Interview de l'équipe des traducteurs francophones

Les Enfants de Húrin

Cette interview a eu lieu en direct sur le chat de Tolkiendil le 21 février 2008 à l'occasion de la sortie française des Enfants de Húrin. Étaient invités l'équipe de traduction française des livres de J.R.R. Tolkien aux éditions Christian Bourgois : Vincent Ferré, Daniel Lauzon et Delphine Martin. Dans une première partie, les questions préparées par l'équipe de Tolkiendil furent posées, suivies des questions des chatteurs.


Vincent Ferré : Pour commencer, j'aimerais remercier toute l'équipe de Tolkiendil pour le travail effectué depuis plusieurs semaines. Je suis certain que l'intérêt que les médias manifestent aujourd'hui doit beaucoup à votre travail. Dans la mesure où Christian Bourgois Éditeur a pour politique de ne jamais faire de « coup » marketing, les médias auraient pu ignorer cette sortie. Mais visiblement, de nombreux journalistes vous ont lus ces derniers jours, sur Tolkiendil, Elbakin et JRRVF en particulier. Je tiens aussi à remercier toutes les personnes qui ont participé à la réalisation du livre : Virginie Kiffer, au service fabrication du Seuil, Olivier Benoist, notre exceptionnel correcteur, qui suit les parutions Tolkien depuis 7 ans. Une mention spéciale à Daniel Lauzon, qui est certainement l'avenir de la traduction de Tolkien en français ; et à Delphine Martin, qui s'est immergée dans cette traduction, par intérêt profond pour l'oeuvre de Tolkien. Mes pensées vont à la fois à Christopher Tolkien et Adam Tolkien, pour leur soutien répété, et à Dominique et Christian Bourgois. Christian Bourgois, quelques jours avant son décès1), suivait encore avec beaucoup d'attention et d'intérêt la parution de ce texte important d'un auteur qu'il a toujours défendu.

Zelphalya : Tout d'abord, je pense qu'il est important d'apprendre à connaître nos invités un peu mieux. Car l'on connaît maintenant assez bien Vincent Ferré, grâce à ses publications et à sa présence sur la Toile, mais Daniel Lauzon et Delphine Martin sont plus discrets. Ainsi donc je vous invite à vous présenter en quelques mots à nos chatteurs, car certains ne sont pas très coutumiers de la communauté Tolkiendil.

Daniel Lauzon : Certains d'entre vous m'ont connu sur JRRVF et sur mon propre site Elostirion, où tout a commencé pour moi… Je travaille avec Vincent depuis quelques années déjà : en 2000, nous avons commencé un travail de révision du Seigneur des Anneaux. À travers ce travail, nous avons développé une bonne dynamique ensemble et il m'a proposé de travailler sur les History of Middle-earth (Histoire de la Terre du Milieu). Ainsi nous avons continué ce qu'Adam Tolkien avait commencé, à savoir, traduire le reste de la série. J'ai collaboré à la traduction du tome 3, Les Lais du Beleriand, qui est sorti en 2005. Puis, je me suis lancé, deux ans durant, dans la traduction des deux tomes suivants.

Vincent Ferré : Oui, Daniel a traduit les commentaires et les notes du troisième volume, traduit le quatrième (La Formation de la Terre du Milieu) et le cinquième (La Route Perdue), mais son travail dépasse les History of Middle-earth. Et l'on touche là un point essentiel de la traduction des œuvres de Tolkien : traduire un texte demande de penser en même temps à TOUTES les œuvres. Pour traduire Les Enfants de Húrin, Delphine Martin a dû retravailler la traduction des noms propres, en particulier pour harmoniser les variantes entre Le Silmarillion, les Contes Perdus, les versions des Contes et légendes inachevés. C'est à cette seule condition que le lecteur francophone de Tolkien peut trouver ses repères dans cette œuvre monumentale.

Delphine Martin : Bonjour à tous, et merci beaucoup de votre accueil. Je suis enseignante (j'enseigne l'anglais en lycée en Seine-Saint-Denis) et je traduis depuis 2001 des textes de Tolkien. À savoir, tout d'abord : les avant-propos du Seigneur des Anneaux pour le premier livre de Vincent Ferré2), puis, avec lui, les Lettres (2005) et le Cahier de croquis d'Alan Lee, avant de me lancer seule dans cet incroyable texte, Les Enfants de Húrin.

Vincent Ferré : J'interviens régulièrement sur Tolkiendil, et vous connaissez mon travail sur Tolkien, mais j'ajoute que mon activité principale est autre ; j'enseigne la littérature dans une université parisienne, Paris 13, située en Seine-Saint-Denis également - la littérature comparée, et je travaille en particulier sur Proust.

Zelphalya : Comment vous êtes vous retrouvés ensemble dans cette équipe de traduction des textes de Tolkien ?

Vincent Ferré : Après avoir publié mon premier livre aux éditions Bourgois, Christian Bourgois m'a demandé de suivre tout ce qui concernait Tolkien. J'ai alors proposé des rééditions de livres épuisés, puis des inédits. J'ai côtoyé de nombreux traducteurs potentiels, avant de les proposer à Christian Bourgois : c'est ainsi que Daniel a commencé à travailler sur Tolkien, tout comme Christine Laferrière (plus ponctuellement, pour Les Monstres et les critiques) ou Céline Leroy (pour les Lettres du Père Noël et Faërie et autres textes). Comme il l'a dit, Daniel faisait partie d'un groupe de 9 « réviseurs » du Seigneur des Anneaux, en 2000. Le groupe a fondu en fonction des obligations des uns et des autres ; mais Daniel a persévéré, et parallèlement, il a achevé ses études de traduction. Dans le cas de Delphine, c'est Christian Bourgois qui a suggéré qu'elle traduise les Lettres, le livre d'Alan Lee puis Les Enfants de Húrin, après avoir vu son travail sur les avant-propos.

Zelphalya : Vous avez tous déjà fait des traductions d'autres ouvrages qui ne sont pas de Tolkien ?

Daniel Lauzon : Oui, je travaille en ce moment sur deux romans d'un auteur britannique encore peu connu pour une maison d'édition montréalaise, québécoise.

Delphine Martin : Non, car l'enseignement (j'enseigne depuis 9 ans) me prend beaucoup de temps et d'énergie ; j'ai commencé par Tolkien, dont les textes demandent beaucoup de temps et d'attention. Il nous a fallu deux ans pour les Lettres, et un an pour Les Enfants de Húrin, malgré sa « brièveté » relative.

Daniel Lauzon : J'en témoigne, traduire Tolkien est un travail exigeant.

Meneldur : Justement, à ce sujet, le livre est paru dans plusieurs langues en même temps que la parution originale, je crois. Est-ce que vous savez comment ça s'est passé ? Et pourquoi ça n'a pas été le cas de la version française ?

Vincent Ferré : Disons que, dans certains pays, la traduction est sortie un peu vite… La parution de ce livre (en avril 2007) en anglais a été une surprise, et Christian Bourgois n'a pas bouleversé son calendrier de publications ; il a attendu pour trouver la bonne « répartition » du travail entre traducteurs : à Daniel Lauzon les textes les plus délicats à traduire (L'Histoire de la Terre du Milieu) ; Delphine Martin a pu se concentrer sur le travail, disons, plus purement stylistique, des Enfants de Húrin.

Delphine Martin : Oui, je suis très sensible à l'écriture de Tolkien. Travailler sur les Lettres a été une expérience inédite pour moi, en raison de la variété de l'écriture de Tolkien qui s'adapte à ses interlocuteurs. Sa prose, en anglais, est magnifique, et nous avons essayé de lui rendre justice en français.

« je suis très sensible à l'écriture de Tolkien. » D.M.


Zelphalya : Donc si j'ai bien compris, pour chacun de vous, la traduction a commencé par Tolkien ? Pensiez vous que vous en seriez à traduire Tolkien professionnellement un jour ?

Daniel Lauzon : Jamais de la vie. D'abord, quand j'ai commencé mes études en traduction, je traduisais en amateur pour mon site. Mais je ne pensais pas qu'on viendrait me « chercher » de cette façon, non.

Zelphalya : Cela faisait-il partie d'un « rêve » tout de même ? :)

Daniel Lauzon : Bien sûr ! Comme je vous l'ai dit, tout cela a commencé pour moi par la révision du Seigneur des Anneaux, et j'étais aux anges de pouvoir faire un tel travail.

Vincent Ferré : Je tiens à préciser que les critères de « choix » des traducteurs excluent tout « copinage ». C'est à Christian Bourgois Éditeur qu'est revenue la décision, à partir de la présentation que je faisais de chacun des candidats. Ce qui, malheureusement, a amené certaines personnes, très compétentes à ne pas être retenues, alors qu'elles avaient manifesté leur désir de travailler sur certains projets. Mais au final, il faut reconnaître que traduire Tolkien, dans le cas de History of Middle-earth, est une expérience que peu de personnes pourraient mener, malgré leur passion…

Belgarion : Est-ce pour favoriser un travail d'équipe ?

Vincent Ferré : Oui, nous travaillons vraiment en équipe.

Delphine Martin : L'œuvre de Tolkien nécessite une collaboration permanente. De ce fait, les liens entre les traducteurs sont importants.

Daniel Lauzon : Oui ; et je peux dire que Vincent a beaucoup apporté à mes traductions, comme je me suis toujours tenu à sa disposition lorsqu'il s'interroge sur certains problèmes.

Zelphalya : La distance avec Daniel au Canada pose-t-elle des problèmes ?

Daniel Lauzon : Eh bien, il y a le courrier électronique et le téléphone… Surtout le courrier électronique. Il est tout à fait possible de travailler à distance.

Vincent Ferré : Nous échangeons, avec les traducteurs, plusieurs mails par jour, et nous finalisons le travail au téléphone, à partir de fichiers communs. Il faut souligner une chose importante : le fait que Daniel vive au Canada (en, plus de sa connaissance exceptionnelle des textes de Tolkien) est essentiel. C'est grâce à sa double maîtrise du français et de l'anglais que nous pouvons mener à bien la traduction des History of Middle-earth. Je ne suis pas sûr qu'un traducteur ne possédant pas ce profil pourrait s'en sortir. Pensons ainsi au fait qu'Adam Tolkien, qui a traduit les 2 premiers volumes, est dans une situation comparable – il vit en France. Daniel, tu confirmes mon impression, te concernant ?

Daniel Lauzon : Oui, disons que c'est un avantage de côtoyer l'anglais quotidiennement. Mais il faut aussi bien connaître l'auteur, cela va de soi.

Zelphalya : Vous avez parlé du souci de cohérence entre les différents ouvrages. Cela doit être difficile à gérer avec les anciennes traductions. Avez vous une méthode pour faire vos choix ?

Daniel Lauzon : Pour ma part, j'évalue les mérites de l'ancienne traduction avant de prendre une décision. Si elle n'est pas en contradiction avec une décision que nous avons prise ailleurs…

Zelphalya : C'est au cas par cas plutôt donc ?

Daniel Lauzon : Oui, mais il y a des changements systématiques, par exemple, eu égard à l'emploi des prépositions devant certains noms…

Vincent Ferré : Daniel a raison. Si une traduction semble correcte, on la conserve, naturellement. Mais connaître tous les textes publiés de Tolkien - ce qui n'était pas possible aux traducteurs des années 1980 et 1990 - permet d'affiner certaines traductions. On en a eu un bon exemple cette semaine à propos des Lettres, dans une discussion sur JRRVF3). Daniel a opté pour une traduction de « fair », dans la Formation, qui était plus correcte que notre premier choix dans les Lettres parce qu'il prenait en compte un passage moins ambigu, qui permettait de trancher. De notre côté, ce terme, perdu au milieu des milliers de mots des Lettres, était très difficile à cerner. Nous avons fait un choix, en conscience… et avons fait une petite erreur ! Il est hors de question que cela se produise lorsque le terme est important, dans une traduction. D'où un travail critique en permanence, et une discussion à trois.

Zelphalya : Avez-vous d'autres types de problème particulier à la traduction de Tolkien ?

Delphine Martin : Ce n'est pas un problème, mais un défi permanent : rendre la cohérence extrême dont fait preuve le texte de Tolkien ; aucun mot n'est choisi au hasard, et il nous faut toujours retrouver les autres occurrences dans son œuvre et les échos, pour le traduire d'une manière satisfaisante et identique.

Vincent Ferré : Je précise que les Lettres comportent 278 575 mots en français :-). Tous ne sont pas aussi importants ; mais nous avons « annoté » le document Word comportant la traduction de plus de 2000 commentaires, comme autant de mémos pour nous aider.

« un défi permanent : rendre la cohérence extrême dont fait preuve le texte de Tolkien » D.M.


Zelphalya : Vous devez passez votre temps à vous relire les uns les autres en quelque sorte, ce n'est pas lassant ?

Daniel Lauzon : Eh bien… non, c'est un travail agréable quant à moi. Et j'ai une bonne mémoire ; ce n'est pas trop difficile pour moi de garder en tête tous ces problèmes. Surtout que, lorsque j'ai travaillé sur les History of Middle-earth, je me consacrais uniquement à cela, ou presque. J'étais donc « dans le bain », si je puis dire. Pour moi c'est un travail passionnant.

Vincent Ferré : Oui, Daniel et Delphine ont une mémoire étonnante, et ils parviennent à « s'immerger » dans le texte. De mon côté, je fais plutôt de la « supervision » de la traduction, des suggestions de formulation en français, et des recherches en bibliothèque ou dans mes livres - ce n'est pas le même type de mémoire qui est sollicité !

Belgarion : Et pour Les Enfants de Húrin avez-vous eu des moments de débat sur la traduction de passages particulièrement compliqués ?

Delphine Martin : Oui, absolument : c'est ce qui fait que le texte de Tolkien est aussi passionnant.

Vincent Ferré : Je vais prendre l'exemple des adjectifs qui décrivent Túrin. Ils sont absolument essentiels, dessinant le portrait de Túrin d'une manière très complexe, et il ne faut surtout pas que la traduction française vienne « aplatir », simplifier, ce qui est riche et polysémique chez Tolkien.

Daniel Lauzon : Vous êtes-vous référés de manière aux anciennes traductions, celle de Jolas par exemple pour les Contes et légendes inachevés ? Voilà une chose que j'aimerais savoir !

Delphine Martin : Oui, bien sûr, cette traduction a été prise en compte pour ce texte.

Vincent Ferré : On en vient peut être à une question concernant la « nouveauté » des Enfants de Húrin.

Zelphalya : Que pensez vous de ce texte dans sa nouvelle forme ? Aimez vous ce texte ? Le trouvez-vous noir ?

Daniel Lauzon : J'adore cette histoire.

Delphine Martin : Comment dire mon sentiment en peu de mots ? C'est vraiment un nouveau texte, pour le lecteur, par rapport à ce qui a déjà été publié par fragments ; du fait de son unité, d'une tonalité nouvelle. (Christopher Tolkien a revu les manuscrits et est revenu sur des lectures antérieures : même dans le cas des textes déjà publiés dans les Contes et légendes inachevés ou Le Silmarillion), que les lecteurs les plus assidus de Tolkien connaissaient, les changements d'adverbes, de ponctuation, d'adjectifs, donnent un aspect nouveau au texte. Le texte est devenu tragique, on voit le destin en marche. Donc, pour le dire autrement, j'aime énormément ce texte !

Vincent Ferré : Je pense à une comparaison. Vous connaissez, à la fin du Silmarillion, le passage sur les Anneaux du Pouvoir. L'histoire du Seigneur des Anneaux y est résumée très brièvement. Rien à voir avec le roman lui-même. C'est un peu la même chose ici : les lecteurs du Silmarillion connaissent les grandes lignes de l'histoire de Túrin mais des épisodes étaient inédits ; dans des scènes déjà connues, des dialogues ont été « ajoutés » par rapport à ce qui avait été publié (mais ils ont bien été écrits par J.R.R. Tolkien, pas d'erreur !). Tout cela modifie totalement la profondeur des personnages. Le texte est plus épuré, resserré, par rapport à ce que l'on connaissait. La puissance est d'autant plus grande. Et il faut penser à toutes les personnes qui ne connaissent pas Tolkien. Les Enfants de Húrin peuvent être une magnifique manière de découvrir cet auteur, même si l'on ne sait rien de son univers.

Zelphalya : Beaucoup de personnes se demandent si après avoir lu Le Silmarillion et les Contes et légendes inachevés, le livre reste intéressant, je suppose que oui vu la réponse actuelle, avez vous d'autres arguments à ajouter à ce qui vient d'être dit ?

Delphine Martin : Absolument ! Par son unité et sa force, ce livre est incroyablement prenant. Et les lecteurs qui n'ont jamais ouvert de livre de Tolkien ne pourront s'empêcher de rapprocher la figure de Túrin des plus grands héros tragiques : Oedipe, Hamlet…

Daniel Lauzon : Il est évident que le récit du Silmarillion est bien trop court…

« Par son unité et sa force, ce livre est incroyablement prenant. » D.M.


Zelphalya : Quel genre de lecteurs ce nouveau livre va toucher, selon vous ? Le côté tragique ne risque pas de rebuter ?

Delphine Martin : Tous ! Il peut être lu comme un conte épique par des lecteurs plus sensibles au côté « roman d'aventures », mais - comme je le disais plus haut - il peut aussi intéresser des lecteurs par la figure de Túrin, extrêmement complexe et intéressante, attachante, même.

Vincent Ferré : Honnêtement, l'absence de contrepoint comique, parce qu'il n'y a pas de Hobbits, ajoute à la force du texte. Et contrairement au Seigneur des Anneaux, où la sympathie du lecteur va de Gandalf à Aragorn, de Frodo à Sam, ici, le lecteur est aux côtés de Túrin (et, dans une moindre mesure, de sa sœur), il les suit, s'identifie à eux, et ne reprend jamais sa respiration. Ce côté « sombre » est fascinant. Qu'en pensez vous ?

Belgarion : Je dirais que le texte est fort, certes, loin des canons du genre plus contemporain. Mais pour en revenir à l'intérêt des lecteurs, le début du Silmarillion rebute souvent les lecteurs par l'amplitude des noms de personnages. Le premier chapitre des Enfants de Húrin comporte lui aussi beaucoup de références. Cela ne risque-t-il pas d'être un frein ?

Vincent Ferré : Je crois que non. C'est une sorte de « sas » à franchir. Si on le compare à celui du Seigneur des Anneaux, qui dure une centaine de pages (avec le prologue puis les premiers chapitres), je crois que l'étonnement de certains lecteurs sera de courte durée. Mais il est nécessaire de montrer au lecteur qu'il entre dans un autre univers. Vous voyez ? C'est pour cela que je parle de « sas ».

Zelphalya : Il faut planter le décor surtout, notamment pour ceux qui ne connaissent pas Le Silmarillion.

Vincent Ferré : Absolument, c'est essentiel.

Belgarion : Sur l'introduction justement, Christopher Tolkien a fait le choix de partir des éléments connus du Seigneur des Anneaux pour amener vers le passé. Ce faisant, les éléments sont mélangés.

Vincent Ferré : Ce livre s'adresse à la fois aux lecteurs du Seigneur des Anneaux qui ont envie de connaître le passé de ce monde, aux lecteurs curieux qui souhaitent découvrir Tolkien sans se lancer dans une lecture aussi longue que celle du Seigneur des Anneaux, mais aussi aux lecteurs de Tolkien qui connaissent les textes du Silmarillion et des Contes et légendes inachevés ; car reconstituer un puzzle, comme le fait remarquer Belgarion dans sa critique du livre (parue sur le site Climaginaire), n'est pas la même chose que se laisser porter par l'histoire. Des témoignages de lecteurs qui ont pu lire le texte en avant-première dans sa traduction française, montrent que des personnes au profil très variable accrochent vraiment au livre.

Zelphalya : Mais tout de même, il y a beaucoup de différence, entre l'histoire heureuse du Seigneur des Anneaux et la tragédie des Enfants de Húrin, le public peut-il vraiment être le même ?

Vincent Ferré : Je ne suis pas d'accord avec cet adjectif, « heureuse » ; l'histoire du Seigneur des Anneaux parvient à un équilibre entre la tonalité heureuse et un côté sombre, qui est présent : le dénouement n'est pas un happy end naïf. Le lecteur du Seigneur des Anneaux qui découvre Les Enfants de Húrin sera moins marqué, je pense, par la tonalité plus sombre que par la découverte de ce passé, absolument magique…

Daniel Lauzon : Le public est-il si difficile ? Il est évident que ce livre n'attirera pas autant de lecteurs que Le Seigneur des Anneaux, qui est une œuvre hors du commun, mais Les Enfants de Húrin présente un intérêt certain, en soi, pour lui-même. C'est du moins mon avis.

Zelphalya : A priori il pourrait y avoir des lecteurs appréciant Les Enfants de Húrin, n'ayant pas lu Le Seigneur des Anneaux à votre avis ?

Vincent Ferré : Absolument !

Daniel Lauzon : Cela me paraît évident.

Vincent Ferré : C'est très important de le souligner, et j'ai insisté auprès des journalistes sur ce point. La démarche de Christopher Tolkien est vraiment d'ouvrir le monde de Tolkien à tous, qu'ils soient lecteurs du Seigneur des Anneaux ou non. D'ailleurs, les illustrations d'Alan Lee ont un rôle similaire ; elles permettent d'entrer plus facilement dans le texte. Je remerciais tout à l'heure l'équipe de fabrication du Seuil, qui a fait des prouesses techniques, pour parvenir à produire un livre de cette qualité. Cela compte, aussi !

« La démarche de Christopher Tolkien est vraiment d'ouvrir le monde de Tolkien à tous » V.F.


Belgarion : La version française des Enfants de Húrin n'a aucun ajout par rapport à la version originale. C'est un choix de votre part ou une nécessité ?

Vincent Ferré : Une nécessité ! Fidélité absolue au texte. Qu'aurions nous pu ajouter ?

Belgarion : Je parlais d'appendices supplémentaires éventuellement, non pas dans le cadre du texte en lui-même (remarquez que la carte dépliable est grandement appréciée).

Zelphalya : Vous parliez tout à l'heure des annotations dans un fichier de traduction des Lettres par exemple. Aurait-il pu y avoir un appendice expliquant certains choix de traduction ou la difficulté ?

Daniel Lauzon : Ce serait le point de départ d'un autre livre !

Delphine Martin : La question de Belgarion est importante : les Appendices sont essentiels, car Christopher Tolkien y expose sa démarche, la manière dont il est parvenu à cette version. Cette exposition, cette présentation est magnifique, et révèle le caractère hautement méticuleux de son travail. Adam Tolkien a d'ailleurs apporté sa contribution à cette édition.

Zelphalya : Vous pensez qu'une version annotée des Enfants de Húrin par Christopher Tolkien serait possible ?

Daniel Lauzon : Étant donné que l'ouvrage s'adresse à un public plus large, l'édition qu'en a faite Christopher Tolkien semble suffisante et adéquate.

Vincent Ferré : Ce serait même contraire à l'esprit de ce livre, destiné à tous, comme le montrent sa mise en page aérée, le dosage des informations dans les appendices, limitées à ce qui est nécessaire et à des « aides » (l'index, la carte). Pour l'édition annotée, voir les Contes et légendes inachevés et Les Lais du Beleriand, par exemple !

Belgarion : Une question de Tuor, responsable de la galerie Tolkiendil et illustrateur. Alan Lee a-t-il choisi lui-même les passages à illustrer ?

Vincent Ferré : Excellente question, que je vais lui poser la semaine prochaine4) ! Je sais seulement que la sélection des illustrations a été très pesée, et que le choix d'Alan Lee a été fait par la famille Tolkien, comme l'indique le site tolkienestate.com5).

Zelphalya : Pour en revenir à un sujet plus général, que pensez vous de l'évolution de la place de Tolkien en France aujourd'hui, notamment par rapport au bilan fait dans Tolkien, Trente ans après ?

Vincent Ferré : J'ai repensé avec plaisir (et émotion, car tout cela est lié à Christian Bourgois) au travail réalisé depuis 2003, lorsque nous avons relancé le programme de publication. Je regarde les livres que j'ai sous les yeux : l'édition de la Biographie de référence, celle de Carpenter (elle était épuisée), Faërie et autres textes, avec des inédits ; les Lettres, essentielles pour comprendre l'oeuvre ; les textes des Monstres & les critiques ; deux tomes de L'Histoire de la Terre du Milieu - Les Lais du Beleriand et La Formation de la Terre du Milieu -, un troisième (La Route Perdue) prévu pour octobre… Tout cela en moins de cinq ans : le lecteur francophone a aujourd'hui accès à une image bien plus complète de ce qu'est l'œuvre de Tolkien. Du côté des médias et de l'université, les réactions sont contrastées, mais de plus en plus favorables. Les universitaires sont de plus en plus nombreux à consacrer des thèses ou des articles à Tolkien (je reparlerai du colloque de juin, à Rambures, un peu plus tard). Du côté des médias, on voit que certains journalistes (comme Frédérique Roussel, aujourd'hui, dans Libération ; ou Benjamin Chapon, qui a consacré une page à Tolkien dans 20 minutes, avec la une6), connaissent bien l'œuvre. C'est une vraie satisfaction de voir que certains journalistes dépassent les clichés. Je suis ulcéré quand je vois certains de leurs confrères condamner Tolkien parce qu'il a du succès… sans avoir ouvert ses livres.

Zelphalya : Quel futur voyez vous pour Tolkien en France ?

Vincent Ferré : Cela dépendra de nous tous, de l'intérêt des lecteurs, des médias, de l'Université. Mais je peux déjà annoncer sans trahir de secret qu'un gros travail porte en ce moment sur un site internet officiel, dont la famille Tolkien est à l'origine : tolkienestate.com. Une version française est en cours de préparation, aussi développée que la version anglaise à venir. Seules quelques pages sont visibles pour le moment…

Zelphalya : Adam Tolkien y a pris une grande part, il paraît. Quelle est sa part d'investissement dans Les Enfants de Húrin et les projets en cours ?

Vincent Ferré : Je crois qu'il vous répondra lui même dans une interview à paraître… mais il secondait son père depuis quelque temps et est désormais au premier rang, en ce qui concerne le travail sur l'œuvre de J.R.R. Tolkien. Je crois qu'on peut le dire ainsi, même si Christopher Tolkien est toujours très présent. C'est Adam Tolkien qui a répondu aux médias anglais lors de la sortie du livre ; c'est lui qui vient à Paris rencontrer des journalistes ces jours-ci.

Zelphalya : Christopher a donc un digne successeur à la barre du vaisseau Tolkien :)

Vincent Ferré : Chacun a sa personnalité, mais nous avons beaucoup de chance que Christopher Tolkien et Adam Tolkien vivent en France, et accordent une telle attention et un tel soutien aux publications en français ! Très honnêtement, et sans chercher à faire plaisir à qui que ce soit, leur aide a été déterminante pour publier les volumes récents.

Delphine Martin : Et j'ajouterai qu'interroger Christopher Tolkien sur le sens de telle ou telle expression dans une lettre (lorsqu'elle était un peu allusive et renvoyait à une lettre non publiée, que son père lui avait écrite), a été une expérience unique et très forte.

Zelphalya : À propos de projets futurs, on parlait tout à l'heure de la révision du Seigneur des Anneaux, les lecteurs de L'Arc et le Heaume savent que le projet a été reporté. Qu'en est-il aujourd'hui ?

Vincent Ferré : Cela a été notre premier projet, et Christian Bourgois m'en reparlait récemment. En fait, courant 2001/2002, lorsque la possibilité de publier des inédits s'est offerte à nous, nous avons longuement discuté avec Christian Bourgois, et Daniel Lauzon (qui, avec « Specq », était le seul survivant de l'équipe initiale), pour décider comment procéder.

Daniel Lauzon : (Specq = David Riggs, un collaborateur et ami américain)

Vincent Ferré : Il nous a semblé que la révision pouvait être faite à n'importe quel moment, ne dépendant que de nous. En revanche, traduire tous les volumes que j'ai évoqués plus haut demandait des circonstances très favorables ; et nous ne pouvions laisser passer notre chance. Les lecteurs de Tolkien sont notre seule préoccupation, avec le texte. Nous sommes aussi impatients que vous. J'ajoute une chose : nous ne travaillons pas à plein temps sur Tolkien, ce qui oblige à hiérarchiser les priorités.

Zelphalya : Quel est le programme pour les History of Middle-earth suivants ?

Vincent Ferré : Je ne sais pas encore quoi répondre. Le désir de Christian Bourgois était de publier tous les History of Middle-earth ; mais il faut prendre en compte la réalité économique, et les choix éditoriaux de sa maison.

Daniel Lauzon : Le cinquième tome arrive… On espère poursuivre avec les History of Middle-earth.

« On espère poursuivre avec les History of Middle-earth. » D.L.


Drak : Pourquoi les Wanderings of Húrin7) ne sont pas dans le livre ?

Vincent Ferré : Je vais être obligé de répondre que nous avons suivi l'édition anglaise, qui est une porte d'accès vers d'autres textes de Tolkien.

Huan : Le fait d'avoir traduit et étudié Les Enfants de Húrin dans le détail a-t-il modifié chez vous l'opinion que vous aviez sur « l'histoire » de Túrin ?

Vincent Ferré : Jusqu'à présent, l'histoire de Túrin était pour moi une histoire parmi d'autres, au milieu de celles du Silmarillion. Avec la publication des Lais du Beleriand, j'ai commencé à m'intéresser de plus près aux deux grandes histoires que sont celles de Túrin et de Beren8). La lecture des Enfants de Húrin a vraiment été une sorte de redécouverte.

Laerin : Qui sera présent à Paris pour les dédicaces ?

Vincent Ferré : Alan Lee, les 28 et 29 février, puis les 15 et 16 mars au salon du livre. Nous avons beaucoup de chance : Alan Lee sera d'abord à Bordeaux et Toulouse, puis en Suisse. Après Aix en 2006, on peut dire que la France a un traitement de faveur…

Zelphalya : Et personne parmi vous ? ;)

Daniel Lauzon : Qui paye le billet d'avion ?

Vincent Ferré : Si bien sûr, je serai présent.

Eleglin : Avez-vous des échanges avec d'autres personnes, comme par exemple Édouard Klozcko… ou d'autres, lors des traductions ?

Vincent Ferré : En fonction des textes, Didier Willis9) a été sollicité, tout comme Benjamin Babut et Bertrand Bellet10). Christine Laferrière a été choisie pour traduire Les Monstres et les critiques, en raison de ses connaissances linguistiques… elle s'est même mise au gallois médiéval pour traduire les textes le plus correctement possible. Des experts ont ponctuellement été contactés, comme le professeur Leo Carruthers, qui enseigne la littérature médiévale anglaise à la Sorbonne.

Hyarion : Est-il vrai que Christian Bourgois éditeur est déjà en rupture de stocks, comme je l'ai entendu dire à Toulouse ?

Vincent Ferré : Je sais que la demande est très forte, dès le premier jour, mais je me renseignerai demain matin ! Je m'occupe des textes, très peu de l'aspect économique. Je sais que le livre d'Alan Lee est en forte demande, et qu'une réimpression a été demandée.

Beren : Sur le plan personnel, quel sera l'« après » Tolkien pour chacun de vous et quel est l'impact de votre expérience sur vos autres travaux de traductions ?

Daniel Lauzon : Ouf… pas facile cette question honnêtement… Je compte bien qu'il n'y ait pas d'« après Tolkien » pour l'instant !

Vincent Ferré : Oui, j'espère que Daniel va être occupé pendant encore 7 ans au moins, 1 volume de History of Middle-earth par an !

Daniel Lauzon : Évidemment, tout après Tolkien est ridiculement facile ! Et peut-être pas aussi agréable.

Delphine Martin : De mon côté, ce travail a réveillé mon désir de me consacrer davantage à la traduction, en traduisant Tolkien ou d'autres auteurs.

Vincent Ferré : Pour moi non plus, il n'y a pas d'« après Tolkien », car de nouveaux projets (un gros projet d'exposition, par exemple) apparaissent régulièrement. C'est plutôt un travail mené parallèlement à mes autres activités. Cela dit, Tolkien en France ne m'appartient pas !

Gandalf : J'ai maintenant deux questions qui se rapprochent : haldor : Le livre est il composé de divers fragments réunis, collés et adaptés ensemble ou s'agit il d'une seule et même pièce écrite sans interruption par Tolkien ? / curu : Le livre est il homogène tout du long au niveau du style, du rythme ?

Delphine Martin : Au-delà du montage, les choix de Christopher Tolkien ont permis de parvenir à un texte homogène. La sélection a été déterminante.

Vincent Ferré : On trouve des moments plus épiques (les batailles), des moments plus centrés sur la psychologie du personnage, des moments plus « romanesques » (au sens de roman d'aventures), mais le style de Tolkien unifie tout.

Drak : Est-ce que l'excellente ;) traduction de ces Enfants de Húrin invite à une révision un jour des traductions du Silmarillion ou des Contes et légendes inachevés ?

Vincent Ferré : Merci Drak pour ce compliment, auquel Delphine est très sensible, car elle a vraiment tout donné sur ce texte. Je réponds sur le fond : une retraduction complète me semble la meilleure solution. Et j'espère qu'elle sera faite dans un futur pas trop lointain ; par exemple, juste après la révision du Seigneur des Anneaux ! Mais la décision appartient à Dominique Bourgois, désormais. N'oublions pas que la maison Bourgois publie de nombreux auteurs, même si les lecteurs de Tolkien l'oublient parfois :-)

« une retraduction complète me semble la meilleure solution » V.F.


Hyarion : Avait-il été envisagé de traduire les History of Middle-earth VI, VII, VIII et IX (la genèse du Seigneur des Anneaux, a priori peut-être plus attractive éditorialement) dans un premier temps, où bien a-t-il toujours été question de traduire les History of Middle-earth dans l'ordre de parution anglaise ?…

Vincent Ferré : Excellente question, qui montre l'attention des lecteurs de Tolkien. Honnêtement, Michaël Devaux11) et moi avons discuté, il y a plusieurs années, de la meilleure formule ; j'ai écrit à Christopher Tolkien pour lui demander si une anthologie de textes des History of Middle-earth pouvait être traduite en français. Sa réponse a été très cohérente avec son souci de l'œuvre de son père : il souhaitait que les traductions suivent l'édition anglaise, y compris dans l'ordre de publication des volumes. Avec le recul, cela m'apparaît comme une évidence absolue : l'Histoire de la Terre du milieu rapporte la naissance d'une œuvre. Impossible de ne pas suivre l'ordre chronologique. (J'essaie d'ailleurs de terminer un article sur le sujet, qui sera mis en ligne ; mais il est un peu long). Je crois que la demande que j'avais faite à Christopher Tolkien était due, au moins en partie, au fait que je n'imaginais pas être encouragé à ce point par Christian Bourgois, pour la traduction des volumes ; et que je ne savais que Daniel était un traducteur aussi… comment dire ? Aussi… en phase avec l'œuvre.

Druss : Dans l'ensemble de l'oeuvre de Tolkien, quel(s) passage(s) préférez-vous ?

Daniel Lauzon : Pour ma part, certains passages du Seigneur des Anneaux, trop nombreux pour être nommés… Difficile d'en choisir un ou deux.

Vincent Ferré : Je rejoins Daniel. C'est par Le Seigneur des Anneaux que j'ai découvert Tolkien. Les premiers chapitres, et la Moria, me laissent un souvenir inoubliable.

Voronwe : Est-ce que l'édition française est sortie au Québec en même temps ?

Daniel Lauzon : En principe, oui. Mais il n'y a pas d'édition séparée pour le Québec ; les libraires importeront les exemplaires des éditions Christian Bourgois.

Amra : une question pour Daniel : tu as évoqué un auteur britannique dont tu traduis deux romans. Appartiennent-ils à la fantasy ? Peux-tu nous dire le nom de cet auteur ?

Daniel Lauzon : Je préfère rester discret sur ce point pour l'instant, d'autant qu'il ne s'agit pas de fantasy !

Turb : Vincent, donc, une question plus lointaine pour finir, et un peu utopique : Tolkien à la Pléiade, annoté par vous tous, on peut y rêver ?

Vincent Ferré : Très honnêtement, la Pléiade ne me paraît pas si utopique, dans quelques années, quand on voit quels auteurs sont entrés récemment dans cette prestigieuse collection. Mais nous avons le temps, et il en faudra pour vaincre les réticences ; n'oublions pas que Tolkien a disparu il y a 35 ans seulement… Il faut du temps pour qu'un auteur soit reconnu de manière plus juste.

Daniel Lauzon : Je suis surpris de cette réponse mais pas déçu !

Belgarion : Eh bien je vous remercie tous de votre présence, de vos réponses, et aussi Zelphalya d'avoir organisé cette rencontre de main de maître.

Daniel Lauzon : Merci à vous tous. Ce fut très agréable. Et un plaisir d'être là.

Vincent Ferré : Merci beaucoup de votre présence à tous et de vos questions, à bientôt sur les forums des sites ! Et continuez à nous aider pour faire vivre Tolkien. C'est par vos encouragements que nous trouvons la motivation de continuer lorsque le travail est un peu difficile.

1) Christian Bourgois est décédé le 20 décembre 2007.
2) L'avant-propos de 1954 et celui de 1966 ont été publiés dans les appendices de Sur les Rivages de la Terre du Milieu en 2001.
4) Alan Lee a confirmé avoir choisi lui-même le sujet des illustrations.
6) Sans parler du Monde, le 6 mars !
7) Texte publié dans le volume 11 de L'Histoire de la Terre du Milieu, The War of the Jewels, non traduit à ce jour.
9) Webmaster du site partenaire Hiswelókë.
10) Webmasters du site Glaemscrafu.
11) Directeur de la revue La Feuille de la compagnie de l'association la Compagnie de la Comté.
 
tolkien/portraits/interviews/traducteurs.txt · Dernière modification: 27/12/2020 18:42 par Zelphalya
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