Arthur – Aragorn – Ransom: Concepts of Kingship in the Works of Three Inklings

Thomas Honegger - 26 juillet 2012 - Cerisy
ColloqueLes colloques de Cerisy ont, depuis longtemps, accordé une place de choix aux littératures de l’imaginaire et aux littératures dites « de genre » ; elles sont aussi, bien sûr, un lieu emblématique de réflexion sur la littérature. Une semaine sera consacrée, en juillet 2012, à l’œuvre de J.R.R. Tolkien (1892-1973) et au groupe des Inklings (C.S. Lewis, Charles Williams, Owen Barfield, etc.).

Compte-rendu de son intervention

par Laura Martin-Gomez

Il y a un concept partagé de la royauté chez Tolkien, Lewis et Charles Williams mais qui s'exprime de manière différente selon les œuvres. Dans Narnia, de C. S. Lewis, il y a un roi sans justification (le roi Peter), simplement parce que c'est l'aîné et que c'est un humain. Les premiers rois de Narnia sont des londoniens de la classe ouvrière, ce qui confirme l'idée d'un roi désigné par Dieu. Il s'agit d'un roi séculier car Dieu est incarné (sous la forme d'Aslan) et intervient dans le monde.

Dans That Hideous Strength, dont l'histoire se passe à Logres (une Grande-Bretagne conceptualisée avec une idée plus ancienne de la royauté), il y a un roi séculier à Windsor et un roi spirituel, incarné par Pendragon : cette division indique la trace d'une unité perdue. Le roi est perçu comme un pont (à l'image du Pape, le constructeur de ponts). Dans les Poèmes Arthuriens de Charles Williams, la figure historique d'Arthur apparaît mais le texte est écrit du point de vue des autres personnages, pas d'Arthur lui-même. Ici, le roi n'est ni un prêtre ni un empereur mais le roi de Logres qui doit favoriser le retour du Christ et du Sacré Graal. Toutefois, il échoue car il met la priorité sur ses intérêts personnels (avec l'histoire de Guenièvre et Lancelot).

Chez Tolkien, Aragorn est la figure la plus archétype du roi. Cf. p. 968 (remarque de Gandalf) : point culminant du livre avec le couronnement d'Aragorn, déjà signalé dans le titre du troisième volume du Seigneur des Anneaux. Le roi est révélé progressivement à travers les prismes que sont Grand-Pas/Strider, Aragorn, puis Elessar. Il est associé à la bataille, au mariage, à la pitié, au pouvoir et la prêtrise (même si ce dernier élément est plus discret). Aragorn incarne le « renovator imperii ». Il est aussi issu d'une longue lignée ininterrompue, un pedigree médiéval typique et il reçoit un cadeau de fiançailles particulier, l'Elfstone (cf. « Laws and Customs »). Ainsi, les deux corps du roi sont encore unis dans la figure d'Aragorn, c'est-à-dire que son 'poste' en tant que roi est encore lié directement à sa personne.

Chez Lewis, il y a un roi spirituel, un roi de conte de fées. Chez Williams, il y a un roi historique et séculier qui échoue. Chez Tolkien, le roi, à travers la figure d'Aragorn, incarne une unité que nous avons perdue.

Réflexions suite aux questions de l'auditoire : Il ne faut pas oublier que « The War of the Ring » était le titre que préférait Tolkien pour le troisième volume. L'aspect sacré se retrouve chez Aragorn dans son pouvoir de guérison. L'Elfstone agit comme une caution supplémentaire de royauté.

 
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