Adûnaïque

« Mais la langue natale de la plupart des Númenóriens restait leur ancestrale langue humaine, l’adûnaïque, et à celle-ci retournèrent leurs rois et leurs seigneurs aux jours tardifs de leur orgueil, abandonnant le parler elfique, excepté les rares d’entre eux qui maintinrent leur ancienne amitié avec les Eldar. »1)
Le Seigneur des Anneaux — Appendice F — I. Les langues et peuples du Troisième Âge « Des Hommes »

Submersion de Númenor (© John Howe)

Dans l’univers de fiction où se déroulent les récits de la Terre du Milieu, l’adûnaïque (que Tolkien orthographiait adûnaic ou adunaic sans accent) est la langue des Hommes de Númenor pendant le Deuxième Âge. Ceux-ci désignaient leur langue sous le nom d’adûnayân2), ce qui signifie simplement « Langue de l’Ouest »3).

Histoire externe

Première phase

Vers la fin de la seconde guerre mondiale, Tolkien s’attela pour un temps à un nouveau récit, The Notion Club Papers4). Repartant des idées qu’il avait ébauchées dans son roman inachevé la Route perdue5), Tolkien développa l’histoire de l’île de Númenor et de sa chute sous la domination du maléfique Sauron. Il conçut alors les premiers éléments de l’adûnaïque, une langue dont la structure trilitère rappelle légèrement les langues sémitiques6)7). En marge du récit où apparaît brièvement cette nouvelle langue (par le biais de rêves effectués par l’un des personnages, dénommé Lowdham), Tolkien en donna un compte rendu assez détaillé, bien que lui aussi inachevé, dans un « rapport » prétendument écrit par Lowdham (Lowdham’s Report on the Adunaic Language)8).

Seconde phase

Comme souvent dans ce domaine, les conceptions de Tolkien sur ses langues construites étaient changeantes. Un peu moins d’une dizaine d’années plus tard, alors qu’il travaillait à la rédaction des appendices du Seigneur des Anneaux, Tolkien hésita sur l’idée9) que les Hommes de Númenor auraient en fait abandonné leurs langues premières pour adopter une langue elfique, le sindarin10). Mais finalement, il conserva néanmoins l’adûnaïque et cita plusieurs noms de rois de Númenor dans les appendices. La publication du Seigneur des Anneaux figea donc dans le marbre cette dernière position. D’autres textes de cette période ont été publiés dans les Contes et Légendes inachevés11), et « La Lignée d’Elros » vient compléter la liste des mots adûnaïques connus.

Contrairement aux autres langues inventées par Tolkien, qui firent l’objet de constantes révisions tout au long de sa vie (en particulier le sindarin et le quenya), il semble bien que Tolkien n’ait travaillé sur l’adûnaïque que pendant ces deux phases. Les données du Lowdham’s report ne semblent pas entièrement compatibles avec les informations provenant des appendices du Seigneur des Anneaux. Nous ne connaissons cependant pas l’ampleur des changements que Tolkien aurait apportés à sa présentation de l’adûnaïque s’il avait cherché à en donner une version plus définitive.

Histoire interne

L’adûnaïque dérive des langues des peuplades humaines qui s’établirent sur l’île de Númenor au début du Deuxième Âge, et plus particulièrement de celle du peuple de Hador. Il semble que dans un passé lointain, les hommes aient été en contact avec le peuple des Nains et que leurs idiômes alors naissants aient été influencées par la langue de ces derniers12). Comme pour le khuzdul des Nains, le vocabulaire adûnaïque se base sur des racines consonantiques trilitères, ou parfois bilitères. Plus tard, l’influence des langues elfiques, en particulier du quenya et du sindarin, se fit aussi sentir13).

Au cours du Deuxième Âge, les Hommes de Númenor établirent plusieurs colonies en Terre du Milieu. Il s’y développa une langue véhiculaire mêlant l’adûnaïque aux langues locales, à l’origine destinée au commerce et à l’inter-compréhension avec les autochtones. Ce pidgin se répandit et évolua vers ce qui devint ensuite le « parler commun » de la Terre du Milieu, l’occidentalien14).

Après la submersion de l’île de Númenor, les Númenóriens en exil formèrent les royaumes de Gondor et d’Arnor en Terre du Milieu. L’adûnaïque disparut au profit du parler commun. On notera cependant que les habitants de Dol Amroth, qui étaient de souche númenórienne mais dont l’établissement en Terre du Mileu datait d’une colonisation antérieure, continuèrent apparemment à se donner des noms en adûnaïque15), même s’ils n’usaient plus probablement de cette langue au quotidien.

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Notes de lecture Notes de lecture : En tant que présentations ou compilations, ces articles sont les plus accessibles à tous les lecteurs. Aucune connaissance sur J.R.R. Tolkien n’est requise.

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Textes de Tolkien sur l’adûnaïque

Liste des sources pour les langues elfiques trouvées dans les lettres de J.R.R. Tolkien

Lire l’article « Liste des sources pour les langues elfiques trouvées dans les lettres de J.R.R. Tolkien » J.R.R. Tolkien — 1981, édité par Humphrey Carpenter
 Article de synthèse  Article de synthèse  Article de synthèse Addendum de Taum Santoski — Novembre 1991, traduit de l’anglais par David Giraudeau
Ceci est une liste du vocabulaire elfique contenu dans The Letters of J.R.R. Tolkien. Dans ces lettres, Tolkien discutait fréquemment de ses langues inventées, parfois très en détails, à des éditeurs, des amis et des fans. Des exemples de cinq langues (incluant un dialecte) se trouvent dans ces lettres. Les traductions de mots elfiques dans cette liste sont majoritairement celles faites par Tolkien. À quelques occasions j’ai défini quelques mots, par déduction, sans que cela puisse faire force d’autorité.
Lire la liste des sources

Introduction à l’adûnaïque

L’adûnaïque : la langue vernaculaire de Númenor

Lire l’article « L’adûnaïque : la langue vernaculaire de Númenor »  Article théorique  Article théorique  Article théorique  Article théorique Helge Kåre Fauskanger — 1997
Lorsque les Hommes s’éveillèrent en Hildórien au moment du premier lever de Soleil, ils commencèrent à inventer une langue, tout comme les Elfes plusieurs millénaires auparavant à Cuiviénen. S’il y eut jamais une langue propre à tous les Hommes Mortels, elle avait déjà été bien altérée quand leurs premiers représentants arrivèrent au Beleriand.
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Appendice : lexique adûnaïque

Lire l’article « Appendice : lexique adûnaïque »  Article de synthèse  Article de synthèse  Article de synthèse  Article de synthèse Helge Kåre Fauskanger — 1997
Dans certains cas nous ne disposons pas de traduction, Tolkien / Lowdham mentionnant seulement la forme d’un mot pour illustrer un point de phonologie ou de dérivation, sans l’expliciter plus avant. Les voyelles longues sont notées par des circonflexes ; le « Lowdham’s Report » utilise des macrons à la place, mais les circonflexes sont utilisés dans les textes narratifs.
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Analyse de termes, noms et expressions en adûnaïque

Une interprétation des noms de la lignée d’Elros

Lire l’article « Une interprétation des noms de la lignée d’Elros »  Article de synthèse  Article de synthèse  Article de synthèse Andreas Möhn — Avril 2003
Le texte « La Lignée d’Elros » (publié dans les Contes et légendes inachevés) fournit de nombreuses informations sur les raisons du choix de leur nom par certains rois de Númenor. Cependant, il ne donne jamais la signification du nom en question, si bien que pour le lecteur novice, le lien peut souvent rester obscur. La liste ci-dessous est destinée à combler ce manque.
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Vocabulaire, phonologie et grammaire de l’adunaïque

Lexique adûnaïque

Lire l’article « Appendice : lexique adûnaïque »  Article de synthèse  Article de synthèse  Article de synthèse  Article de synthèse Helge Kåre Fauskanger — 1997
Dans certains cas nous ne disposons pas de traduction, Tolkien / Lowdham mentionnant seulement la forme d’un mot pour illustrer un point de phonologie ou de dérivation, sans l’expliciter plus avant. Les voyelles longues sont notées par des circonflexes ; le « Lowdham’s Report » utilise des macrons à la place, mais les circonflexes sont utilisés dans les textes narratifs.
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Un dictionnaire d’adunaïque

Lire l’article « Des verbes, une syntaxe ! Hourra ! »  Article de synthèse  Article de synthèse  Article de synthèse Patrick H. Wynne et Carl F. Hostetter — Septembre 1992
Ce dictionnaire incorpore tout le matériel adunaïque actuellement publié, incluant celui du Seigneur des Anneaux et les écrits plus récents de même que Sauron Defeated. Pour le vocabulaire post-SdA, nous sommes redevables à Taum Santoski, dont l’article Adûnaic : The Language of the Númenóreans (The Middle-earth Library, Numéro Un, Scranton, PA : Ezellohar Books, janvier 1980) et le glossaire d’adunaïque révisé dans Lendarin & Danian no 1 (Milwaukee, WI : août 1981) s’avérèrent particulièrement utiles.
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« Des verbes, une syntaxe ! Hourra ! » — Une évaluation préliminaire de la grammaire adunaïque dans les Notion Club Papers

Lire l’article « Des verbes, une syntaxe ! Hourra ! »  Article de synthèse  Article de synthèse  Article de synthèse  Article de synthèse  Article de synthèse Patrick H. Wynne et Carl F. Hostetter — Juillet 1992
Jusqu’à récemment notre connaissance de l’adunaïque, la langue humaine ancestrale des Númenóréens, était limitée à une simple poignée de mots. Mais avec la publication de Sauron Defeated, la situation a changé de manière drastique. Le dernier volume de la série The History of Middle-earth de Christopher Tolkien procure « plus que de simples mots » ; il nous offre de véritables textes de prose en adunaïque complétés de verbes et d’une syntaxe (« Hourra » en effet !), de même que des descriptions détaillées de la phonologie et de la grammaire adunaïque.
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Influences et héritage

Les influences du valarin de « Quendi et Eldar » sur les autres langues du « Legendarium »

Lire l’article « Les influences du valarin de « Quendi et Eldar » sur les autres langues du « Legendarium » »  Article théorique  Article théorique  Article théorique  Article théorique Damien Bador et François Parmentier — Avril 2019
Il n’y eut guère de contacts directs entre le Valar et les Hommes. Toutefois, Fauskanger a constaté une similitude étonnante entre le mot quenya indil « lys, fleur isolée de grande taille » et l’adûnaïque #inzil « fleur », notamment attesté dans les noms propres Inziladûn « Fleur de l’Ouest » et Rôthinzil « Fleur d’écume ». Or il s’avère que cette similarité ne peut s’expliquer par une influence du quendien primitif sur l’ancêtre de l’adûnaïque, puisque ce mot quenya est précisément un emprunt au valarin iniðil, de même sens.
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Elfique et langue humaine

Lire l’article « Elfique et langue humaine »  Article théorique  Article théorique  Article théorique  Article théorique  Article théorique Christopher Gilson — Janvier 1994
Selon le Silmarillion, la langue des premiers Hommes à atteindre le Beleriand « ressemblait par un grand nombre de mots et de tournures à la langue elfique » car « ces Hommes avaient des rapports depuis longtemps avec les Elfes Sombres à l’est des montagnes et avaient reçu d’eux une bonne part de leur langage ». Dans le texte, cela explique comment Finrod Felagund apprit à converser avec les Hommes, apparemment parce que sa familiarité avec les différentes langues quendiennes lui était suffisante pour reconnaître la composante sombre-elfique dans le langage du peuple de Bëor.
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Blason

1) Version originale : « But the native speech of the Númenoreans remained for the most part their ancestral Mannish tongue, the Adunaic, and to this in the latter days of their pride their kings and lords returned, abandoning the Elven-speech, save only those few that held still to their ancient friendship with the Eldar. »
2) NM, p. 232
3) N.d.A. : Ce texte est disponible sous les termes de la licence de documentation libre GNU (GFDL). La version présente sur l’encyclopédie libre Wikipédia peut avoir été remaniée par d’autres contributeurs et différer sensiblement de celle-ci, qui correspond à un état satisfaisant à mon goût de l’article, tel que je l’ai initialement soumis et ultérieurement révisé.
4) Publié dans J.R.R. Tolkien, Sauron Defeated (SD), édité par Christopher Tolkien, HarperCollins, 1992 (volume 9 de la série The History of Middle-earth (HoMe), en français l’Histoire de la Terre du Milieu).
5) Publié dans J.R.R. Tolkien, The Lost Road and other writings (LR), édité par Christopher Tolkien, Unwin Hyman, 1987 (volume 5 de HoMe) ; la Route perdue, traduction française de Daniel Lauzon, éd. Christian Bourgois, 2008.
6) SD, p. 240, à nuancer avec SD, p. 415 et suivantes.
7) N.d.É. : Tolkien a lui-même souligné que son adûnaïque s’inspirait de l’hébreu ; cf. Clyde Kilby, Tolkien & The Silmarillion, Harold Shaw Publishers, 1976, p. 24.
8) SD, p. 413-440.
9) Une idée semblable lui était déjà venue dans The Lost Road ; cf. LRW, p. 75.
10) Cf. J.R.R. Tolkien, The Peoples of Middle-earth (PM), édité par Christopher Tolkien, HarperCollins, 1996 (volume 12 de HoMe), p. 63.
11) J.R.R. Tolkien, Unfinished Tales, édité par Christopher Tolkien, George Allen & Unwin, 1980 ; Contes et Légendes inachevés, traduction française par Tina Jolas, éd. Christian Bourgois, 1982.
12) Voir toute l’introduction du Lowdham’s report dans Sauron Defeated, théorie reprise plus tard dans The Peoples of Middle-earth, p. 317. Par ailleurs, lorsqu’ils créa les Nains, le Vala Aulë conçut pour eux le khuzdul, et certains ressemblances entre le valarin et l’adûnaïque pourraient s’expliquer par des emprunts via le khuzdul — ainsi pourrait-on par exemple rapprocher le valarin iniðil de l’adûnaïque inzil.
13) Comparer l’adûnaïque bêth (SD, p. 427) avec le sindarin peth « mot », ou beth sous forme mutée.
14) En anglais westron — rendu par « ouistrain » dans la première traduction française des appendices du Seigneur des Anneaux, sur même modèle que Westernesse en référence à Númenor, traduit en « Ouistrenesse » par Francis Ledoux (qui s’est peut-être inspiré du nom de la ville normande Ouistreham). Édouard Kloczko préfère traduire par « occidentalien » dans son Dictionnaire des langues des Hobbits, des Nains, des Orques... (Encyclopédie de la Terre du Milieu, volume 4, Arda, 2002), en songeant peut-être à l’occitan ou encore à l’occidental (une langue construite aussi appelée interlingue). D’autres ont aussi suggéré « ponantin » (= du ponant, comme levantin l’est au levant).
15) Ainsi Imrahil, prince de Dol Amroth pendant le récit du Seigneur des Anneaux, porte un nom adûnaïque.
 
langues/langues_humaines/adunaique.txt · Dernière modification: 10/02/2024 14:50 par Loye Othelorn
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