Titre original | The Atlas of Middle-earth |
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Auteur | Karen Wynn Fonstad |
Publication | 1981 (édition révisée : 1991) |
Éditeur | Houghton Mifflin |
Titre français | L'Atlas de la Terre du Milieu |
Publication | 17 août 2022 |
Traducteur | Daniel Lauzon |
Éditeur français | Bragelonne |
Illustrateur/cartographe de l'édition française | Stéphane Arson |
Karen Wynn Fonstad était une géographe professionnelle. Son Atlas of Middle-earth comprend des centaines de cartes détaillées, couvrant tous les Âges de l'histoire de la Terre du Milieu et toutes les régions. On y trouve aussi bien des cartes régionales que les parcours retracés des héros du Hobbit, du Seigneur des Anneaux et du Silmarillion, ainsi que des cartes retraçant les migrations, les batailles et autres événements advenus en Arda. De nombreux plans précis et des cartes thématiques viennent compléter l'ensemble.
L’Atlas de la Terre du Milieu est paru en août 2022 aux éditions Bragelonne, dans une traduction de Daniel Lauzon et avec des illustrations de Stéphane Arson. L’atlas original de Karen Wynn Fonstad, une géographe américaine, a tout d’abord été publié en 1981 et a été ensuite révisé en 1991 pour tenir compte des informations parues dans les tomes de l’Histoire de la Terre du Milieu édités par le fils de J.R.R. Tolkien, Christopher. Cette édition anglophone de 1991 est l’édition de référence aujourd’hui, et c’est évidemment elle — avec toutes ses imperfections bien connues des puristes — qui a servi de base à la version traduite. Cette traduction est l’occasion de faire connaître au public francophone un ouvrage cartographique de référence sur J.R.R. Tolkien, inégalé pour l’instant dans son ampleur et dans sa rigueur d’interprétation des sources. Une réimpression fin 2022 a été l’occasion pour l’éditeur de corriger quelques coquilles ; cette nouvelle impression se distingue facilement de l’ancienne puisque la boussole en couverture possède une rune en forme de « X » barré à sa gauche.
Ce qui frappe d’abord, c’est le très grand format de l’Atlas : celui-ci, avec une splendide couverture cartonnée et un signet, possède des dimensions très inhabituelles (26,5 cm par 37,3 cm). Ce grand format permet de mettre en valeur à la fois les vastes espaces de la Terre du Milieu, mais surtout le splendide travail cartographique de Stéphane Arson. Il a redessiné dans un style plus moderne toutes les cartes de K.W. Fonstad, en restant très fidèle au style original, mais aussi tous les nombreux plans architecturaux (on pensera notamment à Bourg-du-Lac en vue isométrique, p.123, ou à la maison de Tom Bombadil, p.137). Les couleurs sépia sont peut-être un peu ternes et nuisent quelquefois à une bonne interprétation des cartes, de même que la présence de nombreuses flèches enchevêtrées – mais celles-ci étaient déjà présentes dans l’original. Les fonds de carte bénéficient aussi du travail de Romuald Belzacq sur la typographie et la légende des cartes, très élégantes.
On regrettera cependant grandement la suppression des notes, qui permettaient au lecteur de bien faire la différence entre d’une part les informations directement issues des ouvrages de J.R.R Tolkien, et d’autre part les nombreuses interprétations de K.W. Fonstad (raisonnables et étayées par des ouvrages scientifiques). Il reste cependant en fin d’ouvrage la bibliographie afférente. Signalons une autre bizarrerie au sujet de l’index en fin d’ouvrage : pour chaque page où figure une localité est associée une coordonnée lettre-chiffre entre parenthèses, et 99% du temps elle est identique… Logique, puisque le lieu ne bouge pas ! (Le contraire est même un peu perturbant – exemple avec les Landes d'Etten qui figurent J33 p. 89, et en I33 p. 94). Il aurait fallu indiquer qu'elles figurent en J33-I33, indépendamment de la page (ce qui est quand même l'intérêt des coordonnées géographiques).
En résumé, il s’agit d’un ouvrage superbe conseillé à la fois aux connaisseurs et aux débutants, malgré son prix conséquent (50 euros). Les premiers y trouveront une rigueur, une exhaustivité et une précision inégalées pour décrire l’univers géographique de J.R.R. Tolkien, tandis que les seconds se laisseront transporter en Terre du Milieu par les cartes, littéralement.
Cet Atlas est probablement le plus précis, le plus riche et le plus fiable disponible. Il est composé de plans de tous types et de tous âges, de la maison de Tom Bombadil à la carte du Beleriand en passant par la Moria. Cet atlas est réalisé grâce aux multiples informations des ouvrages publiés jusqu'ici : Le Seigneur des anneaux, Le Silmarillion, Bilbo le Hobbit, les Contes et légendes inachevés et les History of Middle-earth. The Complete Guide to Middle-earth de Robert Foster a aussi été utilisé dans sa composition. Cependant, il semble que certains éléments sont contestables, comme par exemple la localisation de Belegost ou de Rhosgobel (située à deux localisations différentes). Anglophone ou non, cette ouvrage reste néanmoins très utile et pratique.
Cet Atlas est, pour l’instant, le seul qui couvre la totalité de l’œuvre de J.R.R. Tolkien. Il inclut en effet des cartes de son monde imaginaire de son origine jusqu’à la fin du Troisième Âge, ainsi que des cartes à plus grande échelle du nord-ouest de la Terre du Milieu au Troisième Âge. On y trouve également les chemins reconstitués de plusieurs personnages d’importance : bien sûr, ceux de la Communauté de l’Anneau ou de Bilbo et des Nains, mais aussi de Túrin Turambar et de Beren et Lúthien. Des plans beaucoup plus détaillés de certains endroits comme Menegroth, Gondolin, le Gouffre de Helm ou Minas Tirith y sont aussi inclus. Des schémas des principales batailles des trois Âges et des cartes thématiques (géologie, climat, végétation, etc.) viennent compléter le tout.
Si cet ouvrage est devenu une référence, ce n’est assurément pas sans raison : les cartes qu’il contient sont en effet claires et précises, bien qu’elles ne soient qu’en trois couleurs (noir, blanc et brun-orangé). Leur grand nombre permet à cet atlas d’être relativement exhaustif, et les commentaires qui accompagnent chaque carte la replacent dans son contexte, voire expliquent certains choix ou extrapolations qu’a fait Karen Fonstad.
Cependant, l'ouvrage est loin d’être parfait : le puriste notera ainsi quelques coquilles dans les toponymes (Gabilgathod au lieu de Gabilgathol p. 13, Mathedras au lieu de Methedras p. 135), et certaines cartes, notamment celles qui contiennent beaucoup de flèches (trajets de personnages ou batailles), sont très difficilement lisibles. Beaucoup plus grave est la grossière erreur de recollage entre le Beleriand et l’Eriador que présentent ses cartes, relevée dans un article du site Hiswelokë. Enfin, la date même de cet Atlas est un handicap : la version révisée date en effet de 1991. Karen Fonstad prend certes en compte les indications des neuf premiers volumes de L'Histoire de la Terre du Milieu, mais ne peut utiliser les informations, parfois essentielles, contenues dans les trois derniers volumes : ainsi, HoMe 11 contient la dernière carte du Beleriand qu’ait dessiné J. R. R. Tolkien, et qui diffère en plusieurs points de celle parue dans le Silmarillion.
Ainsi, the Atlas of Middle-earth est certes un ouvrage complet, mais il n’est pas totalement fiable sur tous les points qu’il aborde. Il est donc à prendre avec quelques précautions, même s’il s’agit d’un ouvrage que tout tolkiendil se doit de posséder, et ce même s'il ne parle pas l'anglais, tant ses cartes sont précieuses.