Les Inklings et l’ésotérisme

Isabelle Pantin - 30 juillet 2012 - Cerisy
ColloqueLes colloques de Cerisy ont, depuis longtemps, accordé une place de choix aux littératures de l’imaginaire et aux littératures dites « de genre » ; elles sont aussi, bien sûr, un lieu emblématique de réflexion sur la littérature. Une semaine sera consacrée, en juillet 2012, à l’œuvre de J.R.R. Tolkien (1892-1973) et au groupe des Inklings (C.S. Lewis, Charles Williams, Owen Barfield, etc.).

Compte-rendu de l'intervention

par Cloé Dottor

On considère comme Inklings, Owen Barfield, Charles Williams, C. S. Lewis et J. R. R.Tolkien. On peut s’interroger sur la relation entre fantasy, un genre qui offre une ouverture directe sur l’imaginaire, et l’ésotérisme, doctrine attribuant une signification cachée aux textes sacrés, uniquement accessible après une initiation. Les Inklings s’intéressent aux idées, à la philosophie, à la théologie, mais l’ésotérisme reste un sujet majeur de désaccord entre eux : tantôt ils subissaient l’esprit de leur temps (les années 20 et 30 sont l’âge d’or de l’ésotérisme), tantôt ils réagissaient contre lui. Il n’y a aucune ambition ésotérique, dans le sens d’élitiste, dans leur œuvre, elle est ouverte et universelle, mais la magie est bien plus qu’un simple thème. Cependant, deux des Inklings sont touchés par le succès de l’ésotérisme : Williams est un membre actif des Compagnons de la Rose-Croix, tandis que Barfield adhère à la société anthroposophique universelle après son exclusion de la société théosophique. Il convient de distinguer les Inklings croyants aux doctrines ésotériques (Barfield et Williams), et ceux qui leur accordent une curiosité sélective (Tolkien et Lewis), mais ont des informations de première main par leurs amis.

Sur le sujet, Lewis a une position ambivalente, puisqu’il se défendait de tout ésotérisme d’autant plus qu’il y était sensible. Une nette opposition apparaît entre Barfield et lui : Lewis pense qu’un critique littéraire doit être conscient de l’évolution des représentations humaines, mais qu’un auteur de fiction doit partir d’une image non rationalisable. Il s’ensuit chez lui une alliance entre une ouverture au mystère et une tendance à la rationalisation qu’il peut pousser à l’extrême. La position de Tolkien reste la plus difficile à cerner : elle semble relever d’un mélange de curiosité et de répulsion, il ne s’intéresse pas au sujet. Il s’oppose fermement à toute forme d’ésotérisme, mais ne va pas jusqu’à rejeter les matériaux narratifs, comme l’Atlantide par exemple. Il marque le mieux son opposition par le style simple qu’il emploie, sans volonté d’initiation.

Interventions de l'auditoire : Le champ de recherche sur les Inklings reste à développer. Chez Tolkien, on peut rappeler les concepts de magia et goeteia (lettre 155) et le refus clair de la magie noire.

 
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