Les noms des tengwar

 Trois Anneaux
Måns Björkman — 2001—2014
traduit de l’anglais par Julien Mansencal
Articles de synthèse : Ces articles permettent d’avoir une vue d’ensemble du thème traité mais ils nécessitent une bonne connaissance des principales œuvres de J.R.R. Tolkien.

Tous les caractères et symboles employés avec les tengwar avaient des noms ou des désignations uniques. Les lettres elles-mêmes avaient des noms qui contenaient le phonème représenté par chaque tengwa ; lorsque la structure de la langue le permettait, le phonème était toujours le premier du nom. Puisque l’assignation des phonèmes dépendait du mode employé, il y avait un ensemble de noms propre à chaque mode. Mais les « noms entiers » en quenya étaient le plus souvent employés lorsqu’il fallait un nom particulier pour chaque forme de lettre plutôt que pour chaque son. Tous les diacritiques et les signes de ponctuation avaient également des noms particuliers, mais on ne connaît que de rares noms de diacritiques, et aucun pour les signes de ponctuation.

Les noms en quenya

Les noms en quenya donnés dans l’Appendice E étaient nommés « noms entiers », probablement parce qu’il s’agissait de véritables mots quenyarins. Sauf mention contraire, les noms en quenya donnés ci-dessous sont ces « noms entiers ». « Les Étymologies » fournissent des noms supplémentaires pour certains tengwar, et donnent également des noms à des caractères qui ne sont nommés nulle part ailleurs. Les tengwar furent omis dans la Route perdue, mais ils furent publiés par la suite dans « Addenda and Corrigenda to the Etymologies » (A&C). Arden R. Smith fournit une description inestimable des tengwar existants dans l’Appendice III de ce texte). L’orthographe des noms et les valeurs des phonèmes sont ici normalisées pour suivre l’orthographe dans le Seigneur des Anneaux. Dans la liste ci-dessous, le signe < signifie « développé à partir de », autrement dit, la prononciation du nom a changé à cause du développement des phonèmes au sein de la langue. Le symbole ← signifie « remplace », c’est-à-dire qu’un nom fut remplacé par un autre suite à une décision consciente, souvent motivée par un changement dans l’usage du tengwa.

Tengwar numérotés

Ces tengwar sont tous listés dans le Tableau des tengwar. Les nombres correspondent à ceux utilisés par Tolkien dans ce tableau. Les quatre premiers tengwar donnent leurs noms aux quatre séries du tableau : tincotéma, parmatéma, calmatéma et quessetéma. Dans le Mode classique, elles contiennent respectivement les dentales, les labiales, les vélaires et les labio-vélaires.

1 tinco tinco « métal ». Universellement employé pour t.
2 parma parma « livre ». Universellement employé pour p.
3 calma calma « lampe ». Employé pour c / k dans le Mode classique.
4 quesse quesse « plume ». Employé pour qu dans le Mode classique.
5 ando ando « porte ». Employé pour nd dans le Mode classique.
6 umbar umbar « destin ». Employé pour mb dans le Mode classique. Selon WPP:104 (III 245 f), « dans l'usage populaire (non elfique) du Gondor, le mot commun lambe “langue” s'y substituait, puisque dans la langue et la pensée humaines, umbar avait acquis une signification sinistre, comme notre “destin funeste” ou bien souvent plus proche de “malédiction”. » Malheureusement, on ne nous dit pas comment ces Gondoriens auraient appelé lambe. Les A&C donnent le nom ampano « bâtiment », associé à un mode où ce tengwa représente mp.
7 anga anga « fer ». Employé pour ng dans le Mode classique. Les A&C donnent le nom ancale « soleil », apparemment associé à un mode où ce tengwa représente nc.
8 ungwe ungwe « toile d’araignée ». Employé pour ngw dans le Mode classique. Les A&C donnent le nom anquale (correction d’unquale) « agonie », apparemment associé à un mode où ce tengwa représente nqu.
9 súle súle < thúle « esprit ». Représente généralement th. En quenya, il pouvait semble-t-il représenter s, ce phonème s’étant développé à partir de th dans cette langue (voir le Mode classique). Les A&C donnent le nom silme « lumière argentée » (mais voir silme plus bas).
10 formen formen « nord ». Universellement employé pour f. Les A&C donnent le nom Finwe.
11 aha aha « rage » ← harma « trésor ». Employé pour h dans le Mode classique. Les A&C donnent le nom híse « brume ».
12 hwesta hwesta « brise ». Employé pour hw dans le Mode classique.
13 anto anto « bouche ». Employé pour nt dans le Mode classique. Les A&C donnent le nom asto « poussière », associé à un mode où ce tengwa représente st.
14 ampa ampa « crochet ». Employé pour mp dans le Mode classique.
15 anca anca « mâchoire ». Employé pour nc dans le Mode classique. Les A&C donnent le nom ohta « guerre », associé à un mode où ce tengwa représente ht.
16 unque unque [n.] « creux ». Employé pour nqu dans le Mode classique. Les A&C donnent le nom usque « puanteur », associé à un mode où ce tengwa représente squ.
17 númen númen « ouest ». Employé pour n dans le Mode classique.
18 malta malta « or ». Employé pour m dans le Mode classique. Les A&C donnent le nom umbar « destin », apparemment associé à un mode où ce tengwa représente mb.
19 noldo noldo < ñoldo « elfe profond ». Employé à l’origine pour le ñ initial /ŋ/ dans le Mode classique. Le phonème fusionna par la suite avec n. Les A&C donnent le nom anga « fer », apparemment associé à un mode où ce tengwa représente ng.
20 nwalme nwalme < ñwalme « tourment ». Employé à l’origine pour le ñw initial /ŋw/ dans le Mode classique. Le phonème se développa ultérieurement en nw. Les A&C donnent le nom ungwe « noirceur », apparemment associé à un mode où ce tengwa représente ngw (mais voir ungwe plus haut).
21 óre óre « cœur (esprit intérieur) ». À en juger par son nom, semble-t-il employé pour le r médial faible, mais voir le Mode classique. Les A&C donnent le nom númen « ouest », apparemment associé à un mode où ce tengwa représente n.
22 vala vala « puissance angélique ». Employé pour v dans le Mode classique. Les A&C donnent le nom Manwe, apparemment associé à un mode où ce tengwa représente m.
23 anna anna « don ». Représente généralement une consonne absente ; voir le Mode classique. Les A&C donnent le nom ñolwe « sagesse », apparemment associé à un mode où ce tengwa représente ñ /ŋ/.
24 vilya vilya < wilya « ciel ». Probablement employé pour v < w, mais représente peut-être aussi le w médial ; voir le Mode classique. Les A&C donnent le nom winge « écume » (qui se développerait ultérieurement en vinge).
25 rómen rómen « est ». Employé pour r dans le Mode classique. Les A&C donnent le nom Rana « Lune ».
26 arda arda « région ». Employé pour rd dans le Mode classique.
27 lambe lambe « langue ». Employé pour l dans le Mode classique. Les A&C donnent le nom lamba « langue ».
28 alda alda « arbre ». Employé pour ld dans le Mode classique.
29 silme silme « lumière ». Employé pour s dans le Mode classique. Les A&C donnent le nom Silpion.
30 silme nuquerna silme nuquerna « silme inversé ». Employé pour s dans le Mode classique. Les A&C donnent le nom róma « cor », apparemment associé à un mode où ce tengwa représente r (et est considéré comme une variante de Rana).
31 esse esse « nom » ← áre < áze « lumière du soleil ». Employé à l’origine pour z dans le Mode classique. Le phonème fusionna par la suite avec r, et le tengwa fut alors appliqué à ss et reçut un nouveau nom.
32 esse nuquerna esse nuquerna esse nuquerna « esse inversé » ← áre nuquerna < *áze nuquerna « áre / áze inversé ». Seul le nom áre nuquerna est effectivement donné, mais on peut supposer que le nom de ce tengwa suivit la même évolution que celui de son équivalent non inversé. Áre nuquerna existe sous deux formes légèrement différentes, toutes deux montrées ici.
33 hyarmen hyarmen « sud ». Employé pour hy, puis h, dans le Mode classique. Les A&C donnent le nom hyalma « coquille ».
34 hwesta sindarinwa hwesta sindarinwa « hwesta gris-elfique ». Apparemment censé représenter la prononciation gris-elfique de hw (voir le Mode de Beleriand). Les A&C donnent le nom hwinde « tourbillon ».
35 yanta yanta « pont ». Employé pour le i consonantique dans le Mode classique. Les A&C donnent le nom yatta « isthme ».
36 úre úre « chaleur ». Employé pour le u consonantique dans le Mode classique.

Tengwar non numérotés

Les tengwar qui suivent ne sont pas inclus dans le Tableau des tengwar.

halla « grand ». Employé à l’origine pour le h aspiré dans le Mode classique. Dans le Mode de Beleriand, il représentait une pause causée par un g lénifié, et dans ce cas était appelé gasdil « bouche-trou » [A&C, Appendice III].
vaia < waia « enveloppe ». Probablement employé pour v < w. Cf vilya. Ce tengwa apparaît dans les A&C et nulle part ailleurs pour l’instant.

Les tyelpetéma

Le quenya utilisait également une série palatale, dite tyelpetéma. Comme le décrit l’Appendice E, « les palatales étaient marquées d’un signe fëanorien dénotant “après le y” (d’ordinaire un double point sous-jascent) ». Édouard Kloczko a publié une liste de noms pour cette série, qu’il a reçue en correspondant avec Christopher Tolkien (à partir d’ici, abrégé en CCT). Ces tengwar sont basés sur la tincotéma. Généralement, le diacritique est positionné au-dessus du tengwa plutôt qu’en-dessous, sauf lorsque le tengwa avait une hampe. Cependant, dans sa lettre, Christopher note que les noms sont donnés sous plusieurs formulations différentes, et conclut qu’il ne peut déterminer lesquels furent finalement choisis. Quelques autres tengwar, dont tous les noms contiennent un y et qui présentent tous les deux points, ont été publiés dans les A&C. On peut noter que tous ceux-là ont les deux points au-dessus. Il est très probable que la plupart des caractères de la CCT comme des A&C soient incompatibles avec les idées de Tolkien au moment de la publication du Seigneur des Anneaux, tout comme les deux sources ne sont pas cohérentes entre elles.

Dans la CCT Dans les A&C
tyelpetyelpe « argent ». Employé pour ty. Les A&C et la CCT s’accordent sur ce nom, et il apparaît également comme tengwa donnant son nom à la série palatale (tyelpetéma) dans l’Appendice E.
indyoindyo « petit-fils ». Employé pour ndy (mais voir nyelle plus bas).
istyaristyar « mage, maître du savoir ». Employé pour sty (mais voir intya plus bas).
intyaintya « estimation, impression ». Employé pour nty.istyaristyar « érudit, homme instruit ». Apparemment employé pour sty.
ehtyarehtyar « lancier ». Employé pour hty. Notez que ce caractère, à la différence de tous les autres de la série, se base sur un tengwa de la calmatéma vélaire plutôt que de la tincotéma dentale.
nyellenyelle « cloche ». Employé pour ny [CCT] (mais voir arya plus bas). Les A&C donnent le nom indyo « petit-fils », apparemment associé à un mode où ce tengwa représente ndy (mais voir indyo plus haut).
aryaarya « jour ». D’après la CCT, arya pourrait avoir la forme d’óre ou rómen avec un diacritique palatal. C’est le seul cas où une source donne le même nom à deux lettres distinctes.nyelleLes A&C donnent le nom nyelle « cloche » pour la lettre basée sur óre, apparemment associée à un mode où ce tengwa représente ny (mais voir nyelle* plus haut).
alyaalya « riche ». Employé pour ly.

Porteurs et tengwar vocaliques

Les A&C fournissent également les noms de quelques caractères qui représentent les voyelles dans certains modes de tengwar. Dans d’autres modes, certains d’entre eux servent de porteurs d’ómatehtar.

telcovariantes de telcotelco « jambe ». Ce tengwa se compose d’une simple queue, ou telco. Il servait de porteur de voyelles brèves dans le Mode classique (et dans de nombreux autres). Mais puisque le diacritique pour la voyelle a pouvait être omis en quenya, il s’ensuit que le porteur pouvait en lui-même représenter a. C’est probablement pour cela que le tengwa s’appelait également Anar « soleil ». Avec un accent aigu, il s’appelait Elwe, lorsqu’il servait pour e. Avec un point, il s’appelait Ingwe, lorsqu’il servait pour i.
áravariantes de áraára « aube ». Équivalent long de telco, ce tengwa servait de porteur de voyelles longues dans le Mode classique. Puisque le diacritique pour a pouvait être omis, le porteur pouvait en lui-même représenter á. Avec un point, il s’appelait íre « désir », lorsqu’il servait pour í.
osseosse « terreur ». Ce nom est associé à un mode où ce tengwa représente o. Dans le Mode de Beleriand, ce tengwa est employé pour a.

Les noms en occidentalien

Les noms employés en occidentalien sont donnés dans la Numenian mode chart rapportée par Jim Allan. Allan et R. Stencel divergent sur la lecture d’un caractère : là où Stencel lit oha, Allan donne aha.

tó pí ché ché cá
dó bí jé gá
thó thó fí shé shé aha aha
(oha ?)
adho adho iví iví izhe izhe aga aga
nó mí nyé nyé ngá ngá
ar ar wí yé á’ á’
aro aro rhó rhó alo alo lhó lhó
só ós ós azo azo oza oza
há wí ai ai au au

Ces noms étaient probablement spécifiques au Mode occidentalien tel qu’employé au Gondor, puisque la dite « variété nordique » employait des valeurs sonores quelque peu différentes.

Les noms des tehtar

Seules quelques désignations de tehtar sont connues. Les tehtar sont souvent nommés d’après leur forme plutôt que d’après leur prononciation. (A&C)

teccotecco « trait ». Souvent employé pour e ou i. Quand ce tehta était utilisé en « écriture complète », pour marquer comme long un tengwa vocalique, on l’appelait andatehta « marque longue ». La traduction sindarine andaith devint très connue probablement du fait de son usage dans le Mode de Beleriand ; la forme quenya andatehta était peut-être associée plus précisément au mode complet quenya.
amatixetixe « point ». Souvent employé pour i ou e. Lorsqu’il était placé au-dessus d’un tengwa, on l’appelait amatixe « point au-dessus », et lorsqu’il était placé en-dessous, il prenait le nom d’unutixe « point en-dessous » (nuntikse dans « Les Étymologies » est une erreur éditoriale). Lorsqu’il servait à indiquer que le tengwa n’était suivi d’aucune voyelle (dans le Mode classique), le point placé en-dessous était appelé pusta ou putta.
sa-rincesa-rince *« s-fleuri ». Employé pour le s suivant dans de nombreux modes tengwar, et généralement connu sous les noms de boucle-s ou crochet-s. En noldorin (et en sindarin ?), on l’appelait gammas « crochet(-s) ».
thinnasthinnas « brièveté ». Apparemment employé pour indiquer qu’une voyelle est brève, bien qu’il n’existe aucun exemple publié de son usage. Puisque le nom n’est pas en quenya, le tehta fut sans doute inventé pour le Mode de Beleriand ou un autre mode gris-elfique.

Voir aussi

Sur Tolkiendil

Sur le net

 
langues/ecritures/tengwar/noms_tengwar.txt · Dernière modification: 18/02/2024 15:05 par Irwin
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