…Et qu'en est-il de Zanzibar ? Ou un conte de fées pour adultes concernant la légende biographique de Tolkien

Nancy Bunting
traduit de l'anglais par Lucas Zembrzuski — Novembre 2021

Tolkien ayant affirmé avec force que les enfants n'aiment pas les narrateurs intrusifs et obstinés, ce conte de fées est écrit pour les adultes dans l'espoir qu'ils seront plus tolérants et indulgents [envers un tel narrateur] (Lettres p. 310, 346). Dimitra Fimi dans Tolkien, Race, and Cultural History: From Fairies to Hobbits (2009) explique comment Tolkien, comme de nombreux auteurs, gèrent leur présentation pour promouvoir une certaine vision d'eux-mêmes, c'est-à-dire une « légende biographique ».

Une version de cet article a été publiée à l'origine dans Mallorn n°58 (Hiver 2017) et une autre a été lue à la conférence « Mythcon » en juillet 2017 à Champaign, IL.

Nous remercions Nancy Bunting de nous avoir gentiment proposé une version corrigée et augmentée de son article pour la publication sur Tolkiendil.

L'histoire de Mabel Tolkien servant comme missionnaire à Zanzibar avant son mariage est apparue pour la première fois en 1968 dans The Tolkien Relation : A Personal Enquiry (p. 6) de William Ready. Christina Scull et Wayne Hammond relèvent quatre inexactitudes dans le livre de Ready : deux dates, un nom de pub d'Oxford et le travail missionnaire de la mère de Tolkien à Zanzibar (C&G 2, p. 110). Ils supposent que Ready a « mal compris » le nom du pub Bird and Baby et que n'ayant pas pris de notes, il n'est pas surprenant qu'il ait confondu des dates1). Reste l'histoire du travail de missionnaire de Mabel Tolkien à Zanzibar, un nom si inhabituel qu'il est peu probable qu'il ait été mal compris ou mal mémorisé.

Tolkien: Cult or Culture?, un effort similaire pour placer Tolkien dans le contexte de son histoire littéraire et personnelle par John S. Ryan, est paru en 1969. Ryan écrit que ses essais « contiennent souvent […] une part de connaissances personnelles tirées de mon étroite connaissance de J.R.R. Tolkien lorsque j'étais un étudiant très proche de lui à l'école d'anglais de l'université d'Oxford » ([In the Nameless Wood]2), p. ix). C'était à la fin des années 1950 et Ryan est ensuite devenu professeur de folklore et de patrimoine à l'école des arts de l'université de Nouvelle-Angleterre, en Nouvelle-Galles du Sud, en Australie. En universitaire bien formé, Ryan note soigneusement ses sources et les personnes de qui il tire ses citations. Au début de son chapitre « Tolkien, l'homme et l'universitaire », il rapporte ce que Tolkien lui a dit sur son père, Arthur Tolkien. Ryan poursuit : « Sa mère, également d'ascendance du West Midland, avait, avant son mariage, travaillé sous le nom de Mabel Suffield avec ses sœurs comme missionnaire auprès des femmes du Sultan de Zanzibar. Elle semble avoir été une conteuse d'histoires » (p. 9). Autrement dit, Ryan a entendu cette histoire directement de Tolkien. Sur la même page, il cite soigneusement une interview de Tolkien dans un journal et le livre de Ready. Il confirme indépendamment Ready et aussi le rapport de l'histoire sur Zanzibar dans J.R.R. Tolkien, Architect of Middle Earth, la biographie de Tolkien écrite par Daniel Grotta-Kurska en 1976, [basée sur l'interview que ce dernier avait faite] probablement en 1966 (p. 15). En outre, Ryan maintient cette même présentation dans la deuxième édition de 2012 de Tolkien: Cult or Culture?3)

Scull et Hammond indiquent leur familiarité avec l'édition de 1969 de Ryan par un certain nombre de citations, par exemple C&G 1, p. 527, 780 ; C&G 2 p. 371-372, p. 652. Si Ryan est une source suffisamment bonne pour les autres citations de The J.R.R. Tolkien Companion and Guide, alors il doit être considéré comme un informateur précis et fiable lorsqu'il rapporte cette histoire.

Le livre de Ready paraît en 1968. Si le compte-rendu devait être modifié, la biographie officielle de 1977 l'aurait fait. Il est fort probable qu'Humphrey Carpenter ait su que Tolkien était mécontent des rumeurs sur sa mère. L'une des fonctions et/ou objectifs d'une biographie commandée est de corriger les comptes-rendus précédents. Cependant, Carpenter ne nie ni ne contredit le compte-rendu de Ready. Il ne dit rien et laisse le lecteur en suspens avec sa description de Mabel Tolkien comme « remarquable ». Si l'on peut certainement émettre des réserves sur les sensationnelles « femmes du sultan de Zanzibar », dire de quelqu'un qu'il était un missionnaire n'est guère calomnieux ou diffamatoire.

La remarque de Ryan selon laquelle Mabel Tolkien était « une conteuse d'histoires » peut indiquer les réserves de Ryan et/ou de Tolkien quant à la base factuelle de cette histoire. Cela serait cohérent avec l'opinion de Scull et Hammond selon laquelle l'histoire du service de Mabel (Tolkien) à Zanzibar est « une histoire totalement sans fondement ». Mais qu'elle soit fondée ou non sur des faits, au moins deux voire trois comptes-rendus indépendants, tous rédigés par des personnes qui admiraient Tolkien et ne voulaient en aucun cas nuire à sa réputation, attestent que Tolkien a raconté cette histoire4). Cet essai traite du contexte de l'histoire de Zanzibar et de ce qu'elle nous apprend sur la personnalité intéressante et complexe de Mabel Suffield Tolkien.

Mabel Tolkien

Mabel Tolkien, dans les années 1890

Le conte de fées

Il était une fois — en l'an 1896 — dans un petit village — son nom était Sarehole — une belle et jeune veuve. Peut-être avez-vous vu sa photo dans Black and White Ogre Country5) d'Hilary Tolkien ? De toute évidence, dans sa jeunesse, elle aurait pu faire tourner les têtes dans la rue. Et elle avait deux adorables garçons en bas âge aux cheveux bouclés et à la tête dure : double problème. Elle vivait dans un logement [modeste, propriété du notaire Arthur Henry Foster qu'il construisit pour ses domestiques (Blackham, p. 23, Brace)] et recevait un peu d'argent d'un beau-frère, Walter Incledon, de sorte qu'elle maintenait un style de vie de « pauvreté distinguée »6)7).

Une si belle femme, vivant seule avec deux jeunes enfants, aurait fait parler d'elle dans le quartier, voire dans les trois villages voisins, comme le savent tous ceux qui ont vécu dans une petite ville. Elle était instruite et cultivée, jouait du piano, connaissait des langues étrangères et avait participé à l'activité populaire de l'époque victorienne consistant à jouer dans des pièces de théâtre8). De toute évidence, une telle femme avait besoin d'un homme fiable pour prendre soin d'elle, subvenir à ses besoins et adopter une attitude ferme à l'égard de ses deux jeunes fils qu'elle laissait errer apparemment à leur guise et sans surveillance (Bio, p. 21). De plus, il se peut qu'elle ait été — comme le dit si bien Elvis — solitaire9) .

Il est très probable que Mabel Tolkien ait suivi la stricte étiquette victorienne consistant à porter du noir en guise de deuil pendant les deux années suivant la mort de son mari, plus six mois de « demi-deuil », c'est-à-dire que la robe noire pouvait être plus garnie et avoir certaines couleurs comme le gris ou le mauve10). Pendant les deux premières années de deuil, la seule activité sociale attendue était la fréquentation de l'église11). La reine Victoria a établi la norme en matière de deuil, et Mabel Tolkien aurait pu continuer à porter du noir comme la reine. De nombreuses veuves continuent à porter leurs alliances. Les deux années de deuil se seraient terminées en février 1898 et ce n'est qu'à ce moment-là ou peut-être en août, que des gentlemen auraient fait leur apparition. Malheureusement, ils n'ont pas tenu compte d'une chose : ils n'ont pas tenu compte de Mabel Tolkien.

Nous disposons d'anecdotes qui nous renseignent sur certains aspects importants du caractère de Mabel Tolkien. Elle était volontaire et indépendante dans sa cour avec son futur mari. Elle contourna le strict protocole victorien en échangeant des lettres secrètes avec son fiancé, Arthur Tolkien, en demandant à sa jeune sœur, Jane, de lui transmettre les lettres sur le quai de la gare de New Street à Birmingham (Bio, p. 9)12). Étant donné que Mabel avait dix-huit ans et sa sœur seize, elles n'auraient pas pu garder longtemps ce secret face à leur père qui en avait environ cinquante-cinq. En fait, cet échange de billets doux n'a duré que « quelques mois » (C&G 2, p. 1009). Tout comme le père Francis, le tuteur de Tolkien, a appris les rendez-vous soigneusement déguisés des adolescents J.R.R. Tolkien et Edith Bratt, sa future épouse, à l'automne 1909, il aurait été difficile de dissimuler cette communication clandestine à la surveillance et aux commérages de la société victorienne (Bio, p. 41).

L'issue probable de ce qui aurait été considéré comme le comportement rebelle et provocateur de Mabel, qui frôlait le scandale, était prévisible. John Suffield, son père victorien, a dû agir. Il a d'abord interdit des fiançailles officielles pendant deux ans. Mais le fait que Mabel fasse fi des conventions aura alimenté les ragots et le ridicule qui auront affecté la réputation de la famille et les affaires de son père. Personne dans la société bourgeoise de 1888 n'aurait trouvé cela joliment « romantique », car la crainte d'une grossesse aurait été très proche. Il suffit de penser à la mère d'Edith Bratt, qui a été séduite par son employeur alors qu'elle travaillait comme gouvernante, pour savoir que ce scénario était très probable (C&G 2, p. 1012). De même, en 1882, Sigmund Freud, un étudiant en médecine appauvri, et Martha Bernays, âgée de 20 ans, se fiancèrent secrètement. Lorsque la mère veuve de Martha l'apprit, la famille Bernays décampa de Vienne dans l'année pour s'installer dans l'arrière-pays de Wandsbek, près de Hambourg (Burke, p. 47). Mme Bernays n'avait pas l'intention de laisser les rumeurs, les insinuations ou les caprices des hormones souiller sa famille et l'avenir de Martha. L'appartenance à la classe moyenne du xixe siècle était fragile et dépendait de la santé, du travail, de l'autodiscipline et d'un peu de chance. Une grossesse hors mariage était l'un des moyens les plus rapides d'en sortir.

★ Pour en finir, John Suffield a dû séparer le couple tout comme le père Morgan, tuteur de Tolkien, et le tuteur d'Edith Bratt ont séparé J.R.R. Tolkien et l'objet de son affection. La fière Mabel Tolkien se sera retrouvée confiée à un parent, à l'abri du danger. Il a pu s'agir de son frère aîné, Roland, à Manchester (Morton et Hayes, p. 14).13) En 1889, Arthur Tolkien partit en Afrique du Sud poursuivre sa carrière à la Lloyd's Bank, et sa propre famille, mécontente, aura été débarrassée de tout souvenir de son indiscrétion et de son comportement subreptice. Cela aura également permis à Mabel de retourner dans sa famille (C&G 2, p. 1009)14). De plus, John Suffield, le père de Mabel, se sera félicité lorsque Mabel embarqua vers l'Afrique du Sud pour se marier en avril 1891. Il ne put y avoir de clins d'œil, de sourires narquois ou de hochements de tête lorsque J.R.R. Tolkien est né en janvier 1892. Bien que le bébé soit prématuré, il n'était pas le résultat d'activités extraconjugales.

Lors de la visite familiale de 1895 en Angleterre, Mabel Tolkien apprit la mort inattendue de son mari. Elle n'allait pas continuer à rester sous le toit de son père et se voir imposer des limites ou lui dire quoi faire, surtout [s'il y avait eut] l'humiliation probable d'être expédiée pour éviter le scandale. C'était très bien de rester pour une visite, mais elle s'arrangea rapidement pour obtenir des quartiers indépendants. Avec un peu d'argent de Walter Incledon, un autre beau-frère, elle pouvait s'offrir les beaux vêtements de qu'elle préférait pour les garçons : « La parure de l'époque : de courts manteaux de velours noir et des pantalons qui descendent jusqu'aux genoux, de grands chapeaux ronds avec des cordons de serrage, des chemises en satin blanc à froufrous avec de larges cols et d'énormes rubans rouges en forme de nœuds lâchement noués au cou » (Grotta-Kurska, p. 17).

Bien que les moyens financiers de Mabel Tolkien aient pu être minces, elle comprit ce que Virginia Woolf savait : l'écart considérable entre l'image populaire de la femme puissante dans la littérature et la réalité quotidienne de l'expérience des femmes15). Woolf écrivait :

Si la femme n'avait d'existence que dans les fictions écrites par les hommes […] on l'imaginerait comme une personne de la plus haute importance […] mais il s'agit d'une femme dans une fiction. En fait […] elle a été enfermée, battue et jetée dans la pièce. Dans l'imaginaire, elle est de la plus haute importance ; dans la pratique, elle est complètement insignifiante […] Elle domine la vie des rois et des conquérants dans la fiction ; en fait, elle était l'esclave de n'importe quel garçon à qui les parents avaient imposé la bague au doigt […] dans la vie réelle, elle savait à peine lire, pouvait à peine épeler et était la propriété de son mari ([p. 46-47]).

Mabel Tolkien vivait peut-être dans une « pauvreté distinguée », mais elle était légalement indépendante. Personne ne pouvait désormais lui dire quoi faire. Pendant son mariage, son mari semblait l'adorer et l'accommoder autant qu'il le pouvait (Bio, p. 12). Elle pourrait ne pas avoir cette chance à nouveau. Elle n'avait pas besoin de compromettre son statut juridique et, quoi que les hommes puissent penser, elle n'était pas pressée de se remarier.

Mais que pouvait-elle faire ? Nous sommes en 1898, et elle ne pouvait pas dire à un certain nombre d'hommes, qui se présentaient comme ne pensant qu'à ses intérêts, « d'aller se faire voir ailleurs ». Elle devait trouver un autre moyen et présenter une excuse socialement acceptable qui la débarrasserait de ces nuisances et de leur attention indésirable.

La capacité de Mabel à gérer une autre situation difficile est pertinente pour savoir comment elle aurait pu gérer cette situation gênante. Elle avait déjà fait preuve d'ingéniosité lorsqu'elle avait été confrontée à une autre situation embarrassante sur le plan social, quand elle vivait en Afrique du Sud. Lorsque J.R.R. Tolkien avait trois ans, Isaak, le garçon de maison, l'a « emprunté » « pendant plusieurs jours » et emmené dans son kraal ou village natal pour qu'Isaak puisse « montrer fièrement » le garçon blondinet et aux yeux bleus16). Grotta-Kurska et Carpenter rapportent tous deux que la famille fut « paniquée » et « bouleversée » lorsqu'elle découvrit que le petit J.R.R. Tolkien avait disparu.

Grotta-Kurska rapporte que Tolkien se remémorait cette histoire « avec beaucoup d'amusement » (p. 15). Tolkien devrait être très amusé car cette histoire est complètement absurde.

Il est certain qu'Isaak a emmené Tolkien visiter son kraal. Cependant, il n'est pas possible qu'Isaak ait fait cela sans l'autorisation ou la connaissance de son employeur ou au moins de Mabel Tolkien, qui était en charge de la maison. Bloemfontein était la capitale de l'État Libre d'Orange. La première loi sur les laissez-passer, visant les travailleurs africains dans les riches champs miniers de Kimberley et de Witwatersrand, est entrée en vigueur en 1895, l'année où le jeune Tolkien eut trois ans. L'objectif de cette loi était de contrôler et de limiter la mobilité des travailleurs noirs (Thompson, p. 121). Aucun Noir Africain de sexe masculin portant un blondinet blanc en bas âge n'aurait été autorisé à passer sans une explication qui aurait nécessité une déclaration écrite. Les habitants de Bloemfontein connaissaient peut-être Isaak en tant que serviteur des Tolkien et n'étaient peut-être pas préoccupés par le fait qu'il escortait le jeune J.R.R. Tolkien dans la ville. Cependant, pour atteindre son village, Isaak aurait dû emprunter des routes communes qui étaient utilisées par les Boers locaux. Les Boers n'auraient pas attendu que les lents rouages de la justice tournent s'ils avaient des raisons de croire qu'un homme noir enlevait un enfant blanc. Isaak était peut-être impatient d'exposer cet enfant extraordinaire, mais il n'était pas stupide, fou ou imprudent au point de mettre sa vie en danger.

Le droit pénal, contrairement au droit civil, ne nécessite pas le dépôt d'une plainte. Si Isaak avait effectivement enlevé J.R.R. Tolkien à l'insu de sa famille, il aurait été accusé d'enlèvement. Les accusations auraient été abandonnées par la suite s'il y avait eu des circonstances atténuantes. Mais y a-t-il une raison de croire qu'Arthur ou Mabel Tolkien, quelles que soient leurs opinions politiques, aient pu tolérer qu'un domestique, noir ou blanc, kidnappe leur enfant ? Il n'aurait pas été si difficile de remplacer un domestique noir. Rien n'indique que Mabel Tolkien, qui prenait tant de plaisir avec son premier enfant, beau et radieux, ait été si distante et détachée de lui que sa perte éventuelle ait pu si peu lui importer [au point d'être indifférente à l'égard de l'éventuel ravisseur de son fils] (Bio, p. 14).

Il y a simplement trop d'implications invraisemblables dans l'histoire telle qu'elle se présente.

La famille Tolkien le 15 novembre 1892

La famille Tolkien photographiée le 15 novembre 1892. De gauche à droite : Arthur Tolkien, une domestique, Mabel Tolkien, Issak, la gouvernante, J.R.R. Tolkien

Pour comprendre cette situation et ce qu'elle implique, il faut tenir compte des conventions de l'époque concernant les domestiques. En Angleterre, une coutume bien établie voulait que les domestiques puissent emmener les jeunes enfants dont ils avaient la charge rendre visite à leur famille, avec l'autorisation de leur employeur. Edith Nesbit publia Une drôle de fée en 1902, et le succès de cette histoire repose sur le contraste entre une description précise de la vie quotidienne, typique de la classe moyenne, et l'intrusion de la fantaisie. Nesbit présente la pratique courante et socialement acceptée selon laquelle la domestique emmène le plus jeune enfant chez elle pour le montrer à sa famille, à la connaissance de son employeur17). En supposant qu'Isaak ait indiqué à quel point son clan serait heureux de voir un enfant blanc aux yeux bleus et à la tête blonde, Mabel Tolkien a peut-être choisi de suivre la coutume anglaise ordinaire sans se soucier de la manière dont les autres pourraient la trouver culturellement choquante dans le contexte de l'État libre d'Orange. Les conventions sociales ne lui avaient pas semblé très contraignantes lors de sa cour et il n'y avait aucune raison qu'elles le soient maintenant. Elle a même inclus les domestiques natifs dans la carte de Noël familiale de novembre 1892 (Bio, p. 149). Isaak, en tant que victime de longue date de la discrimination et des abus des Boers, devait savoir qu'il fallait obtenir une sorte de laissez-passer ou de permission écrite pour se protéger lors de ses déplacements vers et depuis son village.

Pour autant, lorsque Arthur Tolkien a appris ce fait accompli ou que ses voisins l'ont appris, il y a [probablement] eu des réactions horrifiées. Arthur Tolkien devait tenir compte de l'attitude de ses clients Boers. Il devait travailler très dur en tant qu'étranger pour entretenir et créer de nouveaux comptes pour sa banque anglaise dans l'État libre d'Orange, alors que les suspicions et les tensions entre les Boers et l'Angleterre s'intensifiaient et culminèrent avec la guerre des Boers de 1899-190218). Il ne pouvait pas se permettre que d'autres personnes soient offensées par l'attitude désinvolte de sa femme à l'égard d'un domestique noir africain et par sa volonté de confier leur enfant à un sauvage et à sa tribu non civilisée, voire barbare. Auparavant, Mabel avait été un atout commercial, car elle était assez populaire et participait aux activités théâtrales locales (Gorelik, p. 7). Si, en privé, elle se plaignait de la vie à Bloemfontein, avec « les incessantes visites de politesse et les dîners assommants », elle comprenait que cela était nécessaire pour la carrière de son mari (Bio, p.14). [Elle accompagnait même Arthur lors de longs voyages d'affaires qui traversaient des territoires non civilisés (McIlwaine, p. 116)]. Arthur Tolkien a dû faire savoir à sa femme qu'elle avait mis en péril son statut professionnel.

Son recours [a peut-être été] de feindre l'ignorance, l'innocence, le choc et les bouleversements émotionnels dramatiques. Arthur Tolkien [était peut-être] heureux de l'aider à couvrir ses traces. Bien sûr, ils furent ravis quand Isaak revint avec le jeune J.R.R. Tolkien. Mais ils ne pouvaient ni licencier Isaak ni permettre que des accusations soient portées contre lui, car dans tous les cas, Isaak aurait révélé la façon dont il se justifia auprès de tous les étrangers qu'il rencontra. D'une manière ou d'une autre, Arthur Tolkien [semble avoir] fait en sorte que les autorités comprennent qu'il s'agissait d'un malentendu et il invoqua l'attitude « libérale » et la « tolérance » de sa femme envers les indigènes pour justifier sa décision de ne pas renvoyer Isaak (Bio, p. 13).

★ Si cela s'est produit lorsque Tolkien avait trois ans, cela a dû avoir lieu en 1895 puisque l'anniversaire de Tolkien est le 3 janvier19). Une visite familiale en Angleterre, programmée par Mabel Tolkien et des garçons a suivi peu après, en avril 1895. Quitter la ville laisserait les commérages et la poussière retomber.

Il se peut que d'autres tromperies sociales aient été impliquées dans cet épisode, mais au moins cette reconstitution tiendra compte des faits. Un examen attentif montre que Mabel Suffield Tolkien était « une conteuse d'histoires ».

Pour en revenir à 1898, Mabel Tolkien vivait dans un cottage à Sarehole. La seule activité sociale de Mabel Tolkien, la fréquentation de l'église pendant ses deux années de deuil, aurait permis d'établir sa propre respectabilité20). Pour s'adapter à ses voisins et dans l'espoir de décourager et/ou de se débarrasser de certains de ses soupirants importuns, Mabel Tolkien a probablement insisté sur ses origines religieuses. Pour ce qui est de réduire le nombre d'admirateurs, cela a probablement eu peu d'effet. Cependant, ceci lui a peut-être donné une idée.

Si nous considérons que Mabel Tolkien a quitté Birmingham à partir de 1888, lorsque son père l'a poussée hors de la ville pour la séparer d'Arthur Tolkien, alors Mabel Tolkien [a pu] broder et couvrir son absence. Elle annonça qu'elle était partie en mission avec ses sœurs à Zanzibar. Sa sœur Jane s'était installée à Liverpool en 1896 pour enseigner les sciences dans un lycée de filles et ne revint pas dans la région de Birmingham avant 1899 (Burns). La sœur aînée de Mabel, May Incledon, vivait avec son mari et ne semble être revenue dans la région de Moseley que vers 1900. Avec ses deux sœurs absentes en 1898, il aurait été difficile pour quiconque de vérifier cette histoire. Mabel Tolkien aurait été connue comme une missionnaire étrangère auprès de sauvages non éclairés, gagnant le respect et l'admiration de ses pieux [voisins]. Elle aurait été « célèbre ». Elle aurait également envoyé un message clair à tous les gentlemen locaux, à savoir qu'en tant que femme pieuse, elle avait été dans des endroits, fait des choses et vécu des expériences qu'ils ne pouvaient même pas imaginer égaler. Cela a probablement eu l'effet désiré de dégonfler leurs intérêts romantiques et matrimoniaux.

L'histoire de Zanzibar est presque certainement une invention. En 1900, la jeune sœur de Mabel, Jane, s'est présentée aux élections du conseil scolaire sous l'étiquette du Church Party. Elle menait une campagne énergique et prenait la parole lors de réunions. Il aurait été facile et évident pour elle de souligner toute activité religieuse antérieure. Mais il n'y a jamais eu un mot sur un quelconque travail missionnaire (Burns).

Mabel Tolkien ne pensait probablement pas grand-chose de sa ruse réussie d'enthousiasme religieux. Néanmoins, en 1898, son fils de six ans [a pu] se souvenir de la déférence et de l'impression qu'inspiraient aux gens les références missionnaires de sa mère. Le jeune J.R.R. Tolkien aura cru à cette histoire et se sera réjoui de sa « célébrité ». Carpenter affirme que la « véritable biographie de Tolkien est le Hobbit, le Seigneur des Anneaux et le Silmarillion » (p. 260). Il établit un parallèle explicite entre Belladonna Touc et Mabel Suffield Tolkien (p. 175). Dans le Hobbit, le commentaire inexpliqué de Gandalf, « pour le bien de la pauvre Belladonna », prend tout son sens dans le contexte de la vie ultérieure de Mabel Suffield Tolkien, comme en témoigne la remarque de Tolkien selon laquelle sa mort était due aux « persécutions, la pauvreté et (très largement leur résultat) la maladie, par l'effort qu'elle faisait pour nous transmettre la Foi à nous petits garçons »21). Les souvenirs de Tolkien des années passées à Sarehole incluront toujours et seront toujours colorés par le statut social de sa mère sur la base de ses supposées activités religieuses et créeront la référence énigmatique à « la fameuse Belladonna Touc » (H, p. 12).

La personne la plus susceptible d'avoir dissipé l'illusion de J.R.R. Tolkien était sa tante May Incledon lorsqu'elle et sa sœur Mabel Tolkien suivaient des cours pour devenir catholiques au printemps 1900 (Bio, p. 23). Le jeune J.R.R. Tolkien aurait-il mentionné ou posé des questions sur les anciennes activités missionnaires de sa tante avec sa mère et appris qu'elles n'existaient pas ? Quelle que soit la façon dont il a appris la vérité, son admiration pour l'intelligence de sa mère et sa capacité à raconter une histoire semble être restée intacte.

Mabel Tolkien la compliquée

Tolkien ne parlait de sa mère que dans les termes les plus positifs et les plus idéalisés : « Une dame douée d'une grande beauté et d'un bel esprit » dont « son seul enseignement » (à l'exception de la géométrie) ont permis à Tolkien d'obtenir « une bourse à l'école King Edward VI, à Birmingham » et dont la mort a été perçue par Tolkien comme celle d'une martyre catholique22). Néanmoins, elle était plus qu'une figure bidimensionnelle en carton qui aurait pu sortir d'un roman de Dickens.

Carpenter reconnaît que dans la biographie officielle, il a dépeint Tolkien « comme il se voyait lui-même, et en laissant de côté plusieurs questions difficiles »23). L'exécuteur littéraire et éditeur de J.R.R. Tolkien, son fils, Christopher Tolkien, a exigé de Carpenter, le biographe, qu'il réécrive complètement sa version originale [de la biographie officielle], et Rayner Unwin, l'éditeur de Tolkien, confirme cette information (p. 249). Carpenter, lorsqu'il parle de la façon dont il a « castré » sa version originale de la biographie de Tolkien et « coupé tout ce qui était susceptible d'être litigieux », ajoute que demander à quelqu'un d'écrire une biographie est « un peu comme inviter un détective privé à enquêter sur vos secrets de famille »24). L'utilisation par Carpenter du mot « castré » indique que ce qui a été laissé de côté était important et fondamental. Ce qui a été laissé serait trompeur en raison d'un contexte incomplet. Cela inclut [probablement] l'histoire de la mère de Tolkien, Mabel25).

Avant le déménagement de 1896 à Sarehole, le jeune J.R.R. Tolkien avait été pris en charge par des domestiques. Compte tenu de la situation financière de son père, la famille disposait d'une servante noire africaine, d'un domestique noir africain et d'une nourrice blanche, qui était peut-être une nourrice allaitante pour Tolkien dans sa petite enfance (Bio, p. 13). Par conséquent, il est probable que Mabel Tolkien ait été peu impliquée dans les tâches quotidiennes de garder les enfants. Rose rapporte qu'à cette époque, le « contact des enfants avec les parents était très formel ; les enfants étaient soigneusement lavés et habillés, et descendaient à des heures fixes dans la journée accompagnés de la nourrice pour s'asseoir et parler poliment avec maman et papa. Dans […] les maisons de la classe moyenne, où il y avait moins de domestiques intermédiaires, le contact était plus spontané […] mais là aussi le temps était susceptible d'être strictement rationné, et il restait un cadre défini de discipline » (p. 228). Les domestiques africains natifs avaient tendance à se montrer indulgents envers leurs protégés en leur accordant une attention constante, et ils étaient peu enclins à provoquer toute expression de colère ou de mécontentement chez un enfant blanc (Shengold, p. 274). Cette habitude de confier à d'autres personnes la routine quotidienne des soins et de la discipline des enfants s'est poursuivie lorsque Mabel Tolkien embarqua pour l'Angleterre avec ses deux fils en avril 1895, son mari Arthur ayant « engagé une nourrice pour les accompagner » (Bio, p. 15). En février 1896, elle avait encore une nourrice pour l'aider à s'occuper des enfants, car J.R.R. Tolkien « dicta à la nourrice une lettre pour son père » (Bio, p. 16). Cette situation a [probablement] pris fin à l'été 1896 lorsque Mabel Tolkien et ses fils déménagèrent à Sarehole avec un budget très limité. (Bio, p. 19-20).

Carpenter écrit que lorsque la famille déménagea à Sarehole, « Hilary Tolkien n'avait que deux ans et demi, mais il suivit bientôt son frère dans ses expéditions vers le moulin, en bas du pré » « où ils pouvaient voir les grandes courroies de cuir, les poulies, les arbres de transmission, et les hommes au travail » (p. 20). Faut-il s'étonner que le meunier local, que les garçons Tolkien appelaient l'Ogre blanc, ait essayé d'effrayer deux enfants en bas âge pour les éloigner des machines dangereuses ? Ils devaient être fréquemment seuls car dans son article de 1991, « Tolkien's shire », John Ezard rapporte que George Andrew, « l'Ogre blanc », le fils du meunier locataire, a déclaré : « Ces deux-là étaient de petites nuisances périlleuses. » Encore une fois, « il se plaignait des gens qui pique-niquaient sur leurs terres, près de toutes les machines. Il disait que les Tolkien étaient parmi les pires. »26)

★ Grotta-Kurska note que Tolkien et son frère faisaient « fréquemment de longues promenades dans la campagne - une pratique établie et encouragée par sa mère » (p. 17). Ils avaient manifestement toute latitude pour vagabonder, et ils étaient seuls, car Hilary se souvient d'un vieux fermier qui « se jetait sur vous et vous disait quelles horribles choses vous arriveraient s'il vous surprenait à nouveau en train de vous écarter du sentier » et « je ne sais pas ce qu'il nous aurait fait s'il avait réussi à nous surprendre en train de pique-niquer et de faire du feu » dans « Bumble Dell » (p. 4). Ils y étaient seuls tous les deux lorsque leur mère les a surpris en prenant une voix grave (Bio, p. 21). Mabel Tolkien a certainement lu ces commentaires dans le cahier d'exercices de son fils Hilary et ne s'inquiétait [manifestement] pas de leur intrusion, leur errance et de leur possible mise en danger sur la propriété d'autrui. Ce manque de préoccupation pour les opinions des autres était cohérent avec son indifférence précédente à l'égard des conventions.

Il y avait une grande liberté là-dedans, à la fois pour Mabel et pour les garçons, mais ce manque de surveillance semble être une négligence bénigne de classe inférieure plutôt que le genre de jeu plus surveillé que l'on voit dans les familles de classe moyenne, par exemple la vigilance que l'on voit dans Une drôle de fée où la bonne est à portée de voix et peut surveiller les enfants, bien que les enfants puissent décider de partir dans des aventures non autorisées. On pense au contraste entre l'enfant de classe inférieure, Dicken, et Mary et son cousin aisé strictement surveillés dans Le Jardin secret. Dans Orphans, Real and Imaginary (1987), Eileen Simpson écrit qu'au « milieu du xixe siècle, lorsque, avec le culte de la domesticité, la famille bourgeoise a atteint son apogée sentimentale, […] les enfants des classes moyennes et de la haute société étaient dorlotés comme jamais auparavant », mais pas par Mabel Tolkien (p. 140).

★ Dans « Du Conte de fées », Tolkien se souvient qu'il aimait « les Indiens rouges […] il y avait des arcs et des flèches […], des langues étranges, des aperçus d'un mode de vie archaïque et, surtout, des forêts dans ces histoires » (p. 134). On peut se demander si les proches de Tolkien ont décrit son errance avec son frère comme agissant tel le proverbe « bande d'Indiens sauvages ». Cependant, la famille élargie de Mabel Tolkien ne pouvait rien faire car les enfants étaient légalement la propriété de leurs parents et étaient utilisés par eux comme des biens personnels ou familiaux (Pinchbeck et Hewitt, p. 348). Le jeune J.R.R. Tolkien était la possession de sa mère car elle était la seule tutrice légale en raison de la mort de son mari.  

Le résultat final terrifiant, mais peu surprenant, de ce mode d'éducation du laissez-faire semble avoir été la quasi noyade d'Hilary. Carpenter ne s'attarde que sur les tentations du moulin avec « la roue à aubes tournant dans sa sombre caverne » et le bassin derrière le moulin « un endroit dangereux et excitant » avec des eaux qui « plongeaient soudainement par-dessus le sas vers la grande roue en dessous » (p. 20). Hilary Tolkien révèle : « Je suis tombée dans la mare du moulin une fois, mais ma mère était si heureuse que je ne me sois pas noyé que je n'ai même pas été grondé » (p. 6). Les garçons ne devaient pas être accompagnés27)

Mais l'image de Mabel Tolkien est encore plus complexe. Avant son mariage, elle avait été gouvernante (Grotta-Kurska, p. 18)28). L'emploi de Mabel Tolkien en tant que gouvernante aurait été compatible avec l'investissement de sa famille dans l'éducation, et c'était l'une des rares occupations socialement acceptées pour une femme de la classe moyenne, pas encore mariée. Bien qu'en se dispensant d'une surveillance fastidieuse, elle attendait [probablement] un comportement et des résultats scolaires exemplaires [(Tolkien in Oxford, p. 139)]. J.R.R. Tolkien était un enfant dont sa mère pouvait être fière puisqu'il lisait déjà à l'âge de 4 ans et ne tarda pas à écrire (Bio, p. 21). Néanmoins, avec le déménagement de 1896 à Sarehole, non seulement la veuve en détresse, Mabel Tolkien, devait s'occuper des enfants et les discipliner elle-même, mais ses propres attentes en matière de comportement acceptable chez les enfants devaient être très différentes de l'indulgence à laquelle ils avaient été habitués en Afrique du Sud de la part des domestiques indigènes et qui leur avait peut-être été accordée par des proches affectueux pendant leur séjour en Angleterre. Les gouvernantes avaient souvent une réputation de « discipline vicieusement stricte » (Rose, p. 165). La façon dont elle habillait ses fils de manteaux courts en velours noir, de grands chapeaux ronds et de chemises à froufrous en satin blanc ne leur permettrait pas d'être turbulents. Elle désapprouvait les langues inventées par le jeune J.R.R. Tolkien qu'elle considérait comme « une frivolité inutile qui lui fait perdre un temps qui pourrait être mieux employé à étudier » pour ses examens d'entrée à la King Edward VI School, qu'il rate en novembre 189929). Il dut s'atteler au travail et son carnet de notes, contenant ses premiers langages, fut détruit. Étant donné l'amour de Tolkien pour les langues, cela devait être incroyablement douloureux car 30 ans plus tard, il rappela l'évènement alors qu'il écrivait « Un vice secret » au début des années 193030)

Nous pouvons également apprendre quelque chose sur la façon dont Mabel Tolkien concevait l'enseignement aux enfants en la comparant à sa sœur, Jane Suffield Neave, enseignante de formation, qui accueillait les enfants dans sa ferme Phoenix pour des activités éducatives telles que la culture de champignons, les promenades en campagne et l'observation des constellations (Morton et Hayes, p. 22). Bien que Jane Suffield Neave fut « inlassablement intéressante », elle était capable « d'adopter une attitude sévère sur les questions d'ordre domestique »31). En tant que gouvernante, il est probable que Mabel ait partagé ce trait de caractère de « sévérité ». 

En général, les attentes des gens vis-à-vis de leurs enfants sont susceptibles de correspondre à leur propre éducation, à moins que des changements très conscients et délibérés ne soient apportés. Julian Tolkien, un fils d'Hilary Tolkien, et né dans les années 1930, a rappelé en 2001 qu'ils avaient été élevés pour ne pas parler à moins qu'on leur adresse la parole32). Christopher Tolkien, fils et exécuteur littéraire de J.R.R. Tolkien, note que le personnage de La Route perdue, Alboin, a une biographie qui « est à bien des égards largement inspiré de sa propre vie ». Il écrit qu'à l'instar d'Alboin, son père s'adressait fréquemment à ses fils en les appelant « mon garçon (boy) » comme « une marque d'amitié et d'affection », par opposition à l'utilisation dans « une relation distante, un ton de maître à élève » (La Route perdue, p. 53). La biographie de Carpenter et l'album de famille de Tolkien indiquent généralement l'attitude affectueuse et empathique de J.R.R. Tolkien envers ses enfants, mais le fait de s'adresser à ses fils en les appelant « mon garçon (boy) » sur un « ton de maître à élève » aurait convenu à une gouvernante à l'« attitude sévère » qui ne permettait aux enfants de parler que lorsqu'on s'adressait à eux directement (Bio, p. 158-161). 

Dans son vieux journal intime, Hilary Tolkien est tout à fait franc à propos d'une « bonne raclée » qu'il a reçue. À l'époque où il vivait à Sarehole, Hilary avait entre 2 et 6 ans et demi, et il aurait été incapable de résister à la tentation des jolies fleurs, des étangs du moulin, etc. (p. 2)33).

★ Dans sa conférence « Du Conte de fées », Tolkien écrit que « les années (peu nombreuses, mais qui semblaient fort longues) entre le moment où j'ai appris à lire et celui où je suis allé à l'école » étaient « vraiment une période triste et troublée » (p. 135). Tolkien a commencé à lire à l'âge de quatre ans et il intégra l'école en 1900, à huit ans, à la King Edward VI School, c'est-à-dire pendant les années où il vivait à Sarehole avec sa mère (Bio, p. 21). Tolkien considéra ces années comme « la partie la plus longue et la plus formatrice de ma vie » (Bio, p. 24). Cette « période triste et troublée » ne pouvait pas être due à des difficultés financières ou au manque de famille, étant désormais élargie34). Il est probable qu'il s'agisse [non seulement de la destruction de ses premières précieuses langues inventées et à l'impact de la quasi-noyade de son frère, mais aussi] de violence physique, car les coups infligés aux enfants par les parents et les étrangers étaient courants, acceptables et banals au début du xxe siècle. Ces « raclées » ou coups doivent également être considérés dans le contexte où les punitions des garçons étaient infligées par châtiments corporels occasionnels et fréquents, en particulier dans les écoles publiques anglaises (Rose, p. 179). La croyance largement répandue et acceptée voulait que cette pratique était non seulement pour le bien de l'enfant, mais aussi nécessaire à son éducation (Rose, p. 180). L'autorité et la coutume bibliques, à savoir « Qui aime bien châtie bien », soutenaient la violence physique et l'exploitation des enfants, et cela s'appliquait également aux nourrissons. La maltraitance physique n'était pas nécessairement le signe d'une aversion pour l'enfant. Les gens pouvaient se considérer, et être considérés par les autres, comme de bons parents et battre leurs enfants. Les enfants étaient vus comme de petits adultes et « l'indifférence à l'égard de ce que nous considérons aujourd'hui comme de la cruauté envers les enfants provenait de […] l'ignorance des conséquences des mauvais traitements infligés aux jeunes sur le physique et le caractère de l'homme adulte » (Pinchbeck et Hewitt, p. 348, 349). 

Non seulement Mabel Tolkien était une « conteuse d'histoires » et « célèbre », mais c'était une personne indépendante qui a ignoré les conventions dans sa cour avec son mari, dans la supervision de ses enfants, et en 1900 en rejoignant et en restant dans l'Église catholique contre l'opposition familiale (Bio, p. 23). Elle était « belle et pleine d'esprit », une gouvernante sévère, le guide de Tolkien vers ce qu'il considérait comme la seule vraie religion, le catholicisme, et elle était aussi la source de son intérêt pour les langues, l'étymologie, les alphabets et l'écriture (Lettres, p. 377). Elle était aussi la belle reine Mab avec un « amour presque idolâtre » des arbres et des fleurs, son guide vers la Faërie, le royaume des elfes et des dragons, auquel il a cru toute sa vie35)

[La mère de Tolkien comme source d'inspiration]

[En particulier, en relation avec l'intérêt de sa mère Mabel Tolkien pour les fées et Faërie, Tolkien s'est inspiré de sa mère dans ses écrits. Carpenter a souligné que l'enfance de Tolkien était la source des « graines de son imagination. D'autres expériences n'auraient servi de rien, et il ne les a pas recherchées » (p. 126 ; italiques dans l'original). Il s'agit de la réalité primaire sur laquelle Tolkien a fondé sa réalité secondaire ou sa fantaisie36)

La méthode d'écriture de Tolkien semble consister à prendre des éléments distinctifs de divers modèles et à les combiner en quelque chose de nouveau. Il travailla de cette manière lorsqu'il prit divers membres des Inklings comme base de personnages dans « Les Archives du Notion Club » (Sauron Defeated, p. 148-149). Il procédait de la sorte en se remémorant des livres : « je [Tolkien] trouvais certains éléments dans des livres que j'aimais et que je gardais en mémoire » (Byrne et Penzler, p. 43). Par conséquent, je propose que Tolkien ait puisé dans le souvenir de sa mère, qu'il a élaboré et tissé dans son légendaire pour décrire les dames elfes. Certains de ces éléments sont déduits car il n'y a pas de description spécifique de Mabel Tolkien, si ce n'est qu'elle était « belle ».

Mabel Tolkien se nommait elle-même et était nommée par d'autres Mab, tel Mab, Reine des Fées, que l'on retrouve dans The Most Excellent and Lamentable Tragedy of Romeo and Juliet de Shakespeare (Bio, p. 12, 29). L'identification de Mabel Suffield Tolkien à ce rôle de reine des fées est encore renforcée par sa description de J.R.R. Tolkien, nourrisson, comme ayant l'air « d'une vraie fée » et que déshabillé il « ressemble encore plus à un elfe » (Bio, p. 29, 14). Les Elfes de Tolkien sont exilés à plusieurs reprises et écrivant au sujet de sa mère, Tolkien écrivit que les anglaises en Afrique du Sud ne pouvaient qu'y être « en exil » (Lettres, p. 90). Parmi les premiers écrits de Tolkien, dans le Livre des contes perdus, l'Angleterre, l'Île Solitaire, est un foyer pour les Elfes, Eldamar (BLT1, p. 15). Pour Mabel Tolkien, rentrer en Angleterre en 1895 aurait été un retour chez elle, la maison de Mab des Elfes ou un foyer elfique. Un nombre frappant de correspondances existent entre Mabel Tolkien et la façon dont son fils décrit les Elfes. Le nombre de parallèles semble plus que suggestif et dépasse le niveau atteint par le pur hasard. Dans les écrits de Tolkien, la Légende et l'Histoire personnelle peuvent « s'être rencontrées et ont fusionné » (OFS, p. 156).

Carpenter établit un parallèle explicite entre Belladonna Touc et Mabel Suffield, la mère de J.R.R. Tolkien (Bio, p. 175). On dit de Belladonna Touc qu'elle a du sang de fée (H, p. 12). Belladonna n'est pas seulement le nom d'une fleur, qui signifie littéralement « belle dame », comme Mabel Tolkien, mais c'est aussi le nom de la reine des fées dans l'histoire « Rosanie or the Inconstant Prince », que Tolkien connaissait bien (A&I, p. 57).

Un autre élément de la description de Galadriel, une chef elfe, peut être issu des souvenirs de Tolkien de sa mère. Galadriel, la Dame des Bois, « dans sa jeunesse » « attachait ses cheveux en couronne lorsqu'elle prenait part à des exploits sportifs » (Lettres, p. 428). Mabel Tolkien jouait au golf et au tennis (Bio, p. 12).

L'apparence des dames elfes semble également conserver des traits de la mère de Tolkien. Galadriel est grande : « Ils étaient très grands, et la Dame non moins grande que le Seigneur » (II, vii, p. 369) et dans Smith de Grand Wootton, la « Dame de Faërie » est plus grande que les pointes des grandes lances [de l'armée] » (p. 31). Bien que nous ne sachions pas quelle était la taille de Mabel Tolkien, nous pouvons déduire des photographies que Jane Neave était exceptionnellement grande (Morton et Hayes, p. 23) comme on peut le voir sur la planche X de Morton et Hayes de 1911 où elle apparaît plus grande que Tolkien qui mesurait « 1,73 m » (Lettres, p. 373). De même, la planche XI de Morton et Hayes montre Jane, octogénaire, remplissant l'encadrement d'une porte alors qu'elle vivait dans la ferme de son neveu Hilary Tolkien. En 1912, une femme américaine moyenne de 21 ans mesurait 1,62 m, ce qui correspond aux robes britanniques historiques typiques qui, en 1912, allaient aux femmes mesurant 1,60 m37). Jane aurait dépassé la plupart des femmes et de nombreux hommes. Si Mabel était comme sa sœur, une partie de sa beauté résidait dans sa taille sculpturale, à l'image de Lady Diana Spencer.

Les yeux de Tolkien étaient gris38), et les descendants des hauts elfes, Elrond et Arwen (II, i), Aragorn (VI, iv), et les chevaliers de Dol Amroth (v, i) ont tous des yeux gris. On peut se demander si Mabel Tolkien, qui décrivait son fils comme ressemblant à un elfe ou une fée (Bio, p. 14), n'avait pas aussi des yeux gris elfiques].

Lorsque Tolkien se remémorait ses premières années avec Ready, Ryan et Grotta-Kurska, il orchestra soigneusement les souvenirs positifs de son enfance à Sarehole. Il [devait] être consterné lorsqu'il réalisa que Ready prit note de sa référence aux activités missionnaires de sa mère à Zanzibar39). Il [était probablement] furieux, autant contre lui-même que contre Ready, d'avoir laissé le crédule J.R.R. Tolkien, âgé de six ans, révéler la « célèbre » missionnaire, Mabel Tolkien, et d'avoir dérapé dans sa présentation soignée. Mais le dérapage sur Zanzibar nous permet d'avoir une vision beaucoup plus nuancée de la « remarquable » Mabel Tolkien40).

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Sur Tolkiendil

1) C&G 2, p. 110.
2) Ndt : Par rapport à l'article original, tous les ajouts et modifications sont mis entre crochets. Les étoiles en début de paragraphes indiquent un nouveau saut de paragraphe.
3) Jason Fisher, dans « The Year's Work in Tolkien Studies 2012 », passe en revue la deuxième édition de de J.S. Ryan Tolkien: Cult or Culture? (p. 212-213). Il écrit que comme la première édition de 1969 « n'est plus facile à trouver, cette nouvelle édition est la bienvenue. » Cependant, en fait, l'édition de 1969 est beaucoup plus facile à trouver que celle de 2012. Les deux seuls exemplaires disponibles de la deuxième édition se trouvent dans deux bibliothèques en Australie. J'ai pu obtenir une copie du chapitre 2 « Tolkien, l'homme et le savant » par courriel de la Bibliothèque nationale d'Australie. Mes recherches ont révélé que la deuxième édition n'est pas en vente dans les magasins spécialisés sur Tolkien ou dans les librairies générales (Amazon), bien qu'elle n'ait été publiée qu'en 2012. L'éditeur de Ryan n'indique aucun exemplaire disponible à la vente. Toutes les citations de cet article sont tirées de l'édition de 1969, plus facilement disponible.
4) Ready a reçu une lettre de Tolkien le 2 février 1967, dans laquelle il déclarait « Je n'aime pas qu'on écrive sur moi, et les résultats obtenus jusqu'à présent m'ont causé à la fois irritation et dégoût. J'ai opposé mon veto au fait d'être traité dans l'une des séries Contemporary Writers in Christian Perspective publiées par Eerdmans. […] J'espère que vous en ferez une affaire littéraire […] et non personnelle. Je n'ai aucune envie, en fait je dois refuser, de fournir des informations sur moi-même, ma famille et mon origine familiale » (p. 55-56). Ayant été averti par lettre avant son entretien d'avril 1967 avec Tolkien, il est peu probable que Ready ait voulu offenser ou aliéner un écrivain, qu'il admirait beaucoup, en lui posant des questions personnelles interdites. Si Tolkien parlait de ses origines et racontait des histoires de famille, il s'agissait d'un faux pas de sa part. Il aimait jouer devant un public lorsqu'il déclamait Beowulf en une « performance théâtrale » dans ses classes (Bio, p. 133). Il a admis, à propos de la BBC qui l'a filmé dans les années 1960, que « les gens ont eu ce qu'ils voulaient et mon tempérament histrionique (j'aimais “jouer”) m'a trahi en jouant le jeu (le jeu souhaité) à ma propre perte » (C&G 1, p. 711).
5) p. 65, également publiée dans McIlwaine, p. 127.
6) Carpenter, J.R.R. Tolkien, Une Biographie [Bio], p. 24 ; Grotta-Kurska, p. 17.
7) [L'article original doit être corrigé car les informations de la Birmingham Library utilisées pour identifier Thomas Mitton comme le propriétaire de Mabel étaient erronées (voir Bunting « Correction for ‘5 Gracewell’ »). Toutes les références à Mitton comme propriétaire de Mabel et au quartier baptiste de Moseley ont été supprimées dans cette version du document. [Brace rapporte que Tolkien a dit que le nom du propriétaire était Forster, au lieu de Foster, mais cela est probablement dû à la difficulté souvent rapportée que de nombreuses personnes avaient à comprendre le discours de Tolkien.]
Les vêtements coûteux que portent les frères Tolkien sur la photographie de 1899 présentée dans l'ouvrage de McIlwaine intitulé Tolkien : Créateur de la Terre du Milieu suggèrent que la famille disposait de suffisamment de fonds pour que Mabel ait probablement recours à une aide ménagère pour effectuer les tâches chronophages et épuisantes que sont la lessive, la cuisine et le grand nettoyage (p. 112, 130). Par conséquent, ce n'est probablement qu'après que Walter Incledon ait cessé de soutenir financièrement Mabel, vers la fin de l'année 1900, que celle-ci a commencé à effectuer les tâches ménagères habituellement confiées aux domestiques des familles de la classe moyenne.]
8) Gorelik, p. 7 ; Bio, p. 22 ; Bunting, « Roverandom, an Autobiographical Reading », p. 4.
9) Ndt : en référence à la chanson « Are you lonesome, tonight? » d'Elvis Presley.
10) Mourning Clothes Fashion History, consulté le 17 décembre 2021.
11) , 20) 10 Fascinating Death Facts from the Victorian Era, consulté le 17 décembre 2021.
12) Cette indépendance se retrouve également chez les deux autres sœurs de Mabel. Sa sœur aînée, May, qui a tenté de rejoindre l'Église catholique avec Mabel, a été empêchée par son mari, mais a fait preuve d'indépendance d'esprit en devenant active au sein du Club international de recherche psychique (Priestman, p. 36). Sa jeune sœur, Jane, a obtenu un diplôme universitaire et s'est présentée avec succès au conseil scolaire local au début du siècle. Après son bref mariage avec Edwin Neave, la veuve Jane est devenue propriétaire terrienne et agricultrice, un rôle plutôt non conventionnel et pionnier pour une femme en 1911 (Morton et Hayes, p. 18). [L'échange de lettres secrètes entre le couple aurait également été perçu comme un avertissement d'une possible fugue, ce qui ne se produisait pas dans les familles respectables de la classe moyenne. De plus, Arthur a peut-être omis de demander au préalable au tuteur de sa bien-aimée Mabel son consentement au mariage, comme le voulait la coutume. Bien que la proposition d'Arthur Tolkien ait été acceptée par Mabel Suffield, âgée de dix-huit ans, Carpenter affirme que John Suffield, le père de Mabel, « ne permettrait pas de fiançailles officielles avant deux ans en raison de son jeune âge » (Bio, p. 9). Dans le contexte de la coutume victorienne, cette déclaration n'est pas claire. Si Arthur Tolkien avait demandé à John Suffield la main de Mabel, le père aurait pu facilement stipuler qu'il n'y aurait pas de mariage avant qu'elle ait vingt et un ans. John Suffield savait que l'étiquette victorienne accordait à la femme le privilège incontesté de mettre fin à des fiançailles sans offrir d'autre explication que sa volonté. Si Mabel changeait d'avis, elle était libre de mettre fin à l'engagement (Victorian and Edwardian Etiquette for Romance, Chaperons and Engagements, consulté le 17 décembre 2021). John Suffield aurait pu facilement jouer un jeu d'attente en espérant que Mabel change d'avis. Si telle était l'intention de John Suffield, l'absence de fiançailles officielles signifiait simplement qu'il n'était pas nécessaire d'annoncer la rupture des fiançailles. Au moment de sa demande en mariage en 1888, Arthur Tolkien n'était qu'un employé de banque et ne pouvait offrir qu'une sécurité financière minimale à sa promise et à sa famille. Compte tenu de sa situation financière, Arthur pouvait logiquement s'attendre à un refus de la part du père de Mabel. Le fait qu'Arthur ait finalement réussi à obtenir un poste important de directeur de banque lui a permis de subvenir aux besoins de Mabel d'une manière que son père aurait jugée acceptable. L'ascendance peu orthodoxe d'Arthur Tolkien peut expliquer la « tolérance » réticente de John Suffield envers son gendre (Bio, p. 10).]
13) Le « Ronald » dans le nom de J.R.R. Tolkien est inhabituel et n'a jamais été expliqué de la même manière que ses noms John et Reuel (Lettres, p. 398). [Tolkien déclara que sa mère avait choisi le prénom Rosalind parce qu'ils s'attendaient à avoir une fille, mais il n'explique pas pourquoi le prénom Rosalind a été « remplacé » par Ronald lorsqu'il est né. « Ronald » pourrait être] un mélange de « Roland », une anagramme du nom du frère de Mabel. Le père de Mabel Tolkien, John Suffield, était connu pour ses blagues, ses jeux de mots et ses vers de mirliton, et il est probable qu'il ait encouragé ses enfants [et petits-enfants dont J.R.R. Tolkien] à jouer avec le langage (Morton et Hayes, p. 12).
14) [Mabel est très probablement retournée à Birmingham et vivait avec sa famille au deuxième trimestre de 1890, lorsque sa sœur aînée, Mary Edith ou « May », a épousé Walter Incledon, très prospère financièrement, âgé de 30 ans, un « directeur des comptes étrangers » (recensement de 1891) chez Lloyd & Lloyd Ltd, Birmingham, l'un des plus grands fabricants de fer et d'acier en Grande-Bretagne et premier fabricant de tuyaux et tubes industriels en Angleterre en 1899 (Bunting et Hamill-Keays, « Edith Mary Part I », p. 2). Ce mariage impressionnant avec un « capitaine d'industrie » suggère le type de gendre potentiel que John Suffield trouverait approprié et contribue à expliquer sa réticence à l'égard de prétendants aux revenus plus ordinaires et moins désirables, comme Arthur Tolkien pour Mabel et Edwin Neave pour Emily Jane.]
15) Virginia Woolf a été victime d'abus sexuels de la part de ses deux demi-frères plus âgés donc elle comprit le manque de protection des femmes dans sa société. La famille Stephens était certainement au courant de ces abus et ne pouvait rien faire pour intervenir ou la protéger (Terr, p. 230-231).
16) Grotta-Kurska, p. 15-16, Bio, p. 15.
17) Dans Une drôle de fée, un enfant demande où est le bébé. Jane répond que Martha, la servante, « va l'emmener à Rochester pour voir ses cousins. Mère a dit qu'elle pourrait le faire. Elle l'habille maintenant […] avec son plus beau manteau et son plus beau chapeau. » Cyril ajoute : « Les domestiques aiment emmener les bébés voir leurs parents […] Je l'ai déjà remarqué - surtout dans leurs plus beaux habits » (p. 31).
18) Bio, p. 11-12, p. 14-15.
19) Tolkien rapporte cette histoire telle qu'elle lui a été racontée et il n'apporte aucun souvenir personnel. Cependant, en novembre 1894, il se souvient du voyage en train et d'avoir été au bord de la mer (Bio, p. 15). Il a également des souvenirs de Noël 1894, comme l'eucalyptus qui se fane (Lettres, p. 213). Il est surprenant qu'il ait des souvenirs aussi anciens, mais Tolkien les défend fermement et sa mémoire visuelle est excellente : « Ma mémoire est surtout visuelle » (Lettres, p. 343). Son manque de mémoire pour quelque chose d'aussi inhabituel qu'un voyage dans un village indigène suggère qu'il s'est produit avant novembre 1894 et donc lorsqu'il avait deux ans, et non trois comme le rapporte Grotta-Kurska. Si cela est exact et que l'« enlèvement » a eu lieu lorsque Tolkien avait deux ans, cela peut avoir contribué à la décision de Mabel Tolkien d'emmener les garçons en novembre 1894 sur la côte près du Cap, apparemment pour que le jeune J.R.R. Tolkien passe du temps à l'air frais pour le bien de sa santé (Bio, p. 15). Il s'agissait, une fois de plus, de quitter la ville pour laisser retomber la clameur. Bien que la loi sur les laissez-passer de 1895 n'était pas encore en vigueur, elle codifia les attitudes de longue date des Boers envers la population indigène. [Scull et Hammond affirment que cet « enlèvement » a eu lieu en 1892 ou 1893 (C&G 1, p.2), mais ces dates semblent peu probables. En 1892, Tolkien avait moins d'un an et son développement était probablement lent car il était prématuré. Il devait également encore allaité pendant au moins une partie de l'année 1892, ce qui rendait très difficile de l'emmener n'importe où, car les préparations pour nourrissons complètes sur le plan nutritionnel n'ont pas été développées avant le vingtième siècle. En 1893, Tolkien a eu tellement de mal à faire ses dents qu'il a eu de la fièvre (Bio, p. 15), ce qui n'en fait pas le genre de petit enfant que l'on voudrait montrer à sa famille.]
21) le Hobbit [H], p. 16 ; Lettres, p. 354.
22) Lettres, p. 54, 377, 354.
23) « Review : Cover book : Tolkien and the Great War by John Garth ».
24) « Learning about Ourselves », p. 270, 271.
25) [Holly Ordway est très critique à l'égard d'Humphrey Carpenter et le rend responsable de toutes les lacunes de la biographie et des lettres (idem, p. 14, 262). Elle note qu'il s'est vanté de s'être « imposé » à la famille Tolkien et affirme qu'il n'était pas « un chercheur soigneusement choisi et qualifié comme pouvaient raisonnablement s'y attendre ses lecteurs » (p. 276). Cependant, Rayner Unwin, l'éditeur de Tolkien, s'inquiétait depuis longtemps de l'absence d'une biographie autorisée puisque sans :
ni lui [Tolkien], ni nous [ses éditeurs], n'aurions le moindre contrôle. […] Mais après la mort de [Tolkien], c'est l'un des premiers sujets que j'ai abordé avec la famille [de Tolkien]. Ils ont reconnu la nécessité de faire quelque chose, mais ont émis des doutes quant à l'identité de la personne à qui l'on pourrait confier une telle commission et au contrôle qu'elle pourrait exercer sur ce qui serait écrit (p. 17, italiques ajoutés).
Le mot-clé dans la citation de Rayner Unwin semble être « contrôle ». Quel chercheur établi, expérimenté et « soigneusement choisi et qualifié » ne lirait pas les petits caractères indiquant que l'exécuteur littéraire, c'est-à-dire la famille Tolkien, aurait la décision finale sur ce qui serait inclus dans la biographie, c'est-à-dire le « contrôle », et accepterait ensuite le programme implicite et inconnu de la famille Tolkien ? Il semble qu'au lieu que Carpenter s'impose d'une manière ou d'une autre à la famille Tolkien, ils ont obtenu exactement ce qu'ils voulaient : un « jeune homme pressé » ambitieux, brillant et travailleur, qui était si heureux de sa bonne fortune de travailler sur une biographie de Tolkien que le néophyte n'a pas correctement interprété le contrat. Sa surprise et son désarroi face aux contraintes de son contrat peuvent être déduits de ses commentaires :
La première version de cette vie [de Tolkien] était un long texte tentaculaire, et a été jugée inacceptable par la famille Tolkien, ou par le membre de celle-ci qui contrôlait la permission de citer des documents inédits. Je suis parti et je l'ai réécrit, et elle a ensuite été jugé acceptable. En fait, j'avais castré le livre, supprimé tout ce qui était susceptible d'être contentieux. C'est pourquoi il m'a toujours déplu depuis lors (« Learning About Ourselves », p. 270).
Ce n'est pas Carpenter qui a pris la décision finale sur ce qui est entré dans la biographie. Il n'est pas non plus crédible que son employeur, Christopher Tolkien, qui a « aidé » à la sélection des lettres, n'ait pas pris les décisions éditoriales finales avec l'employé, Carpenter, en accord « sur la procédure finale » (Lettres, p. 3).]
27) [Des preuves peu flatteuses de l'éventuel manque de supervision de Mabel Tolkien pourraient être l'un des points « contentieux » que Carpenter a enlevé de la biographie officielle.]
28) Hammond et Scull confirment que cela est vrai à partir d'une communication de Priscilla Tolkien (le 17 mars 2010, p. 1018-1020), Addenda and Corrigenda to The J.R.R. Tolkien Companion and Guide (2006) Vol. 2: Reader’s Guide · Arranged by Date, consulté le 17 décembre 2021.
29) Grotta-Kurska, p. 18 ; Plimmer et Plimmer.
30) Bunting, « Tolkien's First Notebook and Its Destruction », p. 27.
31) Morton et Hayes, p. 22
32) « Related to Tolkien ».
33) La probabilité de punitions sévères à l'époque de Sarehole peut également être étayée par d'autres considérations. [Voir “1904” de Bunting pour une discussion du contexte culturel de la fin du xixe siècle, où l'on s'attendait à ce que les mères aient le contrôle total de leurs enfants et étaient donc jugées sur la base du comportement de ces derniers (p. 75)]. Le poème de Tolkien, Toi et Moi et la Chaumière du Jeu Perdu, écrit au printemps 1915, met en scène les deux enfants du titre, décrits comme « un enfant brun et un blond ». Alors que Ronald est resté blond comme sur sa première photo, Hilary a changé pour « ressembler de plus en plus à son père » (Bio, p. 23). Cela doit en partie faire référence aux cheveux plus foncés d'Hilary, car Arthur Tolkien, son père, a les cheveux foncés sur la photo de la biographie de Carpenter (p. 149). [Si les deux enfants du titre sont Ronald et Hilary, qui ont pu être soumis à une discipline physique, ils ont pu avoir besoin] des fées qui visitent « les enfants solitaires et leur chuchotent au crépuscule, dans leur lit, à la lumière de la nuit et à la flamme des bougies, ou consolent ceux qui pleurent » (BLT 1, p. 20). Tolkien était également fasciné par l'histoire de Kullervo du Kalevala. Cette histoire traite de la maltraitance des enfants et de ses effets à long terme sur l'enfant, et Tolkien [a peut-être considéré] cela comme particulièrement pertinent vu le traitement de son jeune frère Hilary (voir Bunting, « 1904 : Tolkien, Trauma, and Its Anniversaries », p. 68-72).
34) [Il est intéressant de noter que Flieger et Anderson déforment le point de vue de Tolkien sur sa vie comme ayant été une « période triste et troublée » pendant les années passées à Sarehole (Bunting, « Checking the Facts », p. 52) et que Scull et Hammond, qui citent un extrait de « Du Conte de fées » figurant à la même page 135, omettent également l'opinion de Tolkien (C&G 1, p. 6)].
35) Grotta-Kurska 19 ; Bunting, « [Fairies, Fairy Queens] ».
36) « La Fantasy créatrice repose en effet sur la douloureuse reconnaissance que les choses sont ce qu'elles sont dans le monde tel qu'il apparaît sous le soleil - sur une reconnaissance du fait, mais sans être son esclave » (OFS, p. 144). « La Fantasy est faite à partir du Monde Primaire » (OFS, p. 147).
38) Plimmer et Plimmer, p. 31, S&H 2, p. 63
39) Tolkien a écrit au président de la Tolkien Society of America qu'il voulait que les membres sachent que la « biographie » de William Ready à paraître « est factice ». « Ready n'a ni l'autorité ni les connaissances nécessaires pour écrire un tel livre » (C&G 1, p. 722). Cependant, ailleurs, il reconnaît que Ready est un « véritable (et intelligent) admirateur de mes œuvres » (C&G 1, p. 715).
40) Carpenter a écrit qu'il avait omis « plusieurs questions difficiles » dans la biographie de Tolkien (“Cover book”, italiques ajoutés). The Gallant Edith Bratt, de Bunting et Hamill-Keays, montre comment les omissions nombreuses et substantielles, les déclarations trompeuses et les affirmations non fondées de Carpenter obscurcissent, minimisent et déforment le rôle important que la femme de Tolkien, Edith Bratt, a joué dans la vie et l'art de Tolkien. La présentation que fait Carpenter de Mabel Tolkien, l'autre femme puissante de la vie de Tolkien, manque de détails similaires à ceux que l'on trouve dans la biographie officielle d'Edith Bratt, ce qui suggère que le rôle de Mabel a également été retiré autant que possible. De plus, l'explication de Carpenter concernant l'exclusion de Mabel Tolkien de la maison de ses parents après son diagnostic de diabète en avril 1904 n'a pas de sens étant donné les mandats culturels et moraux très forts des familles victoriennes du xixe siècle pour prendre soin de leurs proches mourants et le fait que son père, l'unitarien John Suffield, ne se serait pas opposé au catholicisme de Mabel (Bunting, “All the Days”).
 
tolkien/etudes/et_qu_en_est_il_de_zanzibar.txt · Dernière modification: 02/01/2022 20:23 par Leaf
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