J.R.R. Tolkien, une biographie

9782267050516.jpgJ.R.R. Tolkien, une biographie

Titre original J.R.R. Tolkien, A Biography
Auteur Humphrey Carpenter
Publication 1977
Éditeur Houghton Mifflin
Titre français J.R.R. Tolkien, une biographie
Traduction Pierre Alien
Publication française 1980, 2002 (édition revue par Vincent Ferré)
Éditeur français Christian Bourgois

Présentation

Ce livre a pour support les lettres, le journal et d’autres documents laissés par le professeur J.R.R. Tolkien, ainsi que les souvenirs de sa famille et de ses amis. Tolkien lui-même n’aimait guère l’idée d’une biographie. Cependant il se rendait certainement compte que la remarquable popularité de son œuvre rendait hautement probable la parution d’une biographie après sa mort, et il semble même qu’il s’y soit quelque peu préparé, car pendant les dernières années de sa vie il a joint des notes explicatives et divers commentaires à un certain nombre de vieilles lettres et de manuscrits. Il écrivit aussi quelques pages de souvenirs d’enfance, et on peut croire qu’il espérait que ce livre ne serait pas tout le contraire de ce qu’il aurait souhaité. (Humphrey Carpenter, Oxford, 1976)

Sommaire

  • Avant-propos

Chapitre premier. Une visite Chapitre II. Une visite

  1. Bloemfontein
  2. Birmingham
  3. « Langages Secrets » - et Edith
  4. « T.C., B.S., etc. »
  5. Oxford
  6. Réunion
  7. La guerre
  8. La Dissolution de la Communauté

Chapitre III. 1917-1925 : La naissance d'une myhtologie

  1. Livre des contes perdus
  2. Entracte à Oxford
  3. Voyage au nord

Chapitre IV. 1925-1949 : « Dans un trou vivait un hobbit »

  1. La vie à Oxford
  2. Un examen des photographies
  3. « Il est allé à l'intérieur du langage »
  4. Jack
  5. Northmoor Road
  6. Le conteur

Chapitre V. 1925-1949 : Le troisième âge

  1. L'arrivée de Mr. Sacquet
  2. Le nouveau hobbit

Chapitre VI. 1949-1966 : Le succès

  1. Une porte claquée
  2. Un grand risque
  3. Le fric ou la gloire

Chapitre VII. 1959-1973 : Les dernières années

  1. Headington
  2. Bournemouth
  3. Merton Street

Chapitre VIII. 1925-1949 : L'Arbre

  • Annexes
  • Table généalogique simplifiée de la famille de J.R.R. Tolkien
  • Chronologie
  • Les œuvres publiées de J.R.R. Tolkien
  • Références et remerciments
  • Index

L'avis des lecteurs

Nébal (décembre 2012)

La biographie de Humphrey Carpenter – qui fut longtemps considérée, et peut-être encore aujourd’hui, comme la biographie « officielle » de Tolkien – me paraissait donc constituer une lecture potentiellement utile. Celle-ci, savamment composée, mais de manière presque strictement chronologique, se veut le récit d’une vie, et non un ouvrage de critique littéraire (notamment parce que Tolkien estimait qu’une œuvre ne devrait pas être interprétée à l’aune d’un parcours biographique : refus de l’allégorie, là encore). Écrite dans une langue agréable, elle se lit à peu de choses près comme un roman, impression renforcée par l’absence de notes, qui ne doit cependant pas nous tromper : Humphrey Carpenter a de toute évidence accompli un travail colossal, et s’est énormément documenté, notamment auprès de sources inédites et destinées à le rester ; mais il ne voulait pas « polluer » son récit avec des références trop précises et probablement guère utiles pour le lecteur profane, et préférait lui conserver une certaine simplicité et fluidité (par exemple pour ce qui est des citations). Et c’est bien l’occasion d’en apprendre beaucoup sur Tolkien. La très mauvaise quatrième de couverture me faisait un peu craindre l’hagiographie, mais Humphrey Carpenter ne tombe en définitive guère dans ce travers (Tolkien n’est pas toujours présenté ici comme quelqu’un de forcément très sympathique, en dépit des affirmations de l’auteur…), et sait dresser un portrait que j’estime à vue de nez fidèle.

Nous suivons donc Tolkien de sa naissance en Afrique du Sud en 1892 à sa mort en 1973. Le jeune Ronald (c’est ainsi qu’il est presque systématiquement désigné) est très tôt orphelin ; plus ou moins élevé par un prêtre, il s’attache fortement à la religion catholique, à laquelle s’était convertie sa mère, et cela restera toute sa vie d’une importance cruciale. Issu de la petite bourgeoisie, il connaît cependant une existence plutôt modeste, et doit se battre pour obtenir les indispensables bourses lui permettant d’entamer puis de poursuivre ses études. Il développe très tôt son goût pour les langues anciennes, devenant rapidement un linguiste des plus talentueux… et imaginant bientôt ses propres langages, ce qui, là encore, sera d’une importance capitale pour la suite. Il trouve alors dans la littérature nordique et anglo-saxonne (Beowulf, les sagas islandaises…) de quoi stimuler son goût pour les mots et l’imaginaire, et celle-ci constituera l’arrière-plan de son œuvre ultérieure (on notera au passage que, contrairement à une idée reçue, Tolkien a toujours professé le plus grand mépris pour Wagner et son Ring). Il rencontre l’amour en la personne d’Edith, qui deviendra son épouse dévouée après une longue séparation imposée par son tuteur, et lui donnera quatre enfants. Passé la guerre, où nombre de ses amis tombent sur le champs d’horreur, le professeur mène dans l’ensemble une vie sans histoire, qu’on pourrait à vue de nez juger d’une banalité écrasante, et mortellement ennuyeuse… Mais son récit n’a rien d’ennuyeux, loin de là.

C’est qu’on se passionne pour l’itinéraire intellectuel et littéraire de Tolkien, qui élabore très tôt les premiers éléments de son œuvre, pour ne pas dire de sa mythologie : les premiers textes de ce qui deviendra Le Silmarillion datent de 1917, et Tolkien y reviendra sans cesse. Qu’on ne s’y trompe pas, cependant : il ne faut pas y voir véritablement les germes de Bilbo le Hobbit et du Seigneur des Anneaux, Tolkien n’avait certainement pas de plan d’ensemble, et ne savait pas vraiment où il allait. Il commença donc ses œuvres de fiction – qui ne devaient être, celles-là, publiées qu’après sa mort – en recréant à destination d’un public très restreint, famille et amis proches, la mythologie anglaise, qui deviendra progressivement sa propre mythologie. Son perfectionnisme, virant à la maniaquerie, l’empêche d’envisager de publier ces récits de ce qui deviendra ultérieurement le Premier Âge (du moins jusqu’au succès du Hobbit). Alternant prose et poésie allitérative, il construit tout un univers, riche de références mais pourtant original, et parfois très personnel (il est à bien des égards Beren, et sa femme Lúthien, à titre d’exemple – leur tombe le mentionne, d’ailleurs).

Mais, bien loin de l’érudition étouffante de ses travaux universitaires (finalement assez rares, quand bien même très prisés et admirés : Tolkien consacrait davantage de temps – énormément, même – à l’enseignement qu’à la recherche, et son perfectionnisme, là encore, l’empêcha plus d’une fois de mener à terme ses projets) et du Silmarillion, c’est en se tournant vers les enfants, et d’abord les siens, qu’il finira par trouver sa voie. Car Bilbo le Hobbit est indéniablement un livre pour enfants, et est bien reçu comme tel (même si j’aurais pour ma part envie de nuancer : si la dimension enfantine est très présente dans les premières pages, elle cède le pas à la dimension mythologique et épique sur le tard) ; il rencontre un certain succès, et on réclame bientôt à l’auteur une nouvelle histoire de Hobbits.

Tolkien se met à la tâche, sans trop savoir où il va ; et c’est ainsi, au terme de douze années de travail ponctué d’interruptions et de doutes, que l’auteur, loin de se contenter de renouveler Bilbo, va, avec Le Seigneur des Anneaux, créer un monument qui saura conjuguer de manière totalement inédite son érudition mythologique et son goût de l’imaginaire plus ou moins enfantin. Le livre, cette fois, n’est pas destiné aux enfants, c’est une évidence, et est à vrai dire inclassable ; ceci, et sa longueur, font que la publication du Seigneur des Anneaux est perçue comme une « prise de risque »… Mais le risque fut pris, et, en dépit de critiques très diverses, le livre trouva comme par magie son public, jusqu’à devenir, notamment dans les campus américains des années 1960, un succès colossal, dont Tolkien fut le premier surpris.

Humphrey Carpenter dresse dans sa biographie le parcours presque schizophrène d’un homme partagé entre la banalité de son quotidien de professeur et le grandiose de son imaginaire aussi foisonnant qu’inventif. Et l’on en ressort convaincu d’une chose : avec ses défauts indéniables, Tolkien était néanmoins un authentique génie, un créateur comme on n’en rencontre que rarement, l’inventeur – pour le meilleur et pour le pire… – d’un genre destiné à connaître le succès que l’on sait. Et, une fois la dernière page tournée, on est pris d’une envie irrépressible de lire ou relire Tolkien. M’étonnerait donc pas que je m’y remette, voire que je me risque à nouveau – soyons fous – aux publications de Christopher Tolkien (certaines d’entre elles du moins). On verra bien… Mais la mission est donc accomplie. Cette biographie, qui se dévore, est donc tout à fait recommandable, et mérite bien qu’on s’y arrête ; à vrai dire, pour les fans de Tolkien, c’est même probablement une lecture indispensable.

Patrick Sikias (juin 2007)

Il est assez inévitable, dès que l’on s’intéresse à J.R.R. Tolkien et à son œuvre (surtout après l’édifiante lecture de tout ou partie de cette dernière) d’apprendre qu’il existe une excellente biographie de JRRT, écrite par Humphrey Carpenter en 1976. Mais de quoi s’agit-il exactement ?

Humphrey Carpenter, biographe et journaliste (décédé en 2005), nous explique dans son avant-propos avoir voulu « raconter l’histoire de la vie de Tolkien en évitant toute évaluation critique de son œuvre d’imagination », en ayant « tout de même essayé d’indiquer quelques-unes des influences, littéraires ou autres, qui ont infléchi l’imagination de Tolkien, dans l’espoir de jeter quelque lumière sur ses livres. »

Cette biographie démarre ensuite sur les chapeaux de roues, par la narration de la première rencontre de l’auteur avec Tolkien ; ce premier chapitre, intitulé « Une visite », est bref, incisif et truculent. Il donne clairement envie de poursuivre la lecture afin de connaitre l’histoire de cet homme si particulier.

D’emblée, on est frappé par la profusion de détails en tous genres ; cette abondance d’informations se maintiendra tout au long du récit et atteste du travail de fourmi consenti par l’auteur. Indiscutablement, cette biographie est archi-complète sur le plan descriptif ; de plus, la légèreté du style contribue à garder l’information digeste. Au bout de 230 pages, une véritable addiction s’instaure et le décès de Tolkien, décrit en 11 petites lignes (débutant par « sa fin fut rapide ») est à la fois un déchirement et une grande frustration ; on aimerait tellement en savoir plus, apprendre encore quelques détails qui prolongeraient, même fictivement, la vie du Maître…

D’autre part, les clins d’œil à l’œuvre de Tolkien sont nombreux et savoureux ; de l’origine de Gandalf à « dans un trou vivait un hobbit », en passant par les Ents, les mots « cul-de-sac » et « Gamgee », sans compter la mention de nombre de ses autres productions non directement liées à la mythologie Tolkienienne… Il faut cependant, pour les goûter pleinement, avoir au moins lu Bilbo le Hobbit, Le Seigneur des Anneaux et Le Silmarillion avant d’aborder cet ouvrage.

Carpenter s’attache à analyser le « comment » de la (sous-)création de l’œuvre de Tolkien sans céder à la tentation (la prétention ?) d’expliquer le « pourquoi » ; il affirme : « aucune description des évènements matériels de la vie de Tolkien ne peut donner une explication autre que superficielle des origines de sa mythologie ». Jusqu’à la dernière page de son livre, il s’interrogera encore : « D’où vient-elle, cette imagination qui peupla la Terre du Milieu d’Elfes, d’Orcs et de Hobbits ? ». Cette démarche a l’immense mérite de laisser le lecteur libre de se positionner selon sa sensibilité et son ressenti ; c’est clairement un point fort du livre.

A un moment, Carpenter explique que « les Tolkien aimaient tous raconter des histoires qui donnaient une allure romanesque à leurs origines ». On est tout à fait en droit de s’interroger, de la même manière, sur l’œuvre de l’auteur : cette biographie ne serait-elle pas trop romancée ? A de rares moments, elle l’est effectivement, mais pour le reste le lecteur gardera in fine une solide impression d’authenticité. Ainsi par exemple, la description d’une journée caractéristique du Professeur Tolkien au début des années trente, même si elle est entièrement imaginaire (c’est l’auteur lui-même qui le dit) est tout à fait captivante car bourrée de détails et d’anecdotes qui nous font véritablement partager le quotidien de JRRT.

Pour conclure, le passage de Feuille, de Niggle qui clôt la biographie, est tout à fait adapté :

« Il regardait l’Arbre, et lentement il leva les bras et les ouvrit largement. “C’est un don !” dit-il. »

Oui, l’œuvre monumentale de Tolkien est un (sacré) don ; à chacun de savoir l’accueillir à bras ouverts et de s’émerveiller.

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tolkien/sur-tolkien/humphrey_carpenter_-_j_r_r_tolkien_une_biographie.txt · Dernière modification: 28/04/2023 13:26 par Druss
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