Le parler noir : un récapitulatif

 Quatre Anneaux
Timothée Masurel — Mai 2021
Articles de synthèse : Ces articles permettent d’avoir une vue d’ensemble du thème traité mais ils nécessitent une bonne connaissance des principales oeuvres de J.R.R Tolkien.

Le parler noir est l’une des nombreuses langues fictives construites par le philologue et écrivain J.R.R. Tolkien, et s’inscrit dans l’univers de la Terre du Milieu comme la langue forgée par Sauron pour ses servants. Il a donc la particularité d’être une langue construite aux deux degrés du récit : construite au niveau extradiégétique par Tolkien, mais construite aussi au niveau intradiégétique puisqu’elle est supposée avoir été inventée de toute pièce par l’un des personnages du récit.

Histoire extradiégétique

Contrairement aux langues elfiques dont l’élaboration a accompagné celle du Legendarium, le parler noir, suggère Édouard Kloczko1), semble avoir été créé tardivement dans le processus d’écriture du Seigneur des Anneaux. Ainsi, il n’est pas fait mention du parler noir dans un premier texte sur les langues des peuples du Troisième Âge (que Tolkien envisageait de joindre aux prologues et chapitres introductifs) : il y est dit que les Orques et les Gobelins possédaient leurs propres langues, hideuses et empruntant aux langues des autres peuples, mais sans mention aucune d’une quelconque dérivation ou influence provenant d’une lingua franca du Mordor2).

Cette langue présente un corpus très limité. Tolkien laisse entendre qu’il n’a invoqué que le matériel strictement nécessaire à l’écriture du Seigneur des Anneaux, aussi n’existe-t-il probablement pas de matériel en parler noir qui soit encore inconnu. À propos de l’imprécation de l’orque du Mordor, Tolkien affirme : « J’ai essayé de rester franc-jeu [mais] à mon goût de telles choses devraient mieux être laissées aux Orques, anciens et modernes3). » Cela n’a rien d’étonnant : Tolkien n’aimait pas le parler noir, qui était « rempli de sons discordants et hideux et de mots infâmes4) ». Il raconte dans sa correspondance qu’un admirateur lui envoya un jour une coupe en acier sur laquelle, à sa grande déception, était gravée l’inscription de l’anneau, et qu’il ne but aussi jamais dedans, ne l’utilisant que comme cendrier5).

Tolkien semble avoir été influencé par le gaélique lors de la confection de ce maigre corpus ; du moins reconnaît-il dans une lettre de 1967 que le terme gaélique irlandais nasc, qui signifie « lien » a pu lui inspirer inconsciemment le terme nazg « anneau »6). L’historien russe Alexandre Nemirovsky soutient également que le parler noir a pu être inspiré par le hourrite7). À son appui, quelques corrélations assez éloignées ou discutables à mon sens, exceptée ash, le nombre cardinal « un », en hourrite she (d’où la racine sh-), et le fait que le parler noir soit une langue agglutinative et – ce deuxième point relevant de l’analyse de Nemirovsky et non des dires de Tolkien – ergative (le hourrite étant lui-même une langue agglutinative et ergative). Charles Moseley, qui a enseigné la littérature classique et anglaise à l’université de Cambridge, a également rapproché le parler noir du turc pour ses sonorités8).

Présentation intradiégétique

Le parler noir a été créé par Sauron pendant les Années sombres, c’est-à-dire la longue période du Deuxième Âge pendant lesquelles les peuples de la Terre du Milieu, en particulier les hommes, étaient sous la domination de Sauron. Aucune date précise n’est fournie, mais l’apparition du parler noir précède nécessairement la fabrication de l’Anneau Unique (vers 1600 D.Â.), lui-même marqué d’une inscription en parler noir. À l’époque de sa création, les différentes tribus et légions d’Orques n’avaient pas de langue à proprement parler, mais des jargons nombreux, plus ou moins semblables et aux vocabulaires limités. Sauron entendait procurer une lingua franca à ses serviteurs. Même si Tolkien nous dit que de nombreux mots de parler noir étaient passés dans les dialectes des Orques à la fin du Troisième Âge, comme le mot ghâsh « feu », le projet original du Seigneur des Ténèbres reste un échec : les Orques emploient une forme corrompue de la langue ou persistent dans l'utilisation de leurs patois dérivés de l’occidentalien, et « personne d’autre ne l’utilisait de son plein gré9) » ou en dehors du Mordor10). Le parler noir a influencé et altéré les dialectes orquiens, mais les seuls locuteurs attestés de sa forme pure sont les Spectres de l’Anneau.

Le parler noir est oublié après la première chute de Barad-dûr en 3441 D.Â., sauf par les Nazgûl. Il regagne en présence chez les Orques après le retour de Sauron en Mordor en 2951 T.Â., quoique toujours dans cette modalité d’emprunts de mots ou d’emploi sous forme dégradée. Tolkien nous dit également que les Olog-hai, une race de Trolls apparue à la fin du Troisième âge, ne savaient s’exprimer que dans cette langue. La chute finale de Sauron, en 3019 T.Â., entraîne vraisemblablement la disparition définitive du parler noir.

« Le parler noir n’a pas été intentionnellement modelé sur quelque style que ce soit, mais était supposé être intrinsèquement homogène, très différent de l’anglais, mais organisé et expressif, comme on s’y attendrait d’une création de Sauron antérieure à sa complète corruption11) », écrit Tolkien dans une lettre datée de juin 1964. Sauron semble avoir voulu forger une langue régulière et cohérente, ce qui semble en effet pertinent pour une langue appelée à servir d’« espéranto » (pour reprendre l’expression consacrée par Helge Kåre Fauskanger dans son article sur le parler noir).

Sauron semble avoir emprunté certains mots aux langues des autres peuples pour son parler noir. Fauskanger note que le mot nazg « anneau » en parler noir, semble dérivé du mot valarin équivalent #(a)naškad, hypothétiquement isolé de māχananaškād « Anneau du Jugement »12). Damien Bador et François Parmentier soulignent quant à eux que la forme orquienne ghâsh, directement reprise ou dérivée du parler noir, est assez proche de la forme supposée #(i)gas, extrapolée à partir du nom valarin donné au Soleil, Aþāraigas, qui signifie littéralement « Chaleur établie »13). De même ils rapprochent le morphème valarin #duš (hypothétiquement isolé de Dušamanūðān « Arda marrie ») du parler noir. En effet, le morphème khuzdul #dush (hypothétiquement isolé de Buzundush « Racine noire ») et le morphème du parler noir orquien #dush (très hypothétiquement isolé de Dushgoi, autre nom de Minas Morgul sans étymologie connue) pourraient donc renvoyer tous deux aux ténèbres vues de manière négative, ce qui ne serait pas un hasard si le morphème valarin identique renvoie de son côté à l’idée de marrissement. Les trois isolats étant chacun aussi hypothétiques que leurs sens autonomes, j’inviterai cependant à une certaine prudence concernant les liens établis entre parler noir et valarin. De son côté, Tolkien suggère que le mot uruk, qui désignerait les grands soldats orques qui surgissaient du Mordor et de l’Isengard à la fin du Troisième Âge est apparenté au sindarin orch « orque », mais on notera aussi sa similitude avec le mot adûnaïque uruk « orque ». Le nom gûl « spectre » rappelle quant à lui le sindarin gûl « sorcellerie ».

Le parler noir est-il intrinsèquement maléfique ? On se rappellera que lorsque Gandalf prononce les mots inscrits sur l’Anneau unique au Conseil d’Elrond, « [u]ne ombre sembla passer devant le haut soleil, et le portique fut momentanément obscurci. Tous tremblèrent, et les Elfes se bouchèrent les oreilles14) ». Cependant peut-être n’est-ce là que l’effet de l’esprit de Sauron ainsi évoqué ou des influences maléfiques de l’Anneau, plus que la présence de « mots magiques » ou par la forme et la phonétique mêmes des mots.

Phonologie

Les voyelles qu’on trouve sur l’inscription de l’anneau sont a, i, u, et û [uː], et on trouve le o ailleurs (olog). Le a long (â ou [aː]) n’est observé que dans la forme ghâsh, potentiellement corrompue. Le son i semble rare (-ishi), et le e est complètement absent.

Pour les consonnes, on note les occlusives b, g, d, p, t, k, les fricatives s, z, sh [ʃ], th [θ], gh [ɣ] 15), la latérale l, la roulée r et les nasales m et n. Il est dit que les Orques utilisaient le r uvulaire [χ], mais on ne sait si cette prononciation s’applique au parler noir tel qu’inventé par Sauron. On rencontre une terminaison en -kh dans le nom d’orque Grishnákh, aussi on peut supposer que certains dialectes orquiens et peut-être le parler noir comportaient le son [x]. Le f est observé dans les noms d’orques Ufthak et Lagduf, et il est suffisamment courant dans les langues parlées pour qu’on puisse supposer que son absence dans les mots attestés ne provient que de la rareté de ceux-ci. David Salo affirme la présence du son [ŋ] – j’imagine qu’il le tire du -n- de bagronk – et du son [h]16), son qu’Édouard Kloczko ajoute lui aussi, avec en outre le son bh [β]17). D’où déduirait-on l’existence de [β] en parler noir ? Avant correction, la version dactylographiée de l’Appendice F affirmait : « Le bh dans le fragment de langue noire corrompue dans II 48 apparaît dans le mot composé búb-hosh18) ». Cependant il me semble que le tiret indique justement que dans le cas de l’(unique) occurrence des lettres b et h à la suite, il s’agit bien de deux mots avec une coupure et non d’une consonne unie notée **bh. Ajouter le h à l’inventaire des consonnes me paraît d’ailleurs justifié seulement au prix de cette coupure du mot búbhosh en búb–hosh, puisqu’on ne trouve pas la lettre h isolée ailleurs que dans ce -hosh. De plus ce mot n’est pas un nom composé dans la première traduction (alors qu’ensuite il signifie pig-guts ou dung-heap) mais signifiait « grand » ; dans cette optique il était facile de penser que bh serait une consonne unique au milieu d’un mot uni. Salo propose également la consonne [j], qu’il pense probablement pouvoir ajouter du fait des multiples diphtongues en i comme [aɪ] dans -hai ou, en comptant les formes orquiennes ou corrompues, avec skai et Dushgoi, lesquelles auraient pu être suivies dans une phrase par un mot commençant par une voyelle, transformant alors facilement le [ɪ] de la fin du mot précédent en [j] avec la liaison.

Dans une interview de Tolkien enregistrée par la BBC en 1968 (et rendue publique en 2010), le professeur lit l'inscription de l'Anneau, et il prononce [g] le g final de nazg et [kʰ] le gh d'agh. Je ne pense pas cependant qu’on puisse en déduire que les gh de ghâsh ou de oghor se prononcent de la sorte, puisque comme nous l’avons vu Tolkien écrit que « dans le parler noir et l’orquien, gh représente une spirante vélaire » : la prononciation du -gh en fin de agh est donc peut-être une exception par rapport à sa prononciation avant une voyelle ou en milieu de mot comme dans ghâsh et oghor.

Voici un petit récapitulatif des consonnes observées, avec en rouge celles qui sont plus supputées qu’avérées, ou trouvées uniquement dans des formes orquiennes probablement dérivées du parler noir.

labiales coronales palatales vélaires uvulaire glottales
Occlusives sourdes p t k
Occlusives voisées b d g
Nasales m n ŋ
Fricatives sourdes f θ s ʃ x χ h
Fricatives voisées z ɣ
Spirantes voisées l j
Roulées voisées r

Comme le fait remarquer Salo, puisque la plupart de ces sons sont faciles à manier pour un locuteur anglophone (excepté [x] and [ɣ]), le caractère « discordant », « menaçant » et « hideux » que Tolkien prête au parler noir doit probablement venir de l’accumulation fréquente de groupes consonantiques (zg, rb, mb, thr, rz, kr, mp, gb, et plus si on ajoute les formes corrompues). On se souviendra que, dans « Un vice secret », Tolkien affirmait qu’un agencement particulier des consonnes de l’anglais permet de former des mots qui sonnent étranger : « Un mot anglais comme scratch devient štærks [quand il est écrit à l’envers], chaque “phonème” parfaitement anglais, mais l’ensemble totalement étranger, vu que l’anglais connaît rarement la séquence št […] et jamais en position initiale […] et qu’il ne comprend jamais la séquence ær + consonne.19) »

Analyse du corpus

a) Les formes pures

Le premier élément de parler noir pur que nous ayons à notre disposition est l’inscription gravée sur l’Anneau Unique : « Ash nazg durbatulûk, ash nazg gimbatul, ash nazg thrakatulûk agh burzum-ishi krimpatul ». Gandalf nous en donne une première traduction : « Un Anneau pour les dominer tous, Un Anneau pour les trouver, Un Anneau pour les amener tous et dans les Ténèbres les lier20) ». Avec cependant une réserve quant à la précision de cette traduction, puisque le magicien nous prévient lui-même : « voici […] ce qui est dit, à peu de choses près, dans la langue commune21) ». Dans le Parma Eldalamberon no 17 ont été publiés plusieurs documents de la main de Tolkien expliquant le sens des mots en langues de la Terre du Milieu qui apparaissent dans le Seigneur des Anneaux. Ces écrits détaillent le sens exact des mots de l’inscription de l’Anneau, tandis qu’un extrait d’une lettre à W.R. Matthews précise la décomposition et le fonctionnement des formes verbales :

« De tout évidence c’était une langue agglutinative, et le système verbal devait comporter des suffixes pronominaux exprimant l’objet aussi bien que ceux indiquant le sujet22). »

C’est donc armé de ces précisons que nous pouvons analyser les vers de l’Anneau. Rappelons cependant que les documents du Parma Eldalamberon no 17 n’ont pas été publiés du vivant de Tolkien, quand bien même celui-ci leur aurait donné une forme définitive en vue d’une publication finalement avortée. Au demeurant, ces éléments, rédigés avant la seconde édition du Seigneur des Anneaux, n’ont pas été inclus dans celle-ci – sans doute en raison de leur longueur ou de leur inachèvement, mais ils ne restent pas moins privés du sceau validant de la publication.

Ash nazg durbatulûk, ash nazg gimbatul,
Ash nazg thrakatulûk agh burzum-ishi krimpatul.
  • ash est le nombre cardinal « un »
  • nazg est un nom signifiant « anneau », le sens étant restreint à celui d’anneau pour le doigt (« (finger-)ring » dans le Parma Eldalamberon no 17, p. 11) voire peut-être à celui d’anneau magique (« magic ring » dans le Parma Eldalamberon no 19, p. 101).
  • La forme verbale durbatulûk (durb + at + ul + ûk) est composée du radical du verbe proprement dit, durb-, signifiant « contraindre, forcer, dominer » dans le PE 17 (p. 11), quoique traduit de manière plus neutre par « gouverner » dans le Seigneur des Anneaux.
  • L’affixe -at(-) est une « terminaison verbale (comme un participe) » (PE 17, p. 11) qui semble exprimer le but (« pour gouverner »). Dans l’inscription de l’anneau, c’est un infixe, mais dans le PE 17 Tolkien nous offre isolée la forme durbat (p. 11) où -at n’est que suffixe. Cette forme est traduite « contraignant, de nature à contraindre23) ».
  • -ul(-) est l’objet pluriel (« eux, les »).
  • -ûk est un suffixe que le PE 17 traduit « en entier, tous les » (p. 12), et complète ici -ul(-) en -ulûk, « eux tous ».
  • gimbatul (gimb + at + ul) reprend la même structure verbale mais en se passant du suffixe -ûk. Le verbe gimb- signifie « trouver » (angl. find) selon Gandalf. Il est traduit « obtenir, découvrir » (angl. seek out, discover) dans le PE 17 (p. 11).
  • thrakatulûk (thrak + at + ul + ûk) mobilise cette fois-ci le verbe thrak-, « amener » dans le Seigneur des Anneaux, et plus précisément « amener de force, tracter, traîner » dans le PE 17 (p. 11).
  • agh est la conjonction « et ».
  • burzum-ishi est composé du nom burzum, « ténèbres » (angl. darkness) qui dérive de l’adjectif búrz, « sombre » (angl. dark), auquel est ajouté le « suffixe particularisant24) » -um, qui transforme l’adjectif en nom abstrait : on passe de búrz à burzum comme de dark à darkness ou d’obscur à obscurité. Dans le PE 17 (p. 12) et une lettre de 1964, on trouve la locution écrite sans tiret (burzumishi), mais de toute évidence dans le cas d’une langue agglutinative comme le parler noir les espaces et les tirets placés dans la transcription en alphabet latin ne sont dus qu’à un motif pratique.
  • krimpatul (krimp + at + ul) conjugue le radical krimp-, « lier, attacher ».

L’appendice F du Seigneur des Anneaux, « Langues et peuples du Troisième Âge », nous fournit également quelques noms propres et formes isolées du parler noir pur de Sauron :

  • Le nom des Nazgûl, « Spectre(s) de l’Anneau », composé du nom nazg (anneau) et de gûl, qui désigne un « esprit (mauvais) sous le contrôle de Sauron » (PE 17, p. 19) ; le mot est sinon traduit « fantôme, ombre de magie noire, nécromancien ; esprit esclave ? » ou plus simplement « spectre ». On trouve parfois le mot orthographié gūl. Cependant les différentes accentuations en parler noir (û, ú ou ū) semblent varier selon la fantaisie de Tolkien et renvoyer à un seul et même [u:] long.
  • Lugbúrz (d’abord orthographié Lugburz dans Sauron Defeated (p. 24) et The War of the Ring (p. 49), et écrit Lugbûrz en p. 12 du PE 17) est le nom de la Tour Sombre en parler noir. Il est composé de l’adjectif búrz (sombre) et du nom lûg dont la signification autonome est fournie dans le PE 17 : « forteresse, espace clos, prison25) » (et non « tour » comme on aurait pu le penser).
  • Quant à uruk, Tolkien nous dit que le mot « fut probablement emprunté par lui [Sauron] aux langues elfiques des premiers temps26) ». Il semble donc que nous puissions compter ce mot au nombre des formes sauroniennes. Cependant on trouve lit dans la lettre à W.R. Matthews « La forme dégradée du p. n. qui ne survécut au Troisième Âge que dans la Tour Sombre se voit dans quelques noms (comme Uruk-hai “peuple orque”)27) ». Le PE 17 donne la traduction « peuple des Orques » (p. 12, p. 136) pour Uruk-hai en indiquant qu’il s’agit d’une forme corrompue (orquienne) de parler noir, mais affirme ailleurs que uruk est « la forme d’orque en parler noir. » Faut-il y voir l’indécision de Tolkien ? ou faut-il plutôt en déduire que uruk est une forme pure signifiant « orque » tandis que ce serait l’expression Uruk-hai – désignant une race de grands orques – qui serait orquienne ? Le mot hai (« peuple » ?) serait-il lui-même une forme corrompue ? Outre l’indécision de Tolkien, une explication cohérente serait que les formes uruk et (probablement) hai sont pures, mais que la locution Uruk-hai de respecte pas les règles de composition du parler noir sauronien. Cependant, la locution Olog-hai étant elle-même décrite comme du parler noir, il nous est difficile de maintenir cette explication.
    En effet, la locution Olog-hai comporte également le mot hai mais ne semble pas être considérée par Tolkien comme une forme corrompue : « Mais à la fin du Troisième Âge, une race de trolls jusqu’alors inconnue fit son apparition dans le sud de Grand’Peur et aux lisières montagneuses du Mordor. En noir parler, ils se nommaient les Olog-hai.28) » – N.B. Nous savons grâce à The People of Middle-Earth que dans les premiers brouillons de Tolkien, ces trolls étaient nommés Horg-hai et Olg-hai.

On trouve aussi la forme Oghor-hai, dans les Contes et Légendes inachevés (p. 379). Elle désigne le peuple des Drúedain, et pourrait être ou non du parler noir corrompu. Enfin on trouve en p. 79 du PE 17 la mention suivante :

« B[lack Speech] nazgûl. cf. nazg = ring. gûl, (phantom, shadow of dark magic, necromancer), slave, servant? nazggûl. cf. gūl. gūldur, as [black »] ‘Black’ word. »

Elle suggère qu'au moment où il écrivait, Tolkien envisageait que gûldur soit un terme de parler noir. Sa parenté avec le sindarin guldur (sorcellerie) semble assez évidente, surtout si l’hypothétique gûldur du parler noir dérive de gûl (spectre).

b) Les formes corrompues

Le parler noir a subi des transformations diverses et variées une fois récupéré et utilisé par les Orques. Il n’existe vraisemblablement pas un unique « parler noir orquien », puisque chaque groupe ou tribu d’orques aura été différemment influencé par l’espéranto de Sauron. On peut supposer que certaines tribus du Mordor auront largement repris le parler noir quoique dans une forme rapidement corrompue, tandis que d’autres pourraient n’avoir été qu’influencées, et à divers degrés. Les dialectes orquiens comportent donc des formes ou des tournures empruntées au parler noir mais sans qu’il soit réellement possible de déterminer la forme d’origine ou le degré d’autonomie des échantillons à notre disposition. On compte d’abord quelques mots isolés :

  • ghâsh, signifiant « feu », décrit comme un mot orquien directement emprunté au parler noir, sans garantie cependant qu’il s’agisse tout à fait de la forme sauronienne du mot.
  • tark est un mot que les Orques utilisent (au Troisième Âge) pour désigner les hommes du Gondor (Tolkien n’en dit pas plus sur sa potentielle origine en parler noir).
  • snaga signifie « esclave » ; selon l’Appendice F, c’est le nom utilisé (surtout par les Uruk-hai) pour désigner les races d’orques inférieures. Dans le PE 17, il est précisé : « mot orque, pour un serviteur, un esclave ou assimilé. » (p. 79).
  • sharkû est le mot orquien à l’origine du surnom Charquin (angl. Sharkey) donné à Saruman par ses orques. Il signifie « vieil homme » dans « la forme dénaturée [du parler noir], en usage chez les soldats de la Tour Sombre », nous dit l’Appendice F. De plus le vocable serait « une marque d’affection », selon une note de bas de page laissée par Tolkien29). Peut-être peut-on y voir un mot composé #shar-kû pour vieil-homme ? Dans cette hypothèse il est difficile d’être sûr d’avoir procédé au bon découpage, et il est ensuite difficile de savoir quelle moitié relier à « vieux » et quelle moitié relier à « homme ». En effet, dans ash nazg l’adjectif (numéral) précède le nom, mais en français par exemple les nombres se placent également avant le nom, et pour autant l’adjectif se place le plus souvent après le nom ; dans l’imprécation de l’orque du Mordor (voir plus bas), l’adjectif suit ou précède le nom selon les différentes traductions, aussi cet autre exemple n’est-il pas d’un grand secours.
  • Dushgoi est un nom utilisé par les Orques pour désigner Minas Morgul. Il apparaît dans The War of the Ring : « Les Seigneurs de Dushgoi ont un savoir secret pour transmettre rapidement les messages et ils apporteront les nouvelles à Lugburz plus vite que n'importe qui que tu pourrais envoyer. » Le fait que le locuteur utilise également la forme sauronienne Lugburz permet de supposer que Dushgoi possède le même degré de parenté avec le parler noir que Lugburz (un rapport très proche, donc), bien qu’il puisse tout aussi bien être une forme totalement orquienne.

À ces mots épars s’ajoute l’imprécation de l’Orque du Mordor : « Uglúk u bagronk sha pushdug Saruman-glob búbhosh skai ! », qui provient du même dialecte corrompu que sharkû. Dans The Peoples of Middle-Earth (p. 83), les manuscrits de Tolkien en donnent la traduction suivante : « Uglúk à la fosse d’aisance, sha ! la saleté de fumier ; le grand imbécile à Saruman, skai !30) ». Mais plus tard Tolkien lui en procure une autre « Uglúk dans le trou à purin avec la puante saleté de Saruman, tripes de porc, ah !31) ». Publiée par Carl Hostetter dans le Vinyar Tengwar no 26 (p. 16), elle est tirée des tapuscrits (finalement abrégés) du Seigneur des Anneaux. À noter que Tolkien note alors différemment le texte original qui accompagne cette deuxième traduction : « Uglúk u bagronk sha pushdug Saruman-glob – búb-hosh skai ! ». On trouve enfin une troisième traduction, la seule qui soit postérieure à la première édition du Seigneur des Anneaux, dans le PE 17 (p. 78) : « Uglúk à la (salle de) torture avec la puante ordure de Saruman. Tas de fumier. Skai !32) ». Il est possible que Tolkien ait oublié la traduction originale et en ait simplement élaboré une nouvelle à chaque fois. Ou alors que n’ayant publié aucune traduction officielle pour cette phrase publiée dans le Seigneur des Anneaux, il se soit peu soucié de retrouver le premier sens qu’il lui avait imaginée et en ait écrite un nouveau chaque fois qu’il mentionnait ce passage. Je ne saurai dire quelle traduction favoriser. La première est la traduction « originale », la plus proche de la création de la phrase ; la deuxième est celle que Tolkien avait finalement en tête au moment de la (première) publication du Seigneur des Anneaux ; la troisième étant la dernière en date, on pourrait la considérer comme la version finale à conserver. Quelles analyses peut-on tirer de chacune de ces traductions ?

  • Uglúk et Saruman sont simplement les noms, laissés tels quels. Alors que Sauron a traduit le nom de Barad-dûr « la Tour sombre » en Lugbúrz, le locuteur orque n’a évidemment pas créé d’équivalent en parler noir pour Saruman (qui est supposé être une traduction d’un terme rohanais et proviendrait étymologiquement du terme en vieil anglais searu, signifiant « talent » ou « ruse »).
  • u est la préposition « à » et donne la destination du sujet quelle que soit la traduction considérée.
  • bagronk signifie « torture », et par extension métonymique « [salle de] torture » dans la troisième traduction de l’imprécation. Dans les deux premières versions, le mot renvoie à des signifiés plus composites : « fosse d’aisance » (1ère) et « trou à purin » (2e), c’est-à-dire la même chose mais formulé différemment. On est en droit de considérer que les Orques utilisent un mot monolithique pour désigner ce genre d’installation, mais on peut aussi proposer une décomposition comme la traduction anglaise pourrait le suggérer : #bag–ronk pour dungpit. Notez que le découpage de bagronk est bien sûr arbitraire, on pourrait le décliner en #ba-gronk, #bagr-onk, etc. Cependant les mots de parler noir vus précédemment nous donnent peu de noms commençant ou finissant par une voyelle. Ash et agh ne sont pas des noms mais des mots plus usuels (« et » et « un »), tandis que hai finit plutôt par une diphtongue (voir une consonne y) que par une voyelle. Les isolats de type #ba ou #onk sont donc des candidats de seconde classe, je suivrai dans cette hypothèse le découpage #bag–ronk. Le mot #ronk signifierait donc dans la deuxième traduction « fosse/trou », et #bag signifierait quelque chose comme « purin ». Bien sûr cela pourrait tout aussi bien être l’inverse, la structure du mot composé orquien ne suivant pas nécessairement la logique anglaise. Aucune des deux sous-possibilités ne sera ici favorisée. En ce qui concerne la première traduction, cesspool « fosse d’aisance » se scinde plus mal en anglais qu’en français, puisque le mot est une réunion de l’anglais pool « bassin, fosse » et de l’ancien mot anglais suspiral « trou d’aération », qui vient du vieux français souspirail, du latin sub-spirare (sous + respirer/air). Il est donc difficile de vouloir isoler le préfixe « cess » comme un vrai signifiant autonome. Dans le cadre de la première traduction, il me paraît donc erroné de vouloir faire de bagronk un mot composé avec des moitiés autonomes signifiant l’une cess et l’autre pool. Je le considérerais plutôt comme un nom simple.
  • sha est d’abord une interjection de mépris non traduite, puis dans les deux dernières versions une préposition signifiant « avec ».
  • pushdug signifie d’abord dung-filth, « fumier-crasse » ; puis stinking, « puant », dans les deux dernières versions. Selon la même logique je propose dans le premier cas de le scinder arbitrairement en #push « fumier » et #dug « crasse » (ou l’inverse : #push « crasse » et #dug « fumier »). Dans le deuxième cas, s’il s’agit d’un adjectif non verbal, il n’y a qu’à le laisser tel quel. Mais s’il s’agit d’une forme verbale conjuguée – l’équivalent de notre participe présent – alors si le verbe suit le même modèle de conjugaison que le parler noir pur, la fin du mot serait un suffixe conjuguant le radical. Or nous avons vu que la plupart des radicaux des verbes finissaient par une voyelle suivie de deux consonnes (durb-, gimb-, krimp-), et que tous les suffixes verbaux recensés étaient constituées d’une voyelle suivie d’une consonne (-at, -ul, -ûk). Je proposerai donc33) cette fois ci la scission #pushd–ug, avec #pushd- « sentir mauvais » et le suffixe participial tout aussi hypothétique #-ug.
  • glob est un nom qui signifie « imbécile » dans la première traduction et « crasse » dans les deux dernières.
  • búbhosh est dans la première version un adjectif signifiant great « grand », tandis qu’il devient le nom composé búb-hosh dans les deux autres et sert de juron. Dans la deuxième traduction, il signifie « tripes de porc » (pig-guts) et je propose de rattacher « porc » à búb et « tripes » à hosh. On pourrait se demander s’il y a là un indice pour déduire la façon dont on forme le pluriel du nom en parler noir corrompu, mais ce serait là pousser trop loin l’analyse : Tolkien n’a vraisemblablement pas réfléchi autant puisque le sens a été ajouté a posteriori et revu plusieurs fois, et il s’agit plus d’un juron que d’un morphème visant réellement à dénombrer des boyaux. Dans le cas de la troisième traduction, búb-hosh signifie dung heap « tas de fumier », qu’on peut décomposer en búb « fumier » et hosh « tas » (ou l’inverse, encore une fois).
  • skai est une interjection orquienne que Tolkien laisse inchangée ou qu’il traduit par une onomatopée plus anglaise (gah dans la deuxième traduction).

Lexique récapitulatif

La mention p.n.c. (parler noir corrompu) indique que la forme est (potentiellement) dégradée, voire qu’elle pourrait n’être qu’orquienne et sans aucun lien avec le parler noir. Dans le cas des mots provenant de l’imprécation de l’orque du Mordor, les nombres 1./2./3. indiquent de quelle traduction provient la signification qui suit. Le symbole # indique que la forme est hypothétiquement (voire arbitrairement) isolée depuis un mot composé. Les mots barrés sont les formes finalement rejetées par Tolkien :

  • agh « et »
  • ash « un »
  • -at suffixe verbal signifiant le but (« destiné à faire ceci ») ou la nature (« de nature à faire ceci »)
  • #bag (p.n.c.) 2. « purin » (ou « fosse, trou ») Cf. bagronk
  • bagronk (p.n.c.) 1. « fosse d’aisance » 2. « trou à purin » 3. « (salle de) torture »
  • búb (p.n.c.) 2. « porc » (ou « tripes ») 3. « fumier » (ou « tas, amas ») Cf. búb-hosh
  • búbhosh (p.n.c.) 1. « grand » / búb-hosh (p.n.c.) 2. « tripes de porc » 3. « tas de fumier »
  • búrz / burz « sombre, obscur »
  • burzum « ténèbres, obscurité »
  • #dug (p.n.c.) 1. « crasse, saleté » (ou « fumier ») Cf. pushdug
  • durb- « contraindre, forcer, dominer » ; « gouverner » ?
  • ghâsh (p.n.c. ?) « feu »
  • gimb- « découvrir, obtenir, trouver »
  • glob (p.n.c.) 1. « imbécile » 2/3. « crasse, saleté »
  • gûl esprit mauvais sous le contrôle de Sauron ; « fantôme, ombre de magie noire, nécromancien » ; « esprit esclave »? ; « spectre »
  • gûldur mot envisagé par Tolkien pour le parler noir ; signifierait « sorcellerie » ?
  • hai (p.n.c. ?) « peuple » (?) suffixe servant à désigner un peuple Cf. Uruk-hai, Olog-hai, Oghor-hai
  • hosh (p.n.c.) 2. « tripes » (ou « porc »)) 3. « tas, amas » (ou « fumier ») Cf. búb-hosh
  • ishi postposition « dans, à l’intérieur de »
  • krimp- « lier, attacher »
  • # (p.n.c.) « homme » ? Cf. sharkû
  • lûg « forteresse, espace clos, prison »
  • Lugbûrz, Lugbúrz, Lugburz la Tour Sombre (lûg + bûrz)
  • Nazgûl « Spectre(s) de l’Anneau » (nazg + gûl)
  • Oghor-hai (p.n.c. ?) les Drúedain (oghor + hai)
  • olog « troll » ? Cf. Olog-hai
  • Olog-hai, Horg-hai, Olg-hai nom d’une variété de troll développée par Sauron (olog + hai)
  • #push (p.n.c.) 1. « fumier » (ou « crasse ») Cf. pushdug
  • #pushd- (p.n.c.) 2/3. « sentir mauvais » Cf. pushdug
  • pushdug (p.n.c.) 1. « saleté de fumier » 2/3. « puant »
  • #ronk (p.n.c.) 2. « fosse, trou » (ou « purin ») Cf. bagronk
  • skai (p.n.c.) interjection de mépris
  • sha (p.n.c.) 1. interjection de mépris 2/3. « avec »
  • #shar (p.n.c.) « vieux » ? Cf. sharkû
  • sharkû (p.n.c.) « vieil homme »
  • snaga (p.n.c. ?) « esclave », utilisé pour désigner les espèces d’orques inférieures.
  • tark (p.n.c.) homme du Gondor
  • thrak- « amener de force, tracter, traîner »
  • u (p.n.c.) « à »
  • #-ug (p.n.c.) 2/3. suffixe verbal ? Cf. pushdug
  • -ûk « tous, tout entier », suffixé aux suffixes pronominaux : -ulûk « eux tous »
  • -ul suffixe pronominal objet « eux, les »
  • -um suffixe particularisant dans burzum « ténèbres, obscurité », semblable au -ness anglais
  • uruk « orque »
  • Uruk-hai (p.n.c. ?) désigne une variété d’orques de grande taille (uruk + hai)

Bibliographie

a) Sources primaires

  • Tolkien J.R.R., « A Secret Vice » in The Monsters and the Critics, and Other Essays, Christopher Tolkien (éd.), HarperCollins, 1997 [1983], p. 198–223. Traduction : Les Monstres et les Critiques et autres essais, Christine Laferrière (trad.), Christian Bourgois, 2006, p. 247–275.
  • Tolkien J.R.R., « The Appendix on Languages » in The Peoples of Middle-Earth, Christopher Tolkien (éd.), HarperCollins, 1997, p. 19–84.
  • Tolkien J.R.R., The Letters of J.R.R. Tolkien, Humphrey Carpenter & Christopher Tolkien (éd.), HarperCollins, 1981. Traduction : Lettres, Delphine Martin & Vincent Ferré (trad.), Christian Bourgois, 2005.
  • Tolkien John Ronald Reuel, The Lord of the Rings, 3 vol., Allen & Unwin, 1954–1955. Traduction : Le Seigneur des Anneaux, 3 vol., Daniel Lauzon (trad.), Christian Bourgois, 2014–2016.
  • Tolkien J.R.R., « Outline of Phonology », Christopher Gilson (éd.), Parma Eldalamberon no 19 (2010), p. 68–107.
  • Tolkien J.R.R., Sauron Defeated, Christopher Tolkien (éd.), HarperCollins, 1993.
  • Tolkien J.R.R., Unfinished Tales, Christopher Tolkien (éd.), Allen & Unwin, 1982. Traduction : Contes et Légendes inachevés, Tina Jolas (trad.), Christian Bourgois, 2005.
  • Tolkien J.R.R., The War of the Jewels, Christopher Tolkien (éd.), HarperCollins, 1995.
  • Tolkien J.R.R., The War of the Ring, Christopher Tolkien (éd.), HarperCollins, 1992.
  • Tolkien J.R.R., « Words, Phrases and Passages in various tongues in The Lord of the Rings », Christopher Gilson (éd.), Parma Eldalamberon no 17 (2007), p. 3–191.

b) Sources secondaires

c) Ressources en ligne

Voir aussi sur Tolkiendil

3) Version originale : « I have tried to play fair linguistically [but] according to my taste such things are best left to Orcs, ancient and modem. » ; Parma Eldalamberon no 17, p. 12.
4) Version originale : « It was so full of harsh and hideous sounds and vile words » ; The Peoples of Middle-Earth, p. 35
5) The Letters of J.R.R. Tolkien, no 343, p. 422 ; Lettres, p. 590.
6) The Letters of J.R.R. Tolkien, no 297, p. 384 ; Lettres, p. 538.
9) Version originale : « was never used willingly by any other people » ; The Letters of J.R.R. Tolkien, no 144 (à Naomi Mitchison). p. 178 ; Lettres, p. 254.
10) The Letters of J.R.R. Tolkien, no 144 (à Naomi Mitchison). p. 178 ; Lettres, p. 254.
11) Version originale : « The Black Speech was not intentionally modeled on any style, but was meant to be self-consistent, very different from English, yet organized and expressive, as would be expected of a device of Sauron before his complete corruption. » ; Parma Eldalamberon no 17, p. 11.
14) Version originale : « A shadow seemed to pass over the high sun, and the porch for a moment grew dark. All trembled, and the Elves stopped their ears » ; le Seigneur des Anneaux, livre II, chap. 2.
15) « gh dans le noir parler et dans la langue orque représente une “spirante postérieure” (celle-ci est à g ce que dh est à d), comme dans ghâsh et agh » ; le Seigneur des Anneaux, Appendice E, partie I.
16) Blog Midgardsmal, billet « Unutterable words », 2013.
17) Édouard Kloczko, Dictionnaire des langues des Hobbits, des Nains, des Orques, 2002, p. 62.
18) Vinyar Tengwar no 26, p. 16.
19) Version originale : « Such a ‘native’ word as scratch becomes štærks, each ‘phoneme’ being perfectly native, the total entirely foreign owing to the fact that English rarely has the sequence št […], and never initially; and never has ær + consonant. » ; « A Secret Vice », p. 208–209 ; « Un vice secret », p. 259.
20) Version originale : « One ring to rule them all, one ring to find them, one ring to bring them all and in the darkness bind them » ; le Seigneur des Anneaux, livre II, chap. 2.
21) Version originale : « this in the Common Tongue is what is said, close enough » ; le Seigneur des Anneaux, livre I, chap. 2. Le soulignage est de mon fait.
22) Version originale : « It was evidently an agglutinative language, and the verbal system must have included pronominal suffixes expressing the object, as well as those indicating the subject. »
23) Version originale : « constraining, of a sort to constrain » ; Parma Eldalamberon no 17, p. 11.
24) Version originale : « particularizing suffix » ; Parma Eldalamberon no 17, p. 12.
25) Version originale : « fortress, lock-up, prison » ; Parma Eldalamberon no 17, p. 79.
26) Version originale : « was probably borrowed by him from the Elvish tongues of earlier times » ; The War of the Jewels, p. 390.
27) Version originale : « The debased form of the B.S. which survived in the Third Age only in the Dark Tower is seen in a few names (as Uruk-hai “Orc-folk”) ». Le soulignage est de mon fait.
28) Version originale : « But at the end of the Third Age a troll-race not before seen appeared in southern Mirkwood and in the mountain borders of Mordor. Olog-hai they were called in the Black Speech. » ; le Seigneur des Anneaux, Appendice F, « Des autres races ». Le soulignage est de mon fait.
29) Le Seigneur des Anneaux, Livre VI, chap. 8.
30) Version originale : « Uglúk to the cesspool, sha! the dungfilth ; the great Saruman fool, skai! »
31) Version originale : « Uglúk to the dung-pit with stinking Saruman-filth – pig-guts gah! »
32) Version originale : « Uglúk to torture (chamber) with stinking Saruman-filth. Dung heap. Skai! »
33) Rappelons que sh transcrit bien un unique son consonantique, quoique représenté avec deux lettres dans l’alphabet latin.
 
langues/langues_ennemi/parler_noir/parler_noir_recapitulatif.txt · Dernière modification: 02/11/2022 21:28 par Elendil
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