« Son choix fut fait et son destin scellé »: Tragédie et Divine Comédie dans le Conte d’Aragorn et Arwen

Richard C. West — 2006 — traduit de l'anglais par David Giraudeau, sept. 2013
Articles de synthèseArticles de synthèse : Ces articles permettent d’avoir une vue d’ensemble du thème traité mais ils nécessitent une bonne connaissance des principales œuvres de J.R.R Tolkien.
West, Richard C., “Her Choice Was Made and Her Doom Appointed’: Tragedy and Divine Comedy in the Tale of Aragorn and Arwen.” précédemment publié dans The Lord of the Rings 1954-2004: Scholarship and Honor of Richard E. Blackwelder, édité par Wayne G. Hammond and Christina Scull. Copyright © 2006 by Marquette University Press.

Lorsque J.R.R. Tolkien s’attela à l’écriture d’une suite au Hobbit et qu’il décida de faire le lien avec la faculté d’invisibilité de l’anneau de Bilbo, de nombreux éléments de l’histoire prirent rapidement place, mais beaucoup d’autres restaient à découvrir (ou sub-créer). Plus tard, il écrivit à W.H. Auden, un de ses anciens étudiants (Lettres p. 307) :

La Quête centrale a donc commencé tout de suite. Mais j’ai rencontré en chemin de nombreuses choses qui m’ont étonné. Tom Bombadil, je le connaissais déjà ; mais je n’étais jamais allé à Bree. Voir Grand-Pas assis dans son coin à l’auberge a été un choc, et je n’avais pas plus d’idée que Frodo sur son identité. Les mines de la Moria n’avait été jusqu’alors qu’un nom, et au sujet de la Lothlórien rien n’était parvenu à mes oreilles de mortel jusqu’à ce que je m’y rende. […] Je n’avais jamais entendu parler de la Maison d’Eorl, ni des Intendants du Gondor.

Cet article a été publié dans l'ouvrage
The Lord of the Rings 1954-2004: Scholarship and Honor of Richard E. Blackwelder.

The Lord of the Rings 1954-2004: Scholarship and Honor of Richard E. Blackwelder

Ainsi donc, l’ensemble de la saga d’Aragorn restait à développer : le fait de savoir si le personnage découvert assis dans un coin du Poney Fringant serait un Hobbit ou un Homme, son engagement passé au service des royaumes de Rohan ou de Gondor (ou l’histoire même de ces régions), sa longue association avec Gandalf, Galadriel et Elrond, ses grands voyages, son implication dans la lutte contre Sauron, ou son vrai nom (même le surnom Grand-Pas apparut tardivement dans la composition, en remplacement de Trotter). Il finit d’ailleurs par porter de nombreux autres noms et titres, tels que Estel, Thorongil, le Dúnadan, Telcontar, Aragorn et, bien entendu, le Roi Elessar qui restaure paix et prospérité en Terre du Milieu au cours d’un long règne dont on nous dit qu’il fut riche d’événements, même après la chute du Sombre Seigneur.

Il est de notoriété universelle qu’un bon roi a besoin d’une bonne reine pour l’inspirer et le soutenir, et à un certain point du processus d’écriture l’auteur a dû sentir que l’histoire nécessitait qu’il en ait une. Un temps, Éowyn, fille-sœur du Roi Théoden, sembla faire une épouse tout à fait convenable, comme le suggère cette description d’un ancien brouillon du chapitre « Le roi du château d’or » (Livre III, chap. 6), lorsqu’elle assiste son vieil oncle jusqu’à son trône pour donner audience à Gandalf et ses compagnons, avant de quitter la salle avec un dernier regard en arrière :

« … elle semblait très belle et gracile. Son visage était rempli d’une douce pitié, et ses yeux brillaient de larmes contenues. Aragorn la vit ainsi pour la première fois à la lumière du jour, et après qu’elle fut partie, il demeura immobile, observant les sombres portes, n’accordant que peu d’attention à toute autre chose1). »

Dès cet instant, un échange amoureux se développa entre ces deux personnages et fut une part importante de l’intrigue, jusqu’à un stade relativement tardif de la composition, bien que ce passage et ses répercussions furent rejetés alors même que Tolkien était encore en train d’écrire ce manuscrit holographe. Nous pouvons imaginer que, alors que ces personnages évoluaient, il était devenu évidemment trop incohérent qu'un homme aussi expérimenté qu'Aragorn agisse comme un jouvenceau en mal d'amour, ou pour Eowyn la vierge au bouclier, de supporter un tel comportement. De plus, dès lors que Tolkien décida de placer Aragorn dans la lignée des rois de Númenor, il ne lui était plus possible d’avoir une épouse avec une espérance de vie mortelle normale, qui aurait vieilli et serait morte avant lui2). Cependant, si un mariage royal était la seule condition pour qu’Aragorn achève de manière appropriée sa quête du trône, il y avait pire choix pour l’auteur que d’arranger son union avec une femme capable de mener son peuple en l’absence de son oncle et de son frère, ou encore de tuer le Seigneur des Nazgûl en combat singulier (ou plutôt en combat à trois, puisqu’elle reçoit le soutien du Hobbit Merry Brandebouc, armé d’une lame enchantée forgée dans le but de combattre le royaume d’Angmar). La Dame Éowyn possède même des partisans qui auraient voulu qu’il en fut autrement pour elle. Mais Tolkien décida plutôt d’introduire un nouveau personnage, ce qui me semble être une relation bien plus riche du point de vue mythologique.

Éowyn (© Anke Katrin Eissmann)

Il faut reconnaître que la conception d’Arwen, fille d’Elrond le Demi-Elfe, lui vint alors qu’il était près de terminer son roman, ce qui l’obligea à lui trouver de la place pour l’insérer dans la longue trame antérieure. Tolkien parlait de ses « constantes réécritures rétrospectives » afin d’atteindre une certaine cohérence et, généralement, il y parvint si bien que ce n’est qu’à la lecture de l’histoire érudite de Christopher Tolkien sur la gestation du Seigneur des Anneaux, voire sur les manuscrits eux-mêmes, que nous prenons pleinement conscience de la myriade de corrections, d’amorces et de changements. Cependant, dans le cas d’Arwen, les passages la concernant dans le corps du roman sont peu nombreux et dispersés.

Dans la version définitive, nous la voyons pour la première fois au travers des yeux de Frodon, dans La Communauté de l’Anneau dans le chapitre « Nombreuses rencontres » (Livre II, chap. 1) qui se déroule à Fondcombe, à l’occasion d’un festin en l’honneur des quatre Hobbits nouvellement arrivés. Frodon remarque une Elfe qui possède un air de famille remarquable avec son hôte Elrond :

Elle était jeune et en même temps pas. Les tresses de ses cheveux sombres n'étaient touchées d'aucun givre, ses bras blancs et son clair visage étaient lisses et sans défaut, et la lumière des étoiles brillait dans ses yeux, gris comme une nuit sans nuage, elle avait de plus un port de reine, la pensée et le savoir se révélaient dans son regard comme dans celui de quelqu'un qui a connu maintes choses qu'apportent les années. […] Arwen, fille d'Elrond, dans laquelle, disait-on, l'image même de Lúthien était revenue sur terre, et on l'appelait Undómiel, car elle était l'Étoile du Soir de son peuple. […] Frodon n'avait jamais vu ni imaginé pareille beauté en un être vivant3)

Il est clair que ce nouveau personnage, à la fois beau et sage, doit avoir quelque importance, mais la connexion avec Aragorn reste encore à établir. Il n’est pas à table avec les autres convives, étant en conseil avec les frères d’Arwen, à l’affût des mouvements de leurs ennemis. Lorsqu’il revient, quelques pages plus tard, Bilbo lui demande : « Pourquoi n'étiez-vous pas au festin ? La dame Arwen était présente4). ». De prime abord, nous ne comprenons pas complètement ce que cela signifie hormis qu’il doit y avoir quelque relation intime entre eux, et qu’Aragorn aime la Dame Arwen. À la lumière de l’appendice A, il me semble clair que le ton de Bilbo est quelque peu taquin. Et peu de temps après, Frodon voit le couple en pleine discussion, accompagné d’Elrond (officiant sans doute comme chaperon, bien que ce ne soit pas établi)5).

La référence suivante au rôle d’Arwen survient de nombreux chapitres plus tard, lorsque la Communauté reçoit des provisions et des cadeaux tandis qu’ils s’apprêtent à quitter la Lórien. On peut aisément rater sa signification. Lorsque Galadriel demande à Aragorn s’il y a quoi que ce soit qu’elle puisse lui offrir pour lui venir en aide, il lui adresse ces mots énigmatiques : « Madame, vous connaissez tout mon désir, et vous avez longtemps eu en garde le seul trésor que je cherche. Mais il n'est pas à vous pour me le donner, quand bien même vous le voudriez, et ce n'est que par les ténèbres que je l'atteindrai. ». À ce stade, nous ne comprenons pas qu’il parle d’Arwen, même si le chapitre à Fondcombe nous a appris qu’elle se rend régulièrement en Lórien. Car nous ne savons pas encore qu’il ne peut gagner sa main que par son entreprise laborieuse contre Sauron. Mais Galadriel sait tout cela, et en guise de réponse, elle lui offre « une grande pierre vert clair, montée dans une broche d'argent en forme d'aigle aux ailes déployées », et lui dit : « Cette pierre, je l'avais donnée à ma fille Celebrían, et elle l'avait transmise à la sienne, et maintenant elle vous échoit en signe d'espoir. ». Si l’on relit ce passage après avoir lu les appendices, nous savons que Celebrían est l’épouse d’Elrond et que leur fille est Arwen qui, nous l’apprenons à cet instant, a laissé cette broche à sa grand-mère afin qu’elle la conserve spécialement pour Aragorn. Lorsqu’il l’agrafe : « ceux qui le virent furent étonnés, car ils n'avaient pas remarqué jusqu'alors à quel point sa prestance était haute et royale, et il leur sembla que maintes années étaient tombées de ses épaules6). » Et là encore, nous pourrions nous poser des questions, puisqu’à cet instant nous ne savons pas encore qu’ils sont fiancés. Mais dès l’instant que nous l’apprenons, il est devient clair que l’octroi de cet héritage familial est une forme de confirmation de leur amour et la promesse de leur union ultime. Et tout naturellement, cela l’encourage.

La prochaine apparition d’Arwen survient beaucoup plus tard et de manière distante. Lorsque les Rôdeurs rejoignent Aragorn au Rohan, peu de temps avant qu’ils ne franchissent ensemble les Chemins des Morts, son parent Halbarad lui apporte une bannière « enveloppée dans un tissu noir, serré de nombreuses lanières. « C’est un présent que je vous apporte de la part de la Dame de Fondcombe […] Elle l’a confectionné en secret, et la fabrication en fut longue. Mais elle envoie aussi ce message : Les jours sont maintenant courts. Ou notre espoir vient, ou la fin de tout espoir. Je t’envoie donc ce que j’ai fait pour toi. Adieu, Pierre elfique7) ! » Il faut accorder ici une attention toute particulière à la formulation. Le manuscrit confirme que Tolkien avait bien l’intention de faire usage de l’apostrophe dans « hope’s end » [fr. « fin [de tout] espoir »], mais ce passage est souvent publié sans apostrophe, ce qui fait de « end » un verbe plutôt qu’un nom8). Mais pour autant, le passage garde un certain sens : « all hopes end » [fr. « tous les espoirs s’achèvent »] c’est-à-dire que les espoirs de tout le monde, quels qu’ils soient, s’achèveraient, seraient réduits à néant. Cependant, ce que Tolkien fait dire à Arwen serait plutôt : « Soit notre espoir à tous deux vient, soit ce sera la fin de tout espoir ». Ce qui est assez similaire mais plus subtil9). Il s’agit également d’une allusion à l’autre nom d’Aragorn, Estel, un mot sindarin signifiant « espoir », le thème même de sa vie.

Immédiatement, Aragorn devine ce qu’est cet objet caché, et ainsi, ce qu’Arwen conçut en secret ne lui est pas secret. Mais le lecteur ne le sait pas avant quelques chapitres, lorsqu’Aragorn et ses forces arrivent pour lever le siège de Minas Tirith dans les navires pris aux Corsaires d’Umbar :

« et voilà que sur le navire de tête un grand étendard se déployait, et le vent le fit flotter […] Dessus fleurissait un Arbre Blanc, et cela, c'était pour le Gondor, mais il était entouré de Sept Etoiles et surmonté d'une haute couronne, marque d'Elendil que nul seigneur n'avait portée depuis des années sans nombre. Et les étoiles flamboyaient au soleil, car elles avaient été ouvrées en gemmes par Arwen fille d'Elrond, et la couronne brillait dans le matin, car elle était faite de mithril et d'or10). »

On pourrait alors objecter que, durant la Guerre de l’Anneau, Arwen ne fit rien de plus qu’un long travail de borderie. Mais il me semble important de rappeler qu’il s’agit de bien plus qu’une simple bannière ornée d’un étrange motif. En la déployant, Aragorn affirme ouvertement sa revendication au trône de Gondor et d’Arnor, dont nous apprenons dans l’appendice A que son accession conditionne le consentement d’Elrond à lui donner la main de sa fille. Lui ayant fabriqué et envoyé cette bannière, Arwen lui demande de faire les deux. En bon futur époux, il fait ce que lui demande sa dulcinée, à cet instant, mais également par la suite, puisque c’est après avoir reçu le message d’Arwen qu’il se révèle à Sauron dans la palantír en tant qu’Héritier d’Elendil.

L'Arbre Blanc (© Ted Nasmith)

Et la prochaine apparition d’Arwen ne se fait pas de manière distante mais survient lorsqu’elle se rend à Minas Tirith avec sa parenté pour le mariage royal.

« Aragorn, Roi Elessar, épousa Arwen Undómiel dans la Cité des Rois le jour du Solstice d'été, et l'histoire de leurs longues peines se trouva achevée11). »

Il est évident que pour apprécier les apparitions d’Arwen nous avons besoin de véritablement bien connaître son histoire, qui n’est exposée autrement que sous forme d’allusions. Le récit de Tolkien est un vaste réseau d’histoires et de motifs entrelacés, qu’il n’est possible de comprendre avec plus de profondeur qu’après plusieurs lectures, afin de percevoir les relations entre les différentes parties qui les composent. Les appendices sont un élément essentiel à l’histoire du Seigneur des Anneaux et éclairent d’une lumière différente le corps principal du récit. Il est intéressant de noter que des lettres inédites entre Tolkien et ses éditeurs nous révèlent que lorsque des traducteurs étrangers voulaient omettre les appendices, il insistait sur le fait qu’il faille au moins conserver le passage sur le « Conte d’Aragorn et d’Arwen » dans l’appendice A12).

En premier lieu, nous devons nous rappeler qui est cette Lúthien à laquelle Arwen est dite ressembler, car cette ressemblance est plus que physique. Dans le légendaire de Tolkien, l’union de Beren et Lúthien, premier mariage interracial entre Homme et Elfe, préfigure celle d’Aragorn et Arwen ; ces unions servant de représentation mythique à la mortalité terrestre imprégnée d’art, de science, de philosophie, de sagesse et, en général, de choses plus élevées de l’esprit. Ces personnages font également tous partie de la même famille, ce qui est une considération remarquable même de nos jours et qui, dans le lointain passé où se déroule l’histoire, est d’une importance primordiale. Si Tolkien travailla si dur à la conception des arbres généalogiques dans les appendices, c’est pour leur pertinence. Car Dior, fils de Beren et Lúthien, eut une fille nommée Elwing, qui se maria à Eärendil le Marin. Les fils d’Eärendil et Elwing furent Elrond, père d’Arwen, et Elros qui fonda la lignée des rois de laquelle descendit Aragorn des siècles plus tard. Comme Arwen le confia à Aragorn lors de leur première rencontre : « nous sommes parents éloignés. » Avec un tel degré de séparation, ils ne sont évidemment que de lointains parents, mais cette relation peut néanmoins partiellement expliquer leur attirance mutuelle, et est certainement pour partie dans la raison pour laquelle Elrond fait preuve de partialité vis-à-vis de la descendance de son frère, même lointainement apparentée. Après qu’Arathorn ait été tué par des Orcs, sa femme Gilraen et leur fils Aragorn, alors âgé de deux ans, trouvèrent refuge chez Elrond, et nous apprenons qu’Elrond « vint à l’aimer comme son propre fils13). »

Il est également crucial pour l’histoire qu’Elros et Elrond, aux héritages humain et elfique mêlés, aient fait chacun un choix différent qui affecta leur descendance. Car dans la mythologie de Tolkien, « à la fin du Premier Âge, les Valar contraignirent les Demi-Elfes à choisir – irrévocablement – à quelle parentèle ils souhaitaient se rattacher. » Elrond choisit la condition elfique, immortel dans les limites du monde et autorisé à naviguer jusqu’en Valinor s’il ressentait la lassitude des terres mortelles. Tandis qu’Elros opta pour l’Humanité et une longue vie mais assortie du mystère de la mort à la fin. Du point de vue humain, il semble étrange qu’Elros ait fait ce choix, et nous apprenons effectivement que ses descendants le regrettèrent souvent, mais il s’agit là d’un mythe, non d’un roman réaliste. Et dans les histoires contées par Tolkien, chaque race envie l’autre, les Hommes désirant l’immortalité elfique tandis que les Elfes se languissent de la libération de la mort. Cependant, on nous relate le cas de Lúthien, qui choisit de partager avec Beren une vie mortelle terminée par le trépas, et « seule de la race elfique, Lúthien Tinúviel est vraiment morte et a quitté le monde, et ils ont perdu celle qu’ils aimaient entre tous. » Ainsi parle pensivement Aragorn, et je présume qu’il est probablement en train de penser à ce qu’il adviendra s’il épousait Arwen. Cette scène survient assez tôt dans La Communauté de l’Anneau, tandis qu’Aragorn guide les quatre Hobbits de Bree à Fondcombe et qu’il raconte une partie de l’histoire de Beren et Lúthien alors qu’ils campent au Mont Venteux. Jusqu’à présent, il n’y a eu aucune mention à Arwen, et il n’y est pas fait ouvertement référence ici. Aussi devrais-je peut-être me contenter de lire le texte plutôt que de tenter d’en extraire les intentions de l’auteur. Mais je pense que ce dessein de l’auteur est assez vraisemblable, compte tenu des parallèles entre l’histoire d’Aragorn et Arwen, et celle de Beren et Lúthien établis par Tolkien.

Dans le « Conte d’Aragorn et Arwen », Aragorn chante pour lui-même la chanson de Beren et Lúthien, lorsqu’il rencontre Arwen qui, comme lui, se promène seule dans les bois de Fondcombe, et qui revient tout juste de l’une de ses visites périodiques à sa grand-mère Galadriel en Lórien où elle était restée vingt ans – une période plutôt courte selon le comput elfique, mais qui correspond à l’âge d’Aragorn. Ils ne se sont donc jamais rencontrés auparavant. Elle est bien plus âgée que cet ardent jeune homme. En fait, elle a 2690 ans14). On pourrait penser qu’il lui apparaîtrait que comme « une poussée de l’année auprès d’un bouleau de maints étés15) » comme Elrond le suggère par la suite, mais il n’en est rien et ils s’entendirent dès leur première rencontre. L’amour entre deux êtres est un mystère, mais ceux-ci s’unissent en partie pour leur intérêt mutuel dans l’histoire de leurs ancêtres Beren et Lúthien. Ainsi, Aragorn associe toujours cette chanson à Arwen. Cela peut également indiquer que Beren, puissant guerrier contre le Grand Ennemi des Elfes et des Hommes, fut un parangon pour Aragorn, avant même qu’il ne rencontra Arwen. Si l’on fait abstraction du texte, je pense que, alors qu’il développait le personnage de Grand-Pas comme un descendant des Númenóréens plutôt que comme un Hobbit errant, il lui vint l’idée de l’associer à l’une des histoires favorites de ses travaux plus anciens. Quant au texte, il suggère que le destin est en marche. Avant même qu’Arwen n’apprenne le nom d’Aragorn ou sa lignée, elle lui dit que son nom n’est pas Lúthien, « encore que mon destin puisse ne guère différer du sien16). » Cette déclaration est surprenante car, bien qu’étant l’enfant d’Elrond et ayant de fait le choix de renoncer à son immortalité, pourquoi s’attendrait-elle à ce que ce soit un jour nécessaire ? Peut-être parce que, comme cela arrive souvent aux personnages de ce récit, elle fut touchée par « le don de prévision des siens »17), bien que cela ne soit pas explicité et nous laisse dans l’expectative d’une destinée en marche. Au sujet d’Aragorn, nous apprenons que « dès cette heure, il aima Arwen Undómiel, fille d’Elrond18). »

Et il s’agit là d’un amour véritable. Tous les autres personnages du récit le réalisent dès qu’ils l’apprennent. Sa mère Gilraen remarque que quelque chose l’a rendu « silencieux », mais lorsque qu’il lui fait part de son amour, de prime abord elle ne lui dit pas qu’il n’a que vingt ans ou qu’il ne s’agit que d’une fantaisie passagère qu’il faut oublier. Elle s’accorde avec lui sur le fait qu’il a vraisemblablement un destin amer. Elrond remarque également les regards amoureux qu’il porte sur sa fille, mais il ne l’enjoint pas pour autant de jeter son dévolu sur une autre. Plus tard, lorsqu’il apprend que sa fille ressent la même chose, il établit comme condition sine qua non à son consentement parental (lequel étant une nécessité dans leur culture, de même que dans notre monde jusqu’à une époque récente)19) qu’Aragorn revendique son héritage royal. Il fait ici un parallèle avec la quête de Beren pour gagner la main de Lúthien, ce qui est vrai mais il y a également une grande différence. Lorsque Thingol exigea de Beren qu’il obtienne un Silmaril de la Couronne de Fer de Morgoth, il pensait l’envoyer à la mort. Et sans l’aide qu’il reçut dans sa quête (principalement de Lúthien), Thingol aurait eu raison. Ce qu’Elrond lui demande est aussi difficile et périlleux, mais c’est ce qu’il devrait faire dans tous les cas. En lui donnant cette motivation, Elrond tente de faire de son mieux pour son fils adoptif bien-aimé. Il tente également de faire son devoir pour le salut de la Terre du Milieu, qui deviendrait sans conteste bonifiée si cette quête aboutissait. Il est aussi un père qui tente de s’assurer que sa fille aura la meilleure vie possible durant les années qu’il lui restera à vivre si elle décidait de se marier à un Homme et de devenir mortelle. Nous savons qu’il est un maître du savoir et un prescient, aussi lorsqu’il prédit qu’Arwen pourrait en venir à regretter son choix, nous devrions le prendre au sérieux. Pour toutes ces raisons, nous devons nous garder de le juger trop rudement. N’oublions pas qu’il a déjà perdu son frère Elros de cette mort que les Eldar nomment le Don de l’Unique aux Hommes.

Il me semble clair que, dès leur première rencontre, Arwen sait déjà qu’Aragorn est tombé amoureux d’elle. Lorsqu’il se présente à elle en récitant tous ses noms et titres, il agit comme le paon faisant la roue pour attirer sa femelle, bien que nous savons que dans son esprit il ne s’estime pas en être digne. Elle le ménage en lui déclarant que « nous sommes parents éloignés20). » Peu de temps après, il part pour une longue période qu’il met à profit pour voyage, s’instruire et combattre les serviteurs Sauron (et de fait se préparer à devenir roi). Elle se languit sans doute de lui, puisque nous apprenons que durant cette période « son visage était plus grave et son rire se faisait à présent rarement entendre21). » Vingt-neuf ans s’écoulent avant qu’ils ne se rencontrent à nouveau, lorsqu’il se rend en Lórien pour y demeurer un temps, sans savoir qu’Arwen s’y trouve également, à l’occasion de l’une de ses visites – une rencontre fortuite comme l’on dit en Terre du Milieu. Lorsqu’elle le voit de nouveau après leur longue séparation, paré à la manière d’un seigneur elfe, elle sait qu’il est celui qu’elle désire comme époux, « et son choix fut fait et son destin scellé22) »

Elessar (© Ted Nasmith)

Son choix, son libre arbitre ainsi que son sort [doom] – la signification originelle de doom en vieil anglais est « jugement » – son destin, sa destinée, tout cela réfère à la fois à son propre jugement ainsi qu’à tout jugement surnaturel la concernant. Tolkien associe fréquemment ces termes en une même signification, raison pour laquelle ils sont utilisés conjointement dans cette phrase, afin de suggérer les mystères du libre arbitre individuel de pair avec toutes les contraintes qu’il subit23). Il ne fournit jamais de réponses simples à ce mystère, et il n’y en a ici aucune. Arwen sait quel sort elle a choisi. Puisque, selon les termes mythiques de cette histoire, Aragorn ne peut pas devenir un Elfe (tout comme ses ancêtres númenóréens, qui en vinrent à regretter le choix d’Elros, ne le pouvaient pas) tandis que les enfants d’Elrond peuvent choisir de devenir mortels. Arwen devra quitter sa famille et son peuple, et finalement partager la mort, tout comme le firent Beren et Lúthien. Elle s’engage auprès d’Aragorn, mais cela ne va pas sans une certaine tristesse. Il est dit qu’ « [e]lle aimait tendrement son père24) », mais ils devront être séparés.

Son choix est source d’un grand bien. Elle n’apparaît pas souvent dans la trame principale du Seigneur des Anneaux, mais il est dit que « Aragorn étant loin, elle veillait sur lui en pensée25) » et peut-être que par le truchement de cette magie elfique, elle fut capable de lui offrir une certaine force et un affermissement, bien qu’il ne nous est pas conté ce que cette attention à son égard était capable d’accomplir26). Leur amour ennoblit certainement Aragorn et le pousse à accomplir de grands actes dans cette tradition chevaleresque à laquelle Tolkien fait appel, et Arwen l’assiste pour qu’il change le monde et le rende meilleur. De manière individuelle, son choix profite également à Frodon puisque, ne pouvant faire voile depuis les Havres Gris avec son père, elle laisse sa place à Frodon, lui garantissant ainsi l’accès à Valinor, seul lieu à même de lui permettre d’être soigné de ses profondes blessures27).

Lors de son couronnement, Aragorn a 90 ans, et Arwen et lui règnent ainsi pendant 120 ans. C’est une longue vie, mais Aragorn est humain et doit finalement mourir28). En tant que descendant d’Elros, « le dernier des Númenóréens et le tout dernier roi des Temps Anciens » peut choisir le moment de sa mort, mais il ne s’agit pas tant d’un choix que de reconnaître le fait que sa vie a atteint sa fin naturelle. S’il n’accepte pas la mort paisible qui lui est accordée, alors il deviendra rapidement une épave sénile – « ramolli et faible d’esprit » comme il le déclare à sa femme lorsqu’elle tente de l’en dissuader. Sa mort n’est pas un suicide comme celui de Denethor, alors désespéré. Il s’abandonne à la mort car il pense que c’est la bonne chose à faire, mais sa peine n’en est pas moins grande à leur séparation. « Je ne chercherai pas à vous réconforter, car il n’est point de réconfort pour pareille peine en ce monde. » Il ne peut que lui suggérer de tenter d’atteindre les Terres Immortelles où sa parentèle s’en est allée « et emporter dans l’Ouest le souvenir des jours passés ensemble, qui seront là toujours verts, mais jamais plus que des souvenirs ; ou subir le Destin des Hommes. »

Arwen lui répond que le voyage jusqu’à Valinor n’est plus possible et qu’elle a pitié du genre humain car la mort, le Don de l’Unique aux Hommes, est amèrement accueillie. « C’est ce qu’il me semble, dit-il. Mais ne nous laissons pas abattre à l’épreuve finale, nous qui avons autrefois renoncé à l’Ombre et à l’Anneau. Nous devons partir dans la tristesse mais non dans le désespoir. Voyez ! Nous ne sommes pas liés à jamais aux cercles du monde et, au-delà, il y a plus que le souvenir. Adieu ! » Comment Aragorn peut-il parler avec une telle certitude de ce qui se trouve au-delà des « cercles du monde » ? Nous ne le savons pas, mais nous pouvons imaginer qu’il s’agit de l’un de ces instants où sa prévoyance lui a révélé quelque chose. Habituellement, Tolkien n’utilise le terme « au-delà » que lorsqu’il y a quelque chose de réel à percevoir29), aussi je pense que nous pouvons considérer que c’est le cas ici avec Aragorn. Mais Arwen ne le perçoit pas et son angoisse n’en est pas atténuée.

« « Estel, Estel ! » s’écria-t-elle. » Estel est le nom qu’Aragorn reçut enfant. Il signifie « espoir », puisque sa naissance fit naître l’espoir en un monde meilleur, qu’Arwen contribua à lui faire concrétiser (même si cela ne durera pas). Mais « tout en lui prenant la main et en la baisant, il succomba au sommeil. »

Par la suite, Arwen endeuillée fait ses adieux à sa famille et à ses amis, puis se rend seule en Lórien, qu’elle avait si souvent visitée mais qui est maintenant abandonnée, et les quelques Elfes demeurés en Terre du Milieu sont à présent peu nombreux et dispersés. Elle passe ses derniers jours seule, dans ce qui fut jadis un lieu de joie pour elle mais, comme l’avait prédit Elrond, elle en est venue à regretter son choix. Finalement, durant l’hiver qui suivi la disparition de son époux, elle se laissa mourir sur le mont de Cerin Amroth, là-même ou longtemps auparavant elle et Aragorn s’étaient fiancés, et où ils firent tous deux leurs choix et scellèrent leurs destins.

Le mythe de Tolkien prend place dans notre monde au cours d’un passé imaginaire, en termes judéo-chrétiens après la Chute mais longtemps avant Abraham. Le grand poème de Dante est une Commedia plutôt qu’une tragédie car il se termine bien, de la descente aux Enfers, à la traversée du Purgatoire puis à l’accession au Paradis. Dans les chroniques de Chaucer, Troïle et Crisède souffrent mais à la fin, lorsque l’âme de Troïle s’élève au travers des sphères célestes, il regarde la terre en contrebas et rit, car il sait qu’il y a une rédemption. Le monde de la Terre du Milieu ne connaît pas ce genre d’espoir chrétien. Dans son ensemble, le Seigneur des Anneaux n’est pas un livre joyeux, et je trouve que la mort solitaire d’Arwen en est la tragédie la plus poignante30).

Pourtant, Tolkien déclare également que son livre « est bien entendu une œuvre fondamentalement religieuse et catholique31) » et je pense qu’il tente ici de nous faire adopter une double vision sur cette scène. Il semble que la mort est reçue avec amertume, allons en peine mais pas dans le désespoir – ces déclarations suggèrent qu’il y a quelque chose de meilleur après cela. L’évocation d’une mise à l’épreuve morale ne semble pas très païenne. Le fait de conserver les choses toujours vertes mais en étant « jamais plus que des souvenirs » évoque la tendance à embaumer le temps qui constitue, selon Tolkien, la plus grande erreur des Elfes, tandis que l’ultime déclaration d’Aragorn sur le fait qu’il y a plus que des souvenirs au-delà des cercles du monde rappelle cette tradition populaire selon laquelle le mourant entrevoit l’au-delà. Lorsqu’Aragorn meurt en embrassant la main de son Arwen bienaimée, le mot que nous entendons répété ici est la vertu chrétienne de l’espoir, même s’il est prononcé en elfique par une Préchrétienne qui ne mesure pas les implications de ce qu’elle dit. Arwen a perdu l’espoir, et a de surcroît perdu l’époux qu’elle surnommait Espoir, mais paradoxalement, son cri de désespoir porte en lui la suggestion d’une vertu chrétienne qui peut être un indice subtil de l’auteur qu’un espoir divin demeure, même s’il est dissimulé aux personnages.

L’histoire d’Aragorn et Arwen est tragique, et il n’existe point de réconfort pour pareille peine dans les cercles de ce monde. Mais selon l’espoir chrétien de Tolkien, il en existe un au-delà.

Je souhaite exprimer ma profonde gratitude à toutes celles et ceux qui ont assisté à la conférence de l’université Marquette et dont j’espère que les commentaires sur mon essai m’ont aidé à l’améliorer lors de sa révision. Je remercie en particulier Rico Abrahamsen, Douglas A. Anderson, Marjorie Burns, Janice Coulter, Verlyn Flieger, Matthew Fisher, Wayne G. Hammond, Gary Hunnewell, Marie-Louise Miesel, John Rateliff, Christina Scull, Paul Thomas et Kristin Thompson.
Je remercie également les auteurs des nombreux essais et ouvrages consultés lors de l’écriture de cet essai et dont tous les éléments sont fournis à la fin de cet ouvrage :
Nils Ivar Agøy, « The Fall and Man's Mortality: An Investigation of Some Theological Themes in J.R.R. Tolkien's « Athrabeth Finrod ah Andreth » » (1998),
Helen Armstrong, « There Are Two People in This Marriage » (1998),
Christine Barkley, « Points of View in Tolkien » (1995),
Bill Davis, « Choosing to Die: The Gift of Mortality in Middle-earth » (2003),
Margaret P. Esmonde, « Beyond the Circles of the World: Death and the Hereafter in Children's Literature » (1987),
Verlyn Flieger, A Question of Time: J.R.R. Tolkien's Road to Faërie (1997),
Lisa Hopkins, « Female Authority Figures in the Works of Tolkien, C.S. Lewis, and Charles Williams » (1995),
Catherine Madsen, « Light from an Invisible Lamp: Natural Religion in The Lord of the Rings » (1988),
Charles W. Nelson, « ‘The Halls of Waiting’: Death and the Afterlife in Middle-earth » (1998),
Melanie Rawls, « Arwen, Shadow Bride » (1985),
Donald P. Richmond, « Tolkien's Marian Vision of Middle-earth » (2002),
Len Sanford, « The Fall from Grace – Decline and Fall in Middle-earth: Metaphors for Nordic and Christian Theology in The Lord of the Rings and The Silmarillion » (1995),
Eric Schweicher, « Aspects of the Fall in The Silmarillion » (1995),
W.A. Senior, « Loss Eternal in J.R.R. Tolkien's Middle-earth » (2000),
T.A. Shippey, J.R.R. Tolkien: Author of the Century (2000) et The Road to Middle-earth (2ème éd., 1992),
Grant C. Sterling, « ‘The Gift of Death’: Tolkien's Philosophy of Mortality » (1977);
Norman Talbot, « Where Do Elves Go To? Tolkien and a Fantasy Tradition » (1995),
David B. Vale, « An Abbreviated History and Ancestry of Aragon [sic] and Arwen » (2003),
Gary L. Willhite and John R.D. Bell, « J.R.R. Tolkien's Moral Imagination » (2002),
Jessica Yates, « Arwen the Elf-Warrior? » (2000).
Naturellement, nous ne sommes pas d’accord sur tous les points, mais nous sommes nombreux à nous accorder sur plusieurs d’entre eux. Nos collègues scientifiques diraient que par nos observations indépendantes, nous avons « répété l’expérience » et que nous avons ainsi démontré que quelque chose de bien réel a été décrit.

Sur Tolkiendil

1) J.R.R. Tolkien, The Treason of Isengard, éd. Christopher Tolkien, The History of Middle-earth, volume 7, Houghton Mifflin, 1989, p. 445.
2) Je dois cette suggestion à Marie-Louise Miesel.
3) J.R.R. Tolkien, Le Seigneur des Anneaux, Christian Bourgois éditeur, 1992, p. 253-4.
4) Ibid., p. 259.
5) Ibid., p. 264-265.
6) Ibid., p. 409-410.
7) Ibid., p. 831.
8) Ndt : En d’autres termes, le lecteur lit angl. « all hopes end » soit littéralement fr. « tous les espoirs s’achèvent » au lieu de angl. « all hope’s end », fr. « la fin de tout espoir ».
9) Je me dois ici de remercier Douglas A. Anderson pour m’avoir indiqué cette variation textuelle et leurs significations différentes.
10) Ibid., p. 906-907.
11) Ibid., p. 1037.
12) Je remercie Christina Scull pour m’avoir fourni cette information.
13) , 16) Ibid., p. 1131.
14) Selon Tolkien (Le Seigneur des anneaux, appendice B p. 1163 et 1169), Arwen naquit en 241 T.Â. et Aragorn en 2931 T.Â.
15) Ibid., p. 1132.
17) Ndt : Ou peut-être cette révélation est-elle liée à sa relation avec sa grand-mère, Galadriel (et son Miroir), qu’elle vient de quitter pour rentrer à Fondcombe.
18) , 22) , 24) Ibid.
19) La raison principale était qu’un mariage engageait non seulement une relation entre deux personnes, mais également entre leurs deux familles. Il était donc utile de s’assurer le consentement des chefs de familles.
20) Ce passage est parfois imprimé « we are kin from afar » [au lieu de « we are akin from afar », ndt] qui possède essentiellement le même sens mais omet l’assonance et le jeu entre les deux mots qui partagent le même préfixe.
21) Ibid., p. 1133.
23) Ndt : A ce sujet, lire l’article Notes and Documents, Fate and Free Will de Carl Hostetter publié dans Tolkien Studies n°6 p. 183-8 et qui présente des notes de Tolkien sur le sujet datées de janvier 1968.
25) Ibid., p. 1134.
26) Ndt : Au sujet de cette « veille par la pensée », cf. l’essai de Tolkien Ósanwe-kenta sur la « Communication par la pensée » publié dans le Vinyar Tengwar n°39. Tolkien y explique notamment que les Hommes et les Elfes possédaient cette capacité à communiquer par la pensée.
27) Ibid., p. 1038-1039.
28) La discussion ci-dessous suit de près la dernière partie du « Conte d'Aragorn et Arwen » dans Le Seigneur des Anneaux, p. 1129-1136, d’où toutes les citations sont issues.
29) Cela se vérifie dans toutes les autres occurrences du terme citées par Richard E. Blackwelder dans A Tolkien Thesaurus, (New York, Garland, 1990) p. 17 [Ndt : Dans la seule Communauté de l’Anneau, le terme est employé 152 fois, dont 117 fois dans ce sens.].
30) Il y a peut-être un indice qui pourrait nous laisser penser que sa mort ne fut pas si solitaire que ça. Très tôt dans le livre, il est dit d’Aragorn qu’ « il quitta la colline de Cerin Amroth, où il ne devait jamais revenir vivant » (Tolkien, Le Seigneur des Anneaux, p. 385). Ce passage pourrait-il suggérer qu’il lui fut permis de revenir sous la forme d’un esprit après sa mort, qui ne pourrait être une meilleure occasion de réconforter sa femme au seuil de la mort ? Ce n’est qu’une hypothèse, mais je remercie Gary Hunnewell pour sa suggestion, toute spéculative qu’elle soit.
31) J.R.R. Tolkien au père Robert Murray, 2 décembre 1953, in Lettres p. 246.
 
essais/influences/tragedie_et_divine_comedie.txt · Dernière modification: 06/04/2020 18:47 (modification externe)
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