Le fonwégien : la langue de l’île de Fonway

 Trois Anneaux
Damien Bador, François Parmentier & Vivien Stocker — Septembre 2021
Articles de synthèse : Ces articles permettent d’avoir une vue d’ensemble du thème traité mais ils nécessitent une bonne connaissance des principales œuvres de J.R.R. Tolkien.

Le fonwégien, langue parlée sur l’île imaginaire de Fonway, est une langue construite dont nous avons connaissance grâce à J.R.R. Tolkien, qui l’avait mentionnée dans la conférence intitulée « Un vice secret », donnée devant l’association Samuel Johnson du Pembroke College de l’Université d’Oxford en novembre 1931. Elle reste cependant assez méconnue, car elle n’est pas mentionnée dans l’article éponyme édité par Christopher Tolkien et publié par ses soins dans les Monstres et les Critiques et autres essais. En effet, celui-ci a choisi d’exclure toute la section de la conférence qui traitait du fonwégien, sans le signaler dans le recueil, ni a fortiori s’en expliquer.

On ne peut que spéculer sur les raisons de ce choix, qui serait d’ailleurs resté inaperçu si le texte du manuscrit autographe de la conférence n’avait pas été édité par Dimitra Fimi et Andrew Higgins dans l’édition étendue A Secret Vice – Tolkien on Language Invention (HarperCollins, 2016), non traduite en français à ce jour. Les deux éditeurs ont en outre eu l’intéressante idée d’inclure dans ce volume les compte-rendus qu’ont écrits certains des auditeurs de la conférence, ce qui nous permet de confirmer que Tolkien avait effectivement prononcé la partie relative au fonwégien (SV, p. xxxii–xxxiii).

Histoire et paternité du fonwégien

Histoire externe

Contrairement à la majeure partie du manuscrit d’Un vice secret, la section sur le vocabulaire et la grammaire du fonwégien est écrite au crayon, sur une feuille volante insérée dans l’un des feuillets sur lesquels le reste de la conférence est écrit (SV, p. 4). Après avoir traité des langues inventées de sa jeunesse et des sources d’influences de celles-ci, Tolkien introduit le fonwégien ainsi :

Ici j’interposerai quelques matériaux — ce qui évitera à ce papier d’être trop autobiographique. Je me suis récemment trouvé en possession par accident de certains documents secrets — une grammaire, un glossaire et quelques phrases dans la langue fonwégienne apparemment parlée dans l’île de Fonway1).

Tolkien ne fournit aucune autre information sur l’origine du fonwégien ou sur son inventeur, bien qu’il le compare au naffarin en estimant qu’il s’agit d’une langue à la fois moins sophistiquée et plus originale. En dépit d’une « grammaire largement latine » et d’un inventaire phonologique inspiré de l’anglais, Tolkien affirme que cette langue possède un « caractère » spécifique qui ne doit rien à ces langues. Il semble considérer qu’elle reflète aussi clairement l’individualité de son inventeur que l’écriture d’une personne employant le style cursif traditionnel en Europe peut le faire. Une note sur le manuscrit principal renvoie alors à la feuille volante afin d’illustrer cette caractérisation. Après avoir donné un bon nombre d’exemples et avoir cherché à identifier les caractéristiques notables de cette langue, Tolkien conclut simplement avec ces mots :

À partir d’ici vous devez pardonner l’égotisme pur. Les exemples ultérieurs devront être uniquement être tirés d’une expérience privée en isolation2).

En dépit de ces éléments, Fimi et Higgins, les éditeurs de la conférence, considèrent que cette langue a effectivement été inventée par Tolkien, qui emploierait ici l’archétype littéraire du « manuscrit trouvé », dont il fait indiscutablement usage dans certains de ses romans, à l’instar des Notion Club Papers ou du Seigneur des Anneaux (SV, p. 50 n. 55 ; cf. SD, p. 155 ; SdA, Prologue). Selon Higgins, il pourrait même s’agir d’un hommage aux écrivains qui ont employé ce topos avant lui et d’une solution adoptée pour réduire le caractère autobiographique de sa conférence (Higgins 2016).

D’autres commentateurs en revanche seraient plutôt enclins à prendre la description de Tolkien au pied de la lettre, argumentant que le contexte de la conférence donnée par Tolkien était entièrement sérieux et ne se prêtait pas à une invention littéraire de ce type, qui aurait même pu passer pour une forgerie aux yeux de son audience. Par ailleurs, dans le reste de la conférence, Tolkien n’hésite pas à présenter ses propres inventions sous son nom, raison pour laquelle il demande à son audience d’excuser son « égotisme ». Edmund Weiner, en particulier, souligne que la façon dont Tolkien présente cette langue lui semble exclure qu’il en soit l’auteur. L’éloge que Tolkien fait du fonwégien contraste avec la modestie avec laquelle il présente ses propres productions, tandis que la manière dont il détaille le vocabulaire fonwégien attesté sans fournir de texte suivi en guise d’illustration s’oppose là aussi à sa façon dont d’introduire les langues construites dont il est indiscutablement l’auteur. Enfin, Weiner considère que l’analogie manifeste entre Norway « Norvège » et Fonway rend improbable l’idée que Tolkien soit l’inventeur de cette langue. Celui-ci savait forcément que l’étymologie de l’élément -way aurait été inadaptée pour une île, dans la mesure où Norway vient du v. angl. Norþ weg, traduction du norrois Nóreegr, lequel vient de l’expression norð vegri « voie du Nord » (Weiner 2016).

Deux éléments encore semblent exclure que Tolkien soit l’inventeur du fonwégien. La seule autre mention de cette langue se trouve en marge de notes relatives à James Joyce et à la poésie, au sein d’une courte liste : « Mon Corpus – Fonway – aiƥei » (SV, p. 91). Bien que Higgins considère que Fonway et aiƥei seraient des exemples tirés de ses langues inventées, il semble au contraire que Tolkien contraste là les deux derniers éléments avec le premier, ce qui sous-entendrait que l’un et l’autre n’appartiennent pas à son corpus3). Par ailleurs, Tolkien affirme qu’il existe environ 250 mots attestés en fonwégien, mais n’en cite qu’une cinquantaine, alors même qu’il ne fait apparemment usage de cette langue nulle part ailleurs, ce qui renforce l’hypothèse d’une source externe.

John Garth n’envisage pas non plus que Tolkien ait été l’inventeur de cette langue, et spécule que le fonwégien ait pu être élaboré par C.S. Lewis en imitation de Tolkien. Douglas Anderson rappelle quant à lui une conférence que donna en 1977 le deuxième fils de Tolkien, Michael, à la Tolkien Society. Selon ce dernier, ses frères et sa sœur avaient été encouragés par leur père à créer et à gérer leurs îles imaginaires, lesquelles avaient apparemment chacune leur propre langue. La date de la conférence « Un vice secret » exclut que Priscilla, la benjamine de la fratrie, ait eu l’âge pour s’adonner à ce passe-temps. Puisque Michael signale que la langue de son île s’inspirait du latin et du grec, ce qui est incompatible avec le vocabulaire fonwégien attesté, il ne saurait non plus en être l’inventeur. En revanche, John, âgé de quatorze ans en 1931, pourrait être le créateur du fonwégien, voire Christopher lui-même, puisqu’il avait alors déjà sept ans (Anderson 2018). Cela justifierait à la fois les commentaires de Tolkien envers l’individualité de cette langue et la façon dont il parle de « documents secrets » sans identifier leur auteur. Au surplus, s’il s’avérait que Christopher Tolkien ait été l’auteur de cette langue, sa modestie légendaire expliquerait sans peine pourquoi il décida de supprimer ce seul passage de la conférence donnée par son père.

Histoire interne

En-dehors du fait que le fonwégien soit « apparemment parlé dans l’île de Fonway » (SV, p. 20–21), Tolkien ne nous dit rien de son histoire, du peuple supposé parler cette langue, ni même de la localisation putative de cette île.

L’analogie manifeste entre Fonway et Norway suggère cependant une proximité géographique avec la Scandinavie ou une influence norvégienne, bien que le vocabulaire attesté ne témoigne d’aucune influence de cet ordre. Le caractère original de cette langue permet de supposer que l’île en question doit être assez isolée. Enfin, une analyse du lexique semble montrer une société connaissant l’écriture (epish « lettre », fonlogos « livre »), de type agraire (agroul « champ », cunfordos « chariot », pullfuga « charrue »), où l’artisanat est développé (fugolliuk « une Guilde »), qui pourrait être de type monarchique (regensie « reine »). La prévalence du vocabulaire militaire (didulla « battre, vaincre », fonwella « attaquer », glabsi « épée », tellabrif « conquérant », wedfor « ennemi ») suggère un certain niveau de conflictualité sur l’île, sans qu’on puisse déterminer s’il s’agirait de troubles internes ou de conflits avec ses voisins.

Phonologie et morphologie

D’un point de vue phonologique, les mots présentés ci-dessous comportent quelques caractéristiques curieuses, comme la présence simultanée des lettres c et k pour indiquer (ou non) le même phonème, la présence fréquente du double ll, du double u, ou encore de la lettre x. Il n’y a aucune certitude quant à la lecture de ces lettres, bien que Tolkien indique que « [les] phonèmes [de cette langue] sont anglais » (SV, p. 21). Malgré cette indication, la langue, par ses sons, est supposée avoir un caractère assez unique : « son attestation phonétique et son mécanisme est particulier et individuel, et ne semble ne rien devoir à l’anglais, au français ou au latin » (SV, p. 21).

Le fonwégien semble fonctionner de manière nettement agglutinative. Il existe apparemment un unique exemple de lénition, pour former le pronom de la première personne du pluriel à partir du singulier : ib + -er > imer, ainsi qu’un seul exemple de vocalisation pour former le verbe cablea « chanter » à partir du radical #cab et du suffixe verbal #-lla (voir ci-dessous la discussion relative à ce suffixe). Tolkien identifie certains morphèmes caractéristiques de la langue, qui semblent fonctionner comme des préfixes, à l’instar de fon- (assez fréquent, semble-t-il), wrun- ou cun-. Cependant, il ne précise pas s’ils possèdent une signification précise. De fait, fon- est attesté dans le nom commun fonlogos « livre », le nom propre Fonway et le mot fonwella, probablement le verbe « attaquer » : on ne voit guère ce qui unit ces trois signifiés.

Bien que Tolkien ne le commente pas, le suffixe -lla semble caractéristique des verbes, comme en témoignent hugwolla « je garde », huntilla « mépriser » et pindulla « rire ». Cela incite à considérer les formes en -lla dont la glose est ambiguë comme des verbes, plutôt que des noms : brugwalla « garder » (angl. guard)4), didulla « vaincre » (angl. defeat) , fonwella « attaquer » (angl. attack) et tuudadulla « craindre » (angl. fear). Inversement, les mots qui en sont dépourvus seraient plus probablement des noms : amosa « amour » (angl. love), lauka « louange » (angl. praise) et pullfuga « charrue » (angl. plough). Dans le cas de fubullala « enseigner », le suffixe -lla semble partiellement redoublé, tandis que pour cablea « chanter », il est remplacé par -lea, probablement par vocalisation du -l- médian. Seul le verbe wagnose « remplir » est entièrement dépourvu de cet élément, sans qu’on sache expliquer cet écart. Enfin les seuls mots qui soient des noms et qui contiennent un affixe en -lla- sont regullarum « cheval » et tellabrif « conquérant »5). Il est permit de se demander s’il ne s’agirait pas de dérivés des verbes putatifs #regulla « chevaucher » et #tella « conquérir », respectivement.

Le faible vocabulaire attesté ne permet guère d’identifier d’autres morphèmes, sauf peut-être le préfixe tuu-, qui pourrait être isolé s’il y avait un lien entre didulla « battre, vaincre » et l’élément -dadulla observé dans tuudadulla « craindre ». La variation di- / -da- serait alors elle aussi significative, puisque la crainte pourrait être construite comme l’anticipation d’être vaincu.

Sur le plan lexical, Tolkien signale la présence remarquable de mots trisyllabiques, par exemple wegolang, « bien, bon », lesquels sont particulièrement fréquents dans les mots composés et les termes associés à une notion de durée. Il n’indique malheureusement pas lesquels des quatre exemples donnés, wedfor « ennemi », wagnose « remplir », tuudadulla « craindre » et brugwalla « garder » seraient des composés. Enfin Tolkien note en passant l’absence d’onomatopées dans cette langue, ce qu’il illustre négativement par les verbes pindulla « rire » et cablea « chanter ».

De pair avec l’identité phonologique particulière du fonwégien, ces éléments morphologiques et lexicaux font dire à Tolkien que cette langue « n’a apparemment aucune parenté avec tout autre langue connue, [et] n’est ni parlée ni comprise ailleurs que dans cette seule petite île » (SV, p. xxxiii). Cependant, une telle allégation pourrait paraître excessive au vu des mots (21 sur un vocabulaire supposé en comporter 250 environ, soit plus de 8%) évoquant leurs équivalents indo-européens, notamment le latin. On peut ainsi citer pase « paix » (lat. pax), vase « voix » (lat. vox), ou agroul « champ » (lat. ager). De même, le nom Fonway lui-même semble s’inspirer de l’anglais Norway « Norvège ». Il serait possible d’en dire autant de l’adjectif fonwegian « fonwégien », s’il ne s’agit pas déjà d’une anglicisation d’un adjectif qui resterait alors inconnu.

Grammaire

Au niveau grammatical, Tolkien signale d’évidentes ressemblances avec ce qu’il appelle les « langues érudites », comme le français ou le latin. Pour ce que l’on en sait, la langue fonwégienne présente trois genres (vraisemblablement masculin, féminin, neutre), deux nombres (singulier, pluriel) et deux cas (nominatif et génitif). Tous ces éléments sont indiqués par l’agglutination de suffixes, dans un ordre bien défini : d’abord celui du nombre, ensuite du cas, puis du genre, à l’exception notable du suffixe -os- dénotant le neutre, qui suit immédiatement le radical, comme l’avaient noté Fimi et Higgins (SV, p. 51 n. 57). L’absence de suffixe correspond au nominatif singulier masculin, comme l’indique la déclinaison du nom con, de signification inconnue, que Tolkien donne en exemple :

[Singulier]Pluriel
[Masculin] [Féminin] [Neutre] [Masculin] [Féminin] [Neutre]
[Nominatif]con cone conos coner conere conoser
Génitif conis coniseconosisconerisconeriseconoseris

Il est difficile de tirer des conclusions nettes pour ce qui concerne la conjugaison dans la langue fonwégienne, principalement à cause de l’ambiguïté des traductions données par Tolkien : par exemple, « guard » peut aussi bien désigner le verbe « garder » que le mot « garde ». Par ailleurs, nous ne disposons que d’un seul verbe conjugué : hugwolla, « je garde ». Cette forme ne semble pas présenter de particularité par rapport aux autres verbes non conjugués, ce qui pourrait laisser supposer que la forme usuellement fournie pour le verbe fonwégien est sa première personne du singulier au présent – comme en latin ou grec ancien. Il se pourrait aussi que la glose soit trompeuse et qu’il s’agisse d’une forme aoriste ou infinitive, ou encore que le verbe soit invariable selon les personnes et que seuls les pronoms permettent d’établir une distinction – comme c’est largement le cas en anglais. Inversement, l’absence du pronom ib, « je » dans hugwolla, pourrait suggérer que les pronoms sont facultatifs, comme dans certaines langues d’ascendance latine.

Tolkien fournit en revanche un tableau de pronoms, vraisemblablement les pronoms personnels, qui permet de constater que les marques du genre et du nombre sont identiques pour les noms et les pronoms, à l’exception de la première personne du pluriel, où la lénition b + e > me semble avoir lieu :

[Singulier][Pluriel]
[1e pers.]ib imer
[2e pers.]noh noher
[3e pers.][Masculin]
[Féminin]
Neutre
won
wone
wonos
woner
wonere
wonoser

Tous ces éléments, bien sûr lacunaires par rapport au corpus dont Tolkien disposait – « une grammaire, un glossaire et quelques phrases » (p. 21) – ne peuvent contribuer qu’à rendre plus mystérieuse encore la langue parlée sur l’île de Fonway.

Lexique

La liste présentée ci-dessous reprend l’ensemble du vocabulaire présenté dans A Secret Vice – Tolkien on Language Invention, en tenant compte des remarques et corrections proposées par Weiner (2016), lesquelles sont dûment signalées. Tolkien affirme que le vocabulaire attesté représente environ 250 mots, mais il n’en cite malheureusement qu’une cinquantaine, soit 20% du total. La totalité des mots présentés figurent en SV, p. 21–226) :

  • ac – conj. and « et », lit. both « les deux »
  • agroul – n. field « champ »
  • amosa – love n. « amour » (ou v. « aimer » ?)
  • brugwalla – guard v. « garder » (ou n. « garde » ?)
  • cablea – v. sing « chanter »
  • #cap – n. hill « colline », correction de **caphill7)
  • con, pl. coner – n. masc. de signification inconnue, dont le pluriel est formé avec l’affixe -er- (q.v.)
  • cone, pl. conere – fém. de con formé avec l’affixe -e- (q.v.)
  • conos, pl. conoser – neutre de con formé avec l’affixe -os- (q.v.)
  • cun- – morphème caractéristique de signification inconnue apparaissant dans cunfordos (q.v.)
  • cunfordos – n. carriage « transport, chariot »
  • #didulla – defeat v. « battre, vaincre » (ou n. « défaite » ?), correction de **didula8)
  • dubu – adv. many « beaucoup »
  • -e- – affixe fém. des formes nominales et pronominales
  • epish – n. letter « lettre »
  • -er- – affixe pl. des formes nominales et pronominales
  • fon- – morphème caractéristique de signification inconnue apparaissant dans fonlogos, Fonway et fonwella (q.v.)
  • fonlogos – n. book « livre »
  • Fonway – n. pr. de l’île où est parlé le fonwégien
  • fonwella – attack v. « attaquer » (ou n. « attaque » ?)
  • fubullala – v. teach « enseigner »
  • #fugolliuk – n. a Guild « une Guilde », correction de **fugolliuk-a9)
  • glabsi ou glabisi (?) – n. sword « épée », lecture incertaine10)
  • hugwolla – v. I guard « je garde »11)
  • huntilla – v. despise « mépriser »
  • ib – pr. 1e pers. sing. I « je » ; pl. imer (q.v.)
  • imer – pr. 1e pers. pl. we « nous », qui dérive probablement du sing. ib et de l’affixe pl. -er- (q.v.) par lénition #ib-er > imer
  • -is- – affixe gén. des formes nominales, attesté pour con, cone et conos (q.v.)
  • #-lla – suffixe verbal pouvant prendre la forme #-lea derrière une consonne ; voir cablea
  • lauka praise n. « louange » (ou v. « louer » ?)
  • malle – n. mother « mère »
  • momor – n. death « mort »
  • nausi – n. sailor « marin »
  • noh – pr. 2e pers. sing you « tu, vous » ; pl. noher (q.v.)
  • noher pr. 2e pers. pl. you « vous », qui dérive du sing. noh et de l’affixe pl. -er- (q.v.) par agglutination
  • -os- – affixe neutre des formes nominales et pronominales
  • pagos – n. father « père »
  • pase – n. peace « paix »
  • pen – n. foot « pied »
  • pindulla – laugh v. « rire » (ou n. « rire » ?)
  • #poub – n. girl « fille », correction de **ponb12)
  • pullfuga – plough n. « charrue » (ou v. « labourer » ?)
  • regensie – n. queen « reine »
  • #regulla – v. #ride « chevaucher », hypothétiquement déduit de regullarum (q.v.)
  • regullarum – n. horse « cheval »
  • rogis – adj. red « rouge »
  • ruxa – n. nose « nez »
  • taxtos – adv. perhaps « peut-être »
  • tella – v. #conquer « conquérir », hypothétiquement déduit de tellabrif (q.v.)
  • tellabrif – n. conqueror « conquérant » (glose incertaine, il pourrait s’agir de « conquérir », bien que cela semble moins probable)13)
  • teplose – n. time « temps »
  • tuudadulla – fear v. « craindre » (ou n. « crainte, peur » ?)
  • usut – adj. useful « utile »
  • vase – n. voice « voix »
  • #wagnose – v. fill up « remplir », correction de **wag nose14)
  • wedfor (?) – n. enemy « ennemi », lecture probablement erronée15)
  • wegolang – adj. good « bien, bon »
  • won – pr. 3e pers. sing. masc. he « il » ; pl. woner (q.v.)
  • wone – pr. 3e pers. sing. fém. she « elle », qui dérive du masc. won et de l’affixe fém. -e- par agglutination ; doté du pl. wonere (q.v.)
  • woner – pr. 3e pers. pl. masc. they « ils », qui dérive du sing. won et de l’affixe pl. -er- (q.v.) par agglutination
  • wonere – pr. 3e pers. pl. fém. they « elles », qui dérive du sing. wone et de l’affixe pl. -er- (q.v.) par agglutination
  • wonos – pl. 3e pers. sing. neut. it « ça », qui dérive du masc. won et de l’affixe neut. -os- par agglutination ; doté du pl. wonoser (q.v.)
  • wonoser – pl. 3e pers. pl. neut. they « ils, elles », qui dérive du sing. wonos et de l’affixe pl. -er- (q.v.) par agglutination
  • workskula (?) – n. word « mot », lecture incertaine16)
  • wrun- (?) – morphème caractéristique de signification inconnue et de lecture incertaine, supposé figurer dans workskula (q.v.)

Références

Voir aussi

Sur Tolkiendil

1) Version originale : « Here I will interpose some material—which will save this paper from being too autobiographical. I recently became possessed by accident of some secret documents—a grammar and glossary and some sentences in the Fonwegian language spoken apparently in the island of Fonway » ; SV, p. 20–21.
2) Version originale : « From here onwards you must forgive pure egotism. Further examples must be drawn solely from isolated private experience » ; SV, p. 23.
3) On notera à ce propos qu’aiƥei est le mot gotique pour « mère », ce qui pourrait renvoyer aux commentaires de Tolkien sur le plaisir généré par l’étude d’un dictionnaire de gotique, laquelle permettrait selon lui de se ressaisir en partie de la beauté de la poésie gotique désormais perdue (SV, p. 17, cf. p. 48 n. 50). Higgins interprète plutôt cela comme une allusion à l’effort que fit Tolkien dans sa jeunesse pour inventer une langue germanique perdue, qu’il nommait gautisque (Higgins, 2016), mais cela ne semble guère tenir dans la mesure où le mot aiƥei est effectivement attesté.
4) La synonymie apparente de hugwolla et brugwalla pourrait cependant indiquer le contraire, à moins que la notion de garder soit plus particulièrement associé à l’élément -wolla / -walla, tandis que hug- et brug- spécifieraient la chose gardée. Ce n’est peut-être pas un hasard si brugwalla fait partie d’une liste de quatre mots dont certains sont supposés être des composés.
5) Cette traduction de tellabrif dépend de Higgins 2016 ; dans SV, ce mot est un verbe glosé « conquérir ». Toutefois, la position médiane de l’affixe -lla-, semblable à celle de regullarum, qui est bien un nom, laisse penser que ce mot doit aussi en être un.
6) Un de ces mots est considéré illisible par les éditeurs, qui ne donnent que la glose amore. Vu qu’il ne s’agit pas d’anglais, il est plus probable qu’il s’agisse d’un adverbe signifiant « plus » (angl. more) et se terminant par -a.
7) Ce nom, qui figure sur la première liste de vocabulaire citée par Tolkien, est en fait écrit caphill dans le texte publié. Weiner souligne toutefois qu’il s’agit du seul mot de cette liste qui serait dépourvu de traduction (à moins qu’on suppose qu’il s’agisse d’un synonyme d’epish « lettre », q.v.) et suggère donc que cap serait le mot fonwégien et hill « colline » la glose correspondante.
8) Ce mot est orthographié didula dans le texte publié, mais est supposé contenir l’élément -ll-. Il faut donc supposer une erreur de retranscription. Alternativement, il se peut qu’il faille lire #dillula.
9) Cette entrée est ainsi formulée dans le texte publié : « fugolliuk-a Guild », mais Weiner souligne qu’il est supposé s’agir d’une trisyllabe, ce qui exclut que le mot fonwégien soit **fugolliuk-a. L’absence de suffixe marqué par un tiret dans les autres mots attestés, ainsi que la typographie, viennent confirmer la lecture fugolliuk.
10) Le texte publié donne la forme glabsi, mais Higgins 2016 orthographie ce terme glabisi, sans explication.
11) Ce verbe est glosé I guard « je garde », mais par analogie avec les autres verbes attestés, il semble bien être à l’aoriste ou à l’infinitif.
12) Ce nom est écrit ponb dans le texte publié, mais Weiner souligne que sa phonologie semble s’écarter du reste du vocabulaire et suggère donc poub. Il signale d’ailleurs que ce terme fait partie des 21 mots qui trahissent l’influence d’une langue naturelle et que poub pourrait s’inspirer du lat. puella « jeune fille ».
13) Le texte publié donne la glose conquer « conquérir », mais Higgins 2016 change la traduction en « conquérant », sans s’expliquer à ce propos. Voir la section Phonologie et morphologie pour une discussion détaillée de ce terme.
14) Comme ce nom est supposé être une trisyllabe, Weiner propose de le lire wagnose plutôt que wag nose, comme le font les éditeurs.
15) Ce nom est aussi supposé être trisyllabique ; la lecture proposée par les éditeurs est donc probablement fautive, bien qu’il ne soit pas possible de déterminer l’orthographe correcte.
16) Weiner signale que ce mot fait partie d’une liste de composés où figurent des morphèmes caractéristiques. Le texte publié donne ici « wrun workskula word », ce qui laisserait attendre la présence d’un morphème wrun dans le mot glosé par word « mot ». Comme ce n’est pas le cas, il est possible que l’écriture de Tolkien ait été mal déchiffrée par les éditeurs ou que Tolkien lui-même ait commis une erreur.
 
langues/hors_legendaire/autres_langues/fonwegien/fonwegien_langue_ile_fonway.txt · Dernière modification: 23/09/2021 14:19 par Elendil
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