Exposition J.R.R. Tolkien, voyage en Terre du Milieu à la BnF — 2019 - Visite

 Exposition J.R.R. Tolkien à la BnF

C’est une exposition exceptionnelle que nous propose ici la Bibliothèque nationale de France et ses commissaires Vincent Ferré et Frédéric Manfrin, en partenariat avec les Bodleian Libraries, University of Oxford et avec le soutien de the Raynor Memorial Libraries - Marquette University, du Tolkien Estate et de la famille Tolkien. En effet, sur 1000 m² sont présentées 380 pièces, notamment des inédits venant parfois de collections privées, probablement présentés ici pour la première et dernière fois. Avant d’entrer dans cette exposition, on ne peut s’empêcher de repenser à celle présentée l’année dernière à Oxford, Tolkien, Maker of Middle-earth1), mais rapidement on s’aperçoit que la comparaison est vaine. Celle d’Oxford occupait 200 ou 300 m² dans une seule salle, une surface plutôt minimaliste compte tenu du nombre de pièces exposées, rendant la disposition très dense et la circulation assez rapidement difficile selon la foule de visiteurs présents. Cette exposition de la BnF, en plus de l’émotion que suscitent les écrits et illustrations originaux comme nous avions pu le vivre à Oxford, nous immerge davantage et ajoute un émerveillement supplémentaire par ses décors et sa disposition sous forme de voyage en Terre du Milieu, comme l’indique son intitulé.

Suivant le parcours du Seigneur des Anneaux, chaque salle présente une thématique en proposant des décors muraux, des pièces en rapport avec celle-ci et des enregistrements audio et vidéo, notamment des extraits du livre audio du Seigneur des Anneaux ou des interviews du professeur, plongeant ainsi le visiteur dans l’ambiance appropriée à son exploration. De nombreuses pièces sont simplement encadrées pour permettre de se rapprocher au plus près et admirer la finesse des détails de la plume ou du pinceau de Tolkien. À l’inverse, de grandes reproductions ont été réalisées pour les décors afin d’en profiter plus pleinement et s’y laisser emporter. D’ailleurs, quatres des tapisseries réalisées par les ateliers d’Aubusson révèlent encore plus de détails et l’exposition est peut-être la seule opportunité qu’il nous sera donné de visualiser celles-ci à côté de leurs illustrations originales.

En plus des nombreuses pièces tolkieniennes, la BnF a disposé des pièces de contextualisation issues de ses fonds propres, et aussi du Musée de l'armée, du Musée national d'Histoire naturelle, du Musée des Arts décoratifs et d'autres. Sans rapport direct avec Tolkien, on aurait pu craindre qu’elles soient superflues ou trop prépondérantes, mais on s’aperçoit rapidement que, si elles ne sont pas indispensables, elles apportent un éclairage bienvenu pour la compréhension et rapprochent l’œuvre fictive du professeur de notre réalité, lui donnant une dimension encore plus vivante et réaliste. Parmi ces pièces remarquables, nous trouvons notamment un imposant échiquier en ivoire et un cor de guerre, longtemps connus à tort comme ayant respectivement été possédés par Charlemagne et son lieutenant Roland, mais également divers ouvrages historiques ainsi que des épées et armures.

Cette riche exposition est une occasion mondiale unique et inespérée, nous vous recommandons donc d’en profiter au plus vite. Si vous aimez tout observer, lire et écouter, nous vous recommandons de prévoir 3 à 4h, mais si au contraire vous êtes plutôt adepte des visites rapides, prévoyez entre 1h et 1h30. Son seul défaut étant qu’une fois sorti, vous n’aurez qu’une envie, celle d'y retourner. Vous pouvez dès maintenant retrouver dans le catalogue de l'exposition Tolkien, Voyage en Terre du Milieu les pièces exposées, à quelques exceptions près listées en fin d'ouvrage. Nous remercions chaleureusement tous ceux qui ont permis à cette exposition de voir le jour.

 Entrée de la BnF (© Spooky)

Visite détaillée

Le texte ci-dessous dévoile des détails du contenu de l'exposition, si vous souhaitez garder la surprise de votre visite, nous vous déconseillons sa lecture.

Pour accompagner la lecture, vous pouvez utiliser le Plan et guide de l'exposition Tolkien : Voyage en Terre du Milieu.

La visite commence par une première petite salle présentant J.R.R. Tolkien dans un texte biographique et la projection d'un extrait de son interview par la BBC pour le documentaire de 1968, Tolkien in Oxford. Puis la seconde salle décrit la Terre du Milieu, sa chronologie et sa cartographie, avec notamment la première carte réalisée par le professeur, ainsi qu'une autre projetée au mur sur laquelle nous pouvons suivre le parcours des personnages de la Fraternité de l’Anneau. Les couvertures du Seigneur des Anneaux et du Hobbit, dont un exemplaire de la première édition de ce dernier, sont également exposées en ce début d'exposition.

Les pièces suivantes dévoilent ensuite les différents lieux de la Terre du Milieu comme les découvre le lecteur au fil du Seigneur des Anneaux.

Tout d’abord, la salle du Comté et des Hobbits, accessible en passant sous une arche arrondie comme Bilbo passant la porte de son smial de Cul-de-Sac, est décorée d’une première tapisserie, Bilbo comes to the Huts of the Raft-elves (Bilbo arrive aux huttes des Elfes des Radeaux en français), côtoyant son dessin original et ses premières versions, suivie des illustrations du Hobbit, de Cul-de-Sac et du Comté.

 Salle du Comté et des Hobbits

En découle la salle des Elfes qui rassemble l’arbre des langues, majoritairement elfiques bien sûr2), et des éléments à propos des royaumes des Premiers-Nés. Ils sont accompagnés par l’aquarelle et la tapisserie de Rivendell (Fendeval en français) où figure le détail de la larme de son fils, Christopher Tolkien3), sans oublier quelques croquis de bijoux inspirés de l'Art nouveau et dignes de la guilde des orfèvres, le Gwaith-i-Mírdain.

 Salle des royaumes des Elfes

La salle des Nains, quant à elle, présente des pages du livre de Mazarbûl et une représentation de la porte de la Moria. Illuminée à la lumière noire, celle-ci est esquissée à taille humaine, entourée des alphabets de l'Angerthas Erebor et des tengwar, auxquels s'ajoute le déchiffrage des différentes inscriptions, nous invitant à jouer les Champollion.

 Salle des royaumes des Nains

Viennent ensuite les Forêts et les Ents, si chers à Tolkien, dont la salle propose une reproduction grand format de l'illustration des Trolls, récemment reproduite en tapisserie non exposée ici, et l'illustration de « Beleg découvre Flinding4) à Taur-na-Fúin »5), dont les arbres profitent d'un effet de prolongement grâce à des miroirs placés en haut et bas. Nous apprendrons également du brouillon du chapitre « Barbebois », dans un paragraphe en tengwar, que celui-ci était initialement un personnage hostile.

 Salle des Forêts

Le visiteur découvre alors le Rohan, pays des Seigneur des Chevaux, à travers de nombreuses cartes, le croquis du Gouffre de Helm et des extraits sonores en anglais et français de la chevauchée des Rohirrim ou du combat de Dernhelm, avant d'arriver au Gondor, représenté par un croquis inédit de l’emblême de l’Arbre blanc, les esquisses de Minas Tirith, la carte de Númenor et la Lettre du Roi rédigée en tengwar sur un pan entier de mur, sans oublier l'échiquier de Charlemagne et le cor de guerre de Roland que nous évoquions précédemment.

 Salle du Gondor

L’Isengard dévoile ensuite une salle au décor envoûtant grâce à un Palantir chatoyant de reflets aux multiples couleurs et de nombreuses esquisses d’Orthanc, la tour de Saruman. Puis le Mordor nous accueille dans l'ambiance volcanique et ténébreuse d'une salle aux murs noirs, à la lumière filtrée par une toile circulaire suspendue habillée par l’illustration de l’exposition, où l'on peut entendre une diffusion audio de la lecture du poème de l’Anneau Unique, en anglais ou parler noir par Tolkien lui-même et en français par Thierry Janssen, issue du livre-audio du Seigneur des Anneaux6).

 Salle du Mordor

Enfin, un couloir en guise de Voie Droite, nous conduit, au son de l'Adieu à la Lórien récité par Tolkien, jusqu'à la salle de Valinor qui nous expose la tapisserie du Taniquetil, à côté de l’illustration éponyme, et quelques aquarelles représentant les cités elfiques et les Arbres mythiques du Silmarillion.

Après ce voyage immersif en Terre du Milieu, l’exposition retourne alors à Oxford. Dans un premier temps, au travers de photos, elle nous entraîne dans la jeunesse de Tolkien, sa vie étudiante avec ses amis du T.C.B.S. et sa participation à la Grande Guerre7), suivies, de sa carrière universitaire grâce à la présence de son bureau personnel, de plusieurs ouvrages, tels Sir Gawain and the Green Knight («<Sire Gauvain et le Chevalier vert ») ou Ancrene Wisse (« Règle de ermitanes »), et ses travaux sur Beowulf8), les Eddas ou encore le Kalevala.

 Salle de la bibliothèque universitaire

Dans un second temps, elle nous révèle le père de famille, celui qui divertissait ses enfants grâce à ses histoires, allant de quelques pages du Fermier Gilles de Ham aux nombreuses illustrées de Monsieur Merveille, en passant par les dessins de Roverandom, écrits pour consoler son fils Michaël de la perte de sa figurine de petit chien, mais également les fameuses lettres et enveloppes du Père Noël et son acolyte l’Ours Polaire.

 Vitrine The Magic Ring

Pour terminer la visite, la dernière salle nous invite à parcourir de nouveau l’œuvre de sa vie : le Légendaire de la Terre du Milieu. Nous sommes alors entrainés dans l’écriture du Hobbit, suivie de celle du Seigneur des Anneaux, initialement intitulée The Magic Ring (L’Anneau Magique), dont il a vérifié avec minutie les parcours parallèles des différents groupes de personnages, jusqu'au Silmarillion, l'ensemble étant accompagné par les détails du travail de Christopher Tolkien, puis la tapisserie de Mithrim et la carte du Beleriand. Enfin, le circuit s’achève sur les manuscrits de l’histoire de Beren et Lúthien, comme un clin d’œil à cette sortie en forêt de 1917 où Tolkien a vu son épouse Edith danser au milieu des ciguës, lui inspirant cette histoire qui constitue le cœur de son œuvre, et dont les noms des personnages sont désormais inscrits sur leur pierre tombale.

 Fin de la visite avec la tapisserie de Mithrim

Voir aussi

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3) Voir l’interview de Christopher Tolkien lors de l’exposition des tapisseries d’Aubusson à l’abbaye du Thoronet.
4) Flinding est ensuite devenu Gwindor.
5) L'illustration est sous-titrée par Tolkien « Forêt de Fangorn » car elle aurait pu servir à cet usage mais ce ne fut finalement jamais le cas.
 
asso/manifestations/exposition_bnf_2019/visite.txt · Dernière modification: 21/09/2020 11:31 par Druss
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