La Chute d'Arthur

 La Chute d'Arthur La Chute d'Arthur

Titre original The Fall of Arthur
Édition réalisée par Christopher Tolkien
Publication 23 mai 2013
Éditeur HarperCollins
Éditeur français Christian Bourgois
Publication francophone 19 septembre 2013
Traductrice Christine Laferrière

Présentation

The Fall of Arthur (La Chute d'Arthur) est un poème de Tolkien en vers allitératifs qui paru aux éditions HarperCollins au printemps 2013. Le poème revient sur les derniers jours de la vie du fameux Roi Arthur :

La Chute d'Arthur raconte la dernière campagne du roi Arthur, qui, alors qu'il est à l'orée de la Forêt Noire, doit impérativement rentrer en Grande-Bretagne, aux nouvelles de la trahison de Mordred. Déjà éprouvé par l'infidélité de Guenièvre et Lancelot, désormais exilés, Arthur doit soulever ses chevaliers pour combattre une dernière fois les révoltés à la solde de Mordred et les mercenaires étrangers.

Composé d'environ 1000 vers et rédigé un peu avant Le Hobbit, son écriture fût abandonnée dans le milieu des années 1930. Néanmoins, en 1955 dans une lettre à la maison d'édition Houghton Mifflin, Tolkien espérait encore pouvoir finir ce long poème1).

Selon Humphrey Carpenter, qui a publié quelques extraits du poème dans la Biographie de Tolkien, le poème « emploie l'allitération mais pas la rime. Dans son propre poème, [Tolkien] ne s'approche pas du Graal mais commence un récit personnel de la mort d'Arthur où le roi et Gauvain vont guerroyer dans les « pays saxons » mais sont rappelés chez eux par la traîtrise de Mordred. » Toujours selon Carpenter, ces « légendes lui plaisaient depuis l'enfance » mais il les trouvait trop ornées, extravagantes, incohérentes et répétitives mais surtout « elles ne le satisfaisaient pas en ce qu'elles contenaient explicitement la religion chrétienne ».

Il semble que le poème a été lu par E.V. Gordon et R.W. Chambers, lesquels approuvèrent tous les deux le texte2).

Le texte est accompagné de trois essais de Christopher Tolkien remettant le texte de son père dans le contexte de sa rédaction, en parallèle de ses autres œuvres. La traduction en français est parue aux éditions Bourgois le 19 septembre 2013.

Présentation de l'éditeur

La Chute d'Arthur est l'une des œuvres les plus surprenantes de J.R.R. Tolkien. Conçue au début des années 1930 et délaissée par la suite, elle nous offre une approche tout à fait singulière de la légende arthurienne, tant par son contenu que par sa forme : l'auteur s'inspire de la « matière de Bretagne » en recourant à la poésie allitérative anglo-saxonne constatée dans les tout premiers poèmes anglais. Dans un déploiement d'images aussi bien sonores que visuelles, nous voyons revivre avec force des personnages légendaires considérés aussi dans leur dimension psychologique : Guenièvre l'infidèle, Mordret l'usurpateur, Lancelot tiraillé entre ses amours et son devoir, Gauvain l’intrépide et Arthur lui-même, invincible et magnanime.

Le poème, divisé en cinq chants, s'ouvre sur le départ d'Arthur à l'Est dans le but de conquérir les peuples barbares et de sauver « le royaume de Rome ». S'ensuit la trahison de Mordret, qui usurpe la couronne confiée par Arthur mais échoue ici à séduire la reine Guenièvre : elle n'a d'yeux que pour Lancelot. Arthur rentre en apprenant le malheur survenu en son royaume et qui divise à jamais la Table Ronde. L'annonce de son retour est marquée par une grande bataille, durant laquelle périssent de preux chevaliers. Si Guenièvre retrouve la faveur d'Arthur, Lancelot est banni. Le poème s'achève au moment où le roi, à bord de son navire, s'apprête à fouler de nouveau le sol de son pays.

La forme concise exigée par la métrique anglo-saxonne (et rendue ici en alexandrins allitérés) est fort propice à la description des épisodes privilégiés par J.R.R Tolkien, tant elle réussit à créer des images sonores aussi bien que visuelles ; l'arrivée de Mordret dans la chambre de la reine, le choc des armes dans la bataille, la beauté même des personnages n'en sont que quelques exemples. Elle n'exclut d'ailleurs pas une mise en valeur de la dimension psychologique des héros : la reine Guenièvre, qui aime Lancelot et lui seul autant que ses propres trésors d'or et d'argent ; Lancelot, déchiré par des conflits de loyauté ; Mordret, machiavélique avant l'heure ; Gauvain, modèle de pureté et de vaillance ; Arthur, d'abord trahi, qui finit par s'interroger sur les bénéfices d'une nouvelle bataille sur le point d'éclater.

Grâce à une minutieuse analyse des travaux préparatoires dont il dispose, Christopher Tolkien est parvenu à reconstituer les intentions de l'auteur concernant la suite du poème et à établir la relation existant, dans l'imaginaire de son père, entre la légende arthurienne et les éléments constitutifs de l'univers qu'il s'apprêtait à créer : d'Avalon à Tol Eressëa, d'Arthur à Eärendel, les liens sont plus subtils et les analogies, plus nombreuses qu'on le croirait de prime abord. Si J.R.R. Tolkien délaissa par la suite la légende arthurienne, il n'en retint pas moins quelques traits essentiels à l'élaboration de sa propre mythologie.

Texte unique dans l'œuvre de J.R.R. Tolkien, l'originalité de La Chute d'Arthur est double : il s'agit d'un traitement de la légende arthurienne rédigé sous forme chère à l'auteur, celle de la poésie allitérative anglo-saxonne, constatée dans les tout premiers poèmes anglais et remise à l'honneur au XIVème siècle. La Chute d'Arthur fournit aussi un éclairage nouveau sur certaines des grandes œuvre de J.R.R. Tolkien, comme Le Silmarillion, en permettant d'approfondir les sources dont il s'est inspiré et le développement de sa pensée. Les commentaires de Christopher Tolkien fournissent d'ailleurs une étude des textes utilisés par son père et de l'évolution du poème en référence aux œuvres vouées à lui succéder.

« Vous devez absolument l'achever », écrivait C.S. Lewis à J.R.R. Tolkien en 1934. Celui-ci n'en fit rien, mais la partie rédigée sous forme qu'il souhaitait peut-être définitive mérite résolument de figurer en bonne place parmi les textes désormais disponibles pour ses lecteurs.

Quatrième de couverture

Dans un magnifique poème de mille vers, J.R.R. Tolkien propose une version sombre de l'histoire du roi Arthur, roi guerrier et conquérant : à la fidélité de Gauvain répond la trahison de Mordret, envoûté par une Guenièvre énigmatique, elle-même objet de passion pour un Lancelot tourmenté.

Christopher Tolkien éclaire ensuite ce texte, qui est longtemps resté un mystère, en montrant comme il dialogue avec les versions médiévales anglaises et françaises de la légende arthurienne, mais aussi avec le monde du Silmarillion. Bien qu'incomplet, le poème, présenté ici dans une forme achevée, mais aussi dans son évolution, marquera le lecteur par sa force, sa dimension tragique, et les liens qu'il suscite avec l'univers inventé par Tolkien.

Quelques extraits

Humphrey Carpenter a publié deux extraits du poème dans la Biographie de Tolkien. Le premier décrit le désir éprouvé par Mordred envers Guinever et le second est une description de Guinever :

Sa couche était déserte ; les noirs fantômes
du désir inassouvi et de la sauvage fureur
hantèrent son esprit jusqu'au matin blême.
dame sans pitié
belle comme une fée d'esprit cruel,
qui parcourt le monde pour le malheur des hommes.

Enfin, le 09 octobre 2012, le journal anglais The Guardian a publié les 9 premiers vers du poème :

Arthur eastward in arms purposed
his war to wage on the wild marches,
over seas sailing to Saxon lands,
from the Roman realm ruin defending.
Thus the tides of time to turn backward
and the heathen to humble, his hope urged him,
that with harrying ships they should hunt no more
on the shining shores and shallow waters
of South Britain, booty seeking.3)

Photographies

Extrait sur Google Livres

Revue critique de l'ouvrage : L’épopée inachevée de Tolkien : “La Chute d’Arthur”, par John Garth

Au début de la Chute d’Arthur, depuis longtemps attendue par les fans de Tolkien, et maintenant éditée pour publication par son fils Christopher, une armée marche vers la Forêt Noire, au-dessus de laquelle, dans une tempête, on voit une sorte de spectre de l’anneau :

wan horsemen wild in windy clouds
grey and monstrous grimly riding
shadow-helmed to war, shapes disastrous.
cavaliers pâles, sauvages, dans nuages de vent,
grisâtres, monstrueux, qui s'avançaient, sinistres,
casqués d'ombre au combat, formes contant désastres.4)

Mais ce n’est pas la Terre du Milieu : c’est l’Europe durant l’Âge des Ténèbres et l’armée est menée par Arthur et Gauvain. La Forêt Noire est tout simplement l’ancien nom donné aux forêts de l’est de l’Allemagne. Et Tolkien l’emprunta pour l’histoire pour enfants qu’il était en train d’écrire à la même époque, au début des années 1930, Le Hobbit.

Tolkien était l’auteur d’histoires sans fin. Et tout comme la plupart d’elles, La Chute d’Arthur était littéralement sans fin : inachevée. Elle reposait parmi son large héritage de papiers et restait inconnue sauf pour un paragraphe dans la biographie de Tolkien publiée en 1976 par Humphrey Carpenter et une simple référence parmi les lettres de Tolkien publiées. Sa publication suit celle de la plus difficile Légende de Sigurd et Gudrún en 2009 que Christopher a probablement décidé de publier en premier puisqu’elle était achevée. Tout comme Sigurd et Gudrún, La Chute d’Arthur est en vers allitératifs, une mode en vogue jusqu’au 14ème siècle. Elle remplit à peine 40 pages et a probablement été abandonnée suite à des pressions professionnelles et familiales, ou bien pour achever Le Hobbit. Mais si l’on peut mettre à part la frustration du fait que ce ne soit qu’un fragment, elle mérite bien d’être lue. Personne n’a travaillé plus que Tolkien pour raviver la flamme médiévale dans l’ère moderne et voici sa seule contribution créative à la tradition arthurienne. Attirante par son rythme, hantée par la perte, elle répond aux attentes.

Quelques éditions

En français



En anglais

Voir aussi

Sur Tolkiendil

Sur le net

1) Lettres, n°165.
2) Verlyn Flieger, Arthurian Romance, in J.R.R. Tolkien Encyclopedia: Scholarship and Critical Assessment, p. 34-35.
3) 'New' JRR Tolkien epic due out next year, Alison Flood, 09 octobre 2012.
4) La Chute d'Arthur, Chant I, Vers 87 à 89, traduction de Christine Laferrière
 
tolkien/biblio/arthur.txt · Dernière modification: 21/06/2020 12:31 par Druss
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