Les emblèmes héraldiques dans le Silmarillion

Gianluca Meluzzi — 2023

Article théoriqueArticles théoriques : La maîtrise globale des écrits de J.R.R. Tolkien est nécessaire pour bien saisir la portée des articles de cette catégorie, les sujets étant analysés de façon poussée par leurs auteurs.

Traduit par Chiara Cadrich (août 2023)

1. Introduction

C’est un fait bien connu que la grande force des œuvres de J.R.R. Tolkien résidait dans la minutie et la passion qu’il mettait à élaborer de multiples aspects transversaux, en apparence secondaires au regard de ses histoires, tels que la linguistique, l’histoire et la culture, la cosmogonie, ou l’eschatologie. Ainsi que dans sa façon de les construire sur des règles et hypothèses de pure fantaisie, parvenant à leur conférer une crédibilité qui demeure sans égale, car elle reste encore largement inégalée dans la littérature universelle.

L’un de ces aspects, peu exploré jusqu’à présent, est celui des blasons réalisés en marge du Silmarillion. Il les a tous conçus (ou peut-être presque tous) entre 1960 et 1961, accomplissant rapidement une véritable révolution stylistique dans l’héraldique de l’ensemble de son Légendaire. En effet, dans leur abstraction et leur complexité graphique, ils sont radicalement nouveaux et différents du symbolisme sommaire de toutes les descriptions présentes dans les textes : depuis les blasons des douze maisons de Gondolin, qui remontent à 19171), jusqu’aux insignes des boucliers et bannières du Seigneur des Anneaux.

Une vingtaine de spécimens seulement ont été conservés, mais ils s’avèrent vraiment admirables pour leur grand raffinement et leur habile technique figurative. Cependant, ils constituent aussi une énigme, car l’auteur les a globalement créés comme un passe-temps, sans les expliquer, ni même les mentionner dans aucun texte. Tout ce qui reste pour nous donner un aperçu de la façon dont ils ont pu être construits, ce sont quelques rares notes explicatives ; notamment cinq Règles de base, sous forme de notes, qui se lisent ainsi :

  • (1) « Les femmes dans un cercle personnalisé »
  • (2) « Les hommes dans un losange »
  • (3) « Blasons génériques (non personnalisés) ou emblèmes familiaux carrés (ou [?] autrefois, circulaires) »2).
  • (4) « Le rang était habituellement considéré comme / montré par le nombre de “pointes” qui atteignaient le bord extérieur : quatre pour un prince, 6-8 des rois».
  • (5) « Les aïeux célèbres / en avaient parfois jusqu’[à] 16, comme dans / la Maison de Finwë »3).

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On peut parfois trouver quelques autres annotations, à côté des blasons eux-mêmes, bien qu’elles nous fournissent rarement des informations au-delà du nom du personnage auquel ils sont dédiés. Cependant la symbolique utilisée pour les concevoir un à un ne nous est révélée nulle part. Pourtant, une symbolique plus élaborée que celle des Règles doit d'une manière ou d'une autre les animer et sublimer l’abstractionnisme apparent, cela se perçoit en observant les dessins et en les comparant entre eux : de la récurrence de certaines figures thématiques (par exemple le cercle dans ceux des Noldor), à l'utilisation de références directes au personnage – comme le Silmaril pour Eärendil, ou la main pour Beren. Cette symbolique ne déroge pas à la méthode avec laquelle J.R.R. Tolkien a créé tout le reste de son monde imaginaire, nouvelle et profonde à la fois, vivante et élaborée ; et néanmoins mystérieuse, car il ne nous a pas donné les clés de son interprétation.

En effet, ayant analysé les blasons en profondeur, je me suis rendu compte qu'ils recelaient bien plus qu’une technique graphique ou une esthétique plaisante, et que l'auteur visait en fait à traduire dans chacun d'eux les traits de caractère les plus significatifs du personnage (ou du concept) concerné. Des traits posthumes, pour ainsi dire : ils résument toute l’existence du personnage au long du Légendaire, plutôt que de se pencher sur la façon dont lui-même ou ses proches4) auraient pu les concevoir. Mais cela, précisément, en suivant des règles et des idées qui sont entièrement originales et qui partagent peu de choses avec l'héraldique traditionnelle.

Les couleurs, par exemple, ne peuvent être assimilées aux émaux héraldiques, parce que les métauxor et argent – et les fourrures manquent tous deux, et que Tolkien n’écrit jamais ici azur, sinople et gueules, mais plutôt “bleu”, “vert” et “rouge”. En particulier, il utilise habituellement le blanc (qui serait argent en héraldique) pour des concepts naturels, tels que la lumière ou des pétales ; pour le métal froid, par contre, lorsqu’il en a la nécessité, il utilise le crayon bleu ou argenté, et peut-être le gris. Même le jaune (qui serait or) se rencontre surtout pour des concepts naturels tels que des flammes ou des fleurs, et dans différentes variantes, souvent nuancées d’orange ou de rouge ; et pour le métal chaud, l’auteur utilise aussi bien le jaune que l’orange.

Plus globalement, la symbolique s’écarte radicalement du canon héraldique, au point qu’il serait absurde d’appeler besant un disque, estoile une étoile (voir ci-dessous la note de l’auteur sur le blason de Finwë), ou diamant un Silmaril. Même le terme générique meuble peine à s’appliquer pour les différents éléments symboliques, qui revêtent ici des significations très éloignées et ne font l’objet d’aucune codification structurée, le sens de chaque meuble ou chaque émail pouvant varier d’un blason à l’autre. Par conséquent, je préfèrerais utiliser une terminologie plus libre et souple dans la suite de cette étude, par exemple en désignant les figures circulaires par les termes anneau, couronne (pour des couronnes rondes) et disque en lieu et place de besant, tourteau ou annelet.

J.R.R. Tolkien: Artist & IllustratorChristina Scull - Wayne G. Hammond, J.R.R. Tolkien: Artist & Illustrator, Houghton Mifflin Co/ HarperCollins Publisher, 1999.

Nous disposons par ailleurs de peu d’études sur le sujet, la plus fondamentale – par W.G. Hammond et C. Scull5) devant d’ailleurs être considérée davantage comme un essai illustratif que comme une étude. En effet, elle ne nous présente qu'une partie des blasons originaux, même si elle nous fournit la plupart des (rares) informations qu'il a été possible de trouver à leur sujet ; et elle analyse leurs particularités graphiques et symboliques de manière très succincte et superficielle. Alors que les autres auteurs qui abordent l’héraldique de Tolkien, appréhendent mieux la relation qu’elle entretient avec le monde réel, ou se cantonnent à examiner celle du Seigneur des Anneaux. Lorsqu’ils traitent de celle du Silmarillion, ils n’introduisent rien qui transcende les règles définies par l’auteur, ni aucun concept nouveau au regard des quelques hypothèses avancées par Hammond & Scull6).

Précisément dans le but de comprendre mieux que par le passé cette forme de représentation singulière et mystérieuse, j’ai commencé par redessiner chaque blason avec une grande application ; un peu comme pour comprendre un texte en profondeur, il est très utile de s’atteler à le traduire par écrit dans une autre langue. En fait, la tâche de reconstruction des jeux géométriques complexes constituant leur base principale m’a contraint à me poser des questions que l’auteur pouvait difficilement éviter en les concevant ; et en approfondissant les réponses possibles, bien qu’il fût improbable que je pusse correctement les saisir toutes, mieux que d’autres certainement, j’ai été à même de cerner les idées qui les ont fait naître.

Cette étude, par conséquent, visera à approfondir l’analyse de chaque blason, dans un mode organique, d'une manière qui associe à la fois le niveau de la description et celui de l'interprétation.

Tous ceux qui sont traités ici ont déjà été publiés une ou plusieurs fois ; la description et l'interprétation de chacun d'eux seront donc basées sur leurs meilleures reproductions, puisque je n'ai pas la possibilité d'examiner directement les dessins originaux. Il s'agit certainement d'une limite de cette étude, mais à laquelle il n'est pas facile de trouver un remède. Néanmoins, il est possible qu'à partir de mes efforts, d'autres se sentent alors stimulés pour élargir leurs connaissances dans le domaine, peut-être même en examinant attentivement les originaux, pour corriger certaines de mes éventuelles inexactitudes, ou en découvrant de nouveaux blasons encore inconnus. Mais surtout, j'espère apporter une contribution significative aux artistes qui voudront s'aventurer dans l'héraldique du Silmarillion ou dans l'héraldique elfique de l'ensemble du Légendaire, en leur fournissant une base de travail beaucoup plus fouillée que par le passé.

2. Technique

La création des blasons a commencé par le tracé d’une construction géométrique au crayon à papier léger, pour suivre par un re-traçage et un coloriage au moyen de crayons ou de stylos de couleur. Le dessin, très complexe dans certains cas, a été réalisé (vraisemblablement) à l'aide d'outils graphiques, notamment le compas. Deux aspects de ces compositions nous laissent pantois.

Le premier aspect est que les blasons les plus élaborés, générés sur la feuille autour d’axes de symétrie multiples, ont vu au moins une partie du travail répétée jusqu'à douze fois. Cela implique que l'auteur était suffisamment habile et patient pour reproduire parfaitement une longue série de constructions consécutives, mais aussi qu'il savait travailler à l'aveuglette, pour ainsi dire, sur le motif géométrique élémentaire, tout en parvenant, en définitive, à obtenir un résultat harmonieux, agréable et cohérent.

Le second aspect est la quantité de lignes courbes qui peuvent former la structure de chaque secteur circulaire, presque toutes constituées d'arcs de circonférence réalisés à l'aide d'un compas ou d'un gabarit de cercle, sans compter, au préalable, qu’il faut trouver les centres avec une règle et un rapporteur. En travaillant à la reconstruction des blasons un par un, j'ai dû nécessairement suivre les mêmes étapes géométriques déjà parcourues par l'auteur, mais avec l'énorme facilité que confère un logiciel de dessin technique vectoriel.

Je reporte ci-dessous les lignes de construction de l'un des huit secteurs symétriques qui forment la base du blason de Melian – le plus complexe de toute la série. On dénombre pas moins de dix-huit cercles et deux ellipses, contre seulement trois lignes droites (hormis les génératrices de la petite étoile – que je suppose tracées à la main, tout comme les arcs d'ellipse). Une complexité de composition vraiment étonnante !

Figure 1 – Blason de Melian redessiné et reconstruction des génératrices de l’un de ses huit secteurs circulaires.

3. Trois styles distincts

Les emblèmes peuvent être classés en trois groupes : Noldor, Sindar et Edain, bien que le classement de quelques-uns puisse ne pas être simple ou univoque7). Comme on peut s'y attendre, la première chose que l'on remarque une fois cette subdivision effectuée, c'est une certaine différence de style entre les groupes.

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Figure 2 – Les blasons les plus importants, redessinés et classés.

Les Noldor

On dit des Noldor qu’ils ont été les premiers à adopter des armoiries sur leurs boucliers, alors qu'ils se trouvaient encore à Valinor8). Cependant, les descriptions de leurs armoiries que l'on trouve dans le Légendaire sont rares, éparses et, surtout, antérieures à l'innovation stylistique de 1960-61. Parmi celles-ci, les écus de Fingolfin9), Ecthelion10) et Gil-galad11), ou la bannière de Fingon12), n'étant que vaguement esquissés, restent encore compatibles avec la nouvelle méthode imaginée par l'auteur ; mais quant au catalogue des armes des Maisons de Gondolin mentionné plus haut, il est vraiment difficile d'imaginer comment elles pourraient l'être, étant donné leur recours massif à des figures plutôt simples, qui contrastent fortement avec la complexité figurative déployée depuis. Cependant, un certain nombre de tentatives récentes dans ce sens seront illustrées dans la dernière partie de cette étude.

Les blasons Noldor se caractérisent globalement par la représentation de lignées royales avec – à quelques exceptions près – la mise en exergue du rang via des pointes.

Deux autres caractéristiques particulières sont, d’une part la répétition constante d’un motif élémentaire par rotation autour d’un axe vertical, renforcée par une ou plusieurs figures circulaires, dont l’impression de circularité se déduit sans hésitation ; cela symbolise (comme le supposent déjà Hammond & Scull, à juste titre) l’immortalité des Premiers-Nés, éternels prisonniers du cycle de la Nature, et d’autre part l’impression d’abstraction du dessin.

Soulignons également l’utilisation fréquente de couleurs vives, parfois dégradées, tandis que les gris, les verts et les couleurs en propre (c’est-à-dire les couleurs authentiques des figures représentées explicitement) demeurent occasionnels. La symbolique privilégie les rayons, flammes, étoiles et Silmarils pour les hommes, et les motifs floraux pour les femmes.

Les Sindar

Le nombre d'emblèmes Sindar est malheureusement très limité, ce qui rend difficile l’identification de leur style. Dans le Légendaire, leurs armoiries ou bannières ne sont jamais décrites, la seule exception étant le sceau de la reine Melian13) (qui reproduit une fleur de Telperion et dont la description14), non sans difficulté peut-être, me semble compatible avec le blason fort élaboré, alors dessiné par l'auteur). En pratique, les quatre blasons ainsi regroupés constituent donc un cas à part.

Ces blasons, pour deux des trois personnages qu'ils représentent, sont très semblables aux précédents, mais avec peu ou pas de vivacité des couleurs. Il n'en est pas de même pour les deux appartenant à Lúthien, qui s'opposent nettement aux autres.

Là encore, la répétition modulaire par circularité et la représentation du rang sont deux constantes ; le premier blason fait cependant appel à des artifices plus élaborés que de simples cercles, tandis que le second est moins ostentatoire que ce que l'on peut voir chez les Noldor. Ils sont néanmoins aussi abstraits, le peu de symbolisme apparent favorisant les motifs étoilés et, comme chez les Noldor, les motifs floraux pour les femmes.

Les Edain

Les blasons des Edain présentent de nombreuses différences avec ceux des Elfes : tout d’abord, leur style de représentation, puisqu'ils ne suivent pas des modèles types et manquent généralement de circularité ; mais aussi la présence assez marquée de figures explicites, qui contraste nettement avec le style elfique abstrait.

Presque tous (sauf celui de Finrod, qui est un cas particulier) tendent à suggérer un mouvement, ou des lignes de force, du centre vers les bords. Ce qui, à mon avis, sous-tend le Don d'Ilúvatar, c'est-à-dire la façon dont les Derniers-Nés passent par ce monde et se dirigent vers l'au-delà.

Ils présentent habituellement une symétrie axiale, probablement pour symboliser leurs vies terrestres et dans l’outre-monde, et sont coupés – c’est-à-dire présentent une sorte de ligne d’horizon médiane, ce qui les rend conceptuellement plus simples que les précédents. Il y a cependant quelques exceptions, dont le symbolisme complexe présente une influence elfique manifeste ; ce n’est pas un hasard, c’est précisément le cas pour les personnages les plus proches de la culture elfique, Hador et Bëor.

Enfin, l’un au moins déroge ouvertement aux Règles : celui de la Maison de Haleth, qui s’inscrit dans un losange plutôt qu’un carré, quoique le blason soit réputé collectif et non personnel (de plus, en l’espèce, Haleth devrait avoir un cercle et non un losange)15).

Dans la suite, les blasons seront analysés un par un, tout d’abord en les illustrant sur la base des sources les ayant reproduits de la façon la plus complète, puis en proposant une interprétation analytique.

4. Blasons des Noldor

4.1 Finwë

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Figure 3 – Blason de la Maison de Finwë et blason personnel (comparaison des originaux et de la figure redessinée, ici et dans les illustrations suivantes).

Description

L'auteur l’a dessiné en deux versions, pratiquement identiques, comme blason de la Maison et blason personnel16). Le premier des deux porte en marge ces notes manuscrites : « Soleil ailé / Maison de Finwë / Grands Rois / Fingolfin – Fingon / Turgon ceux qui / descendaient de Finarphin / utilisaient une étoile bleue »17). Les auteurs Hammond & Scull ont écrit écrivirent que le mot « Finwë » était barré et remplacé par « Finrod »; l’image publiée montre en fait un fin trait de crayon sur le nom (mais non le mot « Finrod », à moins de l’inclure dans un groupe de trois mots illisibles sur la page en vis-à-vis), tandis que dans la publication du second, il ne porte que le nom de l’emblème, ”Finwë18).

Le soleil possède seize rayons ailés, qui se terminent par des pointes touchant toutes les bords extérieurs, comme l’exige la cinquième Règle. La répétition modulaire se fait par rotation ; les rayons ne forment pas des angles centraux égaux, mais divisent de façon égale les côtés du losange ou du carré.

Les couleurs choisies sont l'orange, le rouge et le jaune – se fondant dans le blanc pour le soleil – sur un champ bleu. Un disque au cœur (c'est-à-dire au centre) divisé en secteurs jaune et orange accentue la circularité de l'ensemble.

Le Soleil, comme emblème de quelqu'un décédé avant même le premier lever du soleil, est particulier, mais le dispositif a probablement été dessiné alors que l'auteur avait déjà pris la décision de réviser complètement la cosmogonie du Légendaire, en anticipant la création de la Lune et du Soleil – sans toutefois la décliner en pratique pour tout ce qu'il avait déjà écrit à ce sujet.

Interprétation

Je pense que les deux blasons sont indubitablement attribuables à Finwë et au Haut-Roi des Noldor, en écartant l’hypothèse de la révision de l’auteur, puisque le confirment à la fois, la Règle n°5 et le nom originel des deux blasons. De plus, accepter la correction par Finrod de l’annotation ci-dessus, lui ferait perdre tout sens.

La forme du blason rappelle beaucoup celle d'Elwë, ce qui suggère que dans une approche secondaire ils ont pu être conçus (au moins en termes généraux) plus ou moins ensemble, lors de la première visite à Valinor ou immédiatement après, pendant la Grande Marche ; tandis que l'annotation : « descendants de Grands Rois / Fingolfin - Fingon / Turgon » [”descending to High Kings / Fingolfin – Fingon / Turgon”] en fait presque automatiquement l'emblème de la bannière « bleu et argent » [”blue and silver”] de Fingon à la bataille de Nirnaeth Arnoediad19).

Les seize pointes représentent un cas unique (annoncé, en fait, par la cinquième Règle) d'une grande importance, puisqu'elles seront reprises, mais en demeurant en-deçà, par les fils de Finwë. Elles devraient indiquer un Grand Roi des Noldor à Valinor puisque Elwë n’en possède que huit, lui qui, comme Finwë, y était venu mais jamais en tant que roi.

À mon avis, le bleu foncé utilisé pour représenter le firmament pourrait aller plus loin, en symbolisant la mer, domaine d'Ulmo, qui fomente des complots contre Morgoth au nom des Noldor. Dans la vision de Tolkien, il apparaît comme le plus sage des Valar, et par conséquent, la couleur bleue peut également impliquer la connaissance et la sagesse. Le bleu se retrouvera en différentes nuances dans tous les blasons des Noldor, dont on se souvient ici qu'ils sont définis comme les Elfes profonds pour la sagesse qui les distingue, ce qui en fait leur couleur emblématique.

Le choix de privilégier la division en parties égales des quatre arêtes du losange ou du carré plutôt que l'exactitude des angles centraux me semble créer un plus grand équilibre général, qui peut symboliser l'équanimité et le jugement du souverain.

Le disque divisé, à la fois représente le Soleil et symbolise en creux l'immortalité qui caractérise la lignée auquel il appartient, apposant ainsi le sceau d'un Grand Roi des Elfes Noldor en Valinor, sage et juste.

4.2 Fëanor

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Figure 4 – Blason personnel de Fëanor20).

Description

Aucune note n’a été publiée en accompagnement du blason.

La forme est celle d’un losange, conformément à la deuxième Règle. On observe, en partant du centre : un Silmaril multicolore sur un champ blanc, étoilé au cœur et inscrit dans un anneau bleu foncé ; un disque solaire jaune flamboyant ; un anneau noir sur champ blanc ; enfin un champ bleu clair. Tous les rayons sont effilés et rubanés ; huit s’estompant du blanc au jaune puis au rouge, huit autres du bleu clair au blanc, soit seize au total. Sur les huit premiers, quatre passent sous l’anneau noir et atteignent les bords externes, ce qui indique le rang de prince, tandis que les autres s’arrêtent à l’anneau noir. Les huit autres sont plus courts et s’arrêtent à l’anneau blanc. La répétition modulaire se fait par rotation, mais elle est imparfaite du fait des couleurs multiples du Silmaril.

L’étoile pourrait être celle de Fëanor sur la porte de la Moria, mais bien que j’aie suivi ici cette idée, en fait la définition de l'empreinte est trop mauvaise pour en être certain ; l'effet de cette étoile est d'agir, me semble-t-il, comme un reflet pour le Silmaril. Tel qu’il est construit, le blason peut être incliné pour reposer sur une base, dans le but de représenter la Maison des Fils de Fëanor.

Interprétation

L’apparence générale et le nombre seize ramènent aux armoiries de Finwë. La lumière qui domine le blason et les rayons ardents rappellent évidemment l’esprit de feu du personnage21). Les quatre pointes rouges secondaires, qui tendent vers les bords sans les toucher, devraient symboliser que Fëanor s’est proclamé Roi des Noldor22) sans voir ce titre reconnu, pour autant que nous le sachions (du reste, la liste des Rois héritant du blason de Finwë, ci-dessus, ne le mentionne pas) ; les huit pointes mineures, jointes aux autres, soulignent sa filiation directe avec le Grand Roi de Valinor (elles touchent le blanc de la vertu, rappelant Finwë).

Parmi les cercles d’immortalité, un anneau noir se démarque, qui surcharge un anneau blanc et brise même les quatre pointes du Prince, suggérant quelque chose de néfaste : la perte de la pureté et les innombrables deuils causés par le Serment, voire le confinement éternel de l’esprit de Fëanor en Mandos23). Un autre anneau sombre, du bleu des Noldor, enserre le Silmaril comme dans un étau, et cela pourrait symboliser l’assujettissement formidable au Serment de Fëanor, qui fut prononcé précisément à cause de ces joyaux. Le bleu céleste qui s’étend au-delà devrait encore une fois être la couleur des Noldor, mais éclairci par la lumière magique du Silmaril, comme si ce dernier illuminait le chemin de Fëanor.

Enfin, l’asymétrie induite par les différentes couleurs des facettes centrales pourrait apparaître comme un simple coup de pinceau, mais je crois qu’elle a plutôt été conçue pour souligner les fautes dans les choix effectués par Fëanor, précisément à cause des Silmarils, et qui font de lui un personnage loin de la perfection. En fait, la rupture de symétrie en tant que signe négatif est d’un usage courant dans d’autres blasons et s'avère appropriée – comme on le verra ci-dessous – hormis dans un cas (celui de Gil-galad) ; ce qui me conduit à la considérer presque comme une règle24).

En termes de congruence narrative, il me semble que de telles armoiries ne seraient pas compatibles avec une invention par Fëanor lui-même, ou même par ses fils, mais devraient en tout état de cause remonter à la fin du Premier ge puisqu’aucun d’entre eux n’aurait jamais accepté les multiples symboles négatifs porté par les anneaux noir et bleu, les quatre pointes qui s’approchent des bords sans les toucher, et la rupture de symétrie. Mais il s'agit là d'une considération qui, à mon avis, n'intéressait pas ou peu l'auteur.

4.3 Fingolfin

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Figure 5 – Blason personnel de Fingolfin25).

Description

En dessous se trouve une annotation manuscrite « Fingolfin et sa Maison »26) – en fait, le blason personnel se mue en blason de la Maison en posant le carré sur un de ses côtés.

Le blason est de construction similaire à celui de Fëanor. Le soleil central, avec une couronne jaune, de blanc en orle (c’est-à-dire bordé) de blanc est ici plus délicat, de même que ses rayons rubanés, oranges ou blancs et oranges, dont les pointes au nombre de huit touchent toutes les bords, indiquant un Haut Roi des Noldor.

Au coeur, autant de pointes rouge sang touchent la base des rayons extérieurs ; les pointes ont à nouveau la forme de rayons rubanés à huit branches reposant sur un disque bleu pâle, avec orle blanc.

Le champ est bleu foncé, avec quatre étoiles bleu clair à cinq branches, qui pourrait vaguement rappeler (comme le suggèrent Hammond et Scull) l’emblème de son bouclier tel que chanté dans le Lai de Leithian27). La répétition modulaire se fait par rotation, imparfaite en raison de la fixité des étoiles.

Interprétation

De façon similaire à ce que l’on a vu pour Fëanor, le blason tire en partie son symbolisme de celui de Finwë. Par conséquent, ici aussi nous avons le soleil au centre et les huit rayons intérieurs (rouges, pour rappeler le martyre de Finwë, touchant au blanc de sa vertu) en sus des rayons extérieurs pour mettre en avant la filiation directe d’un Grand Roi à Valinor, et les cercles d’immortalité (là aussi ourlés de blanc pur, car Fingolfin n’est entaché d’aucun méfait) et le champ bleu des Noldor. Le disque central est bleu clair, comme si le cheminement de Fingolfin était guidé par la soif de justice pour son père (contrairement à son frère Fëanor, qui ne se laisse éclairer que par la beauté de sa propre création).

Les quatre étoiles demeurent énigmatiques pour moi : en plus des blasons de Gil-galad et d’Eärendil, où elles ont une raison d’être évidente, c’est leur seul autre cas d’emploi dans un emblème Noldor. Il me semble étrange de faire référence à son écu comme cela a été suggéré, car placer une seule étoile à huit branches au coeur était une option possible, mais elle a été écartée. La seule référence qui vienne à l’esprit dans ce cas précis, pourrait être ses quatre enfants ; mais il est plus probable qu’il s’agit d’un procédé pour briser la symétrie de la figure (comme indiqué, les étoiles ne présentent pas la même symétrie circulaire que le reste de la figure) en exploitant un thème cher aux Eldar ; le défaut de Fingolfin, sa faute, étant d’avoir été l’un des chefs de la Fuite des Noldor.

Enfin, il est intéressant de noter qu'en croisant la note qui accompagne ce dessin avec celle des armoiries de Finwë, il semble ressortir que les Elfes avaient pour habitude d’ajouter les emblèmes familiaux les uns aux autres, enrichissant leur héraldique individuelle au fil des générations.

4.4 Finarfin

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**Figure 6** – Blason personnel de Finarfin28).

Description

A côté se trouve l’annotation manuscrite : « Finarphin & sa Maison, spéc. Finrod »29) ; ce qui contredit l’annotation à celui de Finwë, qui énonce que « les descendants de Finarphin utilisaient une étoile bleue » (qui plus est, on le suppose, sur un champ bleu foncé, compte tenu du contexte de cette information). Cela suggère que cette annotation est consécutive à l’élaboration des armoiries de Gil-galad et suit le remaniement qui fit de lui un fils d’Orodreth plutôt que de Fingon (de cette façon Finrod et Gil-galad auraient partagé un style commun, représenté par l’étoile bleue et le champ bleu).

La forme est en losange conformément à la deuxième Règle, et peut être inclinée en carré pour représenter une Maison. Conceptuellement, elle est similaire à celle de Fingolfin, mais ses huit rayons principaux sont droits, et prennent ici la forme de deux croix patonnées entrecroisées (c’est-à-dire qui s’élargissent, proches de la croix teutonique). Le champ est blanc au lieu de bleu ; le disque est globalement plus simple et plus petit, bleu clair ourlé de blanc et rouge. Tous les rayons touchent les bords, indiquant le rang de Roi ; ils s’estompent du jaune à l’orange et s’ouvrent en pointes ou en gouttes de couleur rouge contre du noir. Au cœur, autour d’un point central, huit gouttes rouges forment une fleur.

La symétrie est circulaire.

Interprétation

L’annotation “spéc. Finrod” semble faire référence à la conception initiale de cet emblème dans le Lai de Leithian, une « couronne de fleurs d’or »30), bien qu’il n’y ait ici qu’un soupçon de motif floral, au centre, et que l'or (le jaune) éventuel domine ailleurs ; une façon, par conséquent, de développer l’héraldique plus simple de la première période, plutôt que de la démentir ou de la confirmer.

Les croix formées par les rayons, combinées à la linéarité de leur dessin, soulignent à mon sens, la vision claire de ce qui est juste et le respect de Finarfin envers la sainteté des Valar, en renonçant à la rébellion des Noldor et en demeurant fidèle. Ceci est confirmé par le cercle d’immortalité, plus petit ici pour indiquer l’absence en lui des ambitions de ses frères aînés, ainsi que dans la parfaite symétrie circulaire, indice d’une âme immaculée.

Ici, également, le rouge semble représenter le sacrifice : le sien, dans le cercle d’immortalité et les pointes, pour avoir abandonné la Fuite des Noldor ; et de Finwë son père, au centre (comme sur le blason de Fingolfin), dans les gouttes en mémoire de son meurtre par Melkor. Plus énigmatique est la signification possible du petit point central rouge, un symbole que l’on rencontrera à plusieurs reprises. J’incline à penser qu’il représente la personne de Finwë, tout comme, dans d’autres emblèmes, le point semble toujours faire allusion à un tiers.

Comme chez Fingolfin, ici aussi le bleu clair est associé à l’exemplarité de la figure de Finwë. La lumière sacrée de Valinor domine plutôt dans le champ blanc, alors que le pourtour noir des pointes extérieures pourrait indiquer comment le Mal et la tentation n’ont pas triomphé de Finarfin et demeurent confinés à la périphérie de l’emblème.

Les huit pointes désignent un roi, mais d’un rang inférieur à celui de Finwë (et donc, pas d’un Grand Roi en Valinor), probablement parce que seulement une minorité des Noldor n’a pas rejoint la rébellion et forme son peuple.

4.5 Gil-galad

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Figure 7 – Blason personnel de Gil-galad.

Description

C 'est le second blason d'une paire très similaire, dessinés sur la même feuille, mais le seul à porter la mention « Gil-galad » en marge, suggérant que le premier n’était qu’un essai31).

La forme est en losange, conformément à la deuxième Règle. Huit étoiles bleu clair, à quatre ou six branches, chacune avec un grand point blanc, sont disposées en cercle, touchant presque les bords de l’une de leurs branches. Au coeur sont disposées quatre autres étoiles blanches à cinq branches avec un petit point bleu. Le tout sur un champ bleu foncé.

Seules les quatre étoiles à quatre branches situées dans les coins semblent tourner ; la symétrie est en fait axiale et non rotative.

Interprétation

L’emblème est fidèle à ce qu’Aragorn chante à son sujet dans Le Seigneur des Anneaux, mais également au nom du personnage lui-même, qui signifie Lumière d'Étoile, car les multiples étoiles apparaissent comme les composantes éparses d’un même corps, presque comme l’explosion d’une supernova. Ici, le cercle d’immortalité est représenté, de façon très étrange pour un Noldo, indirectement, par l’agencement des composants ; ce qui rompt avec les schémas connus. Et cette idée est accentuée par le mouvement du dessin : du centre vers l’extérieur, tendant vers les bords sans les atteindre, par un effet plus puissant qu’une rotation (une explosion, en fait). La couleur des étoiles (ou de l’étoile) elle-même, qui passe d’un noyau blanc à un bleu clair (vore un bleu sidéral), porte le mouvement. Et en effet, Gil-galad devient Grand Roi des Noldor dans un monde bouleversé par la Guerre de la Colère, et il est le roi de ce qui reste d’un peuple ayant échoué dans la poursuite d'un rêve grandiose, et qui cependant, par choix ou même par en punition32), est demeuré en Terre du Milieu ; renonçant par là même à ce qu'il a été, et obligé d'aller une nouvelle fois de l'avant.

Le fait que les huit pointes n’atteignent pas les bords est également inhabituel.

Comme dans les blasons de Finwë et de Fingolfin, le champ bleu est le symbole des Noldor.

La symétrie de rotation seulement esquissée est cependant étrange. En observant la première itération de ce blason (non représentée ici), où même aucune étoile ne tourne et où la symétrie est purement axiale (donc, devrait-on dire, dans le style Edain plutôt qu'Elda !), on peut déduire qu'il s'agit très probablement d'un des premiers blasons à avoir été conçu et donc que l'idée de la rotation pour l'immortalité, ainsi que celle de l'imperfection attribuable à une rupture de cette symétrie, n'étaient pas encore nées ou consolidées.

Les étoiles au centre, de par leur forme, leur nombre et leur agencement, rappellent celles de Fingolfin, ce qui pourrait suggérer qu’à ce stade, l’auteur considérait encore Gil-galad comme son descendant direct par Fingon, plutôt que celui de Finarfin par Orodreth33), et cela suggère aussi que ce blason était l’un des premiers conçus. Sauf qu’il aurait alors changé d’avis, selon l’hypothèse ci-dessus, en concevant un nouvel emblème à l’étoile bleue pour Finrod, liant les deux personnages par le style et donc par le sang, tel qu’attesté par une annotation (peut-être tardive) à côté de celle de Finwë.

Mais plus important encore s’avère, à mon avis, le rappel des étoiles aux quatre Grands Rois précédents : Finwë, Fingolfin, Fingon et Turgon. Le petit point bleu va également dans ce sens, comme une référence à des personnes précises. Le fait que l’explosion y prenne sa source semble proclamer que les œuvres de ses prédécesseurs restent la base, mais que Gil-galad entend aller au-delà. Et de fait, les quatre rois échouèrent contre Morgoth, alors que Gil-galad atteindra la victoire contre Sauron.

Alors que les étoiles extérieures, avec quatre points plus épais au centre, pourraient symboliser les différents peuples qui se réunirent après les événements tragiques du Premier ge (quatre des Noldor : Hithlum, la Marche de Maedhros, Nargothrond et Gondolin ; et quatre des Teleri : Falas, Doriath, Elfes de la Nuit et Ossiriand).

4.6 Sans Titre

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Figure 8 – Motif central d’une faïence númenóréenne, première version et forme définitive.

Description

Ce motif est le plus complet et le plus précisément dessiné au crayon, d’un groupe anonyme de quatre épreuves colorisées et d’autant en noir et blanc, que Hammond et Scull interprètent à tort comme le blason d’Idril Celebrindal34). Plutôt, le groupe au crayon, qui esquisse une première composition, et les dessins en couleur, qui explorent diverses déclinaisons du motif central, montrent clairement qu'il ne s'agit que d'un test pour une tuile númenóréenne35).

Cependant ce dernier, sous la forme qu’il prendra au centre de la faïence, sera effectivement retenu par la suite, très similaire dans les lignes de construction (mais pas du tout dans les couleurs), pour le blason d’Idril.

En regard se trouve une annotation à propos des couleurs : ”b g r y o”, pour bleu (blue), vert (green), rouge (red), jaune (yellow) et orange (orange) ; accompagnée du noir et du blanc, d’égale importance visuelle dans le dessin.

La forme est celle d’un cercle, en conformité apparente avec la première Règle. Le motif floral présente une complexité extrême avec de multiples niveaux de pétales, qui succèdent les uns aux autres en une série de cercles concentriques, dont il est impossible d’établir le nombre exact. Deux de ces niveaux, cependant, forment deux groupes de douze pointes finement délimitées et réparties en quartiers colorés orange-vert-bleu-rouge, chaque couleur en opposition avec celle du remplissage ; entre ces pointes, on distingue douze fleurs noires, leurs extrémités colorées étant en conformité avec le niveau extérieur. Le cœur st occupé par un losange brun et une croix blanche.

La symétrie circulaire est brisée par la colorisation distincte des quartiers.

Interprétation

La figure constitue, avec celle du blason de Melian, le chef d’œuvre de J.R.R. Tolkien dans cet art.

L’anonymat et la complexité de la composition la rendent bien peu vraisemblable en tant qu’armoiries d’une femme. Le nombre douze, répété encore et encore et même redoublé (les points blancs périphériques) comme pour souligner son importance, est un motif que l’on retrouvera dans les blasons d’Idril, des Silmarils, de Lúthien et d’Eärendil : tous les personnages et éléments de tout premier plan, connectés directement ou indirectement au Dessein bénéfique d’Ilúvatar en sont des représentants sur Terre (comme Laurelin), ou bien ils sont le porteur (Idril) ou l’instrument (Lúthien et Eärendil) d’une haute destinée contre le Mal corrompant Arda. Mais la sainteté contraste ici nettement avec une rupture de symétrie ostentatoire, qui serait au contraire la marque d’une faute grave.

Par conséquent, globalement, le symbolisme apparaît plutôt lié au passage du temps, auquel les Númenóréens se montraient particulièrement sensibles : les douze mois de l’année, dans leur cycle immuable. La ronde des quatre couleurs apparaîtrait en fait comme une représentation des saisons, avec le vert pour le printemps, l’orange pour l’été, le rouge pour l’automne (dans le dessin définitif rouge et orange sont intervertis) et le bleu pour l’hiver. Curieusement, les saisons tournent dans le sens inverse du mouvement du soleil (car Arda est un monde géocentrique !) : peut-être une erreur, puisque cela sera ensuite corrigé dans le dessin définitif (la Faïence). Même la croix et le losange au centre paraissent souligner les quatre saisons, ainsi que l'alternance de couleurs contrastées et la nature éternelle de leur cycle.

La composition apparaît donc bien plus comme un jeu sur le passage des années, qu’un blason personnel ; le personnage éventuellement représenté devrait jouir d’une stature équivalente à celle de Lúthien pour justifier le saut sémantique autour du nombre douze, du temporel à l’eschatologique, entraînant au passage des incohérences sérieuses. Ce qui ne me paraît pas défendable.

4.7 Idril

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Figure 9 – Blason personnel d’Idril36).

Description

Le blason s’accompagne de trois annotations manuscrites, dont la première écrite en quenya, en caractères tengwar : « Menelluin Írildeo Ondolindello» [Bleuet d’Idril de Gondolin], suggère soit que les blasons féminins s’appelaient menelluin de façon générique, soit que le blason d’Idril avait par la suite inspiré une forme d’art, désignée ainsi. La seconde annotation précise : « Blason d’Idril. Le motif de Bleuet, ou Menelluin. Origine des motifs circulaires númenóréens (souvent mésestimés). »37) D’où un lien avec la faïence ci-dessus, qui justifie cette tradition. La troisième annotation ajoute : « Incrustation provenant de Gondolin & transmise depuis Eärendil jusqu’à Númenor, d’où elle a été sauvée par Elendil & emmenée au Gondor »38).

La figure est un cercle, conformément à la première Règle. L’apparence générale peut rappeler la forme d’un bleuet (d’où le nom). Le bord intérieur est ondulé. La symétrie est circulaire.

Le dessin répète l’intégralité du motif central du chapitre précédent (« Sans Titre »), en développant toutefois les pétales, en changeant complètement la palette de couleurs et en débarrassant le centre de la croix et du losange. Les couleurs se résument ici à trois teintes : vert en diverses nuances, bleu se dégradant vers le blanc, et blanc pur39). On peut compter douze feuilles pointues atteignant le bord, chargées de six fleurs bleues ourlées de blanc ; entre les feuilles s’ouvrent douze autre fleurs bleues tendant vers le vert et bordées de vert.

Douze pointes ne sont pas conformes au rang de princesse du personnage représenté par le blason, si l'on s'en était tenu à la quatrième Règle. Elles sont donc à l’évidence imputables à l’exception autorisée par le brillant « habituellement » qui édulcore la Règle.

Interprétation

Contrairement aux spéculations qui circulent, le choix du bleuet doit être considéré comme incident ou accessoire, dans le sens que elanor et niphredil avaient déjà été choisis dans les deux blasons de Lúthien et qu’il était donc simplement nécessaire de trouver une autre fleur. En effet, sa seule référence à la personne d’Idril, le jaune du pistil, qui aurait été justifiée par la blondeur du personnage, n’a pas été retenue.

La couleur dominante est le bleu des Noldor, mais elle est adoucie par le vert de la Nature et, tel que je le perçois, de la paix ; les nombreuses fleurs évoquent aussi la tranquillité.

Les douze pointes portent ici une forte signification, redoublées par les fleurs qu’elles encadrent et qui n’ont à l’évidence rien à voir avec le rang d’Idril. Le six, défini par les fleurs centrales, s’ajoute aux douze, probable référence prophétique au blason de son fils, où le six s’affirme encore plus clairement. En effet, Idril est celle qui donnera naissance à Eärendil, sauveur de la Terre du Milieu et Étoile du Matin, et je pense que le nombre douze symbolise cette haute Destinée qui lui incombe. De plus, la symétrie circulaire est également parfaite.

Quant au liseré blanc bordant les fleurs extérieures, il pourrait suggérer le Cercle des Montagnes de Gondolin. La troisième annotation renvoie à la Faïence de Númenor discutée plus haut, justifiant son existence (dans un sens secondaire) comme inspirée par un emblème dont la signification originelle avait peut-être été perdue pendant des siècles ; une façon, dirait-on, de réunir un motif ornemental (au centre de la Faïence) et un « ancien » blason, trop proches l’un de l’autre mais trop parfaits l’un et l’autre pour que l’auteur abandonne l’un ou l’autre.

4.8 Eärendil (1)

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Figure 10 – Blason personnel d’Eärendil, première version40).

Description

Premier d’une série de trois, ce blason s’accompagne du nom « Earendel » manuscrit joliment au crayon bleu, et par deux mots griffonnés : «Elrond? » et « Elwing».

La forme est un losange, conformément à la deuxième Règle. Au cœur domine un Silmaril rayonnant à six branches, blanc sur champ noir ; il a six faces concaves, cerclées de gris clair.

Le champ noir central est entouré d’une couronne blanche se fondant dans le bleu, chargée de six rayons inversés. Le champ extérieur, noir lui aussi, porte deux lunes se faisant face, dans les coins sénestre (c’est-à-dire à droite pour l’observateur) et dextre (à gauche) et deux planètes plus petites aux coins en chef (en haut) et en pointe (en bas).

Les douze rayons touchent les bords interne et externe de la couronne. La symétrie circulaire n’est qu’apparente car elle est rompue par l'alternance des lunes et des planètes : en fait la symétrie est axiale.

Interprétation

Le Silmaril au centre, avec ses six rayons, représente évidemment Eärendil en tant que personne et en tant que Nouvelle Étoile du firmament. Il s’élève des ténèbres (champ central noir), et cela peut indiquer à la fois que le Silmaril qu’il porte a été arraché des ombres maléfiques d’Angband, et que sa lumière bénie brise la noirceur des nuits pour insuffler l’espoir au monde.

Les six pointes des rayons, touchant le bord de la couronne mais non celui du blason, ne semblent pas indiquer un rang, à moins qu’elles ne se réfèrent à un héritier du trône (de Gondolin) en exil. Si on leur ajoute les six rayons inversés, on retrouve le nombre douze déjà rencontré pour Idril, ce qui pourrait évoquer la mission sacrée impartie à Eärendil. Ces six rayons inversés rappellent des épines, ce qui, je crois, symbolise les difficultés immenses de son voyage épique ; cependant, cette conception sera écartée dans le blason définitif.

Le bleu obtenu par dégradé à partir du blanc semble faire allusion à la nature sacrée du Silmaril, qui rachète les Noldor de la Malédiction de Mandos (le bleu qui les symbolise est ébloui par la pureté du blanc). Cette idée fut elle aussi abandonnée plus tard au profit du bleu foncé caractéristique des Noldor.

La symétrie axiale typique des blasons des Edain, combinée au disque elfique, souligne la double nature d’Eärendil, Adan et Elda, qui est celle de semi-elfe.

Enfin, le champ noir le plus externe, chargé de corps célestes nocturnes, rappelle à la fois le voyage par mer (les étoiles permettent aux marins de s’orienter) et Menel, le Firmament, demeure finale d’Eärendil.

Quant aux noms griffonnés par l’auteur en marge du blason, ils ne représentent pas forcément un changement d’avis41), car il avait l’habitude d’écrire des notes sur divers sujets sur des feuilles de toutes sortes. Un problème similaire se présente également pour le blason familial suivant.

4.9 Eärendil (2)

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Figure 11 – Version finale du blason personnel d’Eärendil, et du blason de sa Maison42).

Description

Les deux blasons sont extrêmement similaires. Celui de la Maison, dessiné de façon plutôt grossière, pourrait donc précéder le blason personnel, qui fut dessiné avec attention ; il est accompagné des noms ”Finwë” ”(Haleth)” (?) et ”Fingolfin” d’un côté, et ”Dior” en rouge de l’autre.

Les formes sont un losange et un carré, conformément aux deuxième et troisième Règle. Au cœur, un Silmaril sous la forme d’une étoile rayonnante à six branches s’appuie sur un disque bleu foncé orlé de blanc.

Le Silmaril a une forme complexe dans les deux blasons. Dans la version personnelle, il est bleu, hexagonal, divisé comme si l’étoile y était contenue, avec un point bleu légèrement cerclé en son centre ; les six rayons sont blancs. Dans la version de la Maison, c’est plutôt une étoile grise dans un disque blanc, inscrite dans un hexagone concave gris ; les six rayons sont ici bleu clair ourlés de blanc. Les rayons touchent le bord du disque, également chargé de six petits disques blancs.

L’ensemble repose sur un champ noir portant une étoile à quatre branches dans chaque coin. Les symétries circulaires des étoiles et du disque sont indépendantes.

Dans le blason de la Maison, au moins deux étoiles semblent avoir une queue, ce qui transforme la symétrie en symétrie axiale, ce qui ne se produit pas dans l’autre blason.

Interprétation

Les notes à côté du blason de la Maison – les trois premières au moins – semblent n’avoir rien à voir avec son attribution mais plutôt constituer une sorte de mémorandum quant aux blasons déjà faits ou restant à faire. L’inscription « Dior » pourrait suivre la même logique, formuler l’hypothèse des armoiries attribuables aux descendants des semi-elfes à partir de ce personnage. Les différences entre blasons personnel et de la Maison se réduisent à des détails, ce qui fait probablement de ces deux-là, l’évolution définitive du précédent.

L’interprétation reste également à peu près la même. Les différences majeures résident dans la disparition de la pénombre au centre, et par la couronne qui comble cet espace et devient un disque bleu foncé, muant les six épines en autant de petits disques blancs ; je pense que l’intention est ici de symboliser Arda et surtout Belegaer (l’Océan), ainsi que le grand voyage d’Eärendil et les terres inconnues auxquelles il a abordé dans sa recherche laborieuse d’un passage vers l’Ouest. Mais en même temps le bleu demeure un symbole des Noldor, de la lignée desquels Eärendil fait partie. L’orle blanc représente presque certainement le Royaume Bienheureux, Valinor, destination et fin du voyage.

La symétrie, après l’hésitation dans le blason de la Maison, redevient une rotation, parce qu’Eärendil se verra octroyer le destin des Premiers-Nés ; sa perfection est la marque d’un personnage irréprochable. Mais la symétrie est également double, comme l’est la nature du personnage, Premier-Né et Dernier-Né (ou si vous préférez, symétrie axiale et partiellement circulaire, ce qui est équivalent).

Les quatre étoiles sur champ noir représentent les points cardinaux, c’est-à-dire l’orientation pendant la navigation ; mais également Menel, le ciel, comme dans la figure précédente. Et peut-être suggèrent-ils également le rang d’un prince en exil (leurs pointes ne touchent pas le bord du blason).

Le nombre fatidique de douze ne disparaît pas, mais il se dissimule dans le cumul des rayons externes et des pointes internes du Silmaril. Cependant, le nombre qui s’impose à l’évidence est le six, qui pourrait être une célébration du concept de l'Étoile, que suggère le choix d’une forme à six branches.

On observe que la couleur et la forme du Silmaril changent dans chacun des trois blasons, un signe du remaniement permanent par l’auteur. En particulier, le point au milieu du plus précis et du plus abouti semble évoquer la nature duale de l’Étoile du Matin, Eärendil et du Silmaril, distincts et pourtant comme confondus.

4.11 Les Silmarils

Figure 12 – Blason des Silmarils.

Description

La figure est accompagnée de l’annotation: « Ancien Emblème représentant la provenance des Silmarils, depuis la Lumière des Arbres sur Ezellohar »43).

Un losange avec une bordure blanche et quatre petits disques externes, en contradiction avec la troisième Règle. Un arbre propre (aux couleurs naturelles) avec branches et racines, surplombe un champ vert clair.

L’arbre s’enracine dans un sol vert. Ses branches sont chargées de douze disques et de ce que l’on pourrait appeler quatre grappes, tous jaunes. Trois Silmarils sous la forme d’étoiles blanches à huit branches sur des disques blancs dominent au milieu. La symétrie est axiale.

Interprétation

A l’évidence, le blason représente l’arbre Laurelin stylisé, chargé de fleurs et de fruits ; la description des grappes de fleurs nous est fournie dans Les Contes Perdus, et cela nous permet d’identifier exactement les fruits. Ils sont douze, un nombre qui, comme on l’a vu ci-dessus et comme on le verra pour Lúthien, devrait impliquer un caractère sacré. Le concept que nous rappelle la note est plus qu’évident, c’est-à-dire comment les Silmarils ont été engendrés de la Lumière de Laurelin. Le vert le plus sombre représente la colline d’Ezellohar, le vert plus clair représentant des champs à l’arrière-plan et donc la terre bénie et toujours verte de Valinor. Les quatre cercles aux extrémités du losange pourraient souligner une signification et un usage distincts d’un blason personnel, peut-être une simple transposition de sujet entre la personne et l’artefact, pour justifier (peut-être est-ce un ajout tardif) la forme en losange.

La logique et l’annotation suggèrent qu’un second blason existe ou devrait exister, en référence à l’arbre Telperion, dont les Silmarils retiennent également la lumière.

La particularité majeure du blason, cependant, est son style, beaucoup plus en rapport avec celui des Edain qu’avec celui des Eldar. En fait, la symétrie est axiale, et la symbolique est claire et s’appuie sur des éléments naturels, de compréhension simple et immédiate. Cela constitue un mystère pour moi. En effet il est tout à fait possible que l’auteur souhaitait dans ce cas s’amuser sans suivre de règle particulière, ou simplement qu’il ait conçu le blason avant d’avoir encore défini les grandes règles de composition qui régissent ces dessins. Mais l’aspect général est incompatible avec la culture elfique.

En effet, si l'on compare ce blason avec celui de la Maison d'Haleth, des similitudes et des incongruités apparaissent qui les lient étroitement : la forme du tronc et des racines, la division des espaces, les frondes fructifères, la symétrie axiale, le losange utilisé pour un emblème collectif. Seul le style intervient pour les distinguer : un peu plus raffiné, plus “elfique” pour l'un, plus terrestre et chaotique pour l'autre. Il est évident qu'ils ont dû être conçus l'un après l'autre, et je pense qu'ils peuvent représenter les toutes premières expériences héraldiques de l'auteur. Quoi qu'il en soit, ayant à justifier le blason au sein de son monde secondaire, il me semble impensable qu’il fût créé par les Edain (contrairement à ce que l’on verra pour Finrod), étant donné que Ezellohar et la création des Silmarils représentent des notions étrangères à leurs traditions. En revanche l’inverse me paraît défendable, c’est-à-dire de l’imaginer conçu par les Noldor pour les Edain, dans le but de les faire participer ostensiblement à la gloire des Eldar et à la légitimité du combat contre Morgoth. Dans ce sens, alors la forme en losange serait également appropriée, contrevenant aux Règles elfiques mais compatible avec les méthodes des Edain - si l'on accepte que cette “méthode” (qui n'est probablement rien d'autre qu'un concept initial, dépassé par la suite) soit érigée en règle.

5. Les Blasons des Sindar

5.1 Elwë (Thingol)

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Figure 13 – Blason d’Elwë44).

Description

L’annotation en regard indique : « Lune Ailée / sur fond noir étoilé / Elwë »45).

La forme en losange est conforme à la deuxième Règle. Une lune taillée en octogone rayonne en autant de pointes sous la forme d’ailes, toutes touchant presque les bords. Ses couleurs (incertaines d’après les impressions : la description de Hammond et Scull aide à les comprendre) sont jaune clair avec des nuances de bleu clair pour les rayons ; l'octogone est divisé en secteurs gris et jaune clair.

La lune est entourée de quatre étoiles bleu clair à cinq branches et de quatre planètes blanches, sur champ noir. Le blason partage avec celui de Finwë une composition identique , mais avec huit pointes royales seulement. Ici aussi le choix de la Lune est curieux (Thingol avait atteint la gloire bien avant sa première apparition) et la même considération faite pour Finwë reste valide, puisque les deux blasons dérivent à l’évidence d’une conception commune.

La répétition modulaire est circulaire, mais les étoiles garnissant les coins rompent cette symétrie.

Le blason se prête à être tourné pour représenter une Maison.

Interprétation

Dans les grandes lignes, le dessin rappelle beaucoup celui de Finwë, tout en s’avérant moins éclatant. Les huit pointes indiquent un (Grand ?) Roi en Terre du Milieu, contre seize pour le Grand Roi des Noldor en Aman ; la particularité de ne pas atteindre les bords se retrouve également dans celui de Gil-galad, ce qui m’amène à penser qu’une entorse à la quatrième Règle ne revêt pas forcément une signification particulière. Les huit pointes royales se trouvent renforcées dans leur signification par les huit étoiles et planètes (dont le but, cependant, est aussi de rompre la symétrie et d’orner le ciel noir) ; ce qui semble souligner que Thingol n’est pas seulement le Roi de Doriath, mais aussi le Seigneur de Beleriand.

Le concept de l’immortalité elfique n’est pas annoncé par un disque à la manière des Noldor, mais d’une manière plus élégante, suggérée par le seul mouvement de rotation des ailes et de l'octogone.

La couleur grise au centre évoque assez clairement le nom Thingol, Grismanteau ; la forme de diamant de la lune, toutefois, peut être un symbole chtonien pour le palais souterrain de Menegroth, ou faire plus probable allusion à la faiblesse de son personnage, qui le perdra – c’est-à-dire sa passion excessive pour les joyaux, en particulier le Silmaril. L'octogone, divisé en secteurs, souligne le graphisme de la Lune et renforce à la fois l’impression de rotation, déjà clairement exprimée par les rayons ailés.

Au-dessus des teintes pastel, le blanc et le noir dominent, marque de qui avait le don de sortir des ténèbres et de voir la lumière sacrée des Arbres : ainsi du jaune et du bleu très pâles, comme si le blason était éclairé par Laurelin et Telperion. Mais les étoiles sans symétrie circulaire évoquent une certaine rigidité de caractère (en sus de l’égarement), en opposition claire avec la détermination de sa fille Lúthien à se libérer des contraintes, que l’on peut lire dans ses deux blasons.

5.2 Melian

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Figure 14 – Blason de Melian.

Description

Un blason si complexe qu’il est impossible de le décrire pleinement46). Il constitue aussi une exception en matière de couleurs, par l’utilisation d’un crayon argent.

La forme est celle d’un cercle, en application de la première Règle. Au cœur se trouve une petite croix blanche avec des pointes noires et un noyau, suivi par une alternance de séries de losanges et de carrés – entrecoupés d’un anneau – qui s’élargissent pour atteindre le bord du cercle extérieur de leurs huit sommets majeurs.

Losanges et carrés présentent des arêtes variables : d’abord régulières, puis concaves, puis convexes, enfin bilobées. Les couleurs sont variables, elles aussi : clair, argent foncé, argent clair, blanc et noir, interchangeables entre elles et variant les remplissages, formes et orles.

L’anneau extérieur est argent. L’anneau intérieur est blanc, mais peut-être est-ce plutôt un disque, blanc et argent orlé de blanc. Huit pointes extérieures dénotent le rang de reine, et des paires de planètes et d’étoiles à quatre branches sont disposées aux coins du grand carré. Le nombre huit est repris au moins deux fois par les figures intérieures.

La symétrie est circulaire, rompue par l’irrégularité entre étoiles et planètes.

Interprétation

Comme le suggère déjà l’utilisation nouvelle du crayon argenté, nous voici devant une Maia, un esprit bien plus sophistiqué que tout créature terrestre ; avec ce chef d’œuvre d’art graphique et symbolique, l’auteur parvient à hisser ses armoiries au-dessus de toutes les autres, mais sans s’en démarquer dans le style, proposant ainsi une synthèse tout-à-fait appropriée pour notre sujet.

Le cercle extérieur est typique d’un personnage féminin, mais l’alternance tourbillonnante de losanges (les carrés aussi, je pense, peuvent presque tous être interprétés de cette façon, car chacun hormis un, va par paire avec un losange) et de cercles suggère l’essence divine de Melian, et son apparence corporelle comme un simple choix d’enveloppe ou d’habillement. Le blanc et l'argent dominent, pour souligner cette divinité, mais aussi le bleu, symbole, me semble-t-il, de son choix d'incarnation elfique.

La circularité du blason est plus forte que dans tout autre (pas moins de dix figures concentriques distinctes présentant une symétrie circulaire), pour renforcer une immortalité qui tend à l’éternité. Cependant, un autre mouvement s’y ajoute, du centre vers la périphérie ; et cela, couplé avec la figure centrale, qui dépeint une fleur à la tête en forme de carré, indique, je pense, la naissance d’un lignage de nature mixte, terrestre et divin, destiné à se multiplier et demeurer en Arda. On note qu’en réalité le carré – c’est à-dire ce lignage (troisième Règle) – est blanc orlé d’argent pour indiquer sa pureté (la croix au milieu renforce ce concept) ; qu’il a des arêtes convexes, c’est-à-dire bombant vers l’extérieur, indiquant ainsi le futur ; et qu’il est entouré de pétales, un signe de fécondité ou peut-être un bon présage. Mais aussi que, dans l’ensemble de la fleur centrale, parmi les trois couleurs dominantes, une quatrième ressort, le noir ; et je crois que cela pourrait faire référence à la troisième lignée, les Mortels, puisque la progéniture de Lúthien mêlera en son sein les rejetons des Elfes, des Hommes et des Ainur, dans un gage unique et profond d’amour de la part d’Ilúvatar.

La célébration apparente du nombre huit me paraît mystérieuse. Si vous cumulez les répétitions les plus visibles de ce nombre, vous obtenez vingt-quatre, un sur-multiple de douze, un nombre déjà vu et que l’on reverra, symbolique des personnages liés au Destin, ou peut-être aux Valar. Mais sa répétition pourrait également avoir le but de rehausser la royauté de Melian, ou simplement n’être que le résultat géométrique d’une symétrie circulaire, dénuée de toute signification intrinsèque.

Quant aux étoiles et aux planètes, je pense qu’il s’agit plutôt de gouttes de rosée scintillante, répandues par les fleurs de Telperion, dont l’ensemble du blason imite vraisemblablement la forme47). Cependant, la dissonance qu’elles imposent au blason, qui – sans cela – présenterait quatre axes de symétrie en sus de la symétrie circulaire, est déroutante. Peut-être s’agit-il d’une pensée de l’auteur à propos de cette figure d’ange, « déchue » par faiblesse face aux passions de l’amour terrestre et qui, après tout, n’a su empêcher ni l’extermination du peuple des Nibin-noeg (autrement appelés les Petits-Nains), ni la faute de son aimé, succombant à la tentation du Silmaril.

5.3 Lúthien (1)

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Figure 15 – Blason de Lúthien jeune fille48).

Description

A côté, l'inscription en lettres Tengwar se lit : « Lúthien Tinúviel ».

La forme circulaire respecte la première Règle. Au cœur, une corolle jaune à douze pétales – dont huit sont égayés d’orange – s’ouvre sur un cercle bleu. D’où quatre fleurs de profil se déploient en sautoir (croix de Saint André) sur un champ jaune clair, chacune portant trois feuilles vertes et trois pétales blancs, avec deux pistils orange sur un champ bleu ; ces fleurs touchent la bordure. Le tout sur un champ noir, chaque quartier en sautoir portant une étoile blanche à cinq branches et trois planètes jaunes et blanches, de forme elliptique (comme si le dessin était hémisphérique).

La symétrie est circulaire.

Interprétation

Je crois que les cinq fleurs représentent l’elanor parce qu’elles sont conformes à la description d’« un mouron (peut-être un peu plus grande) portant des fleurs d’or et d’argent sur la même plante, parfois les deux combinées »49) ; dans ce sens les deux « pistils » seraient plutôt deux autres pétales, dont les faces opposées sont oranges.

Cette double coloration des fleurs symbolise la nature terrestre et divine de Lúthien, qui prend cependant la forme corporelle d’une elfe (les fleurs sont toutes disposées sur un champ bleu).

Comme vraisemblablement dans le blason d’Idril, ici aussi les douze pointes, répétées dans les feuilles puis à nouveau dans la figure centrale et dans les planètes, doivent être la marque du Destin et de la pureté du personnage : celle qui soutiendra son partenaire dans l’épreuve ultime et défiera l’incarnation même du Mal, réussissant le formidable exploit d’induire ce dernier en tentation et en erreur.

Le rang de princesse est cette fois attribué aux quatre fleurs qui touchent le bord, en dérogation à la quatrième Règle ; le concept paraît renforcé par les quatre étoiles.

La conception rappelle le blason de son père Elwë, au firmament étoilé. Cependant il diffère de ce dernier, plat et fixe, et présente des étoiles en rotation, multipliant les planètes jusqu’au nombre symbolique de douze, et semble sortir de la feuille comme une calotte : c’est sans doute là un signe de la très forte personnalité de Lúthien, qui rompra par amour tout modèle et toute tradition, se détachant de ses parents et de Doriath pour suivre la destinée qu’elle a choisie, et qui s’avérera in fine une très haute destinée.

Enfin, la croix peut n’être que le simple résultat graphique de rotations et du rang ; mais si l’on observe qu’elle s’accompagne du nombre douze, et qu’il est répété dans le second blason, on peut penser à la même pureté d’esprit que celle qu’induit le blason de Melian. Les huit pointes esquissées en orange parmi les pétales centraux pourraient évoquer Melian, ou peut-être la lignée royale.

En l’observant comme un tout et en le comparant au second blason, s’impose l’intuition que cet emblème était conçu pour dépeindre Lúthien (mais également la bien-aimée Edith Bratt) dans sa jeunesse, idéalisée par les fleurs dorées et la tête rebelle, qui semble faire surgir le personnage de la feuille. D’où ma licence à ajouter l’épithète jeune fille au nom du blason.

5.4 Lúthien (2)

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Figure 16 – Blason de Lúthien épouse.

Description

Sur le côté est inscrit : « Lúthien Tinúviel », en lettres normales et Tengwar50).

La forme en cercle est conforme à la première Règle. Au milieu s’ouvre une corolle blanche de douze pétales ; elle a en son cœur un petit trèfle à quatre feuilles et est inscrite dans un carré vert, dont les quatre sommets touchent le bord pour désigner une princesse. Le carré s’ourle d’arêtes vert foncé, épaisses et convexes, mais qui se brisent et se répètent, repoussées en arches vers le bord de l’emblème, sur un champ vert clair.

Sous la fleur se déploient les larges branches arrondies d’une croix pattée, bleu clair orlée de noir, qui découpe l’ensemble en quartiers ; les branches portent quatre fleurs blanches de profil, renversées comme si elles provenaient de l’extérieur du blason ; chacune porte une feuille en sénestre51).

La symétrie est circulaire.

Interprétation

Les quatre fleurs périphériques devraient représenter le niphredil, étant donnée la forte ressemblance avec le perce-neige et son lien avec la naissance de Lúthien52). Leur position renversée semble souligner un retournement, un changement radical dans l’existence ; de façon complètement intentionnelle, car, à mon avis, le thème le plus fort de ces armoiries est celui de la maternité, et représente donc la seconde phase dans la vie de Lúthien (et simultanément, d’Edith Bratt) comme épouse et mère. D’où ma licence à ajouter l’épithète épouse au nom du blason.

On observe effectivement comment la fleur centrale, avec ses douze pétales, se tient inscrite dans un grand carré vert ; et comment le carré semble s’élargir et s’amincir en approchant du bord du blason. La fleur la plus pure et bénie est clairement Lúthien elle-même, et le carré qui naît d’elle et s'accroît représente ses descendants, le « peuple » des Peredhil, les semi-elfes. Une progéniture destinée à se multiplier (elle comprendra la lignée de Tuor et Idril et perdurera jusqu’à Aragorn et au-delà), mais aussi à diluer deux de ses composantes en faveur de la troisième, l’humaine. La couleur verte se conforme au thème, signifiant la fertilité.

Par ailleurs, la figure rappelle un peu les grandes lignes des armoiries de sa mère Melian, probablement pour mettre en avant l’ascendance Ainu du personnage.

Là aussi, je crois que la référence à la pureté spirituelle, donnée par la croix, doit être forte, impliquant peut-être dans ce cas également la béatitude. Quant aux couleurs, j’interprète le léger flou comme relevant de la nature elfique de Lúthien et le noir comme inhérent à son choix pour le Destin des Hommes, la mortalité. Cependant les quatre niphredil du blason expriment une joie dans ce choix courageux et apparemment tragique, du moins en apparence. Leur position retournée renforce aussi visuellement l’impression de convexité qui ressortait du premier blason ; et là se trouve la forte marque distinctive de Lúthien, dont la vie et les actes atteindront des sommets d’héroïsme et de poésie, inégalés dans tout le Légendaire.

Cette feuille singulière est bien curieuse, asymétrique seulement en apparence, qui a d’ailleurs pour effet d’accentuer l’impression de rotation de la figure ; ce pourrait être une référence à son fils unique, Dior, mais également aux quatre enfants d’Edith.

Le blanc pur des fleurs domine l’emblème, symbolisant le mariage, mais aussi la seconde phase de la vie. Le petit trèfle à quatre feuilles ajoute une touche de chance, certain de couronner de bonheur le choix difficile de Lúthien pour le Destin des Hommes, fait par amour pour Beren, ainsi que le mariage d’Edith et John Ronald Reuel.

Enfin, on observe que les branches de la croix, les tiges des niphredil et les sommets du carré font écho au quatre pointes du rang, peut-être pour suggérer (comme dans l’autre blason) que Lúthien Tinúviel n’est pas une princesse mais la princesse ; cependant là aussi, la référence au nombre huit, qui peut se lire dans le vert délimitant les pétales de la fleur centrale, paraîtrait ramener à Melian ou à la lignée royale.

6. LES BLASONS DES EDAIN

6.1 Haleth

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Figure 17 – Blason de la Maison de Haleth.

Description

Aucune note accompagnant le blason n’a été publiée, mais uniquement le titre « Maison de Haleth »53) ; la forme en losange contredit la troisième Règle.

La figure présente une symétrie axiale et est coupée.

Un grand arbre en propre domine, hachuré de huit fines barres (orientées du haut droit vers le bas gauche). L’arbre occupe la moitié supérieure de ses branches, de son feuillage et de treize fruits ou noyaux bruns et ovales et découvre un champ noir en chef. La moitié inférieure est également noire, chargée du tronc et des racines, de deux fruits ou noyaux bruns, de deux bandes courbées vert clair bordées de blanc, chargées de deux fleurs à cinq pétales blancs et pistil orange.

Interprétation

Sans trop d’effort, on devine que l’arbre symbolise Brethil à la fois en tant que forêt et patrie. Le noir devrait signaler son impénétrabilité par ses ennemis, qui seront régulièrement piégés et attaqués, y compris le plus terrible d’entre eux, le dragon Glaurung. Les autres éléments se focalisent au contraire sur les particularités bénéfiques de la terre : les branches chargées de noix et noisettes, les verts pâturages préservés (l’orle blanc pourrait renforcer cette idée par opposition au noir), la beauté de l’endroit étant représentée par les fleurs.

Les hachures vertes représentent des lianes, sans doute pour indiquer l’ancienneté et le caractère sacré de la forêt. L’arbre touche les quatre coins de l’emblème, comme s’il voulait en sortir, soulignant le mouvement typique des emblèmes des Hommes.

Le dessin fruste et le symbolisme simpliste contrastent nettement avec ceux des Elfes, à l’image d’un peuple jaloux de leurs traditions mais ayant choisi de ne guère emprunter à leur culture.

La forme en losange pour une Maison pourrait être le signe d’un blason apparu avant les Règles et désormais non modifiable : l’auteur aurait eu à le redessiner intégralement soit dans un carré, soit dans un cercle en tant que blason personnel de Haleth54). Peut-être décida-t-il finalement de le conserver ainsi en pensant que les Edain, qui sont mortels, pourraient poursuivre une forme d’immortalité fictive en adoptant comme collectives des armoiries personnelles, comme si l’ancêtre fondateur (Haldad et non Haleth dans ce cas) demeurait vivant. Ou peut-être l’a-t-il simplement oublié. En tout cas, la question soulève un problème d’interprétation qui s’étend aux blasons suivants de Bëor et de Hador.

6.2 Bëor

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Figure 18 – Blason de Bëor.

Description

Aucune note d’accompagnement n’a été publiée55).

La forme est celle d’un losange, conformément à la deuxième Règle. Le champ vert est chargé de disques polychromes, en trois cercles concentriques : au cœur quatre disques orange bordés de jaune se chevauchent, et les recouvrements sont colorés de blanc, orange et rouge ; huit disques suivent, alternant le blanc et le bleu foncé. Le dernier cercle est constitué de quatre quarts de disques occupant les coins, avec un centre rouge ourlé d’orange puis de jaune.

La symétrie est circulaire. Le blason se prête à être orienté comme celui d’une Maison.

Interprétation

Conformément au nom et à la forme en losange, ce devrait être les armoiries personnelles de Bëor. Les observations faites pour la Maison de Haleth, cependant, et la signification sous-jacente, le rendent à mon avis compatible avec une symbolique étendue au peuple Fíreb56) de Dorthonion. Effectivement, la rotation vers un blason de Maison aurait été possible, mais c’est le seul, ni le blason de Haleth ni celui de Hador ne s’y prêtent. Et d’un autre côté, les quatre pointes dans les coins peuvent désigner un prince, un rang se conformant, dans une certaine mesure, au statut de Seigneur des Hommes qui est devenu vassal d’un Roi Elfe – et donc un blason personnel.

La forme qui caractérise le dessin est sans aucun doute le cercle. Or Et bien le cercle, à ce moment et à cet endroit, rappelle le Siège d’Angband. En effet, huit disques bleu et blanc, qui sont les couleurs des Noldor57), arrangés en cercle sur un champ vert, soit Ard Galen. Quatre quartiers de Soleil les soutiennent des coins, ce qui pourrait symboliser les Edain, qui selon la version consolidée du Légendaire, se sont éveillés à son premier lever (dans ce cas, cependant, en contradiction avec les blasons de Finwë et Elwë). Les quatre disques au centre rappellent aussi le siège : superposés, pressés par les alliés ; leurs couleurs sont dérivées de celle du feu et de la glace dans le royaume de Melkor.

La symétrie circulaire et l’abstraction figurative, en imitation des blasons elfiques, sont la marque d’un peuple absolument fasciné par les Elfes et qui veulent les imiter en tout, au moins en apparence. Elle coexiste cependant avec une symétrie axiale ; et des Edain il reste aussi le mouvement vers l’extérieur, qui se laisse notamment deviner dans les quarts de cercle des coins, mais aussi dans la dynamique d’expansion des disques qui s’élargissent du chevauchement central vers l’extérieur.

6.3 Hador

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Figure 19 – Blason de Hador.

Description

Aucune note d’accompagnement n’a été publiée58).

La forme est en losange, conformément à la deuxième Règle. La symétrie est axiale et la figure coupée. Au cœur se trouve un petit disque, également coupé de bleu et blanc, chargé d’une montagne en propre (brune).

Émergeant du disque, quatre pointes de flèche bleues disposées en croix, touchent les sommets, pour indiquer un prince. Chaque pointe traverse un lobe orange pour percer une pointe ou un lobe rouge, sur un champ gris clair. La plupart des figures sont orlées de blanc.

Une croix orange, pattée en sautoir, divise chacun des quartiers définis par la croix principale.

Interprétation

La construction est typiquement Fíreb dans la symétrie axiale, dans la partition horizontale et dans le mouvement du centre vers l’extérieur. Cependant elle emprunte en parallèle au style elfique une abstraction du dessin éclipsée, en apparence seulement, par la figuration claire de la montagne et des flèches.

Similaire en cela au blason précédent, celui-ci se prête aussi au rôle d’armoiries personnelles de Hador en tant que Prince humain vassal des Noldor, mais le thème qui s’ensuit semble plutôt suggérer la bannière nationale du Peuple de Hador.

Trois des lames sont identiques – peut-être plus des fers de lance que des flèches, puisque la dernière, en bas, ressemble plutôt à un talon de lance59). Les quatre plages qu’elles traversent pourraient représenter les terres qu’elles défendent (dorées pour les champs cultivés) : trois sont gardées par l'armée (fers de lance), une par la milice (talon de lance), comme pour signifier que non seulement les guerriers mais aussi le peuple participe à leur défense. Les quatre pointes plongent dans le sang (champ rouge), qui est l’ennemi, acculé en coin et donc vaincu.

La montagne schématise à l’évidence l’Ered Wethrin comme forteresse naturelle ; la terre de Dor-lómin était effectivement une plaine entourée et protégée par d’infranchissables montagnes. On remarque également le soleil se levant derrière elles, et peut-être des champs de neige, représentés dans la partie inférieure du disque.

Le vaste champ gris est un remplissage représentant probablement le royaume d'Hithlum, qui signifie “Pays de la brume” en Sindarin.

Quant aux deux croix, elles paraissent étranges ici, si bien que j’aurais tendance à considérer la principale comme accidentelle par construction, et que la deuxième, des trompettes militaires en sautoir, pourraient avoir simplement la fonction d’atténuer une symbolique sacrée non désirée.

Les orles blancs, étant communs à la plupart des figures (ou meubles) du blason, pourraient n’être qu’un procédé graphique, mais aussi, comme dans le blason de Haleth, un renforcement du concept d’une juste et généreuse défense (à l’image du sacrifice de l’armée entière au Marais de Serech).

6.4 Beren

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Figure 20 – Blason de Beren Gamlost60).

Description

A côté est annoté en écriture tengwar « Beren Gamlost », suivi de : « Beren Gamlost – sa plaque funéraire » [“Beren Gamlost - his burial plaque”], ou peut-être : « plaque historique » [“his historical plaque”]61).

La forme est un losange, conformément à la deuxième Règle. Au cœur se trouve un Silmaril blanc, à dix faces chargées d’un point rouge et de dix gouttes rouges. Le blason présente une symétrie axiale et est coupé.

La partie inférieure est divisée en sept bandeaux s’élargissant du cœur vers les bords, dont les couleurs sont vert, bleu clair et gris, toutes dégradées depuis du blanc, l’un étant totalement noir. Le bandeau noir est chargé d’une main rouge qui rompt la symétrie (bien qu’elle soit presque dessinée de façon symétrique).

La partie supérieure est divisée en dix bandeaux s’élargissant du cœur vers les bords, bleu ciel, blanc et rouge dégradé de blanc. Entre les deux rouges, qui s’éclaircissent dans la direction opposée aux autres, se trouve une étoile à cinq branches bleues. Elle est chargée de trois montagnes noires, et celles-ci par une demi-ellipse blanche divisée en dix secteurs, que le Silmaril lui-même surcharge par moitié.

Interprétation

L’annotation de l’auteur relevant qu’il s’agit d’armoiries posthumes est curieuse, mais également intéressante car sa nature exceptionnelle confirme qu’en temps normal, il entendait que toutes les autres fussent utilisées du vivant des personnages auxquels elles étaient dédiées.

Le losange de base est certainement approprié, car même s’il s’agit d’un emblème des Edain, il doit être compris comme élaboré en Doriath ou Ossiriand, dans un contexte elfique, par conséquent il doit se conformer aux Règles. Cependant il suit également les traditions des Edain dans la symétrie axiale, dans la partition en parties supérieure et inférieure, dans les lignes de force prononcées vers l’extérieur, et dans l’utilisation de figures explicites. Il y a aussi une forte affinité stylistique avec le blason de Bëor : dans l’abstraction elfique des barres, dans les choix chromatiques et dans l’impression de circularité de l’arrière-plan.

Le sens général du dessin est clair. Les trois montagnes représentent le Thangorodrim, noir comme les enfers et pourtant aveuglé par la surprise du vol du Silmaril. La main rouge représente le sacrifice de Beren, et l’étoile dans le ciel prédit le destin du Silmaril de devenir l’Étoile du Matin avec Eärendil, ce dernier rappelé par le bleu des Noldor. L’étoile plane, brillant au-dessus d’Angband, annonçant sa chute dans la future Guerre de la Grande Colère. Alors que la terre et le ciel, devenus des rayons presque multicolores, suggèrent comment la lumière du Silmaril sera un don pour le monde entier, l’illuminant pour toujours avec la lumière sacrée des Deux Arbres.

Les autres éléments sont plus difficiles à interpréter, particulièrement le noir pur qui sert de champ à la main, et le rouge qui sert de champ à l’étoile, ou le rouge à l’intérieur du Silmaril. Indiquant un sacrifice, le rouge autour de l’étoile peut signifier le prix de la destinée, à travers le Massacre Fratricide de Doriath et des Ports ; et peut-être le noir sous la main, le sort mortel de Beren et des Edain, contre lequel même le Silmaril n’a aucun pouvoir. Les onze éléments rouges au sein du Silmaril semblent se référer aux origines de toute l'affaire, le massacre de Barahir et des derniers résistants de Dorthonion, puisque les traces rouges sont au nombre de Barahir et de ses compagnons tués, en exceptant Gorlim le traître. Dans ce cas également, par conséquent, le point central semblerait avoir une signification concrète, symbolisant le (tiers) Barahir et son meurtre.

La rupture de symétrie est introduite par la figure de la main, et par conséquent je ne pense pas qu’elle représente quelque chose de spécifique en elle-même ; dans ce sens, à mon avis, la tentative de l’auteur de la rendre symétrique est emblématique. Enfin, les quatre pointes noires, qui n’atteignent pas toutes le bord, semblent faire allusion au triste destin de Beren comme dernier Prince de Ladros, rescapé dans de tragiques circonstances et en exil.

6.5 Finrod

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Figure 21 – Blason de Finrod62).

Description

Dans une annotation en regard, il est écrit en rouge puis barré : « Finrod ? » ; et de l’autre côté, avec le même stylo ayant servi à barrer : « Blason personnel de Finrod » [”Personal device of Finrod”], suivi de deux autres lignes illisibles, énonçant probablement des noms63). La forme est un losange, conformément à la deuxième Règle. Un champ vert montre une harpe grise et une torche enflammée en propre.

Le blason n’a aucune symétrie ; il est étroitement encadré de barres latérales alternativement jaunes et blanches, et de carrés rouges aux coins, chacun avec un point blanc.

Interprétation

Il s’agit d’un emblème vraiment atypique, puisqu’il n’a aucun élément elfique et qu’un seul parmi ceux des Edain, qui est la représentation explicite d’objets. Même la bordure, sous la forme d’un cadre polychrome, est un cas unique. Pourtant, l’annotation latérale est claire.

Quant à la symbolique, indubitablement le champ vert représente l’endroit sauvage où Finrod et les Hommes se sont rencontrés, la harpe la musique par laquelle il les a séduits et la torche, intuitivement, l’illumination d’une sagesse nouvelle (selon son usage héraldique consacré) pour Bëor et son peuple. Les quatre points aux coins, comme le large cadre, ne seraient que décoratifs.

Par conséquent, il s’agit d’un blason simpliste et qui en dit plus sur les Hommes que sur le personnage auquel il est dédié et qui ne mentionne même pas son geste ultime, le sacrifice de sa personne pour sauver Beren. Et c’est pourquoi j’ai choisi de l’inclure dans la section consacrée aux Edain plutôt que dans celle consacrée aux Noldor.

Ce pourrait être, à mon avis, soit une expérimentation graphique très précoce, inadapté au niveau qu’atteindront les élaborations ultérieures (l’indice de ce point d’interrogation, près du nom barré, va dans ce sens) soit un blason pensé comme conçu par les Hommes à leurs débuts et offert par gratitude à Finrod, qui l’aurait adopté par amour pour eux. Effectivement, n’oublions pas qu’il existe d’autres blasons et indications de l’auteur, sur les armoiries personnelles de Finrod – l’annotation à côté de celles de Finwë et la description dans le Lai de Leithian, et peut-être le blason de Finarfin lui-même. N’oublions pas non plus l’idée émergente selon laquelle les Elfes enrichissaient leur héraldique personnelle en ajoutant des blasons au fil des générations.

7. Conclusions

Le principal aspect nouveau que cette étude a pu mettre en lumière, et qui permet finalement, je l’espère, d’enrichir grandement la connaissance dans le domaine de l’héraldique tardive du Silmarillion par J.R.R. Tolkien, est la méthode de base qu’il a mise en place pour concevoir et réaliser ses propres blasons. Il apparaît maintenant clairement qu’il n’avait pas codifié de système héraldique en Terre du Milieu, mais plutôt conçu un ensemble de lignes directrices que nous qualifions d’organiques, bien définies dans leurs principales caractéristiques mais souples au regard du résultat artistique final. Dans ce sens, même pour les Règles qui ont été mises par écrit, il y a des exceptions notables : soit parce que certains des blasons peuvent avoir été élaborés avant leur énonciation, soit parce que les Edain ne s’y conforment généralement pas, soit encore qu’il les ait parfois trouvées trop strictes pour sa propre créativité.

Il serait par conséquent hâtif de proposer des Règles plus complètes ; je vais plutôt résumer ces « lignes directrices », pour autant qu’il m’a été possible de les comprendre.

On peut les ranger en quatre catégories, qui s’ajoutent aux deux autres aspects déjà connus de l’héraldique de Tolkien du fait de leur attrait visuel – principalement, la haute maîtrise graphique et la recherche d’un résultat esthétique harmonieux et plaisant.

Forme de composition

Il est fondamental que la combinaison des formes, des couleurs et des chiffres utilisés dans un blason vise toujours à résumer symboliquement les traits principaux du personnage – ou de l’idée – qu’il cherche à représenter. Et cela prend une forme prophétique ou posthume, c’est-à-dire que la conception tend à inclure tous les éléments importants que seule l’Histoire (ie, les Chroniques ou le récit) a pu intégralement consigner.

Les cinq Règles

Blasons Eldar. La première Règle et la deuxième ne recensent aucune exception : ayant à représenter un personnage, il est essentiel d’indiquer son genre au moyen d’un cercle ou d’un losange. Pour la troisième Règle, il reste le doute quant à l’exception constituée par le blason des Silmarils. En ce qui concerne la quatrième, le rang doit avant tout être représenté s’il constitue un aspect discriminant du personnage, mais moins nécessairement s’il s’agit d’un simple droit de lignage ; huit pointes sont toujours utilisées pour les rois d’un peuple entier (tels que les Elfes gris de Beleriand), donc six pointes devraient indiquer le souverain d’un royaume ou d’une cité (telle que Gondolin ou Nargothrond). La cinquième Règle semble ne s’appliquer uniquement qu’à tous les Grands Rois en Aman (et donc également Ingwë et, vraisemblablement, Olwë).

Blasons Edain. Les Règles ne s’étendent pas forcément aux blasons des Edain, dont les peuples semblent avoir montrent posséder leurs propres idées héraldiques, peut-être en partie chacun les siennes et seulement occasionnellement et à des degrés variés s’inspirent-ils de celles des Eldar. Par exemple, la forme en losange semble convenir indifféremment pour un personnage ou un peuple.

Symbolique chromatique

Les couleurs, en dehors de leur utilisation en propre (par exemple pour dépeindre un arbre) prennent toujours une valeur symbolique. Il convient de préciser qu’une même couleur peut assumer, dans certaines limites, plusieurs rôles différents d’un blason à l’autre, et même au sein du même blason. En général, il y a une certaine tendance à la répétition, mais bien sûr il y a des cas où la signification particulière d’une couleur n’apparaît qu’une fois.

On trouve le noir pour symboliser parfois le Mal, la culpabilité, le deuil, mais aussi les idées le concept de mortalité des Hommes, de défense et de sécurité.

Le bleu peut représenter les Noldor, la mer, le firmament, la sagesse et les Elfes, ou la nature elfique en général. En particulier, dans tous les blasons appartenant à des personnages Noldor, le bleu - dans ses tonalités variées, prend simultanément deux voire trois significations différentes, qu’elles soient réparties entre plusieurs éléments ou combinées dans le même.

Le blanc symbolise la lumière, le feu, la pureté, le mariage, peut-être même le grand âge et le droit de se défendre.

Le rouge et le rouge-sang sont utilisés pour le sacrifice, le meurtre, le feu, le mal, et l’ennemi.

Le vert symbolise la nature, la paix, la fertilité, le bonheur et la chance.

Le jaune et l’orange sont utilisés pour le feu, la lumière ou l’or.

Au plan stylistique, les blasons les plus vifs appartiennent aux Noldor et les plus pastels aux Sindar. Le blanc est la couleur la plus utilisée, surpassée chez les Noldor – et suivie chez les Sindar – par le bleu ; les Edain semblent utiliser particulièrement le vert, le rouge et les couleurs en propre.

Symbolique graphique

Il y a deux formes représentatives qui suivent des significations fondamentales et figées, au point de constituer des Règles non-écrites obligatoires, l’une comme alternative à l’autre : la symétrie circulaire, toujours renforcée par des formes circulaires ou en rotation, indique l’immortalité des Premiers-Nés ; tandis que le mouvement du centre vers les bords, combiné à une symétrie axiale, indique le Don d’Ilúvatar aux Derniers-Nés. Par conséquent, la première forme doit être utilisée dans les blasons Elfes et la seconde dans ceux des Hommes.

Les Edain ont la particularité de préférer un symbolisme plus explicite dans ses signes et plus simple dans sa construction, elle-même souvent accompagnée par une ligne d’horizon (blason coupé). Elle est à l’opposé de celle des Eldar, qui recherchent une représentation plus énigmatique et plus sophistiquée. La rupture de symétrie du dessin n’est en général pas un signe positif et implique un défaut ou une faute.

Certains nombres prennent fréquemment des symboliques particulières (parfois différentes de celle du rang, même lorsqu’ils sont représentés par des pointes). Par exemple, douze est généralement utilisé pour indiquer un lien avec le Destin, la Providence ou les Ainur, et vingt-quatre pour conférer encore plus de vigueur au concept ; et la répétition d’une figure au même nombre qu’une autre figure, semble souvent affiner la signification de cette dernière. Le même nombre peut aussi connecter deux personnages, qui sont proches parents ou ont une autre affinité. En outre, des pointes en nombre canonique et qui n’atteignent pas les bords peuvent indiquer la descendance directe, de quelqu’un qui portait ce titre royal ou princier.

Les carrés, cercles et losanges internes peuvent revêtir des significations élargies : comme la progéniture et la maternité, une extension du concept d’immortalité, ou une transfiguration de la figure corporelle.

Les étoiles et planètes représentent habituellement le firmament, l’orientation ou une référence spécifique à un personnage. Un petit point au milieu d’une figure (ou en cœur) représente généralement un personnage différent de celui auquel le blason est dédié, ou une clarification sur ce dernier.

Deux figures moins largement utilisées sont le Silmaril, qui se représente simplement lui-même, et la croix, un signe de pureté spirituelle ou peut-être de félicité.

8. Pour aller plus loin

Examiner chaque figure en détail nous a permis de mettre en lumière une part substantielle des idées de J.R.R. Tolkien sur la conception et l’organisation d’un blason. Cela pose le défi de perpétuer cette discipline et de l’ouvrir au monde de l’art, de l’enrichir sans la dévoyer en termes de contenu. Mais il faut savoir que ce défi ne demande pas seulement des compétences artistiques adaptées, mais aussi une profonde connaissance philologique du Légendaire et une certaine dose d’intuition.

Des tentatives dans ce sens ont déjà été menées, et dans au moins deux cas, avec des créations remarquables.

Heget64) a produit des dizaines de nouveaux blasons et aussi reproduit les originaux de l’auteur, utilisant une technique de couleur douce qui imite la texture du tissu. Le résultat dans son ensemble est d’une grande élégance, du plus bel effet, et le style et la qualité sont parfaitement compatibles avec ceux conçus par J.R.R. Tolkien. Il faut dire également que Heget tend à se laisser emporter par l’élan de composition, au détriment de l’étude approfondie des aspects symboliques ; ce qui est bien dommage car, à mon avis cela rend ses armoiries un peu creuses, presque anonymes en dépit de leurs noms. Et même lorsqu’il reproduit les originaux, il ajoute parfois quelques détails de son cru pour améliorer le dessin, en altérant même la signification sans s’en rendre compte (par ex. dans ceux de Fëanor et Elwë).

Une autre production, pour le moment bien plus limitée mais également d’un grand intérêt, est celle de SatoriLotus65). En particulier, elle inclut les premières expérimentations viables d’une transposition dans le style héraldique définitif de Tolkien, de certaines des « anciennes » armoiries des Maisons de Gondolin. Parmi d’autres, le résultat obtenu pour le blason personnel de Turgon est très intéressant (correctement interprété comme blason de la Maison du Roi, tourné en losange), où les trois éléments connus du Soleil, de la Lune et du Cœur sont conçus sous forme circulaire et concentrique, produisant un effet de composition remarquable (l’idée est intéressante, comme on le verra ci-dessous).

Je me suis moi-même essayé, en complément de cette étude, à certaines expérimentations, tâchant d’exploiter ce que j’avais pu apprendre du style de l’auteur. J’illustrerai ci-dessous sept d’entre eux, dont les six premiers sont liés d’une façon ou d’une autre aux éléments héraldiques déjà définis par lui.

8.1 Le Silmaril (2)

Comme on l’a déjà mentionné plus haut, pour les Silmarils il devrait exister au moins deux blasons, puisque parmi les deux Arbres d’où proviennent leur lumière, seul Laurelin a été représenté.

Le blason de Telperion pourrait être absolument identique à l’autre, en changeant les couleurs de façon appropriée et en remplaçant les grappes de fleurs de Laurelin par celles en étoiles de Telperion, selon la description66).

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Figure 22 – Blason recomposé de Laurelin comparé à l'invention de celui de Telperion.

8.2 Barahir

Il est tout à fait opportun, pour le personnage de Beren, que son blason puisse avoir été dérivé de celui de son père et, par conséquent, il est logique de retrouver ce dernier par interpolation ; en outre, le rayonnement abstrait en arrière-plan de l’original contraste nettement avec les figures figuratives qui le meublent, comme si elles étaient des additions ultérieures.

Par conséquent, on y parvient simplement en éliminant tous les éléments emblématiques de Beren (y compris les nuances de lumière engendrées par le Silmaril et l’Étoile du Matin, ainsi que les pointes du prince, dont le titre appartenait à son oncle Bregolas et non à son père) et en y ajoutant le seul qui soit certainement inhérent à Barahir, c’est-à-dire l’Anneau de Finrod ; un élément qui donne aux armoiries cette touche elfique, idéale pour un personnage qui, avec le roi elfe de Nargothrond, a formé un lien qui s’avérera capital, via son fils Beren et jusqu’à Eärendil, pour le monde entier.

Figure 23 – Blason recomposé de Beren, comparé à l’invention de celui de Barahir.

8.3 La Maison de Finarfin (2)

L’annotation à côté du blason de Finwë, « les descendants de Finarphin utilisaient une étoile bleue » nous permet d’émettre l’hypothèse d’armoiries qui respectent à la fois cette information et les canons de composition. En prenant uniquement pour base les éléments associés à Finwë, qui justifient une telle apparence, c’est-à-dire le grand corps céleste central et le champ bleu, à mon avis on doit alors se référer au blason existant de la Maison de Finarfin, qui s’obtient par rotation du blason personnel vers le carré.

L’étoile bleue (en fait, bleu clair pour une question de lisibilité) doit nécessairement avoir huit rayons comme pointes royales, couvrant les mêmes lignes principales. Dans une figure Noldor, un cercle est quasiment obligatoire, nous pouvons donc utiliser le double anneau du blason de Finarfin ; il doit être touché de l’intérieur par une seconde figure à huit rayons qui ramène à Finwë – le noyau blanc de la lumière céleste, également rayonnant, convient bien pour cela. Enfin, une seconde référence à Finwë peut être placée au cœur pour rappeler sa tragédie, comme un petit disque jaune contenant huit gouttes de sang et le point rouge.

De cette façon, on obtient des armoiries familiales, cousines du blason de Gil-galad par le style ; et celles-ci, partant de l’aïeul Finwë et de son sacrifice (soleil sanglant au centre), explose en une lignée royale Noldor (huit pointes bleu clair) de haute lignée (Finarfin, Finrod, Orodreth et Gil-galad, mais aussi de nombreux princes jusqu’à Arwen), éclairée par le modèle de celui qui fut Haut Roi à Valinor (huit pointes blanches et un point rouge entouré de huit gouttes rouges). L’anneau blanc (pureté) convient à tous, mais le rouge du sacrifice est particulièrement approprié pour Finarfin, Finrod et Gil-galad – peut-être un peu moins pour Orodreth.

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Figure 24 – Blasons recomposés des Maisons de Finwë et Finarfin (1), comparés avec l’invention de celui de Finarfin (2).

8.4 Maison de l’Arche Céleste

Ce que nous savons des onze (plus tard douze) Maisons de la cité de Gondolin est bien mince : ni pourquoi elles existaient, ou quelle était leur organisation, ni ce qu’elles représentaient en définitive. Au moins une partie d’entre elles, cependant, telles que celles de la Taupe ou celle du Marteau de Colère, étaient certainement liées à des guildes d’arts et métiers67) ; ce que l’on peut logiquement inférer comme une règle générale. Dans ce sens, celle de l’Arche Céleste – étant donné la profusion incroyable de joyaux sur le harnachement de ses guerriers68) – apparaît avoir un lien avec l’art des orfèvres. Pour concevoir son blason, par conséquent, je m’appuierai sur cet aspect.

Un autre élément à considérer est le style de la lignée de Fingolfin, dont les traits principaux sont le champ bleu (quoique de nuances variées), le soleil jaune rayonnant, les étoiles à cinq branches, et le rang ostentatoire. En particulier, pour ce dernier, on peut supposer, à mon avis, que le Seigneur d’une Maison pouvait équivaloir au rang de Prince (Maeglin et Tuor en étaient certainement)69) et qu’ainsi chaque Maison avait droit à quatre pointes.

Mon hypothèse pour le blason de l’Arche Céleste commence donc par un champ bleu vif avec le grand disque solaire de Fingolfin. Au centre de l’emblème se trouve l’opale multicolore décrite pour l’ornement des casques, entourée des sept joyaux décrits pour l’umbo des boucliers. Le soleil qu’ils chargent montre des arabesques rayonnantes simulant une pièce de joaillerie. Puis viennent les étoiles des onze Maisons (la douzième, celle de l’Aile, fut une invention tardive et éphémère, que je ne considérerai donc pas ici) et les quatre rayons rubanés du rang de prince. La rupture de symétrie induite par les différentes couleurs des gemmes est pertinente pour un groupe affecté par la Malédiction de Mandos suite à la rébellion contre les Valar.

Figure 25 – Blason recomposé de la Maison de Fingolfin (orienté comme celui d’une Maison) comparé à l’invention de celui de la Maison de l’Arche Céleste de Gondolin.

8.5 Turgon et la Maison du Roi

La conception de ce double blason suit de près celui de la Maison de l’Arche Céleste ; il part donc lui aussi de celui de Fingolfin.

Le motif central et les couleurs sont cohérents avec les armoiries de la Maison du Roi, telles que décrites dans La Chute de Gondolin : Soleil, Lune, Cœur, Rouge et Blanc. En ce qui concerne la symbolique originelle, le cœur se réfère directement à Fingolfin et à sa mort héroïque, le soleil étant un élément typique de la maison de Finwë, alors que la lune et le blanc sont plus mystérieux, car encore ancrés dans la conception héraldique initiale, qui était globalement simpliste et indéfinie. Pour leur assemblage concentrique j’ai adopté le choix de SatoriLotus.

Les huit pointes indiquent un Haut Roi des Noldor.

Le rouge symbolise le sacrifice ultime de la chute de la cité, du bataillon du Roi comme celui du Roi lui-même, et donc la Chute de Gondolin. Les onze étoiles bleues représentent la cité (onze Maisons de la couleur des Noldor) entourée de montagnes (les étoiles forment un cercle).

Le champ blanc, que l'on peut imaginer lié à la pureté des intentions, est battu en brèche par la rupture de symétrie qu’impose le nombre d’étoiles (la forme du cœur, comme pour la main de Beren, est un cas particulier puisqu’il s’agit d’une figure naturelle), et due à la faute d’avoir participé à la fuite des Noldor.

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Figure 26 – Invention des blasons personnels de Turgon et de la Maison du Roi.

8.6 Elwing

Ce n’est pas une tâche facile que de construire le blason d’un personnage qui s’avère si riche de significations dans le Légendaire et en même temps si mystérieux. Car son développement a été confié à un Conte, celui d’Eärendil, qui n’a jamais été écrit ; et cependant, son évolution dans les textes qui parlent brièvement d’elle suggère, je pense, que Elwing aurait dû acquérir une bien plus grande profondeur que celle d’Arwen ou de Galadriel elle-même.

Elwing était en fait la gardienne du Silmaril depuis son plus jeune âge : celui là même que seuls les hauts faits de Lúthien et Beren avaient pu arracher de la couronne de Morgoth.

Une « porteuse de l’anneau » avant la lettre, si vous voulez, qui gardera le joyau en sécurité et l’amènera à destination, à travers les malheurs de deux guerres fratricides et l’extermination de sa propre famille. À travers le sacrifice de devoir, seule, gouverner les Ports du Sirion70) et élever deux bébés jumeaux, du fait de l’absence d’un mari qui l’a abandonnée – vraisemblablement pour toujours71) – pour l’entreprise désespérée du Vingilot. Et même par le sacrifice de devoir abandonner à leur sort ses jeunes enfants et de se jeter dans la mer, pour ne pas laisser le joyau tomber entre les mains impures des Fils de Fëanor. Mais elle résussit par cet acte à déclencher l’intervention divine et – transformée en un oiseau blanc – à atteindre le navire de son bien-aimé Eärendil, perdu au-delà des mers, pour lui remettre volontairement le Silmaril – un gage fondamental de son ambassade envers les Valar – résistant ainsi à la tentation qui avait perdu deux géants de la stature de Fëanor et Thingol72). Lequel Eärendil avait jusque-là recherché en vain le Passage vers l’Ouest au travers de périls innombrables ; et ce n’est qu’après l’arrivée d’Elwing et du Silmaril que la chance lui sourit.

En concevant ce blason je voulais, d’une part, profiter au maximum des origines et affinités d’Elwing, déjà montrées d’une façon ou d’une autre par Tolkien à travers celles d’autres personnages (Thingol, Lúthien, Eärendil). Et d’autre part, je souhaitais donner une signification à la couronne périphérique du dessin central de la Faïence Númenóréenne, en référence au raisonnement déjà mené sur le nombre douze – un dessin pour lequel l’auteur lui-même a élaboré une origine ancienne et mouvementée , en liant son motif central au blason personnel d’Idril Celebrindal. Mais on sait qu’Idril vécut avec Elwing pour un temps aux Ports du Sirion, et que c’est à partir de là que son emblème devait atteindre Númenor. Et c’est pourquoi j’ai joué avec l’idée que ce motif númenóréen pouvait s’inspirer de leurs deux armoiries.

Description

Comme dans le blason de son mari Eärendil, même si c’est pour des raisons différentes, le Silmaril est l’élément central – le même dessin, en signe de leur amour et de leur union indissoluble ; il est ici entouré de dix ailes de style sindarin, et même le nombre six rappelle de blason d’Eärendil. Le Silmaril, ailé en mémoire d’une métamorphose et d’un envol légendaires , apparaît au milieu d’une fleur à douze pétales. Il s’agit de l’elanor qui représente à la fois Elwing elle-même, sa pureté et sa mission élevée et rappelle son ancêtre Lúthien ; et les pétales alternent le jaune et le blanc73) pour rappeler la nature double, terrestre et divine, dont Elwing a hérité d’elle.

Le motif repose sur un champ noir, symbole des terribles chagrins qui ont affligé le Silmaril et Elwing elle-même, et du Mal ayant jalonné toute l’histoire du joyau. Suit un anneau bleu, symbolisant pour Elwing également, le voyage en mer en quête de l’Ouest, plus bref que celui de son époux (et donc un anneau plutôt qu’un disque ou une couronne) ; mais les douze pétales qui le touchent , blancs à leur base (Valinor), tournent au rouge du sacrifice et de la persévérance et montrent quatre étoiles, pour les quatre enfants douloureusement perdus par Elwing, sacrifiés au Destin des Silmarils : ses deux petits frères et ses deux enfants74). À nouveau les étoiles rappellent à la fois Eärendil et le rang éphémère d’Elwing comme Princesse de Doriath.

Enfin, les vingt-quatre pétales blancs périphériques, qui symbolisent la pureté du personnage, repoussent le noir, le Mal, hors d’Arda, en signe de victoire sur le Vala déchu, Melkor le Morgoth. J’y ai ajouté une touche de vert présageant l’eucatastrophe finale dans un emblème largement chargé du noir et rouge, puisque la douleur et le sacrifice ont dû vraisemblablement marquer l’enfance et la jeunesse d’Elwing.

En ce qui concerne la symétrie, j’ai utilisé le même schéma semi-elfique que l’auteur a utilisé pour le blason définitif d’Eärendil (symétrie duale, circulaire et/ou axiale avec une rotation partielle).

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Figure 27 – Blasons recomposés Sans-Titre et Eärendil (2), comparés avec l’invention de celui d’Elwing.

8.7 Olórin

J'ai pris ici comme source d'inspiration la construction complexe du blason de Melian et une partie des couleurs de celui-ci, pour représenter un personnage qui, dans son essence, n’est pas le « sorcier » Gandalf, mais un Maia envoyé pour soutenir les Enfants d’Ilúvatar dans leur lutte contre le Mal, et dont la mission est d’une telle élévation spirituelle, que la Providence elle-même lui vient en aide. Au cœur, l’étoile cruciforme symbolise Olórin en tant qu’envoyé des Valar, et ces huit rayons mineurs amènent un total de douze, signe de bénédiction ; alors que le champ gris fait référence au nom Mithrandir, Pèlerin Gris, par lequel on se souviendra affectueusement de lui.

La série de douze figures tournantes symbolise un esprit primordial, voué à l’éternité depuis le commencement d’Eä (la Création), auxquelles s’ajoutent la couleur argent et la complexité de la figure, qui sont typiques d’un Ainu. En particulier, les trois premiers losanges se chevauchent et indiquent un esprit intègre et incorruptible. Ensuite, le losange bleu symbolise sa sagesse, inspirée par un but suprême de bienveillance (orle blanc) ; le losange blanc bordé de vert, la Providence soutenant une âme si pure que tout ce qui semble voué au désastre se transforme en une fin heureuse (orle vert) ; enfin le losange rouge représente sa persévérance et sa disposition à se sacrifier au service du but qui lui a été confié (orle blanc).

Le grand disque bleu clair, enflammé au-dedans, est le Feu Secret dont Olórin est le serviteur : il agit donc sur demande des Valar, mais directement en faveur du Dessein d’Ilúvatar. Les flammes sont au nombre de douze pour signifier la nature sacrée du Feu, mais aussi de sa mission, si haute que le concept est renforcé par vingt-quatre flammes supplémentaires plus petites.

Un grand losange blanc sous-tend toutes les autres figures et déborde du disque de Feu sous la forme de quatre épées ardentes bleues, marque d’un esprit qui dispose d’une telle sagesse, d’une telle détermination et d’une telle pureté, qu’il use de la force avec juste mesure dans l’unique but du Bien. Les quatre pointes peuvent également indiquer une personnalité d’importance - au sens hiérarchique - parmi les Maiar eux-mêmes.

La présence d’un anneau mineur, brun, parmi ces nombreux losanges, indique la capacité de cet « ἄγγελος » (« angelos », c'est-à-dire ange en grec) à revêtir un corps terrestre au besoin.

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Figure 28 – Blason recomposé de Melian comparé avec l’invention de celui d’Olórin.

Annexe – M.S.M.F.C.

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Figure 29 — Blason de la “Mission Spéciale du Mordor - Force des Cieux” 75).

Description

Il s'agit d'un emblème tout à fait particulier, créé par J.R.R. Tolkien probablement pour s'amuser, mais qui, bien qu'il s'éloigne à la fois du thème et de l'esthétique de base de l'héraldique du Silmarillion, s'en rapproche de manière inattendue.

À côté se trouvent diverses annotations : « Août 1967 / MSMFC / Emblème / du commando spécial volant / du Mordor / Vu du dessous »76). L’acronyme est répété en caractères tengwar. Sur la même feuille se trouve aussi une représentation détaillée de l’un des yeux apparaissant sur les ailes de l’emblème, accompagnée de l’inscription « Sauron » en caractères tengwar et en Nouvel Alphabet Anglais.

La figure n’est pas inscrite dans une forme géométrique mais est libre, contrairement à la troisième Règle.

Elle est formée d’un grand ovale noir au centre, s’estompant en partie de blanc. Celui-ci contient une autre paire d'ovales roses, chargés sur un ovale vert écaillé, chargé à son tour sur l'ovale principal. Au cœur est posée une figure verte, aux bras irréguliers. On reconnait deux yeux rouges au sommet de l’ovale noir, et deux autres noirs sur l’ovale vert juste dessous.

Depuis l’ovale principal, quatre flammes ou pointes rubanées se déploient en sautoir, dégradées par paires du noir au blanc et inversement, et sur les côtés deux ailes noires, blanches à leurs extrémités. Les ailes sont chargées, à dextre77) de six yeux rouges en bande78), et à sénestre79) de huit yeux rouges épars. Deux autres petites flammes blanches émergent des jointures supérieures des ailes.

La symétrie est axiale, rompue par la distribution différente des yeux sur les ailes.

Interprétation

La datation certaine place cet emblème à un moment où les Règles et les principes héraldiques généraux étaient tous deux déjà consolidés.

La première impression, cependant, est que l’emblème ne peut leur être associé d’aucune façon, puisqu’il n’est même pas inscrit dans une figure englobante, comme c'est plutôt le cas - sans exception - pour tous les autres.

Mais malgré cela, un examen attentif révèle pas moins de cinq éléments symboliques déjà rencontrés dans les blasons du Silmarillion.

On note d’abord, du point de vue représentatif, malgré un certain degré de stylisation et partant, une petite difficulté à reconnaître clairement tous les éléments, qu’il s’agit d’une représentation explicite : par conséquent en style Fíreb, comme il est normal pour neuf « Hommes Mortels » du poème bien connu. En fait, on reconnaît d’abord les ailes des montures des Nazgûls ; puis, immédiatement, ses yeux, qui sont les noirs à la limite entre le vert et le rose. À ce stade, on peut aussi reconnaître, au-dessus, la tête écailleuse de la bête avec son bec tourné vers le bas, et en dessous, la queue écailleuse verte tournée vers le haut. Le rose au milieu est par conséquent son ventre (« vu du dessous »), et le gribouillis vert et abstrait au milieu sont ses serres.

Noire au-dessus de la monture, et marquée de deux yeux rouges, la tête encapuchonnée du Nazgûl dépasse. La partie complémentaire de sa personne, à l’autre extrémité, noire et blanche, pourraient être sa cape et sa cotte de mailles, flottant derrière lui. Les deux petites cornes à la jointure des ailes sont ses chausses d’armure. Les quatre flammes extérieures restent plus difficiles à comprendre, une sorte d’écharpe en quatre parties ; mais leurs pointes pourraient être interprétées comme l’indice d’un rang de prince au sein de l’appareil organisationnel du Mordor, conformément à la quatrième Règle.

Quant aux multiples exemplaires de L’Œil sans Paupière sur les ailes, ils pourraient faire allusion aux esclaves sous le contrôle de Sauron (le concept de tout voir du dessus est déjà assumé par les quatre yeux naturels). Cependant, la signification de leur nombre, six et huit, demeure obscure.

L’usage des Edain, explicitement présent dans cette figure , se confirme également dans la symétrie axiale. Cependant, le fait que les Yeux de Sauron – par leur nombre et leur agencement – le rompent franchement est tout à fait approprié pour une âme impure comme celle d’un serviteur du Seigneur des Ténèbres.

Un autre aspect qui ramène – même si c’est par un chemin détourné – à l’héraldique consolidée de Tolkien, est l’absence de lignes de force vers l’extérieur qui devrait confirmer la nature Fíreb des armoiries, remplacées par une sorte de cercle ovale d’immortalité – et donc une version déformée. Et cela souligne clairement et de façon probante l’immortalité corrompue et dénaturée adoptée par les Esprits Servants de l’Anneau à la place du Don d’Ilúvatar.

Dans la figure, d’une façon tout-à-fait unique au regard de leur utilisation dans les autres armoiries, les couleurs semblent ne dissimuler aucune signification spécifique, on les dirait plutôt employées avec une intention propre, c’est-à-dire de colorier les figures apparentes.

En conclusion, il s’agit bien d’un amusement graphique, mais encore trop sérieux dans son symbolisme occulte ; et qui s’inscrit dans les principes clairement définis par les blasons précédents, les déclinant dans une forme nouvelle, qui ne s’avère originale qu’en apparence.

Bibliographie

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  • [TOLKIEN C. HoME2] Christopher Tolkien, The Book of Lost Tales, Part 2, Houghton Mifflin Co/HarperCollins Publisher, New York, USA.
  • [TOLKIEN C. HoME3] Christopher Tolkien, The Lays of Beleriand, Houghton Mifflin Co/HarperCollins Publisher, New York, USA.
  • [TOLKIEN C. HoME4] Christopher Tolkien, The Shaping of Middle-earth, Houghton Mifflin Co/HarperCollins Publisher, New York, USA.
  • [TOLKIEN C. HoME5] Christopher Tolkien, The Lost Road and other writings, Houghton Mifflin Co/HarperCollins Publisher, New York, USA.
  • [TOLKIEN C. HoME10] Christopher Tolkien, Morgoth’s Ring, Houghton Mifflin Co/HarperCollins Publisher, New York, USA.
  • [TOLKIEN C. HoME11] Christopher Tolkien, The War of the Jewels, Houghton Mifflin Co/HarperCollins Publisher, New York, USA.
  • [TOLKIEN C. TCoH] Christopher Tolkien, The Children of Húrin, Houghton Mifflin Co/HarperCollins Publisher, New York, USA.
  • [TOLKIEN C. UT] Christopher Tolkien, Unfinished Tales, Houghton Mifflin Co/HarperCollins Publisher, New York, USA.

Notes de traduction

Note concernant la traduction héraldique

Le vocabulaire héraldique britannique est directement issu de l'héraldique normande, donc francophone du XIème siècle. Mais les deux corpus se sont ensuite éloignés l'un de l'autre. Par exemple, en français, pour indiquer comment le blason est découpé en parties, on ne dit plus :

"//party per fess, party per pale, party per bend, party per bend sinister//",
mais on dit :
« parti, coupé, tranché, taillé »
Les exemples de ce type sont fréquents. J'ai donc traduit en respectant les termes d'héraldique française standard, ce qui induit quelques glissements mineurs… en apparence. Ainsi, « à charge » est devenu « un meuble ». « gules et vert » est devenu « gueules et sinople » (rouge et vert), etc. Lexique

  • annelet : anneau.
  • argent : blanc.
  • azur : bleu.
  • bande : une bande est une pièce qui barre l’écu en ligne diagonale, de l'angle dextre du chef de l'écu, à l'angle senestre de la pointe.
  • barre : est une pièce qui barre l’écu en ligne diagonale, de l'angle senestre du chef de l'écu, à l'angle dextre de la pointe.
  • bordure : pièce qui entoure, ceinture l’écu.
  • besant : un disque, en référence à la pièce de monnaie byzantine.
  • champ : fond de l'écu.
  • chef : le haut du blason.
  • (au) cœur : le centre du blason.
  • coupé : un blason séparé en deux parties égales, haute et basse.
  • dextre : La droite en Héraldique, c’est à dire à la gauche de qui regarde le blason. En héraldique, droite et gauche sont inversées : gauche (senestre) et droite (dextre) sont celles de la personne portant l’écu sur lequel sont affichées ses armoiries.
  • diamant : carré ou losange posé sur une pointe.
  • écu : synonyme de blason, au sens des armoiries peintes sur le bouclier.
  • émail, émaux : les couleurs.
  • estoile : une étoile.
  • fourrure : motif de fond considéré comme une couleur en héraldique. Les deux fourrures standard sont l'hermine (cf. les armoiries de Bretagne) et le vair.
  • gueules : rouge.
  • métaux : ensemble des couleurs claires (or et argent) par opposition aux émaux.
  • meuble : tout ce qui figure sur le blason sans être une pièce.
  • or : jaune.
  • orlé, en orle : bordé, en bordure.
  • parti : un blason séparé en deux parties égales, droite et gauche.
  • pièce honorable : on donne ce nom aux pièces qui occupent les premières places du blason ; on les trouve figurées dans les armes des plus anciennes familles, et selon toute probabilité, elles furent les premières marques de distinction employées en armoiries.
  • pointe : le bas du blason (fréquente représentation sous forme d’écu).
  • (en) propre : un objet est représenté en propre, c'est à dire avec les couleurs réelles de l'objet, et non les couleurs conventionnelles de l'héraldique.
  • sable : noir.
  • sautoir : croix en diagonale.
  • sénestre ou senestre : gauche en Héraldique, c’est à dire à la droite de qui regarde le blason. En héraldique, droite et gauche sont inversées : gauche (senestre) et droite (dextre) sont celles de la personne portant l’écu sur lequel sont affichées ses armoiries.
  • sinople : vert.
  • tourteau : disque de petite taille.

Références héraldiques pour la traduction :

  • Partition héraldique — Wikipédia (wikipedia.org)
  • Liste des meubles héraldiques — Wikipédia (wikipedia.org)
  • Croix (héraldique) — Wikipédia (wikipedia.org)

Voir aussi

1) [TOLKIEN C. HoME2], Part III – La Chute de Gondolin.
2) On ne connaît pas d’exemple de blason circulaire collectif : vraisemblablement, soit ceux qui ont été créés ont par la suite été perdus, soit c’est un concept qui est resté théorique.
3) [HAMMOND & SCULL 1999], p. 191.
4) Dans un seul cas, celui de Beren, c’est clairement indiqué. Bien entendu, cette licence d’auteur peut se justifier – même sur le plan philologique, en se rappelant que les Elfes bénéficiaient souvent du don de clairvoyance, en particulier dans le choix des noms, et donc peut-être également dans la conception de leurs emblèmes.
5) [HAMMOND & SCULL 1999], pp. 186-199.
6) Voir la bibliographie pour leur liste complète.
7) Je fais référence aux blasons nommés Les Silmarils et Finrod.
8) “et les boucliers qu’ils fabriquaient, ornés d’insignes de nombreuses maisons qui rivalisaient les unes avec les autres.”[”…and shields they made displaying the tokens of many houses and kindreds that vied one with another.”] dans [TOLKIEN C. HoME10], Annals of Aman, years 1450-1490 YotT. Cependant, cela pourrait nous conduire à penser qu’ils inventèrent l’héraldique elle-même, mais la seule information certaine que l’on peut inférer est qu’ils furent les premiers à l’utiliser dans un contexte militaire.
9) « Dans cette grande ombre se tenait Fingolfin : il tenait son bouclier d’un bleu céleste et à l’étoile de cristal brillant de loin.» [”In that vast shadow once of yore Fingolfin stood: his shield he bore with field of heaven's blue and star of crystal shining pale afar.] dans [TOLKIEN C. HoME3], Lay of Leithian, Canto XIII, 3538-3541.
10) « et comme son écuyer prenait son écu, il scintilla comme s’il était couvert de gouttes de pluie, qui étaient en fait mille éclats de cristal » [”and as his esquire took his shield it shimmered as if it were bedewed with drops of rain, that were indeed a thousand studs of crystal.”] dans [TOLKIEN C. UT], Of Tuor and his coming to Gondolin.
11) « Longue était son épée, tranchante vive sa lance, son casque brillant était visible au loin son heaume brillait au loin ; Les innombrables étoiles du firmament se reflétaient dans son bouclier d’argent.» [”His sword was long, his lance was keen, his shining helm afar was seen; the countless stars of heaven's field were mirrored in his silver shield.”], dans [TOLKIEN LoTR 200]7, p. 185.
12) « et sa bannière, bleue et argent, ils la foulèrent dans la mare de son sang » [”and his banner, blue and silver, they trod into the mire of his blood.”] dans [TOLKIEN C. TCoH], Chapter II – The battle of Unnumbered Tears.
13) « et les fils qui le liaient étaient scellés aux nœuds avec le sceau de la Reine, une galette de cire blanche en forme de fleur unique de Telperion » [”and the threads that bound it were sealed at the knots with the seal of the Queen, a wafer of white wax shaped as a single flower of Telperion.”] dans [TOLKIEN C. TCoH], Chapter VI – Túrin among the outlaws.
14) « Le plus ancien des Arbres se nommait Telperion, et ses fleurs étaient d’un blanc brillant et une rosée de lumière argentée s’en répandait.» [”The elder of the Trees was named Telperion, and its blossoms were of shining white, and a dew of silver light was spilled from them.”] dans [TOLKIEN C. HoME10], Annals of Aman, année 3500 FR. ; « et voici, comme elle parlait, qu'il fleurissait, et ses fleurs ne pendaient pas en grappes, mais poussaient comme des fleurs séparées, chacune sur de fines tiges qui se balançaient ensemble, comme de l’argent et des perles et des étoiles scintillantes et irradiées d’une lumière blanche.» [”and behold as she spake it blossomed, and its blossoms did not hang in clusters but were like separate flowers growing each on fine stems that swung together, and were as silver and pearls and flittering stars and burnt with a white light”], dans [TOLKIEN C. HoME1], Part II, Chapter II – The Coming of the Valar and the building of Valinor.
15) À ce stade du Légendaire, Haleth, qui avait été imaginée comme un chef masculin, s’était désormais transformée en personnage féminin.
16) Le premier a été notamment publié dans [HAMMOND & SCULL 1999], p. 194; de même le second est paru dans [TOLKIEN C. HD], paragraphe 47.
17)Winged Sun / House of Finwë / descending to High Kings / Fingolfin – Fingon / Turgon those / descended from Finarphin / used blue star” dans [HAMMOND & SCULL 1999], p. 194.
18) Selon https/ /tai.tolkienists.org, l’une de ses publications, dont je ne dispose pas, porterait l’annotation originelle : « Finwë Haut / Roi des Noldor / Forme en losange » [”Finwë of the High / Kings of the Noldor / Lozenged form”]. Cela ferait du blason familial le premier à avoir été conçu, et du blason personnel (qui d’ailleurs est le plus précis des deux), le second.
19) Voir note 12.
20) Le blason a été publié notamment dans [TOLKIEN C. HD], paragraphe 47.
21) « mais il n’avait ni sépulture ni tombe, car son esprit était si ardent que, lorsqu'il mourut, son corps tomba en cendres et fut emporté comme une fumée.» [”but he had neither burial nor tomb, for so fiery was his spirit that, as it passed, his body fell to ash and was borne away like a smoke”] dans [TOLKIEN C. HoME11], The Grey Annals, year 1497 – Of the Coming of the Noldor. De plus, le nom lui-même, Fëanor et Fëanáro, signifiait précisément “Esprit du Feu” [”Spirit of Fire”].
22) « Il revendiquait maintenant la royauté de tous les Noldor, puisque Finwë était mort, et il méprisait les décrets des Valar.» [”He claimed now the kingship of all the Noldor, since Finwë was dead, and he scorned the decrees of the Valar”] dans [TOLKIEN C. HoME10], Annals of Aman, année 1495 YotT – Of the Speech of Fëanor upon Tuna.
23) « et son pareil n’est plus jamais apparu en à Arda, et son esprit n’a pas quitté le royaume de Mandos» [”and his likeness has never again appeared in Arda, neither has his spirit left the realm of Mandos”] dans [TOLKIEN C. HoME11], The Grey Annals, année 1497 – Of the Coming of the Noldor.
24) Cette rupture se retrouve, à mon avis correctement, dans les blasons de Fingolfin, Elwë and Melian; alors que les cas de Sans-Titre, Beren et Finrod doivent être considérés d’un genre différent. Inversement, la symétrie est parfaite dans les blasons de Finwë, Finarfin, Gil-galad, Eärendil (tous), Idril, Silmaril, Lúthien 1 et 2, Maison de Haleth, Bëor et Hador : tous les cas pour lesquels le Légendaire ne signale aucune faute.
25) Le blason a été notamment publié dans [HAMMOND & SCULL 1999], p. 195.
26)Fingolfin and his House”, Ibid..
27) Voir note 9.
28) Voir note 25.
29)Finarphin & his House, esp. Finrod”, ibid.
30) « Fiers sont les mots, et tout le monde se tourna / pour voir les émeraudes qui brûlaient / sur l'anneau de Beren. Ces Elfes avaient serti / comme des yeux de deux serpents entrelacés qui se rejoignaient / sous une couronne de fleurs dorée, / que l’un soutient et que l’autre dévore: / l’insigne qu’autrefois Finarfin avait forgé/ et que Felagund son fils portait à présent.» [”Proud are the words, and all there turned / to see the jewels green that burned / in Beren's ring. These Elves had set / as eyes of serpents twined that met / beneath a golden crown of flowers, / that one upholds and one devours: / the badge Finarfin made of yore / and Felagund his son now bore”] dans [TOLKIEN C. HoME3], Lay of Leithian, Canto V, 1096-1103.
31) Ils apparaissent tous deux dans [HAMMOND & SCULL 1999], p. 193.
32) « Quant à l’existence ou non d’un bannissement par les Valar contre une partie des exilés, l’auteur a eu des doutes et n’a finalement pas pris de position claire. Par exemple, à propos de Galadriel, dans un texte, il déclare: « Après le renversement de Morgoth à la fin du Premier Âge, une interdiction fut fixée à son retour, et elle avait répondu fièrement qu’elle n’avait aucun désir de revenir »; ce qui suggère une interdiction collective plutôt que personnelle. Mais dans une autre œuvre, nous pouvons lire un pardon général : « L’orgueil la tenait encore quand, à la fin des Jours Anciens après le renversement final de Morgoth, elle refusa le pardon des Valar pour tous ceux qui l’avaient combattu, et resta en Terre du Milieu ».” [”On the existence or not of a ban by the Valar against a part of the Exiles, the author had second thoughts and ultimately did not take a clear position. For example, discussing about Galadriel, on one work he states: «After the overthrow of Morgoth at the end of the First Age a ban was set upon her return, and she had replied proudly that she had no wish to do so»; which suggests a collective ban rather than ad personam. But from another we read of a general forgiveness: «Pride still moved her when, at the end of the Elder Days after the final overthrow of Morgoth, she refused the pardon of the Valar for all who had fought against him, and remained in Middle-earth”] dans [TOLKIEN C. UT], The history of Galadriel and Celeborn.
33) En fait, les blasons ont tous vraisemblablement été créés au début des années 1960, c’est-à-dire non loin de la composition des Annales Grises et de la révision qui a mené à : « Puis, dans une grande tristesse, Fingon prit la seigneurie de la maison de Fingolfin et du royaume des Noldor. Mais il envoya aux Havres son jeune fils Findor Gilgalad » [”Then in great sorrow Fingon took the lordship of the house of Fingolfin and the kingdom of the Noldor. But his young son Findor Gilgalad he sent to the Havens”] dans [TOLKIEN C. HoME11], The Grey Annals, année 456.
34) Ils apparaissent tous dans [HAMMOND & SCULL 1999], p. 192, sous la légende : « Sans titre (blasons d’ Idril)».
35) C'est-à-dire la figure de [TOLKIEN C. HD] au paragraphe 46, reproduite ici sur la droite en Figure 8.
36) Le blason a été notamment publié dans [HAMMOND & SCULL 1999], p. 192, et [McILWAINE 2018], p. 237.
37)Idril’s device. The Cornflower pattern, or Menelluin. Origin of the (often debased) Númenórean circular patterns.”, Ibid.
38)Inlaid plaque preserved from Gondolin & descending from Eärendil to Númenor, whence it was saved by Elendil & taken to Gondor”, ibid.
39) Selon Hammond & Scull (op. cit., p. 193) il y a aussi beaucoup de noir; mais d’après ce que je peux voir dans les reproductions, il s’agit en fait de vert très foncé.
40) Le blason a été notamment publié dans [HAMMOND & SCULL 1999], p. 193.
41) Selon Hammond & Scull (op. cit., Note 24 of p. 194) ils représenteraient des doutes concernant l’attribution du blason lui-même.
42) Le premier a été notamment publié dans [TOLKIEN C. HD] au paragraphe 47, de même le second a été publié dans [McILWAINE 2018], p. 238.
43)Ancient Emblem representing the derivation of the Silmarils from the Light of the Trees upon Ezellohar”, dans [TOLKIEN C. HD], paragraphe 47.
44) Le blason est publié en particulier dans [HAMMOND & SCULL 1999], p. 194.
45)Winged Moon / on black with stars / Elwë”, ibid.
46) Le blason a été notamment publié dans [HAMMOND & SCULL 1999], p. 196.
47) Voir note 14. Je ne pense pas que le Narn (voir note 13) puisse se référer uniquement à la fleur centrale du dessin, trop petite pour être déclarée représentative de l'ensemble des armoiries, et la position périphérique des huit gouttes en est la preuve.
48) Le blason est publié en particulier dans [HAMMOND & SCULL 1999], p. 197, et [McILWAINE 2018], p. 237.
49) « Je n’ai rien vu qui rappelle immédiatement le niphredil ou l’elanor ou l’alfirin: mais je pense que c’est parce que ces fleurs imaginées sont éclairées par une lumière qui ne serait jamais vue dans une plante en croissance et ne peut pas être traduite par la peinture. Éclairé par cette lumière, le niphredil serait simplement le parent délicat d’un perce-neige; et l'elanor un mouron (peut-être un peu plus grande) avec des fleurs jaune comme le soleil et des fleurs argentées étoilées sur la même plante, et parfois les deux combinées. Alfirin (« immortel ») serait une immortelle, mais non sèche et parcheminée: simplement une belle fleur en forme de cloche, bigarrée de nombreuses couleurs, mais souple et douce.» [”I have not seen anything that immediately recalls niphredil or elanor or alfirin: but that I think is because those imagined flowers are lit by a light that would not be seen ever in a growing plant and cannot be recaptured by paint. Lit by that light, niphredil would be simply a delicate kin of a snowdrop; and elanor a pimpernel (perhaps a little enlarged) growing sun-golden flowers and star-silver ones on the same plant, and sometimes the two combined. Alfirin ('immortal') would be an immortelle, but not dry and papery: simply a beautiful bell-like flower, running through many colours, but soft and gentle”] dans [CARPENTER 1981], p. 312.
50) Voir note 49.
51) “à droite” en héraldique. NdT : en héraldique, droite et gauche sont inversées. Gauche (senestre) et droite (dextre) sont celles de la personne portant l’écu sur lequel sont affichées ses armoiries.
52) « Dans la forêt de Neldoreth, il est dit qu’elle [Lúthien] naquit et fut bercée sous les étoiles du ciel, et les fleurs blanches de niphredil sortirent pour la saluer, comme des étoiles de la terre » [”In the Forest of Neldoreth it is said that she [Lúthien] was born and cradled under the stars of heaven, and the white flowers of niphredil came forth to greet her, as stars from the earth”] dans [TOLKIEN C. HoME 11], The Grey Annals, année 1200.
53)House of Haleth/”, voir note 20.
54) Le personnage de Haleth, initialement masculin, était devenu féminin seulement quelques années plus tôt, dans les corrections effectuées par l’auteur dans le Quenta Silmarillion.
55) , 58) Voir note 20.
56) Il s’agit d’un terme peu utilisé, mais c’est le seul adjectif connu qui réponde au nom Sindarin “Adan” (plus fréquemment au pluriel “Edain”). Correspond à “mortel” et donc également à “humain” ou “des Hommes” (au sens d’adjectif).
57) Le blanc pour les vêtements des Elfes, en particulier des Noldor, est une idée originale de l’auteur qui a pu disparaître, mais sans jamais être remplacée par une autre. Par exemple: « C’est pourquoi il [Fingolfin] revêtit ses armes d'argent, et prit son casque blanc, et son épée Ringil, et son bouclier bleu serti d’une étoile de cristal» [”Therefore he [Fingolfin] did on his silver arms, and took his white helm, and his sword Ringil, and his blue shield set with a star of crystal”] dans [TOLKIEN C. HoME11], Les Annales Grises, année 456 ; « Et voilà Húrin Thalion et ses bataillons submergés, au moment où les armées des Elfes vêtues de blanc allaient toutes à la ruine, anéantis par l'effrayante haine déchainée par Delu-Morgoth.» [”Lo! Húrin Thalion in the hosts of war was whelmed, what time the white-clad armies of Elfinesse were all to ruin by the dread hate driven of Delu-Morgoth”] dans [TOLKIEN C. HoME3], The Lay of the Children of Húrin, 8-11.
59) Traduction de ”puntale” en italien, ou ”rear cap” en anglais. Les lances avaient généralement une deuxième pointe en acier opposée, plus petite, à la fois comme arme de réserve en cas de rupture de la hampe et pour permettre à la lance de s'enfoncer dans le sol. N.d.T.
60) Le blason a été notamment publié dans [McILWAINE 2018], p. 238.
61) La première interprétation selon [McILWAINE 2018], la seconde selon [HAMMOND & SCULL 1999]. L’écriture se prête vraiment à être lue des deux façons, à titre personnel je penche pour la seconde.
62) Voir note 60.
63) «…emblème de Beleg (?)…» [”… Beleg (?) emblem …”].
66) Voir note 14.
67) « Or, le signe de Meglin était une taupe noire, et il était grand parmi les carriers et un chef des mineurs ; et beaucoup d’entre eux appartenaient à sa maison (…) le peuple du Marteau de la Colère, et parmi ceux-ci vinrent beaucoup des meilleurs forgerons et artisans, et tous ceux-là vénéraient Aulë le Forgeron plus que tous les autres Ainur.» [”Now the sign of Meglin was a sable Mole, and he was great among quarrymen and a chief of the delvers after ore; and many of these belonged to his house (…) the folk of the Hammer of Wrath, and of these came many of the best smiths and craftsmen, and all that kindred reverenced Aule the Smith more than all other Ainur”] dans [TOLKIEN C. HoME2], Part III – The Fall of Gondolin.
68) « Mais ceux de l’Arche Céleste étant un peuple d’une richesse incalculable, étaient vêtus de couleurs glorieuses, et leurs armes étaient serties de bijoux qui flamboyaient dans la lumière à présent au-dessus du ciel. Chaque bouclier de ce bataillon était d'un bleu céleste et son renfort central un joyau composé de sept pierres précieuses, rubis, améthyste, saphir, émeraude, chrysoprase, topaze et ambre, mais une opale de grande taille était sertie dans leurs heaumes. Egalmoth était leur chef, et portait un manteau bleu sur lequel les étoiles étaient brodées de cristal.» [”But they of the Heavenly Arch being a folk of uncounted wealth were arrayed in a glory of colours, and their arms were set with jewels that flamed in the light now over the sky. Every shield of that battalion was of the blue of the heavens and its boss a jewel built of seven gems, rubies and amethysts and sapphires, emeralds, chrysoprase, topaz, and amber, but an opal of great size was set in their helms. Egalmoth was their chieftain, and wore a blue mantle upon which the stars were broidered in crystal…”], ibid.
69) « et Tuor et Meglin, princes royaux, s'y rendirent…» [”…and thither fared Tuor and Meglin as royal princes…”], ibid.
70) « Le brillant Eärendel était alors seigneur du peuple du Sirion et de leurs nombreux navires; et il prit pour épouse Elwing la Belle, et elle lui donna Elros et Elrond, qui sont appelés les semi-elfes » [”Bright Eärendel was then lord of the folk of Sirion and their many ships; and he took to wife Elwing the fair, and she bore him Elros and Elrond, who are called the Halfelven”] dans [TOLKIEN C. HoME4], Chapter III – The Quenta ; « Eärendel épousa Elwing la Blanche, et fut seigneur du peuple de Sirion» [”Eärendel wedded Elwing the White, and was lord of the folk of Sirion”] dans [TOLKIEN C. HoME5], Part II, Chapter III – The Later Annals of Beleriand, Year 524. En l’absence du seigneur, vraisemblablement le gouvernement revient à son épouse.
71) « Car aucun homme ne peut fouler les rues de Kor ou poser le regard sur le séjour des dieux et habiter à nouveau en paix dans les terres extérieures.» [”For no man may tread the streets of Kor or look upon the places of the Gods and dwell in the Outer Lands in peace again”] dans [TOLKIEN C. HoME2], Chapter V – The Tale of Eärendel, Notebook C.
72) « Et chaque jour qu’il regardait le bijou, son cœur désirait plus encore le garder pour toujours. Tel était son pouvoir.» [”And every day that he looked upon the jewel, the more his heart desired to keep it for ever. Such was its power”] dans [TOLKIEN C. HoME5], Part II, Chapter VI – Quenta Silmarillion.
73) Voir note 50.
74) Eluréd, Elurín, Elros et Elrond.
75) Le blason a été publié en particulier dans [HAMMOND & SCULL 1999], p. 189.
76)Aug. 1967 / MSMFC / Mordor Special Mission / Flying Corps / Emblem / Seen from below”, ibid.
77) La gauche en héraldique, c’est-à-dire à la droite de qui regarde le blason.
78) En héraldique, une bande est une pièce qui barre l’écu en ligne diagonale, de l'angle dextre (note 76) du chef de l'écu, à l'angle senestre (note 79) de la pointe.
79) La droite en héraldique, c’est-à-dire à la gauche de qui regarde le blason.
 
essais/divers/blasons-silmarillion.txt · Dernière modification: 16/11/2023 22:18 par Simon
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