Colloque « Tolkien et les Inklings »

Deux Anneaux
Organisateurs : Roger Bozzetto, Vincent Ferré
25 juillet 19h - 1er août 2012 14h
Cerisy
ColloqueLes colloques de Cerisy ont, depuis longtemps, accordé une place de choix aux littératures de l’imaginaire et aux littératures dites « de genre » ; elles sont aussi, bien sûr, un lieu emblématique de réflexion sur la littérature. Une semaine sera consacrée, en juillet 2012, à l’œuvre de J.R.R. Tolkien (1892-1973) et au groupe des Inklings (C.S. Lewis, Charles Williams, Owen Barfield, etc.).

Présentation

L’œuvre de Tolkien (1892-1973), située au carrefour de questions littéraires, génériques, critiques et théoriques, permet de croiser des interrogations qui possèdent une valeur exemplaire, en particulier à l’égard des relations entre la littérature et les imaginaires. Cette œuvre permet aussi de questionner les rapports qui se sont tissés avec ses premiers lecteurs du groupe des Inklings et la critique. Elle invite à s'intéresser à l’intéraction entre la réception par le grand public et les interprétations des critiques. Et cela d'autant mieux que les travaux sur cet auteur et les Inklings (dont C.S. Lewis, C. Williams et O. Barfield), qui se sont récemment multipliés, portent sur l'importance prise par la “faërie”, sur les réflexions de Tolkien à l'égard de la fiction narrative et de son influence actuelle.

C'est pourquoi une mise en perspective de tous ces travaux s'impose, afin de montrer que cette œuvre possède une richesse et une densité qui ne se résument pas au monde du Seigneur des Anneaux. Le colloque a également pour objectif de réduire l'écart creusé entre l'image dont jouit Tolkien auprès du grand public – qui le perçoit comme l'auteur de ce seul ouvrage (même si l'on commence à reparler de Bilbo le Hobbit) – et celle que le lecteur curieux du reste de l'œuvre ou le chercheur peuvent se constituer au fil des récentes traductions publiées en français. A cet égard, parmi les intervenants, figureront des spécialistes de littérature qui ne consacrent pas prioritairement leurs travaux à Tolkien, mais dont les contributions permettront de le relier à d'autres écrivains, d'autres traditions et d'autres genres.

Programme

Mercredi 25 juillet

Après-midi ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée Présentation du Centre, des colloques et des participants

Jeudi 26 juillet

Vendredi 27 juillet

Matin

Après-midi

Soirée

  • Lecture de passages de Beowulf et Sir Orfeo par Leo Carruthers et Thomas Honegger

Samedi 28 juillet

Journée

  • Visite du Mont St-Michel

Soirée

  • Musique

Dimanche 29 juillet

Matin

  • Gilles MENEGALDO: Adapter Le Seigneur des Anneaux: mission impossible
  • Daniel TRON: Tolkien… du Dickens avec des pieds poilus?

Après-midi

  • Sébastien MARLAIR: L'art romanesque de J.R.R. Tolkien (Le Hobbit, La Route perdue, Le Seigneur des Anneaux et Les Archives du Notion Club)
  • Promouvoir l'œuvre de Tolkien sur internet, table ronde animée par Vincent FERRÉ, avec Audrey MORELLE et Dominique VIGOT

Soirée

  • Projection du documentaire sur John Howe suivi de la projection d'une adaptation américaine du Hobbit.

Lundi 30 juillet

Matin

Après-midi

  • Anca MUNTEAN: La cohabitation innovatrice des genres littéraires chez J.R.R. Tolkien
  • Fanfan CHEN: La faërie et l'iconoclasme - l'imagination narrative chez Tolkien et Barfield
  • Les Inklings et l'histoire de la Fantasy, table ronde animée par Anne BESSON avec Alain NÉVANT

Soirée

  • Projection du dessin animé du Seigneur des anneaux de Ralph Bakshi.

Mardi 31 juillet

Matin

Après-midi

  • Intervention d'Adam TOLKIEN
  • Vincent FERRÉ: Traduire et éditer Tolkien
  • Présentation du Dictionnaire Tolkien

Mercredi 1er août

Matin

  • Table ronde avec Adam TOLKIEN, animée par Roger BOZZETTO et Vincent FERRÉ
  • Roger BOZZETTO & Vincent FERRÉ: Conclusions du colloque et projets futurs

Après-midi

  • DÉPARTS

Résumés

Anne BESSON: La Terre du Milieu, monde modèle

En créant Middle Earth, partie centrale de son univers d’Arda, pour les besoins de ses inventions linguistiques et de ses développements romanesques, Tolkien établissait un nouveau standard pour un imaginaire démiurgique et cosmogonique en même temps qu’il le revitalisait de façon décisive. C’est du désir d’en prolonger toujours l’exploration que surgit un vaste pan de la culture populaire contemporaine, genres de la fantasy, formes du jeu de rôle, stratégies d’expansion transmédiatique. Cette communication se penchera donc sur le rôle modélisant de la Terre du Milieu, chez Tolkien et, bien vite, au-delà: on y verra un exemple parmi les plus significatifs pour déterminer ce qui fait, d’une œuvre, un monde, puis on observera l’influence exercée par la suite par cette construction.

Anne Besson, née en 1975, est maître de conférences en Littérature Générale et Comparée à l’Université d’Artois (Arras). Spécialiste des ensembles romanesques, particulièrement en science-fiction, fantasy et littérature de jeunesse, elle est l’auteur de D’Asimov à Tolkien, cycles et séries dans la littérature de genre (CNRS Editions, 2004), et de La Fantasy (Klincksieck, collection “50 questions”, 2007). Impliquée dans l’organisation et la diffusion des activités de recherche, co-fondatrice de l’association “Modernités médiévales”, elle a organisé plusieurs colloques et coordonné plusieurs ouvrages collectifs. Elle est membre du jury des Prix Imaginales.

Roger BOZZETTO: Bilbo: un hobbit original

On a souvent réduit Bilbo au rôle de prédécesseur, de galop d’essai qu’aurait entrepris Tolkien avant de se lancer dans l’épopée du Seigneur des anneaux. Cette position est née d’une erreur de perspective. Bilbo est, au moment où il est écrit, l’aboutissement d’une démarche qui prend son départ bien avant, et dans des domaines où on n’a pas pour habitude de retrouver Tolkien. Ce sont sur ces territoires peu explorés mais riches d’enseignement, qu’en liaison avec la conception de la faërie comme notion critique, je propose de revenir.

Roger Bozzetto est professeur émérite en littérature comparée de l’université de Provence. On lui doit de nombreux articles traitant des imaginaires en littérature. En juillet 2003, il a co-dirigé le premier colloque sur la science-fiction qui s’est tenu à Cerisy. Enfin, il est l’auteur d'ouvrages comme Territoires des fantastiques, Le fantastique dans tous ses états, Les frontières du fantastique (en collaboration avec Arnaud Huftier) ainsi que La science-fiction (Armand Colin). On peut consulter une partie de ses écrits sur la SF sur le site: http://quarante-deux.org. Et ses textes sur les fantastiques sur Noosfere (http://www.noosfere.com/Bozzetto/index.asp).

Leo CARRUTHERS: Dans quel Âge du monde sommes-nous? Les Âges de la Terre du Milieu... et la suite

S’il semble évident que la Terre du milieu représente notre propre monde réel, mais à une époque fictive reculée et que les événements qui s’y passent sont censés avoir concerné nos ancêtres, dans quel âge du monde sommes-nous à l’heure actuelle? Dans la mythologie de Tolkien, la destruction de l’Anneau unique marque la fin du Troisième Âge et le début du Quatrième Âge caractérisé par la domination des hommes et la diminution, pour ne pas dire la disparition (en tout cas, aux yeux des êtres humains), des autres espèces intelligentes que l’auteur appelle les Peuples libres. Alors que le globe terrestre est en effet entre les mains des hommes et que ces derniers cherchent toujours à dominer la nature, sommes-nous encore au Quatrième Âge dans la perspective tolkienienne? Cette intervention se propose d’explorer les repères temporels permettant de répondre à de telles questions, non seulement au sein de la mythologie, mais aussi dans la conception médiévale des âges du monde que Tolkien, spécialiste de littérature médiévale, connaissait à fond. L’auteur du Silmarillion a peu écrit sur ce sujet, mais il en a sans doute discuté avec ses amis, les Inklings.

Leo Carruthers, né à Dublin (Irlande), travaille en France depuis 1977. Professeur à Paris-Sorbonne depuis 1994, il est président de l’Association des Médiévistes Anglicistes de l’Enseignement Supérieur. Auteur d’un manuel en français sur L’Anglais Médiéval (Brepols, 1996), il a publié plusieurs livres et de nombreux articles sur divers aspects de la littérature anglaise, de Beowulf à Everyman. S’intéressant à Tolkien depuis longtemps, il a dirigé un volume collectif, Tolkien et le Moyen Age (CNRS Éditions, 2007), issu de son séminaire de recherche en Sorbonne.

Fanfan CHEN: La faërie et l'iconoclasme - l'imagination narrative chez Tolkien et Barfield

Le mot “faery”, disparu ou presque vers la fin de la Renaissance, a ressuscité au XIXe siècle. Il désigne alors un domaine magique en relation avec tous les éléments surnaturels présents dans le roman chevaleresque. Le genre ”fairy-storie” défini par Tolkien dépend de la nature de la faërie et l’origine des fairy-stories remonte à l’origine des langues. Il pose aussi que le mythe est à l’origine de la langue, et critique la langue européenne moderne qui relève pour lui d’une maladie du mythe. Barfield, autre membre des Inklings, professe une opinion quasi semblable. Il présume que la langue ainsi que notre conscience évoluent, à partir d’une unité sémantique de participation originale, vers l’abstraction. Il présente ce phénomène d’évolution comme une sorte d’idolâtrie de l’écrit et propose comme solution la poetic diction pour arriver à l’iconoclasme. Parallèlement, Tolkien propose la fantasy – l’imagination narrative/poétique – comme un remède contre la maladie langagière. Je propose de comparer la manière dont Tolkien et Barfield appréhendent théoriquement l’imagination vis-à-vis de l’iconoclasme et de la faërie, dont la raison et la nature seront scrutées en comparant les nouvelles suivantes: The Rose on the Ash-Heap, The Silver Trumpet, Leaf by Niggle, Smith of Wootton Major. Pour cette étude, je m’inspirerai de la théorie narrative de Paul Ricœur. Il constate, lui aussi, que la langue a perdu son unité originale et qu’il faut retrouver son esprit singulier – sa capacité à ouvrir sur un nouveau monde.

Michaël DEVAUX: Lire Le Seigneur des Anneaux avec C.S. Lewis

Le Seigneur des Anneaux a été élu livre du XXe siècle par les Britanniques. À sa sortie en 1954, C.S. Lewis disait déjà qu’il s’agissait d’un livre comparable à l’Arioste. Nous proposons d’étudier les lectures possibles du Seigneur des Anneaux selon les critères énoncés par Lewis dans Une expérience de critique littéraire (1961). La lecture en masse du Seigneur des Anneaux signifie-t-elle qu’on peut le lire comme un magazine? Ces lecteurs en masse ne peuvent-ils s’offrir à l’occasion du Seigneur des Anneaux une lecture d’”élite”, selon l’expression de Lewis? Que doivent-ils apprendre pour cela? Pourquoi lit-on et relit-on Le Seigneur des Anneaux (car la quantité de lecteurs se double d’une quantité de relecture par les lecteurs en nombre)? S’il revient à la bonne littérature d’induire la manière de bien lire un livre, comment penser et apprécier la lecture d’un bon conte de fées pour adultes? En quoi Le Seigneur des Anneaux relève-t-il de la bonne littérature pour Lewis? Nous reprenons donc un à un les éléments décisifs de sa théorie de la critique pour envisager les types de lectures du Seigneur des Anneaux, en cartographiant ainsi les niveaux dans lesquels chacun pourra se repérer.

Michaël Devaux, né en 1971, agrégé, docteur en philosophie, enseigne la philosophie de l’éducation à l’IUFM d’Alençon et enseigne Tolkien au collège des Bernardins à Paris. Il a collaboré à la Bibliographie cartésienne 1960-1996. Il préside l’association “La Compagnie de la Comté” et dirige La Feuille de la Compagnie. Il a ainsi dirigé Tolkien, les racines du légendaire (2003) et co-édité Tolkien aujourd’hui (2011).

Cloé DOTTOR: Tolkien et l'intertexte médiéval

Au Moyen-Age, la folie n'est ps opposée à la raison, mais à la sagesse. Dans les œuvres de Chétien de Troyes, dans la légende de Tristan et Yseut, les archétypes de la folie et de la sagesse se construisent en miroir, mais peuvent aussi se compléter. Tolkien utilise-t-il ces archétypes? Comment les adapte-t-il à l'univers du milieu? Le but de cette intervention sera de déterminer comment folie et sagesse sont présentes dans les œuvres de Tolkien, en particulier le Seigneur des Anneaux. La folie est-elle de l'ordre d'une simple inconséquence, de la démesure, de la démence? La sagesse est-elle présentée de façon positive ou négative? La notion de degré nous permettra d'étudier plus précisément l'intertextualité médiévale des textes de Tolkien.

Irène FERNANDEZ: Une lecture sceptique de Narnia

Le symbolisme chrétien des Chroniques de Narnia est bien connu, et c’est lui que privilégie un certain type de lecture. Cette approche est tout-à fait légitime, mais elle a l’inconvénient, étant donné sa prévalence, en particulier aux Etats-Unis, de favoriser en bien des cas une allégorisation ou une conceptualisation des Chroniques qui n’est pas de leur fait. La qualité proprement littéraire qui fait leur force s’en trouve par là obscurcie ou occultée. Or il existe des lecteurs étrangers et parfois même hostiles au christianisme de l’auteur et qui ont cependant une passion pour le monde qu’il a créé. Leur “lecture sceptique”, due à un intérêt qui n’est pas fondé sur un attrait idéologique, invite à regarder ces récits d’un œil neuf et à en reconnaître la poésie.

Anne Isabelle FRANÇOIS: "A Club of the Other Sort". Coteries, cercles, cliques et autres sociétés: théories et pratiques des groupes (masculins) chez C.S. Lewis

“As some wag has said, Palaeolithic man may or may not have had a club on his shoulder but he certainly had a club of the other sort. […] What were the women doing meanwhile? How should I know? […] I can trace the pre-history of Friendship only in the male line” (C.S. Lewis, The Four Loves, 1960).
Il s’agira dans cette communication d’analyser les représentations, modèles et discours de la sociabilité (masculine) dans l’œuvre de C.S. Lewis, membre éminent du groupe des Inklings. On s’intéressera en particulier au processus de mythification à l’œuvre, c’est-à-dire à la création socio-culturelle d’une lignée fantasmatique, incarnée notamment dans les œuvres de fiction, mais dont rendent également compte la correspondance ou les écrits théoriques. L’étude sera menée à partir d’une approche intersectionnelle, qui fera ainsi ressortir le réseau d’associations inhérent à la notion, croisant les enjeux aussi bien genrés, que de classe et de race – cette sociabilité figurant, par excellence, l’Englishness aussi bien qu’un idéal d’éducation et de culture.

Anne Isabelle François, ancienne élève de l’École normale supérieure d’Ulm, agrégée de lettres modernes, docteur de l’EPHE et de l’Université de Dresde, est maître de conférences de littérature comparée à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 (PRES Sorbonne Paris Cité). Spécialiste des littératures allemande et anglaise du XXe siècle, elle poursuit ses recherches, dans une perspective de Gender et de Cultural Studies, au sein du Centre d’Études et de Recherches Comparatistes (CERC – EA 172). Membre de “Modernités médiévales”, elle est en particulier spécialiste de C.S. Lewis, auquel elle a consacré sa thèse ainsi que de nombreux articles, par exemple: “C.S. Lewis, Merlin et la “matière de Bretagne (in Fantasmagories du Moyen Age, Publications de l’Université de Provence, “Senefiance” n°56, 2010, p. 37-46) ; Quelle voix en moi ?” La mise en scène narrative du diable comme souffleur” (in Les voix de l’éveil. Écritures et expérience spirituelle, L’Harmattan, “Espaces littéraires”, 2009, p. 229-248) ; “Mieux que mille livres d’histoire. C.S. Lewis et ses doubles” (in Le Savant dans les Lettres : Récriture et érudition dans la réception du Moyen Age, PU de Rennes, à paraître).

Nicole GUÉDENEY: Le Seigneur des Anneaux ou comment survivre au désespoir et à la peur: une lecture par la théorie de l'attachement

L’auteur, psychiatre du bébé, présente une lecture par la théorie de l’attachement de la psychologie des personnages du roman de J.R.R. Tolkien, Le Seigneur des Anneaux. Cette théorie récente du développement et du fonctionnement psychologique de l’être humain a été élaborée par un autre anglais, John Bowlby dans la 2eme moitié du 20eme siècle. Les humains lorsqu’ils sont en proie à la peur ou au chagrin ou au doute ou en situation de vulnérabilité puisent dans leurs liens d’attachement des ressources pour réguler et surmonter ces émotions. L’auteur analysera les motivations et comportements des personnages à la lumière des principaux concepts de cette théorie. En puisant dans la biographie de Tolkien et dans son œuvre, l’auteur insiste sur l’importance des pertes précoces et des traumatismes, sur la valeur de résilience que joue la possibilité de créer les liens interpersonnels et la valeur de consolation que peut prendre la création littéraire.

  • Guédeney, N et Guédeney, A (2010) L’attachement : approche théorique. Masson, Elsevier, 3eme édition.
  • Guédeney, N. (2010) Le seigneur des Anneaux ou comment survivre au désespoir et à la peur: une lecture par la théorie de l’attachement. Devenir, 22, 247-271.

Thomas HONEGGER: Arthur – Aragorn – Ransom: Concepts of Kingship in the Works of Three Inklings

The figure of the “redeemer king” is a central element in the works of Charles Williams, J.R.R. Tolkien and C.S. Lewis – three core members of the Inklings. Charles Williams, in his Arthurian Poems but also in his posthumously published essay in Arthurian Torso, comes closest to modelling his embodiment of kingship, Arthur, on a (semi-) historical person within a historical setting, though imbuing him with a mystic dimension. J.R.R. Tolkien’s Aragorn (aka Elessar) is also rooted in the historicity of the Ring-epic and reflects elements of the “epic” Arthurian tradition, but likewise participates in the richly evocative archetypal image of the “restorer of the empire”. Lastly, C.S. Lewis’s Ransom (aka Fisher-King) in That Hideous Strength unites elements of the sacrificial king (Anfortas) with those of the “pontifex maximus” and represents the coming of a new age. A comparative analysis of these three “figures of kingship” shows how the common cultural and religious background of the Inklings influenced all three writers even though each author gives us an individual interpretation of the concept of kingship.

Thomas Honegger holds a Ph.D. from the University of Zurich (Switzerland) where he taught Old and Middle English. He has organised numerous conferences and edited several books with scholarly papers on the work of the late medievalist Prof. J.R.R. Tolkien and is series editor of the Cormarë Series at Walking Tree Publishers (http://www.walking-tree.org). He is, since 2002, Professor for English Medieval Studies at the Friedrich-Schiller-University, Jena (Germany) (Homepage: http://www2.uni-jena.de/fsu/anglistik/personen/thomas-honegger/).

Anca MUNTEAN: La cohabitation innovatrice des genres littéraires chez J.R.R. Tolkien

Le Seigneur des Anneaux, qui n’a jamais cessé de séduire, est trop facilement intégré à ce que l’on appelle “la littérature de fantasy” alors que les choses sont beaucoup plus nuancées, car cette séduction réside précisément dans le mélange inhabituel de plusieurs genres littéraires (conte de fées, roman historique, épopée, romance, littérature de fantasy) que Tolkien utilise et développe au long de son histoire en rendant ainsi flexibles les caractéristiques d’un genre spécifique parfois considérées (à tort) comme “figées”. L’œuvre de Tolkien a apporté dans notre monde l’atmosphère qui règne dans le pays de Faërie. En effet, son influence sur la littérature qui s’écrit après lui étant évidente, le succès d’un tel genre (aux yeux de ses lecteurs plutôt que dans les histoires littéraires) s’explique par l’influence directe des autres genres, qui y contribuent d’une manière originale. Selon Jean-Marie Schaeffer et contrairement à certaines conceptions répandues, les genres évoluent continuellement en se redéfinissant sans cesse. Plus concrètement, ce qui nous intéresse est moins de constater l’appartenance de ces genres au texte, que de réfléchir à la façon dont la participation de tous favorise l’évolution interne de chacun des genres réunis dans la construction du Seigneur des Anneaux et aussi la manière dont les mondes imaginaires prennent forme à la suite du mélange adéquat de tous ces éléments apparemment antithétiques, générant la cohérence inhérente du monde ainsi créé. Pour finir, la multitude d’influences génériques (conte de fées, romance, épopée, roman historique, roman d’aventures, fantasy) à découvrir en parcourant l’œuvre de Tolkien nous met en face d’une œuvre inclassable, qui ne trouve pas naturellement sa place dans un genre précis, ce qui nous amène à conclure que Tolkien a crée un univers réellement unique à sa façon, d’une “singularité extrême”, représentant “toute une province de la littérature”, qui célèbre l’évolution inhérente des genres littéraires, en les réunissant dans une œuvre dynamique, qui exclut les contraintes supposées par tout genre figé.

Bibliographie FERRE, Vincent, Tolkien: sur les rivages de la Terre du Milieu, Paris, Christian Bourgois Éditeur, 2001. La Licorne, La dynamique des genres. Colloque de Poitiers, 18-19 octobre 1991, sous la direction de Claudine Verley, publications de l’UFR de langues et littératures de l’université de Poitiers, n°22, 1992. La Licorne, Le savoir des genres, études réunies par Raphaël Baroni et Marielle Macé, Presses Universitaires de Rennes, 79, 2006. PANTIN, Isabelle, “Tolkien et l’histoire littéraire: l’aporie du contexte”, texte à paraître dans M. Devaux, V. Ferré, Ch. Ridoux (éd.), Tolkien aujourd’hui, Valenciennes, Presses universitaires de Valenciennes, 2010 (à paraître). SCHAEFFER, Jean-Marie, Qu’est-ce qu’un genre littéraire, Paris, Éditions du Seuil, 1989.

Jean-Philippe QADRI: L'Epitre aux Ephésiens chez Lewis et Tolkien

L’Épitre aux Éphésiens, livre très court du Nouveau Testament (quelques pages à peine), est régulièrement sollicitée dans les écrits de C.S. Lewis ou de J.R.R. Tolkien (qu’ils soient universitaires, apologétiques, littéraires ou épistolaires) ; au point que le relevé des thèmes et des occurrences principales de la lettre paulinienne conduit à tracer comme un portrait intellectuel et spirituel en miniature des deux auteurs. Que ce soit de manière directe ou indirecte, la présence de l’épitre dans l’art, l’intelligence et le coeur des deux hommes manifeste son importance pour la foi qui fut la leur. Une foi chrétienne reçue et vécue comme réponse à un appel radical (Eph 4, 1 ; 6, 24): les “fils d’Adam” et les “filles d’Ève” (Lewis) comme les “enfants d’Eru” (Tolkien) sont destinés à devenir “enfants de lumière” (Eph 5, 8) et à défendre un monde assiégé par les ténèbres avec pour “seule espérance celle de leur appel” (Eph 4, 4 ; 1, 18).

Agrégé de physique, Jean-Philippe Qadri enseigne en classe préparatoire PTSI au lycée Gustave Eiffel à Bordeaux, et participe au forum “jrrvf.com”. Il a proposé une lecture du tournoi d’énigmes entre Bilbo et Gollum (““… un concours avec nous, mon trésor !””, dans Tolkien, Trente ans après (1973-2003), Vincent Ferré, dir.) et s’intéresse tout particulièrement à la figure de Tom Bombadil (“Tom Bombadil: le chant de la forêt”, dans Tolkien, l’Effigie des elfes, Michaël Devaux, dir., à paraître).

Daniel TRON: Tolkien... du Dickens avec des pieds poilus ?

Dire que Tolkien est un monument de la littérature anglaise est aujourd'hui une évidence dont le sens mérite cependant d'être précisé. Prenant à rebours la tendance légitime à étudier l'originalité de l'oeuvre de Tolkien, notre étude porte au contraire sur la manière dont The Lord of the Rings s'inscrit dans l'histoire littéraire britannique. Plus précisément, notre étude met en regard deux tours littéraires monumentales : The Lord of the Rings et Great Expectations de Charles Dickens, publiés en 1860-1861. De nombreux éléments, tant narratifs, thématiques que stylistiques, font du roman de Dickens l'hypotexte de celui de Tolkien. Nous étudierons ainsi de quelle manière des éléments les plus saillants de l'intrigue aux subtilités métafictionnelles la sous-tendent, Tolkien transpose non seulement sa vision de sa civilisation mais aussi la manière dont Dickens l'a mise en récit. Nous évoquerons aussi la manière dont l'adaptation cinématographique de Peter Jackson met en évidence certains éléments de cette relation hypertextuelle. De Pip à Frodo et de la tour de Londres à Barad-dûr, nous chercherons, sous les empreintes poilues des hobbits et dans les ombres qui les pourchassent, celles des enfants du XIXe siècle qui leur ont ouvert la voie.

Dominique VIGOT

Depuis l'apparition d'internet, les amateurs de Tolkien ont commencé à se retrouver malgré la distance, mêlant lecteurs de longue date et curieux ayant découvert Arda via le cinéma. Le temps a passé, et il est toujours d'actualité de faire connaître et reconnaître Tolkien pour ce qu'il est, au-delà des a priori et des opinions à courte vue. A chaque instant, le talent de Tolkien est tel qu'il ne peut se contenter du seul monde anglophone, et il nous appartient de permettre au public français de le découvrir avec émerveillement.

Dominique Vigot est rédacteur spécialisé sur Tolkien pour elbakin.net depuis une dizaine d'année, site internet œuvrant pour la promotion de la fantasy ; nous veillons à informer nos lecteurs des évènements culturels et ludiques en lien avec les œuvres qui composent notre genre de prédilection, avec une place toute particulière pour Tolkien et ses créations. Nous proposons des critiques d'ouvrages, des annonces, des faits divers et nous animons des discussions sur notre forum dédié. Quelques chroniques de sa main: The Children of Húrin, Les Monstres et les critiques, Tolkien Aujourd'hui.

Bibliographie

  • Tolkien et le Moyen Age (dirigé par Leo Carruthers, 2007)
  • Tolkien et ses légendes. Une expérience en fiction (Isabelle Pantin, 2009)
  • D’Asimov à Tolkien, cycles et séries en littérature de genre (Anne Besson, 2004)
  • Tolkien. Le Chant du monde (Charles Ridoux, 2004)
  • Tolkien 30 ans après… (sous la direction de Vincent Ferré, 2004, qui avait également fait paraître Sur les rivages de la Terre du Milieu en 2001)

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