Préfixes intensifs dans « Les Étymologies »

 Quatre Anneaux
Thorsten Renk — Novembre 2008
traduit de l’anglais par Damien Bador
Article théorique : La maîtrise globale des écrits de J.R.R. Tolkien est nécessaire pour bien saisir la portée des articles de cette catégorie, les sujets étant analysés de façon poussée par leurs auteurs.
Cet essai est issu du journal en ligne Tengwestië. Nous remercions Thorsten Renk et Carl Hostetter de nous avoir accordé la permission de le traduire en français pour Tolkiendil.

Considérations générales

Les Étymologies » (telles qu’on les trouve dans RP et les VT 45-46) contiennent plusieurs exemples de formes que Tolkien nota être « intensives », dont certaines se forment au moyen d’un préfixe. L’entrée A- du VT 45, p. 5, est peut-être le meilleur point de départ pour les classifier.

Nous est présenté un préfixe intensif, « d’origine distincte, quoique de fonction similaire à la préfixation de la voyelle de base. […] Le préfixe a- était habituellement combiné avec un allongement dynamique de la consonne initiale originelle […] et il pouvait être appliqué à des mots formés à part entière. »1) De ce texte, nous pouvons déduire ce qui suit :

  • Il existe deux préfixes, « de fonction similaire » (i.e. intensifs).
  • L’un d’entre eux est a-, suivi d’un allongement dynamique de la première consonne, l’autre étant formé par la préfixation de la voyelle de base (i.e. racine), appelée la sundóma en quenya.
  • Le préfixe a- pouvait être appliqué à des mots formés à part entière (il est logique que ce fait soit mentionné par opposition avec la préfixation de la sundóma, sous-entendant que ce dernier mécanisme s’appliquait seulement à des racines, non à des mots complets2).)

Dans ce qui suit, nous allons explorer plus en détail ce qui est connu de ces deux préfixes.

La « sundóma » préfixée

Dans la plupart des cas, nous observons que la sundóma préfixée s’applique aux racines eldarines communes et forme avec elle une racine intensive. Ainsi, son emploi est identique vis-à-vis des formes noldorines ou qenya. Néanmoins, ce concept varie quelque peu à l’intérieur des « Étymologies ». Spécifiquement, nous pouvons noter les variations suivantes :

  • Préfixation de la sundóma sans modification de la consonne initiale de la racine à laquelle elle s’attache, cf. NAR1-3) et ANÁR-4)
  • Préfixation de la sundóma avec « fortification » de la consonne initiale de la racine à laquelle elle s’attache, cf. NIS-5) et INDIS-6) (au lieu de **INIS-).

Nous trouvons des preuves directes de ce mécanisme en LRW, p. 361, à l’entrée I2-, dont la glose est « préfixe intensif où i est la voyelle de base »7), et avec les exemples « ITHIL “Lune” (THIL, SIL) » et « INDIS- = ndis- “épousée” » nous apprenons que ce préfixe ne semble effectivement pas s’appliquer à des mots complets, mais aux racines THIL (SIL) ou NDIS. Le VT 45, p. 17, ajoute en outre (confirmant ce qui a été dit au-dessus) que ce préfixe est employé « avec ou sans fortification de la consonne qui suit. »8)

Ce que signifie cette remarque se perçoit clairement à l’entrée NDIS-9), où nous apprenons qu’il s’agit d’un « affermissement de NIS “femme” »10). Ainsi, s’il est permis d’utiliser à la fois la sundóma préfixée et l’affermissement de la première consonne pour une forme intensive, ce n’est pas nécessaire. L’entrée E-11) semble quelque peu contredire cela, étant similairement glosée « préfixe intensif […] lorsque la voyelle de base est e »12) mais avec la remarque additionnelle : « suivi par une consonne fortifiée »13). Nous trouvons l’exemple « der, ndereEnderō (“jeune marié [viril ?]”) > Ender, surnom de Tulkas »14). Quoiqu’il ne soit pas écrit en majuscules, cet exemple semble se référer aux élaborations des racines DER « adulte mâle »15) et NDER- « forme affermie de der homme »16) en #ENDER, de manière similaire à NIS- > NDIS- INDIS, et ndere « marié » semble être une forme elfique primitive plutôt que qenya ou noldorine – elle ne s’accorde pas avec la phonologie de ces deux langues.

Aucun préfixe n’est listé pour les voyelles radicales o ou u (ou explicitement pour a, en fait), mais nous pouvons déduire leur existence de racines listées dans « Les Étymologies » (voir aussi l’article sur l’elfique primitif de Helge Kåre Fauskanger). En LRW, p. 348, on a « ANÁR- “soleil” dérivé de NAR2- » et « ANAK- cf. NAK “mordre” […] “mâchoire” », ce qui confirme ainsi l’élaboration possible d’une racine avec sundóma en a, l’intensification NAR- > ANÁR- semblant suivre une idée semblable à THIL- > ITHIL-. ÉNED- « centre »17) peut être rapprochée de NÉD- […] « centre, milieu »18), bien que la traduction n’indique pas explicitement qu’il y ait intensification. Noter que nous n’observons pas d’affermissement de la première consonne dans cet exemple. ÓLOS- « rêve »19) est une élaboration de LOS- « sommeil »20), et bien qu’aucune intensification directe ne soit apparente à la traduction, les moyens utilisés pour dériver le particulier du général peuvent rappeler DER- « adulte mâle » > #ENDER « marié » ou NIS- « femme » > INDIS « épousée ». Aucun exemple avec une sundóma en u ne peut être trouvé dans « Les Étymologies », mais en WJ, p. 389, nous voyons uruk- comme variante de RUKU, indiquant que u n’avait pas de rôle spécifique en tant que tel21).

L’un dans l’autre, l’idée que cette structure formative particulière soit essentiellement appropriée pour les racines et pas tellement pour les « mots formés à part entière » semble cependant se vérifier. Il n’y a pas de distinction évidente quant à la signification supposée de cette intensification – le résultat le plus fréquent semble être « une occurrence particulière de la classe générale d’objets dénotés par la forme non-intensive », mais même cela n’est pas systématiquement vrai.

Les préfixes intensifs en A- et N-

Par contraste avec la préfixation de la sundóma, il existe une deuxième classe de préfixes intensifs dans « Les Étymologies », s’appliquant à des mots individuels (plutôt qu’à des racines). Cette classe de préfixes agit ainsi de manière différente en noldorin et en qenya. Tolkien emploie non seulement la préfixation d’une voyelle (en fait, l’utilisation d’une voyelle unique comme préfixe ne se voit jamais dans cette classe) mais aussi l’ajout d’une consonne ou l’allongement dynamique de la consonne initiale du mot intensifié. Il existe des preuves montrant que Tolkien changea le concept sous-jacent au cours de son travail sur « Les Étymologies » (et nous allons tenter d’établir une chronologie approximative un peu plus loin).

En noldorin, on trouve les variations suivantes pour ce type de préfixe :

  • Préfixation de a avec allongement dynamique de la consonne qui suit, e.g. angol (aññol-)22), à partir de la forme non intensive ñol-23).
  • Préfixation de la sundóma avec allongement dynamique de la consonne qui suit, e.g. ongol (oññol-)24), à partir de la forme non intensive ñol25).

En qenya, l’expression de ce préfixe est assez différente. Nous pouvons observer les variations suivantes :

  • Préfixe an, am, , selon la consonne initiale du mot qui suit, e.g. ankale26), à partir d’une forme non intensive *kale ; cf. kala27).
  • Un préfixe avec voyelle et nasale déterminée par la consonne initiale du mot qui suit, e.g. inkale28).

Examinons maintenant ces éléments plus en détail. La majeure partie des informations sur ce mécanisme intensif sont listée en VT 45, p. 5 à l’entrée A- et en VT 45, p. 36 à l’entrée N-. Ces deux entrées semblent se référer au même préfixe final, et l’entrée N- comprend en fait une référence au préfixe a-, bien qu’aucune référence à N- ne soit donnée sous A-. Si cela tendrait à indiquer que l’entrée A- reflète les idées anciennes de Tolkien, la chronologie hypothétique des entrées élaborée par Christopher Tolkien en LRW, p. 344, suggère que A- représente en fait les idées ultérieures de Tolkien à ce sujet (et nous allons plus loin proposer des preuves en faveur de cette interprétation, tirées des sources postérieures aux « Étymologies »).

Le Taniquetil et les Pelori (© Ted Nasmith)

A l’entrée N-, Tolkien décrit le préfixe intensif qenya comme un « mélange du préfixe a- + allongement dynamique et voyelle de base a + initiales nasales et des formes syllabiques des initiales nasales comme mbar »29). Le préfixe résultant prend la forme « an devant les voyelles (rare) ; um devant p, q, v (umb) ; an devant t, l (= d, and), r (arr), l (all), s (ass), w (anw) ; devant k, g et par conséquent = devant une voyelle (ink, ing). »30) L’entrée l (= d) indique probablement que lorsqu’un mot qenya à initiale en l est dérivé d’une racine avec D-, cette consonne réapparaît lors de l’ajout d’un préfixe. De plus, cette entrée nous procure les exemples umpano « construire », inkale « radiance », « Soleil », antara « très élevé », Antaro un nom et unquale « agonie ». En observant par ex. ampano et la racine PAN « placer, mettre, fixer en place »31) nous voyons que le résultat est effectivement différent de celui produit par la simple préfixation de la sundóma, qui donnerait **APAN (voir ci-dessus). La qualité de la voyelle de ce préfixe intensif dépend ainsi de celle de la consonne initiale de la racine.

En noldorin, le préfixe « apparaît sous la forme a avec allongement dynamique afarch, angol (aññol) », se référant aux formes non intensives park, ñol. Le premier se trouve à l’entrée PÁRAK-32) et signifie « sec », le second sous ÑOL- « sentir », angol étant glosé « puanteur »33). Nous reviendrons bientôt sur la signification de l’allongement dynamique. Noter que angol présente à nouveau un développement différent de celui d’une voyelle de base préfixée – la sundóma est o, bien qu’un a soit utilisé comme préfixe.

Nous trouvons une première modification (possible) de cette structure en VT 46, p. 6, où nous apprenons que aññol, angol semblent avoir subi une altération de leur voyelle initiale, « possiblement en ongol et *oññol, respectivement ». Ainsi, Tolkien semble avoir brouillé la distinction plus avant dans ce cas et avoir introduit en noldorin un système dans lequel la sundóma était préfixée, combiné avec un allongement dynamique de la consonne initiale de la voyelle racine. Cependant, si nous observons l’entrée A- (qui d’après la chronologie de Christopher Tolkien serait la dernière), aññol réapparaît, et il s’agit donc probablement d’une idée transitoire. Dans cette dernière entrée, nous apprenons que le préfixe est effectivement a- (en noldorin, voir ci-dessous pour le qenya) et comment procède l’allongement dynamique, i.e. parkā « sec » v. nold. parkha, nold. parch, mais apparkā « aride, très sec » v. nold. appharkha, nold. afarch. Ainsi, l’allongement dynamique semble sous-entendre un doublement de la consonne à l’étape de l’eldarin commun, dont les évolutions phonétiques subséquentes se poursuivent jusqu’au noldorin. Ainsi, nous pouvons par exemple nous attendre à c- > ach, t- > ath, p- > aph- > af-, s- > ass-, n- > ann-, m- > amm- et peut-être g- > ang-, b- > amb-, d- > and-. Cela est confirmé par « nold. angos “horreur”, a + ñgoss- dynamique, où ñg est [un al]long[ement] dynamique = gg »34). Du fait de son lien avec N-, il est concevable que le préfixe devienne an- devant les voyelles. Noter qu’il est probable qu’une similarité existe avec les effets de la mutation nasale pour un préfixe #an-.

L’évolution du qenya subit une révision similaire – le préfixe est désormais dit être an, am, , une forme généralisée. Nous observons une telle application dans amparka « très sec » (où la forme historique *apparka est rejetée), ainsi que dans antara « très haut » et ancale « radiance ». Ce dernier exemple est particulièrement intéressant, parce qu’il remplace apparemment inkale, confirmant que Tolkien avait abandonné le concept d’avoir une voyelle qui dépende de la consonne initiale. Certaines traces de ce phénomène sont néanmoins conservées – nous apprenons que un, um apparaît devant q, p, b, « mais sous l’influence de […] n’est utilisé que dans un sens maléfique, comme unquale “agonie” »35), une forme affermie de la racine KWAL- « mourir dans la douleur »36).

Intensification dans les sources postérieures aux « Étymologies »

Tolkien semble avoir conservé la préfixation de la sundóma à une racine eldarine commune plutôt qu’un préfixe intensif a(n,m,ñ). Le plus clair exemple est le quenya ancalima37) « excessivement brillant » - plutôt que **incalima ou **akkalima, et suivant ainsi la formation vue dans les Étym. ankale plutôt que inkale, soutenant l’idée que A- représente la décision ultérieure de Tolkien. En WJ, p. 415, Tolkien fait une distinction intéressante entre le préfixe flexionnel vu dans ekwē, qui est dit être un passé primitif « marqué par “l’augment” ou voyelle de base redoublée et la voyelle de base longue »38), cf. akāra « fabriqué, fait »39) et l’extension ou intensification vue dans akwā (dérivé de kwā). Comme le préfixe intensif a-, ce préfixe marquant le passé semble ne s’appliquer qu’à des mots complets, non des racines eldarines communes. Les termes sindarin et quenya estel « espoir » sont dits être dérivée par préfixation de la sundóma à partir de la racine stel (d’où par ex. le sind. thel « intention, signification, objectif, résolution, volonté » ; WJ, p. 318)

En PM, p. 358, nous trouvons Aran Einior, traduit par « le Roi Ancien ». Il est concevable qu’il soit dérivé du v. sind. anjāra, avec une inflexion en i subséquente de la voyelle préfixe a > ai (qui dans certains environnements, comme ici, donne ensuite ei, cf. la structure plurielle alph > eilph40) et impliquerait donc un préfixe an. Le même préfixe peut se voir dans Cuio i Pheriain anann !41) « puissent les Semi-Hommes vivre longtemps ! »42) – du moins, si anann ne doit pas s’interpréter comme un datif an + and « pour un temps long » mais comme une forme intensive anann « excessivement long ». Aucune interprétation n’est priilégiée par rapport à l’autre dans la traduction donnée.

En WJ, p. 311, 315, on a les formes thent / estent, qui signifient peut-être « court » / ? « très court ». Si la deuxième est en effet une forme intensive, elle est clairement intéressante. Devrions-nous supposer qu’elle représente un préfixe e avec réémergence consécutive (en fait préservation) des consonnes initiales de la racine originelle st- en position extrémale ? Cela ne serait pas un développement évident, puisque la racine est apparemment STINTĀ-, et que la sundóma serait i, la forme historiquement correcte étant par conséquent #istinta > istent (puisque l’inflexion en a n’a pas lieu dans la totalité du mot, cf. silimā > silef, non **selef ; LRW, p. 385). Mais la voyelle préfixée pourrait alors être sujette à un nivellement analogique, modelé sur des formes telles que thel / estel43) ou thanc / nestegi44), qui montrent que la réémergence des consonnes de la racine originelle n’est pas infréquente. Tolkien envisagea aussi la forme entièrement analogique #ethen « plus court » en LRW, p. 192, dans laquelle le groupe consonantique ne réémerge pas. D’un autre côté, un préfixe a- originel pourrait avoir subi une inflexion en i par la sundóma i avant que celle-ci ne soit modifiée par inflexion en a, d’où #astinta > #estinta > estent ; mais ce n’est pas une explication vraisemblable, car elle nécessiterait que les inflexions en i et en a n’agissent pas dans l’ordre habituel. Ainsi, la conclusion la plus probable est que nous observons ici une intensification de la racine eldarine commune. La paire thâr « herbe dure » et gwastar « tertre »45), avec réémergence du groupe consonantique originel en présence du préfixe gwa-, qui n’est utilisé que « dans d’anciens comps »46), semble étayer l’idée que la réémergence des consonnes de la racine est typique des formations anciennes et que estent leur serait donc contemporaine.

Remerciements

J’aimerais remercier Carl F. Hostetter et Florian « Lothenon » Dombach pour les discussions intéressants et les remarques de qualité qui ont mené à la rédaction de cet article.

Bibliographie

Se référer aussi à la bibliographie générale de Tengwestië.

Voir aussi

Sur Tolkiendil

Sur le net

1) Version originale : « distinct in origin, though similar in function to the prefixed basic vowel. […] The prefix a- was usually combined with dynamic lengthening of the original initial consonant […] and it could be applied to fully formed words. »
2) N.d.T. : des explications supplémentaires à ce sujet, sont désormais disponibles depuis la publication du « Tengwesta Qenderinwa » dans le PE 18.
3) LRW, p. 348
4) LRW, p. 374
5) , 23) , 25) , 33) LRW, p. 378
6) LRW, p. 361
7) Version originale : « intensive prefix where i is base vowel »
8) Version originale : « with or without fortified following consonant. »
9) , 16) LRW, p. 375
10) Version originale : « strengthening of NIS “woman” »
11) VT 45, p. 11
12) Version originale : « intensive prefix (…) when base vowel is e »
13) Version originale : « followed by fortified consonant »
14) Version originale : « der, ndere - Enderō (“[virile?] young bridegroom) > Ender, surname of Tulkas »
15) LRW, p. 354
17) LRW, p. 356
18) LRW, p. 376
19) LRW, p. 379
20) LRW, p. 370
21) N.d.T. : la présence d’un tel préfixe intensif aurait pu être entravée par l’existence du préfixe négatif ú-.
22) , 26) VT 45, p. 5
24) VT 46, p. 6
27) LRW, p. 362
28) VT 45, p. 36
29) Version originale : « blend of a- prefix + dynamic lengthening and a base vowel + nasal initials and of the syllabic forms of nasal initials as mbar »
30) Version originale : « an before vowels (rare); um before p, q, v (umb); an before t, l (=d, and), r (arr), l (all), s (ass), w (anw); before k, g and hence = before vowel (ink, ing). »
31) , 32) LRW, p. 380
34) VT 45, p. 15
35) Version originale : « but owing to the influence of […] used only in an evil sense , as unquale “agony” »
36) LRW, p. 366
37) LR, p. 704 ; L, p. 278-279
38) Version originale : « marked by the “augment” or reduplicated base vowel and the long stem vowel »
39) WJ, p. 415
40) UT, p. 265
41) LR, p. 932
42) L, p. 308
43) WJ, p. 318
44) , 45) LRW, p. 388
46) LRW, p. 399
 
langues/textes/prefixes_intensifs_etymologies.txt · Dernière modification: 27/09/2021 11:29 par Elendil
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