Histoire conceptuelle de l’elfique

Deux Anneaux
Paul Strack
Licence CC BY-NC-SA 4.0
traduit de l’anglais par François Parmentier en 2020
Notes de lecture : En tant que présentations ou compilations, ces articles sont les plus accessibles à tous les lecteurs. Aucune connaissance sur J.R.R. Tolkien n’est requise.

Tolkien a travaillé sur ses langues elfiques durant la plus grande partie de sa vie, sans cesser de les perfectionner. Les éléments linguistiques définis par Tolkien durant sa jeunesse sont largement invalides pour les langues telles qu’il les concevait après l’achèvement du Seigneur des Anneaux. Ce développement s’effectua de manière continue et incrémentale, avec des structures tardives évoluant à partir d’idées plus anciennes. Étudier les premières formes de ces langues peut fournir de nombreuses indications sur la structure de leurs formes plus tardives.

Le développement conceptuel des langues elfiques est ici divisé en trois grandes périodes : une Période première, des débuts académiques de Tolkien (peu ou prou 1910—1930) ; une Période intermédiaire, pendant laquelle il a travaillé sur les brouillons initiaux du Silmarillion et du Seigneur des Anneaux (1930—1950) ; une Période tardive, durant laquelle il a finalisé le Seigneur des Anneaux en vue de sa publication et révisé plus profondément le Silmarillion (1950—1973).

 L’éveil des Quendi à Cuiviénen (© Ted Nasmith)

Certains éléments de la conception de Tolkien sont restés constants durant toute sa vie. Il se concentra initialement sur deux langues elfiques : une langue « haute-elfique », parlée par les Elfes de Valinor, et un « elfique commun »1), langue parlée en Terre du Milieu. La langue haute-elfique s’inspirait initialement du finnois, bien qu’elle ait dérivé par la suite loin de son inspiration d’origine. L’elfique commun ressemblait au gallois, par sa grammaire et sa phonologie.

Dans toute l’œuvre de Tolkien, les Elfes étaient divisés en trois tribus. Durant la Période première, les trois tribus étaient appelées les Teleri, les Noldoli et les Solosimpi (Le Livre des contes perdus, tome 1, p. 67). Au cours de la Période intermédiaire, la première et la deuxième tribu devinrent respectivement les Lindar et les Noldor, tandis que Teleri devint le nom de la troisième tribu (La Route perdue, p. 197). Dans la Période tardive, les Lindar devinrent les Vanyar, les Noldor et les Teleri gardant leurs noms respectifs (Le Silmarillion, p. 51—52).

Dans toutes ces trois périodes, la langue haute-elfique était appelée quenya (orthographiée qenya dans les premiers écrits) et c’était celle que parlait la première tribu. L’elfique commun de la Période première était appelé gnomique ou goldogrin, et était la langue des Noldoli. Pendant la Période intermédiaire, l’elfique commun fut renommé noldorin. Au début de la Période tardive, l’elfique commun devint le sindarin2), une langue parlée par les descendants des Teleri qui restèrent en Terre du Milieu. Après ce changement conceptuel, les Noldor parlaient la même langue que la première tribu, le quenya, bien que Noldor et Vanyar parlassent chacun leur propre dialecte.

Période Première Intermédiaire Tardive
Dates approximatives : 1910—1930 1930—1950 1950—1973
Première tribu Teleri Lindar Vanyar
Deuxième tribu Noldoli Noldor Noldor
Troisième tribu Solosimpi Teleri Teleri
Haut-elfique Qenya Qenya Quenya
Parlé par : La première tribu seulement La première tribu seulement Les Vanyar et Noldor
Elfique commun Gnomique Noldorin Sindarin
Parlé par : Noldoli Noldor Elfes du Beleriand

La Période première

  • Œuvres majeures : Le Livre des contes perdus, Les Lais du Beleriand
  • Listes principales de vocabulaire : The Gnomish Lexicon, The Qenya Lexicon

Tolkien créa les premières versions des langues elfiques dans sa jeunesse. Le Seigneur des Anneaux ne devait alors advenir quand dans un futur éloigné de plusieurs décennies, et Tolkien n’avait pas de plan spécifique pour partager ses langues avec le public. Au cours de cette période, il écrivit une série d’histoires, les Contes perdus, fournissant un cadre et un contexte mythologique dans lequel ses langues seraient parlées. Ces Contes perdus décrivaient originellement un pan oublié de l’histoire de notre propre Terre.

Dans les contes de la Période première de Tolkien, les Elfes avaient appris leur langue des Valar, les dieux de Valinor, de telle sorte que les trois tribus partageaient la même langue primitive. Les rejetons des Elfes quittèrent la Terre du Milieu pour s’installer à Valinor, mais la troisième tribu, les Solosimpi, prit suffisamment de retard dans son voyage pour que sa langue diverge de celle des autres tribus. Peu de détails sont connus sur cette langue des Solosimpi.

La seconde séparation eut lieu quand les Noldoli se rebellèrent et quittèrent Valinor pour poursuivre le sombre Vala Melko (plus tard appelé Melkor ou Morgoth). Les Noldoli furent exilés de Valinor pendant de nombreux siècles, et leur langue en fut grandement changée. Elle devint la langue gnomique ou goldogrin, tandis que celle des Elfes de Valinor devint (ou resta) le qenya. Les deux langues ne furent plus en contact jusqu’à la fin des Contes perdus, lorsque les Elfes restants partirent eux aussi de Valinor pour combattre Melko.

Tolkien créa des grammaires et d’importants lexiques pour le qenya et le gnomique. Il définit aussi les règles phonétiques par lesquelles ces deux langues descendaient de la langue valarine. Cette évolution linguistique était inspirée par l’évolution réelle de la famille des langues indo-européennes. Vers la fin de son travail sur les Contes perdus, Tolkien introduisit une quatrième langue elfique, ou plutôt une autre famille de langues, l’ilkorin, parlé par les Elfes Noirs, qui choisirent de ne pas voyager vers Valinor. L’ilkorin ne fut pas entièrement développé à ce stade.

La Période intermédiaire

  • Œuvres majeures : premiers brouillons du Silmarillion, brouillons du Seigneur des Anneaux
  • Listes principales de vocabulaire : « Les Étymologies »

Durant la Période intermédiaire, Tolkien entreprit une révision approfondie, à la fois de ses contes et des langues qui y étaient associées. Il commença par écrire l’ouvrage qui deviendrait plus tard le Silmarillion. Dans les années 1930, Tolkien travailla aussi sur un nouvel ensemble de documents décrivant les langues elfiques, parmi lesquels le plus connu est celui des « Étymologies », publié pour la première fois dans la Route perdue. Le premier changement de cette nouvelle conception concernait l’évolution linguistique des langues elfiques. Certaines caractéristiques de la Période première, inspirées de l’indo-européen, disparurent, comme les , et syllabiques, utilisés en tant que voyelles en elfique primitif.

À cette période, les langues maternelles des deux premières tribus restaient les deux langues elfiques majeures, appelées qenya et noldorin. Dans sa nouvelle histoire des Elfes, Tolkien développa davantage les langues elfiques mineures, celles des Elfes perdus qui n’atteignirent jamais Valinor, particulièrement l’ilkorin et son dialecte doriathrin. Selon sa définition d’alors, l’ilkorin était parlé par les Elfes du Beleriand, un groupe appartenant originellement à la troisième tribu, les Teleri. Les Elfes Ilkorins décidèrent de rester en arrière, quand les autres Elfes partaient pour Valinor, car leur roi, Thingol, était tombé amoureux de Melian, Maia vivant au Beleriand.

La langue ilkorine fut séparée des autres langues elfiques (qenya, noldorin et telerin) pendant de nombreux siècles. Dans les récits modifiés, les Noldor exilés rencontrèrent ces Ilkorins quand ils quittèrent Valinor, et leurs deux langues s’influencèrent mutuellement, de manière importante. Comme les Noldor, plus sophistiqués, devinrent chefs des Elfes du Beleriand, le noldorin remplaça peu à peu l’ilkorin.

Dans ce nouveau scénario, les Noldor apportèrent également en Terre du Milieu la connaissance du qenya, langue de la première tribu. Le qenya n’était la langue maternelle d’aucun des Elfes vivant en Terre du Milieu, mais il devint la langue savante, survivant durant les Âges ultérieurs. Il s’agissait du scénario linguistique à l’époque où Tolkien commença à écrire le Seigneur des Anneaux en 1937. Le haut-elfique chanté par Galadriel dans le poème Namárië n’était pas sa langue maternelle, mais la savante langue des Elfes de Valinor. Pour leur part, les Elfes non-noldorins de l’Ouest de la Terre du Milieu adoptèrent pour la plupart la langue maternelle de Galadriel : le noldorin.

Tolkien mit douze ans à terminer le Seigneur des Anneaux, achevé en 1949. En commençant à modifier son travail en vue de la publication, il devint insatisfait quant aux origines des langues elfiques. Dans ces nouvelles histoires, il était moins plausible que la langue des Noldor ait tant divergé de celles des autres Elfes voisins en Valinor. Par ailleurs, pourquoi les orgueilleux Noldor auraient-ils tant insisté sur le qenya, langue d’un pays qu’ils avaient quitté ? Pourquoi les Elfes du Beleriand, souvent en conflit avec les Noldor, auraient-ils adopté la langue noldorine et abandonné la leur ?

La Période tardive

  • Œuvres majeures : Le Seigneur des Anneaux final, révisions tardives du Silmarillion
  • Listes principales de vocabulaire : Words, phrases and passages in The Lord of the Rings (Mots, Phrases et Passages dans le Seigneur des Anneaux), PE 17.

Tolkien proposa un nouveau scénario linguistique en préparant le Seigneur des Anneaux pour la publication. La langue elfique commune devint celle des Elfes du Beleriand plutôt que celle des Noldor. Cela donna amplement à celle-ci le temps de diverger des langues de Valinor. Dans ce nouveau scénario, les Noldor eux-mêmes parlaient un dialecte du quenya (écrit ainsi dans les textes tardifs). Après leur venue au Beleriand, les Noldor adoptèrent la langue maternelle des Elfes de cette terre comme langue vernaculaire, utilisant uniquement le quenya pour les rites, la poésie et l’érudition. Cette histoire modifiée fut mentionnée pour la première fois dans les Annales Grises, composées au début des années 1950 (The War of the Jewels, p. 20—21).

Tolkien appela cette langue elfique, nouvellement amendée, le sindarin, nom officiellement assigné à cette langue dans les appendices du Seigneur des Anneaux (les noms de « sindarin » et de « quenya » n’apparaissent à aucun endroit du récit du Seigneur des Anneaux). Le sindarin était la langue elfique utilisée au quotidien par les Elfes de l’Ouest de la Terre du Milieu. Le quenya servait toujours de langue érudite, tout comme le latin en Europe médiévale. Tolkien l’appela même « Elf-Latin » (latin elfique) dans les appendices du Seigneur des Anneaux (App. E, p. 690).

L’introduction du sindarin est un bon critère pour séparer les idées linguistiques tardives de Tolkien de celles de la Période intermédiaire. À la différence de la transition entre la Périodes première et intermédiaire, les changements de la Période tardive tiennent plus de l’évolution que de la révolution3). Les évolutions du quenya entre les deux périodes furent comparativement modestes et graduelles. La mutation du noldorin en sindarin fut plus significative, mais Tolkien avait déjà commencé à faire évoluer la phonétique et la grammaire de sa langue elfique commune avant qu’il n’en modifie l’origine et le nom.

Quand le dernier tome de la première édition du Seigneur des Anneaux fut publié en 1955, Tolkien considéra les définitions fondamentales des langues elfiques comme fixées, bien qu’il ait introduit quelques changements dans la deuxième édition publiée en 1966. Il continua à prolonger à la fois la structure du sindarin et celle du quenya dans ses manuscrits personnels, mais il s’efforça de ne pas contredire ses ouvrages publiés. C’est la version des langues elfiques qui intéresse la plupart des amateurs des langues de Tolkien, quelquefois appelée version « LoTR-comptabile » (compatible-SdA) ou « mature ». Il est important de rappeler que, même dans cette Période tardive, Tolkien continua à effectuer des modifications sur ses langues.

Publications posthumes

Les détails du développement conceptuel des langues de Tolkien étaient largement inconnus du vivant de Tolkien. Comparativement, peu d’informations à propos du quenya et du sindarin apparaissent dans le Seigneur des Anneaux lui-même. Une quantité plus importante d’informations à propos des conceptions de la Période tardive devint disponible avec la publication posthume du Silmarillion et des Contes et Légendes inachevés, mais ce n’est qu’avec la publication de la série de livres de Christopher Tolkien, l’Histoire de la Terre du Milieu, que beaucoup fut connu sur les premières périodes du travail linguistique de Tolkien.

L’ordre de publication des livres de la série l’Histoire de la Terre du Milieu avait pour but de publier d’abord les écrits les plus précoces. Durant des années, ceux qui étudiaient les langues de Tolkien eurent donc uniquement des informations sur la Période première, principalement par le biais des deux volumes du Livre des contes perdus. Avec un écart de plusieurs dizaines d’années entre les Contes perdus des années 1920 et le Seigneur des Anneaux des années 1950, il était difficile de comprendre comment les deux conceptions s’articulaient.

Ce ne fut qu’à la publication du cinquième tome de la série, la Route perdue en 1987, qu’un tableau complet commença à émerger. Ce livre contenait les très importantes « Étymologies », le travail linguistique le plus approfondi de la Période intermédiaire de Tolkien. Pendant de nombreuses années, les « Étymologies » constituèrent la meilleure source d’informations concernant les langues de Tolkien. Les volumes suivants de la série l’Histoire de la Terre du Milieu comblèrent quelques lacunes, mais aucun ne contint autant d’information que les « Étymologies ».

Le douzième et dernier volume de l’Histoire de la Terre du Milieu fut publié en 1996. Cette série contenait une part importante d’informations linguistiques, mais son objet premier était davantage le développement des récits de Tolkien que de ses langues. Même après la fin de cette série, une quantité considérable de matériel linguistique restait à publier. Avec la permission du Tolkien Estate, les membres de l’Elvish Linguistic Fellowship commencèrent à divulguer ces éléments inédits dans deux journaux académiques : Parma Eldalamberon (PE) et Vinyar Tengwar (VT). Commençant avec le Parma Eldalamberon no 11 en 1997 et le Vinyar Tengwar no 39 en 1998, chaque numéro de ces deux journaux se concentra sur un travail linguistique de Tolkien inédit jusque-là. Les articles de Vinyar Tengwar examinèrent le matériel de diverses époques de la vie de Tolkien mais les articles les plus fouillés furent publiés chronologiquement dans les Parma Eldalamberon, d’abord avec les glossaires et grammaires du goldogrin et du quenya précoces. À nouveau, les adeptes des langues de Tolkien eurent accès à une profusion d’informations provenant de travaux plus anciens mais, comparativement, à peu d’informations sur la période du Seigneur des Anneaux.

Cela changea lors de la publication du Parma Eldalamberon no 17 en 2007, qui décrivait un ensemble de documents intitulé « Mots, Phrases et Passages dans le Seigneur des Anneaux » avec un matériel linguistique issu de la Période tardive. Ces documents, de même que ceux publiés dans les numéros suivant des Parma Eldalamberon, comblèrent davantage de l’écart entre les conceptions précoces et tardives de Tolkien.

Trois aspects du développement temporel de l’elfique

Lorsqu’on étudie les langues elfiques, il faut considérer trois chronologies différentes :

  • Histoire interne : Le développement historique des langues elfiques dans le monde fictionnel de Tolkien.
  • Histoire externe : Le développement conceptuel des langues de Tolkien tout au long de sa vie.
  • Histoire de la publication : L’ordre dans lequel les informations à propos des langues elfiques sont devenues disponibles au grand public.

Histoire interne : C’est le développement historique des langues elfiques dans le monde fictionnel de Tolkien. Cette histoire fictive était extrêmement importante aux yeux de Tolkien. Il ne définissait pas ses langues comme existant à un moment ponctuel, mais les voyait davantage comme inscrites dans un processus d’évolution, depuis des formes primitives jusqu’à d’autres, contemporaines de ses récits. Tolkien a toujours imaginé les langues elfiques comme les membres d’une même famille de langues, d’origine commune. La compréhension de cette histoire fictive est cruciale pour comprendre comment ces langues font partie d’un même ensemble.

Histoire externe : Il s’agit du développement conceptuel des langues de Tolkien tout au long de sa vie. L’histoire interne de ces langues (histoire linguistique fictive) changea elle-même au cours du temps, à mesure que Tolkien modifiait ses idées sur les relations entre ses langues. Ce développement conceptuel était un processus graduel, Tolkien précisant progressivement les détails de ses langues afin de satisfaire ses rigoureuses exigences.

Histoire de la publication : L’ordre dans lequel les informations linguistiques sont devenues disponibles au grand public. Une grande partie des écrits linguistiques de Tolkien restèrent inédits jusqu’aux années 1990 et au début du XXIe siècle. L’histoire des études elfiques souffrit donc longtemps de ce manque d’informations et un grand travail de reconstruction était nécessaire pour remédier à l’absence de détails. Même les meilleurs connaisseurs de Tolkien firent quelquefois des extrapolations contredites par des publications ultérieures. Même aujourd’hui, des questions importantes restant sans réponse dans les ouvrages publiés. Beaucoup de ces dernières extrapolations ne peuvent pas « officiellement » obtenir de réponse, puisqu’il y a de nombreux détails relatifs à ses langues que Tolkien n’a jamais élaborés (ou couchés sur le papier).

Voir aussi

Sur Tolkiendil

Sur le net

1) N.d.A. : Tolkien lui-même n’a jamais utilisé le terme « elfique commun ». J’utilise ici ce terme pour identifier toutes les formes de sa langue elfique semblable au gallois, durant diverses périodes de temps, afin de simplifier la discussion.
2) N.d.É. : En réalité, le noldorin fut renommé sindarin à la fin de la Période intermédiaire, peu avant que Tolkien ne bouleverse l’histoire de la langue que Paul Strack désigne sous le nom d’« elfique commun ».
3) N.d.É. : Au moins en ce qui concerne les deux langues dont il est principalement question ici. Pour beaucoup de langues mineures, les changements entre ces deux périodes conceptuelles furent considérables.
 
langues/textes/histoire_conceptuelle_elfique.txt · Dernière modification: 01/05/2021 22:29 par Elendil
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