Athrabeth Finrod ah Andreth

par « Dior »

Date de rédaction1959
PublicationMorgoth's Ring

LAthrabeth Finrod ah Andreth, quatrième partie de Morgoth's Ring, est la transcription d'une conversation ayant eu lieu vers 409 du Premier Âge, entre le roi philosophe noldorin Finrod et la Sage Andreth, de la Maison de Bëor. Les connaissances de cette dernière avaient la particularité de couvrir non seulement les traditions du Peuple de Bëor, mais également, grâce à sa parenté par alliance avec Adanel, celles du Peuple de Marach. Ce dialogue met donc en scène deux des plus éminents érudits de l'époque, échangeant leurs vues sur la mortalité des Hommes et l'immortalité des Elfes, le Marissement, l'interaction corps-esprit, et leurs espoirs.

Christopher Tolkien estime que ce texte, auquel Tolkien attachait une autorité certaine, date de 1959. Il est accompagné d'un commentaire et de notes de Tolkien, dont certaines ressemblent plus à de véritables essais, d'un glossaire, et de notes de Christopher Tolkien. Deux autres textes lui sont joints : Le Conte d'Adanel et La Conversation de Manwë et Eru.

L'Athrabeth Finrod ah Andreth

LAthrabeth débute sur la mortalité des Hommes, Finrod exprimant la tristesse des Elfes face à la courte existence des Atani, due selon lui à leur propre nature. Tout en soulignant le sentiment de supériorité de nombreux Elfes, Andreth réplique alors que, si la durée de l'existence des Hommes, bien que courte pour les Elfes, s'est vue rallongée en Beleriand, elle n'est pas pour autant due à leur nature mais à la malveillance de Morgoth. Finrod fait alors le lien avec le Marissement de la substance d'Arda : les Hommes, tout comme les Elfes, ont vu leurs hröar (corps, constitués de la substance d'Arda) marries, ce qui a entraîné chez ces premiers une diminution de leur longévité. Mais Andreth rejette cette idée et révèle l'enseignement des Sages des Hommes : les Hommes n'étaient pas faits pour mourir mais devaient vivre éternellement. Finrod, étonné, se demande alors si cette conception ne viendrait pas de la crainte de la mort, instillée par Morgoth, alors que la mort est un don d'Ilúvatar. Andreth lui ayant sèchement répondu que les Elfes ne savent pas ce qu'est la mort et ne la craignent donc pas, et que leur mort, à la différence de celle des Hommes, n'en est pas une puisqu'ils peuvent revenir à la vie, il lui indique la grande incertitude des Elfes, à savoir ce que sera leur devenir lorsque viendra la fin d'Arda et leur mort réelle.

Finrod revient ensuite sur l'enseignement des Hommes et le résultat présupposé de la malveillance de Morgoth. Réalisant que si cet enseignement est vrai, il implique que Morgoth puisse changer le destin d'un peuple entier, Finrod est effrayé par la puissance insoupçonnée de celui-ci ; toutefois, il rejette cette idée, convaincu que seul Ilúvatar aurait pu accomplir une telle chose. Partant, il interroge Andreth au sujet de la faute qu'auraient commise les Hommes à Son encontre pour en arriver là, mais celle-ci, comme tous ceux de son peuple, oppose alors un mutisme.

Finrod se tourne ensuite vers les conséquences de cet enseignement sur la relation fëa - hröa (esprit - corps) et estime le résultat difficile à accepter : premièrement, les Hommes auraient eu des corps impérissables, alors qu'issus de la substance d'Arda, et deuxièmement, fëa et hröa n'étaient donc dès le début pas en harmonie chez eux, ce qui va à l'encontre de la conception elfique de la nature immarrie des Incarnés. Andreth ne comprenant pas ce deuxième point, il continue en indiquant que les Elfes se sont rendus compte que les fëar humaines et elfiques ne sont pas identiques, en ce que les premières ne sont pas liées à Arda, où elles ne s'intéresseraient aux choses qu'en fonction d'une mémoire préexistante, et donc extérieure à Arda, là où les secondes sont en perpétuel émerveillement. Pourtant désarçonnée par cette idée neuve pour elle, Andreth y reconnaît un fond de vérité, laissant Finrod exposer son deuxième point : la hröa humaine est issue d'Arda (et donc limitée par elle) alors que sa fëa lui est extérieure ; partant, il serait naturel que cette fëa quitte à un certain moment, qualifié de mort, cette hröa pour rejoindre cet extérieur. Andreth rejette ceci, estimant que ce qui est naturel, c'est l'union de la fëa et de la hröa, ce à quoi Finrod répond alors que la disharmonie qu'il perçoit ne peut être surmontée que, lors du départ d'Arda de la fëa humaine, par le départ également de la hröa humaine ; ainsi, une partie d'Arda serait libérée des limites d'Eä et du Marissement. La mémoire préexistante des Hommes se rapporterait alors à ce qu'aurait dû être Arda, ce qui emplit le cœur de Finrod de joie, l'amenant à la conclusion que la mission première des Hommes était de remédier au Marissement et de surpasser la Musique.

Cette conclusion le conduit à se demander si Eru n'aurait pas laissé la Musique inachevée à partir d'un certain point, ce qui pourrait remédier à la grande incertitude des Elfes. Mais Andreth se met alors à pleurer : ces considérations ne valaient que pour les Hommes non diminués. Finrod lui demande alors si elle n'a plus aucun espoir, et introduit alors la distinction capitale que les Elfes font entre amdir et estel, entre une attente du bien qui, bien qu'incertaine, se fonde sur ce qui est connu, et quelque chose de plus profond, issu de la nature même des Incarnés, l'espérance. La Sage fait alors le lien avec une croyance répandue parmi certains des siens, les sages de l'Espoir ancien, selon lesquels la guérison du Marissement s'accomplira par l'entrée d'Ilúvatar lui-même en Arda. Les deux interlocuteurs s'interrogent ensuite, sans grande certitude, sur les modalités de cette entrée.

Finrod réalise alors qu'Elfes et Hommes se sont mutuellement apportés de réconfortantes nouvelles, malgré le fossé qui les divise. À ces mots, la conversation prend une tournure tragique : Andreth est en effet amoureuse du frère de Finrod, Aegnor, et elle croit que ce dernier l'a rejetée en raison de ce fossé, de leurs différences. Finrod la détrompe sur ce point en lui révélant l'amour d'Aegnor, que celui-ci, l'estimant rendu impossible par le Marissement, a transformé en haine féroce de Morgoth. Finrod s'en va alors, faisant promettre à Andreth de les attendre, son frère et lui, où qu'elle aille après sa mort.

Le Commentaire de l'Athrabeth apporte plusieurs précisions sur ce texte, notamment quant aux bases des croyances de Finrod (issues de sa nature créée, de l'instruction des Valar, de la réflexion et de l'expérience), à la nature de la fëa, à la fin d'Arda et au devenir des Elfes, et à la notion d'estel, espérance ou confiance en Eru. Il revient également sur les révélations d'Andreth et sur les conclusions que Finrod en tire. Le Commentaire se termine sur l'enseignement principal de l'Athrabeth, à savoir l'entrée d'Eru en Arda afin de remédier au Marissement. Quant aux notes qui l'accompagnent, elles élaborent sur des sujets aussi divers que les thèmes de la Musique, la place d'Arda en Eä, la réincarnation des Elfes, la pensée elfique sur la fin d'Arda, etc.

Le Conte d'Adanel

Vient ensuite Le Conte d'Adanel. Là où l'Athrabeth voit Andreth opposer son mutisme aux questions de Finrod sur ce que les Hommes auraient fait pour provoquer la colère d'Eru, ce texte au contraire la fait répondre, sur la base de ce que sa parente Adanel lui a conté. Il s'agit là du seul texte du Légendaire exposant la Chute première des Hommes : ceux-ci, en contact direct avec Eru, se seraient détournés de Lui et auraient suivi Melkor et ses voies au départ apparemment plus faciles. Mais celui-ci les aurait ensuite amenés à renier Eru, provoquant Sa colère et leur mortalité. Certains Hommes seraient ensuite revenus dans le bon chemin et, harcelés, auraient fui vers l'ouest : les ancêtres des Edain.

La Conversation de Manwë et Eru

Enfin, le dernier texte, joint en appendice, traite de la réincarnation elfique. La Conversation de Manwë et Eru met en effet en scène un échange entre Manwë et Eru, ce premier, face aux premières morts d'Elfes, interrogeant ce deuxième sur ce qu'il fallait faire des fëar des Elfes morts. Eru lui répond qu'il faut leur rendre une hröa, soit par renaissance, soit par reconstitution par les Valar. Christopher Tolkien indique dans son commentaire sur ce court texte qu'il ne s'agit pas là de l'opinion finale de Tolkien sur cette question. En effet, selon un autre texte - inédit - intitulé Reincarnation of Elves, Tolkien avait finalement abandonné l'ancienne idée de la réincarnation par la renaissance, pour ne conserver que celle de la réincarnation par reconstitution de la hröa, à l'initiative des Valar.

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