Nólë i Meneldilo : Science de l’Astronome

Trois Anneaux
Jorge Quiñonez et Ned Raggett — Juillet 1990
traduit en français par David Giraudeau
Note de lectureNote de lecture : En tant que présentations ou compilations, ces articles sont les plus accessibles à tous les lecteurs. Aucune connaissance sur J.R.R. Tolkien n’est requise.
Cet article est issu du journal linguistique Vinyar Tengwar no 12, daté de juillet 1990 et édité par Carl Hostetter. Le traducteur remercie chaleureusement le Tolkien Estate, Carl Hostetter, Jorge Quiñónez et l’équipe éditoriale de Vinyar Tengwar pour avoir autorisé la publication de cette traduction.

Le texte de Tolkien est sous la protection du droit d’auteur © 2000—2011 The Tolkien Trust

Avant-propos

Ce qui suit est un document qui fut achevé à la fin de 1988 et lu à la Mythcon XX à Vancouver, au Canada en juillet 1989. Bien que la série The History of Middle-earth eût seulement atteint The Lost Road lorsque les auteurs entamèrent ce travail, et bien que la publication ultérieure de deux volumes dans la série The History of The Lord of the Rings ait apporté certaines informations1), il fut décidé qu’il serait mieux de présenter ce document sans révision, du fait de nombreuses demandes de présentation du document tel qu’il fut exposé à la Mythcon. Les auteurs laissent à d’autres le soin de répondre aux questions laissées en suspens.

Introduction

On peut imaginer au tournant du siècle, le jeune Ronald Tolkien regardant les cieux inconnus et sans pollution de l’hémisphère sud à Bloemfontein, dans l’État libre d’Orange (qui deviendra par la suite une partie de l’Afrique du Sud). Il a dû être le témoin d’un panorama d’étoiles spectaculaire dans le ciel nocturne.

Bien que, à l’époque où J.R.R. Tolkien écrivit le Seigneur des Anneaux (SdA) elles ne fussent plus que de lointains et pâles souvenirs, le ciel nocturne doit avoir laissé une impression permanente dans l’esprit d’un très jeune enfant, et deviendrait par la suite, comme on le ressent dans ses écrits, l’intérêt de toute une vie.

Priscilla Tolkien, la fille de Tolkien, dit un jour que son père « avait un certain intérêt » pour l’astronomie. L’article dans lequel cela apparut en vint à la conclusion que Tolkien avait assez d’intérêt et de connaissances en astronomie pour l’employer de façon convaincante et pour donner de la crédibilté à ses histoires. L’objectif de cet article est d’explorer le Nólë i Meneldilo (en quenya), ou Science de l’Astronome, qu’il inventa dans son mythe. En plus d’utiliser d’anciennes études sur le même sujet pour aider notre recherche, nous emploierons plusieurs sources inédites.

Cosmologie

La cosmologie peut être interprétée comme désignant l’étude de la disposition physique du cosmos, de la même manière que la géographie implique le même genre d’étude, mais seulement concernant la Terre. Par elle-même, la cosmologie existe depuis longtemps ; toute tentative de décrire la véritable structure de l’univers physique, depuis les plus anciens contes mythiques connus, est d’une certaine manière une expression de la cosmologie. Tolkien connaissait bien cette tradition qui consiste à essayer de placer l’univers sous une certaine forme reconnaissable ; il le fit donc lui-même pour sa propre mythologie, incorporant certains éléments d’autres cycles mythiques, comme à son habitude, afin de produire une forme finale propre. De tous les éléments de sa mythologie, la forme cosmologique de l’univers demeura parmi les plus inchangés ; la majorité des révisions figurant dans les écrits plus tardifs implique une simplification des divers concepts qu’il avait déjà initialement inclus.

Comme lui et les habitants de la Terre du Milieu percevaient leur univers, le seul lieu physique établi dans tout l’univers était , le monde sphérique issu de la volonté d’Eru. Tel que tout d’abord conçu dans le Livre des contes perdus (CP), le niveau plat et circulaire nommé Arda était le domaine où toutes les créatures et espèces, des Valar aux plus petits animaux, possédaient leur demeure2). Arda elle-même flottait sur un océan nommé Vai, tandis qu’au-dessus d’elle s’arquaient trois niveaux d’atmosphère : Vilna, nommé « gris », où « les oiseaux peuvent voler en sécurité » (LT1, p. 65 ; CP, p. 83), l’air que nous respirons tous ; Ilwë, « bleu et clair », où les étoiles se trouvaient (LT1, p. 65 ; CP, p. 83) ; et enfin Vaitya, « sombre et stagnant » (LT1, p. 65 ; CP, p. 82—83) au-dessus de toute autre chose. Dans l’Ambarkanta3), Vaitya et Vai sont à présent amalgamés dans Vaiya, signifiant « enveloppe » ; c’est une chose étrange, décrite comme étant pareille à « la mer sous la Terre et […] l’air au-dessus » (SM, p. 236 ; FTM p. 258) ; la couche claire au-dessus de lui se voit attribuer le nom approprié de Vista. Une couche nommée Ilmen, « clair et pur » (SM, p. 236 ; FTM, p. 258), se trouve sur Vista, mais peut se mélanger avec elle. Dans le Silmarillion (Silm.), on ne retrouve plus l’idée d’un océan, tandis qu’Ilmen devient le nom de la couche d’atmosphère dans laquelle se trouvent les étoiles ; une couche d’air sans nom sépare Ilmen et le sol.

Hors de l’atmosphère se trouve la barrière entre Eä et tout le reste, une structure constamment décrite comme ayant la forme d’un mur. Il fut originellement nommé le « Mur des Choses » dans les CP (LT1, p. 241 ; CP, p. 246), vaste et d’un « bleu profond ». L’Ambarkanta le nomme Ilurambar, ou « Murs du Monde », « au-delà de l’imagination » de n’importe qu’elle créature d’Arda, « froids, transparents et durs » (SM, p. 235 ; FTM, p. 258). Le Silmarillion les qualifie simplement de « Murs de la Nuit », noirs et sinistres (Silm.VF, p. 28—29). Les seules ouvertures dans la barrière sont une paire de portails ou portes qui permettent au soleil de passer d’ouest en est dans sa course. Le Livre des contes perdus possède la « Porte de la Nuit », « absolument noire et vaste » (LT1, p. 243 ; CP, p. 248), dans l’ouest, tandis que les « Portails du Matin », une arche « d’or brillant […] avec des portes d’argent » (LT1, p. 243 ; CP, p. 248), se trouvent à l’est. Seule la Porte de la Nuit apparaît dans l’Ambarkanta ; le soleil et la lune passent sous Arda au travers de Vaiya. À l’extérieur des murs entourant Eä se trouve le Vide ou l’Abysse, un gouffre de non-existence où rien de physique n’existe ; le seul domaine de lumière dans le désert infini du Vide sont les Halls d’Eru.

Aussi loin qu’aillent les similarités avec d’autres cosmologies, de nombreuses sont issues de sources largement répandues, qui attestent plus de la connaissance de Tolkien des images archétypales plutôt que du fait qu’il ait eu un contact direct avec toutes les sources diverses. L’idée de l’univers physique encerclé par un vide sans limites est très répandue, apparaissant dans la tradition judéo-chrétienne (une source très évidente utilisée par Tolkien), de même que celle égyptienne, gréco-romaine, mésopotamienne et d’autres mythologies. L’ancienne conception d’Arda flottant sur un vaste océan reflète diverses conceptions de la Terre flottant sur une mer : la tradition hindoue place le monde sur quatre éléphants qui se tiennent sur une tortue qui nage dans une mer céleste, tandis que de nombreuses histoires amérindiennes [ou des Indiens d’Amérique], parmi lesquelles les traditions iroquoises, conçoivent le monde (à nouveau) sur une tortue dans un océan4). La division de l’atmosphère en couches, les Murs et les portes dans ces couches, cependant, semblent être une création propre de Tolkien5).

Le Soleil et la Lune

Dans chaque mythologie, dans l’étude de l’astronomie, le soleil et la lune occupent une position notable. Ce sont les deux grandes lumières autour desquelles le comportement et la société humains ont tourné depuis les temps anciens. Le Soleil est la source de lumière qui crée et fait croître la vie, sa chaleur nous anime tous, son lever et son coucher perçus depuis le point de vue de notre planète ont créé une unité de temps basique, le jour. La Lune ne fournit pas la lumière nécessaire à la vie, mais crée plutôt le froid surnaturel qui inspire les romantiques et permet à toute personne de conjurer la nuit lorsqu’elle brille au plus fort ; son propre schéma de mouvement a créé le mois. Ces deux corps célestes possèdent des origines créatives dans le cycle de Tolkien.

Bien que des détails aient changé, l’histoire basique concernant la création des deux astres est demeurée relativement constante tout au long du développement de l’univers de Tolkien. Peu de temps après la création d’Arda, deux grandes lampes furent créées par les Valar et furent placées sur deux montagnes afin d’éclairer le monde ; par l’entremise de Melkor, cependant, les lampes furent détruites. Dans leur enclave de Valinor, les Valar tentèrent à nouveau d’amener la lumière ; là encore le résultat fut en deux parties – une paire d’arbres, dont l’un produisait une lumière dorée, et l’autre une lumière argentée. Cependant, les machinations de Melkor se soldèrent également par la destruction de ces lumières. Dans une tentative désespérée pour les sauvegarder, les arbres produisirent chacun un fruit. Les Valar leur créèrent des vaisseaux, pour leur permettre de naviguer dans les cieux d’Arda afin de contrer les ténèbres de Melkor ; deux des Maiar les manœuvrèrent lors de leurs pérégrinations. Le Soleil était le principal défi fait aux forces du mal, car sa lumière puissante chassait complètement les ténèbres, tandis que la Lune surveillait qu’aucun mal ne prenne place durant les heures de la nuit. La Lune voyageait de manière irrégulière, mais le brillant Soleil maintenait un rythme strict de sorte que les ténèbres ne puissent jamais gagner trop de temps ; pour lui, les Valar construisirent les deux portes dans les murs d’Eä.

La conception de Tolkien de l’origine du Soleil et de la Lune est une nouvelle interprétation rafraîchissante de leur création ; l’histoire basique pourrait aisément avoir été à l’origine d’une société de culture humaine dans le passé. Elle résoud efficacement la questions des deux lumières au lieu d’une, d’aucune ou de neuf en leur donnant l’héritage de deux parents. D’un point de vue astronomique, la théorie de leur mouvements n’est en aucun cas scientifique, mais elle décrit assez bien leurs actions d’un point de vue endorien6). Aucune des complexités que Ptolémée et ses successeurs créèrent pour leur univers géocentrique ne sont apparentes, par exemple. Dans une note, l’Annotated Hobbit récemment publié indique (p. 179) que, si Tolkien avait vécu assez longtemps, il aurait une fois de plus changé l’origine du Soleil et de la Lune, cette fois tous deux existant au moins depuis la naissance des Elfes. La révision, imprimée en 1966, n’apparaît qu’ici dans le corpus de Tolkien publié.

Les étoiles

Probablement aucun élément du penchant astronomique de Tolkien dans son cycle n’a provoqué plus de fascination que les étoiles – pas tant pour ce qu’elles sont, mais pour ce à quoi elles correspondent. Depuis l’apparition d’une liste de noms d’étoiles dans le Silmarillion, chaque article concernant l’astronomie de la Terre du Milieu s’est fait un devoir de les identifier, de pair avec les autres étoiles mentionnées dans le corpus « définitif ». Cet article suit cette tradition, et va tenter de présenter des preuves afin de répondre définitivement aux questions épineuses. (Les assertions dans cette section sont basées sur une combinaison de preuves comparatives et linguistiques ; le catalogue à la fin de cet article fournit d’autres supports pour ces assertions). L’étude des noms d’étoiles dans la série The History of Middle-earth sera présentée indépendemment dans cette section.

Les origines et natures des étoiles sont variées. Dans les contes originaux des CP, les étoiles sont créées par Varda en deux efforts. Intialement, lorsqu’elle entra en Arda pour la première fois, elle mit en place quelques étoiles dans le ciel « en son jeu ». Plus tard, après que les Elfes se furent éveillés, elle combina des étincelles argentées de la forge d’Aulë avec de l’argent fondu. Ces étoiles de la seconde vague sont décrites comme ayant « un pouvoir d’assoupissement », parce que l’argent fondu venait des jardins oniriques de Lórien. Tolkien révisa et changea son histoire, le résultat final étant que Varda ne créa qu’une seule vague d’étoiles, avec un nombre « incommensurable » d’entre elles déjà en place avant qu’elle ne commençât. Cette fois, c’est la venue imminente des Elfes qui provoqua ses actions, à la suggestion indirecte de Mandos. Utilisant à présent une rosée des bassins d’argent de l’arbre Telperion, elle « façonna de nouvelles étoiles plus brillantes pour la venue des Premiers Nés ».

Dans les travaux finalisés, huit noms d’étoiles sont donnés : un dans SdA et sept dans le Silmarillion. L’étoile du SdA est Borgil, observée par Frodo, Sam et Pippin alors qu’ils attendent de nuit avec les Elfes dans la Comté : « Au loin, haut à l’Est, se balançait Remmirath, les Étoiles Entrelacées, et lentement au-dessus des brumes s’éleva la rouge Borgil, brillante comme un joyau de feu » (LotR, I/3, p. 81 ; SdA, I/3, p. 100).

Remmirath sont les Pléiades7), un amas d’étoiles de la constellation du Taureau, tandis que la constellation suivant Borgil dans le ciel est Menelvagor, ou Orion (il y aura une discussion à suivre à leur sujet dans la prochaine section). Quelle est donc Borgil, un nom qui signifie « étoile rouge » en elfique ? Trois identifications ont été faites : Foster pense que c’est Aldébaran, Tyler et Henry disent que c’est Mars, tandis que Allan, Martingell, Stone et, encore, Foster choisissent Bételgeuse. En termes de précision et de plausibilité astronomiques, toutes trois ont leurs chances : Aldébaran est une étoile rouge dans le Taureau ; Mars est la « planète rouge » de la tradition et sa position dans le Taureau, une constellation dans l’Écliptique, peut être aisément comprise ; Bételgeuse est une géante rouge d’Orion. Néanmoins, le choix le plus clair est Bételgeuse. Mars est disqualifiée car Tolkien fit une autre association avec elle, qui sera rapidement présentée. Aldébaran, bien que plausible, n’est pas aussi intense que Bételgeuse comparativement plus brillante8) ; Stone démontre également dans son article que, étant donné l’époque et le lieu dans lequel se trouvaient les Hobbits, alors qu’ils observaient les étoiles, Aldébaran aurait déjà été haute dans le ciel plutôt que rasante sur l’horizon. Borgil est donc Bételgeuse, non seulement parce que c’est le seul choix restant, mais parce qu’elle est la première étoile brillante d’Orion à apparaître, « entraînant » le reste de la constellation à sa suite.

Les sept autres noms d’étoiles, ceux du Silmarillion, sont plus ou moins difficiles à décrypter. L’un d’eux, Helluin, est clairement identifié comme Sirius dans l’index. Les six autres apparaissent dans un passage crucial décrivant la formation par Varda de nouvelles étoiles pour défier les ténèbres de Morgoth, et pour signaler l’éveil des Eldar : « Carnil et Luinil, Nénar et Lumbar, Alcarinquë et Elemmírë façonna-t-elle à cet instant » (Silm.VF, p. 42).

Aucune indentification définitive de ces étoiles n’apparaît dans l’index ; tout ce qui est donné ou peut être déduit de manière spontanée sont des racines linguistiques basiques : Alcarinquë signifie « glorieux », carn- dans Carnil signifie « rouge », luin- dans Luinil signifie « bleu ». Tout ceci semble nous conduire droit dans un mur. Cependant, comme ce fut déjà le cas auparavant, les manuscrits originaux de Tolkien fournissent la solution à la majorité de ces mystères. Pour autant que nous le sachions, seul Taum Santoski a publié ce que nous allons « re-révéler » ; de pair avec des preuves linguistiques, nous devrions qualifier définitivement chacun des noms d’étoiles avec leurs correspondants dans nos cieux.

Dans le MS 3/9/36 de la collection Marquette, se trouve un original du passage mentionné ci-dessus. En se basant sur des indices internes et externes, la date du manuscrit peut approximativement être placée entre 1939 et 1953, très probablement quand le Silmarillion fut réécrit. Les noms d’étoiles possèdent certaines différences orthographiques (par exemple, le c de Carnil et Alcarinquë est un k), mais aucun changement majeur ne peut être mis en évidence. Ce qui est important, cependant, sont les lettres qui apparaissent au-dessus de la majorité des noms :

  • Karnil > Carnil = M
  • Lumbar = S
  • Luinil = (pas de lettre)
  • Nénar = N (biffé)
  • Alkarinque > Alcarinquë = Jup
  • Elemmire > Elemmírë = M

S’il est une chose qui fournit un indice9), c'est bien « Jup » – les six noms « d’étoiles » correspondent aux « étoiles errantes » des Grecs, les planètes. Alcarinquë « Glorieux(-se) » est Jupiter, la plus grande des planètes, la plus brillante après Vénus (dont il est question à la fin de cette discussion). Lumbar est logiquement Saturne – aucune autre planète ne commence par un s. Les deux m représentent Mars et Mercure ; Carnil devrait être Mars, la Planète Rouge, à cause du radical carn-, ce qui laisse Elemmírë pour Mercure. Puisque Arda est la Terre, il nous reste trois planètes (Uranus, Neptune, Pluton) et deux noms d’étoiles (Luinil, Nénar).

Nous avons décidé d’écarter Pluton de notre réflexion. Premièrement, elle ne fut pas découverte avant 1933, époque à laquelle la mythologie avait déjà été largement developpée. Deuxièmement, il est douteux que même les yeux perçants des Elfes, étudiant scrupuleusement les cieux purs de la Terre du Milieu, aient été capables de percevoir ce corps minuscule. Néanmoins, ces deux facteurs ont sans doute rendu les Elfes capables d’observer les deux autres planètes, toutes deux étant très grandes et plus proches du Soleil que Pluton ; les deux noms leur reviennent donc. La liste manuscrite et de même que les indices linguistiques nous autorisent à faire des derniers recoupements. Nénar fut identifiée comme Neptune, mais le rejet du N signifie peut-être que c’est Uranus. Cela est confirmé par le fait que Luinil est un excellent nom pour Neptune : Neptune possède une couleur bleue distincte, et le radical luin- signifie « bleu ».

Nous présentons donc cette liste d’étoiles pour la Terre du Milieu, excluant Eärendil qui est Vénus, avec leurs homologues de la Terre :

  • Alcarinquë = Jupiter
  • Borgil = Bételgeuse
  • Carnil = Mars
  • Elemmírë = Mercure
  • Helluin = Sirius
  • Luinil = Neptune
  • Lumbar = Saturne
  • Nénar = Uranus

Une question légitime à ce nivau est : pourquoi seulement deux vraies étoiles, lorsqu’il aurait dû y en avoir de nombreuses très brillantes dans le ciel nocturne de la Terre du Milieu ? Il y a trois réponses raisonnables. Premièrement, Tolkien excerçait son processus de sous-création en établissant quelques liens entre notre ciel et celui de la Terre du Milieu – pas énormément, mais assez pour aider à l’acceptation de son monde par le lecteur (le même principe s’applique à la manière dont il travailla sur les constellations, comme nous le montrerons par la suite). Deuxièmement, le mouvement des planètes attire plus l’attention que les étoiles relativement stationnaires, et occupent donc une place plus importante dans le ciel. Troisièmement, ses deux choix se comprennent dans la trame de l’histoire – Sirius est l’étoile la plus brillante dans le ciel, hormis le soleil, tandis que Bételgeuse, comme il a été démontré, est visible lorsqu’Orion est présent.

Eärendil est l’objet astronomique le plus important dans les travaux de Tolkien. L’étendue de sa signification est bien trop grande pour être traitée ici, mais une brève vue d’ensemble peut être donnée. Il était un guerrier elfe puissant10) qui devint immortel et conduisit un navire, un Silmaril sur son front, dans les cieux. Aux côtés du Soleil et de la Lune, il est le seul être vivant qui devient un élément permanent des cieux en tant que corps céleste ; ce concept de la personnification apparaît dans un grand nombre de cultures, en commençant par les Égyptiens. Il est clairement identifié comme Vénus et les Étoiles du Matin et du Soir, noms traditionnels donnés aux plus brillantes planètes.

Dans la série The History of Middle-earth, d’autres noms d’étoiles sont mentionnés. Sirius est originellement nommé Nielluin (« L’Abeille d’Azur, Nielluin que tous les hommes peuvent encore voir… ») ; et les noms alternatifs Gil ou Ingil. D’autre part, Arcturus a été nommée Morwinyon, « qui brille au-dessus de la limite du monde dans l’ouest ». Un nom rejeté pour Jupiter apparaît dans les CP (volume 1) : Morwen, « fille de l’ombre » ; à ce niveau ancien du développement de l’œuvre de Tolkien, ce nom n’avait pas été donné à la mère de Turin.

Constellations

Les constellations sont la manière que l’homme a de rassembler un chaos affolant d’éléments similaires en des groupes aisément reconnaissables, pour parler de manière céleste. Même ceux qui ne sont pas enclin à observer les étoiles connaissent les noms de douze d’entre elles pour peu qu’ils aient des rudiments d’astrologie. En Terre du Milieu, les constellations sont encore les mêmes que dans notre monde, et occupent les mêmes fonctions : en plus de régler les cieux, elles représentent des événements et des personnes dans les croyances des cultures autochtones. De même qu’avec les étoiles, certaines constellations sont directement identifiées, tandis que d’autres possèdent des significations obscures ; au contraire de notre tentative avec les étoiles, nous n’avons pas été capables d’identifier chaque constellation connue.

Comme les étoiles, les constellations furent également créées par Varda. Cet élément de l’histoire ne changea pas du tout au cours des années. Dans le Silmarillion, elle « rassembla (les étoiles) et (les) disposa en signes dans les cieux d’Arda ». Nommer les constellations « signes » est une belle touche de la part de Tolkien, puisqu’elles symbolisent le pouvoir des Valar, particulièrement comme opposé à Melkor et son engeance. Cela est renforcé par certaines constellations telle « L’Épéiste du Ciel », nommé diversement dans le corpus, qui est une « image » d’un Vala vigilant dans le ciel (le fils de Tulkas Telimektar dans les CP) et « annonce la Dernière Bataille » avec Melkor, et Valacirca, « signe du destin » pour le mal. De tels signes fournissent une des nombreuses raisons pour lesquelles Melkor et Sauron préfèrent obscurcir le ciel avec des nuages : les obscurcir devraient renforcer le moral des forces du mal, et affaiblir ceux qui servent le bien.

Il semble y avoir un total de sept constellations séparées identifiées dans les écrits publiés, avec un groupe d’étoiles ajouté pour faire bonne mesure. Les six positivement identifiées comme des constellations sont toutes mentionnées dans le passage du Silmarillion décrivant leur création : Anarríma, Menelmacar, Soronúmë, Telumendil Valacrica et Wilwarin. Le groupe d’étoiles est Remmirath, mentionné dans le SdA. Dans le SdA, il est également fait référence à un endroit à la Croix de Durin, la formation de sept étoiles vue dans le Lac du Miroir par Frodo. Ce pourrait être une constellation à part entière, un autre groupe d’étoiles, le même groupe que Remmirath, ou simplement quelque chose d’inexistant (selon nos standards).

Menelmacar, également nommé Menelvagor, Telumehtar et Telimektar, est l’un des deux groupes d’étoiles identifiés : avec sa « ceinture brillante » et son « fourreau de diamant », de pair avec le nom « L’Épéiste du Ciel », il ne peut s’agir que d’Orion, le combattant légendaire de la mythologie grecque. Comme cela a été dit, il possède un statut symbolique fort comme annonciateur de la Dagor Dagorath, l’Armageddon d’Ëa. Il est également présenté comme étant l’une des constellations, sinon celle, la plus impressionnante dans le ciel. Un passage du SdA décrit cela assez bien : « … et se leva, grimpant par-dessus le pourtour du monde, l’Épéiste du Ciel, Menelvagor avec sa brillante ceinture. » (LotR, I/3, p. 81 ; SdA, I/3, p. 100).

Valacirca est l’autre constellation définie ; ses noms « Faucille des Valar », les « Sept Étoiles » et la « Faucille », de pair avec la note de bas de page dans le SdA l’assimilant à the Plough11) ou la Grande Ourse, l’identifient comme the Great Dipper12). Un nom intéressant donné au groupe est « l'Églantier Ardent », dans les Lais du Beleriand [LB p. 167, LBVF p. 233]. [Un point doit être éclairci : bien que considéré comme un groupe totalement séparé en Terre du Milieu, le Grand Chariot [the Great Dipper] n’est pas une constellation officielle telle que reconnue par l’Union Internationale des Astronomes. Elle fait partie du groupe nommé Grande Ourse (d’où l’identification de Tolkien), mais est connu comme un astérisme13), plutôt qu’une véritable constellation.]

Des quatre constellations restantes, seules deux possèdent des équivalents définitifs dans nos cieux. La première est Wilwarin, un terme qui signifie « papillon » en quenya. Christopher Tolkien l’identifie à Cassiopée. Cassiopée est connue grâce à sa forme en « w » distinctive. Elle peut aisément ressembler à une paire d’ailes, aussi ne voyons-nous aucune raison pour désapprouver l’identification de Wilwarin à Cassiopée. La seconde est Soronúmë, qui signifie très certainement « aigle de l’ouest » en quenya14). C’est fort probablement une représentation de Thorondor, le fameux chef des Aigles [de Manwë, N.d.T.]. Nous l’identifions comme étant Aquila, une constellation dont le nom est, assez heureusement, l’Aigle, et qui est formée de manière très semblable à un aigle en vol. Néanmoins, quelques réserves demeurent concernant ce choix. En premier lieu, le simple fait qu’une constellation soit un aigle dans la tradition gréco-romaine n’en fait pas automatiquement un dans l’esprit endorien. Deuxièmement, bien qu’Aquila puisse facilement être observé durant les mois d’été (son étoile la plus brillante, Altair, forme avec deux autres un astérisme notoire, le Triangle d’Été), ce n’est pas un groupe dominant dans le ciel, alors que l’on pourrait penser qu’une telle constellation occuperait une place d’honneur dans le ciel.

Quant aux constellations restantes, Anarríma et Telumendil, aucun constellation ne semble bien s’accorder avec leurs traductions ; la première possède le nom mystérieux « bord(ure) du soleil », tandis que la dernière est « amoureux-ciel ». Nous avons préféré nous abstenir de toute tentative d’identification compte tenu de la pauvreté des choix.

Remmirath est le seul amas d’étoiles mentionné par Tolkien ; il peut être facilement identifié aux Pléiades. Dans un passage mentionné précédemment, les Hobbits observent l’amas « haut à l’Est ». La constellation du Taureau, dans laquelle sont localisées les Pléiades, serait à sa place haut dans le ciel oriental tandis qu’Orion apparaît sur l’horizon, tandis que les Pléiades elles-mêmes sont un petit groupe distinct, bien plus que les Hyades, un autre amas du Taureau.

Comme il a été mentionné, parmi les constellations, la Couronne de Durin demeure la plus grande énigme. La plupart des identifications l’ont assimilée à la Grande Ourse – un choix compréhensible, puisqu’il est dit que la Couronne possède sept étoiles, le même nombre que la Valacirca – mais lorsque l’on considère la forme de la Grande Ourse comme une couronne, il en résulte un chapeau avec un bord manquant, tandis que l’autre se plie à moitié vers le bas, puis vers le haut en deux angles étranges. Dans les manuscrits plus anciens, les deux brouillons de la Porte Ouest de la Moria présentent le même schéma d’étoiles basique que dans la version finale. Bien que les évènements de la Terre du Milieu soient supposés avoir eu lieu il y a quelques six mille ans de cela, les positions des étoiles n’auraient pas changé significativement. Dans une lettre aux auteurs de cet essai, Patrick Wynne a suggéré que la constellation Corona Borealis pourrait être identifiée avec la Couronne. Les deux groupes possèdent sept étoiles, avec l’étoile centrale étant la plus brillante15) ; les noms, d’autre part, possèdent une forte similarité – Corona Borealis signifie « la couronne du nord ». La réserve la plus importante pour ce choix est, comme pour Aquila précédemment, que les noms gréco-romains ne conviennent pas automatiquement aux constellations de la Terre du Milieu. Un autre choix serait les Pléiades, de manière assez intéressante, puisque leur nom commun est les « Sept Sœurs » (une appellation qui apparaît dans la tradition gréco-romaine de même que dans d’autres), tandis que le groupe pourrait être appréhendé comme formant une couronne très intéressante. Si c’était le cas, cependant, Tolkien aurait alors sûrement indiqué la connexion dans ses écrits, comme il avait tendance à comparer et connecter deux noms ou descriptions différents ou plus pour le même objet (par exemple, le passage dans le Silmarillion où il expédie un groupe de noms elfiques et khuzduls pour Belegost et Nogrod).

Lorsque nous découvrons par des moyens scientifiques qu’Ëarendil n’est pas un semi-elfe dans un navire avec un Silmaril traversant le ciel nocturne, mais une planète nommée Vénus, et que le Soleil n’est pas un être angélique traversant le ciel dans un vaisseau avec un fruit, mais une étoile très proche, la nécessaire suspension volontaire de la créance est perdue. Bien que J.R.R. Tolkien fût assez magistral dans ses écrits pour évincer notre incrédulité concernant Ëarendil ou le Soleil comme étant autre chose que ce qu’il nous raconta dans ses textes, peut-être que Tolkien réussit dans cette entreprise parce que son monde est notre monde : Endor est la Terre ou plus simplement la Terre du Milieu est notre propre Terre. Quant aux étoiles et constellations hors de la Terre du Milieu ou de la Terre et au-delà, c’est là (pour paraphraser une fin) où la véritable Histoire commence pour nous tous.

Appendice – Un catalogue astronomique avec les traductions anglaises des noms elfiques

Le Star Catalogue de Taum Santoski, A High-elven Glossary de Christopher Gilson et particulièrement « Les Étymologies » de Tolkien lui-même furent tous très utiles dans la préparation de ce catalogue astronomique.

I. Étoiles

  1. Alcarinquë (q. « Glorieux ») : Silm., p. 314 ; Silm.VF, p. 309 (CJRT) ; cf. alkarinqa « rayonnant, glorieux » LRW, p. 348. Identité : Jupiter.
  2. Borgil (sind. « chaude-étoile » ou « rouge-étoile ») : bor(n)- « chaud, rouge » L, p. 426—427 ; LVF, p. 596 ; gil « étoile » RGEO, p. 72 ; LRW, p. 358 ; L, p. 427 ; LVF, p. 596. Identité : Bételgeuse.
  3. Carnil (q. « rouge-étoile ») : karne « rouge » LRW, p. 362 ; Silm., p. 357 ; Silm.VF, p. 353 ; el « étoile » RGEO, p. 73 ; LRW, p. 355 ; cf. (Il)men Silm., p. 99 ; Silm.VF, p. 96. Identité : Mars.
  4. Ëarendil (q. « mer-amoureux ») : eär « mer » RGEO, p. 73 ; -(n)dil « dévotion, amour désintéressé » Silm., p. 362 ; « décrivant l’attitude de quelqu’un à l’égard d’une personne, une chose, une démarche ou une occupation à laquelle on se consacre pour elle-même » L, p. 386 ; LVF, p. 539. Identité : Vénus.
  5. Elemmírë (q. « étoile-joyau ») : elen « étoile » RGEO, p. 73 ; LRW, p. 355 ; cf. (Elem)makil UT, p. 45—50 ; CLI, p. 420—425 ; mírë « joyau » Silm., p. 361 ; Silm.VF, p. 359. Identité : Mercure.
  6. Helluin (q. « ciel-bleu ») : helle « ciel » LRW, p. 360 ; luini « bleu » RGEO, p. 66. Identité : Sirius.
  7. Luinil (q. « bleu-étoile »). Identité : Neptune.
  8. Lumbar (q. « ténèbres ») : lumbe « ténèbres, ombre » LRW, p. 370 ; lumbule « ombre pesante » RGEO, p. 67 ; -r suffixe pluriel. Identité : Saturne.
  9. Nénar (q. « flamme d’adamant » [conjectural ; à partir du A High-elven Glossary de C. Gilson] ; une autre signification pourrait être « eau-haute ») : cf. nen « eau » LRW, p. 376 ; cf. Nenya « Anneau d’Eau » et « Anneau d’Adamant » Silm., p. 288, 298 ; Silm.VF, p. 284 et 338 ; nár « feu » Silm., p. 362 ; Silm.VF, p. 359 ; LRW, p. 374. Identité : Uranus.

II. Constellations

  1. Anarríma (q. « soleil-bord(ure) ») : anar « soleil » Silm., p. 99 ; Silm.VF, p. 95 ; LRW, p. 348, ríma « bord(ure), rebord » LRW, p. 383. Identité inconnue.
  2. Menelmacar (q. « ciel-épéiste ») : LotR, p. 1113 ; SdA, App. E, p. 1202 ; menel « firmament, cieux, la région des étoiles » RGEO, p. 72, makil « épée » LRW, p. 371 [voir makar « swordsman », VT 39, p. 11, N.d.T.]. Également connue comme : Telumehtar, Menelvagor, Épéiste du Ciel et Guerrier du Ciel. Identité : Orion.
  3. Menelvagor (sind. « Épéiste du Ciel ») : LotR, I/3, p. 81 ; SdA, I/3, p. 100. Identité : identique à 2).
  4. Soronúmë (q. « aigle-ouest ») : soron « aigle » Silm., p. 365 ; Silm.VF, p. 363 ; LRW, p. 392 ; númen « ouest » LotR, p. 1123 [voir q. núme « qui descend, occident » L, p. 361 ; LVF, p. 539. [A High-elven Glossary donne une autre signification conjecturale : « aigle descendant »] Identité : Aquila.
  5. Telumehtar (q. « ciel-guerrier » ou « Guerrier du Ciel ») : LRW, p. 391. telume « dôme, voûte du ciel » LRW, p. 391 ; ohta « guerre » LRW, p. 379 ; cf. Ohtar « guerrier, soldat » UT, p. 282 ; CLI, p. 678 n.17. Dans LT1, il y est fait référence comme Telimektar (LT1, p. 268). Identité : identique à 2).
  6. Telumendil (q. « ciel-amoureux ») : Identité inconnue.
  7. Valacirca (q. « vala-faucille » ou « Faucille des Valar ») : Silm., p. 48 ; Silm.VF, p. 42 ; LRW, p. 365 ; kirka « faucille » LRW, p. 365 ; « Faucille des Dieux = Grande Ourse » LRW, p. 365. Également connue comme : « La Faucille » et « Le Chariot » (par les Hobbits ; The Hobbit, p. 164 ; Bilbo le Hobbit, chap. 10, p. 199) et les « Sept Étoiles » (q. Otselen, sind. ou nold. Edegil LRW, p. 379). Identité : Le Grand Chariot (astérisme).
  8. Wilwarin (q. « papillon ») : Silm., p. 354 ; Silm.VF, p. 349 (CJRT) ; wilwarin « papillon » LRW, p. 398. Identité : Cassiopée.
  9. Remmirath (sind. « liés-joyau-pluriel collectif ») : rem, q. rembe « maille » LotR, p. 1115 ; SdA, App. E, p. 1204 n.1 ; -ath suffixe du pluriel collectif, cf. elenath, Periannath, RGEO, p. 75. Également connue comme : « Les Étoiles Enlacées ». Identité : Les Pléiades (amas d’étoiles).

Bibliographie

I. Générale

  • Allan, James (dir.), An introduction to Elvish, Bran’s Head Books, Somerset, Royaume-Uni, 1978.
  • Carpenter, Humphrey, Tolkien : A Biography, Houghton Mifflin (ci-après HM), Boston, 1977.
  • Foster, Robert, The Complete Guide to Middle-earth, Ballantine Books, New York, 1978.
  • Gilson, Christopher, A High-elven Glossary, Parma Eldalamberon no 6, p. 15—28, 1983.
  • Noel, Ruth, The Languages of Tolkien’s Middle-earth, HM, Boston, 1980.
  • Swann, Donald and J.R.R. Tolkien, The Road Goes Ever On, 2e éd. révisée, HM, Boston, 1978.
  • Tolkien J.R.R., The Lord of the Rings, Collecter’s Edition, HM, Boston, 1982—1983. [Ce volume contient la Note on the Text de Douglas Anderson.]
  • ——————, The Silmarillion, HM, Boston, 1977.
  • ——————, The Letters of J.R.R. Tolkien, HM, Boston, 1981.
  • ——————, The Book of Lost Tales, Part One, HM, Boston, 1983.
  • ——————, The Book of Lost Tales, Part Two, HM, Boston, 1984.
  • ——————, The Shaping of Middle-earth, HM, Boston, 1986.
  • ——————, The Lost Road, HM, Boston, 1987.
  • ——————, The Annotated Hobbit, annoté par Douglas Anderson, HM, Boston, 1988.
  • Tyler, J.E.A., The New Tolkien Companion, Avon Books, New York, 1979.

II. Astronomique

  • Foster, Robert, A Glossary of Middle-earth ; the Astronomy of Middle-earth, Niekas no 16, p. 15—17, 1966.
  • Getty, Naomi, Stargazing in Middle-earth: Stars and Constellations in the Work of Tolkien, Beyond Bree, p. 1—3, avril 1984. Commentaires de lecteurs édités dans le Beyond Bree de juin 1984, p. 8.
  • Henry, Emma, A Star on His Brow: The Role of Astronomy in ‘The Lord of the Rings’, The Southern Star no 2, p. 14—16, septembre 1985.
  • Martingell Scott, Stars of Middle-earth, The York Shire Post no 8, p. 6—8, hiver 1982—1983. Commentaires de lecteurs édités dans The York Shire Post no 9, p. 3, printemps 1983.
  • Poxon, Michael : voir Wilson, James et Michael Poxon.
  • Santoski, Taum, Star-catalogue, Lendarin & Danian no 2, p. 18, 1981.
  • Stone, Ian J.T., Will the Real Carnil Go Supernova, Please ?, Quettar no 21, p. 5—8.
  • Tolkien, J.R.R., Deux fragments d’un holographe du Silmarillion, série 3, boîte 9, dossier 36, in Collection Tolkien de la Bibliothèque Commémorative de l’Université de Marquette, département des Collections Spéciales et Archives Universitaires.
  • ——————, dessins de la Porte Ouest de la Moria, holographe, série 3, boîte 4, dossier 15, Ibid.
  • Wilson, James et Michael Poxon, Hail, Elentari in the Firmament !, Quettar no 17—18, p. 7—10, janvier—février 1983. Commentaires de lecteurs édités dans le Quettar no 19, p. 2.

Remerciements

Nous voudrions remercier Gary Hunnewell pour nous avoir fournis les copies de pratiquement tous les articles astronomiques connus sur la Terre du Milieu jamais publiés ; sans son assitance il n’y aurait pas eu de bibliographie pour l’article et de fait pas d’article. Nous sommes également redevables à Christopher Gilson pour nous avoir fournis les copies de certaines notes (celles concernant l’astronomie) des manuscrits de Tolkien à la Bibliothèque de Marquette.

Notes du traducteur

Civilisations du monde primaire

Au sujet du choix de Tolkien concernant certaines étoiles et constellations, il est intéressant de noter certaines similitudes avec d’autres civilisations. Ainsi, l’Iliade et l’Odyssée citent par exemple les Pléiades, Orion, Sirius ou la Grande Ourse. Dans les livre sacrés des Hébreux, il est question de Vénus, d’Orion ou des Pléiades. Les Égytiens, quant à eux, considérait Sothis (le nom qu’ils donnaient à Sirius) comme la reine des étoiles du ciel, ce qui est tout à fait logique puisqu’il s’agit de l’étoile la plus brillante après le Soleil. Elle joua un rôle important dans leur astronomie. En effet, ils considéraient que l’état du ciel au lever héliaque de Sothis était celui de l’état du monde à sa création. Ce lever héliaque leur servait d’ailleurs de point fixe pour les travaux agricoles.

Morgoth’s Ring

Au sujet du manuscrit cité par les auteurs dans lequel se trouvent plusieurs noms d’étoiles, dont deux posent particulièrement problème (Linuil et Nénar), Christopher Tolkien expliqua dans Morgoth’s Ring (série The History of Middle-earth, p. 434—436) qu’il estimait improbable que ces deux planètes puissent être identifiées à Uranus et Neptune, respectivement. En premier lieu parce que Varda créa « de nouvelles étoiles, plus brillantes, pour la venue des Premiers Nés », autrement dit des astres bien visibles, ce qui n’est le cas d’aucune des deux planètes. Uranus, en limite de détection à l’œil nu, était inconnue des Grecs et des Égytiens. Pour mémoire, les Grecs relevèrent sept corps célestes visibles à l’œil nu et échappant à la fixité relative : le Soleil, la Lune, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne. Quant à Neptune, elle est invisible à l’œil nu, étant presque dix fois moins brillante que les étoiles les plus faibles observables sans instruments.

Uranus
Uranus
Neptune
Neptune

Néanmoins, ces deux termes n’en demeurent pas moins en relation avec l’eau (Nénar) ou la couleur bleue (Linuil). Il existe de nombreuses étoiles bleues visibles à l’œil nu. On notera par exemple Rigel, une étoile de couleur bleue à l’opposé de Bételgeuse, dans la constellation d’Orion16). On peut imaginer que Tolkien ait ainsi voulu reproduire dans sa sous-création la constellation, de pair avec ses deux étoiles les plus brillantes (Rigel étant l’étoile la plus brillante d’Orion et la 7e plus brillante du ciel nocturne).

Orion Constellation d’Orion

Voir aussi

Sur Tolkiendil

Sur le net

1) N.d.T. : Voir en fin d’essai les Notes du traducteur.
2) N.d.T. : Du moins pour ceux des Valar qui choisirent de quitter les Halls Intemporels d’Eru afin de s’incarner (et ainsi de se lier) dans le monde physique d’Arda.
3) N.d.T. : q. Ambar « la Terre » (LRW, p. 372), q. -kanta « formé(e) » (LRW, p. 362 ; VT 45, p. 19), soit la « Formation de la Terre ». L’Ambarkanta est un texte contenu dans le volume IV de la série History of Middle-earth intitulé The Shaping of Middle-earth (traduit en français sous le titre la Formation de la Terre du Milieu, aux éditions Bourgois).
4) N.d.T. : De même dans la cosmologie chaldéenne où la Terre est une montagne creuse flottant sur l’océan.
5) N.d.T. : On notera néanmoins que selon la cosmologie chaldéenne, le ciel est creusé d’une immense caverne contenant les eaux d’en haut, et au-dessus de cette caverne demeurent les dieux. Le ciel possède deux portes, une à l’Orient et l’autre à l’Occident, par lesquelles le soleil entre et sort de la caverne pour accomplir son cycle journalier. D’autre part, la division du ciel en plusieurs niveaux existait dans la tradition chinoise, qui le décomposait en neuf étages, au sommet desquels siégeait le Seigneur d’En-Haut, gouvernant la Terre et le Ciel.
6) N.d.T. : q. Endor « Terre du Milieu » (L, p. 384, LVF p. 317).
7) N.d.T. : Une théorie divergente proposait la Voie Lactée, mais nous savons au travers des divers écrits publiés depuis (VT 42, p. 12 & 29 ; PE 17, p. 24 & 121) qu’il s’agit bien des Pléiades.
8) N.d.T. : Aldébaran est la 13e étoile la plus brillante du ciel nocturne, Bételgeuse la 9e.
9) N.d.T. : On notera que l’ordre dans lequel Tolkien présente ces lettres (M, S, ?, N, Jup, M) ne semble pas convenir au classement des planètes par distance (depuis le Soleil : Mercure, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune) ou par taille (dans l’ordre décroissant : Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune, Mars et Mercure). Seules Lumbar, Luinil et Nénar pourrait être assimilées à Saturne, Uranus, Neptune (S, ?, N) dans le cadre d’un ordre de taille décroissant.
10) N.d.T. : Eärendil était plus exactement d’ascendance elfique (noldorine) par sa mère (Idril) et humaine par son père (Tuor). Il lui fut donc imposé, comme à sa femme (Elwing) et à ses fils (Elrond et Elros), de choisir sa race. Lui-même, sa femme et son fils Elrond choisirent la race elfique.
11) N.d.T. : Littéralement la Charrue, nom donné en Angleterre, sans équivalent direct en français. Ce terme est rendu par Grand Chariot ou Casserole en français.
12) N.d.T. : Littéralement la Grande Cuillère, nom donné aux États-Unis, sans équivalent direct en français. Cf. note 1 ci-dessus.
13) N.d.T. : En astronomie, un astérisme est une figure remarquable dessinée par des étoiles particulièrement brillantes, cf. la Wikipédia.
14) N.d.T. : q. soron « aigle » (Ety p. 392) et q. núme « qui descend, occident » (L, p. 361 ; LVF p. 539).
15) N.d.T. : On notera néanmoins que si l’étoile la plus brillante de Corona Borealis (Alphecca, Gemma ou Margarita) se trouve bien en son centre, la répartition des autres étoiles de part et d’autre de cette dernière n’est pas conforme à l’illustration de la Porte Ouest de la Moria, puisque la constellation possède deux étoiles d’un côté (Bêta et Thêta) et quatre de l’autre (Gamma, Delta, Epsilon et Iota), tandis que la Porte montre une symétrie à trois étoiles de chaque côté (cf. illustration LotR, II/4, p. 305 ; SdA, II/4, p. 336).
16) N.d.T. : Un moyen mnémotechnique assez connu pour identifier ces deux étoiles remarquables d’Orion est que Rigel est bleue et Bételgeuse est rouge (sans parler, bien entendu, de la symétrie caractéristique de la ceinture d’Orion).
 
langues/textes/nole_meneldilo.txt · Dernière modification: 09/03/2022 18:40 par Elendil
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