françaises. Mais Jean-Pierre Morel, un professeur de Paris III où je faisais mes études en licence, a accepté de diriger mon travail en collaboration avec Michèle Gally, une enseignante de l’École normale supérieure (maintenant ENS Lettres et sciences humaines, à Lyon), qui travaille depuis longtemps sur le Moyen Âge et le XXè siècle. Elle a accepté de diriger ce travail, et c’est grâce à elle que tout a commencé.

Comment en êtes-vous venu à écrire Sur les rivages de la Terre du Milieu, qui est devenu un livre de référence, et à quel public était-il destiné ?

Ma maîtrise portait sur la question de la mort dans Le Seigneur des Anneaux et chez Chrétien de Troyes. Donc, au début, le public était plutôt universitaire. Il se trouve que ce travail, qui était déjà assez long, cent cinquante pages à peu près, a circulé. Des gens demandaient à le lire, parce que c’était assez original à l’époque de travailler sur J.R.R. Tolkien ; et l’on me posait beaucoup de questions, pour en savoir plus sur telle ou telle idée. Puis je suis parti en Angleterre (en 1998-1999), pour donner des cours de français à Cambridge, comme lecteur de français ; et des enseignants de Cambridge m’ont demandé ce que j’allais publier cette année-là. Parce qu’en Angleterre – contrairement à la France où l’on attend d’être un peu plus expérimenté, on encourage beaucoup les étudiants à publier. J’avais déjà commencé à faire une thèse sur Proust, ma thèse de doctorat, mais je ne me sentais pas capable de publier encore sur cet auteur ; cette année-là, j’ai donc repris mon travail de maîtrise sur la mort en me concentrant sur Tolkien, en simplifiant les premières étapes, pour que les lecteurs qui ne connaissent pas cet auteur s’y retrouvent, et de nouveau j’ai fait circuler ce manuscrit. Il est apparu qu’il était important de faire une première partie qui soit vraiment une partie de « présentation » : les personnages, la géographie, la fantasy, les langues, la naissance du livre, ses sources, etc. Et cela a donné progressivement Sur les rivages de la Terre du Milieu. L’idée était simple : je voulais que ce livre soit à la fois pour les lecteurs qui aimaient Tolkien mais l’avaient lu il y a quelques temps et avaient besoin de se rafraîchir la mémoire, et pour ceux qui ne connaissaient pas encore cet auteur ; qu’il serve donc d’introduction. La deuxième partie est plus exigeante, il faut déjà bien connaître l’histoire… ou avoir lu la première partie !

Il me semblait qu’il y avait énormément de choses à dire sur Le Seigneur des Anneaux, et beaucoup de choses qui n’étaient pas accessibles pour les lecteurs qui ne connaissaient pas bien l’anglais. Non seulement il y a The History of Middle-earth (L’Histoire de la Terre du Milieu), mais les Lettres non plus n’étaient pas traduites. En outre, il n’y avait pas en France (et même très peu en Angleterre et aux États-Unis) de travail d’étude sérieux qui prenne en compte le texte sans a priori idéologique, politique, etc. Et j’ai été très heureux d’apprendre, lors de mes déplacements en France (puisque je fais le tour de France des librairies et des bibliothèques depuis 20011)) que la première partie de mon livre avait donné à certaines personnes envie de lire Le Seigneur des Anneaux, avant de revenir à la deuxième partie, qui éclaire ce récit ; ou que même les lecteurs les plus mordus de Tolkien avaient beaucoup appris dans mon livre, y compris dans la partie d’« introduction ». Il a été relu par beaucoup de personnes, jusqu’à donner cette forme finale. Surtout, je ne voulais pas que ce soit un livre difficile : c’est pour cela qu’il y a une première partie, avec des chapitres courts – quelques rares personnes m’ont dit que ces premiers chapitres sont « simples » : ils le sont, simples, pour les gens qui connaissent Tolkien par cœur, mais ils restent une minorité ! Et même eux y apprennent des choses. Puis j’ai essayé de créer une sorte de progression, avec en plus des notes placées entre chaque chapitre (et qui sont importantes), parce que je voulais que le lecteur puisse choisir de s’en passer ou bien de s’y reporter, pour creuser une idée, ou l’inviter à se promener dans Le Silmarillion, dans les Lettres s’il avait envie. C’était, pour vous qui travaillez sur un site Internet, un modèle hyper-textuel en fait. J’ai failli ne pas publier le livre et le mettre en ligne, et puis je me suis dit que l’on n’en était pas encore là, en France, et que j’avais envie de passer par une forme « livre », à laquelle je suis très attaché, en tant que lecteur. Ensuite, ne connaissant pas bien le monde de l’édition, j’ai envoyé mon manuscrit par la poste, à une dizaine d’éditeurs. Plusieurs n’ont pas répondu, d’autres ont répondu positivement, et parmi eux, la divine surprise a été la réponse de Christian Bourgois, l’éditeur français de Tolkien depuis trente ans. Je me souviens très bien du jour où il m’a fait venir dans son bureau pour me dire qu’il prenait le livre. Cette rencontre a été époustouflante. Les lecteurs de ce magazine connaissent surtout l’éditeur de Tolkien2), mais je les invite à découvrir tous les ouvrages parus dans cette maison d’édition, que je respecte et que j’admire profondément depuis des années. Sur les rivages de la Terre du milieu est donc destiné à toutes ces personnes, les lecteurs de Tolkien, ceux qui l’ont lu il y a un moment, ceux qui ne l’ont pas encore lu, ceux qui ont des réticences, se disant que « Tolkien est pour les enfants », que « Tolkien est raciste », etc. Et je reçois encore beaucoup d’emails de nouveaux lecteurs, quatre ans après !

Et, de ce fait, maintenant, quelle proportion de votre vie Tolkien et l’étude de son œuvre prennent-ils ?

Tout dépend des moments, c’est-à-dire que mon travail sur Tolkien est contrebalancé par une autre partie de ma vie, puisque j’enseigne la Littérature comparée depuis maintenant plusieurs années. J’ai trente ans, j’ai achevé ma thèse de doctorat il y a un an et demi, mais j’ai en fait commencé à enseigner il y a huit ans à l’université, après l’agrégation. Ma « spécialité » est la littérature du début du XXè siècle, Proust en particulier, Hermann Broch et John Dos Passos, pas très connus en France, mais aussi Joyce, Musil, Thomas Mann… Donc des auteurs très importants, pour certains très reconnus. Et mes cours à l’université concernent cette partie-là de mon travail : j’ai par exemple, dans mon université, à Paris XIII, un séminaire pour étudiants de Master (maîtrise/DEA) autour de la théorie, de la « philosophie » dans le roman, etc.

Tolkien est un peu à contre-courant de ces auteurs-là…

Oui, mais Tolkien s’inscrit dans l’autre partie de ma recherche universitaire, la présence du Moyen Âge au XXè siècle. Avec Anne Besson, qui était à la Bibliothèque nationale en janvier 2004 pour la journée d’hommage à Tolkien3), et un professeur de Paris XIII, Anne Larue, on a lancé une association, qui s’appelle Modernités médiévales, qui cherche à coordonner le travail d’universitaires ou d’artistes, de créateurs, et de toute personne s’intéressant à la présence du Moyen Âge au XXè siècle. C’est encore au début, des articles seront bientôt en ligne sur le site, mais il y a eu un colloque à Lorient en mars et un autre colloque important aura lieu à Arras l’année prochaine, où il sera beaucoup question de Tolkien. Lorsque j’ai fini ma thèse, je suis revenu vers Tolkien en proposant un programme d’édition important à Christian Bourgois : traduction des Lettres, de trois volumes de l’Histoire de la Terre du Milieu, Les Monstres et les critiques, etc. Pour revenir à la question précédente : lorsque ce programme sera fini, je reviendrai à Proust, pour faire paraître ma thèse. Mais, pour le moment, depuis octobre, j’ai l’impression de travailler quasiment jour et nuit sur Tolkien, à coté de mon travail d’enseignant et du travail de recherche.

Lors de la journée d’hommage à Tolkien, vous parliez de la lenteur de ce monde de la recherche français à lancer l’étude de Tolkien. N’a-t-il pas pris un trop grand retard sur la recherche anglo-saxonne ? En d’autres termes, tout n’est-il pas déjà défriché ?

Est-ce qu’il y a encore des choses à faire sur Tolkien ? Je crois que la réponse est oui. Parce que les anglo-saxons ont presque tous travaillé dans la même direction. J’ai lu ou pris connaissance, je pense, de l’essentiel de ce qui s’est écrit sur Tolkien depuis les années 1970 jusqu’à 1999 lors de mon séjour à Cambridge – je disposais d’une bibliothèque absolument formidable. Et ces textes sont pour l’essentiel soit très biographiques – prétendre expliquer l’œuvre de Tolkien par la vie de l’homme (c’est évidemment une erreur magistrale) – soit très axés sur la religion. À la fin des années 90, il y a ainsi eu un renouveau des études sur Tolkien du coté anglo-américain, qui voulait tout expliquer par la religion. Je vais être brutal, mais à mon avis, les travaux anglais et américains les plus intéressants se comptent sur les doigts d’une main : ce sont les travaux de Shippey, de Flieger, de Hammond, d’Anderson, de Bratman, de Hostetter, et de quelques autres personnes qui voudront bien me pardonner. Je ne veux choquer personne, mais ils ne sont pas tellement plus nombreux. En revanche, il me semble que du côté européen, un excellent travail est fait par quelqu’un comme Thomas Honegger : ses derniers livres sont des recueils d’articles sur la traduction de Tolkien, aussi bien dans les différentes langues européennes qu’au cinéma et en images, ainsi qu’un ouvrage sur des questions plus éthiques (Tolkien in Translation, 2003 et Translating Tolkien: Text and Film, 2004 ; Eine Grammatik der Ethik, 2005). En fait, j’ai écrit Sur les rivages de la Terre du milieu, parce que cela n’avait pas été fait du coté anglais : tout le monde s’accorde à dire que la mort est importante chez Tolkien, mais sans le montrer ni l’étudier en profondeur. Le travail de Michaël Devaux, par exemple, n’a pas non plus vraiment d’équivalent du coté anglais. Mais on entre là dans un problème plus global : les études anglo-américaines pensent ne pas avoir besoin, elles, de regarder ce qui se passe dans les langues non anglaises. Mais, sincèrement, Tolkien n’est pas différent des autres auteurs. Ainsi, je travaille sur Proust : il y a eu des livres absolument fantastiques sur cet auteur, mais il reste encore du travail. Sur Tolkien, c’est pareil.

Qu’est-ce qui intéresse le plus les étudiants qui souhaitent justement travailler sur Tolkien ?

Sur mon site, on trouvera en ligne une base de données avec une centaine de sujets de maîtrises, de DEA et de thèses. Presque tous les étudiants sont intéressés par les questions concernant le merveilleux, pour certains la religion, le lien entre Tolkien et les auteurs de fantasy postérieurs (ce qu’Anne Besson avait examiné dans Tolkien, trente ans après). Maintenant, avec l’arrivée des films, on trouve davantage de sujets sur les livres et les films : Nicolas Liau4), par exemple, est en train de travailler, je crois, sur la question du monstre dans ces deux types d’œuvres. Ça peut être intéressant. Personnellement, là, je dirige un sujet très ambitieux sur la figure du chevalier chez Chrétien de Troyes, Cervantès et Tolkien. Mais j’invite les personnes que ça intéresse à regarder la liste, qui d’ailleurs est en évolution régulière, grâce à des correspondants (Nicolas Liau, et Agnès De Lil, pour la Belgique). Y compris pour éviter de reprendre des sujets déjà traités ! Car contrairement à ce que l’on imagine, on trouve des études francophones assez « anciennes » sur Tolkien. Quand Modernités médiévales est née, nous nous sommes aperçus que beaucoup d’universitaires s’intéressaient à Tolkien mais sans le dire – en particulier des médiévistes, des spécialistes de littérature anglaise.

À ce sujet, je viens de lire un livre de Charles Ridoux, qui est justement un médiéviste. Il affirme que votre livre a été le « premier » en français à être l’œuvre d’un véritable connaisseur de Tolkien, mais regrette une « interprétation […] radicalement pessimiste » de l’œuvre de Tolkien, et l’analogie avec la Mort Artu. Qu’en pensez-vous ?

Je remercie Charles Ridoux du compliment ! Mais si l’on lit Le Seigneur des Anneaux en ayant en mémoire les analyses de Beowulf par Tolkien (dans Les Monstres et les critiques) ou sa correspondance (je pense à la lettre 195, sur sa conception de l’histoire du monde comme une « longue défaite »), je vois mal comment on peut faire une interprétation différente !

Vous intervenez à la fois dans plusieurs mondes consacrés à Tolkien, l’université, l’édition et Internet. Qu’apporte cette transversalité ?

Toutes ces interventions vont dans le même sens : j’« édite » Tolkien en français pour ses lecteurs ; et j’ai choisi le métier d’enseignant parce que je crois que la Littérature est faite pour les gens et apporte énormément à tout individu. Quand je vois le plaisir éprouvé par les lecteurs de Tolkien et ce qu’il leur apporte sur le plan personnel (chacun a son expérience et sa lecture, mais elles sont toujours très fortes), je me dis que je me dois d’y consacrer le maximum de temps. Ce qui implique aussi d’être absolument à l’écoute des lecteurs de Tolkien, de plusieurs manières : j’ai fait une trentaine de déplacements à peu près partout en France, parfois devant vingt personnes, parfoisdevant… je ne sais pas combien nous étions à la BNF, mais plusieurs centaines ! Et j’essaie vraiment de répercuter à Christian Bourgois ce qu’on me demande et les remarques que l’on me fait ; et lui-même reste à l’écoute de ses lecteurs, qui renvoient les petits cartons que l’on trouve dans les livres Christian Bourgois avec des suggestions etc. Et il les lit et essaie d’en tenir compte – je pense par exemple à la reparution, en octobre, d’éditions séparées du Silmarillion et des Contes et légendes inachevés, suite à des demandes de lecteurs. Enfin, Internet, via mon site ou certains forums (quand j’ai un peu de temps), sert à recueillir les réactions des lecteurs, que j’interroge d’ailleurs assez régulièrement, sur leurs goûts et leurs préférences. Internet sert vraiment de lieu de discussion. Par exemple, récemment, mes questions portaient sur les préférences des lecteurs quant à la présentation du troisième tome de l'Histoire de la Terre du Milieu. Il ne sera pas possible de contenter tous les lecteurs mais, dans la mesure du possible, de trouver un compromis. Je ne fais pas ça pour moi, il faut être clair ! mais avant tout pour les lecteurs de Tolkien, il s’agit donc de faire les choses telles qu’ils peuvent le souhaiter. Depuis cinq ans, je suis plutôt sur le forum de JRRVF, parce que les premières personnes avec qui j’ai échangé sur Tolkien avant la parution de mon livre gravitaient autour de JRRVF : Cédric Fockeu, Daniel Lauzon, Michaël Devaux, Sébastien Mallet ; et la première équipe qui travaillait sur la révision du Seigneur des Anneaux comportait ces gens-là. Mais j’essaie aussi d’informer Tolkiendil, Elbakin, Númenóréen, etc., tout en sachant que les informations circulent et sont reprises !

Pour tous ces sites, Guillaume Boddaert et Tolkiendil ont mis en place Yrch!, qui référence les sites sur Tolkien, et on a pu constater que leur nombre est démesuré. À votre avis, pourquoi cet engouement pour Tolkien, après la vague des années 1970, est-il réapparu, annonçant les films de Peter Jackson ?

La question, c’est de savoir si c’était vraiment avant le film de Jackson. On a vu en 1999-2000 un frémissement de sites comme JRRVF (déjà ancien, mais qui prenait de l’ampleur), Elostirion (le site de Daniel Lauzon). Je pense que, lorsque la nouvelle de la sortie du film a été rendue publique, l’effervescence a commencé, alors même que le film n’était pas sorti. Mais je ne sais pas si cette remontée de l’intérêt pour Tolkien est antérieure aux rumeurs concernant le film. Indéniablement, le film a eu une énorme influence sur la notoriété de Tolkien dans tous les pays, y compris en France ; ainsi qu’une influence sur le nombre de livres vendus en France. Dans Tolkien, trente ans après, je rappelais les chiffres : en 2001, un million d’exemplaires du Seigneur des Anneaux se sont vendus en France, toutes éditions confondues, c’est-à-dire autant que durant les vingt années précédentes.

Vous êtes intervenu comme conseiller sur la traduction de ces films. Comment est-ce arrivé ?

La personne qui était chargée de la traduction du film, du doublage, Déborah Perret5), a je crois suggéré au distributeur de me joindre via mon éditeur, parce qu’elle connaissait mon livre. Et j’ai vraiment été ravi de travailler avec cette personne, qui a, je trouve, fait un très bon travail. Je n’ai pas l’habitude des films doublés et j’ai découvert à quel point c’est contraignant : il faut coller à la prononciation, à l’articulation. C’était vraiment intéressant de travailler avec elle, mais, en revanche, les relations avec sa « hiérarchie » ont été problématiques et j’ai exigé de ne pas participer au travail sur les films 2 et 3. J’ai suggéré des choses : certaines ont été retenues, d’autres non ; je me suis borné à être conseiller sur le film 1.

Quel regard portez-vous sur ces films ?

Je vais distinguer les trois films. J’aime beaucoup le film 1 (j’ai écrit un article que j’ai mis sur mon site, où j’applique au film de Peter Jackson les critères retenus par Tolkien pour juger le scénario d’une adaptation qui lui a été soumise dans les années 50), la mise en place de l’univers, la Comté. Ce qui m’a vraiment frappé, c’est la vraisemblance : on rentre dans le film et on adhère complètement. J’aime bien la relative fidélité aux dialogues : par moments, il a gardé des blocs entiers, et c’est extrêmement agréable, surtout dans la version originale sous-titrée, où l’on entend l’anglais. Et visuellement, je trouve fantastique le travail de John Howe et d’Alan Lee. J’ai beaucoup de respect pour Peter Jackson, mais je trouve les films 2 et 3 très problématiques. Le fait d’avoir trop tiré vers la guerre et le spectacle masque complètement le message de Tolkien sur la guerre et la violence, la réflexion sur l’usage de la force. Boromir veut utiliser l’Anneau, la force pour défendre le Gondor ; or il est clairement désavoué dans le livre : cette attitude conduit à la mort. Mais Jackson, par la mise en scène de la guerre, fait penser que la guerre est plus légitime que ne le montre Tolkien. Fondamentalement, il y a une erreur d’interprétation du Seigneur des Anneaux. Cela dit, si Jackson ne s’était pas autant battu, le résultat aurait manifestement été bien pire. John Howe expliquait (ce n’est pas un secret) que Jackson avait obtenu que la Communauté de l’Anneau ne soit pas réduite à un guerrier, un magicien et un Hobbit… Il a donc fait un travail absolument remarquable, mais je suis peut-être un peu plus nuancé à cause de l’interprétation. Je rappelle aussi dans mon article que choisir de ne pas mettre en scène Sauron dans Le Seigneur des Anneaux est central chez Tolkien.

C’est le personnage principal qui n’apparaît pas.

Exactement. C’est l’idée que le mal est en chaque personnage potentiellement, et que chaque personnage peut faillir. Et le représenter, c’est concrétiser ; ce qui est une erreur. Tolkien explique que « le mal absolu n’existe pas » en Terre du Milieu, mais qu’il y a un certain nombre de degrés. On trouve du mal chez Frodo, Denethor, Gollum…

En quelle occasion avez-vous rencontré John Howe, qui, lui aussi, a participé au film ?

Claudine Guegen, qui travaille au Centre régional du Livre de Champagne-Ardenne, a joué un rôle essentiel dans la reconnaissance de John Howe en France. Je crois que c’est elle qui m’a contacté pour travailler sur le livre Sur les terres de Tolkien, le catalogue de l’exposition d’illustrations que l’on a pu voir en France depuis 2002 – elle a été présentée au Centre culturel canadien (à Paris), à Rennes, etc. J’ai travaillé sur la traduction des titres des illustrations et j’ai retrouvé tous les passages correspondant aux illustrations (pour une petite brochure qui est peut-être épuisée) ; ce qui a été repris dans le livre. À moins que ce ne soit par l’intermédiaire du compositeur Patrice Deceuninck, qui a signé une musique inspirée du Seigneur des Anneaux – je ne sais plus ! Car c’est un tout petit monde : John Howe connaît ainsi très bien Alain Névant et Stéphane Marsan, des éditions Bragelonne, avec qui j’organise de temps à autre des manifestations autour de Tolkien. Depuis, nous nous sommes vus à plusieures reprises, lors de ses visites à Paris ; il est également venu à Rennes en 2003, avec son exposition, pour parler de son travail lors de la semaine « Tolkien » (littérature, musique, cinéma)6). Et j’ai travaillé sur l’exposition « De l’imaginaire à l’image », organisée à la Bibliothèque nationale de France autour de ses dessins et ceux d’Alan Lee destinés au film de Peter Jackson.

Cette exposition des œuvres de John Howe, et la journée d’hommage à Tolkien, que vous avez organisés, ont été un double succès : la B.N.F. a ouvert en grand ses portes et il a fallu ouvrir des salles supplémentaires tant le public était nombreux, attiré, entre autres, par les affiches posées par la R.A.T.P. dans le métro. Là encore, ce succès est lié aux films ?

Oui, mais c’était également lié à la volonté de la Bibliothèque nationale de s’ouvrir au plus grand nombre et de faciliter l’accès de tous à un site prestigieux. Et je trouve absolument formidable le travail fait par la délégation culturelle, Thierry Grillet en particulier. L’idée de choisir les illustrations destinées au film, servant ainsi de transition entre les illustrations des livres, ce que font Alan Lee et John Howe depuis longtemps, et le travail sur le film était excellente. Le dispositif comprenait les illustrations, mais aussi des panneaux d’explication et des interviews (d’Alan Lee, John Howe, François Schuiten, Jacques Dalarun et votre serviteur). Ce succès public montre bien que Tolkien parle à tout le monde, que la création de ce monde est vraiment une fascination partagée par un grand nombre de personnes. J’ai passé beaucoup de temps dans l’exposition, incognito, pour discuter avec des visiteurs, recueillir leur avis, leur plaisir devant des œuvres évoquant si bien ce monde original, complexe, cohérent, crédible, et beau ! Il y aura d’autres manifestations, sous d’autres formes : un débat à la FNAC des Halles, de nouveau (comme en 2001, avec Julien Raphaël Lecocq de Tolkiendil, Didier Willis et Alain Névant7) - peut-être à l’automne, autour de la sortie des prochains inédits de Tolkien.

On parle aujourd’hui de l’adaptation de Bilbo le Hobbit, toujours par Peter Jackson. Un problème se posera, celui du nom du personnage principal : Bilbo (comme dans le livre) ou Bilbon (comme dans la traduction du Seigneur des Anneaux et dans le film)…

Je vais peut-être tuer le suspense, mais dans la révision du Seigneur des Anneaux entreprise en 2000, nous avons opté pour Bilbo en respectant les indications de Tolkien, c’est-à-dire que les noms qui ne figurent pas dans le « Guide des noms » écrit par lui et destiné au traducteur sont conservés tels quels, dont Bilbo. On ne francise pas les termes qui ne doivent pas l’être. Je crois que c’est clair (rires) ! Il y a autant de personnes en faveur d’une solution plutôt que l’autre, et ça n’est pas parce que Bilbon sonne français qu’il faut opter pour cette solution.

Il y avait toute une argumentation sur la racine de Bilbo, l’histoire interne disant que Tolkien a anglicisé Bilba, le nom hobbit…

Un changement n’est pas impossible, avant la fin de notre travail. Mais, pour l’instant, nous en restons au fait que Bilbo ne figure pas dans la liste… il faut essayer de suivre les dernières consignes de Tolkien. Dans une lettre de 1959 concernant une traduction polonaise du Seigneur des Anneaux, Tolkien exprime son désir qu’il y ait « aussi peu que possible de traduction ou de modification des noms. » Je cite : « ce livre est anglais et son anglicité ne doit pas être supprimée. Le fait que les Hobbits parlaient en réalité une langue ancienne qui leur était propre est bien entendu une assertion pseudo-historique rendue nécessaire par la nature même du récit. Je pourrais fournir ou inventer la forme originale en langue hobbite de tous les noms apparaissant en anglais, tels que Baggins [Sacquet] ou Shire [Comté], mais cela n’aurait absolument pas de sens. Ma propre opinion est que les noms de personnes devraient tous être laissés tels quels. Je préférerais plutôt que l’on ne touche pas non plus aux noms de lieux, y compris Shire. La manière de faire appropriée est, je pense, d’établir une liste de ceux qui possèdent un sens en anglais et de la donner à la fin, en la glosant ou en l’expliquant en polonais » (Lettre 217, p. 421-422). Mais il s’agit d’une position datée, dans le processus de réflexion de Tolkien qui, quelques années plus tard, indique quels termes traduire. Eh bien, nous nous fions à ces indications. Je peux annoncer que pour un certain nombre de nom propres, nous revenons à l’anglais : Frodo, Bilbo, Saruman, etc.

Dans le film Le Seigneur des Anneaux, la traduction a été gardée.

Parce que c’était, là, un accord entre le distributeur et, je pense, l’ayant droit de la traduction de Francis Ledoux. Mais j’avais travaillé sur d’autres propositions, au cas où ça n’aurait pas été retenu.

Que pensez-vous des critiques parfois très virulentes de la traduction de Francis Ledoux, Édouard Kloczko allant jusqu’à parler d’un « travail d’orque » ?

Je ne vais pas répondre sur les critiques d’Édouard Kloczko parce que je ne veux pas polémiquer, mais les choses sont simples : Ledoux est un très grand traducteur, qui a traduit beaucoup d’auteurs, mais il est surtout à l’aise sur la littérature classique : par exemple, c’est le traducteur de Dickens en Pléiade. De manière révélatrice, dans Le Seigneur des Anneaux, il est meilleur dans les passages descriptifs ou narratifs, et peu dans les dialogues. Il y a des moments très réussis, Ledoux a fait des choix de traduction parfois très intéressants, mais aussi de grosses erreurs, dont quelques-unes sont liées aux circonstances de la traduction. Traduire Le Seigneur des Anneaux en aussi peu de temps, et alors que Le Silmarillion n’était pas publié, c’était difficile. Il faut voir la colère de Tolkien à l’égard de traducteurs du Seigneur des Anneaux dans d’autres langues, par exemple dans les Lettres, pour relativiser les critiques que l’on peut lui adresser. Il n’empêche que cette révision du Seigneur des Anneaux s’impose.

Il a refusé certaines traductions.

Effectivement, il y a des problèmes dans la traduction française, mais c’est bien pire dans d’autres traductions (voir la traduction allemande, qui a été refaite). Il y a beaucoup de choses à garder dans la traduction de Ledoux, et beaucoup de choses à corriger, c’est la raison pour laquelle on a voulu garder le texte de Ledoux ; en respectant aussi l’attachement des millions de lecteurs francophones (et pas seulement français, mais du Canada, de Belgique, de Suisse) de Tolkien – tout en corrigeant jusqu’à vingt points par page.

Ce sont des corrections ?

Tout ce qui relève des erreurs typographiques dans les noms, mais aussi les omissions d’un mot, d’une phrase. Ce qui se produit facilement. Enfin, il faut imaginer : mille trois cent pages ! Actuellement, je corrige les épreuves des sept cent pages des Lettres ; mais ce sera un miracle s’il n’y a pas de coquille ennuyeuse, si une note de bas de page ne saute pas, malgré les multiples relectures, de plusieurs relecteurs. Les personnes les plus virulentes, c’est évident, ne savent pas ce que c’est que d’éditer un livre ; ce qui m’amuse c’est de voir des lecteurs de Tolkien prendre conscience de la difficulté qu’il y a à publier correctement un article de vingt pages (ou même le mettre en ligne, ou au format pdf) – vous allez vous en rendre compte avec ce magazine. Alors, publier un livre de sept cents ou mille trois cents pages… Bref, nous avons opté pour une révision en profondeur d’une traduction qui a beaucoup de qualités et à laquelle les lecteurs de Tolkien se sont attachés.

Il n’y a pas de réécritures ?

Il y a des pages tellement corrigées, que par moments les lecteurs verront une différence importante. Mais sans remettre en cause « la Comté », « Fondcombe »… Nous ne touchons pas aux grandes réussites de cette traduction.

Où en est ce projet ?

Comme j’ai dû l’expliquer à la Bibliothèque nationale en janvier 2004, Le Seigneur des Anneaux est vraiment la conclusion du programme de publications actuel. Il n’est pas possible de publier la nouvelle édition du Seigneur des Anneaux avant les Lettres et les tomes 3, 4, 5 de l’Histoire de la Terre du Milieu. Puisque les Lettres paraissent en octobre, que les tomes 3 et 4 doivent paraître en tout début 2006, je pense que la nouvelle édition du Seigneur des Anneaux pourrait sortir en 2007, mais ce n’est qu’une prévision, qui dépend de beaucoup de paramètres. Dans un an et demi, peut-être. On réactualisera cette prévision en fonction de l’accueil des traductions des Lettres, parce que j’ai mis au point pour cette traduction beaucoup de solutions applicables au Seigneur des Anneaux. Les Lettres commentent toute l’œuvre de Tolkien, et il n’était pas logique de publier une édition du Seigneur des Anneaux avant cette parution ; c’est la raison pour laquelle il a été décidé d’inverser l’ordre des parutions. On a débuté la révision du Seigneur des Anneaux en 2000, et ce devait être initialement le premier projet. Mais Christian Bourgois a donné son feu vert pour publier des inédits, ce que nous avons fait progressivement : dans Faërie et autres textes, Le Retour de Beorhtnoth et Mythopoeia sont inédits (les autres textes sont révisés), les Lettres du Père Noël ont été révisées en profondeur et sont inédites pour une moitié d’entre elles, etc. Et puis, il a semblé que la demande des lecteurs concernant le tome 3 de l’Histoire de la Terre du Milieu était une demande vraiment urgente.

Une fois la montagne de ce tome, The Lays of Beleriand, franchie, les autres volumes poseront-ils moins de difficultés ?

Absolument. Les solutions qui ont été trouvées pour le tome 3 vont être appliquées aux tomes 4 et 5. Il y a deux traducteurs pour le tome 3 : une traductrice chargée des poèmes et un traducteur chargé de toute la prose (le commentaire, les introductions, etc.), et qui est le même que celui du tome 4, en raison du très fort lien existant entre ces tomes8). Les difficultés propres au troisième tome sont vraiment monumentales, mais sont en train d’être surmontées. Le commentaire est fini et il faut parvenir à une version définitive des poèmes. Le volume sera fabriqué à partir de septembre, pour paraître fin 2005 ou début 2006. Les traductions suivantes vont aller plus vite, la traduction du tome 4 est en voie d’achèvement, tout comme Les Monstres et les critiques, le recueil d’articles et de conférences de Tolkien, traduit à quatre-vingts pour cent et dont j’ai commencé la relecture. La fabrication commencera également en septembre. Au total : les Lettres paraissent en octobre, les tomes 3 et 4 de l’Histoire de la Terre du Milieu et Les Monstres et les critiques sortiront dans la foulée. On connaît moins Les Monstres et les critiques, mais c’est un livre très important, qui contient le commentaire de Tolkien sur Beowulf (essentiel pour comprendre Le Seigneur des Anneaux), son texte sur les langues imaginaires (« Un vice secret »), un discours prononcé lors de son départ d’Oxford, très émouvant. Je pense vraiment que ce livre va intéresser les lecteurs de Tolkien, tout comme la traduction des Lettres. Quand on voit comment les Letters, en anglais, sont sollicitées lors des discussions sur les forums, et combien de lecteurs ne maîtrisent pas suffisamment l’anglais pour profiter de ces informations, on ne peut que se réjouir que les Lettres comme Les Monstres et les critiques paraissent enfin. Les discussions sur Internet et les étudiants qui sont en maîtrise ou en DEA sur Tolkien en profiteront !

Quelle est la traduction envisagée du titre The Shaping of Middle-earth ? Le site de Christian Bourgois indique La Formation de la Terre du Milieu, mais un de vos messages sur Internet indique que c’est susceptible de changement. Dans un débat qui a eu lieu sur le forum Tolkiendil, plusieurs mots ont été proposés : « modélisation », « façonnage », « façon », « façonnement », « création », « modelage », etc.

Je ne veux pas parler au nom du traducteur, mais je suis personnellement plutôt pour « formation », même si j’aime bien « façon ». « Façonnage », « façonnement », sont trop laids, tout comme « modelage ». « Création » est problématique puisque chez Tolkien la seule personne qui crée est Eru ; dans le titre The Shaping of Middle-earth, il y a un jeu de mots, évidemment, sur la création de la Terre du milieu et la création par Tolkien. « Formation » aurait le mérite de la simplicité, « façon » a le mérite de la richesse au niveau du sens. Voilà une des choses dont nous reparlerons bientôt ensemble9).

Une révision de la traduction est-elle envisagée pour d’autres ouvrages de Tolkien, comme Le Silmarillion ou les Contes et légendes inachevés ?

Cela fait certainement partie de mes intentions, la question est celle du moment. Je n’en ai pas encore parlé à Christian Bourgois, et rien ne presse. Car si l’on réfléchit en termes d’urgence, l’Histoire de la Terre du Milieu et la révision du Seigneur des Anneaux demandent toute notre attention. Il n’est pas impossible qu’une révision du Silmarillion ait lieu après celle du Seigneur des Anneaux, mais tout dépendra des décisions de l’éditeur, qui peut décider de repartir pour un cycle de publication d’inédits, avant de songer à une révision du Silmarillion. Mais une révision du Silmarillion serait souhaitable, en termes de cohérence de traduction.

On l’a vu, vous dirigez un certain nombre de parutions sur Tolkien, de traductions, de révisions, d’expositions, etc. Pensez-vous un jour écrire d’autres ouvrages sur Tolkien, après Sur les rivages de la Terre du milieu, qui était plutôt centré sur Le Seigneur des Anneaux, et Tolkien, trente ans après ?

Le Seigneur des Anneaux est effectivement l’objet central de Sur les rivages de la Terre du milieu, mais je parle aussi du Silmarillion et des Lettres, en particulier dans les notes. Je n’ai pas l’intention de travailler spécifiquement sur Le Silmarillion, pour le moment. D’autre part, des livres de présentation de l’ensemble de l’œuvre de Tolkien, de l’Histoire de la Terre du Milieu, ont déjà été publiés en français. J’ai quelques idées en tête, effectivement, peut-être un livre sur la correspondance de Tolkien, parce que j’ai tout de même passé deux ans sur la traduction de ces Lettres ! Il y a des choses intéressantes à dire, et pas seulement un article. Je le dis, j’espère que personne ne me prendra cette idée (rire) – j’ai commencé à l’écrire, en fait. Mais dans l’immédiat, sur Tolkien, ce sont plutôt des articles qui sont prévus : mon intervention à Ulm, en juin 2005 ; un article lié à Birmingham, etc. J’ai aussi prévu d’en écrire un pour La Feuille de la compagnie de Michaël Devaux.

Avec tout cela, finirez-vous par en avoir assez de Tolkien ?

Je ne risque pas d’en avoir assez de Tolkien. Mais il y a des phases. C’est-à-dire que mon travail sur Proust risque de prendre plus de place dans les années qui viennent, une fois que le cycle de publication actuel sera terminé. Mais quand on rencontre un auteur aussi important que Tolkien, sur lequel il y a autant de choses à faire, il me paraît impossible de s’en lasser. J’arrêterai peut-être le jour où nous seront plus d’universitaires à travailler sur Tolkien, où tout ce qu’il y a à traduire en français aura été publié. Et là encore, il nous restera à écrire sur Tolkien…

Voir aussi sur le Net

1) Voir Débats, signatures, conférences, sur PourTolkien.fr.
2) Un entretien avec Christian Bourgois a été publié dans Tolkien, trente ans après, où il revient sur son expérience d’éditeur des œuvres de J.R.R. Tolkien en français.
3) Voir la page de l'évènement et l’enregistrement audio mis en ligne.
4) Note de S.V. : voir aussi l’article de Nicolas Liau « La Bataille de Lézeau et le Nettoyage de la Comté : mort et résurrection » (à venir sur ce site).
5) Note de S.V. : Elle double aussi le personnage de Galadriel dans la version française du film.
8) On sait désormais qu'il s'agit respectivement d'Elen Riot et de Daniel Lauzon.
9) C'est finalement La Formation de la Terre du Milieu qui a été choisi.
 
tolkien/portraits/interviews/vincent_ferre.txt · Dernière modification: 06/04/2020 18:47 (modification externe)
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