Illustrer les Contes et légendes inachevés — une discussion avec les artistes

Ceci est la traduction d'un entretien mené par Jeremy Edmonds, du site Tolkien Collector’s Guide, avec Ted Nasmith, Alan Lee et John Howe. La traduction est de Marie Bretagnolle. Tolkiendil remercie les trois illustrateurs et Jeremy Edmonds pour avoir permis cette traduction.

Ted Nasmith, Alan Lee et John Howe. Photo de John Howe © Lucas Vuitel - lucasvuitel.ch, utilisée avec son accord.

Le jeudi 1er octobre, la nouvelle édition anglaise illustrée des Contes et légendes inachevés de J.R.R. Tolkien a été publiée pour célébrer le 40e anniversaire de sa première parution chez George Allen & Unwin en 1980. C'est la première fois que ce livre est illustré et HarperCollins a fait appel à trois des plus grands noms de l'illustration tolkienienne. Ted Nasmith, Alan Lee et John Howe ont déjà tous illustré des ouvrages de Tolkien pour HarperCollins, à savoir Le Hobbit, Le Seigneur des Anneaux et Le Silmarillion, et bien évidemment de nombreux calendriers. C'est un plaisir tout particulier d'avoir ces trois artistes réunis dans la nouvelle édition des Contes et légendes inachevés, et leurs illustrations sont superbes. J'espère que vous apprécierez mes conversations (très légèrement corrigées pour plus de clarté) avec chacun de ces artistes, qui m'ont tous consacré un moment dans leur emploi du temps chargé.

Ted Nasmith

Photo avec l'aimable autorisation de Ted Nasmith

Bonjour Ted, et bienvenue! Par le passé, vous avez peint des scènes des Contes et légendes inachevés pour HarperCollins ; comment avez-vous ressenti cette nouvelle opportunité d'explorer les mêmes sujets et de quoi aviez-vous hâte cette fois-ci ?

Cela m'a beaucoup inspiré de revenir à ce livre. Le simple fait d'en relire des extraits a rappelé à mon imagination la beauté, la profondeur et la richesse de ces contes. J'avais rassemblé depuis longtemps des vignettes et quelques études en couleur au cas où une telle opportunité se présenterait, donc l'annonce que j'allais effectivement participer aux illustrations a été une merveilleuse surprise. Parmi les différents contes au sein du livre, « Aldarion et Erendis » s'est toujours démarqué pour moi, étant le seul « récit complet » qui se déroule à Númenor. Mais le voyage de Tuor, dans l'entièreté de sa description, ainsi que les détails fabuleux révélés dans le Narn me captivent tout particulièrement ; la charmante histoire de Galadriel et Celeborn est également en bonne place dans mon classement.

Comment avez-vous choisi quelles scènes illustrer ?

Mon éditeur chez HarperCollins [Chris Smith, ndt] a travaillé à partir d'une liste de sujets potentiels que j'avais envoyée quelques semaines auparavant. J'y avais beaucoup travaillé avant de les lui soumettre pour en changer certains et en ajouter de nouveaux. C'était un ensemble de vignettes que j'avais créé dans les années 2000, quand il avait été question pour la première fois d'illustrer les Contes et légendes inachevés.

Certaines scènes des Contes et légendes inachevés ou du Silmarillion ont-elles constitué des défis différents en termes d'illustration, par rapport aux ouvrages plus populaires de Tolkien ?

J'avais déjà peint « Le Serment de Cirion et Eorl » au début de ma carrière dans l'édition, mais le résultat ne fonctionnait pas aussi bien que je le souhaitais. Quand on m'en a demandé une nouvelle version, j'ai pris ce défi très au sérieux et j'ai travaillé en particulier certains éléments afin que l'effet s'approche de l'impression que la scène m'avait laissée. Un élément-clé a été de basculer le point de vue en direction de l'ouest. Un autre a été de me demander comment représenter les personnages présents, avec comme motif principal la robe de Cirion qui accroche le soleil couchant, comme « embrasée ». La géographie m'a également donné du fil à retordre : je savais que les montagnes visibles vers le sud-ouest devaient être « moins blanches », étant donné que la scène se passe en été. Elles m'ont donné l'occasion d'ajouter des aspects épiques, afin d'apporter de la théâtralité à un moment plutôt statique, mais d'un intérêt capital pour l'histoire des deux royaumes du Gondor et du Rohan. J'ai changé les cheveux d'Eorl quatre fois, pour finalement m'arrêter sur une longue chevelure blonde accrochant le soleil, pour être fidèle à son épithète « le Jeune ».

9780008387969.jpgLa nouvelle édition anglaise illustrée de Contes et légendes inachevés (version de luxe)

Vous avez indiqué plusieurs fois que vous aimeriez publier un art book (portfolio). Avez-vous avancé sur cette idée ?

L'idée fait toujours partie du royaume des possibles, mais je n'ai aucun projet concret pour le moment. Il y a néanmoins des discussions en cours sur la meilleure approche pour se conformer aux considérations légales entourant la publication d'éléments sous droit d'auteur.

Vous avez correspondu directement avec J.R.R. Tolkien à vos débuts. Comment était-ce, et cela a-t-il influencé votre art ?

Cela a inspiré un jeune artiste adolescent et un illustrateur bourgeonnant à poursuivre sa quête de reconnaissance d'un corpus grandissant d'œuvres dignes de l'univers riche et profondément inspirant que le Professeur Tolkien nous a donné.

Avec quels medias préférez-vous travailler ? Vous arrive-t-il d'utiliser l'ordinateur ou les outils digitaux ?

J'utilise principalement un logiciel simple dans les premières étapes [d'une illustration] afin d'essayer des variations de tonalité et quelques expérimentations. Je n'ai jamais versé dans la création complète d'une œuvre digitale. La gouache reste mon medium de prédilection pour les tableaux. Ma contribution à A Game of Thrones (dans son édition de luxe) m'a fait revenir aux illustrations au crayon, et en particulier au crayon sur papier gris avec des rehauts de blanc.

Sur quels autres projets avez-vous travaillé récemment, ou êtes-vous en train de travailler, dont vous pouvez nous parler ?

Au cours du printemps et de l'été, j'ai livré trois tableaux, des commandes privées. Le premier était une représentation de l'Ithilien, avec Samsaget cuisinant des lapins au bord du lac. Le deuxième était l'illustration de couverture d'un roman de fantasy épique intitulé A Seat For the Rabble. On y voit un immense temple en feu surplombant un village médiéval et une fille en fuite. La commande suivante était pour la couverture d'un projet d'album en CD et vinyle, montrant un paysage marin de roches noires, une mer grise, des vagues écumantes, un soleil faible et un groupe de magiciens vêtus de blanc formant un conclave près de l'eau. Je travaille actuellement sur une commande liée au Silmarillion, un tableau montrant Glorfindel et le Balrog sur la Faille des Aigles.

Vous avez peint auparavant une scène intitulée « Tuor Reaches the Hidden City of Gondolin » [« Tuor atteint la Cité Cachée de Gondolin »] pour le Calendrier Tolkien 1996 chez HarperCollins, mais vous avez revisité cette scène pour le livre.

En relisant le passage dans Contes et légendes inachevés où Tolkien dit que Tuor « entrevit au loin Gondolin environnée de blanche neige », pendant que je rassemblais mes idées pour les illustrations, j'ai été frappé par le mot « neige ». Bien sûr c'est l'hiver, ai-je pensé, et pourtant, en me fondant sur le texte du Silmarillion, on ne retient pas ce détail. Mais évidemment, Tuor et Voronwë passent par le lac gelé d'Ivrin en direction de Gondolin… Je suis bien content en tant qu'artiste d'avoir pu corriger cet élément dans mon illustration des Contes et légendes inachevés et d'avoir utilisé une palette de couleurs hivernales pour offrir la vision magique d'une cité condamnée. Et, comme il se doit, j'ai prêté encore plus attention à la description des Portes et des VIPs qui s'y trouvent ! Toute cette scène a été épineuse à représenter. Rendre justice à cette assemblée demanderait peut-être même un autre tableau (les Sept Portes sont en tout cas très alléchantes pour un artiste), mais pour les besoins de cette image, il nous en faut un aperçu. Ecthelion est là, avec son cheval et son écuyer et Elemmakil, le Capitaine de la Garde, se tient aux côtés de Voronwë et Tuor.

Alan Lee

Photo avec l'aimable autorisation d’Alan Lee

Bonjour Alan, et merci de m'accorder le temps de cette discussion. Vous avez consacré des décennies à illustrer Tolkien. Qu'est-ce qui vous attire en particulier dans la Terre du Milieu ?

Des histoires et une narration géniales, consacrés aux sujets qui m'attirent le plus — les mythes et les romances épiques — le tout sur une terre à la fois réelle et imaginaire, et merveilleusement évoquée. L'un des grands plaisirs pour un illustrateur, néanmoins, est que les descriptions de lieux et de personnages sont assez épurées et laisse une grande place à l'imagination des lecteurs.

Vous avez une belle entente avec HarperCollins et le Tolkien Estate, pour avoir illustré Le Hobbit, Le Seigneur des Anneaux et les trois « Grands Contes » des Jours Anciens. Christopher [Tolkien] en particulier aimait beaucoup votre vision de la Terre du Milieu.

La plus belle chose que Christopher ait dit de mes interprétations, c'était qu'elle ne changeaient pas la vision que son père avait de la Terre du Milieu : elles donnent simplement l'impression d'une vision encore plus vaste.

Par quel processus choisissez-vous les scènes à illustrer dans les livres de J.R.R. Tolkien ?

Cela dépend de l'impression. Si les planches colorées sont imprimées sur du papier d'art, elles ne peuvent être placées qu'à des endroits bien précis, du fait de la manière dont les livres sont reliés ; mais si elles sont imprimées sur le même papier que le texte, elles peuvent être placées où l'on veut. C'est donc une combinaison de ces facteurs et d'un sentiment de l'endroit où une illustration serait la bienvenue. Mon souci principal est de respecter le texte et de ne pas essayer d'entrer en compétition avec lui. Je cherche à planter le décor et à créer une atmosphère. Je me concentre plus sur les paysages et les lieux que sur les personnages et l'action.

Vous avez six aquarelles dans cette nouvelle édition de Contes et légendes inachevés : combien sont inédites ?

Il y a six illustrations intérieures en couleur et une illustration supplémentaire, à la fois pour la couverture et pour l'impression d'art dans l'édition de luxe. J'ai aussi dessiné trois petites vignettes au crayon. Une des illustrations intérieures avait été peinte pour Les Enfants de Húrin en 2007, mais n'avait pas été utilisée dans le livre.

Concernant votre illustration apparaissant sur la jaquette de la nouvelle édition de Contes et légendes inachevés, quelle a été votre inspiration pour le style des bateaux ?

Il y a quelques références navales et des apparitions de bateaux dans le texte : ils sont hauts et ont de nombreux mâts. Il me semblait qu'ils devaient avoir des voiles latines, assez lourdement décorées, et j'y ai introduit des éléments qui les rattachaient aux bateaux romains et égyptiens. C'est donc un mélange de diverses influences sans être la copie d'un type que l'on connaît grâce à l'archéologie.

9780008387952.jpgLa nouvelle édition anglaise illustrée de Contes et légendes inachevés (version simple)

Quelle scène aviez-vous le plus hâte d'illustrer ?

J'ai un faible pour l'histoire d'Amroth et Nimrodel.

Certaines scènes vous ont-elles posé problème entre termes de visualisation ou de composition ? Comment y avez-vous remédié ?

La Bataille des Gués de l'Isen était un sujet important (peut-être plus adapté à un format paysage). Je l'ai peint sur un grand format car je voulais être à l'aise avec la taille des personnages. Au final, j'y ai passé un temps considérable.

Vous arrive-t-il d'utiliser l'ordinateur ou des outils digitaux quand vous travaillez sur une illustration ?

Oui, je scanne les images à la maison pour les livrer sous forme de fichiers digitaux, ce qui implique quelques ajustements et ajouts. Par exemple, l'illustration de Tuor échappant à la tempête est insérée dans une autre montrant Ulmo, de sorte qu'on voit deux moments de l'histoire en même temps, et ces éléments ont été assemblés sous Photoshop.

Sur quels autres projets avez-vous travaillé récemment, ou êtes-vous en train de travailler, dont vous pouvez nous parler ?

Il y a une formidable lecture du Hobbit par Andy Serkis qui vient de sortir en livre audio, et pour laquelle j'ai fait la couverture.

John Howe

Photo de Fataneh Howe, avec l'aimable autorisation de John Howe

Bonjour John, et merci de participer. Vous avez peint six illustrations originales pour cette nouvelle édition illustrée de Contes et légendes inachevés. Comment avez-vous choisi quelles scènes illustrer ?

Répartir les Trois Âges entre trois illustrateurs a dû être un énorme puzzle éditorial à reconstituer ! Nous avons chacun reçu une liste de sujets potentiels et nous en avons proposé nous-mêmes plusieurs. L'éditeur a ensuite élaboré le meilleur plan. (J'étais très enthousiaste à l'idée de faire les Mages Bleus, par exemple, mais c'est Ted qui y a eu droit.) J'avais aussi très envie de faire une scène marine, en m'inspirant de toutes les superbes côtes de la Nouvelle-Zélande le long desquelles j'avais randonné pendant les mois précédents. J'ai aussi choisi une scène qui me permette d'utiliser les photographies que j'avais prises de Wistman's Wood dans le Devon. J'avoue m'être vraiment fait plaisir pour au moins la moitié des illustrations. Pour les trois autres, comme les choix se restreignaient, il a fallu chercher dans le texte et envoyer des esquisses en guise de propositions à l'éditeur.

Avez-vous une scène préférée que vous espériez illustrer ?

Je vais bien finir par peindre les Mages Bleus, de toute façon. Il y a tant de scènes de Contes et légendes inachevés auxquelles j'aimerais toujours m'attaquer.

Certaines scènes vous ont-elles posé problème entre termes de visualisation ou de composition ? Comment y avez-vous remédié ?

L'échelle immense de la Terre du Milieu, combinée à un nombre d'illustrations relativement petit, a offert un vaste choix de sujets et de traitement. J'ai beaucoup aimé travailler sur le tableau de la Bataille des Larmes Innombrables, même si, pour être honnête, je serais heureux d'y revenir et de le refaire une demi-douzaine de fois, sous des angles différents, en me concentrant sur des épisodes différents. Je suppose que les plus grands défis impliquent d'éliminer une pléthore d'options et de n'en choisir qu'une.
Visualiser Tolkien, j'en suis convaincu, est un procédé assez similaire à la propre transcription par Tolkien de son monde, avec l'avantage évident de pouvoir travailler à partir de ses textes. Cela signifie illustrer entre les lignes, lancer son filet encore plus loin, rechercher la vraisemblance qui est inhérente à son œuvre, avec le problème qu'on ne peut parfois laisser des éléments dans le champ de l'imagination. Cela étant dit, toute illustration devrait être une invitation, laissant l'espace aux spectateurs d'y apporter leur propre expérience, à la fois celle de la lecture et celle d'un contexte plus large, afin de compléter l'image.

Vous êtes immergé dans la Terre du Milieu depuis la plus grande partie des deux dernières décennies (voire plus). Sur quoi d'autre avez-vous travaillé afin d'éviter le surmenage ?

Le travail d'illustration s'accompagne rarement d'une obligation de continuité, donc des personnages ou des scènes « établis » peuvent toujours faire l'objet de nouvelles interprétations. Il n'y a pas de version « officielle », heureusement!
Les textes de Tolkien présentent toujours des défis. La richesse et la complexité de ses références invitent les artistes attentifs à de plus amples recherches historiques, mais aussi à plonger plus profondément dans cet espace intérieur où réside l'inspiration. J'ai toujours dit que l'imagination et l'information allaient de pair, même si elles prennent des chemins différents et ne sollicitent pas une personne de la même manière. L'information est la quête permanente de tout. Tout faiseur d'image est ouvert au monde, car c'est là que se trouvent les images. L'inspiration est ce qui se produit quand on fait taire ses pensées conscientes pour permettre à l'imagerie d'apparaître. Elle est déjà présente, bien sûr, de même qu'une infinité de possibles, mais le crayon ne l'a pas encore découvert.
Beaucoup de recherches ont été menées sur les « sources » de Tolkien, comme si c'était possible de pointer littéralement tout ce qu'il a écrit sur une carte. Certes, c'est tentant (les références à des lieux spécifiques dans la vie de Tolkien abondent, même en ne considérant que son voyage en Suisse), mais vouloir rattacher absolument tout ce qu'il a écrit à un lieu ou une date, outre que cela le déprécie, est néanmoins un hommage indirect à la crédibilité et à la puissante méticulosité de son invention de la Terre du Milieu. Tout ce qu'il décrit semble si réel que c'est forcément inspiré de son expérience personnelle. Tolkien parvient à cela en impliquant ses lecteurs émotionnellement plus qu'intellectuellement. Il décrit rarement, à quelques notables exceptions près, les caractéristiques essentielles d'un paysage ou d'une ville. À la place, il ouvre pour nous une fenêtre sur l'esprit des protagonistes et décrit leurs émotions quand les personnages voient ces lieux.
De même, chercher à tout pointer sur une carte ou à tout rattacher à ses propres pérégrinations dénigre la recherche constante de Tolkien pour des archétypes, des éléments, des créatures et des personnages incarnant des qualités qui dépassent les individus et nous orientent vers une expérience collective. Tolkien est un chemin vers l'universalité qui passe par l'anecdote.
L'usage judicieux des références laisse beaucoup de place à l'imagination des lecteurs, et offre toute une géographie dans laquelle les illustrateurs peuvent se balader à volonté. Dans de telles circonstances et en telle compagnie, difficile d'être blasé : se lasser de l'univers de Tolkien ne prouve qu'une lacune personnelle, et non la répétition inhérente du matériau…
Ce qui est merveilleux avec l'inspiration, c'est que certes, elle demande un contexte pour s'épanouir pleinement, mais elle s’accommode peu de logique. Les langues inventées par Tolkien sont un joyeux mélange de rigueur philologique, de cohérence académique et de mots qu'il appréciait et pour lesquels il tordait ses propres règles afin de les intégrer. La visualisation fonctionne selon un processus similaire de certitudes toutes personnelles et de coïncidences les plus fortuites. La Nouvelle-Zélande s'invite dans beaucoup de mes illustrations depuis que j'y ai passé du temps, de même que la Suisse. D'autres éléments, distincts de mon expérience personnelle, sont le résultat de lectures de toutes sortes et de temps passé sur Internet. J'ai appris avec le temps que si quelque chose m'attirait visuellement, j'y découvrirais de nombreux autres niveaux d'intérêt (historiques et culturels) en creusant un peu. J'ai beaucoup de chance d'illustrer un auteur qui encourage ce genre de quête visuelle.

Au cours de votre carrière, vous avez souvent collaboré avec des équipes de cinéma et de télévision. Pensez-vous que ces collaborations ont influencé votre approche des illustrations de la Terre du Milieu ?

Les projets de film m'ont sans aucun doute laissé une préférence pour le format paysage! Étant donné que de nombreux aspects d'une illustration aboutie (composition, éclairage, costumes, accessoires, architecture, armures, direction d'acteurs, maquillage et j'en passe, toutes ces choses que l'on considère comme partie intégrante d'une illustration) sont confiés à différents départements qui y travaillent séparément, toute direction artistique d'un film ressemble finalement à des vacances éducatives tous frais payés pendant lesquelles on attend de moi que j'élargisse mes horizons, que je recherche de nouvelles idées et que j'approche les défis sous un angle original et transversal. C'est enrichissant et intensément collaboratif. L'illustration est un processus plus solitaire. C'est merveilleux d'avoir l'occasion de passer de l'un à l'autre.

Quels médiums pratiquez-vous le plus souvent ? Vous arrive-t-il d'utiliser l'ordinateur ou les outils digitaux ?

Je préfère l'encre et l'aquarelle, mais j'ai aussi une bonne connaissance de l'art digital. La plupart du temps, les projets hautement collaboratifs comme les films impliquent de travailler en digital. D'un autre côté, je préfère les méthodes plus traditionnelles pour l'illustration.

Avez-vous travaillé sur des projets récemment ou travaillez-vous en ce moment sur des projets dont vous voulez nous parler ?

Je suppose que vous avez manqué la statue du Roi-Sorcier. :-) J'ai travaillé avec une entreprise à Pékin sur une série de statues de collection, à la fois sur le thème de Tolkien et sur mes recherches personnelles. La première statue a été ouverte aux préventes il y a environ un mois, une édition limitée à 300 copies, et a été écoulée en littéralement une seconde (il devait y avoir beaucoup de monde avec le doigt suspendu au-dessus du bouton « envoyer »). Nous travaillons en ce moment sur les deuxième et troisième pièces.
J'ai aussi commencé une collaboration très inspirante et passionnante avec Jaquet-Droz, une marque d'horlogerie suisse. Tout est incroyablement miniaturisé et précis, c'est vraiment un autre monde. Travailler sur des thèmes de fantasy en prenant en compte les contraintes de la fabrication de montres est vraiment gratifiant.
J'ai également été très actif avec la région d'Alsace, pour élaborer un programme de promotion de leur riche patrimoine de châteaux et de ruines (il y a 500 sites en Alsace). Cela implique beaucoup de développement trans-médias, de nouvelles applications et des recherches sur la façon de rendre l'accès à ces lieux clair et excitant. J'ai aussi participé à quelques projets d'urbanisme et d'architecture, à la fois ici et à l'étranger.
Je travaille aussi sur deux ou trois livres, donc l'année prochaine s'annonce riche en peinture et en écriture.

Je voudrais à nouveau remercier ces trois gentlemen pour m'avoir consacré du temps et avoir répondu à ces questions concernant leur travail.

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tolkien/interviews/howe_lee_nasmith_2020.txt · Dernière modification: 15/10/2020 12:27 par Druss
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